Archive web: L’affaire Brian McLaren

Ce texte a été “ressuscité / récupéré” du site Vox Dei, par l’archiveur automatique : Wayback machine.


par nicolas

 L’Alliance Evangélique et la Ligue pour la Lecture de la Bible ouvrent-elles la porte au Nouvel Age dans l’Eglise? Un examen des connexions de Brian McLaren          
Dossier spécial Vigi-Sectes

L’Alliance Evangélique Française (AEF) et la Ligue pour la Lecture de la Bible (LLB) ont invité courant janvier à Paris Brian McLaren, controversé aux Etats-Unis, et auteur de « Réinventer l’Eglise », qui sort en même temps aux éditions de la Ligue. Séduit par certains aspects de son messages, les responsables de ces 2 oeuvres n’ont pas vu le pire: cet homme n’est pas seulement un libéral, il introduit subtilement la pensée du « Nouvel Age » dans l’Eglise. Et personne n’avait rien vu. En réponse à nos remarques par e-mail, les responsables de la LLB et de l’AEF ont réclamé que soit uniquement « jugé » le livre qu’ils ont édité. J’ai trouvé personnellement cette position un peu légère, et je n’ai pas souhaité la considérer, mais aborder l’ensemble des éléments gênants dans cette affaire. Je laisse chacun juge, m’engage à publier toute déclaration de l’AEF ou la LLB et donne rendez-vous à tous ceux qui veulent débattre de ce sujet ou témoigner sur cette page web.

Des points en apparence positifs

Ses ouvrages comportent cependant des points positifs, qui mettent l’accent sur des défis que doit relever le Corps de Christ. James Sherk, un évangélique américain dont nous avons traduit ici l’article publié sur le site de l’Evangelical Society, a examiné le livre intitulé « The Church on the other Side » (« L’Eglise de l’autre côté », paru en 2000) et y a relevé quelques points intéressants. Le post-modernisme, dont nous allons parler plus bas, a raison de dire qu’une église doit s’adapter lorsqu’elle grandit afin de mieux répondre aux attentes de ses membres. Il a également raison de dire que l’Eglise peut et doit mieux faire pour plus d’équité dans le domaine social. Enfin, McLaren a émis plusieurs bonnes idées en matière de missiologie moderne, notamment en ce que l’Eglise doit faire un effort pour mieux présenter l’Evangile. « L’inculturation » a aussi son revers.

L’inculturation, un procédé « jésuite »

McLaren se plaint d’avoir été mal compris par des commentateurs peu scrupuleux qui auraient sorti un de ses textes de leur contexte, ce qui lui aurait valu d’être rayé de la liste des participants à une conférence baptiste sur les missions l’an dernier. Sur son blog, McLaren explique ce qu’il a réellement voulu dire et se retranche derrière un article de synthèse (guère convaincant) de l’Associated Baptist Press: dans certains pays, se réclamer publiquement du christianisme équivaut à être assimilé à l’Amérique guerrière, à des moeurs dépravées, au sectarisme religieux, etc. Il conseille donc à ces convertis, pour ne pas offenser la communauté dans laquelle ils vivent, de continuer leur vie comme avant. Cette nouvelle façon d’envisager la missiologie, se défend McLaren, n’est pas nouvelle. En effet, l’organisme Jeunesse en Mission par exemple, s’appuyant sur les cours du télévangéliste Benny Hinn, recommande par exemple aux musulmans ou aux hindous convertis à Christ de continuer d’aller à la mosquée ou au temple, et de s’adresser au Seigneur dans leur coeur. L’inculturation n’est pas l’acculturation, rappelait Jean-Paul II. Et McLaren, par sa promotion des pratiques anciennes de méditation et de prière fait écho à un enseignement développé depuis près d’un siècle par les jésuites, dont il recommande les « exercices spirituels ». Les exemples historiques abondent qui ont contribué à fortement pervertir le message chrétien (parlons seulement de Noël, fête « chrétienne » du solstice ou des esprits protecteurs transformés en « saints patrons »).

Un auteur influent dans le courant « postmoderne »

Cité par le Times comme l’un des 25 évangéliques les plus influents, McLaren est un des penseurs de l’Eglise émergente dont la philosophie peut se résumer en un mot: le postmodernisme. Il définit lui-même sa vision du monde: Nous sommes entrés dans une société post-moderne qui met l’accent sur l’expérience personnelle. L’individu étant incapable de connaître la Vérité, l’absolue référence de la Parole révélée par Dieu n’existe plus.

Un auteur clairement libéral

McLaren ne se cache pas d’être un libéral – mot qui chez nous désigne une personne qui ne croit pas en l’autorité de l’Ecriture. Aux USA, un libéral est certes un protestant très tolérant sur les questions d’avortement et d’homosexualité, mais c’est aussi une personne politiquement « de gauche ». Le 15 décembre 2005, McLaren était arrêté avec d’autres manifestants sur les marches du Capitole où ils entendaient rappeler le gouvernement à ses devoirs sociaux. Il était aux côté de Jim Wallis, activiste du mouvement interfoi Faithful america dont le dernier ouvrage trône en bonne place sur sa table de chevet. Le seul mouvement évangélique que McLaren agrée est le mouvement Anabaptiste, pour son pacifisme. Prônant le pacifisme également, les Quakers, chez qui étudie également le responsable du mouvement dit émergent en Grande-Bretagne. A noter que ce pasteur est membre du mouvement Vineyard, fondé également par un Quaker: John Wimber. Le fils de Martin Luther King reprend également le flambeau de la contestation pacifiste. Il apparaît dans le même réseau et notamment dans l’église syncrétiste du prêtre dont McLaren recommande l’ouvrage, le jour des commémorations pacifistes du 11 septembre.

McLaren et l’enfer

Brian McLaren semble très gêné par la question de l’enfer. Répondant sur le site syncrétiste Beliefnet à la question:  « Qu’est-ce qui vous a fait écarter la question de l’enfer dans le dernier ouvrage de votre trilogie? », McLaren répond:

« Pour beaucoup de chrétiens, leur foi concerne surtout ce qu’il advient des personnes après leur mort. Cela les distrait de rechercher la justice et une vie pleine de compassion tant qu’ils sont encore sur cette terre. Nous devrions faire demi-tour et jeter de nouveau un oeil aux enseignements de Jésus sur l’enfer. Pour beaucoup de personnes, la doctrine conventionnelle sur l’enfer fait de Dieu quelqu’un de méchant. Ce n’est pas quelque chose que nous devrions laisser perdurer. »

S’il prétend ne pas vouloir choquer les âmes pour les conduire à Dieu, il oublie que la Bible est excessivement claire au sujet du sort de ceux qui meurent sans le Seigneur. Il faut chercher dans le livre d’Alan Jones, un auteur clairement New Age qu’il recommande (voir ci-dessous), à la page 132 de « Reimagining Christianity » pour trouver des déclarations similaires et troublantes: « Il faut retirer la croix du centre du christiannisme. La fixation de l’Eglise pour la mort de Jésus en tant qu’acte universel de salut doit s’achever, et la place de la croix doit être réimaginée dans la foi chrétienne. Pourquoi? A cause du culte de la souffrance et du Dieu vengeur. »

McLaren et la croix

Il est frappant en visitant son site web et ses écrits de constater qu’il ne cite pas la Bible, qu’il ne parle jamais du Saint-Esprit ni de nouvelle naissance. Quand l’agence Baptist Press lui a demandé si une personne devait placer sa confiance dans la mort expiatoire du Christ pour ses péchés, McLaren a répondu:

« Je veux aider les gens à comprendre tout ce qu’ils peuvent à propos de la croix. Je ne dirais pas que cette compréhension (Jésus mourant en sacrifice expiatoire pour toute l’humanité) soit tout ce qui est nécessaire pour être chrétien. Je crois que certaines personnes pourraient être intéressées par cette compréhension mais pas intéressées à suivre Jésus. Ils veulent que le sang de Jésus paie pour leurs péchés afin qu’ils aillent au ciel, mais ils ne sont pas réellement intéressés à suivre Jésus dans leur vie. »

McLaren renvoit dos-à-dos exclusivisme, universalisme et inclusivisme, relativisant ainsi l’orthodoxie évangélique.

McLaren et l’homosexualité
Brian McLaren refuse de donner son opinion au sujet de l’homosexualité, affirmant que cette questions est devenue trop politique.

« J’ai mes propres opinions, mais je ne crois pas que la chose la plus intelligente à faire pour moi soit d’aller partout et faire de ces opinions divergentes une raison de me séparer des autres chrétiens »,

a-t-il déclaré déclaré à Baptist Press.

« Je suis en communion avec des chrétiens qui ont des opinions différentes sur cette question (de l’homosexualité) ».

S’exprimant à propos du dernier livre de McLaren: A generous orthodoxy (« Une orthodoxie généreuse »), le président du Séminaire des Baptistes du Sud aux Etats-Unis, Al Mohler s’inquiète :

« Quand on en vient à des sujets comme l’exclusivité de l’Evangile, l’identité de Jésus-Christ à la fois pleinement Dieu et pleinement homme, à l’autorité des Ecritures comme révélation écrite, ou aux enseignements clairs de la Bible en matière d’homosexualité, ce mouvement refuse tout simplement de répondre aux questions. L’orthodoxie doit être généreuse, mais pas au point de cesser d’être orthodoxe. »

Un témoignage publié sur le site de celui dont il a recommandé l’ouvrage montre clairement la conviction de la mouvance: un homosexuel ne doit pas chercher à être « guéri » mais s’accepter tel qu’il est. Cela est également confirmé par plusieurs articles qui assurent la promotion de la position épiscopalienne (accueillir et aimer tels qu’ils sont les homosexuels) sur le site Explore Faith, dont McLaren recommande la lecture pour son contenu spirituel. Un autre signe convergent: en recherchant sur Google les mots clefs de la spiritualité émergente, on tombe sur une série de sites religieux, libéraux ou New Age, dont l’Eglise Unie du Canada qui avait reconnu en 2000 qu’on pouvait être chrétien et homosexuel. Il n’y a donc pas l’ombre d’un doute: Brian McLaren, au nom de l’accueil et de l’amour, est un libéral pro-homosexuel.

Un auteur faisant la promotion du Nouvel Age

Il a donc recommandé l’ouvrage d’Alan Jones « Réimaginer le christianisme » (Reimagining Christianity) dont la couverture (une croix et un Bouddha ornant un tableau de bord de voiture) met déjà la puce à l’oreille. La table des matières et le préambule d’introduction ne laissent planer aucun doute: nous devons entrer dans une ère de tolérance et dénoncer les chrétiens « littéralistes », cesser de diaboliser notre frère hindou, musulman ou bouddhiste et découvrir la véritable spiritualité, celle qui cherche à comprendre l’autre. « Cette oeuvre m’a stimulé et profondément encouragé », affirme McLaren au dos du livre. Si vous êtes de passage à San Francisco, Alan Jones, doyen de la Grace Cathedral, vous invite à venir cheminer dans l’un des 2 labyrinthes spirituels de son église. Cette nouvelle forme de « méditation en marchant » s’appuie sur ce qu’enseignent les anciennes traditions religieuses un peu partout dans le monde. Vous ressortirez transformés après avoir médité dans ce mandala, pratiqué le yoga et les autres activités de l’église, ainsi qu’en témoignent de nombreux témoignages. Vous apprécierez particulièrement celui d’une dame qui accompagne les mourants pour transformer ce moment dramatique en une cérémonie sacrée. Alan Jones est définitivement un des maîtres spirituels du Nouvel Age, comme l’indique ce séminaire où il a enseigné à leur côté.

Encore des connexions New Age

Il a co-écrit un ouvrage avec Tony Campolo, lequel voit dans le mouvement émergent une réponse adaptée au besoin de renouvellement spirituel de notre époque postmoderne. Campolo a été dénoncé par certains comme un « change agent », personne chargée de « noyauter du dedans les mouvements religieux en y insufflant l’esprit du Nouvel Age, c’est à dire un nouveau mode de pensée, une nouvelle mentalitée imbibée de néo-platonisme, de philosophie Hindoue et de mysticisme oriental », comme disait Alain Choiquier dans son ouvrage Scanner sur le Nouvel Age. McLaren promeut des techniques anciennes de prière et de méditation qui viennent des plus anciennes traditions et pourraient tout aussi bien être du bouddhisme zen ou du tantrisme. Alan Jones et Rick Warren qui, dans son livre « Purpose driven life » au chapitre 10 parle de prières courtes respirées – « Merci Seigneur » – qui nous accompagnent le jour durant et deviennent des mantras chrétiens, sont apparus au côté de maître bouddhistes dans des séminaires. Les techniques et le vocabulaire de McLaren, Jones ou Warren sont les mêmes que celles du livre « The Art of Meditation » d’un gourous New Age proche du Dalaï Lama, Daniel Goleman. Il est intéressant de noter les connexion entre ce « mouvement des labyrinthes » et les mystiques celtes, indiennes hoppi, etc., comme le montre l’abondante littérature du genre. En lien avec la question de la tolérance pour les homosexuels, l’adjointe d’Alan Jones propose aux femmes – et aux hommes – de se reconnecter avec la Mère Divine. Ceci n’est pas sans rappeler le mouvement féministe évangélique qui voudrait réécrire le Nouveau Testament et rendre à Dieu la nature féminine inclusive et égalitaire de Son amour.

Le mouvement émergent

Pour être membre de « l’ordre » émergent (qui se veut un monachisme moderne), il faut s’engager à respecter la Création, servir son prochain, se déclarer membre du réseau émergent en public, assister à un pélerinage émergent chaque année, étudier les disciplines chrétiennes classiques telles qu’enseignées par les traditions. Le nom même du mouvement « émergent », est une image de son origine humaine, de sa poussée « hors de terre ». Dans son article sur McLaren dans la revue Témoins, Jean Hassendorfer résume bien l’esprit de la mouvance en concluant par une citation d’un des pères du syncrétisme évolutionniste moderne, Teilhard de Chardin: « Tout ce qui monte converge ». Cette « Babel » religieuse qui sort de terre en voulant se dépouiller des scories de 20 siècles d’obscurantisme littéraliste fait feu de tout bois. Le mouvement veut se concilier les évangéliques épris de Bible mais souffrant du manque de cohérence dans la façon dont les églises vivent son message, et les chrétiens plus traditionnels. Dans son ouvrage « Une orthodoxie généreuse », il dit apprécier la liturgie, vénérer (mais pas adorer) Marie, etc. Comme l’a fort bien montré un ancien dominicain, l’église émergente fait très clairement la promotion du mysticisme oriental et du catholicisme.

Conclusion

A un moment où le mouvement évangélique en francophonie connait une mutation profonde, avec le départ de frères aînés dans la foi, l’entrée massive de jeunes convertis d’horizons divers ayant une culture biblique assez sommaire et une très criante simplification du message, ouvrir sans discernement la porte au message de l’Eglise Emergente est une très lourde responsabilité. La Ligue pour la Lecture de la Bible et l’Alliance Evangélique se sont, en toute bonne foi il ne faut pas en douter, avancés sur un terrain glissant via la création d’une commission « Evangile et Culture ». Cette commission est dirigée par le représentant officiel en France du mouvement émergent, un missionnaire salarié d’International Teams (ITeams), dont le président durant 10 ans fut McLaren lui-même. (Note: Le blog du missionnaire en question, Matthew Glock, semble avoir disparu. On pouvait y lire qu’il était soutenu par ITeams, mais on en retrouve trace ici). Au vu des éléments ci-dessus et d’autres éléments apportés par d’autres évangéliques (comme Pierre Oddon, Christian PietteDavid Cloudun pasteur lyonnais anonymeRichard Bennett, etc.) Il conviendrait maintenant qu’une commission d’experts approfondisse la question et trace des lignes claires.

Nous savons que de telles commissions se noient sous des montagnes de papier pour accoucher au final de souris, aussi je demande personnellement qu’une véritable discipline biblique et évangélique soit appliquée dans cette affaire, le livre retiré de la vente ou en tous cas assorti d’un feuillet de mise au point, et la direction de la Commission Evangile et Culture de l’Alliance Evangélique remise à une personnalité véritablement évangélique, et non à la tête de pont d’un mouvement douteux.Je le dis à tous: une génération abreuvée par ces « non-doctrines » va se lever pour nous faire presque honte de nos pratiques ecclésiales jugées « peu adéquates » à notre société en évolution. Affirmons avec la Bible qu’une véritable conversion s’accompagne d’un amour pour tous les frères, quelles que soient leurs pratiques, et que cèder au « jeunisme » ambiant n’est rien d’autre qu’une solution de facilité. C’est pour cela que fut, il y a 160 ans, créée l’Alliance Evangélique et nous souhaitons que, loin d’être la gardienne du musée poussiéreux d’une église vieillissante, elle continue à élever bien haute la bannière de la foi « transmise aux saints une fois pour toutes ».

Je vous suggère enfin à lire ce que moi, Nicolas Ciarapica, j’ai personnellement reçu dans la prière à ce sujet. Il s’agit juste d’une « révélation » personnelle, et elle n’a pas le poids des arguments ci-dessus.

Archive web: Débat LLB – AEF sur le livre Archive web: « Réinventer l’Eglise » de Brian McLaren

Ce texte a été “ressuscité / récupéré” du site Vox Dei, par l’archiveur automatique : Wayback machine.


19/09/2006, Valence – église libre

COMPTE RENDU établi à titre personnel par Pascal-Eric Chomel, le 8 novembre 2006 (dans le texte, ce qui figure en italique précédé de NDR = Note Du Rédacteur, est un commentaire personnel du rédacteur du compte rendu)

‘Présents :

  • P.Berthoud (LLB)
  • M.Deroeux (LLB)
  • S.Lauzet (AEF)

Orateurs :

  • A.Nisus Professeur à la Faculté Libre de Théologie Evangélique (Vaux sur Seine)
  • L.Jaeger Directrice des études à l’Institut Biblique de Nogent
  • D.Brown Pasteur de France-Mission, spécialisé dans les implantations d’églises
  • D.Cobb Professeur à la Faculté Libre de Théologie réformée (Aix en Provence)

Débat conduit par A.Courtial, ancien pasteur de l’église libre de Valence, accueillant le débat dans ses locaux. Une quarantaine de personnes environ étaient présentes.

Durée :
10h15 – 12h15 13h45 – 17h

Interventions magistrales des orateurs : environ 60 % du temps global
Le reste en échanges entre la salle et les orateurs, sans que la LLB ou l’AEF s’impliquent. On peut évaluer entre 10 et 20% le temps qui a pu être utilisé par l’ensemble des personnes dans la salle pour poser leurs questions ou donner leur avis.

Points positifs :
– Manifestement il n’y a pas eu de pression sur les orateurs qui ont pu exprimer librement leur pensée sur le livre « Réinventer l’Eglise » – les orateurs ont eu toute liberté de parole et ont pu critiquer librement B.McLaren et le livre, au point que le pasteur actuel de l’église libre de Valence (Jean-Pierre Civelli) a regretté qu’il n’y ait pas eu d’orateur pour « soutenir B.McLaren » !

Points négatifs :
– la forme du débat (se déplacer au micro) – La LLB et l’AEF ne se sont pas impliquées dans le débat – la demande faite aux orateurs de se cantonner exclusivement au livre RE, alors qu’il eut fallu considérer l’ensemble de l’œuvre de l’auteur, puisqu’il s’agit du premier livre d’une série de 10 – la polémique étant née suite à l’invitation faite à l’auteur de s’exprimer en France début 2006, il ne suffisait pas d’en rester à son livre datant de 2000 – plusieurs personnes assistant au débat se sont exprimées en faisant valoir que la doctrine les intéressait peu, et qu’il fallait même « adapter notre théologie évangélique » au monde d’aujourd’hui; ces interventions se sont cantonnées à exprimer une appréciation positive de B.McLaren en ce sens qu’il pose de bonnes questions. Peu de personnes ont considéré les réponses qu’il apporte (hormis les orateurs à la tribune et 2 intervenants dans la salle) – non prise en compte dans le thème officiel du débat (la croissance de l’Eglise) de la question de fond soulevée par Vigi-Sectes : «En « Réinventant l’Eglise » Brian McLaren reste-il sur le terrain fondamental de la révélation divine? » (voir http://www.vigi-sectes.org/mclaren et http://tinyurl.com/qc8st )

Intervention d’A.Nisus :

Développement en 3 parties : méthodes, auteur, style/fond

1) Méthodes :

AN estime que BML n’est pas un intellectuel rigoureux. C’est un praticien, sans trop de rigueur, de nombreuses faiblesses pouvant être relevées quant à sa clarté intellectuelle. BML utilise de manière non critique des termes philosophiques, présente une argumentation parfois bâclée, et donne des références historiques peu rigoureuses. BML lui-même reconnaît utiliser un effet rhétorique, mais on se demande parfois si ses affirmations sont seulement hyperboliques ou s’il pense vraiment ce qu’il écrit. AN indique avoir également lu le livre plus récent de BML intitulé « Generous orthodoxy » (GO), et que s’il avait eu à donner la critique de ce dernier livre il aurait été beaucoup plus sévère vis-à-vis de BML. Selon AN, BML reconnaît dans GO que son livre est tissé d’exagération, provocateur, obscur, « l’obscurité stimulant davantage la réflexion que la clarté » ! Lorsque BML indique dans « Réinventer l’Eglise » (RE) que « notre théologie ne fonctionne plus », on peut légitimement se demander si BML parle de la manière, du « comment » ou bien du contenu de la théologie évangélique ! BML a une tendance à l’autodérision, plus marquée encore dans GO, qui invite à ne pas être dur envers lui. AN pose la question : ne faudrait-il pas lire RE à la lumière des autres livres plus récents de BML ?

2) Auteur :

Concernant la biographie de BML, AN relève qu’il est globalement en réaction contre les fondamentalistes, et qu’il le reconnaît d’ailleurs ouvertement, surtout dans GO (p.40 de ce livre, BML indique qu’il est plus dur envers les fondamentalistes qu’envers quiconque).

3) Style / fond

Quant au fond du livre RE, AN l’a trouvé très stimulant et très agaçant. Très stimulant parce que posant de nombreuses questions intéressantes, parce qu’optimiste, encourageant le croyant à ne pas avoir peur du monde, parce qu’il montre un souci constant d’atteindre nos contemporains et dans ce but il se propose de développer une église pertinente.

Mais très agaçant parce que trop marqué par une faiblesse argumentative et un manque de rigueur évidents. La thèse du livre se résume à ceci : le monde change (p.16,17…) et donc il faut redéfinir l’église du futur qui doit elle aussi changer (p.24). Mais pourquoi BML ne discute-t-il pas de l’ « ecclesia semper reformenta », église qui est réformée par la Parole de Dieu et non par l’influence du monde qui change ! Le grand ennemi de BML est le statu quo. Il veut tout réinventer, mais est-ce un effet rhétorique ou le pense-t-il ? cela ressemble plus à un slogan publicitaire qu’à une réflexion approfondie. Selon BML, « le changement est un principe de vie immuable » (notez l’oxymore, entre changement et immuable, termes opposés). BML se réfère à F.Schaeffer, mais il s’approprie de manière non critique cette notion de changement en oubliant que la vie c’est aussi la stabilité. Les forces conservatrices sont aussi forces de vie. La vie est faite de continuité et de discontinuité.

AN réfute la notion de postmodernité qui est pourtant au centre du livre. Bien des penseurs français reviennent sur cette notion et estiment que l’on est plutôt en ultramodernité ou en hypermodernité, c’est-à-dire dans une certaine forme de la modernité, mais pas en postmodernité.

AN estime que BML a une approche trop naïve de ce qu’il appelle la postmodernité, en assimilant la vérité à l’honnêteté, l’authenticité, la transparence (p.146). BML ne critique pas ces notions qu’il attribue aux postmodernes, et on peut même penser qu’il y adhère dans la mesure où il accepte aussi sans critique le fait que si « la notion de vérité change, alors la théologie change » (cite p.72 : « quand la notion de vérité change… la théologie change aussi »). BML confond impossibilité de connaître totalement et connaissance authentique. Seul Dieu connaît totalement, mais cela n’empêche que nous pouvons connaître de manière authentique.

Au sujet de l’apologétique, BML critique la formule « la Bible dit que… », et estime que « la Bible doit nous servir moins comme fondement de l’apologétique et plus comme composante du message en soi » (p.77). BML cite Actes 17 où dans le discours de Paul aux athéniens, ce dernier n’utilise par les Ecritures mais cite des auteurs païens. Mais BML oublie que Paul est saturé, imprégné des Ecritures et qu’il parle des idoles, du Dieu créateur et de la résurrection, notions plutôt étrangères à des païens et qui font référence aux doctrines des Ecritures. Si donc BML veut dire qu’il faut que nous soyons plus fins dans l’utilisation de l’Ecriture pour annoncer l’évangile, alors d’accord, mais sinon, AN craint que ce ne soit la mise de côté de la Bible. Crainte confortée par les expressions de BML page 80, lorsqu’il parle de la Bible comme textes poétiques et littéraires…

Conclusion d’AN :

on a l’impression que BML fait très peu d’efforts pour comprendre les conservateurs (NDR : fondamentalistes, non pas au sens politique du terme), alors qu’il en montre beaucoup pour tous les autres. AN fait un développement sur deux notions d’annonce de l’évangile : Selon certains, il faudrait d’abord annoncer le Dieu d’amour avant le Dieu créateur, aller de la grâce au péché. Selon d’autres, il faudrait d’abord présenter le Dieu créateur, la notion de péché, la loi, avant d’annoncer le Dieu rédempteur et la grâce. AN estime que la seconde approche est la bonne, qu’il convient de commencer avec le problème de l’homme (péché) avant d’en venir à la solution divine (grâce). Il reconnaît toutefois que dans un souci pédagogique, on peut être sensible aux capacités d’accueil des auditeurs, et on va aller d’abord au « sauvé pour » avant d’en venir au « sauvé de ». Le problème avec BML c’est qu’il ne semble pas faire de différence entre la logique de l’évangile (d’abord l’annonce du péché puis de la grâce) et la stratégie de mise en œuvre (pédagogie cas par cas). On a l’impression que BML voudrait changer l’interprétation de l’évangile. Dans le concept de postmodernité, on ne justifie pas les fondements, et BML semble se placer dans ce droit fil de n’avoir pas de fondement.

Mini-débat (questions à l’orateur)

Suit un court temps de questions de la salle, non pour débattre mais pour éventuellement demander des précisions à l’orateur. – Question de Matthew Glock : quel était exactement la demande de la LLB et l’AEF aux orateurs ? – Réponse de S.Lauzet : lit la lettre adressée aux 4 orateurs, leur demandant d’analyser le livre RE de BML. – Question/remarque de JP.Civelli (pasteur de l’église libre) : sera-t-il impossible de dialoguer entre postmodernes et modernes ? les paradigmes changent, et l’analyse d’AN est sur un point de vue moderne.

Intervention de Lydia Jaeger :

LJ estime que la façon de procéder de LLB/AEF est la bonne, consistant à ne pas vouloir polémiquer mais à inviter des « experts » indépendants. Elle se présente comme systématicienne, plus philosophe que théologienne praticienne. Elle indique bien ne commenter que le livre RE, dit n’avoir pas lu d’autre livre de BML et donc ne présentera pas d’analyse de la pensée de BML, respectant en cela la commande de LLB/AEF.

Selon LJ, la thèse de BML consiste à changer la façon de vivre l’église et la façon d’annoncer l’évangile. Il affirme que la postmodernité rejette toute connaissance universelle et la toute-puissance de la raison, remplacée par une vision subjective des choses. Du coup on ne demande plus si c’est vrai mais si c’est authentique. 2 questions se posent : 1) son analyse de la situation est-elle juste ? 2) les conséquences pour l’évangélisation sont-elles bonnes ?

1) L’analyse de la situation de BML est-elle juste ?

D’abord, selon LJ ce n’est qu’une partie de la population qui est devenue postmoderne. La science garde une certaine crédibilité (vision moderne donc). BML a fait des études littéraires aux Etats-Unis, et c’est là que des penseurs français ont développé la notion de postmodernité (Foucault entre autres). Le contexte d’église dans lequel évolue LJ l’amène à constater que bien des gens ne sont pas dans la postmodernité (église de banlieue, marquée par des populations antillaises et africaines).

Puis, la postmodernité n’est pas rupture de la modernité, elle l’accompagne en fait. C’est le pôle irrationnel qui accompagne le pôle rationnel de la pensée apostate (sans Dieu). L’idole appelle sa contre-idole, et comme la pensée moderne idolâtre la raison, forcément il y a une revendication d’irrationalité (le romantisme en son temps était déjà une revendication d’irrationalité de ce type). Kant était déjà postmoderne, en ce sens que pour lui aucune connaissance n’était possible en matière de morale ou de religion.

La foi chrétienne n’est ni moderne (rationnelle) ni postmoderne (irrationnelle). BML ne fait pas d’analyse poussée de la postmodernité. On peut être d’accord avec BML lorsqu’il rejette la modernité (rationalité) mais le problème vient du fait qu’il ne rejette pas la postmodernité. LJ considère que la foi chrétienne accepte le fait que la raison autonome n’atteint pas la vérité. BML partage ce constat, mais il en déduit à tort qu’il n’y a donc pas de vérité absolue ou qu’on ne peut connaître de vérité absolue. LJ contredit BML sur ce point. Selon LJ, BML passe à côté du fait que la connaissance de la vérité nous est possible par révélation. Nous pouvons connaître réellement, mais pas complètement.

LJ cite la page 40 de RE où BML dit qu’il n’y a plus de critères pour savoir « qui est chrétien ». Mais LJ estime qu’il y a au moins 2 critères qui demeurent : Etre dans la grâce de Dieu (vise Galates, sans référence – NDR : probablement Galates 5,4 ?) Nos affirmations christologiques, selon 1 Jean 4 Tous ceux qui se disent chrétiens aujourd’hui ne le sont pas, ne remplissant pas ces critères fondamentaux.

LJ relève ensuite que BML exprime une grande méfiance contre la parole, le langage, car le discours fixe la raison. Mais dans la foi chrétienne, Dieu parle, c’est le Logos, et rien ne justifie cette méfiance. LJ rattache cette méfiance à du mysticisme et se dit frappée de ce que le mysticisme ait autant d’entrée jusques dans nos milieux évangéliques. Selon certains, la seule façon d’appréhender Dieu serait dans le silence mystique (NDR : cf. la promotion de la prière contemplative de BML, dans ses livres ou sur son site internet, comme aussi de prières jésuitiques, ou encore des labyrinthes ; ces sujets n’ont pas été évoqués). LJ revendique la prière biblique comme parole exprimée avant tout. LJ fait référence à la page 95 de RE, et s’inscrit en faux : la Parole de Dieu est intelligible. L’hérésie existe, toutes les paroles au sujet de Dieu ne se valent pas. D’après LJ, les formulations doctrinales du passé restent pertinentes (Nicée, Chalcédoine).

2) Les conséquences pour l’apologétique, pour une meilleure communication envers les non-croyants, sont-elles bonnes ?

LJ est d’accord avec BML sur le fait qu’on n’a pas besoin d’amener quelqu’un sur un terrain moderne avant de l’amener à la foi chrétienne (cf. p.146 de RE). Mais BML ne montre pas assez en quoi le postmoderne doit quitter sa postmodernité pour embrasser la foi chrétienne. Le message biblique doit toujours être présenté au postmoderne et à son relativisme pour qu’il se positionne devant le Créateur. LJ préconise une apologétique néo-calviniste (?). LJ affirme qu’il faut croire pour comprendre. La connaissance « insituée » est celle de Dieu et non des hommes, mais Dieu nous la révèle.

Mini-débat (questions à l’orateur)

– Question de P.Berthoud : le piétisme du XIXème siècle n’était-il pas aussi irrationalité (comme le romantisme d’une certaine manière) ?

– Réponse de LJ :
elle rappelle qu’elle est de tradition piétiste (en Allemagne). D’après elle, le piétisme n’est pas irrationalité mais plutôt une pensée pas suffisamment aboutie. Elle rappelle que le mysticisme est une attitude visant la fusion expérimentale au divin, en dépassant la parole. Bien sûr, le mystique parle, mais par contradictions, et pour dépasser la parole.

Pause de midi

Reprise par un débat entre la salle et les 2 orateurs du matin.

– Question/remarque de JP.Civelli : la démarche de BML consiste surtout à expliquer au chrétien ce qu’est un homme d’aujourd’hui, dans le monde postmoderne. BML ne donne pas de réponse ; il faudra le dépasser, le livre RE étant insuffisant. Mais si les théologiens avaient répondu à ces questions que pose BML, ce livre n’aurait pas été nécessaire. Il estime d’ailleurs que l’on ne peut juger la théologie de BML sur ses écrits mais uniquement sur ses fruits (église florissante).

– Réponse d’AN :

cite Matthieu 12,37 : « par tes paroles tu seras justifié, par tes paroles tu seras condamné », donc les paroles et encore plus les écrits peuvent être légitimement examinés pour considérer la théologie d’un chrétien qui enseigne. Si ce que dit BML n’est pas ce qu’il veut dire, il n’avait qu’à ne pas le dire. AN, sur la question posée, revient sur la notion d’autorité de la Bible de BML pour indiquer que le livre RE est flou à ce sujet, ce qui peut être inquiétant.

– Remarque de M.Glock : pense que BML veut que l’église change complètement.

– Question/remarque de PE.Chomel :

remarque que les orateurs ont rempli ce qui leur avait été demandé en examinant le 1er livre de BML, mais fait remarquer que BML en a écrit bien d’autres depuis, et que dans « A new kind of christian » il décrit la pensée émergente à laquelle il se rattache comme se développant en cercles concentriques, chaque nouveau livre englobant et développant le précédent, il aurait été intéressant d’examiner tous les livres de l’auteur pour cerner sa pensée actuelle. Dans ce cadre-là d’ailleurs, les déclarations de BML au sujet de l’autorité de la Bible sont très inquiétantes ! L’intervenant demande aux orateurs si d’après ce qu’ils ont analysé il n’apparaît pas que BML ne veut pas seulement une église dans la postmodernité, mais bien une église postmoderne. BML n’est-il pas lui-même postmoderne, en ce sens qu’il veut en revenir à un tronc commun doctrinal mais n’en donne à aucun moment la moindre définition ?

– Réponse d’AN :

BML dit qu’il veut une église dans la postmodernité ; il provoque, mais c’est vrai qu’il faudrait le lire plus largement. Le livre RE n’est pas vraiment dangereux, AN n’y a pas décelé d’hérésie. AN ajoute : « BML est trop rusé pour cela ». – Réponse de LJ : Elle estime qu’on peut arriver à un jugement pertinent sur un seul livre, sans tout connaître de l’auteur. Sur le tronc commun, s’il s’agit d’un fondement doctrinal tel que celui de l’Alliance Evangélique, d’accord, mais si le tronc commun que veut BML est plus large, alors pas d’accord. LJ indique qu’elle a regardé quelques pages de BML dans un autre de ses livres et en déduit que l’on peut avoir des craintes à ce sujet.

– Question/remarques de D.Oddon :

cite les expressions employées par BML dans son livre « A new kind of christian » au sujet de l’autorité de la Bible, qui montrent à l’évidence que BML ne considère pas la Bible comme LA référence du chrétien : – Le chrétien postmoderne « relativise son propre point de vue moderne » en comprenant que « tout ce qu’il croit à propos de la Bible et du christianisme est seulement relatif et incertain » (« A New Kind of Christian », Brian McLaren, p 35) – « Il est faux et pharisaïque de considérer la Bible comme « l’encyclopédie de Dieu, le livre des lois de Dieu, le livre des réponses de Dieu » (p 52). – « La Bible ne devrait pas constituer notre unique autorité mais seulement une parmi d’autres, comme la tradition, la raison, des personnes exemplaires, des institutions qui ont gagné notre confiance, et l’expérience spirituelle (p 54 s) –  » La Bible n’est pas l’infaillible Parole de Dieu et aucune doctrine ou théologie n’est absolue, aussi devons-nous aborder la Bible de façon moins rigoureuse » (p 56) – « L’autorité de la Bible ne réside pas dans le texte lui-même mais se situe sur un plan mystique, au-dessus et au-delà du texte. » (p 51) Il demande à LJ, philosophe, si la pensée émergente n’est pas éminemment hégélienne, et ne procède pas en ce sens d’une démarche non chrétienne. Il regrette par ailleurs que les orateurs ne s’expriment que sur le 1er livre de BML, et déplore vivement que VS n’ait pas été invité à la tribune, dans la mesure où VS a fait un travail de recherche plus complet sur BML. Un peu plus tard, D.Oddon demandera aussi aux orateurs si BML qui veut unifier la ligne libérale et la ligne conservatrice peut le faire sans apostasier (une personne dans la salle lance: « c’est politique » – NDR : la question n’est évidemment pas politique, et BML ne l’a pas présenté comme politique dans son séminaire à Paris en janvier 2006).

– Réponse A.Courtial :
estime que VS a été invité suffisamment à l’avance et que leur récent mail précisant les raisons de leur non-présence au débat de ce jour ne semblent pas toutes valables. (NDR : voir le courrier de Vigi-Sectes sur http://tinyurl.com/qc8st ) – Réponse LJ : elle indique n’avoir pas lu Hegel et ne pas bien avoir compris la question concernant la pensée hégélienne. Elle précise que s’il s’agit de savoir si BML est hérétique, il est évident que la démarche entreprise, à savoir analyser un livre de l’auteur, n’est pas suffisante. Et que de plus ce n’est pas à elle de le dire (BML n’est pas de son église et n’enseigne pas à l’IBN). LJ n’a pas suivi le détail de la polémique au sujet de BML.

Intervention de David Brown :

Se présente comme praticien plus que comme théologien. Devant la polémique qui est apparue très tôt, il a eu envie de pleurer, car il se sentait placé devant 2 alternatives : Beaucoup de réflexion, mais sans base biblique : BML Des bases bibliques, mais sans réflexion : contradicteurs de BML DB s’est dit agacé par des expressions des polémistes (NDR : on peut supposer qu’il fait référence à VS, mais sans citer expressément), comme par exemple le fait qu’on attribue à BML beaucoup de sagesse humaine en renvoyant à Jacques 3,15 (sagesse « diabolique »), alors qu’il s’agit dans Jacques d’un autre contexte. Comme aussi cette expression « nous ne voulons ni église moderne, ni église postmoderne, mais l’église du nouveau testament ». DB justifie à cet égard BML en indiquant que beaucoup de questions sur notre vécu d’église n’ont pas de réponses directement bibliques.

DB relève 9 points positifs dans RE, et les liste rapidement (donne surtout les titres des chapitres qui lui paraissent pertinents dans les questions que BML pose).

Mais DB a essentiellement 2 critiques importantes à faire et s’y attarde plus longuement.

1) Relations avec la postmodernité : BML s’est « marié avec la postmodernité ».

Avec Don Carson, DB croit que le terme de postmodernité a sa place, mais qu’il faudrait en définir les contours. Il rappelle que le postmodernisme n’existe pas, mais plutôt la postmodernité. En France la postmodernité est la position de repli des gens qui considèrent qu’il n’y a plus d’idéologie valable. Ce n’est donc pas un choix délibéré, et donc pas du « postmodern-isme« . BML voudrait en fait que l’église soit postmoderne, quitte à mettre de côté certains points doctrinaux fondamentaux. S’il ne s’agissait que de mieux cerner la missiologie et l’adapter, on pourrait être d’accord. Il faut certes être adapté à notre culture ambiante, mais il ne convient pas que notre culture change nos fondements. Dans la préface de « Generous orthodoxy », que DB a lu également, l’auteur de cette préface compare BML à Martin Luther et l’église émergente avec la Réforme sur le plan de l’importance du changement opéré ! BML ne refuse pas ces comparaisons dans son livre, donc il les endosse. Il ne se prend pas pour rien! Il veut effectivement opérer un changement en profondeur, qui touche aussi aux points doctrinaux.

2) Doctrine du salut et de la justification :

On ne trouve nulle part la doctrine du salut, de la justification par la foi. Il est vrai que BML n’est pas théologien. Mais quand on lui pose une question « crois-tu à ceci ? », BML répond toujours « oui ». Citant CS.Lewis : « On ne peut savoir ce que quelqu’un croit si on ne sait pas ce qu’il rejette », DB affirme que BML dans son livre « Generous orthodoxy » ne rejette rien, sauf les différents « sola » de la Réforme (sola scriptura… et même un « sola T.U.L.I.P. » inventé par BML !). DB affirme donc qu’il y a un trou béant au centre de la théologie de BML et précise en particulier que nulle part chez BML il n’est fait mention de la mort expiatoire à la croix (substitution pénale). De plus, DB vise les pages 37 et 38 de RE où BML évoque la notion de Royaume de Dieu, plus vaste que l’église. Cette notion de royaume est reprise dans GO où l’on trouve en germe l’hérésie de l’universalisme. DB qui a creusé sur le sujet de l’église émergente, indique que le rejet de la doctrine fondamentale de la substitution pénale est chose très courante dans l’église émergente. Ainsi, Steve Chalke, leader le l’Eglise émergente en Grande-Bretagne, qui est très souvent cité par BML a écrit que la doctrine de la croix est un abus cosmique ou divin envers un enfant. Il a été convoqué par l’Alliance Evangélique Britannique qui s’est séparée de lui. L’absence de ce thème de la substitution et de la propitiation dans un livre qui veut réinventer l’église est très troublante.

Conclusion :

Nous avons en France des gens capables de traiter de tels sujets correspondants aux questions posées par BML. Mais l’absence du sujet du salut dans ce qui se veut refondation de l’église est inquiétante. DB cite Luc Ferry, philosophe non chrétien : « la seule raison de la philosophie, c’est de trouver le salut ; pour cela, ce qu’on a trouvé de meilleur c’est le christianisme, mais c’est trop beau pour être vrai. » DB conclut en espérant que les éditeurs chrétiens réfléchiront bien avant d’éditer d’autres livres de BML, et son espoir est qu’ils n’en éditeront pas d’autres (NDR : cette mise en garde constitue bien une critique indirecte de l’édition de ce premier livre en France).

Intervention de Donald Cobb :
DC situe d’abord le livre dans la collection française Evangile et Culture, dont le but est notamment de faire réfléchir. Il résume ainsi la pensée de BML dans le livre RE : « comment serait une église délestée de l’héritage moderne ». Le mot d’ordre proviendrait de F.Schaeffer (cité dans RE). BML parle des outres et du vin, et cette présentation est juste selon DC. BML passe en revue nos activités ecclésiales pour voir si elles contribuent à diffuser le message, à sa mission au sein du monde. Dans l’ensemble, DC juge que ce sont des pistes intéressantes et stimulantes, poussant à l’innovation et la créativité dans l’église.

Quelques critiques néanmoins :
– BML utilise la caricature, et son ambiguïté dans ses propos irrite et agace. BML demande une appréciation nuancée de la postmodernité alors qu’il n’applique pas lui-même cette « nuance » vis-à-vis des chrétiens. – On n’est jamais vraiment sûr de ce que BML veut vraiment dire. DC n’est pas convaincu que cela aide l’Eglise à formuler le message à annoncer. Ou alors ce pourrait être un message qui passe bien mais qui serait inconsistant. – Dans son analyse de modernité et postmodernité, BML fait preuve de naïveté. D’après BML, les postmodernes croient à la vérité mais ne supportent pas la façon dure dont les chrétiens l’affirment. Mais la postmodernité touche au statut de la vérité. BML : « le terme de vérité absolue n’a plus d’utilité ». C’est là le point le plus contestable du livre RE : la place de la vérité dans l’Eglise. BML dit que les différences, les divisions ecclésiales sont secondaires, et il ne cite que des détails formels dérisoires à l’appui de cette assertion. Le tronc commun doctrinal n’est jamais défini. On en ressort avec l’impression que toutes les spiritualités se valent, si elles se reconnaissent chrétiennes, et la meilleure serait celle qui les met toutes ensemble. DC cite la page 164 où BML fait allusion à un rapprochement du libéralisme et du conservatisme, sur la base d’une relativisation qui impliquerait de fait l’abandon d’éléments doctrinaux essentiels (NDR : cf. la remarque de D.Oddon plus avant). Page 127, BML donne l’impression que l’église ne devrait pas se crisper sur des aspects éthiques importants comme l’homosexualité ou l’avortement. Il met aussi sur le même plan théologie, art, littérature… reléguant la théologie au rang des activités humaines empreintes de subjectivisme et de relativisme.

Conclusion : la collection Evangile et culture vise à nous interroger, et non à nous apporter des réponses, et c’est bien ce que fait ce livre RE.

Débat entre la salle et les 4 orateurs, conduit par A.Courtial, qui pose la première question :

– A.Courtial :

recommanderiez-vous la lecture de ce livre ?

– DB : Non. Les membres de mon conseil ne comprendraient pas grand-chose (1 membre de conseil dans la salle confirme), plus par rapport à la façon de BML de dire les choses.

– AN : je ne le déconseillerais pas. Une lecture critique, par des personnes mûres, peut être féconde car le livre stimule la réflexion. En soi il n’est pas nocif.

– DC : conseille la lecture à un conseil d’église des premiers chapitres qui remettent en cause nos habitudes. Certaines sections ne seraient pas conseillées à la lecture.

– Intervenant inconnu :

Les gens sont plus matures qu’on ne le croit ; qu’ils lisent le livre

– Autre intervenante, du conseil d’église libre de Valence, suédoise d’origine : a lu le livre, non pas sous un point de vue théologique. Selon elle, le livre montre le monde dans lequel on vit. Elle se dit LA protestante dans la chorale catholique valentinoise… Se dit étonnée que la polémique survienne pour ce livre, alors que le livre précédent de la même collection était beaucoup plus révolutionnaire : « L’Eglise autrement ».

– Autre intervenante : attentive aux recommandations faites par les orateurs et les mises en garde, mais a été très encouragée par le livre

– Autre intervenante : ce livre donne de bonnes questions. A entendu parler de relations que BML entretiendrait avec le nouvel age et aimerait savoir ce qu’il en est vraiment pour être plus méfiante le cas échéant.

– M.Glock répond à cette dernière question :
Il précise qu’il connaît très bien BML et qu’il est donc qualifié pour répondre. Il indique qu’une femme joueuse de harpe s’est convertie aux Etats-Unis par le moyen de BML, et il se trouve qu’elle joue de la musique de style new-age et il y a un lien sur ce sujet sur le site de BML. M.Glock confirme que BML partage une certaine conception de la prière contemplative, sans pour autant être new-age. Lorsque BML était à Valence en janvier (à la LLB?) on lui a demandé s’il croyait à ces « gros mots » (sic : expression employée par MG) (NDR : M.Glock, américain, ne trouve plus les mots correspondants, que sont substitution, propitiation, expiation, employés un peu plus tôt par D.Brown ; son expression « gros mots » était très clairement méprisante, indiquant que ces notions n’ont pour lui que peu d’importance!), et BML a répondu qu’il y croyait (NDR : D.Brown a indiqué que BML répond généralement oui à ce genre de question, sans que ce soit déterminant car par ailleurs il montre qu’il ne rejette pratiquement rien, et qu’en ce sens sa doctrine est très floue ; par ailleurs, M.Glock oublie (?) de citer le soutien de BML à Alan Jones, ou encore le lien mis sur le site de l’église de BML vers Spiritual Teachings Directors, site d’œcuménisme syncrétiste ; c’était donc une réponse partielle et biaisée).

– JP.Civelli :
regrette qu’on ait pris de haut BML dans cette journée, notamment les orateurs. Il cite avec enthousiasme la vie d’église de BML, les gens qui vont et viennent avec un café et discutent pendant le culte…

– Réponse de D.Brown :
s’il y a polémique, il faut quand même se demander pourquoi ! Pour lui, la vie d’église de BML n’a rien de révolutionnaire, car sa vie d’église ressemble à cela. En même temps qu’il véhicule des sujets très intéressants, BML véhicule une doctrine qui n’est plus évangélique. Le cœur de la doctrine évangélique n’y est pas.

– JP.Civelli :
ce n’est pas le sujet des livres de BML (NDR : là encore, on peut rectifier : lorsqu’on veut refonder l’église, la réinventer, il est aberrant que la doctrine soit absente, comme évacuée ! par ailleurs, le livre de BML intitulé « Generous orthodoxy » n’est pas plus explicite sur le tronc commun doctrinal, et pourtant, le titre même « orthodoxy » montre que BML se place lui-même sur le terrain doctrinal mais sans rien définir, ce qui explique que DB pense que BML n’est plus sur le terrain évangélique).

– AN :
a beaucoup de respect pour le ministère de pionnier… mais il y a aussi des docteurs, placés dans l’Eglise pour garder le bon dépôt, et là il faudrait faire attention que les évangéliques ne méprisent pas trop ce ministère de docteur, à leur détriment. Il cite ensuite un chapitre du livre de Bernard-Henri Lévy « American vertigo » intitulé « L’église de Willow Creek » dans lequel BHL exprime son profond étonnement d’avoir trouvé une église sans aucun sens du sacré, du mystère, qui ressemble plus à une banque, sans le sens de la dignité et de la présence de Dieu (et BHL n’est pas a priori chrétien). – JP.Civelli regrette qu’il n’y ait pas eu d’orateur pour défendre vraiment BML. – LJ conclut en appréciant la démarche de la LLB et l’AEF d’avoir invité des théologiens et des praticiens, et non des polémistes (« d’ailleurs la polémique nous intéresse-t-elle ? » ajoute LJ).

S. Lauzet donne une conclusion générale, en remerciant la douceur des intervenants, même ceux du sud plus « enthousiastes ». Il rappelle la seule raison du livre à ses yeux : que nos églises se posent la question de savoir à quoi elles servent.

PE Chomel

COMPTE-RENDU de Marc DERŒUX Directeur de la LLB France

Dans le journal de nouvelles de la Ligue – prière et action n°3 2006

Cet article est un copié collé à titre informatif, pour les chercheurs et théologiens. Vigi-Sectes ne recommande pas, bien entendu, le mouvement de l’Eglise Emergente, que nous avons mis en lumière, et condamné.


Échos de la journée-débat autour du livre Réinventer L ‘Eglise [éd. LLB]

Une quarantaine de personnes avaient répondu à l’invitation lancée par l’Alliance Evangélique Française et la Ligue pour la Lecture de la Bible France pour débattre autour du livre Réinventer L’Église du pasteur Brian McLaren sur le sujet de la croissance de l’Église.

Cette rencontre, tenue dans les locaux de l’Église Libre de Valence le mardi 19/09, a été rythmée par les interventions de quatre personnalités du monde évangélique, retenues pour leur compé tence en théologie et dans l’implantation d’églises. Lydia Jaeger (Institut Biblique de Nogent), David Brown (Groupes Bibliques Universitaires), Donald Cobb (Faculté de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence) et Alain Nisus (Faculté de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine) ont, comme il leur avait été demandé, apporté et commenté leur analyse du livre Réinventer
L’Église.

La sortie de cet ouvrage avait suscité une vive polémique que les intervenants ont tenté de ramener à la raison. Il est vrai que son titre peut paraître provocateur, voire provoquant. En «réinventant l’église », Brian McLaren reste-t-il sur le terrain fondamental de la révélation divine? Pourtant, avec ce livre, l’auteur, passionné par l’évangélisation, ne fait qu’ouvrir des pistes pour que l’Église d’aujourd’hui continue d’être, demain encore, une Église vivante qui apporte la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Bien sûr, on pourra lui reprocher d’être trop ouvert, trop américain, trop naïf sur certains sujets, au risque parfois d’ébranler certaines convictions. Pédagogue, son profond désir réside dans sa volonté créative de rejoindre nos contemporains.

Son constat est simple: notre monde a changé. Mais qu’en est il de nos églises? Les mentalités et les manières de penser la vie, les croyances, les relations ont évoluées, obligeant nos communautés chrétiennes à repenser,« réinventer », nos pratiques d’église et notre façon de vivre l’évangélisation. Il ne s’agit pas de toucher au fond mais de trouver les formes adaptées pour atteindre nos contemporains. McLaren tente de repérer ce qui appartient à la culture d’église et ce qui relève, en dernière analyse, de l’Évangile.

Lors de cette journée-débat, de nombreux points positifs ont été relevés tant par les orateurs que par les participants. Des faiblesses demeurent néanmoins, en particulier l’analyse que McLaren donne du Post-modernisme. Pour l’auteur de Réinventer l’Église, la modernité a laissé place à la post-modernité, dont il faut accepter et donc utiliser les effets. Malheureusement, McLaren ne s’interroge pas suffisamment sur les dangers, les écueils qu’une telle affirmation peut engendrer, au risque d’être accusé de conformisme avec le monde.

Vous pouvez vous procurer les enregistrements des interventions de cette journée auprès de Radio Évangile (contact@radio-evangile.com)

Une publication devrait aussi suivre…

Marc DERŒUX Directeur de la LLB France

Archive Web: Débat LLB – AEF sur le livre « Réinventer l’Eglise » de Brian McLaren

et tout ce sur quoi tombe quelque chose de leur corps mort, sera impur; le four et le foyer seront détruits: ils sont impurs, et ils vous seront impurs;
(Lev 11:35)

Ce texte a été « ressuscité / récupéré » du site Vox Dei, par l’archiveur automatique : Wayback machine.


19/09/2006, Valence – église libre

COMPTE RENDU établi à titre personnel par Pascal-Eric Chomel, le 8 novembre 2006 (dans le texte, ce qui figure en italique précédé de NDR = Note Du Rédacteur, est un commentaire personnel du rédacteur du compte rendu)

Présents :
P.Berthoud (LLB) M.Deroeux (LLB) S.Lauzet (AEF)

Orateurs :
A.Nisus Professeur à la Faculté Libre de Théologie Evangélique (Vaux sur Seine) L.Jaeger Directrice des études à l’Institut Biblique de Nogent D.Brown Pasteur de France-Mission, spécialisé dans les implantations d’églises D.Cobb Professeur à la Faculté Libre de Théologie réformée (Aix en Provence)

Débat conduit par A.Courtial, ancien pasteur de l’église libre de Valence, accueillant le débat dans ses locaux. Une quarantaine de personnes environ étaient présentes.

Durée :
10h15 – 12h15 13h45 – 17h

Interventions magistrales des orateurs : environ 60 % du temps global
Le reste en échanges entre la salle et les orateurs, sans que la LLB ou l’AEF s’impliquent. On peut évaluer entre 10 et 20% le temps qui a pu être utilisé par l’ensemble des personnes dans la salle pour poser leurs questions ou donner leur avis.

Points positifs :
– Manifestement il n’y a pas eu de pression sur les orateurs qui ont pu exprimer librement leur pensée sur le livre « Réinventer l’Eglise » – les orateurs ont eu toute liberté de parole et ont pu critiquer librement B.McLaren et le livre, au point que le pasteur actuel de l’église libre de Valence (Jean-Pierre Civelli) a regretté qu’il n’y ait pas eu d’orateur pour « soutenir B.McLaren » !

Points négatifs :
– la forme du débat (se déplacer au micro) – La LLB et l’AEF ne se sont pas impliquées dans le débat – la demande faite aux orateurs de se cantonner exclusivement au livre RE, alors qu’il eut fallu considérer l’ensemble de l’œuvre de l’auteur, puisqu’il s’agit du premier livre d’une série de 10 – la polémique étant née suite à l’invitation faite à l’auteur de s’exprimer en France début 2006, il ne suffisait pas d’en rester à son livre datant de 2000 – plusieurs personnes assistant au débat se sont exprimées en faisant valoir que la doctrine les intéressait peu, et qu’il fallait même « adapter notre théologie évangélique » au monde d’aujourd’hui ; ces interventions se sont cantonnées à exprimer une appréciation positive de B.McLaren en ce sens qu’il pose de bonnes questions. Peu de personnes ont considéré les réponses qu’il apporte (hormis les orateurs à la tribune et 2 intervenants dans la salle) – non prise en compte dans le thème officiel du débat (la croissance de l’Eglise) de la question de fond soulevée par Vigi-Sectes : «En « Réinventant l’Eglise » Brian McLaren reste-il sur le terrain fondamental de la révélation divine? » (voir http://www.vigi-sectes.org/mclaren et http://tinyurl.com/qc8st )

Intervention d’A.Nisus :

Développement en 3 parties : méthodes, auteur, style/fond

1) Méthodes : AN estime que BML n’est pas un intellectuel rigoureux. C’est un praticien, sans trop de rigueur, de nombreuses faiblesses pouvant être relevées quant à sa clarté intellectuelle. BML utilise de manière non critique des termes philosophiques, présente une argumentation parfois bâclée, et donne des références historiques peu rigoureuses. BML lui-même reconnaît utiliser un effet rhétorique, mais on se demande parfois si ses affirmations sont seulement hyperboliques ou s’il pense vraiment ce qu’il écrit. AN indique avoir également lu le livre plus récent de BML intitulé « Generous orthodoxy » (GO), et que s’il avait eu à donner la critique de ce dernier livre il aurait été beaucoup plus sévère vis-à-vis de BML. Selon AN, BML reconnaît dans GO que son livre est tissé d’exagération, provocateur, obscur, « l’obscurité stimulant davantage la réflexion que la clarté » ! Lorsque BML indique dans « Réinventer l’Eglise » (RE) que « notre théologie ne fonctionne plus », on peut légitimement se demander si BML parle de la manière, du « comment » ou bien du contenu de la théologie évangélique ! BML a une tendance à l’autodérision, plus marquée encore dans GO, qui invite à ne pas être dur envers lui. AN pose la question : ne faudrait-il pas lire RE à la lumière des autres livres plus récents de BML ?

2) Auteur : Concernant la biographie de BML, AN relève qu’il est globalement en réaction contre les fondamentalistes, et qu’il le reconnaît d’ailleurs ouvertement, surtout dans GO (p.40 de ce livre, BML indique qu’il est plus dur envers les fondamentalistes qu’envers quiconque).

3) Style / fond Quant au fond du livre RE, AN l’a trouvé très stimulant et très agaçant. Très stimulant parce que posant de nombreuses questions intéressantes, parce qu’optimiste, encourageant le croyant à ne pas avoir peur du monde, parce qu’il montre un souci constant d’atteindre nos contemporains et dans ce but il se propose de développer une église pertinente.

Mais très agaçant parce que trop marqué par une faiblesse argumentative et un manque de rigueur évidents. La thèse du livre se résume à ceci : le monde change (p.16,17…) et donc il faut redéfinir l’église du futur qui doit elle aussi changer (p.24). Mais pourquoi BML ne discute-t-il pas de l’ « ecclesia semper reformenta », église qui est réformée par la Parole de Dieu et non par l’influence du monde qui change ! Le grand ennemi de BML est le statu quo. Il veut tout réinventer, mais est-ce un effet rhétorique ou le pense-t-il ? cela ressemble plus à un slogan publicitaire qu’à une réflexion approfondie. Selon BML, « le changement est un principe de vie immuable » (notez l’oxymore, entre changement et immuable, termes opposés). BML se réfère à F.Schaeffer, mais il s’approprie de manière non critique cette notion de changement en oubliant que la vie c’est aussi la stabilité. Les forces conservatrices sont aussi forces de vie. La vie est faite de continuité et de discontinuité.

AN réfute la notion de postmodernité qui est pourtant au centre du livre. Bien des penseurs français reviennent sur cette notion et estiment que l’on est plutôt en ultramodernité ou en hypermodernité, c’est-à-dire dans une certaine forme de la modernité, mais pas en postmodernité.

AN estime que BML a une approche trop naïve de ce qu’il appelle la postmodernité, en assimilant la vérité à l’honnêteté, l’authenticité, la transparence (p.146). BML ne critique pas ces notions qu’il attribue aux postmodernes, et on peut même penser qu’il y adhère dans la mesure où il accepte aussi sans critique le fait que si « la notion de vérité change, alors la théologie change » (cite p.72 : « quand la notion de vérité change… la théologie change aussi »). BML confond impossibilité de connaître totalement et connaissance authentique. Seul Dieu connaît totalement, mais cela n’empêche que nous pouvons connaître de manière authentique.

Au sujet de l’apologétique, BML critique la formule « la Bible dit que… », et estime que « la Bible doit nous servir moins comme fondement de l’apologétique et plus comme composante du message en soi » (p.77). BML cite Actes 17 où dans le discours de Paul aux athéniens, ce dernier n’utilise par les Ecritures mais cite des auteurs païens. Mais BML oublie que Paul est saturé, imprégné des Ecritures et qu’il parle des idoles, du Dieu créateur et de la résurrection, notions plutôt étrangères à des païens et qui font référence aux doctrines des Ecritures. Si donc BML veut dire qu’il faut que nous soyons plus fins dans l’utilisation de l’Ecriture pour annoncer l’évangile, alors d’accord, mais sinon, AN craint que ce ne soit la mise de côté de la Bible. Crainte confortée par les expressions de BML page 80, lorsqu’il parle de la Bible comme textes poétiques et littéraires…

Conclusion d’AN : on a l’impression que BML fait très peu d’efforts pour comprendre les conservateurs (NDR : fondamentalistes, non pas au sens politique du terme), alors qu’il en montre beaucoup pour tous les autres. AN fait un développement sur deux notions d’annonce de l’évangile : Selon certains, il faudrait d’abord annoncer le Dieu d’amour avant le Dieu créateur, aller de la grâce au péché. Selon d’autres, il faudrait d’abord présenter le Dieu créateur, la notion de péché, la loi, avant d’annoncer le Dieu rédempteur et la grâce. AN estime que la seconde approche est la bonne, qu’il convient de commencer avec le problème de l’homme (péché) avant d’en venir à la solution divine (grâce). Il reconnaît toutefois que dans un souci pédagogique, on peut être sensible aux capacités d’accueil des auditeurs, et on va aller d’abord au « sauvé pour » avant d’en venir au « sauvé de ». Le problème avec BML c’est qu’il ne semble pas faire de différence entre la logique de l’évangile (d’abord l’annonce du péché puis de la grâce) et la stratégie de mise en œuvre (pédagogie cas par cas). On a l’impression que BML voudrait changer l’interprétation de l’évangile. Dans le concept de postmodernité, on ne justifie pas les fondements, et BML semble se placer dans ce droit fil de n’avoir pas de fondement.

Mini-débat (questions à l’orateur)

Suit un court temps de questions de la salle, non pour débattre mais pour éventuellement demander des précisions à l’orateur. – Question de Matthew Glock : quel était exactement la demande de la LLB et l’AEF aux orateurs ? – Réponse de S.Lauzet : lit la lettre adressée aux 4 orateurs, leur demandant d’analyser le livre RE de BML. – Question/remarque de JP.Civelli (pasteur de l’église libre) : sera-t-il impossible de dialoguer entre postmodernes et modernes ? les paradigmes changent, et l’analyse d’AN est sur un point de vue moderne.

Intervention de Lydia Jaeger :

LJ estime que la façon de procéder de LLB/AEF est la bonne, consistant à ne pas vouloir polémiquer mais à inviter des « experts » indépendants. Elle se présente comme systématicienne, plus philosophe que théologienne praticienne. Elle indique bien ne commenter que le livre RE, dit n’avoir pas lu d’autre livre de BML et donc ne présentera pas d’analyse de la pensée de BML, respectant en cela la commande de LLB/AEF.

Selon LJ, la thèse de BML consiste à changer la façon de vivre l’église et la façon d’annoncer l’évangile. Il affirme que la postmodernité rejette toute connaissance universelle et la toute-puissance de la raison, remplacée par une vision subjective des choses. Du coup on ne demande plus si c’est vrai mais si c’est authentique. 2 questions se posent : 1) son analyse de la situation est-elle juste ? 2) les conséquences pour l’évangélisation sont-elles bonnes ?

1) L’analyse de la situation de BML est-elle juste ?

D’abord, selon LJ ce n’est qu’une partie de la population qui est devenue postmoderne. La science garde une certaine crédibilité (vision moderne donc). BML a fait des études littéraires aux Etats-Unis, et c’est là que des penseurs français ont développé la notion de postmodernité (Foucault entre autres). Le contexte d’église dans lequel évolue LJ l’amène à constater que bien des gens ne sont pas dans la postmodernité (église de banlieue, marquée par des populations antillaises et africaines).

Puis, la postmodernité n’est pas rupture de la modernité, elle l’accompagne en fait. C’est le pôle irrationnel qui accompagne le pôle rationnel de la pensée apostate (sans Dieu). L’idole appelle sa contre-idole, et comme la pensée moderne idolâtre la raison, forcément il y a une revendication d’irrationalité (le romantisme en son temps était déjà une revendication d’irrationalité de ce type). Kant était déjà postmoderne, en ce sens que pour lui aucune connaissance n’était possible en matière de morale ou de religion.

La foi chrétienne n’est ni moderne (rationnelle) ni postmoderne (irrationnelle). BML ne fait pas d’analyse poussée de la postmodernité. On peut être d’accord avec BML lorsqu’il rejette la modernité (rationalité) mais le problème vient du fait qu’il ne rejette pas la postmodernité. LJ considère que la foi chrétienne accepte le fait que la raison autonome n’atteint pas la vérité. BML partage ce constat, mais il en déduit à tort qu’il n’y a donc pas de vérité absolue ou qu’on ne peut connaître de vérité absolue. LJ contredit BML sur ce point. Selon LJ, BML passe à côté du fait que la connaissance de la vérité nous est possible par révélation. Nous pouvons connaître réellement, mais pas complètement.

LJ cite la page 40 de RE où BML dit qu’il n’y a plus de critères pour savoir « qui est chrétien ». Mais LJ estime qu’il y a au moins 2 critères qui demeurent : Etre dans la grâce de Dieu (vise Galates, sans référence – NDR : probablement Galates 5,4 ?) Nos affirmations christologiques, selon 1 Jean 4 Tous ceux qui se disent chrétiens aujourd’hui ne le sont pas, ne remplissant pas ces critères fondamentaux.

LJ relève ensuite que BML exprime une grande méfiance contre la parole, le langage, car le discours fixe la raison. Mais dans la foi chrétienne, Dieu parle, c’est le Logos, et rien ne justifie cette méfiance. LJ rattache cette méfiance à du mysticisme et se dit frappée de ce que le mysticisme ait autant d’entrée jusques dans nos milieux évangéliques. Selon certains, la seule façon d’appréhender Dieu serait dans le silence mystique (NDR : cf. la promotion de la prière contemplative de BML, dans ses livres ou sur son site internet, comme aussi de prières jésuitiques, ou encore des labyrinthes ; ces sujets n’ont pas été évoqués). LJ revendique la prière biblique comme parole exprimée avant tout. LJ fait référence à la page 95 de RE, et s’inscrit en faux : la Parole de Dieu est intelligible. L’hérésie existe, toutes les paroles au sujet de Dieu ne se valent pas. D’après LJ, les formulations doctrinales du passé restent pertinentes (Nicée, Chalcédoine).

2) Les conséquences pour l’apologétique, pour une meilleure communication envers les non-croyants, sont-elles bonnes ?

LJ est d’accord avec BML sur le fait qu’on n’a pas besoin d’amener quelqu’un sur un terrain moderne avant de l’amener à la foi chrétienne (cf. p.146 de RE). Mais BML ne montre pas assez en quoi le postmoderne doit quitter sa postmodernité pour embrasser la foi chrétienne. Le message biblique doit toujours être présenté au postmoderne et à son relativisme pour qu’il se positionne devant le Créateur. LJ préconise une apologétique néo-calviniste (?). LJ affirme qu’il faut croire pour comprendre. La connaissance « insituée » est celle de Dieu et non des hommes, mais Dieu nous la révèle.

Mini-débat (questions à l’orateur)

– Question de P.Berthoud : le piétisme du XIXème siècle n’était-il pas aussi irrationalité (comme le romantisme d’une certaine manière) ?

– Réponse de LJ : elle rappelle qu’elle est de tradition piétiste (en Allemagne). D’après elle, le piétisme n’est pas irrationalité mais plutôt une pensée pas suffisamment aboutie. Elle rappelle que le mysticisme est une attitude visant la fusion expérimentale au divin, en dépassant la parole. Bien sûr, le mystique parle, mais par contradictions, et pour dépasser la parole.

Pause de midi

Reprise par un débat entre la salle et les 2 orateurs du matin.

– Question/remarque de JP.Civelli : la démarche de BML consiste surtout à expliquer au chrétien ce qu’est un homme d’aujourd’hui, dans le monde postmoderne. BML ne donne pas de réponse ; il faudra le dépasser, le livre RE étant insuffisant. Mais si les théologiens avaient répondu à ces questions que pose BML, ce livre n’aurait pas été nécessaire. Il estime d’ailleurs que l’on ne peut juger la théologie de BML sur ses écrits mais uniquement sur ses fruits (église florissante).

– Réponse d’AN : cite Matthieu 12,37 : « par tes paroles tu seras justifié, par tes paroles tu seras condamné », donc les paroles et encore plus les écrits peuvent être légitimement examinés pour considérer la théologie d’un chrétien qui enseigne. Si ce que dit BML n’est pas ce qu’il veut dire, il n’avait qu’à ne pas le dire. AN, sur la question posée, revient sur la notion d’autorité de la Bible de BML pour indiquer que le livre RE est flou à ce sujet, ce qui peut être inquiétant.

– Remarque de M.Glock : pense que BML veut que l’église change complètement.

– Question/remarque de PE.Chomel : remarque que les orateurs ont rempli ce qui leur avait été demandé en examinant le 1er livre de BML, mais fait remarquer que BML en a écrit bien d’autres depuis, et que dans « A new kind of christian » il décrit la pensée émergente à laquelle il se rattache comme se développant en cercles concentriques, chaque nouveau livre englobant et développant le précédent, il aurait été intéressant d’examiner tous les livres de l’auteur pour cerner sa pensée actuelle. Dans ce cadre-là d’ailleurs, les déclarations de BML au sujet de l’autorité de la Bible sont très inquiétantes ! L’intervenant demande aux orateurs si d’après ce qu’ils ont analysé il n’apparaît pas que BML ne veut pas seulement une église dans la postmodernité, mais bien une église postmoderne. BML n’est-il pas lui-même postmoderne, en ce sens qu’il veut en revenir à un tronc commun doctrinal mais n’en donne à aucun moment la moindre définition ?

– Réponse d’AN : BML dit qu’il veut une église dans la postmodernité ; il provoque, mais c’est vrai qu’il faudrait le lire plus largement. Le livre RE n’est pas vraiment dangereux, AN n’y a pas décelé d’hérésie. AN ajoute : « BML est trop rusé pour cela ». – Réponse de LJ : Elle estime qu’on peut arriver à un jugement pertinent sur un seul livre, sans tout connaître de l’auteur. Sur le tronc commun, s’il s’agit d’un fondement doctrinal tel que celui de l’Alliance Evangélique, d’accord, mais si le tronc commun que veut BML est plus large, alors pas d’accord. LJ indique qu’elle a regardé quelques pages de BML dans un autre de ses livres et en déduit que l’on peut avoir des craintes à ce sujet.

– Question/remarques de D.Oddon : cite les expressions employées par BML dans son livre « A new kind of christian » au sujet de l’autorité de la Bible, qui montrent à l’évidence que BML ne considère pas la Bible comme LA référence du chrétien : – Le chrétien postmoderne « relativise son propre point de vue moderne » en comprenant que « tout ce qu’il croit à propos de la Bible et du christianisme est seulement relatif et incertain » (« A New Kind of Christian », Brian McLaren, p 35) – « Il est faux et pharisaïque de considérer la Bible comme « l’encyclopédie de Dieu, le livre des lois de Dieu, le livre des réponses de Dieu » (p 52). – « La Bible ne devrait pas constituer notre unique autorité mais seulement une parmi d’autres, comme la tradition, la raison, des personnes exemplaires, des institutions qui ont gagné notre confiance, et l’expérience spirituelle (p 54 s) –  » La Bible n’est pas l’infaillible Parole de Dieu et aucune doctrine ou théologie n’est absolue, aussi devons-nous aborder la Bible de façon moins rigoureuse » (p 56) – « L’autorité de la Bible ne réside pas dans le texte lui-même mais se situe sur un plan mystique, au-dessus et au-delà du texte. » (p 51) Il demande à LJ, philosophe, si la pensée émergente n’est pas éminemment hégélienne, et ne procède pas en ce sens d’une démarche non chrétienne. Il regrette par ailleurs que les orateurs ne s’expriment que sur le 1er livre de BML, et déplore vivement que VS n’ait pas été invité à la tribune, dans la mesure où VS a fait un travail de recherche plus complet sur BML. Un peu plus tard, D.Oddon demandera aussi aux orateurs si BML qui veut unifier la ligne libérale et la ligne conservatrice peut le faire sans apostasier (une personne dans la salle lance: « c’est politique » – NDR : la question n’est évidemment pas politique, et BML ne l’a pas présenté comme politique dans son séminaire à Paris en janvier 2006).

– Réponse A.Courtial : estime que VS a été invité suffisamment à l’avance et que leur récent mail précisant les raisons de leur non-présence au débat de ce jour ne semblent pas toutes valables. (NDR : voir le courrier de Vigi-Sectes sur http://tinyurl.com/qc8st ) – Réponse LJ : elle indique n’avoir pas lu Hegel et ne pas bien avoir compris la question concernant la pensée hégélienne. Elle précise que s’il s’agit de savoir si BML est hérétique, il est évident que la démarche entreprise, à savoir analyser un livre de l’auteur, n’est pas suffisante. Et que de plus ce n’est pas à elle de le dire (BML n’est pas de son église et n’enseigne pas à l’IBN). LJ n’a pas suivi le détail de la polémique au sujet de BML.

Intervention de David Brown :

Se présente comme praticien plus que comme théologien. Devant la polémique qui est apparue très tôt, il a eu envie de pleurer, car il se sentait placé devant 2 alternatives : Beaucoup de réflexion, mais sans base biblique : BML Des bases bibliques, mais sans réflexion : contradicteurs de BML DB s’est dit agacé par des expressions des polémistes (NDR : on peut supposer qu’il fait référence à VS, mais sans citer expressément), comme par exemple le fait qu’on attribue à BML beaucoup de sagesse humaine en renvoyant à Jacques 3,15 (sagesse « diabolique »), alors qu’il s’agit dans Jacques d’un autre contexte. Comme aussi cette expression « nous ne voulons ni église moderne, ni église postmoderne, mais l’église du nouveau testament ». DB justifie à cet égard BML en indiquant que beaucoup de questions sur notre vécu d’église n’ont pas de réponses directement bibliques.

DB relève 9 points positifs dans RE, et les liste rapidement (donne surtout les titres des chapitres qui lui paraissent pertinents dans les questions que BML pose).

Mais DB a essentiellement 2 critiques importantes à faire et s’y attarde plus longuement.

1) Relations avec la postmodernité : BML s’est « marié avec la postmodernité ». Avec Don Carson, DB croit que le terme de postmodernité a sa place, mais qu’il faudrait en définir les contours. Il rappelle que le postmodernisme n’existe pas, mais plutôt la postmodernité. En France la postmodernité est la position de repli des gens qui considèrent qu’il n’y a plus d’idéologie valable. Ce n’est donc pas un choix délibéré, et donc pas du « postmodern-isme« . BML voudrait en fait que l’église soit postmoderne, quitte à mettre de côté certains points doctrinaux fondamentaux. S’il ne s’agissait que de mieux cerner la missiologie et l’adapter, on pourrait être d’accord. Il faut certes être adapté à notre culture ambiante, mais il ne convient pas que notre culture change nos fondements. Dans la préface de « Generous orthodoxy », que DB a lu également, l’auteur de cette préface compare BML à Martin Luther et l’église émergente avec la Réforme sur le plan de l’importance du changement opéré ! BML ne refuse pas ces comparaisons dans son livre, donc il les endosse. Il ne se prend pas pour rien! Il veut effectivement opérer un changement en profondeur, qui touche aussi aux points doctrinaux.

2) Doctrine du salut et de la justification : On ne trouve nulle part la doctrine du salut, de la justification par la foi. Il est vrai que BML n’est pas théologien. Mais quand on lui pose une question « crois-tu à ceci ? », BML répond toujours « oui ». Citant CS.Lewis : « On ne peut savoir ce que quelqu’un croit si on ne sait pas ce qu’il rejette », DB affirme que BML dans son livre « Generous orthodoxy » ne rejette rien, sauf les différents « sola » de la Réforme (sola scriptura… et même un « sola T.U.L.I.P. » inventé par BML !). DB affirme donc qu’il y a un trou béant au centre de la théologie de BML et précise en particulier que nulle part chez BML il n’est fait mention de la mort expiatoire à la croix (substitution pénale). De plus, DB vise les pages 37 et 38 de RE où BML évoque la notion de Royaume de Dieu, plus vaste que l’église. Cette notion de royaume est reprise dans GO où l’on trouve en germe l’hérésie de l’universalisme. DB qui a creusé sur le sujet de l’église émergente, indique que le rejet de la doctrine fondamentale de la substitution pénale est chose très courante dans l’église émergente. Ainsi, Steve Chalke, leader le l’Eglise émergente en Grande-Bretagne, qui est très souvent cité par BML a écrit que la doctrine de la croix est un abus cosmique ou divin envers un enfant. Il a été convoqué par l’Alliance Evangélique Britannique qui s’est séparée de lui. L’absence de ce thème de la substitution et de la propitiation dans un livre qui veut réinventer l’église est très troublante.

Conclusion : Nous avons en France des gens capables de traiter de tels sujets correspondants aux questions posées par BML. Mais l’absence du sujet du salut dans ce qui se veut refondation de l’église est inquiétante. DB cite Luc Ferry, philosophe non chrétien : « la seule raison de la philosophie, c’est de trouver le salut ; pour cela, ce qu’on a trouvé de meilleur c’est le christianisme, mais c’est trop beau pour être vrai. » DB conclut en espérant que les éditeurs chrétiens réfléchiront bien avant d’éditer d’autres livres de BML, et son espoir est qu’ils n’en éditeront pas d’autres (NDR : cette mise en garde constitue bien une critique indirecte de l’édition de ce premier livre en France).

Intervention de Donald Cobb :

DC situe d’abord le livre dans la collection française Evangile et Culture, dont le but est notamment de faire réfléchir. Il résume ainsi la pensée de BML dans le livre RE : « comment serait une église délestée de l’héritage moderne ». Le mot d’ordre proviendrait de F.Schaeffer (cité dans RE). BML parle des outres et du vin, et cette présentation est juste selon DC. BML passe en revue nos activités ecclésiales pour voir si elles contribuent à diffuser le message, à sa mission au sein du monde. Dans l’ensemble, DC juge que ce sont des pistes intéressantes et stimulantes, poussant à l’innovation et la créativité dans l’église.

Quelques critiques néanmoins :
– BML utilise la caricature, et son ambiguïté dans ses propos irrite et agace. BML demande une appréciation nuancée de la postmodernité alors qu’il n’applique pas lui-même cette « nuance » vis-à-vis des chrétiens.
– On n’est jamais vraiment sûr de ce que BML veut vraiment dire. DC n’est pas convaincu que cela aide l’Eglise à formuler le message à annoncer. Ou alors ce pourrait être un message qui passe bien mais qui serait inconsistant.
– Dans son analyse de modernité et postmodernité, BML fait preuve de naïveté. D’après BML, les postmodernes croient à la vérité mais ne supportent pas la façon dure dont les chrétiens l’affirment. Mais la postmodernité touche au statut de la vérité. BML : « le terme de vérité absolue n’a plus d’utilité ». C’est là le point le plus contestable du livre RE : la place de la vérité dans l’Eglise.
BML dit que les différences, les divisions ecclésiales sont secondaires, et il ne cite que des détails formels dérisoires à l’appui de cette assertion. Le tronc commun doctrinal n’est jamais défini.
On en ressort avec l’impression que toutes les spiritualités se valent, si elles se reconnaissent chrétiennes, et la meilleure serait celle qui les met toutes ensemble.
DC cite la page 164 où BML fait allusion à un rapprochement du libéralisme et du conservatisme, sur la base d’une relativisation qui impliquerait de fait l’abandon d’éléments doctrinaux essentiels (NDR : cf. la remarque de D.Oddon plus avant). Page 127, BML donne l’impression que l’église ne devrait pas se crisper sur des aspects éthiques importants comme l’homosexualité ou l’avortement. Il met aussi sur le même plan théologie, art, littérature… reléguant la théologie au rang des activités humaines empreintes de subjectivisme et de relativisme.

Conclusion : la collection Evangile et culture vise à nous interroger, et non à nous apporter des réponses, et c’est bien ce que fait ce livre RE.

Débat entre la salle et les 4 orateurs, conduit par A.Courtial, qui pose la première question :

– A.Courtial : recommanderiez-vous la lecture de ce livre ?
– DB : Non. Les membres de mon conseil ne comprendraient pas grand-chose (1 membre de conseil dans la salle confirme), plus par rapport à la façon de BML de dire les choses.
– AN : je ne le déconseillerais pas. Une lecture critique, par des personnes mûres, peut être féconde car le livre stimule la réflexion. En soi il n’est pas nocif.
– DC : conseille la lecture à un conseil d’église des premiers chapitres qui remettent en cause nos habitudes. Certaines sections ne seraient pas conseillées à la lecture.

– Intervenant inconnu : Les gens sont plus matures qu’on ne le croit ; qu’ils lisent le livre
– Autre intervenante, du conseil d’église libre de Valence, suédoise d’origine : a lu le livre, non pas sous un point de vue théologique. Selon elle, le livre montre le monde dans lequel on vit. Elle se dit LA protestante dans la chorale catholique valentinoise… Se dit étonnée que la polémique survienne pour ce livre, alors que le livre précédent de la même collection était beaucoup plus révolutionnaire : « L’Eglise autrement ».
– Autre intervenante : attentive aux recommandations faites par les orateurs et les mises en garde, mais a été très encouragée par le livre
– Autre intervenante : ce livre donne de bonnes questions. A entendu parler de relations que BML entretiendrait avec le nouvel age et aimerait savoir ce qu’il en est vraiment pour être plus méfiante le cas échéant.
– M.Glock répond à cette dernière question : Il précise qu’il connaît très bien BML et qu’il est donc qualifié pour répondre. Il indique qu’une femme joueuse de harpe s’est convertie aux Etats-Unis par le moyen de BML, et il se trouve qu’elle joue de la musique de style new-age et il y a un lien sur ce sujet sur le site de BML. M.Glock confirme que BML partage une certaine conception de la prière contemplative, sans pour autant être new-age. Lorsque BML était à Valence en janvier (à la LLB?) on lui a demandé s’il croyait à ces « gros mots » (sic : expression employée par MG) (NDR : M.Glock, américain, ne trouve plus les mots correspondants, que sont substitution, propitiation, expiation, employés un peu plus tôt par D.Brown ; son expression « gros mots » était très clairement méprisante, indiquant que ces notions n’ont pour lui que peu d’importance!), et BML a répondu qu’il y croyait (NDR : D.Brown a indiqué que BML répond généralement oui à ce genre de question, sans que ce soit déterminant car par ailleurs il montre qu’il ne rejette pratiquement rien, et qu’en ce sens sa doctrine est très floue ; par ailleurs, M.Glock oublie (?) de citer le soutien de BML à Alan Jones, ou encore le lien mis sur le site de l’église de BML vers Spiritual Teachings Directors, site d’œcuménisme syncrétiste ; c’était donc une réponse partielle et biaisée).
– JP.Civelli : regrette qu’on ait pris de haut BML dans cette journée, notamment les orateurs. Il cite avec enthousiasme la vie d’église de BML, les gens qui vont et viennent avec un café et discutent pendant le culte…
– Réponse de D.Brown : s’il y a polémique, il faut quand même se demander pourquoi ! Pour lui, la vie d’église de BML n’a rien de révolutionnaire, car sa vie d’église ressemble à cela. En même temps qu’il véhicule des sujets très intéressants, BML véhicule une doctrine qui n’est plus évangélique. Le cœur de la doctrine évangélique n’y est pas.
– JP.Civelli : ce n’est pas le sujet des livres de BML (NDR : là encore, on peut rectifier : lorsqu’on veut refonder l’église, la réinventer, il est aberrant que la doctrine soit absente, comme évacuée ! par ailleurs, le livre de BML intitulé « Generous orthodoxy » n’est pas plus explicite sur le tronc commun doctrinal, et pourtant, le titre même « orthodoxy » montre que BML se place lui-même sur le terrain doctrinal mais sans rien définir, ce qui explique que DB pense que BML n’est plus sur le terrain évangélique).
– AN : a beaucoup de respect pour le ministère de pionnier… mais il y a aussi des docteurs, placés dans l’Eglise pour garder le bon dépôt, et là il faudrait faire attention que les évangéliques ne méprisent pas trop ce ministère de docteur, à leur détriment.
Il cite ensuite un chapitre du livre de Bernard-Henri Lévy « American vertigo » intitulé « L’église de Willow Creek » dans lequel BHL exprime son profond étonnement d’avoir trouvé une église sans aucun sens du sacré, du mystère, qui ressemble plus à une banque, sans le sens de la dignité et de la présence de Dieu (et BHL n’est pas a priori chrétien).
– JP.Civelli regrette qu’il n’y ait pas eu d’orateur pour défendre vraiment BML.
– LJ conclut en appréciant la démarche de la LLB et l’AEF d’avoir invité des théologiens et des praticiens, et non des polémistes (« d’ailleurs la polémique nous intéresse-t-elle ? » ajoute LJ).

S.Lauzet donne une conclusion générale, en remerciant la douceur des intervenants, même ceux du sud plus « enthousiastes ». Il rappelle la seule raison du livre à ses yeux : que nos églises se posent la question de savoir à quoi elles servent.


COMPTE-RENDU de Marc DERŒUX Directeur de la LLB France

Dans le journal de nouvelles de la Ligue – prière et action n°3 2006

Échos de la journée-débat autour du livre Réinventer L’Eglise, éd. LLB

Une quarantaine de personnes avaient répondu à l’invitation lancée par l’Alliance Evangélique Française et la Ligue pour la Lecture de la Bible France pour débattre autour du livre Réinventer L’Église du pasteur Brian McLaren sur le sujet de la croissance de l’Église.

Cette rencontre, tenue dans les locaux de l’Église Libre de Valence le mardi 19/09, a été rythmée par les interventions de quatre personnalités du monde évangélique, retenues pour leur compé tence en théologie et dans l’implantation d’églises. Lydia Jaeger (Institut Biblique de Nogent), David Brown (Groupes Bibliques Universitaires), Donald Cobb (Faculté de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence) et Alain Nisus (Faculté de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine) ont, comme il leur avait été demandé, apporté et commenté leur analyse du livre Réinventer L’Église.

La sortie de cet ouvrage avait suscité une vive polémique que les intervenants ont tenté de ramener à la raison. Il est vrai que son titre peut paraître provocateur, voire provoquant. En «réinventant l’église », Brian McLaren reste-t-il sur le terrain fondamental de la révélation divine? Pourtant, avec ce livre, l’auteur, passionné par l’évangélisation, ne fait qu’ouvrir des pistes pour que l’Église d’aujourd’hui continue d’être, demain encore, une Église vivante qui apporte la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Bien sûr, on pourra lui reprocher d’être trop ouvert, trop américain, trop naïf sur certains sujets, au risque parfois d’ébranler certaines convictions. Pédagogue, son profond désir réside dans sa volonté créative de rejoindre nos contemporains.

Son constat est simple: notre monde a changé. Mais qu’en est il de nos églises? Les mentalités et les manières de penser la vie, les croyances, les relations ont évoluées, obligeant nos communautés chrétiennes à repenser,« réinventer », nos pratiques d’église et notre façon de vivre l’évangélisation. Il ne s’agit pas de toucher au fond mais de trouver les formes adaptées pour atteindre nos contemporains. McLaren tente de repérer ce qui appartient à la culture d’église et ce qui relève, en dernière analyse, de l’Évangile.

Lors de cette journée-débat, de nombreux points positifs ont été relevés tant par les orateurs que par les participants. Des faiblesses demeurent néanmoins, en particulier l’analyse que McLaren donne du Post-modernisme. Pour l’auteur de Réinventer l’Église, la modernité a laissé place à la post-modernité, dont il faut accepter et donc utiliser les effets. Malheureusement, McLaren ne s’interroge pas suffisamment sur les dangers, les écueils qu’une telle affirmation peut engendrer, au risque d’être accusé de conformisme avec le monde.

Vous pouvez vous procurer les enregistrements des interventions de cette journée auprès de Radio Évangile (contact@radio-evangile.com)

Une publication devrait aussi suivre…

Marc DERŒUX Directeur de la LLB France


Note du webmaster du site Blogdei/voxdei :

Tous ces litres de salive pour dire une chose: le gars McLaren n’est PLUS évangélique. A quoi bon prendre la « caisse à outils » qu’il nous tend? N’avons-nous pas un miroir pour nous y regarder chaque matin, des ministères pour la direction de l’Eglise, et un Saint-Esprit pour coordonner les membres du Corps entre eux? Rendons au Saint-Esprit la prérogative ! Merci à Pascal-Eric pour ce compte rendu très intéressant !

McLaren Conclusion

Psaumes 11:3
Quand les fondements sont renversés, Le juste, que ferait-il? –lc-folder-smal

 

Suite à ces recherches et contrôles, qui ont duré plusieurs mois, notre conclusion est la suivante:

Brian McLaren, malgré les apparences, n’est pas un « chrétien évangélique » mais un « néo-libéral ».

Brian McLaren ne saurait être recommandé pour son ministère dans les milieux authentiquement chrétiens.

Le livre « Réinventer l’Église » porte atteinte aux fondements de la foi chrétienne:

  • A la Bible comme unique référence pour la foi (Sola scriptura)
  • A l’oeuvre de la croix indispensable au salut de l’homme pécheur. (Sola gracia, sola fide)

« Réinventer l’Église » ne devrait pas être diffusé par des organismes respectueux de la Parole de Dieu

 

Dossier McLaren: Courrier des lecteurs

Entrez par la porte étroite.
Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.
Mat. 7:13-14


 

En tout les cas, merci de ce travail d’analyse et de prévention que vous faites pour nous,
soyez assuré de mes prières pour la défense et la présentation de l’Evangile, le seul, le Vrai. Et l’Absolu,
n’en déplaise à tous ceux qui voudraient trouver dans un glissement post-moderne (ce mot est aujourd’hui aussi vide de sens réel que rempli de dangers de manipulation)
une approche du christiannisme qui leur permettrait de davantage gagner les honneurs de leurs milieux religieux et des intellectuels en général,
plutôt que l’inconfortable mais biblique posture de la Vérité éternelle.
Olivier
– CNRS –

 

Reflexions

2006-09-18, Yves

Merci chers frères de cette info.

Comme vous, je suis profondément attristé par cette volonté évidente de verrouiller tout débat sur la question que vous aviez posée. On sent bien aussi hélas que leur manière de procéder exprime une forme de mépris à l’égard de toute interpellation fraternelle sérieuse. Et finalement comment ne pas en conclure que ces responsables doivent probablement adhérer, plus ou moins ouvertement, à la doctrine de McLaren, sans toutefois avoir le courage de vous l’affirmer ?

C’est à mon sens ce qui doit être désormais connu de tous, dans toutes les églises qui ont fait confiance jusqu’ici à ces ministères de l’AEF ou de la LLB, avec un soutien financier conséquent. Car puisque dans les faits ils refusent la confrontation, leur choix manifeste de promouvoir McLaren doit être publié et porté à la connaissance de tous, en même temps que l’analyse doctrinale de la mouvance « émergente ».

C’est affligeant que cela concerne ces deux ministères naguère respectables, mais avons nous le droit de nous taire s’ils deviennent promoteurs du syncrétisme et qu’ils se détournent de la croix, aussi stupéfiant cela puisse-t-il nous paraître ?
Bien fraternellement,

Yves

2006-09-18, Faculté Libre de Théologie Evangélique

Chers frères,
Je crois que votre lecture sera très bien prise en compte dans le débat à Valence. Ayant discuté avec un des intervenants à plusieurs reprises sur ce sujet, je sais qu’il est très sensible aux problèmes liés au postmodernisme en face de la révélation divine. Je pense que c’est maintenant un travail de persuasion, d’expliquer les enjeux, d’enseignement, et peut-être moins de polémique. Mais vous aviez raison de lancer le pavé dans la mare.
Bien fraternellement
<…>
Faculté Libre de Théologie Evangélique
<…>
85 ave de Cherbourg
F-78740 Vaux-sur-Seine

– CNRS –

… En tout les cas, merci de ce travail d’analyse et de prévention que vous faites pour nous, soyez assuré de mes prières pour la défense et la présentation de l’Évangile, le seul, le Vrai. Et l’Absolu, n’en déplaise à tous ceux qui voudraient trouver dans un glissement post-moderne (ce mot est aujourd’hui aussi vide de sens réel que rempli de dangers de manipulation) une approche du christiannisme qui leur permettrait de davantage gagner les honneurs de leurs milieux religieux et des intellectuels en général, plutôt que l’inconfortable mais biblique posture de la Vérité éternelle.
Olivier <…>

2006-06-13, de Suisse

Messieurs

J’ai pris le temps de lire entièrement vos commentaires et réactions au sujet du livre incriminé. Chaque mois, j’écris une petite recension de livres chrétiens dans les colonnes du « Christianisme du XXIe siècle », diffusé aussi bien en Suisse qu’en France. J’étais donc très intéressé à en dire deux mots dans l’un des prochains numéros. Réflexion faite, je n’en dirai rien car je ferais par là une publicité gratuite pour son auteur et son ouvrage, et cela irait à l’encontre de mes convictions qui rejoignent les vôtres. Ceci dit, je crois qu’il faut à tout prix dénoncer ce genre de déviations, comme vous l’avez si bien fait, car celles-ci desservent l’Évangile et son message. De tout cœur, je vous remercie pour votre travail et vous encourage à le poursuivre dans la fidélité à notre seul Seigneur, le Christ Vivant.

Fraternellement vôtre,

<…> CH

Encouragements

2007-01-18, CAEF:

Bonjour!
Chers frères en Christ,

Un très grand merci de votre prise de position sur McLaren et l’Église émergente à l’occasion du livre Réinventer l’Église! Chaque nouveau livre montre encore plus clairement son abandon du fondement biblique.
Vous avez eu bien du mal à vous faire entendre auprès de l’AE et de la LLB, mais je pense qu’un grand nombre en France savent à présent à quoi s’en tenir. En attendant l’Église émergente se répand rapidement dans de nombreuses régions du monde d’après les nouvelles du site EmergentVillage.com.

Je profite pour signaler un livre qui donne un coup de pouce au mysticisme médiéval et moderne d’inspiration catholique, voire panthéiste, en citant favorablement de nombreux auteurs hautement sujets à caution… tout en rejetant parfois leurs dérives panthéistes ou Nouvel Age mais ne mettant jamais en garde contre leur doctrine catholique ou orthodoxe.
Il s’agit de « Façonnés selon son image » de Kenneth Boa, publié par Farel en 2004 (500 pages à deux colonnes).

La préface est de Louis Schweitzer (de la Fac de Vaux) dont on connaît l’enthousiasme pour l’ œcuménisme.
L’auteur se présente par ailleurs comme orthodoxe et évangélique tout en étant ouvert aux apports des autres traditions (catholique, orthodoxe et libérale) qu’il dit avoir fréquenté avec plaisir et profit car faisant partie du Corps de Christ Tout en étant présentant une synthèse des différents courants évangéliques sur bon nombre de sujets, il affirme que, « d’une manière très générale, les mystiques catholiques et orthodoxes ont une compréhension spirituelle plus profonde que les protestants parce que de tout temps leur attention s’est focalisée sur cet aspect de la vie spirituelle » (p. 487).

Le livre est censé montrer les fondements bibliques de chaque sujet traité, mais le ch. 14 sur la Vie Contemplative (au sens monastique catholique et orthodoxe) ne fournit aucune base biblique (et pour cause…) mais se fonde uniquement sur « une vénérable tradition qui remonte aux moines qui vivaient dans les déserts » (p. 158)

A ma connaissance (mais je peux me tromper) ce livre est le seul en français de source évangélique qui traite de « la spiritualité » de façon globale. De plus il incorpore un survol de l’histoire de la spiritualité y compris du mysticisme (sous le titre significatif: « La richesse de notre héritage ». Un autre appendice offre des conseils s’appuyant sur la typologie psychologique de Jung – sans pour autant recommander sa pensée…

Adopté ou pas par des instituts bibliques ou d’autres structures comme un manuel, je suis sûr que ce livre enthousiasmera de nombreux étudiants et d’autres d’évangéliques heureux de trouver une synthèse aussi claire de l’approche évangélique sur tant de sujets pratiques et une introduction tout aussi claire à une spiritualité d’origine non évangélique peu familière dont il dit le plus grand bien.
Jusqu’ici j’ai trouvé une évaluation sur le Net en anglais uniquement sur un site consacré justement à avertir contre les nombreux ouvrages recommandant alla prière ou la méditation contemplative empruntée aux mystiques médiévaux et modernisée par des moines cisterciens.
Je ne sais pas si ce livre a été l’objet de recommandations ou d’avertissements dans des revues francophones, mais je n’ai rien trouvé sur le Net en français.
Aussi je crois que ce serait utile de le signaler à une personne capable d’évaluer soigneusement ce livre sur le plan de la Parole de Dieu. Si vous êtes de mon avis, vous avez toute liberté de faire suivre de mail à d’autres personnes.

Bien fraternellement dans le Seigneur

<…>
(de la Communauté Évangélique (CAEF) de <…>

2006-09-19, Pasteur A:

Bien chers frères,

Merci de m’informer ainsi des déroulements de cette bien triste et bien regrettable affaire au sujet du livre de Brian Mc-Larent. Moi non plus, en tant que pasteur évangélique fidèle à la sola scriptura, sola fide et soli Deo gloria, je ne puis m’associer à une telle hérésie. J’affirme que Jésus-Christ nous a révéler la seule véritable église, dont lui seul en est le Chef suprême.
« Si je prêchais un autre évangile que celui que je vous ai prêché », 
disait l’apôtre Paul, que je sois maudit. Galates 1:6-9. Cette affirmation est  encore valable en ce 21ème siècle et le sera jusqau’au retour de notre Seigneur Jésus-Christ. Cette déviance existe en Belgique depuis des années et j’ai rencontré une grande opposition pour l’avoir dénoncée. Dieu sait toutes choses et il nous a avertis que cela se produirait. Restons fermes et persévérants dans le seul Evangile de Jésus-Christ, et non celui que certains hommes voudraient imposer aujourd’hui aux croyants.

Que Dieu vous bénisse et permette que votre vive réaction et mise au point soit entendu par les fidèles, et que ceux-ci soient clairement reconnus comme les vrais fidèles du Christ au milieu de nous, 1Corinthiens 11:18-19.
Pasteur A <…>

2006-09-26, Pasteur:

Cher frère,

merci pour votre commentaire,
J’ai assisté en mai ou en juin dernier à une conférence débat sur ce livre à Croix dans le Nord de la France à l’occasion d’une pastorale de France pour Christ.

Outre le fait que la rencontre était sympathique, le débat sur ce sujet n’a débouché sur rien de contstructif.
Tout ceci est beaucoup trop centré sur l’homme à mon goût:
Méthode sur méthode, truc sur truc … Je n’ai rien vu de nouveau

« S’il est une chose dont on dise: Vois ceci, c’est nouveau! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. »
   Ecclésiaste 1:10

En ce qui me concerne je ne trouve qu’une seule méthode qui soit biblique:

 » Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé.  »   Jean 15:7

Ce n’est pas réinventer l’église qu’il convient de faire, mais c’est revenir au Seigneur de tout notre coeur.

Je finirai par cette citation du missionnaire Hudson Taylor:
 » L’oeuvre de Dieu conduite par les moyens de Dieu donne les résultats de Dieu. »
Par contre, les méthodes humaines donnent des résultats humains.

Bien à vous
O. B. <…>
Pasteur <…>

Un pasteur:

Chers frères en Jésus-Christ,

Nous avons pris connaissance avec intérêt et tristesse de l’email que vous avez bien voulu nous envoyer, ainsi que le dossier l’accompagnant.
Nous partageons tout à fait vos analyses et conclusions concernant le livre de Brian Mc Laren, et l’étonnant accueil dont il a bénéficié dans des milieux que nous aurions cru beaucoup plus attachés à la saine doctrine biblique.
Il est bon, de fait, « d’établir des ponts » (et nous en avons établi beaucoup au cours des ans), mais pas quand ils conduisent à l’abîme!
Et parfois, au contraire, comme le souligne le chapitre 22: (23 à 30) d’Ezechiel, il faut construire un mur de protection…
Avec nos encouragements et l’assurance de nos prières, nous vous transmettons nos fraternels messages en Christ.
Pour les pasteurs du Centre Missionnaire (de <…> et le comité de rédaction des documents Expériences

Pasteur <…>

Un centre missionnaire:

De tout cœur, j’aimerais vous remercier pour cette démarche.
Je lis pas mal de livre et je trouve que les éditeurs et parfois les libraires, ne sont pas assez prudents. Fraternellement, en Jésus Christ
<…>
missionnaire France Pour Christ <…>

2006-05-31, un frère:

Chers frères en Christ,

Je tenais à vous remercier pour toute l’énergie déployée à faire tout ce travail pour l’honneur de notre Dieu. Cela m’encourage, m’édifie et me réjouis.

Je ferai passer l’info autour de moi, considérant qu’il y a une vraie séduction dans ce bouquin.

Bien fraternellement,
<…>

Organisme de lutte contre les sectes:

Chers frères,

Merci pour votre mise en garde sur le sieur Brian McLaren. Merci aussi pour votre travail, votre prise de position très nette et courageuse.
Comment des Maisons d’Editions bien connues et appréciées ont-elles pu se laisser abuser ainsi ?
Que le Seigneur bénisse son Église et donne toujours plus de discernement aux chrétiens! Bien fraternellement en Lui.
<…> Organisme de lutte contre les sectes.

Le 31 mai 06

Merci pour votre prise de position fort claire.
Il y a déjà des semaines que j’ai écrit à la Ligue. Ma lettre est demeurée sans réponse.
Cette forme de mépris est troublante et je ne suis pas sans inquiétude pour l’avenir de la Ligue.

Merci pour ce que vous faites.
<…>

2006-08-03

M. Oddon,

Je veux vous féliciter pour votre prise de position sur l’ouvrage de B. McLaren que <…> m’a transmis aujourd’hui. J’ai examiné votre article

https://vigi-sectes.org/mclaren/mc-laren.reinventer.po.html

et je l’ai retransmis à la liste des contactes de mon site, soit environ 140  individus et des pasteurs. Pour ma part de suis de ces vilains écrivains…
Enfin, c’est un métier plutôt difficile en milieu évangélique francophone.

http://www.samizdat.qc.ca/publications/

Le 1 juin 06

Cher Pierre et cher Gérard,

<…>  L’analyse critique de Pierre concernant « Réinventer L’Église » j’ai pu déjà l’obtenir…et merci pour votre mise en garde si nécessaire dans notre communauté Evangélique aujourd’hui aveuglée par la recherche émotionnelle et sentimentale du succès.

<…>    CH

Le 31 mai 06

Mes très chers frères

Je tiens à vous remercier pour votre travail il est important d’éclairer les Chrétiens sur la parution de certains livres tel que celui de Mclaren car nous vivons dans un monde dangereux .

Je dois dire que comme ancien Directeur de maison d’édition il faut être très vigilant lorsque l’on se permet d’éditer un Livre.
Les Libraires quant à eux ne sauraient être assez prudents quant au choix de livres
Que celui qui fait toute la différence dans nos vies et ministères respectifs vous bénisse     richement dans votre travail.

<…>l
Ancien Directeur des EL<…>

Le 31 mai 06

Merci chers ami pour ce travail et cette mise au point.

Je suis associé à la Ligue depuis vingt ans par le biais des Clubs Bibliques Lycéens. Que faire maintenant??

En tout cas tout ce que vous dites confirme une conviction: les différents mouvements et courants évangéliques sont comme les plaques tectoniques de la croute terrestre. Rien n’y est fixe, immuable. Il y a parfois des failles, des tremblements de terre, des tsunamis. Comment expliquer autrement la course permanente à la nouveauté, à la mode, au relativisme?…

Que Dieu ait pitié de nous.

<…>, un croyant perturbé et esseulé.

Le 9 juin 06,

Chers frères,

Je voulais vous transmettre l’e-mail que je viens d’envoyer en complètant le formulaire pour exprimer ma position aux responsables de l’Edition du livre « réinventer l’Église » sur votre site.

Voici ce que je leur ai écris:

Bonjour Messieurs,

Je reviens d’une conférence Européene où un des orateurs était le Dr Don Carson. Il nous a parlé toute une matinée sur le mouvement « the Emergent Church » dont un des fers de lance est Brian McLaren. C’était passionnant!

J’aimerai vous aider dans vos réfléxions en vous proposant 2 propositions:

1) Comme l’AEF a invité Brian McLaren en Janvier, est-ce que l’AEF ne pourrait pas inviter Don Carson comme étant un autre échos du monde évangélique sur le sujet (sachant qu’il sait de quoi il parle et que c’est quelqu’un d’équilibré).

2) Comme les éditions LLB ont publié le livre de Brian McLaren, je pense que se serait très positif pour le monde évangélique Francophone de traduire et publier le dernier livre de Don Carson intitulé  » Becoming Conversant with the Emerging Church – Understanding a Movement and Its Implications » aux editions Zondervan (*)

Ces propositions sont pour construire plutot que pour détruire. Je rêve du jour où le monde évangélique francophone sache développer du discernement sans qu’on lui donne des formules toutes faites. Le discernement ça se travail et se dévoloppe.
Brian McLaren n’est ni tout blanc ni tout noir. Il y a beaucoup de zone de gris. Sachons aider nos frères et nos soeurs à justement développer un esprit de discernement pour le plus grand bien de nos églises.

Merci de prendre en compte et de réfléchir sur ces 2 propositions.
<…>
Pasteur <…>
.
PS: voir article de Don Carson:

 Critiques

Pasteur de l’Église Evangélique Libre de <…>

Bonjour

Je suis pasteur de <…>: je vous demande d’arrêter cette diffamation stupide et d’envoyer un mot d’excuse à tous ceux à qui vous avez envoyés ce message ! Je connais personnellement le pasteur Mac Laren et vos propos sont non seulement faux mais diffamatoires. Je suis personnellement évangélique et j’ai apprécié l’église de Mac Laren que j’ai personnellement visité avec plusieurs représentants de l’AEF dont son secrétaire général.

La bêtise de vos accusations n’a d’égal que votre manque d’information et de connaissance du dossier. Je ne vous demande pas d’être d’accord avec ce livre ni avec ses propositions mais de respecter l’intelligence des « évangéliques » qui peuvent réfléchir à cette question fondamentale: comment atteindre nos contemporains ? Si cette question n’est pas au centre de l’évangile, c’est que vous ne savez pas lire ! Dire que les propositions faites par Brian ne vous conviennent pas, je le comprends mais parler de « New Age » et de « néo-libéralisme » à propos de Brian Mac Laren, c’est démontrer que vous ne connaissez ni la personne ni ces courants !!  L’ignorance est pardonnable… Par contre la diffamation publique (le Mail) que vous faites est non seulement bête mais méchante !

Je suis déçu de vous voir signer un message aussi vulgaire et aussi calomnieux… le moins que vous puissiez faire désormais est d’envoyer une lettre d’excuse à tous vos destinataires !

 

JDR<…>

S’il vous plait, pourriez-vous faire des courrier positifs ?

Je ne reçois de vous que des e-mails disant combien les autres n’ont pas ce qu’il fallait vis à vis de vous. L’enfer c’est les autres. C’est un peu triste. De plus on a l’impression que vous vous instituez délibérateurs de ce qui est ou n’est pas secte, juste après vous être donné le nom de « vigi-secte ».
Dans les églises issues de la réforme, il faut se serrer les coudes et non pas distribuer des anathèmes.
S’il vous plait soyez aimables de soit changer votre ton, soit ne plus m’envoyer ces mails attristants et pénibles.
Amitiés fraternelles

 

 

Brian McLaren un partisan du Nouvel-Age?

Brian McLaren est-il un chrétien évangélique ou un adepte du Nouvel-Age?
Qui sont ses collaborateurs, ses amis et ses partenaires ?

Voici une brève réponse à cette question par une simple recherche sur quelques sites internet.

Nous ne ferons ici que quelques citations caractéristiques. Ne pensez pas que ce soit des “paroles malheureuses” sorties habilement de leur contexte, en vue de faire du tort. Toutes peuvent être vérifiées facilement par les liens que nous proposons.


A – Les sites recommandés dans le livre « Réinventer l’Église » (Editions: LLB)

A la fin du livre « Réinventer l’Église » de Brian McLaren se trouvent indiqués deux sites web:

  • site 1: http://www.anewkindofchristian.com qui redirige sur
  •              http://www.brianmclaren.net/
  • site 2: http://www.crcc.org.

Une rapide visite de ces 2 sites indique clairement les orientations réelles de Brian McLaren.

Site n° 1:

img3

Le site internet anglophone de McLaren est en grande partie une plateforme de promotion de livres et aussi une présentation des pensées et discours de McLaren.

Ce printemps (2006) McLaren a édité un nouveau livre dont le titre en dit long: « Le message secret de Jesus ».

Plus besoin de l’Évangile de Thomas ni de celui de Judas! McLaren est là pour nous servir ! Rappelons nous les paroles de Jésus:

« J’ai parlé ouvertement au monde … et je n’ai rien dit en secret ». (Jean 18:20)

Homosexualité

outlink1 « Brian McLaren – Question from December 2005 »
Lisons son échange épistolaire avec un pasteur presbytérien (USA)

Pasteur presbytérien:
« Je suis malade et fatigué de cette discusion sur l’ordination des homosexuels, je suis tout à fait favorable à l’ordination de chacun quelque que soit leur orientation sexuelle, aussi longtemps qu’ils peuvent s’engager et faire honneur à leur engagement. Oui, je suis pour l’autorisation du mariage des hommes homosexuels …»

Réponse de Brian McLaren:
« … Vous devez essayer de faire ce qui vous semble bon ! Vous devrez rassembler un groupe d’amis avec lesquels vous pouvez partager ouvertement et honnêtement. Si votre dénomination ne vous permet pas de faire ce qui vous pensez être juste, vous allez devoir partir. … »

outlink1 Time Magazine:
Questionné lors d’une conférence , au printemps dernier (2005) sur ce qu’il pensait du mariage homosexuel, Brian McLaren a répondu:

« la chose qui brise mon coeur est que je ne puis répondre d’aucune manière sans blesser quelqu’un. »

outlink1 Article paru sur sur le net dans christianitytoday.com le 2006-01-23

McLaren:
En toute franchise, beaucoup d’entre nous (pasteurs) ne savons pas ce que nous devrions penser de l’homosexualité. … Si nous pensons qu’il pourrait exister réellement un contexte légitime pour certaines relations homosexuelles, nous savons que les arguments bibliques sont nuancés et à plusieurs niveaux…  Peut être que nous avons besoin d’un moratoire de cinq ans avant de nous prononcer. Pendant ce temps nous pratiquerons un dialogue chrétien dans la prière…

Site n° 2:   Cedar Ridge Community Church

img-crcc

Ce site internet nous présente l’Église fondée par McLaren et dont il est actuellement le pasteur principal.

Sur la page outlink1 nous trouvons des liens recommandés par ce nouveau type d’Église:

En vrac, des icônes, des labyrinthes, un magicien, un groupe de musique « New Age », des pratiques méditatives et les exercices spirituels des jésuites …

Lien avec site nouvel âge

outlink1 Un lien intéressant peut être trouvé sur le site de l’église de Brian McLaren (page des liens recommandés) au 2006-01-31 avec le commentaire suivant:

« Les membres de l’Église fondée par McLaren – Cedar Ridge members ont contribué à ce ministère – Harp46 outlink1  Mais « Harp 46 » a été désigné comme:

le meilleur groupe musicale Nouvel-Age de l’année 2004 par le « New Age Reporter! »

Orientation vers les gourous

outlink1  Spiritual Directors International

Un groupe contemplatif international et interreligieux avec des « exercices spirituels » et une hiérarchie de gourous aux pieds desquels on est invité à venir se placer.
(citation originale en anglais: « Spiritual Directors International is a global learning community of people from many faiths and many nations who share a common concern, passion and commitment to the art and contemplative practice of spiritual direction« )

Pratique des labyrinthes

Il y a également plusieurs liens vers des sites « Nouvel Age » mystiques qui invitent à un des thèmes favoris du Nouvel Age: La « méditation » aux moyen de « labyrinthes »

p_cover_labrynith

Renouons avec la Divine Mère

Exemple d’extrait de page de ce site recommandé: outlink1 « Le programme des femmes »

Programme pour femmes de reconnexion avec la « Divine Mère » et rituel de contemplation de communion avec la « Mère » dans un « cercle sacré »!

Citation originale en anglais: « Encountering the Divine Mother for Men and Women
St. Luke’s Episcopal Church, Kearney, Nebraska Bring: Journal, Something for our Altar that represents the Divine Mother for you, and a Pot Luck supper item to share.
This workshop will give us the opportunity to contemplate our personal relationship with the Divine Mother as she manifests in each of our spiritual lives. We will do guided processes, meditations, writing exercises and labyrinth walking to discern our relationship with the Mother, examining our beliefs and longings. We will come together in the sacred circle to share our experiences in song, words and feelings and share a ritual of communion with the Mother.
« 

Pratique du Yoga

Pratique du yoga dans l’église (« christian based yoga »)
outlink1 (point n°7 « Women’s Bee in the Barn »)

B -McLaren et les partisans du Nouvel-Age (et occultisme)

Alan Jones

Brian McLaren approuve et déclare avoir été béni par le livre « Reimagining Christianity » de Alan Jones dans lequel il est écrit que le salut par la croix de Christ est une

doctrine abominable » dont il faut se débarrasser (page 132).

Il y a en ligne sur le site du libraire Amazon des portions scannées de ce livre qui peuvent permettre une vérification:

rc-zoom

 

img1Recommandation par Brian McLaren de ce livre en dos de couverture:

Alan Jones est en réalité un « inter-spiritualiste » et un mystique. Jetez un coup d’oeil au  projet Living Spiritual Teachers, dont Alan Jones est membre. Ce groupe d’environ vingt-cinq personnes comprend des partisans du Zen, des moines bouddhistes, des « new-agers » et même Marianne Williamson et son « Cours de miracles ».

Son livre, « Reimagining Christianity » est du même genre que « Réinventer l’Église » de Brian McLaren

(concernant « Réinventer l’Église » voir l’analyse proposée par Pierre Oddon)

img6Leonard Sweet

Le Dr. Leonard Sweet, Brian McLaren et Jerry Haselmayer ont écrit un livre ensemble « A is for Abductive »dans lequel Leonard Sweet …

… remercie les adeptes du New-Age pour l’avoir aidé à trouver la « nouvelle lumière ».

 Tony Campolo

img7Brian McLaren, encourage le livre de Tony Campolo « Speaking my mind » dans lequel on trouve la citation suivante page 149-150:

« La théologie du mysticisme nous apporte l’espoir d’un terrain commun entre l’Islam et le christianisme … L’Islam et le christianisme atteignent le même Dieu pendant l’expérience mystique »

Ce livre indique que le mysticisme [ou la prière contemplative] unira le christianisme et l’Islam.

Pour lui ce livre est une « grande affaire » et il nous dit que la voix de Tony Campolo a besoin d’être bien entendue.

Ils ont écrit ensemble le livre « Adventures in Missing the Point ».

 

N’est-ce pas suffisant pour dire que la porte du Nouvel-Âge est … plus qu’entre-ouverte?


En complément de recherche nous recommandons les sites apologétiques anglophones:

EP et PO

L’Église émergente fait la promotion du catholicisme – 1ère partie –

Richard Bennett

Dossier McLaren


 

Depuis le ‘Jesus Movement’ du début des années 1970, aucun autre phénomène chrétien n’a été aussi étroitement lié à la culture qui se veut ‘de pointe’ aux Etats-Unis. De plus en plus d’assemblées rejoignent les rangs de ‘l’Église émergente’: elles sont généralement urbaines, et très récentes, avec une moyenne d’âge très basse. Peu d’entre elles ont plus de cinq ans d’âge.”

Tel est le constat du magazine “Christianity Today”, dans son article “The Emergent Mystique” [La mystique émergente] (1).

Il s’agit d’un mouvement nouveau qui se répand dans les milieux évangéliques occidentaux: peu nombreux sont ceux qui semblent comprendre ses procédés fondamentaux. Un examen attentif montre que ce mouvement rejette l’idée qu’une source unique, extérieure à l’individu, puisse permettre de connaître la vérité et la réalité.

L’Église émergente replacée dans son contexte plus vaste

Le mouvement de l’Église émergente n’a pas surgi du néant, et il n’opère pas dans le vide.

Pour avoir une vue d’ensemble, il est essentiel de comprendre qu’il y a trente-cinq ans, dans ses documents postérieurs au Concile Vatican II, l’Église catholique a publié un projet oecuménique non négociable. En voici un passage capital:

“… le dialogue oecuménique ne se limite pas au plan théorique et purement conceptuel: en s’efforçant d’établir une communion plus complète entre les communautés [les églises] chrétiennes pour qu’ensemble elles servent l’Evangile et collaborent mieux entre elles, il sert à transformer les modes de pensée, les comportements, et la vie quotidienne de ces communautés. Par cette voie, peu à peu, après avoir surmonté les obstacles qui empêchent la parfaite communion ecclésiale, se trouveront rassemblés par une célébration eucharistique unique, dans l’unité d’une seule et unique Église, tous les chrétiens. Cette unité, le Christ l’a accordée à son Église dès le commencement. Nous croyons qu’elle subsiste de façon inamissible dans l’Église catholique… ” (2)

Ainsi, au lieu de rechercher une unité fondée sur la vérité, une fois de plus la Papauté cherche à entraîner les autres dans le compromis pour les conformer à elle -même, dans une unité purement extérieure et visible. Tel est le contexte d’ensemble dans lequel l’Église émergente se situe.

Un homme de l’âge oecuménique

Brian McLaren est le pasteur d’une assemblée non dénominationnelle qu’il a fondée vers la fin de la décennie 1980. Il est le principal porte-parole du groupe “Emergent-US”, qui prédomine dans le mouvement de l’Église Emergente. A ce titre, il incarne le succès du programme oecuménique catholique: sa stratégie en témoigne. Sa biographie, sur son site Internet, indique qu’il a obtenu une licence et une maîtrise d’anglais à l’Université du Maryland. Il ne possède aucun diplôme officiellement décerné par un séminaire, mais a reçu en 2004 un doctorat de théologie honoris causa du Séminaire Théologique Carey de Vancouver, en Colombie Britannique. Il s’intéresse, entre autres sujets, “au théâtre médiéval, aux poètes romantiques, à la littérature philosophique moderne, et aux romans du professeur Walker Percy (un Catholique romain)”. C’est ainsi qu’il a été équipé en vue de sa tâche future.

Puisant abondamment chez des écrivains catholiques, surtout chez G.K. Chesterton, auteur de Orthodoxy, (3) Brian McLaren a rédigé un ouvrage intitulé A Generous Orthodoxy (Une orthodoxie généreuse). Il va plus loin que Chesterton dans sa critique du calvinisme et dans la caution qu’il accorde au mysticisme: il présente ce qu’il estime être une toute nouvelle méthode pour connaître la vérité chrétienne. Pour “faire passer” sa façon de voir auprès des Protestants qui ont encore des versets bibliques en mémoire et une Bible à la main, McLaren se place, pour l’essentiel, sur un plan subjectif. Cette tactique subtile fait partie de la méthodologie oecuménique préconisée dans les documents postérieurs au Concile Vatican II, depuis 1970.

L’amertume de McLaren envers son héritage

D’emblée, McLaren qualifie son livre de “confession”, ce qui lui permet d’exprimer ses opinions tout en se dispensant de les appuyer sur des arguments rigoureux. (4) Il déclare: “Il vous faut savoir que je me montre horriblement injuste dans ce livre qui est totalement dépourvu d’objectivité intellectuelle et d’impartialité.” Pour s’excuser, il invoque son héritage, et poursuit:

“Je suis beaucoup plus dur envers les chrétiens protestants conservateurs détenteurs de ce même héritage, qu’envers qui que ce soit d’autre. Désolé. Constamment je me montre mieux disposé envers les Catholiques romains, envers les Orthodoxes, et même envers ces terribles Libéraux, alors que sans cesse j’envoie des coups à mes frères conservateurs, d’une manière particulièrement agaçante, on pourrait même dire dépourvue de générosité. Je ne peux nullement prétendre à l’équité ni à l’objectivité.” (5)

Ainsi l’auteur admet qu’il éprouve de l’amertume envers son héritage protestant conservateur, en raison du contexte personnel dans lequelA Generous Orthodoxy a pris naissance. De nombreux admirateurs saluent, dans ce livre, un “manifeste” de l’Église émergente, alors que cet ouvrage s’inscrit dans le mouvement oecuménique de l’Église Catholique, à l’heure où la Papauté cherche à restaurer son empire politique perdu, c’est-à-dire le Saint Empire Romain qui lui a échappé il y a trois siècles et demi suite à la Réforme. Puisque la Papauté raisonne en termes de siècles (6) et non de décennies, ce n’est nullement une exagération de penser que d’une façon générale, dans le monde protestant, Brian McLaren et Rick Warren rendent de grands services au Pape.

Selon McLaren, ce livre s’adresse en premier lieu à ceux qui sont sur le point d’abandonner le christianisme; il les encourage à n’en rien faire. Mais pour cela, il commence par insulter la manière dont Protestants et Pentecôtistes conservateurs présentent Jésus et insistent sur le salut individuel, sur la nécessité d’avoir “un Sauveur personnel”. Ensuite il les encourage à considérer sa définition du “Jésus” catholique, qu’il associe à la “Théologie de la libération” et aux “Jésus” des libéraux protestants.

Ensuite, McLaren a l’audace de donner une définition nouvelle du Dieu Saint. Pour ce faire, il distingue entre le “Dieu A” et le “Dieu B”, comme cela se fait dans la controverse actuelle sur la masculinité ou la féminité de Dieu. Il écrit:

“Pensez à ce que serait l”univers s’il avait été crée par le ‘Dieu A’: il se caractériserait par la domination, le contrôle, les limitations, la soumission, l’uniformité, la coercition. Pensez maintenant à ce qu’il serait s’il avait été crée par le ‘Dieu B’: ce serait un univers d’interdépendance, de relations, de possibilités, de responsabilité, de devenir, de nouveauté, de réciprocité, de liberté” (p. 76).

Ce contraste fictif pousse le lecteur à choisir entre deux conceptions parfaitement subjectives d’un dieu imaginé par McLaren. Cela montre que pour McLaren, le critère de la vérité est sa propre théorie actuelle, et non la Parole infaillible de Dieu.

Une tactique pernicieuse et injurieuse

McLaren fait également savoir à ses lecteurs:

“Comme dans la plupart de mes autres ouvrages… je me suis donné du mal pour être provocateur, narquois, et obscur, et pour montrer qu’à mon avis, la clarté est chose surestimée” (7).

De plus, dit-il, c’est tout à fait intentionnellement qu’il a cherché

“à scandaliser, à opacifier, à s’amuser, à intriguer” (8).

Son style rappelle souvent celui du Catholique G.K. Chesterton. Après avoir posé, en guise de tremplin, le principe du subjectivisme et de la permissivité, McLaren expose sa conception du christianisme dans la partie la plus importante du livre, intitulée “Le chrétien que je suis”. En fait, il veut être une multitude ce chrétiens en même temps.

Sa stratégie est en général une attaque acrimonieuse contre les Protestants conservateurs. Il attribue à ce groupe une préoccupation majeure qu’il choisit lui-même avec soin, puis il donne sa propre définition des termes caractérisant le groupe en question. Ensuite il s’appuie sur sa nouvelle définition (qui en général est presque à l’opposé de la définition originale), pour déclarer qu’il fait lui-même partie de ce groupe, se disant notamment

  • “calviniste ou fondamentaliste”,
  • “méthodiste”,
  • “évangélique”,
  • “charismatique et contemplatif”,
  • “libéral et conservateur”
  • “catholique”,
  • “vert”,
  • “biblique”,
  • “anabaptiste, anglican”,
  • “mystique et poète”, ayant le sens de l’incarnation”,
  • “attaché aux missions”,

etc.

Par exemple, il définit les calvinistes par “les cinq points du calvinisme” (9), qui lui font manifestement horreur.

Ensuite il fait une parodie de ces cinq points, en leur donnant sur toute la ligne un sens autre que leur sens habituel: puis, s’appuyant exclusivement sur sa propre redéfinition, il se déclare calviniste.

Les “fondamentalistes” sont un autre groupe qu’il a en aversion, ces “fondamentalistes combatifs”, dont il ne retiendra que la “combativité”. Il déclare ensuite que ce mot est un héritage légitime qu’il tient d’eux: il va donc “combattre” pour sa propre cause, en se qualifiant de “fondamentaliste”, alors qu’en fait il combat pour une cause diamétralement opposée à celle des fondamentalistes. Il se décrit donc comme “fondamentaliste et calviniste”, mais sous sa plume, ces mots veulent dire le contraire de leur sens habituel. On voit donc à quel point sa méthode anti-biblique engendre à dessein la confusion et la division.

En revanche, McLaren ne modifie pas radicalement la définition des groupes qui lui plaisent, par exemple les Protestants libéraux, les Catholiques, les mystiques, et les écologistes. Il se réclame de tous ces groupes, sauf du catholicisme romain. Il a une bonne raison:

puisqu’il se veut “post-protestant”, dans le débat oecuménique il veut conserver un droit légitime de protester. Mais il ne proteste pas contre le catholicisme romain, et il n’est pas protestant au sens historique du mot: il proteste contre les Protestants conservateurs d’aujourd’hui. Il s’avère que dans presque tous les chapitres, ses principales sources d’autorité sont catholiques, et qu’il se réfère très souvent à G.K. Chesterton.

Relativisme et compromis

Quoique McLaren se défende d’être relativiste, il se contredit par des raisonnements tels que celui-ci.

Comment sait-on si une chose est vraie?… On commence par s’impliquer dans des pratiques spirituelles, comme par exemple la prière, la lecture de la Bible, le pardon, ou le service. On observe ce qui se produit alors, et on reste ouvert à l’expérience.

Pour finir, on fait part de son expérience à d’autres personnes engagées dans une spiritualité, pour connaître leur discernement, pour voir si elles confirment ou non ces découvertes” (10).

Ailleurs, McLaren redéfinit la théologie. Pour cela, il puise abondamment dans les idées de Vincent Donovan, un prêtre catholique missionnaire. Donovan avait conclu que “la praxis” [la pratique] doit prendre le pas sur la théologie”, et que sa théologie découlerait de la théorie qu’il tirerait lui-même de son expérience auprès des paï ens (11). McLaren élargit cette définition de Donovan (et aussi d’autres) pour aboutir à la formule suivante:

“La missiologie [l’étude des missions] ne procède pas de la théologie: la théologie, au contraire, est une  discipline qui dépend de la mission chrétienne. La théologie, c’est l’Église en mission, réfléchissant à son message, à son identité, et à sa signification” (12).

McLaren donne là une nouvelle définition de la théologie. En un mot, pour lui la mission détermine la théologie; ce n’est pas la théologie qui détermine la mission. Son critère est pragmatique: ce critère n’est plus l’autorité absolue de l’Ecriture, mais “ce qui marche bien”. Mais le Seigneur Jésus-Christ Lui-même déclare que

“L’Ecriture ne peut pas être anéantie” (Jean 10:35).

“Ma parole n’est-elle pas comme un feu – Oracle de l’Éternel – Et comme un marteau qui fait éclater le roc?” (Jérémie 23:29).

Voir dans la théologie un simple aspect de la mission chrétienne, c’est nier radicalement qu’il y ait une vérité absolue révélée dans l’Ecriture. Comme les existentialistes qui l’ont précédé, de toute évidence McLaren nie la foi biblique.

De l’eau au moulin du relativisme

McLaren désavoue également l’autorité biblique quand il déclare:

“Les premiers Protestants [les tenants de la Réforme au seizième siècle] ont transféré le centre, le pivot de l’autorité de l’Église vers la Bible, … grandement aidés en cela par l’invention de l’imprimerie. Mais la Bible demandait une interprétation humaine, ce qui posait problème… (13).

En affirmant cela, McLaren passe complètement à côté du fait que l’Ecriture doit être interprétée par l’Ecriture, comme il est dit dans le Psaume 36, au verset 10:

“Car auprès de toi est la source de la vie; Par ta lumière nous voyons la lumière.”

La vérité divine est éclairée par la vérité divine:

“Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, en jugeant des réalités spirituelles par des moyens spirituels” (1 Corinthiens 2:13).

Après avoir écarté la vérité scripturaire, McLaren pose les fondements de la théorie dont il espère, citant la formule du Concile Vatican II, qu’elle

“ôtera les obstacles à la communion ecclésiale”.

D’après sa théorie, les Protestants conservateurs et libéraux ont autant de mal les uns que les autres à accepter l’autorité de la Bible dans le monde “post-évangélique”, “postmoderne”, et “post-libéral”, dans lequel leurs concepts civils et politiques reposent sur leurs convictions religieuses, ce qui les amène à se regrouper autour de pôles opposés.

Il faut, dit-il, que les uns et les autres se repentent de ces concepts, ayant

“les uns et les autres survécu par des moyens différents sur la mer houleuse de la modernité, et face, aujourd’hui, à une interpellation nouvelle: la collaboration indispensable pour sauver ce village que nous appelons la planète Terre” (14).

Devant ce problème qu’il qualifie de civil et de politique, suscité tant par les libéraux que par les conservateurs, McLaren déclare que les temps ont changé, et que par conséquent il faut changer les normes de l’interprétation biblique. Cette approche est d’autant plus intéressante qu’elle coï ncide avec la méthode de Rome.

Au début de son dernier Catéchisme, le Vatican donne comme critère:

“Lire … l’Ecriture dans la Tradition vivante de toute l’Église” (15).

Ensuite Rome va jusqu’à réprimander les égarés qui ont tendance à

“lire et interpréter les textes sacrés en-dehors de la Tradition et du Magistère de l’Église” (16).

McLaren est en train de s’engager dans un protocole comparable à celui de la Rome papale. Mais Rome l’a bien dit, c’est “peu à peu” qu’elle veut ramener à elle les Églises protestantes, au fur et à mesure que leur pensée se transformera grâce au dialogue avec les Catholiques.

McLaren réécrit l’histoire

En essayant de mettre les libéraux et les conservateurs dans le même sac, McLaren laisse apparaître son préjugé envers la foi évangélique. Il laisse entendre que c’est à l’époque de la Réforme du seizième siècle que pour la première fois les chrétiens ont commencé à mettre leur confiance dans la Parole écrite de Dieu (17). Sur ce point il se trompe, comme le démontre l’histoire des Vaudois, des Albigeois, et des disciples de Valdo. Il fait ressortir qu’aujourd’hui on cesse de mettre l’accent sur l’autorité de la Bible (il ne précise pas “sur la Bible seule”), tout comme au temps de la Réforme on avait cessé de faire confiance à l’autorité de l’Église catholique pour lui substituer celle de la Bible. Il attaque Martin Luther et le dépeint comme un individualiste qui refusait de s’incliner devant l’autorité catholique, mais ce n’est pas pour cette raison-là que Luther occupe une place importante dans l’histoire de l’Église. D’après McLaren, la célèbre déclaration d’individualisme de Luther, face aux autorités catholiques avec lesquelles il était en désaccord, est l’expression parfaite de ce changement:

“Me voici, je ne puis autrement”.

C’est là, pour McLaren, la toute première expression du monde moderne (18). Il se sert d’un fait historique pour disqualifier le salut individuel, ce qui le conduira tout naturellement à se prononcer pour le salut universel. Il passe complètement à côté du sens véritable de la position de Luther, qui dans cette déclaration affirmait la justification par la foi seule, fondée sur l’autorité de la Bible seule.

McLaren peut donc dire que Luther est “un homme d’un autre temps”, et que sa position est aujourd’hui sans valeur, car selon lui, les temps modernes ont pris fin. Il oublie que cette vérité biblique de la justification par la foi transcende complètement toutes les époques. Mais Brian McLaren approuve le Concordat signé en 1999 entre l’Église catholique romaine et la Fédération Luthérienne allemande, selon lequel Luthériens et Catholiques seraient maintenant d’accord sur la justification par la foi seule, la Réforme ayant constitué une erreur.

Pas un mot sur l’Inquisition

McLaren ne dit jamais que l’autorité de la Papauté romaine ne fut guère établie avant la fin du onzième siècle, quand par les croisades et par l’Inquisition, la Papauté força les peuples à se soumettre à ses diktats ecclésiastiques. Beaucoup refusèrent. Bien des millions de gens furent dépouillés, torturés, et acculés au martyre pour être restés attachés à l’autorité de la Bible.

Tout au long de ces siècles, il y a eu beaucoup de sang répandu parmi ceux qui résistaient aux doctrines et aux traditions catholiques. Brian McLaren reconnaît que sa présentation de l’histoire de l’Angleterre est injuste, mais il ne s’en excuse pas et ne fait rien pour rectifier sa conception révisionniste des faits historiques.

Il ne dit pas non plus que c’est la Papauté qui a ôté aux gens du peuple la Bible au Moyen Age, avec sa version latine que seuls les clercs pouvaient posséder (19). Il reste cependant un fait historique bien établi: même au quatrième siècle, les évêques de Milan, dans le nord de l’Italie, n’étaient nullement soumis aux évêques de Rome. Les documents historiques démontrent qu’ils ne se soumettaient qu’à l’autorité de la Bible, qu’ils ne connaissaient que deux sacrements, le baptême et la communion, qu’ils n’invoquaient que Dieu, et ne permettaient l’usage d’aucune image de la Divinité (20). Au neuvième siècle dans la même région des Alpes Cottiennes, on sait, grâce à l’évêque Claude de Turin, que les Vaudois professaient une foi apostolique fondée sur la Bible seule. Les membres de ces anciennes Églises alpines professaient essentiellement la même foi et avaient les mêmes pratiques que les réformateurs du seizième siècle. On peut en dire autant des Albigeois, contre lesquels la Papauté organisa sa première croisade au douzième siècle. Thomas M’Crie fait ressortir d’étonnantes similitudes dans son récit sur les prédécesseurs de la Réforme en Espagne au sixième siècle (21).

L’histoire montre que très tôt, c’est l’Église de Rome qui est devenue schismatique, et sa situation reste inchangée à ce jour. Ses corruptions sont devenues des traditions; la Papauté les propagées dans le “Saint Empire romain”, et elles continuent de prospérer grâce à la nouvelle stratégie papale, “la recherche de l’unité oecuménique”. C’était dans la logique des choses: le Concile de Vatican II (22) ayant accueilli le mysticisme oriental dans ce système déjà apostat depuis plus de quatre siècles et demi (23), le courant de mysticisme découlant de ses relations oecuméniques avec ceux qui “n’ont pas reçu l’amour de la vérité” n’en est devenu que plus puissant.

McLaren suit les règles du Concile de Vatican II

En adoptant cette conception qui fait une place à tout, McLaren respecte de toute évidence les règles établies par Vatican II en vue du dialogue: “Chaque partenaire [du dialogue] devra s’efforcer d’exposer la doctrine de sa communauté de manière constructive, en renonçantà la définir par opposition, ce qui conduirait à insister exagérément sur certaines positions, ou à les durcir de façon excessive. (24) Les partenaires chercheront à avancer vers une synthèse constructive , de manière à utiliser toute contribution légitime, dans une recherche commune afin d’assimiler entièrement les données révélées” (25).

McLaren est expert en littérature catholique. Sa manière d’aborder les protestants conservateurs montre clairement qu’il a assimilé la doctrine et la méthodologie du Concile Vatican II. S’interdisant de définir par opposition, comme il conviendrait de faire dans un débat public où l’on s’appuie sur la Bible, il fait sienne la stratégie de Vatican II. Il expose ses opinions subjectives, dans une tentative subtile pour pervertir l’autorité de la Bible ainsi que les faits historiques; il fait usage de contrastes fictifs, d’une version révisionniste de l’histoire, et de “synthèses constructives”. Il a redéfini les termes les plus courants de la terminologie protestante de façon à faire passer ses compromis sur la vérité pour “une contribution légitime”, conforme aux normes de Vatican II pour le dialogue oecuménique. Ces paramètres catholiques sont également des mots d’ordre dans le contexte général de l’Église émergente, et ils rendent service tant à l’Église catholique qu’à McLaren, car ils sèment la confusion et la discorde parmi les chrétiens aussi bien que les non chrétiens. La principale gagnante dans cette affaire sera la Papauté, car dans quelques décennies, McLaren ne sera plus là, mais la muraille doctrinale séparant Catholiques et Protestants se sera effritée encore un peu plus à cause de lui. McLaren lui-même, aiguillonné par son amertume, informé et protégé par tout ce vaste contexte, poursuit son propre but qui est de conduire le “village planétaire” religieux vers une nouvelle “connaissance” de Dieu au moyen du mysticisme. Dans les parties II et III de cet article, nous examinerons ces points de façon plus détaillée. McLaren déclare que ses idées sur “la pensée émergente” sont celles d’un “vrai prophète” (26).

Mais l’Esprit infaillible de Dieu, s’exprimant par l’Apôtre Paul, avertit les chrétiens qu’il y aura des

“loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau” (Actes 20:29).

Le Christ Jésus a dit:

“Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur les épines, ou des figues sur les chardons?” (Matthieu 7:16).

Le bon fruit spirituel manifeste la nature des doctrines que l’on enseigne. Le Saint-Esprit produit des fruits spirituels chez ceux qui sont réellement nés de nouveau. Ce sont des fruits de repentance, de foi personnelle, et de profonde communion avec Dieu et avec les Siens. Parmi les fruits de la nouvelle naissance on trouve la conscience de la sainteté absolue de Dieu et de la noirceur extrême du péché. Quand Dieu sauve quelqu’un, Il le sauve de l’enfer et de la puissance du péché. Le Seigneur délivre aussi le vrai croyant de la domination de Satan, de l’amour du monde, et des méthodes du monde. Quand il y n’y a ni conviction de péché ni crainte de Dieu, mais amour du monde et de ses méthodes, nous reconnaissons la nature des “fruits”. Tel est le cas pour McLaren. Ses tactiques, ses méthodes, son relativisme, sa conception révisionniste de l’histoire montrent bien qui il suit; et les éléments manquants dans son message sont plus révélateurs encore. La sainteté de Dieu, la conviction de péché, la crainte de Dieu et le message de l’Evangile sont les éléments qui brillent le plus par leur absence dans A Generous Orthodoxy. Au lieu de compromettre ces précieux principes de la foi, le chrétien est appelé à se séparer des promoteurs de telles hérésies, et à combattre sérieusement pour “la foi donnée aux saints une fois pour toutes”.


Notes:

1. Voir http://christianitytoday.com/ct/2004/011/12.36.html 18/01/06

2. Traduit de: Vatican Council II Document N°42, “Reflections and Suggestions Concerning Ecumenical Dia logue”, S.P.U.C., 15/08/70, dans Vatican Council II, TheConciliar and Post Conciliar Documents, Editions Austin Flannery, Vol. I, Section II, pp. 540-541.

3. G. K. Chesterton (1874-1936) a profondément influencé la littérature du 20eme siècle. Son ouvrage Orthodoxy passe en général pour être la pièce maîtresse de son oeuvre. A bien des égards, les écrits de McLaren reflètent la pensée et le style de Chesterton, un Catholique romain convaincu. Les Catholiques répandent activement sa pensée sur l’Internet et par les autres médias.

4. Le Cardinal John Henry Newman a fait de même au dix-neuvième siècle dans son célèbre traité Apologia pro Vita Sua, lequel résume ses arguments sous la forme d’un témoignage personnel. Newman fut d’abord un prélat anglican qui désirait devenir catholique, mais en 1844 le Pape le persuada de rester anglican, et d’user de son influence et de son pouvoir au sein de l’Église anglicane pour ramener l’Église d’Angleterre dans le bercail romain, stratégie qui s’est avérée fort efficace. Voir l’ouvrage de Walter Walsh, The Secret History of the Oxford Movement (Ed. Swan Sonnenschein & Cie., Londres, 1898).

5. Brian McLaren, A Generous Orthodoxy , Ed. Zondervan, 2004, Grand Rapids, MI. (Eléments soulignés dans le texte original).

6. Un exemple frappant des projets à long terme de la papauté est le “Mouvement d’Oxford”, visant à reprendre l’Angleterre après la défection d’Henri VIII au 16èmesiècle. Le plan fut mis en place en 1844, John Henry Newman étant l’homme-clé dans l’Église d’Angleterre, pour ramener cette institution vers le catholicisme et refaire de l’Angleterre un pays catholique. Au sein del’anglicanisme, Newman fonda ce qu’on appelle le groupe “anglo-catholique”. Westcott et Hort en faisaient partie. Ce mouvement continue de se développer sous d’autres appellations. En Allemagne, la Fédération Luthérienne tomba dans un piège comparable en signant le Concordat du 31 octobre 1999 à Augsbourg. Quatre cent quarante ans plus tôt, c’était la signature du Traité d’Augsbourg (25 septembre 1955) par leque l l’Allemagne ratifiait la Paix de Passau de 1552. Ce traité mettait en place la Réforme en accordant aux Églises protestantes allemandes tous leurs droits et tous leurs biens, dans une totale indépendance par rapport au Pape. La question centrale, à l’époque, était la justification par la foi seule, que Martin Luther avait si clairement expliquée le 31 octobre 1517. La question centrale du Concordat de 1999 était la même, mais il fut alors déclaré que la Réforme avait été une erreur, et que Luthériens et Catholiques partagent maintenant la même foi quant à la justification. Rien ne pourrait être plus loin de la vérité; mais après trente ans de dialogue avec les Catholiques, les Luthériens ont renoncé à leur position historique au sujet de cette vérité biblique. Le Concordat du 31 octobre 1999, revenant sur les positions prises par Luther le 31 octobre 1517, fut donc signé là même où le Traité d’Augsbourg de 1555 avait accordé la liberté de culte aux protestants. A la lumière de ces faits historiques, comment croire que ces dates et ce lieu sont dénués de signification?

7. McLaren, A Generous Orthodoxy , pp. 22-23.

8. Ibid.

9. Pour se renseigner sur les “cinq points du calvinisme”, on peut consulter l’article suivant (en français): http://www.chez.com/kustodia/tulip.htm

10. McLaren, même ouvrage que ci-dessus, p. 199. Les éléments soulignés sont dans le texte original.

11. McLaren, p. 92.

12. McLaren, p. 105.

13. McLaren, p. 133.

14. McLaren, p. 143.

15. Catéchisme de l’Église Catholique, § 113, italiques dans le texte original. Ed. Centurion/Cerf/Fleurus -Mame/Librairie Editrice Vaticane, Paris, 1998.

16. Document Dominus Iesus du 5 septembre 2000,http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000806_dominus-iesus_fr.html

17. McLaren, p. 133.

18. McLaren, pp. 132, 133.

19. Thomas M’Crie relate qu’en Espagne au seizième siècle, l’Archevêque Fernando de Talavera voulut traduire la Bible en Arabe afin de gagner les Maures à Christ. Le Cardinal Ximenes, qui exerçait une grande influence sur le gouvernement de l’Espagne, s’y opposa avec force, car selon lui, c’eût été donner des perles aux porcs. Pour lui, “les écritures sacrées ne devaient être conservées que dans les trois langues de l’inscription apposée sur la croix de notre Sauveur… Cette opinion romaine selon laquelle l’ignorance est la mère de la dévotion fut chaleureusement approuvée par son biographe.” En outre, le cardinal estimait que le commun du peuple risquait de tordre les Ecritures, pour sa propre perte… Alors parurent les ouvrages promis par le Cardinal pour remplacer les Evangiles et les Epîtres: des traités de dévotion mystique ou plutôt monastique, ainsi que les vies de certains de ses zélotes les plus éminents, tant hommes que femmes.” Thomas M’Crie, History of the Progress and Suppression of the Reformation in Spain in the Sixteenth Century. Edité à Edimbourg par William Blackwood, et à Londres par T. Cadell, 1824. Réimprimé par Hartland Publications, 1998, pp. 46-47.

20. Peter Allix, The Ecclesiastical History of the Ancient Churches of Piedmont and of the Albigenses (1619; 1690, 1692, 1821). Réimprimé par Church History Research & Archives (CHRA), 1989. Chapitres III et IV. Voir également Jean-Paul Perrin, History of the Ancient Christians Inhabiting the Valleys of the Alps(Philadelphie, Griffith & Simon, 1847). Réimprimé par CHRA en 1991. Ce fut Perrin, un Pasteur Vaudois, qui fournit ses informations à Peter Allix. Il fut présent à une pastorale très importante qui rédigea six articles condamnant l’Église de Rome en tant que prostituée de l’Apocalypse, et prouvant que les Albigeois et les Vaudois n’étaient pas manichéens.

21. M’Crie, Chapitres I et II.

22. Concile Vatican II, Nostra Aetate, Déclaration de l’Église au sujet des religions non chrétiennes, § 2. http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vatii_decl_19651028_nostra-aetate_fr.html

23. Concile de Trente, Session 11 du 13 janvier 1547: “Si quelqu’un dit que la foi justifiante n’est autre chose que la confiance en la divine miséricorde, qui remet les péchés à cause de Jésus-Christ, ou que c’est par cette seule confiance que nous sommes justifiés: qu’il soit anathème [maudit]. http://membres.lycos.fr/lesbonstextes/trentesixiemesession.htm.

24. Document du Concile Vatican II, N° 42, V. Method of Dialogue, (b), Flannery, p. 548.

25. Ibid., (c), p. 548. Caractères gras ajoutés.

26. McLaren, p. 285.


Richard Bennett, site Internet “Berean Beacon”:
http://www.bereanbeacon.org/languages/francais.htm
La reproduction de cet article est autorisée, y compris sur l’Internet, à condition qu’elle soit intégrale, et qu’aucune modification ne soit apportée

La foi chrétienne défigurée Le mouvement “Église émergente” embrasse le mysticisme – 2ème partie –

de Richard Bennett


Dossier McLaren

 

 

Chers amis,

Notre premier article montrait comment l’Église émergente fait le jeu du catholicisme. Nous nous sommes appuyés sur un document de Brian McLaren, un des principaux chefs de file du mouvement. Ce deuxième article montre comment McLaren écarte l’Evangile et l’autorité de la Bible pour ouvrir la voie au mysticisme dont il donne ensuite une description. Dans un troisième article, nous examinerons le caractère pernicieux de ce mysticisme dans son ensemble.
Bien à vous dans la grâce de notre précieux Sauveur,
Richard Bennett


Le mouvement de l’Église émergente voit dans l’ouvrage de Brian McLaren “A Generous Orthodoxy” (une orthodoxie généreuse) son “manifeste”. L’auteur y explique que la genèse du mouvement et son qualificatif, “émergent”, prennent modèle sur l’arbre en train de croître:

“Ici comme ailleurs, le sens du mot ‘émergent’ est un aspect essentiel de cet écosystème appelé “orthodoxie généreuse”. Un schéma simple fera ressortir ce que nous entendons par ‘pensée émergente’… Aucun [des cercles concentriques dans la coupe transversale d’un tronc d’arbre] ne remplace ni ne rejette les cercles précédents, mais il entoure ces derniers pour les englober dans une réalité plus large… [De même] il existe une pensée qui cherche à inclure celle qui l’a précédée dans une réalité qui la dépasse, comme le fait le dernier cercle dans un arbre en train de croître. Voilà comment fonctionne la pensée émergente (qu’on pourrait aussi appeler intégrale ou intégrante). Tous mes ouvrages précédents sont fondés, quoique de façon non explicite, sur cette ‘pensée émergente’… ” (1)

Cette définition met en lumière le fonctionnement de la pensée de McLaren et nous présente tout simplement la notion de dialectique hégélienne (2). Le processus ici décrit n’a rien de commun avec la croissance du croyant biblique. Le modèle biblique exige que nous renoncions aux façons de penser du monde pour adhérer à la pensée biblique, pour acquérir une connaissance selon Dieu tout en nous conduisant selon Sa volonté.

McLaren poursuit en ces termes:

“Cette soif d’émergence, qui a son origine en Dieu… engendre de nouvelles formes de spiritualité chrétienne, de nouvelles communautés, et de nouvelles missions qui émergent du christianisme occidental… Une orthodoxie généreuse est une orthodoxie émergente, qui sera achevée seulement quand nous parviendrons à notre destination finale en Dieu” (3).

Mais contrairement à ce qu’affirme McLaren, nous n’avons pas ici un développement du christianisme sous des formes nouvelles. Non, en fait McLaren attribue de nouvelles définitions à des termes bien connus, privant les mots de leur signification antérieure: cette confusion est semée sciemment. McLaren a prévenu qu’il allait user de procédés engendrant la confusion, car à son avis,

“ la clarté est parfois chose surestimée” (4).

McLaren explique volontiers le fonctionnement de sa “pensée émergente”. Dans ce livre il s’efforce de mettre dans un même sac tous les Protestants et tous les Catholiques: il établit ainsi un cercle plus vaste que la faille séparant les premiers des seconds. L’étape suivante (5) sera son adhésion au mysticisme oriental, lequel formera un cercle plus grand encore, englobant le catholicisme.

Un reniement sans ambages des cinq grands principes de la Réforme

Pour la première étape qui consiste à amalgamer Protestants et Catholiques, McLaren doit donner de nouvelles définitions du Seigneur Jésus -Christ, du Dieu Saint, de l’autorité de la Bible, de la théologie, du salut, et des traits distinctifs du Protestant conservateur. Mais les vrais chrétiens, qui suivent le Seigneur et Ses Apôtres, adhèrent à la Parole écrite de Dieu, l’autorité suprême.

Selon l’expression latine, on a là le principe

  • “Sola Scriptura”, c’est-à-dire “l’Ecriture seule” (6).

 D’après la Bible, l’individu est sauvé aux yeux du Dieu Très Saint par la

  • grâce seule, “Sola gratia” (7),
  • par la foi seule, “Sola fide” (8),
  • en Christ seul, “Solo Christo” (9).
  • Toute gloire et tout honneur reviennent donc à Dieu seul, “Soli Deo Gloria” (10).

Ces cinq grands principes bibliques sont la base de la foi véritable dans le Seigneur.

Fondés dans l’Ecriture, ils caractérisaient l’Église primitive, et ils sont à la base de tout réveil authentiquement biblique. Pour ces principes-là, bien des milliers d’Evangéliques ont donné leur vie sur le bûcher:

  • Jan Hus,
  • William Tyndale,
  • John Rogers,
  • Hugh Latimer,
  • Nicholas Ridley,
  • Anne Askew,
  • John Bradford,
  • et John Philpot,

pour n’en nommer que quelques-uns.

Mais sous l’Inquisition papale, qui a duré six siècles, des millions de fidèles ont subi la torture et le martyre. Pourtant, McLaren déclare nettement que les Protestants conservateurs devront accepter un compromis sur ces pr incipes bibliques de base pour être en mesure de prendre place dans la communauté. Sinon, ils seront exclus de son “orthodoxie généreuse”. Selon lui, nous devons renoncer aux cinq principes ci-dessus, à ces cinq “solas”, car le mot sola (= seule) ne figure pas dans la Bible (11). Nous devons renoncer à ces principes qui distinguaient et séparaient les Réformateurs de l’Église catholique romaine. McLaren dit bien à ses lecteurs que “la pensée émergente” ne rejette aucunement la pensée qui l’a précédée, mais dès qu’il applique sa méthode, ces paroles rassurantes ne veulent plus rien dire.

Parlant du plus fondamental de ces cinq principes, “Sola Scriptura”, McLaren déclare:

“Dieu a permis à l’Ecriture d’exister”.

Elle est donc selon lui la création de Dieu, en même temps que la création d’une multitude de personnes, de communautés, et de cultures qui lui ont donné le jour (12). Sur ce point, comme sur la plupart des autres, McLaren s’aligne sur l’Église romaine. La Rome papale n’emploie pas exactement les mêmes mots, mais elle incarne le même concept quand elle déclare:

“Quant à la Sainte Tradition, elle porte la Parole de Dieu… et la transmet intégralement” (13).

McLaren se fait incontestablement l’écho de la pensée catholique en mettant la créativité de l’homme sur un pied d’égalité avec celle de Dieu.

Mais l’Ecriture enseigne tout autre chose:

“Les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé” (2 Pierre 1:20-21, tr. David Martin).

 La Bible seule est la Parole de Dieu révélée à des hommes poussés par le Saint-Esprit. Comme l’a dit l’Apôtre Paul,

“Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu… ” (2 Timothée 3:16-17).

N’en déplaise à Brian McLaren, elle n’est pas “la création d’un grand nombre de personnes, de communautés, et de cultures”. Il est grave de semer le doute quant à l’Auteur véritable de la Parole de Dieu. Rabaisser ainsi l’autorité de la Parole écrite, c’est empêcher ses lecteurs de parvenir à la connaissance de la vérité, et de recevoir cette Vérité telle qu’elle est en Christ Jésus. C’est pourquoi l’enseignement de Brian McLaren est littéralement propre à damner les âmes,

car il a “enlevé la clé de la connaissance” (Luc 11:52).

Quand on réécrit l’histoire pour parvenir à ses propres fins

Parlant de l’Ecriture, McLaren ment aussi à propos des faits historiques, pour présenter une image “intégrée”, ou “émergente” des Protestants et des Catholiques.

Il écrit:

“la communauté chrétienne à son plus haut niveau est depuis toujours profondément attachée à l’idée d’une double origine unifiée dans les Ecritures… La communauté chrétienne sous ses formes catholiques, protestantes, et orthodoxes a tenu à affirmer qu’il y a deux dimensions à l’origine de l’Ecriture… deux dimensions qui demeurent unies telles des amis, des partenaires, des collègues” (14).

Mais non, pas une seule fois dans l’histoire les vrais croyants bibliques n’ont acquiescé à cette notion entièrement humaine de la “double origine” des Ecritures. Dans ces Écritures ils n’ont vu que la révélation de Dieu. Beaucoup sont morts sur le bûcher précisément pour cette raison. Quand McLaren parle “d’amis, de partenaires, de collègues” qui s’uniraient pour former l’Ecriture, il ne fait que reprendre l’idée catholique selon laquelle Tradition et Ecriture “sont reliées et communiquent étroitement entre elles” (15).

Cette citation du Catéchisme catholique a le même sens que la déclaration de McLaren sur “l’idée d’une double origine unifiée dans les Ecritures”. Dans les deux cas, il s’agit d’un mensonge flagrant. Mais “l’orthodoxie généreuse” demande qu’on renonce à la vérité (qu’il s’agisse de spécificités doctrinales ou de faits historiques) pour adopter ces inventions-là. Ce n’est pas nouveau: c’est l’enseignement traditionnel de Rome, habillé autrement.

Le reniement de l’Evangile

McLaren renie résolument l’Evangile quand il écrit, par exemple:

“Notre christianisme tourné vers lui-même, axé sur le salut individuel, et inadapté n’est peut être qu’un colossal et tragique malentendu; peut-être nous faut-il tendre l’oreille pour écouter à nouveau le véritable chant du salut, qui est ‘une bonne nouvelle pour toute la création’. Il vaut sans doute mieux mettre de côté tout ce que vous “savez” (si tant est que vous sachiez quelque chose) lorsque vous dites de Jésus qu’il est ‘Sauveur’, et que vous portiez un regard neuf sur la question du salut.

Commençons par quelque chose de simple. Le “salut”, dans la Bible, veut simplement dire “sauvetage”, ou encore “guérison”. Cela ne veut dire en aucun cas “sauver de l’enfer”, ou “donner la vie éternelle après la mort”, contrairement à ce que tant de prédicateurs affirment à longueur de sermon. Le sens du mot varie d’un passage à l’autre, mais d’une façon générale, dans tous les contextes possibles, ‘sauver‘ veut dire ‘tirer quelqu’un de ses ennuis’. Il peut s’agir de maladie, de guerre, d’intrigues politiques, d’oppression, de pauvreté, d’incarcération, ou de n’importe quel mal, n’importe quel danger” (16).

Contrairement à McLaren, le Christ Jésus proclame:

“Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne, oui, vous dis-je, c’est lui que vous devez craindre” (Luc 12:5).

Le Seigneur a résumé l’Evangile en disant:

“Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui” (Jean 3:36).

Le contraste est saisissant: si à titre personnel on croit au Fils, on a la vie éternelle. Celui qui nie le salut personnel n’est pas seulement sous la colère de Dieu (ce qui signifie sûrement la mort de l’âme) mais encore la colère de Dieu demeure sur lui. McLaren nous offre là un reniement de la foi en bonne et due forme. Lui et ses adeptes ont accompli cette parole de l’Ecriture:

“En ignorant la justice de Dieu, et en cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu” (Romains 10:3).

Cette hérésie que professe McLaren est partagée par d’autres pasteurs, d’autres auteurs du mouvement de l’Église Emergente, notamment Alan Jones. McLaren cautionne le livre de Jones, Reimagining Christianity:

Reconnect your Spirit without Disconnecting your Mind (Réimaginer le Christianisme: rebranchez votre esprit sans débrancher votre pensée). Tout comme McLaren, Alan Jones rejette le centre et le coeur même du message de l’Evangile. Il a l’audace de déclarer:

“Il faut en finir avec cette fixation de l’Église sur la mort de Jésus en tant qu’acte salvateur universel, et il faut réinventer la place de la croix dans la foi chrétienne. Pourquoi? Parce que derrière cette conception se cache un culte de la souffrance, en même temps que celui d’un Dieu vengeur” (17).

Jones ajoute:

“Cette doctrine abominable s’appelle “la substitution pénale” (18).

Nous venons de le rappeler, le Seigneur a déclaré:

“Celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie éternelle, mais la colère de Dieu demeure sur lui” (Jean 3:36).

Si McLaren et d’autres, par exemple Alan Jones, persistent à nier le salut biblique personnel, ils ne connaîtront pas la vraie vie et le vrai bonheur: ni ici-bas, ni dans le monde à venir.

Actuellement, ils sont sous la colère et la condamnation de Dieu. Comme il est impossible d’échapper à la colère de Dieu autrement que par le Seigneur Jésus-Christ, ceux qui refusent de croire en la substitution pénale accomplie par Christ en leur faveur devront entrer dans l’éternité sous la colère de Dieu et être jetés

“dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents” (Matthieu 22:13).

Tel sera le sort terrible réservé à ceux qui acceptent un enseignement reniant ce salut personnel dont il vient d’être question.

Mais McLaren ne semble pas se soucier de l’enfer, car il dit:

“La pensée de finir en enfer n’est-elle pas lourde au point que tout le reste s’en trouve dévalué? C’est mettre tellement l’accent sur l’importance de la vie après la mort, que sans y prendre garde on risque de dévaluer la vie avant la mort. Faut-il s’étonner si tant de gens pensent que le fait ‘d’accepter Jésus comme Sauveur à titre personnel’ les rendra pires, encore plus égocentriques, moins soucieux de justice terrestre, tout préoccupés d’être pardonnés au ciel. Une fois de plus, bien que je croie en Jésus comme mon sauveur personnel, ce n’est pas cela qui fait de moi un chrétien. Je suis chrétien parce que je crois que Jésus est le Sauveur du monde entier ”(19).

En disant cela, McLaren refait ce que tant d’autres ont fait avant lui: il réinvente un Jésus qui est une sorte de fétiche de la justice sociale. Selon lui, “accepter Jésus comme Sauveur”, ce n’est pas essentiellement recevoir “le pardon”:

c’est se centrer sur “la justice terrestre”. Le Seigneur Lui-même s’est prononcé sur le sens du péché aux yeux de Dieu: loin de Se faire le champion de “la justice terrestre”, Il enseigne que:

“quiconque commet le péché est esclave du péché… Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres” (Jean 8:34, 36).

Dans ce passage, le Seigneur montre clairement qu’Il ne parle pas d’esclavage politique, mais de celui qui est esclave de ses passions et de ses désirs mauvais. C’est de l’esclavage du péché qu’il parle, et de la liberté spirituelle que Lui-même vient offrir. Son message, c’est:

“Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement” (Luc 13:5).

Il n’a jamais appelé à faire régner “la justice sur la terre”. Fait intéressant, les prêtres catholiques Leonardo et Clodovis Boff sont d’accord avec McLaren:

ils ont écrit que:

“la théologie de la Libération est née le jour où la foi a fait face à l’injustice perpétrée envers les pauvres” (20).

Disons-le haut et fort: celui qui ne reçoit pas le salut spirituel par Jésus-Christ est dans une situation désespérée, car il mourra dans ses péchés.

Quand McLaren dit:

“Je suis chrétien parce que je crois que Jésus est le Sauveur du monde entier”,

il donne l’impression que le monde entier constitue le royaume de Dieu. McLaren nie que cette profession de foi soit un appel à la repentance personnelle (ce qui serait la condition pour être sauvé du péché):

cette conception-là du salut personnel n’est donc qu’une version réductionniste de “l’Evangile social”.

Le message véritable, c’est l’appel si clair que lance le Seigneur:

“Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle” (Jean 3:16).

Le message du Seigneur sera toujours celui de “la vie éternelle”, même si des milliers de McLaren s’efforcent de le réduire à un quelconque pragmatisme, à un souci de justice terrestre. Pour pouvoir cesser de démolir la foi chrétienne, McLaren aurait tant besoin de la lumière des grands principes bibliques que dégagèrent les Réformateurs. Malheureusement, il se tourne vers une source plus ténébreuse encore que “l’Evangile social”:

Celle du mysticisme oriental !

Le poète mystique

Pour parvenir au mysticisme, McLaren a d’autres obstacles à franchir:

La prédication de l’Evangile découlant d’une exégèse méthodique, la connaissance verbalement communicable, et la théologie systématique. Il doit détruire ces méthodes caractérisant la prédication et l’enseignement objectifs, car le mysticisme recherche une communication directe et subjective avec le Dieu Saint, dans laquelle on assume soi-même le rôle de médiateur. Mais la Bible indique clairement que ce rôle n’est confié qu’au Seigneur Jésus-Christ,

“Car il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus homme” (1 Timothée 2:5).

Dans son chapitre intitulé “Pourquoi je suis mystique et poète”, McLaren ne dit aucunement ce qu’est un mystique, et il ne cite aucune définition émanant d’un autre auteur.

Faisant usage d’une fausse dialectique, il écrit:

 “Cette voie mystique et poétique ne veut jamais oublier que la Bible elle-même contient très, très peu de prose explicative. Elle est au contraire une histoire à laquelle viennent s’ajouter des paraboles; elle est un poème entrelacé de visions, de rêves, et de morceaux d’opéra… Elle tient à la fois de la lettre personnelle et du chant sur la place publique; tout y est réuni sous l’effet d’une passion artistique débridée, toute spontanée.” (21)

Pour McLaren, prêcher l’Evangile et les vérités bibliques en des termes qui s’adressent premièrement à la pensée, c’est les réduire à un facteur scientifique, mécanique et mort. D’après lui, ne doivent prêcher que des poètes qui s’adressent en premier lieu aux émotions. Il est aux antipodes d’une démarche qui fait appel à la pensée. Il cite Walter Brueggemann:

“Le discours poétique est la seule proclamation qu’il vaille la peine de faire dans une situation de réductionnisme; je le répète, c’est la seule proclamation digne du nom de prédication” (22).

 McLaren fait immédiatement écho à Brueggemann en ajoutant:

“Ce monde auquel la prose est étrangère… c’est le monde auquel accèdent le mystique, le contemplatif, le visionnaire, le prophète, et le poète.”

Autrement dit, il insinue que ceux qui ont une pensée logique et raisonnée ne comprennent rien à la poésie et n’en ont que faire:

Mais c’est faux! Cette fausse distinction une fois posée, McLaren est prêt à fournir la synthèse des contraires; ce sera la solution pour communiquer directement avec Dieu. Il écrit:

“Il existe depuis longtemps des traditions chrétiennes qui reconnaissent l’importance profonde du mysticisme et de la poésie, et donc les limitations de la rationalité et de la prose: en font partie la ‘via negativa‘, la voie négative, et la tradition hésychaste qui découvre Dieu dans le silence. Ces deux traditions nous rappellent les limites du langage, quand il est question de Dieu… ” (23)

Cette tradition hésychaste (24) sera la synthèse, le nouveau “cercle émergent” venant englober la dichotomie fallacieuse que fait McLaren entre la pensée et les émotions.

Dès lors, il a introduit dans son argumentation cette notion “plus vaste”, c’est -à-dire “émergente”:

la découverte de Dieu au travers du silence, cette notion émanant du monachisme oriental. Il conclut en ces termes:

“Une orthodoxie généreuse (contrairement aux orthodoxies étroites, crispées, critiques et éprises de censure qui ont tant marqué l’histoire de christianisme) ne se prend pas elle-même trop au sérieux. Elle est humble; elle n’a pas trop de revendications… Elle ne croit pas que l’orthodoxie soit l’apanage exclusif des prosateurs érudits (des théologiens), mais comme Chesterton, elle fait bon accueil aux poètes, aux mystiques, et même à ceux qui choisissent de se taire ou de parler très peu, y compris à ceux qui sont déçus ou qui doutent. Leur silence est une éloquente déclaration de la majesté de Dieu, laquelle dépasse tout ce que l’homme est capable d’articuler” (25).

Maintenant McLaren a préparé le terrain pour le mysticisme, et pour étayer sa nouvelle position, il fait l’éloge d’Ignace de Loyola, ce mystique qui fonda l’ordre des Jésuites, fut à l’origine de la Contre-Réforme, et mourut hors de la foi (26).

Au moyen de ce processus de “pensée émergente”, c’est- à-dire de la dialectique hégélienne, McLaren est parti de l’enseignement biblique objectif pour arriver au mysticisme, faisant appel à l’exemple d’Ignace de Loyola pour donner l’impression que le mysticisme est acceptable en Occident. Il relate une de ses propres expériences mystiques avec Dieu:

“Pendant vingt minutes environ, j’ai senti que tout arbre, tout brin d’herbe, toute flaque d’eau annonçait avec une éloquence particulière la grandeur de Dieu… Ces objets spécifiques et concrets sont devenus translucides: ils semblaient traversés par une lumière puissante, indescriptible, invisible. La beauté des créations qui m’environnaient… parut … exploser, comme dans une détonation éclatante de gloire.
Je fus bouleversé par une extase que je ne saurais décrire. A cette seule pensée, les larmes me viennent aux yeux alors que je suis assis devant mon clavier. J’avais une joie débordante rien que de voir ces chefs d’oeuvre de la création de Dieu, de savoir que j’en faisais partie; de sentir et de savoir que “nous” toutes, ces créatures, ces molécules, ces phénomènes, nous étions ensemble connues et aimées de Dieu, dont l’étreinte nous réunissait dans le “Nous” suprême .” (27).

On a le coeur brisé quand on voit les ténèbres où est tombé cet homme. Il déclare que cette expérience mystique lui a permis de connaître le “Nous” suprême. Cela ne peut pas être.

Dieu est saint, entièrement “autre” que Sa création. L’homme n’accède pas directement à Dieu: le Seigneur Jésus-Christ est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. McLaren a commis une erreur tragique à propos de cette expérience: il a été trompé par cette “lumière” qui lui donnait l’impression de faire partie de Dieu. La confusion entre Dieu et Sa création a toujours été la marque de l’hindouisme, du bouddhisme, et de tous les polythéismes depuis des temps immémoriaux.

Le point culminant

Pour McLaren, dès lors, le salut n’est plus personnel, mais universel; à la place du Dieu Très Saint, il ne garde plus que sa propre conception d’une divinité aimante; et la théologie cesse d’être l’étude de Dieu pour devenir celle de l’homme. McLaren a aussi inventé un nouveau genre de salut, qui consiste à être “tiré de ses ennuis”. Tous ses écrits laissent apparaître sa stratégie pour le succès, à savoir la méthodologie catholique romaine de l’oecuménisme. Derrière la poésie et la rhétorique du mouvement de McLaren se cache l’hérésie. Le paradigme de McLaren participe de l’apostasie;

il laisse apparaître tant de duplicité et de fausseté qu’il équivaut à un abandon de l’Evangile de la grâce. La tactique de Satan reste inchangée: il propulse sur le devant de la scène des leaders qui se croient vraiment chrétiens mais proposent de nouvelles techniques anti-bibliques au lieu de présenter l’oeuvre glorieuse de Jésus-Christ. McLaren propose sa stratégie oecuménique, sa nouvelle définition de Dieu, un contraste fictif au lieu de la Parole de vérité, une nouvelle définition de la théologie, une version révisionniste de l’histoire, un refus catégorique des principes bibliques fondamentaux, et un rejet de l’Evangile – et on pourrait allonger cette liste. Tout cela est typique de l’oeuvre de l’antichrist. C’est le péché d’un homme qui se veut “spirituel”.

A moins d’être très attentifs aux mises en garde bibliques, et à l’état de leur propre coeur et de leur propre maison, les chrétiens peuvent être séduits par ce système fatal. A moins que dans l’Église Evangélique la génération présente ne considère avec le plus grand sérieux l’Evangile tel qu’il a été annoncé par le Seigneur et Ses Apôtres, elle va fusionner de plus en plus avec la Rome papale. L’Église romaine essaie déjà d’usurper la place de Christ et les prérogatives de Christ: loin de Le représenter, elle est représente Son pire ennemi.

Si les peuples succombent devant le mouvement de l’Église émergente, ils succomberont à

“la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers” (2 Thessaloniciens 2:9).

Existe-t-il un verset qui décrive mieux la papauté que celui-là? Cette dernière se maintient à grand renfort de tromperies et de pratiques illusoires. Nous assistons maintenant à la montée et à la réussite d’un mouvement qui incarne pour une large part les stratégies et les doctrines de cette Rome papale. Les artifices subtils et les faux-semblants du monde sont manifestement présents dans le mouvement de l’Église émergente, qui se propage avec une facilité remarquable, tout comme le fait la papauté. On a là une apostasie patente conduisant au naufrage de la foi.

Mais notre part est de craindre le Dieu Très Saint, d’obéir à Ses commandements, et de

“retenir dans la foi et dans l’amour qui est en Christ Jésus, le modèle des saines paroles… reçues” (2 Timothée 1:13).

Nous devons absolument demeurer inébranlables dans l’Evangile. La situation est périlleuse quand ceux qui disent être des chrétiens véritables n’ont pas conscience des assauts que subit actuellement cet Evangile.

Ceux qui veulent lutter pour la foi de l’Evangile doivent tenir ferme, conscients des dangers actuels, persévérant sans flancher à l’heure de la crise.

Comme l’a dit l’Apôtre, demeurons

“fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Evangile” (Philippiens 1:27).

(Dans la troisième partie, nous examinerons le mysticisme catholique syncrétiste dans le mouvement de l’Église émergente.)


Notes:

1. Brian McLaren, A Generous Orthodoxy , (Grand Rapids MI: Ed. Zondervan, 2004) pp. 276-278. Tout élément souligné dans les citations ci-dessus l’est également dans le texte original.

2. Le modèle hégélien part d’une thèse, puis il introduit une antithèse. Pour finir, thèse et antithèse se combinent pour donner une synthèse, laquelle devient à son tour une nouvelle thèse, et le même processus recommence. Cette méthode de pensée joue un rôle essentiel dans le marxisme.

3. McLaren, pp. 284-285.

4. McLaren, p. 23: “Comme dans la plupart de mes autres ouvrages… je me suis donné du mal pour être provocateur, narquois, et obscur, et pour montrer qu’à mon avis, la clarté est parfois chose surestimée”.

5. McLaren, p.210.

6. Voir en particulier à ce sujet Jean 10:35, Proverbes 30:5-6, 1 Corinthiens 4:6, et 2 Timothée 3:15-17.

7. Voir entre autres passages Romains 3:24, et Ephésiens 2:8-9.

8. Actes 16:31, Romains 4:5 et 5:1.

9. Ephésiens 1:3-14, 1 Timothée 2:5, Actes 4:12.

10. 1 Corinthiens 10:31, Colossiens 3:17.

11. McLaren, p. 198.

12. McLaren, p. 162.

13. Catéchisme de l’Église Catholique, § 81. Les éléments en italique sont dans l’original. Editions Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/Librairie Editrice Vaticane, Paris 1998.

14. McLaren, p.162.

15. Catéchisme de l’Église Catholique, § 80. Extrait de l’ouvrage cité ci-dessus.

16. McLaren, p. 93.

17. Alan Jones, Reimagining Christianity: Reconnect Your Spirit without Disconnecting Your Mind, Hoboken NJ: John Wiley & Sons, Inc., 2005, p. 132.

18. Alan Jones, p. 168?

19. McLaren p. 100. Eléments soulignés dans le texte original.

20. Introducing Liberation Theology http://www.landreform.org/reading0.htm 10/02/06

21. McLaren, p. 155.

22. McLaren, p. 146.

23. McLaren, p. 151.

24. La tradition hésychaste coïncide dans l’ensemble avec les pratiques monastiques orthodoxes d’orient.

25. McLaren, p. 155.

26. Lire la comparaison que fait l’historien J.A. Wylie entre la vie et les expériences d’Ignace de Loyola et celles de son contemporain Martin Luther. History of Protestantism, Livre 15. Première édition en 1878. Réimpression chez Hartland Publications, 2002. Ce chapitre figure aussi sur le site www.bereanbeacon.org/

27. McLaren, p. 178.

Richard Bennett, site Internet “Berean Beacon”:
http://www.bereanbeacon.orgRubrique française de “Berean Beacon”:
http://www.bereanbeacon.org/languages/francais.htm
La reproduction de cet article est autorisée, y compris sur l’Internet, à condition qu’elle soit intégrale, et qu’aucune modification ne soit apportée.


Richard Bennett, site Internet “Berean Beacon”:
http://www.bereanbeacon.org/languages/francais.htm
La reproduction de cet article est autorisée, y compris sur l’Internet, à condition qu’elle soit intégrale, et qu’aucune modification ne soit apporté

Coup d’œil sur l’Orthodoxie généreuse de Brian McLaren

 Car il réfutait vivement les Juifs en public,
démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.
Actes 18:28

Dossier McLaren

1. Introduction

Brian_McLaren_Generous_OrthodoxyEn 1997 apparaissait dans les librairies évangéliques des États-Unis un ouvrage co-écrit par un théologien évangélique (du moins nous le croyons) le Professeur Craig Blomberg du Séminaire théologique de Denver et par le Professeur Stephen Robinson de l’Université Brigham Young de Provo en Utah.

L’ouvrage intitulé « How wide the Divide » (quelle est la grandeur de la séparation) tente de démontrer que le mormonisme (une hideuse secte) et le monde évangélique peuvent cohabiter paisiblement et collaborer dans un bon esprit dans la mission commune. Les deux auteurs enseignent finalement que les deux partis ne sont pas si éloignés, doctrinalement parlant et qu’il serait grand temps de se réconcilier !

Dans cet ouvrage, les nombreux auteurs évangéliques qui ont dénoncé avec raison l’imposture mormone sont montrés du doigt et stigmatisés.

Une réponse chrétienne et évangélique intitulée « Is the Mormon my Brother ? » (le mormon est-il mon frère ?) est sortie la même année et remet les choses bien en place ! Elle est rédigée par James R. Brother et éditée par « Bethany House Publishers » à Minneapolis. C’est un livre de 256 pages qui remet les choses en place et ce point par point. Il faut admettre que nous étions ébahis de constater qu’il pouvait exister de telles positions de compromis et de trahison chez les responsables spirituels relevant du protestantisme évangélique.

On nous dira que ce genre de situation ne se produit qu’aux Etats-Unis mais certainement pas chez les évangéliques de la Francophonie mais il faut admettre qu’aujourd’hui on ne doit s’étonner de rien. De nos jours, certains pseudo-évangéliques noueront des liens d’amitié et d’aimable collaboration avec des mouvances anti-bibliques.

L’histoire nous apprend que les tsunamis spirituels partis d’outre-Atlantique parviennent jusqu’à nos côtes et qu’ils nous immergent en causant beaucoup de dégâts. Pensons aux fausses prophéties et aux faux enseignements des promoteurs de la bénédiction de Toronto, étape obligée vers l’apostasie !

top 2. Un nouveau Tsunami?

En janvier 2006, un nouveau tsunami s’est formé. Il a quitté les Etats-Unis et il vient de frapper notre Francophonie évangélique. C’est un pasteur dénommé Brian McLaren qui en est l’initiateur. Il est passé des dernières semaines à Paris et à Lyon afin de distiller telle une « atrax robustus » son venin. Les proies potentielles sont des responsables de la France évangélique ! Concernant la réunion dans la capitale, une bonne soixantaine de personnes étaient présentes dont une grosse moitié d’anglo-saxons et il semble que tout le monde n’était pas d’accord avec lui !

De nos jours, il est tragique de constater le peu de discernement existant parmi nos responsables d’œuvres chrétiennes. Pourtant la Parole de Dieu nous met continuellement en garde contres les astuces et artifices du Malin. Où sont donc nos docteurs, nos théologiens qui devraient veiller sur le peuple de Dieu ? Est-il imaginable qu’ils restent cloîtrés dans leurs bureaux sans se manifester !

Monsieur McLaren a rédigé un livre intitulé « Generous Orthodoxy », (orthodoxie généreuse). C’est une expression issue d’un théologien de Yale, un certain Hans Frei. Elle stipule qu’il est impératif de réduire la violence des affrontements doctrinaux. Rappelons au passage, que les chrétiens doivent témoigner de l’amour pour des individus mains certainement pas pour les systèmes doctrinaux.

On conçoit qu’il est non seulement nécessaire mais indispensable de s’arrêter de se mordre entres véritables évangéliques pour des queues de cerise ! (Philippiens 3:15-16). Mais le Seigneur demande également à son Église de veiller à combattre les sectes pernicieuses et les enseignements erronés ! (Actes 18:28, Tite 1:9, Actes 20:28-31 et Jude 3-4)

Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur Jésus-Christ.

Or il semble que certains responsables évangéliques mesurent mal le danger de fraterniser avec les agents des ténèbres alors qu’ils sont conviés tout simplement à obéir à un ordre de l’Evangile.

top 3. Survol du livre

Pour l’auteur il existe sept visages de Jésus. Nous allons les reprendre un par un et il nous sera facile de discerner l’orientation théologique de l’auteur !

Premier visage du Christ: Le protestantisme conservateur

Pour les croyants fidèles aux Écritures tout est fondé sur la mort de Christ sur la croix du Calvaire et sur sa résurrection glorieuse. Par son sacrifice, le Seigneur nous sauve en expiant tous nos péchés. Il règle une fois pour toutes le problème de la rédemption dans l’histoire humaine. Grâce à lui, les croyants ne sont plus considérés comme coupables et séparés du Dieu Saint pour l’éternité. Christ-Jésus leur ouvre son Ciel pour l’éternité. Les croyants sont déjà maintenant concitoyens des cieux. Ils sont totalement libérés et sauvés par le sang de Christ et leur éternité est totalement assurée.

Il semble que pour McLaren tout cela ne soit pas suffisant. Toute cette gerbe de grâces et de bénédictions divines possède un goût de trop peu pour lui. Il pose la question suivante:

« Est-ce que l’Evangile est là seulement pour sauver quelques âmes individuelles comme un canot de sauvetage dans un grand naufrage ? Ou est-ce qu’il apporte aussi une expérience pour les cultures humaines engagées dans l’histoire ? Et d’autre part, en se focalisant sur la croix, est-ce qu’on ne passe pas à côté des enseignements de la vie de Jésus ? »

Qu’en pense l’apôtre Paul ?

« La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu » (1 Corinthiens 1:18)

« Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ… » (Galates 6:14)

D’autre part Paul précise ce qui suit:

« Nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant juifs que grecs » (1 Corinthiens 1:23-24)

« Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » ( 1 Corinthiens 2:2)

McLaren aurait-il oublié que lors du déluge seulement huit personnes furent finalement sauvées ?

Tout passe ici-bas. Nous ne sommes pas ici sur terre pour sauver les cultures humaines qui passeront mais les âmes issues de toutes les cultures ? Que McLaren nous laisse la prédication de la CROIX, nous lui laisserons le sauvetage des cultures !

Quant aux enseignements bienfaisants de la vie du Fils de Dieu, tous les authentiques croyants sont persuadés qu’ils appliquent dans leur vie au quotidien un service fidèle pour leurs frères et sœurs en humanité. Le fruit de la vie chrétienne apparaît dans Galates 5:22, il inclut un aspect social dans le ministère chrétien. Garder la croix au centre n’implique pas un désintérêt ou un abandon du prochain car selon l’enseignement du Maître, nous sommes appelés à « aimer les autres comme nous-mêmes !

Deuxième visage du Christ: le Jésus pentecôtiste et charismatique !

Ce nouveau visage du Christ est pour McLaren plus proche que le précédent. Il aurait réalisé que le Saint-Esprit n’est pas moins que la présence réelle de Jésus. Bibliquement parlant, il existe deux sortes de chrétiens authentiques dans nos diverses communautés chrétiennes, savoir:

Les spirituels et les charnels (1 Corinthiens 3:1).

Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ.

Cette ligne de démarcation existe dans toutes les dénominations et églises locales. En fait, il existe des chrétiens spirituels et des chrétiens charnels dans toutes les communautés chrétiennes ! Le fruit de l’Esprit (Galates 5:22) établit une frontière entre les deux groupes. Un don spirituel quelconque ne prouve absolument pas la spiritualité d’un enfant de Dieu ainsi les chrétiens de Corinthe qui étaient considérés comme étant des chrétiens charnels possédaient tous les dons. Mettons quand même bien les choses en place ! Aurait-il fallu attendre 1906 pour retrouver enfin des chrétiens spirituels ? Poser la question c’est y répondre !

McLaren semble être désabusé par ce deuxième visage du Christ. Selon lui, le Plein Évangile ne revêt pas de dimension sociale. Mais est-il seulement au courant de l’œuvre des Assemblées de Dieu dans la Mission ? Dans ce domaine ces chrétiens ont tout autant œuvré que les autres mouvances !

Troisième visage du Christ: Le Jésus catholique

McLaren aurait rencontré ce visage particulier du Christ dans l’univers du romanisme. Il aurait découvert cette dimension par le biais d’intellectuels catholiques !

C’est là qu’il aurait découvert l’accent mis sur la manière dont Jésus sauve l’Église en ressuscitant des morts. A travers la résurrection, Dieu a vaincu la mort et tout son lugubre cortège. En entrant dans la souffrance, la maladie et la mort et en ménageant une brèche, Jésus ouvre la voie vers le ciel !

L’auteur a réalisé toute cette sublime vérité en découvrant les écrits de Thomas Morton, Henri Nouwen, Romano Guardini et Gabriel Marcel tous de confession catholique. Nous croyons fermement qu’il aurait été bien plus profitable pour lui de lire tout simplement sa bible ! Il n’existe pas de Christ catholique ni de Christ protestant. Il est bien au-dessus de tout cela. Tout enfant de Dieu sait par expérience que Jésus possède le pouvoir de la résurrection (Jean2:19 ; 5:21-29). Ce n’est certainement pas une révélation catholique car en voyant le problème de plus près, on peut se demander si le Jésus catholique est bien le Seigneur manifesté dans sa Parole Glorieuse !

Quatrième visage du Christ: Le Jésus de l’Orthodoxie orientale

Ce Jésus venu de l’Est, nous sauve par sa naissance à Bethléhem. Comme l’humanité et toute la création « entre en Dieu », à travers Jésus, Dieu aussi entre dans l’humanité et la création. Dieu n’abandonnera jamais la partie et ce jusqu’à ce que toute la création soit délivrée et guérie. A travers cette vision, déclare McLaren:

« J’ai commencé à percevoir comment Jésus pouvait être le Sauveur, pas seulement de quelques êtres humains, mais du monde entier. Et quelque part j’ai commencé à voir comment mon salut personnel n’était pas séparé de celui du monde, mais en faisait partie »

A ce stade il est légitime de se demander si l’auteur des lignes précitées n’est pas universaliste ! Nous devons préciser que l’église orthodoxe ne l’est pas.

Les textes bibliques sur cette question sont limpides ? La Bible enseigne tout d’abord que le Père a donné par amour pour le monde son Fils Jésus-Christ ! (Jean 3:16). La bouée de sauvetage a été lancée, malheur à ceux qui n’en voudront pas.

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeurera sur lui ! (Jean 3:36)

Celui qui a accepté Christ comme Dieu-Sauveur et Seigneur dans sa vie possède la vie, mais celui qui n’a pas voulu de ce salut n’aura pas la vie éternelle ! n (1 Jean 5:12).

Cinquième visage du Christ: Le Jésus du protestantisme libéral

Quelle est donc la pensée de McLaren sur ce gros problème ?

Venant d’un milieu opposé au libéralisme théologique, il nourrissait à son égard beaucoup de suspicion. Mais fréquentant une église épiscopalienne (anglicane) au début de son mariage, par cet intermédiaire, il commença à rencontrer des chrétiens de cette mouvance.

Beaucoup d’entre eux cherchaient à combler les déficiences qu’ils percevaient chez les protestants conservateurs. Il déclara ensuite qu’il pouvait les comprendre ! Puis il se rendit compte que, dans l’Evangile, ils mettaient l’accent sur les paroles et les actes de Jésus. Ses enseignements et ses gestes ouvraient la voie à un genre de vie capable d’apporter une bénédiction pour le monde entier, pas seulement dans les relations personnelles, mais aussi dans les structures politiques et culturelles de notre société. Si certains protestants de ce courant, mais pas tous, sont réfractaires à la dimension miraculeuse, ils recherchent la signification des récits correspondants pour les mettre en pratique.

L’Histoire récente démontre que les libéraux sont les fossoyeurs du protestantisme. En fait, c’est un esprit de mort et de destruction spirituelle alors que le courant fidèle à la Parole de Dieu respire la vie. Voyez l’état exsangue du protestantisme officiel et libéral dans les nations qui autrefois ont honoré sa Parole ! Les officiants n’apportent rien et les participants vident les salles, c’est la mort spirituelle qui frappe ce courant ! Il est en train de mourir sous l’effet du poison qu’il a distillé. Par contre, le protestantisme évangélique malgré ses faiblesses progresse ? Voici un exemple que je connais bien ! Dans le royaume de Belgique le taux des protestants était de 0,75% il y a encore 20 ans et il est passé à près de 4% et cela, croyez-moi n’est pas le fruit du travail des libéraux. Comment pouvez-vous croire que Dieu puisse bénir ces faux docteurs ?

Découvrez leurs hérésies:

  • négation des miracles bibliques,
  • de la Trinité,
  • de la totale Divinité de Christ,
  • négation de l’inspiration divine de la bible,
  • acceptation d’une éthique contraire à la sainteté du Dieu Saint.

Si McLaren caresse cette tendance, c’est un signe probant qu’il est bien loin de la présente de l’Éternel et qu’il ne peut être un leader évangélique. L’apôtre Paul nous met en garde. Dans les derniers jours un esprit général d’apostasie se répandra partout. (2 Thessaloniciens 2:3). Aussi devons-nous veiller et combattre le bon combat de la foi ! (1 Timothée 1:18-19, 6:12, 2 Timothée 4:7). La porte que McLaren ouvre doit être bien cadenassée !

Sixième visage du Christ: Le Jésus anabaptiste

McLaren annexe maintenant les mennonites et les anabaptistes ! Il déclare que pour ces chrétiens, le cœur de l’Evangile réside dans les enseignements de Jésus et, en particulier dans l’éthique qu’ils nous apportent. les anabaptistes se concentrent ainsi sur l’application de ces principes dans la vie quotidienne, particulièrement dans la relation avec le prochain. En plus, ils conçoivent l’Église comme la poursuite de la communauté des disciples formée par Christ.

Tout cela est bien beau et totalement évangélique !

Cette concentration sur l’Evangile de Christ est certainement la plus grande priorité de tous les mouvements relevant de tronc évangélique. Tous les croyants authentiques sont d’accord avec cela et ils ne l’ont pas appris des expériences et des directives de McLaren, mais a contrario directement de la Parole de Dieu. Nous pouvons néanmoins nous poser la question suivante:

« Pourquoi rattacher ces vérités à une dénomination particulière ? »

Septième visage du Christ: Le Jésus de la théologie de la libération

Brian McLaren nous présente ensuite le visage de Jésus dans la théologie révolutionnaire de la libération. Il ne s’agit pas ici d’expulsions démoniaques mais d’une révolution politique afin de libérer par la violence des peuples opprimés (et de les amener dans des dictatures marxistes sans doute ! ). La question est importante. De quelle libération est-il vraiment question dans l’Evangile ? Est-ce des luttes armées pour remplacer un dictateur par un autre ? L’Evangile n’enseigne pas cela ! Jésus-Christ nous propose une libération et elle est totalement différente. les versets bibliques suivants sont d’une grande clarté  (Romains 8:21, 2 Corinthiens 3:17, Galates 5:1).

top 4. En conclusion

L’acceptable:

Il est bien et totalement légitime de donner la main d’association à des frères d’autres dénominations dont les doctrines sont éprouvées et enracinées dans la Parole de Dieu. Le fait qu’il existe des différences mineures entre les chrétiens ne doit pas briser la communion. Nos pastorales régionales démontrent que la fraternité des enfants de Dieu n’est pas un vain mot. L’apôtre Paul va dans ce sens et c’est confirmé par la Parole de Dieu ! ( Philippiens 3:16-17)

En fait, c’est le Seigneur de l’Église qui construit et dirige son Église et Il le fait par l’entremise de sa Parole et de l’Esprit qui l’éclaire. Nous disposons de cette boussole et nous pouvons malgré nos faiblesses aller de l’avant.

Christ a été fidèle et Il n’a pas caché (tout au contraire de ce qu’enseigne McLaren) que l’Église authentique serait un petit troupeau comparé au monde qui a rejeté le salut ! (Luc 12:32).

Les modes et les nouveautés passeront mais la Parole de Dieu demeure éternellement.

L’inacceptable:

On a la nette impression que le christianisme basé loyalement sur la Parole de Dieu n’est plus la tasse de McLaren. Sa théologie peut contenir quelques petits restes évangéliques mais elle est surtout viciée par d’énormes éléments pervers inacceptables qui le disqualifient en tant qu’enseignant pouvant être recommandé.

Et pour conclure:

La mouvance à laquelle appartient Brian McLaren constitue un énorme danger spirituel qui menace le monde chrétien. Plutôt que d’applaudir sans discernement ne faudrait-il pas retrouver en toute humilité la noblesse de ces croyants de Bérée qui étaient d’accord pour recevoir la parole de l’apôtre Paul en « examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses enseignées étaient ainsi ! (Actes 17:11), c’est-à-dire, conformes à la vérité révélée ?

Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact.
Actes 17:11

 Christian Piette


Note

Illustration du livre tirés de journeywithjesus.net  BookNotes