La dévotion mariale occupe une place très importante dans l’église Catholique. On peut le constater de différentes manières :
Par les nombreuses fêtes en l’honneur de Marie, célébrées tout au long de l’année liturgique,
Par la quantité prodigieuse de statues et d’images vénérées,
Par les nombreux sanctuaires et lieux de pèlerinage fréquentés partout dans le monde,
Par l’abondance des prières adressées à la Vierge Marie,
Par les nombreux bâtiments religieux dédiés à Notre-Dame.
Parmi les prières à caractère répétitif, la récitation du chapelet ou du rosaire est bien représentative de la place donnée à Marie par rapport à Dieu : on récite 1 « Notre Père » pour 10 « Je vous salue Marie ».
Il est important de remarquer, au début de cette étude, que la dévotion mariale est inexistante pendant les 3 premiers siècles de l’église. Le Nouveau Testament n’y fait pas non plus allusion. C’est en 431, au Concile d’Ephèse, que Marie est proclamée « Mère de Dieu ».
Depuis cette époque et jusqu’à nos jours, les cultes à Marie se développeront pour prendre progressivement l’ampleur que nous leur connaissons actuellement. Les papes des XIX° et XX° siècles ont encouragé plus particulièrement les catholiques à s’adresser à Marie dans leurs prières. Ainsi :
En 1854, Pie IX définit le dogme de « l’Immaculée Conception »,
En 1891, Léon XIII institue Marie « Médiatrice »,
En 1904, Pie X institue Marie « Ministre suprême de la dispensation des grâces »,
En 1950, Pie XII définit le dogme de « l’Assomption »,
En 1968, Paul VI proclame Marie « Mère de l’église »,
En 1979, Jean-Paul II proclame « tout par Marie ».
Il n’est donc pas possible de minimiser l’ampleur de la dévotion mariale dans la foi catholique.
Puisque nous savons que les apôtres et les premiers chrétiens n’enseignaient ni ne connaissaient les cultes à Marie, tout croyant sincère, désirant plaire à Dieu et lui obéir, est en droit de se poser la question de l’utilité et de l’authenticité de ces pratiques.
Sont-elles réellement venues de Dieu, par l’Esprit Saint ? Sachant que Jésus a promis l’Esprit Saint à tous ceux qui lui appartiendraient et qui garderaient sa Parole :
« Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père vous enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14.26).
L’Esprit Saint a-t-il vraiment conduit l’église à pratiquer des cultes à Marie (et aux Saints) ou s’agit-il tout simplement d’initiatives purement humaines ?
Pour pouvoir répondre avec assurance à une telle question, il faut interroger la Bible, Parole de Dieu, sur laquelle s’est construite l’église des premiers siècles. Les paroles de Jésus (Evangiles), l’enseignement des apôtres inspirés par le Saint-Esprit (Actes et Epîtres), et la Révélation que Jésus a donnée sur les derniers temps (Apocalypse) représentent l’unique fondement sur lequel le chrétien du XX° siècle peut construire sa foi.
Jésus n’a-t-il pas dit :
« C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc. » (Matthieu 7.24-25).
Pour poursuivre notre réflexion, nous nous poserons tout d’abord trois questions. Le culte à Marie est-il :
indispensable au Salut ?
utile à l’édification du croyant ?
agréé par Dieu ?
Nous chercherons ensuite à voir si ces pratiques religieuses, aux yeux des non-croyants qui les observent de l’extérieur, apportent un témoignage en faveur de l’église de Jésus-Christ.
Puis nous aborderons la question des miracles à la lumière des Saintes Ecritures.
Enfin, nous rechercherons quel est pour nous, chrétiens du XX° siècle, le meilleur moyen de rester fidèles à notre Maître et Sauveur, Jésus-Christ.
La première question que l’on doit se poser sur la dévotion mariale est : les cultes à Marie sont-ils indispensables au Salut de l’homme ?
La réponse est non, puisque c’est Jésus qui sauve l’homme pécheur en offrant son Sang sur la Croix, ainsi qu’en rend témoignage Jean-Baptiste, au début du ministère de Jésus :
« Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29).
Jésus, tout au long de son enseignement, insiste fréquemment sur son rôle d’unique médiateur entre Dieu et les hommes, comme, par exemple, en Jean 14.6 :
« Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi ».
Les apôtres eux-mêmes, remplis du Saint-Esprit, témoignent à leur tour avec une grande assurance en disant de Jésus :
« Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4.12).
C’est Pierre qui s’est exprimé ainsi. L’apôtre Paul, de son côté, a dit :
« Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Timothée 2.5-6).
Ainsi, tout homme qui croit que Jésus est mort sur la croix pour le sauver de la perdition éternelle, reçoit le pardon de Dieu et l’assurance de la vie éternelle :
« Car c’est par la grâce de Dieu que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Ephésiens 2.8-9).
Et l’apôtre Jean s’exprime ainsi :
« Et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. » (1 Jean 5.11-12).
On pourrait multiplier facilement les citations de ce genre. Nous sommes là au cœur même du Nouveau Testament et de toute la Révélation divine.
L’Ecriture est donc claire : par Jésus seulement nous pouvons être sauvés.
Et pourtant, de son côté, pour justifier ses cultes à Marie, l’église Catholique enseigne que celle-ci participe au salut des hommes :
« Après son Assomption au ciel, son rôle dans le Salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir des dons qui assurent notre salut éternel » (Catéchisme de l’église Catholique, art. n°969).
On le voit bien, cette affirmation est un ajout à la Parole de Dieu, puisque le Nouveau Testament nous dit bien qu’en Jésus nous avons tout ce qu’il nous faut pour être sauvés.
Ainsi nous pouvons répondre à cette première question (le culte à Marie est-il indispensable au salut ?) en nous appuyant sur les Saintes Ecritures : non, le culte à Marie ne peut rien apporter de plus au Salut de l’homme, puisqu’en Jésus nous avons tout.
Si le culte à Marie n’est pas nécessaire pour le Salut de l’homme, ne peut-on pas toutefois affirmer qu’un chrétien peut trouver dans la prière et la dévotion mariale un soutien, une aide, un complément utiles à sa vie spirituelle ?
La Bible nous apprend que, lors de sa conversion, au moment de sa nouvelle naissance, l’homme est régénéré par l’Esprit Saint. Jésus l’a promis :
« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jean 7.38-39).
Jésus appelle l’Esprit Saint le Consolateur :
« Mais le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses… » (Jean 14.26).
Et si nous avons l’Esprit Saint, nous marchons dans la vérité :
« Quand le Consolateur sera venu, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.13).
Les textes du Nouveau Testament indiquent aussi que les chrétiens trouvent dans l’Esprit-Saint : aide, conseil, consolation, défense, soutien, protection, intercession. C’est toujours l’Esprit Saint qui rend témoignage aux croyants de leur adoption spirituelle :
« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8.16)
et :
« De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » (Romains 8.26).
Enfin, Paul recommande :
« Faites en tous temps, par l’Esprit, toutes sortes de prières et de supplications » (Ephésiens 6.18).
Ainsi, tout enfant de Dieu est parfaitement conduit par l’Esprit (Romains 8.14) et sait que son corps est « le temple du Saint-Esprit » (1 Corinthiens 6.19)
Regardons à présent ce que, dans son Catéchisme, l’église Catholique prête comme rôle à Marie :
« C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice » (Art. n°969) et « les fidèles se réfugient sous sa protection » (Art. n°971).
Il s’agit là, bien entendu, d’un autre ajout à la Parole de Dieu. On ne comprend pas pourquoi Marie aurait à tenir ces différents rôles « d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice », puisque Dieu, dans son infinie Sagesse, nous a donné l’Esprit Saint ? Nous savons, du reste, que les chrétiens des trois premiers siècles de l’église n’enseignaient pas cela.
C’est donc vrai, les Saintes Ecritures ne disent nulle part que les cultes à Marie sont indispensables au salut du pécheur, ni ne sont utiles à la vie du chrétien, mais, du moins, ne peut-on dire cependant qu’ils sont approuvés par Dieu ?
C’est la question de l’innocence : « il n’y a aucun mal à prier et à honorer Marie, cela ne retire rien à la Gloire de Dieu et de son Fils Jésus, notre Sauveur, au contraire ! »
Nous allons à présent nous poser trois questions :
Vers qui doivent monter nos prières ?
Les titres dont est honorée Marie sont-ils respectueux pour elle et pour Dieu ?
Dieu autorise-t-il vraiment l’utilisation de statues, ou d’images, et leur vénération ?
« Venez, prosternons-nous, courbons-nous, fléchissons le genou devant l’Eternel qui nous a faits » (Psaume 95.6).
Comme le proclame ce verset de psaume, la Bible tout entière nous invite à nous tourner vers notre Créateur pour lui rendre hommage et le prier.
Les croyants de l’Ancien Testament ne pratiquent pas d’autre culte qu’à Dieu et le Nouveau Testament n’enseigne pas de faire autrement. Et pourtant, l’histoire du peuple de Dieu compte un grand nombre de personnages qui ont été particulièrement bénis et proches de Dieu. Parmi tous ces hommes, retenons par exemple les noms de Moïse et d’Elie, au milieu desquels Jésus paraîtra transfiguré devant trois de ses disciples (Marc 9.2-9 par ex.). Moïse n’a-t-il pas rencontré l’Eternel face à face sur le Sinaï, et Elie n’a-t-il pas fait tomber le feu du ciel en invoquant le Nom de l’Eternel ? Et pourtant, aucun de ces grands hommes de Dieu n’a, par la suite, fait l’objet d’aucun culte, n’a été représenté sous forme de statue ou d’image, n’a été prié par les Juifs pour intercéder auprès de Dieu en leur faveur, comme cela se pratique dans l’église Catholique avec la Vierge et les Saints.
Pourquoi cette différence ? Parce que les cultes à la Vierge et aux Saints dans l’église Catholique proviennent des traditions et non de la Parole de Dieu (la Bible). C’est le Magistère, autorité doctrinale purement humaine, qui autorise et encourage les croyants de l’église Catholique à de telles pratiques. Lorsque les catholiques observent ces pratiques, ils le font, non par obéissance à Dieu, mais sous le couvert de leurs responsables religieux.
Oui, la Parole de Dieu enseigne aux hommes de faire monter toutes prières vers Dieu seul. Jésus l’a montré en donnant la prière du « Notre Père » et l’Esprit Saint l’inspire lui-même à tout homme converti, ainsi qu’en témoigne l’apôtre Paul :
« Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba Père. L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8.15-16).
Dès lors, quiconque pratique un culte à quelqu’un d’autre que Dieu, agit en contradiction avec la Parole de Dieu, avec l’enseignement de Jésus, et prouve par là qu’il n’est pas en accord avec l’Esprit Saint.
Les titres d’honneur donnés à Marie sont irrespectueux pour elle et pour Dieu.
Nous savons que tous les enseignements sur la piété mariale proviennent d’apports que le Magistère (autorité doctrinale de l’église Catholique) a faits au texte canonique du Nouveau Testament.
A la base de ces enseignements se trouvent trois points de doctrine qui se sont imposés progressivement à partir du IV° siècle :
1) La virginité perpétuelle de Marie :
Croyance selon laquelle Marie n’aurait pas eu d’autres enfants après la naissance de Jésus. Cependant l’Evangile de Matthieu précise que Joseph ne connut point Marie jusqu’à ce qu’elle ait enfanté Jésus (1.25) et fait mention de Jacques, Joseph, Simon et Jude comme étant les frères de Jésus, ainsi que de sœurs (13.55).
2) L’Immaculée Conception de Marie :
Affirmation non scripturaire disant que Marie serait née sans péché par une faveur singulière de Dieu (dogme proclamé en 1854). Cependant, la Bible enseigne systématiquement que tout homme est pécheur et Marie elle-même a reconnu Dieu comme son Sauveur (Luc 1.47).
3) L’Assomption :
L’église Catholique enseigne que la Vierge fut élevée corps et âme au ciel et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’Univers (dogme proclamé en 1950). Or le Nouveau Testament ne fait aucune mention de cela.
En plus de cette doctrine mariale, on peut citer quelques-uns des nombreux titres et attributs que les catholiques emploient dans leurs prières et leurs cultes :
Marie est appelée Mère de Dieu et Mère du Créateur. Comment une créature peut-elle être appelée mère de son Créateur ?
Marie est appelée aussi Médiatrice, Secours des pécheurs, Porte du Ciel, Etoile du matin. Mais Jésus est le seul Médiateur (1 Timothée 2.5), Jésus est le seul Sauveur (Actes 4.12), il est la seule Porte pour entrer au Royaume de Dieu (Jean 10.9), il est l’Etoile brillante du matin (Apocalypse 2.16).
Marie, enfin, est invoquée sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, etc… Comme nous l’avons montré plus haut, avec ces titres elle entre en concurrence avec l’Esprit Saint.
En fait, si on réunit tous les attributs que l’église Catholique accorde à Marie dans ses cultes (ci-dessus en 1, 2, 3), on constate que la Vierge est honorée comme une déesse puisque acclamée comme Mère de Dieu, médiatrice et avocate, réunissant ainsi en elle les qualités du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.
Tous ces titres sont irrespectueux, non seulement pour Dieu : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul » (Luc 4.8), mais aussi pour Marie qui, humblement, se disait être « la servante du Seigneur » (Luc 1.38).
Reconnaître Marie comme une simple créature humaine ayant occupé un rôle privilégié dans le mystère de la Rédemption est plus respectueux pour elle que de la louer et l’honorer avec les titres et attributs que la Bible réserve au Dieu trinitaire.
La désobéissance à la Parole de Dieu conduit à la superstition et à l’idolâtrie.
Le culte à Marie n’est pas seulement irrespectueux pour Dieu, comme nous l’avons montré ci-dessus, mais il est malheureusement en plus, une porte ouverte à la superstition et à l’idolâtrie.
Servir des statues ou des images, construire des sanctuaires, élever des autels, accorder un pouvoir à des médailles, brûler des cierges, adresser des prières et des louanges, toutes ces formes de culte à la Vierge sont un retour en arrière, un retour aux pratiques païennes interdites par Dieu dans l’Ancien Testament. Dieu a donné à Moïse et au peuple d’Israël ce commandement :
« Tu ne feras point d’image taillée, de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… » (Exode 20.4-5 et Deutéronome 5.8-9).
Ainsi, le Seigneur réclame jalousement notre adoration tout entière. Il veut que notre culte s’adresse à Lui seul. Jésus, notre Sauveur, a lui-même rappelé l’importance de l’observation de la Loi et de l’obéissance aux commandements de Dieu. Dans Matthieu 5.17, il le dit ainsi :
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu, non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le Royaume des Cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le Royaume des Cieux ».
Or l’église Catholique a bel et bien supprimé, dans son enseignement, le deuxième commandement cité plus haut, dans lequel Dieu interdit la fabrication des images et leur culte. Tout le monde peut le vérifier en consultant la deuxième section du Catéchisme de l’église Catholique (édition 1992), consacrée aux 10 commandements donnés à Moïse : on y retrouve, avec quelques variantes, les textes de l’Exode et du Deutéronome, à l’exception du commandement sur l’interdiction des images et de leur culte, qui se trouve tout simplement supprimé.
Et on ne peut que le comprendre, tellement les statues et les images de la Vierge sont nombreuses dans le monde (sans compter celles des Saints que l’on vénère aussi).
« Tu ne fixeras aucune idole de bois à côté de l’autel que tu élèveras à l’Eternel, ton Dieu. Tu ne te dresseras point des statues, qui sont en aversion à l’Eternel, ton Dieu. » (Deutéronome 16.21-22).
« Car l’Eternel jugera son peuple, Et il aura pitié de ses serviteurs. Les idoles des nations sont de l’argent et de l’or, Elles sont l’ouvrage de la main des hommes, Elles ont une bouche et ne parlent point, Elles ont des yeux et ne voient point, Elles ont des oreilles et n’entendent point, Elles n’ont point de souffle dans leur bouche. Ils leur ressemblent ceux qui les fabriquent, Tous ceux qui se confient en elles. » (Psaume 135.14-18)
écarte de Dieu en conduisant à la désobéissance, la superstition et l’idolâtrie.
Puisque nous avons Jésus qui intercède pour nous auprès de Dieu, cette intercession est parfaite et suffisante. En venant dans notre monde, Jésus a offert à tout homme la possibilité de se réconcilier avec Dieu et de le prier en pratiquant un culte agréable à ses yeux.
« L’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.23-24).
Si nous avons quelque chose à demander à Dieu, nous pouvons l’obtenir par le nom de Jésus :
« Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jean 14.14).
« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez, et cela vous sera accordé » (Jean 15.7).
Face à ces enseignements et ces promesses données par le Christ, pourquoi l’église Catholique a-t-elle rajouté une autre forme de culte ? Ni Jésus, ni les apôtres, ni Marie elle-même ne sont à l’origine de ces dévotions. En encourageant les hommes à pratiquer des cultes à la Vierge, l’église Catholique rend confus le message de l’Evangile. On ne peut plus discerner clairement la personne de Jésus-Christ, notre Sauveur, si on y ajoute la personne de Marie « avocate, auxiliatrice, etc… ».
Or les grands sanctuaires et lieux de pèlerinage consacrés à Marie sont très nombreux en France et dans le monde. Leur caractère idolâtre, superstitieux, théâtral, ainsi que leur aspect commercial, représentent un véritable contre-témoignage à l’Evangile de Jésus et détournent, par leurs excès, les personnes qui cherchent sincèrement Dieu. L’église Catholique est donc grandement responsable de l’égarement de ces personnes. Et pourtant, les apôtres, inspirés par l’Esprit Saint, nous ont laissé avec le Nouveau Testament un enseignement clair, compréhensible, cohérent et suffisant. De même que notre Dieu est le seul Dieu, sa Parole est exclusive : aucun homme ne peut y ajouter quelque chose.
De plus, il ne faut pas perdre de vue que la multitude des statues et des sanctuaires édifiés en l’honneur de la Vierge, les nombreux lieux de pèlerinage avec leurs commerces et leurs exploitations touristiques discréditent la véritable église de Jésus-Christ aux yeux des non-croyants.
L’apôtre Pierre l’a prophétisé de cette manière :
« Il y aura parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux » (2 Pierre 2.1-2).
Pour que l’église de Jésus-Christ reste crédible aux yeux des hommes de notre siècle, il faut que ses témoins évangélisent dans le même esprit que l’ont fait les premiers apôtres, c’est-à-dire avec simplicité et désintéressement :
« Allez, prêchez, et dites : Le Royaume des Cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton; car l’ouvrier mérite sa nourriture » (Matthieu 10.7-10).
Est-ce bien cette image de simplicité que nous donnent les lieux de pèlerinage actuels ? Dans un article de la revue GEO, nous lisons ceci :
« Le tourisme religieux connaît dans le monde un essor considérable : 33,5 millions de visiteurs dans les lieux saints d’Italie, 33 millions en France (…). Lourdes est, en France, la ville la plus marquée par cette évolution. Elle enregistre la même affluence que la Tour Eiffel : 5 millions de visiteurs chaque année, contre 1 million en 1866. Au fil des temps, l’infrastructure touristique s’est alignée sur la ferveur des croyants : 350 hôtels, 4000 lits répertoriés (2ème cité hôtelière après Paris) et un taux d’occupation presque aussi fort dans les hôtels de luxe que dans les hôtels modestes. (…) Le chiffre d’affaires touristique de Lourdes est évalué à 2,4 milliards de francs par an. (…) Par ailleurs, la France a importé 38211 tonnes d’objets pieux en 1993, en provenance d’Italie, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne, du Portugal et de Chine. » (Sandra Labastie, revue GEO du mois de Juin 1995).
C’est la grande question ! En fait, beaucoup de gens sont prêts à reconnaître que les cultes à Marie ne sont pas indispensables à leur foi, mais tous sont retenus par les miracles, preuve -à leurs yeux- que, soit Marie, soit Dieu, répondent de cette manière favorablement aux prières et aux supplications.
On constate en effet que les miracles qui se produisent sur les hauts lieux des sanctuaires mariaux restent pour beaucoup la preuve irréfutable que Dieu approuve ces cultes et ces pratiques. Cela est bien humain. Qui n’a pas désiré voir, de ses propres yeux, un miraculé ou un fait prodigieux ? Cependant, Jésus n’a pas enseigné que les miracles devaient être considérés comme critère de base dans la foi. Il faut se souvenir ce qu’il a dit à l’apôtre Thomas :
« Parce que tu m’as vu (ressuscité), tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20.29).
Bien sûr, nous savons que Jésus a accompli de nombreux miracles, par compassion devant la misère des hommes, et aussi pour confirmer le caractère divin et surnaturel de sa mission dans notre monde.
La prédication des apôtres a également été accompagnée de signes miraculeux, que Dieu accomplissait pour rendre témoignage à ses serviteurs :
« Et le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la Parole par les miracles qui l’accompagnaient » (Marc 16.20).
Lorsque les apôtres faisaient des miracles, les foules étaient disposées à écouter et à croire leur témoignage :
« Les foules tout entières étaient attentives à ce que disait Philippe, lorsqu’elles apprirent et virent les miracles qu’il faisait » (Actes 8.6).
De sorte que, à notre époque, si nous sommes témoins de miracles, ceux-ci ne peuvent avoir une origine divine que s’ils servent à rendre gloire à Dieu, à son Fils Jésus-Christ, et sont l’œuvre de l’Esprit Saint.
N’oublions pas que Jésus nous a lui-même mis en garde en ce qui concerne les miracles :
« Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus » (Matthieu 24.24).
La plus grande prudence s’impose donc dans ce domaine. En effet, nous savons que, dans les grandes religions de l’Antiquité, aussi bien que dans l’Islam, le Bouddhisme, l’Hindouisme et bien d’autres religions actuelles, on retrouve des phénomènes extraordinaires : guérisons miraculeuses, visions, extases, communication de messages « divins », langues incompréhensibles, etc… Le simple jeu du psychisme humain peut aussi produire bien des phénomènes étonnants.
« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le Royaume des Cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les Cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connu, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7.21-23).
« Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11.14).
Par conséquent, une expérience religieuse extraordinaire peut provenir aussi bien d’en-bas que d’En-Haut. Seule la Parole de Dieu et les fruits durables pourront alors servir de critères valables. D’ailleurs, la Parole de Dieu ne nous avertirait pas avec tant d’insistance s’il n’y avait aucun danger de séduction pour les chrétiens.
Ne nous laissons ni influencer, ni impressionner par tous les phénomènes religieux, et ne courons pas ici ou là dans l’espoir de voir des prodiges :
« Si quelqu’un vous dit alors : le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas » (Matthieu 24.23).
N’oublions pas que Jésus nous a donné des conseils précieux si nous voulons trouver Dieu :
« Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matthieu 6.6)
ou :
« Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18.20).
La grande foule des lieux de pèlerinages n’est pas le signe d’une plus grande présence du Seigneur. Nous devons rester fidèles à l’Evangile des premiers chrétiens : c’est la source pure où notre âme assoiffée pourra se désaltérer. Un chrétien est attaché à Jésus exclusivement. Au moment de sa conversion, il est rempli de l’Esprit et l’Esprit, ne l’oublions pas, c’est la présence du Christ.
L’apôtre Paul écrivait aux Colossiens :
« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Jésus-Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui, qui est le Chef de toutes dominations et de toute autorité » (Colossiens 2.8-10).
« Qu’aucun homme, sous une apparence d’humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions et qu’il est enflé d’orgueil par ses pensées charnelles, sans s’attacher au Chef, dont tout le corps, assisté et solidement assemblé par des jointures et des liens, tire l’accroissement que Dieu donne » (Colossiens 2.18-19).
De la même manière, tous les livres du Nouveau Testament appellent les hommes à regarder vers Jésus-Christ et à vivre dans l’Esprit. Les cultes à Marie ne reposent sur aucune base biblique et sont issus de traditions humaines postérieures à l’église des premiers siècles. Un chrétien authentique, nourri de la Parole de Dieu et attaché à Jésus, son Sauveur et son Maître, ne peut ni ne doit prier Marie, ni annoncer la Bonne Nouvelle en y ajoutant la pratique de traditions humaines.
Pour finir, relisons le livre de l’Apocalypse. Il est la seule Révélation à laquelle doivent s’attacher les chrétiens ; et écoutons comment Jésus parle aux chrétiens de l’église de Philadelphie :
« Parce que tu as gardé la Parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apocalypse 3.10-11).
« A Celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau, soient la louange, l’honneur, la gloire et la force, aux siècles des siècles ! » Apocalypse 5.13
De mon enfance, j’ai surtout conservé le souvenir de l’aspect sentimental des cultes à Marie. Le joli mois de mai, consacré à la Vierge Marie par l’église Catholique, avec ses fleurs et sa douceur printanière, ramenait chaque année le pèlerinage à Notre-Dame des Vertus, protectrice de notre petite cité du Barrois : procession solennelle du tableau présentant une image vénérée, cinq fois centenaire, cantiques traditionnels, récitation du chapelet, et cérémonies diverses. Il nous arrivait aussi de baiser respectueusement ce tableau, de passer en-dessous (on disait « passer sous la bonne Notre-Dame »), ou de toucher l’extrémité du tissu qui habillait son reposoir. J’ai moi-même pratiqué ces gestes superstitieux avec la plus grande sincérité de cœur, et je pense que mes aînés les pratiquaient dans le même état d’esprit.
Devenu adulte, je n’ai pas abandonné ces pratiques, autant par respect des traditions religieuses que des habitudes familiales. Il y avait beaucoup de joie à renouer, chaque année, avec ces coutumes centenaires de notre petite ville. C’est ce qu’on appelle, dans l’église Catholique, l’attachement à ses racines, à ce qui a été la foi pieuse et respectable de nos ancêtres, et ce qui nous relie à eux. A l’époque, je connaissais mal la Bible, et on ne nous encourageait pas spécialement à la lire. Devenu organiste de notre église paroissiale, je me souciais en fait plus des cérémonies religieuses que de la recherche de la vérité en matière de foi.
Une première remise en question sérieuse a pu s’opérer à partir du jour où l’on m’a demandé de participer à la formation religieuse de jeunes adolescents. Après avoir commencé à enseigner la Bonne Nouvelle en recourant à des pédagogies et des manuels très divers que l’on m’avait conseillés, il m’est apparu qu’il serait plus simple et plus juste de partir directement de la Parole de Dieu. J’ai donc proposé à mes élèves de petites Bibles, avec lesquelles nous pouvions nous mettre à l’écoute de l’enseignement de Dieu.
Ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’en voulant m’en tenir strictement à la Parole de Dieu, il me devenait impossible de justifier certains enseignements et certaines pratiques de mon église. Le baptême des enfants, par exemple, devint une difficulté incontournable, parce qu’il n’était pas pratiqué dans le Nouveau Testament. Conscient de ma responsabilité devant Dieu de conduire des jeunes à Jésus-Christ, je ne voulais pas tricher avec sa Parole. Les cultes à la Vierge me gênaient pour la même raison.
Ce fut pour moi une période de remise en question et de quête sincère. J’avançais difficilement, parce que je n’avais qu’une perception intellectuelle de Dieu et je confondais les sentiments religieux avec ce qui aurait dû être une relation vivante et personnelle avec mon Créateur dans la prière.
Lorsque j’ai enfin pris la décision de me tenir à une lecture quotidienne et sérieuse de la Bible, Dieu a pu commencer à travailler dans mon cœur, me faire prendre conscience de mon état de perdition et me conduire à son Fils, Jésus-Christ, mon Sauveur. A ma conversion, il ne me servait plus à rien de prier Marie, puisque Dieu m’avait donné tout ce que l’église Catholique prétend trouver en elle, ainsi que je l’ai montré dans le début de ce texte.
Maintenant, je vis avec le Seigneur, et cela ne m’empêche pas de me réjouir en lisant les passages des Ecritures où l’on nous parle de Marie. C’est tellement plus beau de pouvoir la regarder comme elle nous est montrée dans la Bible, c’est-à-dire comme une simple créature humaine. Marie ne peut pas être un chemin qui, lui-même, conduirait au Chemin (Jésus), lequel nous amène au Père. De tout mon cœur, je prie le Seigneur pour qu’il conduise de plus en plus de personnes de l’église Catholique vers la seule source de Vérité : Jésus et sa Parole. Marie a dit :
« Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses » (Luc 1.46-48).
Oui, je joins ma voix à celle de toutes les générations qui disent Marie bienheureuse, mais je ne la prie plus, je n’ai plus besoin de ses statues ou de ses images, je ne lui brûle plus de cierges. Et j’ai la paix dans mon cœur, parce que chacun se retrouve à la place qui lui revient :
Dieu, notre Créateur, notre Père vers qui je fais monter ma prière et mon adoration,
et Marie, mère de Jésus-Christ mon Sauveur, que je regarde comme l’humble servante de l’Evangile (Luc 1.48), comblée de grâce par Dieu (Luc 1.28), et pour qui le Tout-Puissant a fait de si grandes choses (Luc 1.49).
À tous ceux ou celles qui, comme moi, ont récité des chapelets et des rosaires en quantité, je conseille la méditation et la prière journalière à l’aide des 150 merveilleux psaumes de la Bible. Et à ceux ou celles qui voient en Marie une sorte d' »ambassadrice » bien placée pour intercéder auprès de Dieu en leur faveur, je conseille de lire la Bible tout entière. Ils y découvriront un Dieu proche de ses créatures, attentif à leurs souffrances et prêt à répondre à celui qui se tourne vers lui.
Dans la merveilleuse parabole du fils prodigue, Jésus nous montre Dieu comme un Père qui court à la rencontre de son fils repentant et l’embrasse :
« Comme il (le fils) était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa » (Luc 15.20).
Les Psaumes nous invitent à remercier Dieu pour sa grande bonté :
« Qu’on proclame le souvenir de ton éternelle bonté, Et qu’on célèbre ta justice ! L’Eternel est miséricordieux et compatissant, Lent à la colère et plein de bonté. L’Eternel est bon envers tous, Et ses compassions s’étendent sur toutes ses œuvres. Toutes tes ?uvres te loueront, ô Eternel ! Et tes fidèles te béniront. » (Psaume 145.7-10)
Les Psaumes nous montrent aussi à quel point Dieu est attentif aux souffrances des hommes :
« L’Eternel soutient tous ceux qui tombent, Et il redresse tous ceux qui sont courbés. Les yeux de tous espèrent en toi, Et tu leur donnes la nourriture en son temps ; Tu ouvres ta main, Et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie. » (Psaume 145.14-16)
La Bible proclame que Dieu aime les hommes d’un amour que nous ne pouvons même pas imaginer :
« Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ; Autant l’orient est éloigné de l’occident, Autant il éloigne de nous nos transgressions ; Comme un père a compassion de ses enfants, L’Eternel a compassion de ceux qui le craignent. Car il sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière. » (Psaume 103.11-14)
Si nous respectons Dieu, si nous sommes fidèles à son Alliance et à ses commandements, nos lèvres déborderont de chants d’allégresse et de reconnaissance :
« Mais la bonté de l’Eternel dure à jamais pour ceux qui le craignent, Et sa miséricorde pour les enfants de leurs enfants, Pour ceux qui gardent son Alliance, Et se souviennent de ses commandements, afin de les accomplir. » (Psaume 103.17-18)
Oui, Dieu nous aime, et c’est Jésus seul qui conduit tout homme repenti au trône du Père céleste, à la source de la vie éternelle :
« Et l’un des vieillards prit la parole et me dit : ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ? Je lui dis : mon seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le Sang de l’Agneau. C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son Temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux; ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur, car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la Vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » (Apocalypse 7.13-17).
« Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
Pour avoir appartenu à l’Église Catholique pendant 40 ans, je sais trop bien ce que ces versets du chapitre 16 de l’Évangile de Matthieu peuvent représenter pour un fidèle de cette Église. Selon l’Église Catholique, c’est Jésus lui-même qui aurait institué la papauté à travers les évêques de Rome considérés comme les successeurs de l’apôtre Pierre à Rome.
Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, l’autorité du Pape est ainsi définie :
Art. n° 936 : « Le Seigneur a fait de Saint Pierre le fondement visible de son Église. Il lui en a remis les clefs. L’évêque de l’Église de Rome, successeur de Saint Pierre, est le chef du Collège des évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église tout entière sur cette terre ».
Art. n° 937 : « Le Pape jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes ».
C’est pourquoi de nombreux fidèles catholiques font avant tout confiance aux hauts responsables de leur Église : le Pape, les cardinaux et les évêques. À ces conducteurs, on peut aussi ajouter : les prêtres, les religieux et religieuses, ainsi que les érudits, théologiens, spécialistes du droit canon et autres docteurs.
Cette confiance va de pair avec la règle de l’obéissance et de la soumission à leurs guides. Mais aussi, qu’y a-t-il de plus rassurant pour un catholique que l’impressionnant quartier général du Vatican avec la Curie romaine, tout son appareil administratif et juridique, son inestimable patrimoine artistique, son rayonnement diplomatique (nonciatures) et l’image de marque du Pape si respectée dans le monde ? Cette puissance matérielle n’est-elle pas précisément la plus belle confirmation que Jésus veille sur l’Église Catholique et la comble de bénédictions ?
La papauté
L’Église Catholique repose sur une conception hiérarchique : à la base, les laïcs ou fidèles, et au-dessus d’eux, le clergé au sommet duquel se trouve le Pape, chef suprême.
La majorité des catholiques croit sincèrement que l’Église fondée par Jésus-Christ a toujours connu cette forme hiérarchique. Le Vatican présente, en effet, une liste sans faille de papes, depuis Pierre, considéré comme le premier, jusqu’aux papes de notre fin de XX° siècle ; Jean-Paul II serait le 264ème.
Beaucoup ignorent que la papauté n’existait pas dans l’Église primitive et que ce n’est qu’après l’avoir établie que l’on est allé rechercher les noms des premiers évêques de Rome pour reconstituer la filiation apostolique et ainsi confirmer la légitimité papale.
Avant de parler de la papauté, il faut d’abord relire ces fameux versets de l’Évangile qui font encore aujourd’hui sa fortune.
Voici ce que nous lisons en Matthieu 16.18-19 :
« Et moi, je te dis (Jésus s’adresse à l’apôtre Pierre) que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
I- « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église »
La traduction littérale du grec donne : « Tu es « caillou » et sur ce « rocher » je construirai mon Église ». Le jeu de mots transcrit en français fait de l’apôtre une pierre, la première pierre, en quelque sorte, que Jésus posera le jour de l’inauguration de la construction de son Église, c’est à dire, à la Pentecôte. En effet, ce jour-là, bien que les douze apôtres aient tous été remplis du Saint-Esprit, c’est Pierre qui prit le premier la parole devant la foule et eut ainsi le privilège d’inaugurer la construction de l’Église de Jésus-Christ :
« Alors, Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix, et leur parla en ces termes : Hommes juifs, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez ceci et prêtez l’oreille à mes paroles ! » (Actes 2.14).
II- « Les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle »
Ou la mort ne pourra rien contre l’Église de Jésus-Christ qui est le Premier ressuscité d’entre les morts.
III- « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux »
Avec ces clefs, Pierre va ouvrir les portes du Royaume des cieux, donner ainsi libre accès à la grâce que Dieu offre aux hommes par le sacrifice de son Fils mort sur la croix pour nos péchés (Jean 3.16). Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons, en effet, Pierre ouvrir la porte du Royaume successivement :
aux Juifs (à Jérusalem le jour de la Pentecôte ; Actes 2),
aux Samaritains (mi-Juifs, mi-païens ; Actes 8),
aux païens (chez l’officier romain Corneille ; Actes 10).
Ainsi se trouvait réalisée la promesse que Jésus avait faite à ses apôtres :
« Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités des la terre » (Actes 1.8).
Les portes étant ouvertes, il restait aux apôtres et aux futures générations de disciples à poursuivre l’œuvre ainsi inaugurée par Pierre. Cependant, dans tout cela, nous ne devons jamais oublier que Dieu reste le Maître Souverain ; les hommes qui annoncent sa Bonne Nouvelle ne sont que des instruments dans sa main.
IV- « Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux »
Lier et délier signifiait dans le langage des rabbins : interdire ou permettre.
Ici, il faut d’abord remarquer que cette prérogative n’est pas particulière à Pierre puisqu’en Matthieu 18.18, Jésus l’accorde aussi à l’ensemble de ses disciples :
« Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les cieux »
Il s’agit de l’autorité que les apôtres exerceront dans l’Église par l’Esprit Saint :
« Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10.16).
Ainsi les hommes qui accepteront le message de l’Évangile seront déliés de la servitude du péché et du pouvoir de la mort, tandis que les hommes qui le rejetteront resteront liés.
Ce que Jésus a institué
Pierre (et les apôtres) ont donc bien été institués par Jésus pour servir de fondations à son Église. Et tout homme qui a choisi de reconnaître en Jésus son Sauveur devient à son tour une « pierre vivante » de cette Église :
« et vous-même, comme des pierres vivantes, édifiez vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ » (1 Pierre 2.5).
Cependant, dans l’édification de l’Église, ne perdons jamais de vue que le seul fondement est le Christ :
« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Corinthiens 3.11).
De même, Pierre n’a-t-il pas dit devant le sanhédrin :
« Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle » (Actes 4.11).
Pour ordonner les idées
« Lorsqu’il fut dans la maison, Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin ? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous ». (Marc 9.33-35)
La question que nous posons, à présent, est : à travers les deux versets de Matthieu 16.18-19, peut-on voir l’institution claire par Jésus de la papauté de l’Église Catholique ?
Ce qui est incontestable
Comme nous venons de le voir, il est incontestable que le Christ a désigné Pierre comme un apôtre privilégié dans l’inaugura-tion du Royaume offert par Dieu aux hommes.
Les évangiles nous montrent que Pierre était un homme solide, énergique, enthousiaste, impulsif. A partir de la Pentecôte, les Actes nous révèlent un Pierre rempli de conviction, courageux, absolument sans crainte, entraînant les onze dans son sillage. Enfin, on doit remarquer que chaque fois que le Nouveau Testament donne la liste des 12 apôtres, Pierre est cité en premier (Matthieu 10.2-4, Marc 3.16-19, Luc 6.14-16, Actes 1.13).
Ce qui est vraisemblable
En tant que chef des douze il est probable que Pierre ait visité certains centres de l’Église dans le monde romain.
L’Ecriture ne nous donne aucune indication en dehors de ses deux épîtres. La plupart des spécialistes sont d’accord pour dire qu’il est vraisemblable que Pierre soit allé à Rome et y soit mort martyr, mais ce n’est pas sûr.
Ce qui est impossible
Il n’est pas possible que l’on fasse dire à Jésus, en lisant Matthieu 16.18-19 qu’il désignait Pierre comme le chef de toute la chrétienté et à travers lui, tous les évêques de Rome qui ont pris plus tard le nom de Pape.
En effet, nul n’a besoin d’être un historien érudit pour prouver que les premiers évêques de Rome ne se faisaient pas appeler « papes » et qu’ils n’exerçaient aucune autorité spirituelle sur l’ensemble de l’Église. D’ailleurs, les historiens catholiques eux-mêmes le reconnaissent.
Si Jésus avait vraiment désiré que l’ensemble de la chrétienté reste soumise à un haut responsable humain, en l’occurrence Pierre et les futurs évêques de Rome, il l’aurait dit clairement, de manière à ce que cette autorité soit incontestable et ne devienne pas, par la suite, source de divisions internes dans son Église, comme ce sera le cas avec la papauté romaine. De plus, Jésus aurait demandé aux autres apôtres de se soumettre à l’autorité spirituelle de Pierre. Et, bien sûr, la reconnaissance de cette autorité spirituelle aurait commencé à apparaître dès les écrits du Nouveau Testament.
On peut enfin remarquer que le verset de Matthieu « Tu es Pierre… » ne se rencontre qu’une seule fois dans tout le Nouveau Testament ; même Marc, le secrétaire de Pierre, ne le mentionne pas.
Ce qui est malheureusement vrai
C’est que l’église de Rome, en raison de son importance de plus en plus grande, a fini par dominer l’ensemble de la chrétienté. Pour justifier sa primauté, elle s’est appuyée après coup sur les fameux versets de Matthieu 16.18-19 et a reconstitué a posteriori la liste des « premiers papes ». On est alors passé de l’Église Universelle de Jésus-Christ à l’Église Catholique romaine. Au fil des siècles, les chrétiens restés fidèles à Jésus et sa Parole, ou désirant y revenir, se retrouveront dès lors en position marginale face à la puissante Institution romaine.
En bref : les papes revendiquent la suprématie dans l’Église au titre de successeurs de Pierre, auquel, disent-ils,
le Seigneur a exclusivement confié les clefs du Royaume des cieux (Catéchisme de l’Église Catholique, art. n° 936).
En réalité, tout disciple de Jésus sait que son Sauveur est :
« le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et personne ne fermera, celui qui ferme et personne n’ouvrira ». (Apocalypse 3.7).
Nous venons de montrer qu’il n’est pas possible de faire dire à Jésus qu’il avait institué le système de la papauté dans ces fameux versets de l’évangile de Matthieu.
Cela nous est confirmé par les écrits du Nouveau Testament dans lesquels on voit l’Église des premiers siècles fonctionner sans chef suprême. Aucun apôtre, que ce soit Pierre, Paul ou un autre, ne réclame la soumission de l’Église à son autorité. Tous sont soumis à Jésus, leur Sauveur et Seigneur, et agissent sous la conduite de l’Esprit Saint.
C’est pourquoi nous allons maintenant chercher à voir :
comment fonctionnait le gouvernement de l’Église primitive ;
comment, par la suite, la papauté a pu s’imposer progressivement dans l’Église.
L’Église primitive et son gouvernement
Tout d’abord, cette Église n’avait qu’un seul but : elle prêchait l’Évangile du Salut et rien de plus :
« Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2.2).
Et cela, comme le dit l’apôtre Paul, sans « supériorité de langage ou de sagesse » (1 Corinthiens 2.1) c’est-à-dire avec humilité.
Cette Église se laissait conduire par l’Esprit Saint :
« Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance » (1 Corinthiens 2.4).
Et Jésus-Christ en était véritablement la tête :
« Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Actes 2.47).
Les écrits du Nouveau Testament nous font voir le travail et la persévérance des apôtres et des disciples pour répandre la Bonne Nouvelle et établir les fondements du Christianisme.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait pas de difficultés, car des loups, dès le début, ont essayé de se glisser dans la bergerie. Nombreuses sont les mises en garde que nous pouvons lire dans le Nouveau Testament, telle celle-ci, adressée par l’apôtre Paul aux chrétiens de Galatie :
« Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Évangile de Christ » (Galates 1.6-7).
L’organisation de l’Église primitive s’appuie sur les enseignements laissés par les apôtres. Christ est le chef de l’Église :
« Et il (Jésus) a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’hommes faits, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottant et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Ephésiens 4.11-15).
Dans cette liste, le grand absent est… le « pape » !
Chacun reçoit de l’Esprit Saint un don, le rendant participant à la vie de l’Église :
« Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à un autre la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit; à un autre, le don d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l’interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun comme il veut » (1 Corinthiens 12.7-11).
À cette époque, c’est donc bien Jésus qui bâtit son Église. D’ailleurs, n’avait-il pas dit à Pierre :
« Tu es Pierre, et sur cette pierre JE bâtirai MON Église ».
Comment est-on passé de la simplicité de l’Évangile et de la pauvreté de l’Église primitive au système catholique romain et à sa puissante organisation matérielle ? C’est ce que nous nous proposons d’expliquer à travers ces quelques jalons dans l’histoire de l’Église.
« Il s’éleva parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ? Jésus leur dit : les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Luc 22.24-26).
Remarque préliminaire :
Pendant les trois premiers siècles de l’Église, les évêques étaient choisis par le peuple de leur diocèse. Pour cette raison, les évêques de Rome de cette période n’ont pas pu exercer une autorité spirituelle sur l’ensemble de la chrétienté.
Fin IV° siècle :
Rome, Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie ont une autorité égale.
En 395 :
l’empire romain se scinde en deux parties : l’empire d’Occident (capitale Rome) et l’empire d’Orient (capitale Constantinople). Petit à petit, la recherche de la suprématie sur la chrétienté se jouera entre Rome et Constantinople.
En 451 :
le concile œcuménique de Chalcédoine donne au patriarche de Constantinople les mêmes prérogatives qu’à l’évêque de Rome.
Au VI° siècle :
l’évêque de Rome, Grégoire le Grand, indigné d’apprendre que l’évêque Jean de Constantinople prétendait se nommer « évêque universel », lui en fait reproche en ces termes : « Par quelle audace et par quel orgueil vous efforcez-vous de vous emparer de ce titre nouveau qui peut scandaliser tous les frères ?… S’emparer de ce titre impie, c’est imiter Satan ».
En 607 :
le pape Boniface III s’élève en qualité d’évêque universel et se déclare pape.
Au cours du VII° siècle :
les territoires d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord, berceaux du christianisme, tombent aux mains des musulmans, affaiblissant ainsi la partie orientale de l’Église.
Milieu VIII° siècle :
le pape Etienne II hérite en Italie centrale de territoires importants autour de Rome et de Ravenne. Il est reconnu comme un souverain et exerce désormais un pouvoir temporel (que les papes conserveront jusqu’en 1870).
Jusqu’en 869 :
presque tous les conciles œcuméniques avaient lieu à Constantinople, en langue grecque (langue du N.T.). Le concile de Constantinople en 869 sera le dernier concile œcuménique. Désormais, l’Église Grecque tient ses propres conciles et l’Église Romaine les siens.
En 1054
a lieu le grand schisme de la chrétienté qui marque la rupture définitive entre les Églises d’Orient et d’Occident.
Jusqu’à la Réforme (XVI° siècle) :
les papes de Rome s’imposent comme chefs de l’Église Universelle.
Innocent III (1198-1216) :
ce pape s’arroge les titres de « vicaire du Christ » (vicaire : suppléant, remplaçant), « vicaire de Dieu », « souverain suprême de l’Église du monde ».
Boniface III (1294-1303)
a dit : « Nous déclarons, affirmons, précisons et prononçons qu’il est tout à fait nécessaire pour le Salut de chaque créature qu’elle soit soumise au Pontife de Rome » (bulle « Unam Sanctam »).
Léon XII (1823-1829)
condamne toute liberté religieuse : « quiconque est séparé de l’Église Catholique Romaine, aussi irréprochable soit-il par ailleurs, n’a aucune part à la vie éternelle ».
Pie IX, en 1870,
décrète l’Infaillibilité Papale. Le Concile Vatican II a confirmé le dogme de l’Infaillibilité dans la constitution dogmatique « Lumen Gentium » sur l’Église, en date du 21 Novembre 1964. De nos jours, même parmi les responsables, peu de catholiques sont conscients du caractère blasphématoire de cette déclaration.
Les titres des Papes
À propos de l’expression « Vicaire du Christ »
Aucun homme ne peut se donner le titre de remplaçant ou suppléant du Christ pour la simple raison qu’un homme ne sera toujours qu’une simple créature et ne peut, par nature, prétendre représenter sur terre le Fils de Dieu.
Jésus avait d’ailleurs averti les apôtres qu’après son départ, il leur laisserait un suppléant, un remplaçant :
« Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous » (Jean 14.16-17).
Par son Esprit Saint, Jésus est donc toujours présent au milieu de ses fidèles disciples, ainsi qu’il l’a promis :
« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28.20).
À propos du mot « Pape »
Le mot « Pape » signifie « Père ». L’emploi de ce mot pour désigner un conducteur spirituel avait été fermement condamnée par Jésus :
« N’appelez personne sur la terre votre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux » (Matthieu 23.9).
À propos du titre « Souverain Pontife » ou « Pontife Romain »
Ce titre que se donnent les papes est l’ancien titre que portait le chef de l’ensemble des prêtres des différents cultes païens de Rome (« Pontifus Maximus »). Il rappelle donc les superstitions et cultes païens de Rome.
Quels sont les titres que l’apôtre Pierre se reconnaissait ?
Dans le début de sa seconde lettre, Pierre se donne les titres suivants :
« Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ » (2 Pierre 1.1),
et dans sa première lettre, il se place à égalité avec les anciens de l’Église en disant :
« moi ancien comme eux » (1 Pierre 5.1).
« Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. » (Jean 12.34)
Si nous reprenons depuis le début, nous pouvons maintenant affirmer que :
Jésus n’a pas institué la papauté,
l’Église a fonctionné sans système hiérarchique et sans chef suprême humain dans ses débuts,
la papauté s’est installée tardivement et progressivement par le concours de circonstances politiques particulières.
Admettons ! me direz-vous. Mais ne pourrait-on pas convenir que, instituée ou pas par Jésus, la papauté étant devenue par la suite une réalité incontournable, on peut tout de même considérer qu’elle a hérité de la succession apostolique et qu’elle a apporté, à sa manière, sa contribution à l’édification de l’Église Universelle ?
Pour répondre à cette question, nous regarderons à présent :
Ce que l’on peut entendre par « succession apostolique »
Quelle fut la fidélité des papes à l’égard de Jésus et sa Parole ainsi qu’à l’égard de l’enseignement des apôtres, et plus précisément de celui de Pierre.
Tradition apostolique et tradition ecclésiastique
Le principe de la papauté est aussi étroitement lié, dans l’Église Catholique, à la revendication de la succession apostolique.
« L’Église est apostolique : elle est bâtie sur des assises durables : les 12 apôtres de l’Agneau (Apoc.21.14) ; elle est indestructible ; elle est infailliblement tenue dans la vérité : le Christ la gouverne par Pierre et les autres apôtres, présents en leurs successeurs, le Pape et le collège des évêques ».
« L’unique Église du Christ, dont nous professons dans le Symbole qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique (…), c’est dans l’Église Catholique qu’elle existe, gouvernée par le successeur de Pierre et par les évêques qui sont en communion avec lui, encore que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures ». (Catéchisme de l’Église Catholique, art. n° 869 et 870).
Ici encore, il est nécessaire de bien ordonner les idées. L’œuvre des douze apôtres et de Paul, telle que la relatent les écrits du Nouveau Testament, est manifestement conduite par l’Esprit Saint. Mais peut-on en dire toujours autant de l’œuvre de tous leurs successeurs, des premiers temps de l’Église à nos jours ? C’est pourquoi il est nécessaire d’établir une distinction entre tradition apostolique et tradition ecclésiastique.
La tradition apostolique :
C’est la transmission de la Révélation de la Nouvelle Alliance par les apôtres choisis et formés par Jésus, ainsi que par l’apôtre Paul que le Seigneur a appelé plus tard en se révélant à lui. Cette tradition a été fixée de manière définitive dans le Canon du Nouveau Testament.
La tradition ecclésiastique (ou ecclésiale) :
C’est la transmission de la Nouvelle Alliance par les successeurs des apôtres. Cette transmission, par sa nature, ne peut être qu’entièrement soumise à la tradition apostolique contenue dans la Bible. Car Jésus a dit :
« Si vous demeurez dans mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples » (Jean 8.31).
Il est donc clair qu’en fondant notre foi sur le Nouveau Testament, nous observons également la véritable tradition apostolique et que toute tradition ecclésiastique ne peut être respectable que si elle n’entre pas en contradiction avec les Saintes Ecritures.
Nous savons très bien, par les écrits du Nouveau Testament, que dès ses débuts, l’Église de Jésus-Christ n’a pas été à l’abri des querelles et des divisions. C’est ce sujet que l’apôtre Paul aborde dans le début de sa première lettre à l’église de Corinthe :
« Car, mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas (Pierre) ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » (1 Corinthiens 1.11-13).
Lorsque l’Église Catholique revendique avec insistance sa légitimité, son authenticité, sa primauté sur la chrétienté en se réclamant de l’apôtre Pierre, elle ne fait rien de moins que la jeune église de Corinthe. En commençant à porter leurs regards vers les hommes, au lieu de les fixer sur la personne de leur Sauveur, nombreux furent les chrétiens qui ont commencé à dévier de la ligne droite de l’Évangile. Face à ce danger, les premiers conciles ont combattu avec ardeur les hérésies. Malheureusement, en pactisant avec les pouvoirs politiques, des chrétiens sont parvenus à dominer sur les autres. C’est le passage de la tradition apostolique à la tradition ecclésiastique ou cléricale, de l’humble service de l’Évangile à la fonction de dignitaire ecclésiastique.
Il est évident que lorsque l’Église romaine s’est élevée aux yeux des hommes, cumulant pouvoir temporel et pouvoir spirituel, elle a montré en même temps qu’elle ne suivait plus les recommandations de l’apôtre Pierre :
« Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. Et lorsque le souverain Pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire. » (1 Pierre 5.1-4).
Quelques exemples d’infidélité des Papes à Jésus-Christ et à la tradition apostolique
Nous voudrions maintenant aborder quelques domaines au sujet desquels les papes ont particulièrement imposé leurs points de vue et pouvoirs de décision.
À ces différentes questions qui se sont posées au long de l’histoire de la chrétienté, nous donnerons les réponses que Jésus avait par avance fournies (Évangiles) et celles que l’apôtre Pierre a lui-même laissées dans ses lettres.
Ce que Pierre n’aurait pas fait s’il avait été Pape.
Le célibat dans le clergé
L’apôtre Pierre n’aurait pas imposé le célibat comme norme aux serviteurs de Dieu :
parce que Jésus ne l’a pas ordonné (obéissance à Jésus) ;
parce qu’il était lui-même marié. Deux passages du Nouveau Testament nous le rappellent :
« Jésus se rendit ensuite à la maison de Pierre, dont il vit la belle-mère couchée » (Matthieu 8.14).
« N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme le font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas (Pierre) ? » (1 Corinthiens 9.5).
L’infaillibilité du Pape
S’il avait été pape, l’apôtre Pierre n’aurait jamais revendiqué l’infaillibilité, parfaitement conscient de la faiblesse humaine, à commencer par la sienne :
Il ne pouvait, en effet, avoir oublié ce que Jésus lui avait reproché à un moment de sa vie : « Tu m’es en scandale, car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (Matthieu 16.23).
De même, après la Pentecôte, ayant à un moment fait preuve de faiblesse, il avait été repris légitimement par l’apôtre Paul : « Mais lorsque Céphas (Pierre) vint à Antioche, je (Paul) lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible » (Galates 2.11).
Ce qui, par la suite, n’a pas empêché Pierre de rendre témoignage à son frère Paul en ces termes :
« Croyez que la patience de notre Seigneur est votre Salut, comme notre bien aimé frère Paul vous l’a écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée » (2 Pierre 3.15).
Croisades et Inquisition
S’il avait été pape, l’apôtre Pierre n’aurait pas entraîné la chrétienté dans les sanglantes et inutiles croisades, ni dans l’abominable Inquisition.
Parce qu’il ne pouvait pas avoir oublié la leçon de Jésus à Gethsémané : « remets ton épée en place, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée » (Matthieu 26.52).
Fidèle à son maître « doux et humble de cœur » (Matthieu 11.29), l’apôtre a écrit : « mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite » (1 Pierre 1.15).
NDLR: le sujet des croisades et des motivations associées est complexe. Les croisades ont aussi été une réponse nécessaire à une secte fasciste envahissant l’Europe: L’Islam. (Cf. Proverbes 26:3; Exode 21:12 ) La société ne doit pas non plus laisser croître le mal, le meurtre, la tyrannie et l’esclavagisme. Et aujourd’hui, la majorité des musulmans préférerait travailler en Europe et vivre chez les chrétiens, plutôt que dans leurs pays musulmans respectifs, qui sont au mieux chaotiques et corrompus.
Censure de la Bible
S’il avait été pape, l’apôtre Pierre n’aurait pas censuré la Bible, Parole de Dieu, en faisant interdire sa lecture, en combattant sa diffusion et en refusant de la reconnaître comme source unique d’autorité dans l’Église1 :
Parce qu’il avait entendu Jésus dire :
« Celui qui ne m’aime point ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé » (Jean 14.24).
Parce qu’il a enseigné lui-même que la Parole de Dieu opère une œuvre de régénération dans le cœur de l’homme converti :
« Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1.23).
Exercice du pouvoir temporel
S’il avait été pape, l’apôtre Pierre aurait refusé catégoriquement d’exercer un pouvoir temporel en plus de ses responsabilités d’apôtre de Jésus-Christ :
Sachant que Jésus avait répondu à Pilate :
« Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18.36)
Et aussi parce qu’il a recommandé à ses frères en Christ d’être :
« soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie par les hommes, soit comme roi, soit comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien » (1 Pierre 2.13-14)2.
Argent et exercice du pouvoir spirituel
S’il avait été pape, l’apôtre Pierre aurait refusé de mêler l’argent à l’exercice de ses responsabilités spirituelles :
Parce qu’il connaissait l’enseignement de son Maître dans ce domaine :
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10.8).
Parce qu’il a lui-même mis en garde contre toute exploitation du pouvoir spirituel :
« Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement » (2 Pierre 5.2).
L’exercice du pouvoir temporel, Les croisades sanguinaires, Les tortures et les bûchers de l’Inquisition, Les persécutions et les massacres de populations innocentes, Le rejet et le bannissement des frères fidèles à l’Évangile, L’interdiction et l’opposition à la lecture de la Bible, Le scandale des papes qui ont acheté la papauté et ont tiré profit en vendant des fonctions ecclésiastiques, Le luxe outrancier et la décadence des papes de la Renaissance, La construction de la monumentale basilique Saint Pierre de Rome avec l’argent des indulgences, Etc…
Certes, me direz-vous, on ne peut pas excuser tous ces excès de la papauté, mais il faut relativiser, restituer dans le contexte historique, savoir excuser la faiblesse humaine. De toutes façons, c’est du passé et on ne peut pas réécrire l’histoire. Et puis, chacun sait que la papauté et l’Église Catholique du XX° siècle n’offrent plus maintenant le même visage. Le Concile Vatican II, les progrès de l’œcuménisme et l’audience des papes dans le monde actuel ne témoignent-ils pas suffisamment de l’esprit évangélique qui souffle sur l’Église Catholique de cette fin de siècle ?
« Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon qu’est son œuvre. » (Apocalypse 22.12)
C’est vrai, les médias donnent des papes de cette fin de XX° siècle une image sympathique et positive. Mais l’Église Catholique a-t-elle vraiment changé ?
C’est ce que nous nous proposons d’observer en jetant un regard sur les grandes actions menées par les papes durant cette fin de millénaire, et particulièrement sur :
le Concile Vatican II,
l’œcuménisme,
l’audience des papes dans le monde contemporain.
Le Concile Vatican II
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner, et pour nous pardonner de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous. » (1 Jean 1.9-10)
Certainement, l’Église Catholique du XX° siècle ne peut être tenue responsable des atrocités et des injustices pratiquées dans le passé. C’est pourquoi on pouvait s’attendre, au Concile Vatican II, à voir les responsables de cette Église entreprendre en premier lieu une œuvre de purification.
La situation de décadence spirituelle de l’Église Catholique à la fin du XIX° siècle était comparable à celle qu’avait connue dans l’Antiquité le royaume de Juda, peu avant sa déportation à Babylone (Voir l’Ancien Testament). À cette époque, l’histoire du roi Josias (639 à 608 av. J.C.) nous offre un bel exemple de courage et de volonté de réforme religieuse. Découvrant à 26 ans le « Livre de la Loi », il entreprit les réformes les plus radicales que Juda ait connues.
« Lorsque le roi entendit les paroles de la Loi, il déchira ses vêtements ».
Il donna cet ordre :
« Allez, consultez l’Eternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé, car grande est la colère de l’Eternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Eternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre » (2 Chroniques 34.19,21-22).
Tous les péchés commis sous la responsabilité de l’Église Catholique ont été la conséquence d’un abandon de la Parole de Dieu dans le passé. Nous avons montré précédemment que les outrages commis par les papes étaient clairement dénoncés par la Bible. À l’instar du roi Josias, l’assemblée du Concile Vatican II aurait dû, en premier lieu, « déchirer ses vêtements », c’est-à-dire se repentir. Et, à l’exemple de Josias, entreprendre des réformes permettant de revenir à une stricte obéissance à l’enseignement du Nouveau Testament et à sa mise en pratique.
A) Le dogme de l’infaillibilité
Et d’abord, il était vital de revenir sur le fameux dogme de l’Infaillibilité du Pape, proclamé en 1870. Cela pour deux raisons :
Aucun homme ne peut prétendre être infaillible. Cela est possible à Dieu seul.
En ne renonçant pas à l’infaillibilité, on cautionnait du même coup toutes les fautes commises dans le passé. Autrement dit, on ne les reniait pas et on ne demandait pas pardon à Dieu pour le sang innocent qui avait été versé.
Apocalypse 6.9-11 : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la Parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte, en disant : Jusques à quand, Maître Saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? Une robe blanche fut donnée à chacun d’eux ; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu’à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux ».
B) Les cultes à la Vierge
Il devenait aussi urgent, à ce Concile, d’endiguer la montée de l’idolâtrie mariale. Face à la multiplication des apparitions de la Vierge dans le monde et devant la confusion engendrée par leurs révélations, il fallait redire clairement que les prières et les cultes à Marie n’ont jamais été enseignés par les apôtres.
Puisqu’ils se présentent encore comme les véritables héritiers de la pure tradition apostolique, les responsables de l’Église Catholique ne peuvent pas faire moins que d’imiter les apôtres dans leur enseignement. Ils doivent se borner à enseigner la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, à diriger les hommes qui cherchent Dieu vers Jésus, leur Sauveur.
« Allez partout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15-16).
C) Le dogme de la transsubstantiation
En troisième lieu, le Concile Vatican II devait retirer l’irrespectueux dogme de la transsubstantiation. Cette doctrine a été souvent combattue dans le passé, même par de grands docteurs catholiques. Elle est une offense permanente à la personne de notre Sauveur.
Les apôtres et l’Église primitive pratiquaient respectueusement le « repas du Seigneur » (1 Corinthiens 11.20) en mémoire de Jésus, c’est-à-dire pour se rappeler l’œuvre grande et unique du sacrifice de Jésus sur la croix pour sauver l’humanité.
Les Ecritures ne disent pas que Jésus a donné aux apôtres, le soir du dernier repas, un « pouvoir » pour rendre réellement présent son corps et son sang dans le pain et le vin, ainsi que le définit le dogme de la transsubstantiation (qui ne date que de… 1215 !)3.
Nous ne voyons pas non plus dans le livre des Actes les apôtres transmettre ce pouvoir à d’éventuels successeurs, ainsi que le pratique l’Église Catholique.
Et la présence de Jésus dans l’hostie enfermée dans le Tabernacle n’est pas enseignée dans le Nouveau Testament. Jésus a dit clairement :
« Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24).
Les 16 textes du Concile Vatican II
9 décrets, 3 déclarations et 4 constitutions furent publiés. Plus de 2000 évêques ont participé aux travaux.
Cependant, contrairement à toute attente, il n’a pas été question durant ce concile de réviser les dogmes romains. Tous les participants ont été tenus de souscrire d’emblée à la profession de foi du Concile de Trente. La suprématie du pape sur le concile a été maintenue. Pourrait-on d’ailleurs changer ou supprimer des dogmes « infaillibles » ?
Pour les fidèles catholiques, les réalisations de ce concile se sont principalement concrétisées dans la rénovation des liturgies et le remplacement du latin par la langue vernaculaire. On peut aussi remarquer que Vatican II s’est prononcé en faveur de la liberté religieuse (en se basant d’ailleurs plus sur le droit naturel que sur l’Évangile).
L’Œcuménisme, une ouverture de l’Église Catholique, une main tendue vers les autres chrétiens ?
Après être restée volontairement en marge de ce mouvement, l’Église Catholique lors du concile Vatican II a encouragé ses fidèles « à prendre part active à l’effort œcuménique ». Le concile précise que
« dans l’action œcuménique, les fidèles de l’Église Catholique, sans hésitation, se montreront pleins de sollicitude pour leurs frères séparés ; ils prieront pour eux, parleront avec eux des choses de l’Église, feront vers eux les premiers pas ».
Le décret sur l’œcuménisme de Vatican II (Unitatis Redintegratio) rappelle bien entendu que l’Église Catholique se considère comme dépositaire de la plénitude des richesses de la Révélation.
La grande et belle idée de l’œcuménisme tient en ceci : beaucoup de chrétiens du XX° siècle vivent séparés les uns des autres pour des raisons qui appartiennent au passé. Dépassons donc cet esprit de querelles et de divisions pour nous donner la main en regardant tous vers Jésus-Christ. De nombreux versets bibliques peuvent servir d’assise à ce type de raisonnement. Par exemple, lorsque Jésus dit :
« À ceci tous connaîtrons que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35).
Ou encore, lorsque l’apôtre Jean rappelle :
« Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1 Jean 4.11).
Certes, il ne peut qu’être profitable aux croyants des nombreux courants d’églises de se réunir, d’apprendre à se connaître et à s’écouter pour s’unir dans la prière et l’adoration.
Mais peut-on raisonnablement penser que Dieu va bénir l’union de chrétiens dont certains ne seraient pas restés fidèles à sa Parole ?
En réalité cette grande union chrétienne que beaucoup voudraient réaliser dans l’œcuménisme s’est toujours trouvée dans la véritable Église de Jésus-Christ. Cette Église, qui n’est pas une Institution humaine, rassemble, de la Pentecôte à nos jours, tous les enfants de Dieu, les croyants nés de nouveau, ceux qui ont reçu la vie dans l’Esprit parce qu’ils ont obéi à Dieu et non aux hommes.
L’obéissance à la Parole de Dieu est la condition primordiale à la vie avec Dieu. C’est ce qu’ont fermement rappelé Pierre et les autres apôtres face au sanhédrin :
« Nous sommes témoins de ces choses (le Salut en Jésus-Christ), de même que le Saint Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Actes 5.32).
L’audience des papes dans le monde contemporain
« Tandis que tout le peuple l’écoutait, il dit à ses disciples : Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques ; qui recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins; qui dévorent les maisons des veuves, et qui font pour l’apparence de longues prières. Ils seront jugés plus sévèrement. » (Luc 20.45-47)
De nos jours, le pape n’est plus le chef politique que du petit état du Vatican. Cependant, lui-même et ses cardinaux sont honorés, dans leurs déplacements, comme des chefs d’états. De plus, le Vatican déploie une grande activité diplomatique.
Le Vatican ne se contente pas non plus de ces relations avec des hommes d’Etat. Il participe aussi activement à des rassemblements inter-religieux de grande envergure. Récemment, par exemple, le pape Jean-Paul II a défrayé la chronique en invitant à Assise des chefs des grandes religions du monde, avec lesquels il a prié.
Beaucoup ont été fascinés par cet événement, d’autres ont été choqués. Cet élargissement des vues œcuméniques aux grandes religions mondiales n’est malheureusement pas sans conséquences graves. Et que dirait Jésus … (« Je suis le chemin, la vérité et la vie », Jean 14.6).
1°) Il faut bien faire la différence entre le Saint-Esprit et les esprits invoqués dans les religions non chrétiennes.
L’apôtre Paul nous met en garde en nous rappelant que
« nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ephésiens 6.12).
Il ne peut, en effet, y avoir de communion spirituelle dans la prière entre quelqu’un qui dirait s’adresser à Dieu par l’Esprit-Saint et des chefs religieux païens qui invoquent des esprits. C’est un outrage à Jésus-Christ, mort pour nous arracher au monde des ténèbres que d’accorder aux esprits la même importance qu’à notre Seigneur. C’est aussi la preuve que l’Église Catholique, dans le cas de la réunion d’Assise, entraîne ses fidèles vers une confusion de plus en plus grande.
2°) Jésus et les apôtres n’ont jamais cherché à rencontrer les hauts responsables des religions de leur époque.
Depuis le jour de la Pentecôte, il est offert aux hommes de se convertir en recevant Jésus comme Sauveur, et c’est le seul message qu’un chrétien ait à transmettre. Réunir les grandes religions du monde pour tenter de former une entente, c’est recommencer l’histoire de la tour de Babel que nous trouvons dans le livre de la Genèse. Si tous les hommes parviennent à s’entendre pour former un nouvel ordre mondial religieux, ce sera une grande œuvre de séduction contre Dieu. Et s’il se trouve parmi ces hommes des gens qui se disent chrétiens, ce sera aux yeux de Dieu un acte de prostitution spirituelle (l’Église, dans le livre de l’Apocalypse, est appelée l’Épouse de Jésus-Christ, « la femme de l’Agneau », 21.9).
Dans un tel contexte, les conducteurs de l’Église romaine pourraient bien reprendre à leur compte cette prophétie de Jérémie à Israël :
« Oui, comme une femme trahit son amant, vous m’avez trahi, maison d’Israël. Oracle de l’Eternel » (Jérémie 3.20).
Vatican : quel témoignage aux yeux du monde ?
Comme Lourdes, la cité du Vatican offre aux yeux du monde (chrétien aussi bien que non-chrétien), une image équivoque, bien éloignée de l’esprit de l’Évangile.
Pélerins et touristes peuvent y admirer des collections de musées parmi les plus riches du monde et visiter de somptueux et grandioses palais. Aucune cité au monde ne peut se vanter de posséder de semblables richesses.
Mais dans tout cela, où se trouve l’annonce de la Bonne Nouvelle dont tout le monde a tant besoin actuellement ? Est-ce pour en arriver là que Jésus est venu dans le monde, y a souffert et est mort pour nous sur une croix ?
Le pape et ses cardinaux doivent pourtant bien connaître cette recommandation faite par Jésus à un homme qui cherchait à plaire à Dieu :
« Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi » (Matthieu 19.21).
Basiliques et cathédrales peuvent sans doute rivaliser de splendeur avec les plus grands temples païens ou les mosquées de l’Islam. Mais en quoi ce triomphalisme architectural peut-il parler au cœur de l’homme qui cherche sincèrement Dieu ? Ce christianisme-là ne représentera à ses yeux qu’une simple religion humaine parmi les autres.
Pourquoi aussi entretenir autour de l’apôtre Pierre une image inspirée par des traditions populaires et qui n’est pas celle que donnent les écrits du Nouveau Testament ?
Trop de papes dans le passé n’ont pas servi l’Évangile : ils s’en sont servi… pour établir leur domination sur les hommes et sur les nations. Même de nos jours, le rayonnement diplomatique du Vatican et les nombreux voyages médiatiques du pape servent avant tout à annoncer au monde l’Église Catholique et ses traditions, au lieu du salut en Jésus-Christ. Nous sommes là tellement loin de la vérité et de la simplicité de l’Évangile !
Jésus a dit un jour aux pharisiens (qui étaient des hommes religieux considérés dans son pays) :
« Malheur à vous, pharisiens ! Parce que vous aimez les premiers sièges dans les synagogues, et les salutations dans les places publiques » (Luc 11.43).
Le pape Jean-Paul II
Le pape Jean-Paul II qui a pour devise « TOTUS TUUS » (tout à toi), a déclaré le lendemain de son élection :
« Nous ne pouvons manquer de nous tourner avec une dévotion filiale vers la Vierge Marie qui vit toujours et agit comme Mère dans le mystère du Christ et de l’Église ».
Face à cette doctrine, qui est aussi celle de l’Église Catholique, nous devons nous rappeler fermement la seule et véritable doctrine, celle du Nouveau Testament, qui enseigne : Christ est vivant et agit par l’Esprit Saint dans l’Église.
Christ est vivant :
« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28.20).
Christ agit par l’Esprit Saint :
« Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8.9).
Aucun texte du Nouveau Testament n’enseigne que Marie agit dans l’Église de Jésus-Christ. Il s’agit là d’une doctrine tardive ajoutée à la Parole de Dieu.
Le 19 Juin 1983, au monastère de Jasna Gora à Czestochowa, Jean-Paul II a prié la Vierge en ces termes :
« Totus tuus. Je suis, ô Mère, tout entier à toi. Tout ce qui est mien est tien ».
L’Ecriture, au contraire, n’affirme-t-elle pas que l’homme sauvé reconnaît en Jésus-Christ son Maître et qu’il confesse lui appartenir totalement et exclusivement ? Paul disait :
« ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2.20).
Étant donc tout entier à Jésus-Christ, un chrétien ne peut pas se donner à la Vierge Marie, parce qu’elle est comme lui une créature de Dieu. Redisons-le, la grâce que Dieu a faite à Marie est d’avoir enfanté le Sauveur des hommes, mais Il n’en a pas fait un être supérieur par lequel les hommes pourraient accéder à Sa divinité.
Parce qu’il nous a sauvés et purifiés de nos péchés, Jésus est notre Sauveur et Seigneur. En tant que disciples, nous le reconnaissons comme Maître et nous l’adorons comme le Fils bien-aimé du Père.
Pour ces raisons, la prière d’amour et de reconnaissance qui jaillit spontanément, sous l’inspiration du Saint-Esprit, chez l’homme né de nouveau, ne peut donc être que : « Totus tuus, ô Jésus, tout entier à Toi ».
Pour finir, rappelons brièvement quelques points importants :
L’Église des premiers siècles a vécu sans pape
Comme nous l’avons montré dans les débuts de cette étude, il n’y avait pas dans les premiers siècles une grande Église centralisatrice, mais une communauté d’églises locales attachées à leur Chef Jésus et conduites par l’Esprit Saint. Il est intéressant aussi de remarquer que, dans le livre de l’Apocalypse – qui est la dernière révélation écrite que Dieu donne aux croyants -, Jésus s’adresse successivement à 7 églises et non pas à une seule grande Église et à son « Vicaire ».
La papauté est une institution italienne
C’est un fait remarquable : la papauté est sous bien des aspects une institution italienne. Née des ruines de l’empire romain, elle a bénéficié du prestige de Rome et a même conservé certaines de ses traditions (par exemple, le titre cité plus haut de « Souverain Pontife »). Dans leur grande majorité les papes ont été des Italiens ; Jean-Paul II étant le premier pape non Italien depuis Adrien VI en 1522.
L’Église de Jésus-Christ a toujours existé indépendamment du Vatican
« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16.33)
Il est merveilleux de voir comment Jésus conduit le petit troupeau de l’Église fidèle à travers les siècles.
« Ne crains point, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Luc 12.32).
La véritable Église de Jésus-Christ ne peut pas être monopolisée par une institution humaine, Église Catholique ou autre, et encore moins être gouvernée par un homme, si humble et si pieux soit-il d’apparence.
En réalité, la véritable Église de Jésus-Christ est formée de tous les croyants qui ont reçu Jésus comme Sauveur.
« Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1.12).
Ces croyants connaissent personnellement Jésus, leur Maître, et Jésus les connaît :
« Je suis le bon Berger : je connais mes brebis, et elles me connaissent » (Jean 10.13-14).
Il y connaissance et reconnaissance réciproque entre le vrai chrétien, l’homme racheté, et son Sauveur. Paul le dit ainsi :
« Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Timothée 2.19) ;
et
« l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8.16).
Ceux qui composent l’Église de Jésus-Christ seront toujours des pélerins, des « étrangers et voyageurs sur la terre » (1 Pierre 2.11), parce qu’ils ont en vue la cité céleste, la nouvelle Jérusalem. Le livre de l’Apocalypse dit au sujet de cette cité qu’
« il n’entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l’abomination et au mensonge ; il n’entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau » (Apocalypse 21.27).
Une dernière question
Nous venons de citer ce merveilleux verset de l’Apocalypse qui se termine ainsi :
« Il n’entrera (dans la nouvelle Jérusalem) que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau ».
Je voudrais maintenant vous poser une question : votre nom est-il écrit dans le livre de Vie de l’Agneau ?
Pensez-vous qu’il soit suffisant que votre nom soit porté sur un registre d’église parce qu’on a effectué sur vous, étant petit enfant, un rite sacramentel ? Pensez-vous que le fait d’appartenir à une institution religieuse gouvernée par un homme « infaillible » vous assure obligatoirement le salut ?
Si vous n’en êtes pas sûr, permettez-moi de vous exprimer ce qui est aujourd’hui ma conviction : ouvrez la porte de votre cœur à votre Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ. Il est là, près de vous. Il n’attend qu’une chose : c’est que vous l’invitiez, ainsi qu’il nous le dit en Apocalypse 3.20 :
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ».
Croyez de tout votre cœur que Dieu viendra habiter en vous par l’Esprit Saint, ainsi qu’il l’a promis, si vous obéissez à sa Parole.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14.23).
L’apôtre Pierre l’a annoncé ainsi le jour de la Pentecôte :
« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2.38).
Ne regardez pas vers les hommes. Ecoutez simplement ce que Dieu veut vous dire dans sa Parole : Jésus est la Parole(Jean 1.1).
« Oui, j’aime le Seigneur Car il entend ma voix Et mes supplications, Car il a incliné Son oreille vers moi, Et je l’invoquerai Tous les jours de ma vie ». (Psaume 116.1-2)
Ces deux versets du Psaume 116 sont affichés en gros caractères sur le mur de notre salle à manger familiale. Ils expriment tout notre amour et notre gratitude envers Dieu qui a répondu à nos prières et a fait de nous ses enfants.
Pourquoi l’Église Catholique à laquelle nous avons appartenu si longtemps ne nous a-t-elle pas placés sur le chemin du Seigneur ?
La raison élémentaire est que cette Église se refuse toujours à faire entrer la Bible, Parole de Dieu, dans les foyers. Jésus a dit :
« L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4.4).
Je suis certain que si chaque jour on lisait, méditait et partageait les Saintes Ecritures en famille, si on en faisait son « pain quotidien », beaucoup de choses changeraient dans l’Église Catholique. On commencerait alors à regarder véritablement vers Jésus dont l’apôtre Pierre a dit qu’« il n’y a de salut en aucun autre » (Actes 4.12). Lire la Bible chaque jour, c’est se mettre à l’écoute de la voix de Dieu, c’est chercher à comprendre le sens véritable de notre vie sur la terre et découvrir le plan d’amour du Créateur pour l’humanité :
« L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime propitiatoire pour nos péchés » (1 Jean 4.9-10).
Rome et la Bible
Lorsque j’essaie de partager dans mon entourage ma joie et mon enthousiasme à cheminer quotidiennement avec la Parole de Dieu, je rencontre bien souvent le scepticisme.
« On ne peut pas lire la Bible tout seul, me dit-on. Il faut l’interprétation des docteurs catholiques ». Parfois, on me fait aussi remarquer : « La Bible ? Oui, mais attention ! Les sectes l’utilisent aussi et tu vois où cela peut conduire ! »
Il est vrai que beaucoup de sectes utilisent habilement des passages de la Bible pour arriver à leur fins et exploiter la naïveté de beaucoup de gens. L’interprétation bien particulière des versets de Matthieu 16.18-19 faite par l’Église Catholique en étant, entre autres, un bel exemple.
« Si l’Église Catholique était vraiment dans l’erreur, Dieu n’aurait pas manqué de manifester sa désapprobation par un signe venant du ciel » m’a-t-on fait remarquer un jour, au cours d’une discussion passionnée. Certainement, Dieu n’a pas fait tomber le feu du ciel chaque fois que des « chrétiens » trahissaient sa Parole. Cependant, l’étude de l’histoire de l’Église nous fait voir que Dieu n’est jamais resté silencieux.
A toutes les époques et en des lieux divers, Jésus a appelé des serviteurs fidèles à rendre témoignage à l’Évangile, dans la simplicité et en vérité. Bien souvent, la franchise et la droiture dont ces chrétiens fidèles ont fait preuve, face à une Église officielle toute puissante, leur ont valu d’être traités comme des hérétiques ou des sectaires. Mais en voulant les réduire au silence, l’Église romaine en a fait des martyrs.
« L’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. Et ils agiront ainsi, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi (Jésus) » (Jean 13.2-3).
À aucun moment de son histoire, l’Église Catholique ne s’est repentie officiellement de ses crimes. Elle a ainsi attiré sur elle la colère et le jugement de Dieu.
N’est-il pas remarquable que le mouvement de la Réforme ainsi que de nombreux réveils évangéliques ont éclaté à une époque où, après plusieurs siècles de ténèbres et de décadence, l’ignominie des papes avait atteint son comble ?
Pourquoi Rome a-t-elle refusé de voir le rétablissement de l’autorité de la Bible au XVI° siècle comme un avertissement, un appel à la repentance, un retour à la source pure de l’Évangile ?
Depuis cette époque, les églises fidèles à l’Évangile n’ont cessé de se multiplier et de se répandre partout dans le monde. Bien que d’origines très diverses, leur filiation spirituelle montre de façon claire qu’elles sont conduites par le Saint-Esprit. Et s’il est malheureusement vrai que, là aussi, « l’ivraie » s’est parfois mêlée au « bon grain », rien ne pourra empêcher Jésus de conduire son Église en dehors de toute autorité humaine, si grande puisse-t-elle apparaître aux yeux du monde.
« Louez l’Eternel ! Mon âme, loue l’Eternel ! Je louerai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. Ne vous confiez pas aux grands, aux fils de l’homme, qui ne peuvent sauver. Leur souffle s’en va, ils rentrent dans la terre, et ce même jour leurs desseins périssent. Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob, qui met son espoir en l’Eternel son Dieu ! » (Psaume 146.1-5)
1. Article 95 du Catéchisme de l’Eglise Catholique :
« Il est donc clair que la Sainte Tradition, la Sainte Ecriture et le Magistère de l’Eglise, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l’action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. »
2. Le mot grec pour « Eglise » signifie « ce qui est appelé dehors pour s’assembler » et montre bien que les chrétiens, tout en vivant au milieu des autres hommes, deviennent, selon l’expression même de Pierre, des « étrangers et voyageurs » (1 Pierre 2.11) dans le monde.
3. Articles 1411 et 1413 du Catéchisme de l’Eglise Catholique :
« Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur. »
« Par la consécration s’opère la transsubstatiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ Lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité. »
En août 1996, un prêtre catholique m’a offert le livre de sœur Emmanuelle « Jésus, tel que je le connais » (paru depuis peu aux Editions Flammarion). Pensant que le Seigneur avait ici quelque chose d’important à me montrer, je me suis mis sans tarder à la lecture. J’y ai trouvé le témoignage passionné d’une femme qui, à un âge où l’on songerait plutôt à ralentir ses activités, a quitté sa communauté religieuse pour aller vivre, seule, au milieu des éboueurs du Caire. Elle y a vécu dans une cabane à chèvres de six mètres carrés, avec pour tout mobilier un tabouret, quelques livres et une lampe à pétrole. « Jésus-Christ, maître en amour » : C’est peut-être ce titre qu’elle a donné au chapitre 5 de son livre qui résume le mieux le message que sœur Emmanuelle a désiré transmettre à ses lecteurs. Dans les parties autobiographiques de l’ouvrage, j’ai retrouvé, au passage, cette manière de comprendre et de vivre l’Evangile que j’avais moi-même lorsque j’étais un fervent catholique1.
Par exemple, cette fausse croyance, liée aux dogmes romains, que sœur Emmanuelle exprime ainsi :
« J’ai besoin de la Vierge Marie. Je ne me sens pas assez forte pour suivre Jésus par mes propres moyens » (p.128).
Sans doute sœur Emmanuelle n’a-t-elle pas expérimenté cette parole de l’apôtre Paul :
« En Lui, (Jésus-Christ) habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en Lui » (Colossiens 2:9-10a).
C’est pourquoi elle ne peut rendre ce témoignage :
« Je puis tout par Christ qui me fortifie » (Philippiens 4:13).
Dans le livre de sœur Emmanuelle, deux passages, en particulier, m’ont fait sursauter et m’ont véritablement indigné. Je les reproduis ici :
« L’étude des religions m’a fait connaître Bouddha, Confucius, Lao-Tseu, Mahomet, qui, eux aussi, me paraissent apporter leur part de vérité. Peu à peu je réalisai qu’il n’y a pas de vérité absolue. Plus je poussais mes recherches, plus j’avais l’impression de foncer dans les ténèbres. Comme si cela ne suffisait pas, un choc plus rude encore m’attendait sur les bancs de la faculté. Moi qui avais été élevée dans un catholicisme intransigeant, baignant encore dans le vieil adage « Hors de l’Église, point de salut », je découvris avec stupéfaction – cela semble une évidence aujourd’hui – à travers mes professeurs notamment, qu’on peut à la fois faire montre de très hautes valeurs morales, intellectuelles et spirituelles et être musulman, juif, même non-croyant » (p.89).
« Dieu et l’homme sont liés. La vigueur et la profusion des religions l’attestent et chaque culture a mis au point sa voie spécifique pour chercher Dieu. J’ai de très nombreux amis musulmans et non-chrétiens. Jamais je n’ai cherché ou ne chercherai à les convertir. Moi qui suis née catholique et qui, dans ma faiblesse, ai pu mettre à l’épreuve ma relation avec Jésus-Christ, j’estime que c’est lui qui détient la vérité absolue. Mais mon expérience à Istanbul m’a appris que je ne la possède pas, cette vérité absolue. Je possède peut-être quelques rayons de l’absolu, mais les autres religions aussi. J’avais aimé étudier le bouddhisme. Eh bien, je pense qu’il pourrait nous apporter une approche de la vérité par le dépouillement de « l’ego » qui nous ferait à tous le plus grand bien. Bouddha et Mahomet se sont présentés comme des envoyés de Dieu. Mais ni l’un ni l’autre n’est son Fils. Je le répète : le christianisme offre une voie qui, d’après moi, est la voie la plus directe pour monter vers Dieu. Les autres voies sont, sans doute, moins directes mais je les respecte » (p.93).
Je crois, contrairement à sœur Emmanuelle, qu’il existe une vérité absolue. Je l’ai trouvée dans mon Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Je crois de tout mon cœur et de toutes mes forces à sa parole :
« Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14:6).
Les religions n’ont aucune part dans cette vérité et, non seulement elles ne peuvent pas être d’autres voies « moins directes » pour monter vers Dieu, mais elles sont de réelles impasses et nous détournent de notre Créateur. La Bible, Parole de Dieu, le proclame de la Genèse à l’Apocalypse. Les religions du monde, même avec toutes leurs apparences de piété, d’humilité, de sagesse et de bonnes œuvres ne resteront, jusqu’au jour du glorieux retour sur terre de Jésus-Christ, que des chemins de ténèbres et des lieux de captivité. Notre Seigneur Jésus, Lui, est à jamais « la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Jésus est bien le seul Berger du troupeau, le seul Maître de la moisson, le seul Cep des sarments, le seul nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés (Actes 4:12).
« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »(Jean 17:3)
Lecture terminée, j’ai trouvé, malgré tout, que le témoignage de sœur Emmanuelle présentait un grand intérêt : il exprime à haute voix ce que beaucoup de catholiques croient réellement mais n’arrivent pas toujours à formuler clairement. L’ouvrage fait ressortir cette incroyable contradiction d’hommes et de femmes qui disent consacrer leur vie entière à Jésus-Christ et sont, finalement, incapables de discerner en Lui l’unique médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2:5) et de le confesser.
L’évangile que sœur Emmanuelle a exposé dans son livre est celui de l’amour :
« Car le Christ nous a donné un seul commandement : aimez-vous les uns les autres » (p.83).
Elle cite ici les paroles de Jésus rapportées dans l’Evangile de Jean :
« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13:34-35).
Nous savons que sœur Emmanuelle n’est pas la seule à proclamer cet « évangile » dans l’Église Catholique. À Paris, le 21 août 1997, lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse), le pape Jean-Paul II l’a ainsi exposé devant des milliers de jeunes :
« Par votre apostolat vous proposez à vos frères l’Evangile de la charité. Là où le témoignage de la parole est difficile ou impossible dans un monde qui ne l’accepte pas, par votre attitude vous rendez présent le Christ serviteur, car votre action est en harmonie avec Celui que vous annoncez » (La Croix, 22 août, p.13).
Selon cette perception de l’Evangile, l’Église aurait avant tout une mission de charité à accomplir dans le monde. Jésus-Christ en serait le modèle parfait : serviteur des autres, il s’est humilié jusqu’à donner sa vie par amour pour tous les hommes. En gardant les yeux fixés sur ce modèle, l’Église Catholique invite tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur croyance, à s’unir pour construire un monde d’amour, de paix et de fraternité universelle.
C’est en prônant cet évangile de l’amour que depuis plus de 10 ans, les conducteurs de l’Église de Rome se sont lancés dans le dialogue interreligieux. Pour justifier cette nouvelle orientation de l’Église romaine, les docteurs catholiques recourent à une dialectique serrée où se mêlent subtilement les raisonnements humains et les allusions à l’Evangile.
Nous donnons ci-dessous un exemple de ce type d’argumentation trouvé dans la revue Géopolitique. Son auteur, le cardinal Joseph Ratzinger, essaie de démontrer ici que l’urgence du temps présent doit conduire nécessairement le christianisme au dialogue interreligieux :
« […] Aujourd’hui se présente encore une troisième alternative, que je voudrais appeler pragmatique ; toutes les religions devraient cesser cette querelle interminable autour de la vérité et reconnaître leur vraie nature, leur véritable but interne dans l’orthopraxie, dont la réalisation semble de nouveau clairement dessinée par les défis du temps présent. « L’orthopraxie, dira-t-on, ne peut finalement exister qu’au service de la paix, de la justice et de la protection de la création. Les religions pourraient donc garder chacune leurs formules, leurs formes et leurs rites, mais en les orientant à cette juste praxis : « À leurs fruits vous les reconnaîtrez ». Ainsi pourraient-elles demeurer chacune dans leurs habitudes ; toute querelle deviendrait superflue, et pourtant elles s’uniraient toutes ensemble, comme l’exige le défi de l’heure. […] Mais ce qu’il faut exiger, c’est le respect de la foi de l’autre et la disponibilité à rechercher, dans les éléments étrangers que je rencontre, une vérité qui me concerne et qui peut me corriger, me mener plus loin. »
Le théologien termine sa brillante démonstration en ramenant le dialogue interreligieux à une écoute du Logos, satisfaisant par l’utilisation de ce terme, les lecteurs de l’Evangile de Jean aussi bien que les philosophes athées :
« De la sorte, l’annonce du message doit nécessairement devenir un processus de dialogue. On ne dit pas à l’autre des choses totalement inconnues, mais on lui découvre la profondeur cachée de ce qu’il a déjà touché dans sa foi. Et inversement, celui qui annonce n’est pas seulement quelqu’un qui donne mais quelqu’un qui reçoit. « En ce sens le dialogue interreligieux devrait donner lieu à ce que Cuse a exprimé comme souhait et espérance dans sa vision du Concile céleste : le dialogue interreligieux devrait devenir toujours plus une écoute du Logos qui nous montre l’unité au milieu de nos séparations et de nos contradictions. » (Géopolitique n°58, été 1997, p.48-53).
Le cardinal Joseph Ratzinger est actuellement préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
En fait, ce que professe avec une grande simplicité sœur Emmanuelle et ce qu’annoncent dans un langage plus obscur les théologiens catholiques sont un seul et même évangile : celui de Notre Seigneur Jésus-Christ, revu et corrigé. On pourrait peut-être lui donner le nom de « New Gospel » (nouvel Evangile). En effet, ne s’agit-il pas là d’une nouvelle manière d’interpréter les écrits du Nouveau Testament qui n’est pas sans rappeler certaines aspirations du mouvement « New Age » ? (notamment dans son désir d’apporter au monde une nouvelle unité dans la diversité).
Ayant reçu dans mon cœur le pardon de Dieu et étant réconcilié avec mon Créateur par le sang de mon Sauveur Jésus-Christ, j’ai désiré à travers la présente étude rendre témoignage à la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu.
Sœur Emmanuelle nous a présenté dans son ouvrage un « Jésus tel que je le connais ». Celui que je voudrais faire découvrir à mes lecteurs serait plutôt un « Jésus tel qu’il s’est révélé à moi ». Je crois en effet que la Bible restera, jusqu’au jour de l’avènement du Christ, la seule Parole écrite pouvant conduire les hommes à la vie éternelle.
Ma réflexion suivra ce plan :
L’esprit d’Assise ou le dialogue interreligieux dans l’Église Catholique.
L’évangile de la charité, ses textes bibliques et ses caractéristiques.
La bonne nouvelle de la grâce de Dieu : une lecture de l’Evangile qui donne à l’ensemble des textes bibliques une cohérence et une lumière parfaites, mais qui ne peut prendre en compte les enseignements et les pratiques erronés de l’Église Catholique.
L’Evangile éternel : la bonne nouvelle de la grâce de Dieu se situe hors du champ de la pensée religieuse et culturelle universelle. Étant Parole de Dieu, elle ne peut nullement s’accommoder des principes du monde.
C’est en octobre 1986, sur l’initiative de Jean-Paul II, que la quasi totalité des religions a été réunie autour du pape, à Assise : catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants, juifs, musulmans, hindous, bouddhistes, shintoïstes, sikhs, membres des religions traditionnelles africaines et américaines, indiennes, zoroastriens. L’Église Catholique avait voulu montrer au monde que son objectif était à l’opposé de l’intolérance, de la volonté de convertir et de l’intransigeance : son premier but était la paix. Jean-Paul II a dit, le 22 décembre 1986, en évoquant ce grand rassemblement interreligieux :
« Les divergences sont un élément moins important par rapport à l’unité qui, au contraire, est radicale, fondamentale et dominante. […] Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit-Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme ». (in Tertium Millenium, édition Cité du Vatican, juin-septembre 1996).
Le chrétien né de nouveau, c’est à dire racheté par le sang de Christ et régénéré dans l’Esprit-Saint ne peut pas accepter ces propos audacieux de Jean Paul II. Il sait, en effet, pour l’avoir expérimenté, que Dieu ne donne son Esprit-Saint qu’aux hommes qui ont entendu l’Evangile, qui ont cru en Jésus-Christ et en son œuvre expiatoire :
« En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de votre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire » (Ephésiens 1:13-14).
Qu’est-ce donc qui a pu conduire l’Église de Rome à « l’Esprit d’Assise » et à ses autres rassemblements interreligieux ?
Par-dessus tout, on trouve chez ses dirigeants un désir profond d’en finir définitivement avec l’image d’une institution religieuse héritée du Moyen Âge. Le concile Vatican II s’est employé à cela en opérant des réformes qui ont plus touché, d’ailleurs, les formes extérieures de la piété que le fond doctrinal puisqu’on n’a pas voulu remettre en question la profession de foi du concile de Trente.
Il est utile de rappeler quelques grandes orientations du concile Vatican II qui ont accentué la séparation de l’Église Catholique de la parole de vérité, l’Evangile du salut.
La constitution dogmatique sur la Révélation (Dei Verbum) : Les pères du concile rappellent que les Écritures et la Tradition constituent deux sources de révélation divine d’égale importance pour le croyant. De la sorte se sont trouvés maintenus les grands dogmes et les pratiques religieuses qui placent les fidèles dans une position de désobéissance à la Parole de Dieu. Et pourtant, les docteurs catholiques savent parfaitement que ni le Seigneur Jésus, ni les apôtres n’ont enseigné :
la présence réelle du Christ dans le pain et le vin,
la régénération par le baptême et le pouvoir des sacrements qui confèrent la grâce,
l’intercession de la Vierge et des Saints, avec ses cultes, ses statues, ses images et ses pratiques superstitieuses,
l’infaillibilité papale,
la doctrine du purgatoire.« Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent : Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures ? Jésus leur répondit : Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. » (Marc 7:5-9)
Le décret sur l’œcuménisme (Unitatis Redintegratio) : Ce décret rappelle que l’Église Catholique se considère comme dépositaire de la plénitude des richesses de la Révélation. Selon elle, le véritable œcuménisme se réalisera avec la réintégration des chrétiens « séparés » au sein de Rome.Il faut reconnaître que les grandes manœuvres œcuméniques semblent profiter actuellement à l’Église de Rome. Cependant, il ne faudra pas s’étonner de voir des chrétiens se tenir à l’écart de toutes ces démonstrations médiatiques, parce que l’obéissance à la Parole de Dieu et la fidélité au Seigneur Jésus conduisent nécessairement à la séparation d’avec le mal et le mensonge.« Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien, et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain. Sépare-toi de ces gens-là. » (1 Timothée 6:3-5)
Constitution pastorale « L’Église dans le monde de ce temps » (Gaudium et Spes) : Selon ce texte, l’Église doit dialoguer avec le monde d’aujourd’hui sur toutes les grandes questions qui déterminent le sort de l’humanité : vie personnelle et sociale, culture, problèmes économiques et politiques, sauvegarde de la paix.Sur ce terrain, l’Église Catholique s’est engagée très loin et de manières les plus diverses. Prises de position officielles dans le domaine de l’éthique, réalisations d’œuvres à caractère social et humanitaire solidement orchestrées par les médias, revalorisation des arts religieux, actions en faveur de la paix et de la justice, etc? le tout accompagné d’une lecture de la Bible « éclairée » par les connaissances scientifiques, philosophiques, sociologiques, psychologiques? tellement chères à l’homme de notre fin de XX° siècle.Là aussi, l’Église Catholique s’avance avec le langage de son évangile de la charité, empêchant les hommes de faire une distinction claire entre les principes confus de ce monde (même les mieux intentionnés) et la parole de libération si limpide de l’Évangile. Le vrai disciple du Christ se contentera toujours d’appeler les hommes à la repentance et d’annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. L’Esprit-Saint faisant le reste.« Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Évangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine. Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. » (1 Corinthiens 1:17-21)
Déclaration sur l’Église et les religions non chrétiennes (Nostra Aetate) C’est la reconnaissance par l’Église Catholique des valeurs constituées par les religions non-chrétiennes : elles ont quelque chose à faire connaître de Dieu, à quoi les chrétiens doivent être attentifs. La rencontre d’Assise et les rassemblements inter-religieux de l’Église de Rome constituent des réalisations concrètes de ces textes. Nous montrerons ci-dessous que ces beaux principes, plutôt que d’apporter la vérité au monde, contribuent au contraire à enfermer les non-chrétiens dans leur religion.
Tout en baignant dans ce climat de renouveau produit par Vatican II, le Magistère romain restait toutefois fort embarrassé par le lourd passif de tous les comportements belliqueux et les attitudes dominatrices de la papauté à travers les siècles. Une simple lecture objective de l’histoire oblige pourtant à constater que ce qui a conduit les papes à tant d’excès dans le passé trouve le plus souvent son origine dans ces quelques mots : « Hors de l’Église (de Rome)2, point de salut » (Extra Ecclesiam Nulla Salus, bulle publiée en 1302 par le pape Boniface VIII). C’est bien cette célèbre devise qui a amené l’Église Catholique à l’intolérance, l’intransigeance, la volonté de convertir par la force et c’est pour cela que Rome a utilisé ces terribles moyens de pression que furent l’excommunication, les croisades, l’Inquisition, etc… dans le but d’exercer un pouvoir temporel absolu.
Pourtant, en changeant un seul mot à sa devise favorite, l’Église de Rome pouvait montrer devant Dieu et devant les hommes, qu’elle désirait réellement se réformer. Il lui suffisait de dire simplement : « hors de Jésus-Christ, point de salut ». En s’exprimant ainsi, les évêques et cardinaux du concile Vatican II auraient rendu l’Église Catholique à Jésus-Christ. Le pape n’avait plus lieu d’exercer ses prétendues fonctions de « vicaire du Christ » (vicaire = remplaçant) et on aurait laissé l’Esprit-Saint agir véritablement, comme aux temps apostoliques. Mais il aurait fallu alors abandonner les traditions, les dogmes, l’idolâtrie mariale, etc… Et ce n’était pas ce que désiraient les responsables catholiques. Ce qu’ils voulaient, c’était, avant tout, maintenir à n’importe quel prix leur position d’Église officielle aux yeux du monde. En observant toutes les entreprises politiques et sociales menées dans le but d’installer un esprit de justice, de paix et de fraternité humaine dans le monde, en constatant leurs difficultés et leurs échecs, l’Église Catholique aimerait, de son côté, montrer qu’elle détient la solution spirituelle du problème.
Le pape et les dirigeants catholiques se sont donc lancés dans de grandes manœuvres diplomatiques et médiatiques, cherchant à rassembler autour d’eux tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leurs croyances. Et c’est ainsi que l’Église de Rome se retrouve à l’extrême opposé de l’attitude qu’elle avait adoptée au Moyen-Âge. Ne voulant plus être accusée d’intolérance ou d’intransigeance, ne cherchant pas à imposer sa vérité, tout en apportant son évangile d’amour, elle voudrait se faire l’agent de la paix et de la justice dans le monde, sous la bannière de Jésus-Christ.
Tolérance ou intolérance
On a reproché à l’Église de Rome son esprit d’intolérance dans le passé. Va-t-on, à présent, l’accuser de tolérance outrancière envers les autres religions ? Tolérance ou intolérance ? Quelle attitude doit-on adopter pour annoncer l’Evangile ?
Ni l’une, ni l’autre ! Faux problème !
Lorsqu’un chrétien rempli de l’Esprit-Saint affirme devant les hommes que Jésus-Christ est la seule voie pour aller à Dieu, il ne fait pas preuve d’intolérance vis-à-vis des autres religions. Il indique seulement à celui qui cherche la vérité le passage obligé pour venir à Dieu :
« Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6).
Libre à chacun de le croire ou non.
Intransigeance ou esprit de conciliation
Pareillement, lorsque des chrétiens appellent des hommes à la conversion, doivent-ils se montrer intransigeants ou plutôt conciliants ? Quelle attitude doivent-ils adopter ?
Ni l’une, ni l’autre ! Faux problème !
Si un chrétien inspiré par l’Esprit-Saint invite avec véhémence à la repentance et à la foi en Jésus-Christ Rédempteur, ce n’est certainement pas pour faire du prosélytisme religieux. Il avertit simplement les hommes (comme l’apôtre Paul le fit à Athènes) que Dieu
« a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts » (Actes 17:31).
Libre à chacun de le croire ou non.
En somme, le véritable disciple de Jésus n’a qu’une chose à faire : annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu conformément aux Saintes Ecritures, tout en se laissant conduire par l’Esprit-Saint.
Le résultat de son évangélisation appartient à l’homme qui écoute et à Dieu qui, seul, peut opérer dans son cœur la régénération.
L’Esprit d’Assise, nous l’avons montré, n’est pas l’Esprit-Saint, c’est l’esprit du monde. Dans son discours final, à Assise, le pape a présenté clairement la finalité du mouvement interreligieux comme « un voyage fraternel dans lequel nous nous accompagnons les uns les autres vers le but transcendant qu’Il (Dieu) établit pour nous ». Et il a poursuivi en disant :
« Ce que nous avons fait aujourd’hui à Assise, en priant et en témoignant en faveur de notre engagement pour la paix, nous devons le continuer à le faire chaque jour de notre vie… » (in Tertium Millenium, Ed. Cité du Vatican, p.93).
Les notions de « but transcendant » et « d’engagement pour la paix » sont des concepts de philosophie et de sagesse humaine. Jésus a bien dit :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne » (Jean 14:27).
La paix que le croyant racheté reçoit de Jésus, par son sang, c’est la paix avec Dieu :
« Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains 5:1).
Cette paix n’a rien à voir avec la paix que le monde peut se donner :
« Dieu a voulu par lui (son Fils) réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix » (Colossiens 1:20).
Est-il nécessaire de rappeler que lorsque Jésus a envoyé ses disciples dans le monde, il ne les a pas chargés d’une mission diplomatique envers les autres croyances ? Il leur a demandé d’annoncer la Bonne Nouvelle :
« Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Marc 16:15).
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28:19).
Les disciples ont reçu l’ordre de mission d’inviter les hommes à se repentir pour obtenir le pardon des péchés :
« Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24:46-47).
Si ce n’est par les hommes, les bergers catholiques accepteraient-ils de se laisser reprendre par Celui qu’ils appellent leur Seigneur ?
« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6:46)
Nous avons montré ci-dessus l’étonnant paradoxe d’une Église Catholique qui, tout en disant qu’elle annonce le salut en Jésus-Christ, cherche en même temps à devenir l’agent principal de l’unification mondiale des religions. Nous avons pu voir également que cette situation résultait d’une tendance grandissante à vouloir réduire l’Evangile de la grâce de Dieu à un message d’amour, à une invitation à la fraternité universelle.
À présent, nous allons rechercher sur quelle base biblique l’Église Catholique est en train d’édifier son évangile de la charité. Parmi les passages des Ecritures qui reviennent le plus souvent, nous en retiendrons deux, en raison de leur importance et de l’interprétation bien particulière qui leur est donnée :
La parabole du bon Samaritain, dans l’Evangile de Luc ;
Le texte sur le jugement des nations dans l’Evangile de Matthieu.
Ce texte est devenu l’un des plus grands classiques sur la bonté humaine. Jésus lui-même fut l’homme le meilleur qui ait jamais vécu. Toutes les choses que notre Seigneur a dites et faites sur la terre reflétaient l’amour parfait du Père. L’apôtre Jean va jusqu’à dire de ces choses :
« Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait » (Jean 21:25).
Jésus a beaucoup parlé de la bonté dans la vie quotidienne et la parabole du bon Samaritain est véritablement un appel exigeant à pratiquer la charité. À travers cette histoire, Jésus veut nous faire comprendre que nous devons voir en tout homme le prochain que Dieu nous demande d’aimer. Et chacun se souvient qu’à l’exemple de notre Maître, nous sommes appelés à aimer jusqu’à nos ennemis :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5:44).
Tout ce que nous venons de rappeler sur l’amour du prochain, l’Église Catholique l’enseigne correctement à ses fidèles. Ce n’est pas là que nous allons nous arrêter, mais plus précisément sur les quelques versets introductifs de la parabole du bon Samaritain dont l’interprétation peut prêter à confusion. Voici ces versets :
« Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras. » (Luc 10:25-28)
Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?
En venant voir Jésus, un docteur de la Loi lui pose une question directe : « Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? ». La réponse apparaît clairement, quelques versets plus loin, dans la bouche même du docteur de la Loi : il faut mettre en pratique la loi d’amour (aimer Dieu et son prochain). Et Jésus conclut ainsi : « Fais cela et tu vivras ».
De sorte que si l’on s’en tient uniquement à cette invitation de Jésus – et ici, c’est le « Maître en amour » qui parle – Dieu semble accorder la vie éternelle à toute personne qui mettrait en pratique les deux grands commandements de la loi de Moïse.
C’est pour cela que, à l’instar de sœur Emmanuelle, de nombreux catholiques en sont venus à cette conclusion : tout chrétien, juif, musulman, ou tout homme religieux, qui croirait au Dieu unique et créateur et qui pratiquerait la charité envers son prochain, devrait hériter la vie éternelle.
Fais cela et tu vivras
Nous nous retrouvons au cœur même de l’évangile de la charité : Dieu accorde la vie éternelle à tout homme qui met en pratique consciemment ou non, la loi d’amour. Mais une telle interprétation est-elle correcte ? Concorde-t-elle bien avec tous les autres enseignements de la Bible qui nous parlent du salut gratuit offert par Dieu à l’homme ?
C’est ce que nous allons à présent rechercher. Revenons tout d’abord à cette recommandation que Jésus fit au docteur de la Loi : « fais cela et tu vivras ». Nous savons qu’au moment où Jésus parlait, il n’était pas encore passé par la mort et la résurrection, et que son œuvre de Rédemption à la croix n’était pas encore accomplie. La référence du croyant de l’époque était encore la loi de Moïse. En disant « fais cela et tu vivras » au docteur de la Loi, Jésus n’a donc fait que rappeler ce que Dieu attendait de tout Juif qui désirait devenir juste et hériter de la vie éternelle, selon les commandements de l’Ancienne Alliance.
Les contemporains de Jésus, avant la Pentecôte, vivaient sous la Loi et devaient être jugés par la Loi :
« Tous ceux qui ont péché sous la loi seront jugés par la loi. Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés » (Romains 2:12b-13).
C’est ainsi que la Bible nous parle d’hommes et de femmes qui étaient justes devant Dieu parce qu’ils observaient fidèlement la loi de Moïse, tels, par exemple, le sacrificateur Zacharie et sa femme Elisabeth, les parents de Jean-Baptiste :
« Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur » (Luc 1:6).
Cependant, pour le croyant de la Nouvelle Alliance, la justification ne peut plus venir de l’observance de la loi de Moïse. Selon la volonté de Dieu, l’homme actuel ne peut trouver justice à ses yeux que s’il place totalement sa confiance en Jésus-Christ, son Rédempteur, et le professe :
« Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut » (Romains 10:9-10).
Il est évident que le croyant qui a trouvé son salut en Jésus-Christ désirera par-dessus tout observer la loi d’amour (aimer Dieu et son prochain), sachant bien que Jésus n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir (Matthieu 5:17). Le croyant né de nouveau a compris que ce ne sont pas ses bonnes œuvres qui le rendent juste devant Dieu. Il croit, comme l’apôtre Paul l’a si bien exprimé, que Christ
« s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:14).
L’homme régénéré sait bien qu’il n’a rien fait pour mériter son salut :
« Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3:5).
Sœur Emmanuelle parle du jugement des nations dans son livre. Voici ce qu’elle en dit :
« Pour moi, un des sommets de l’Evangile, c’est ce passage de Matthieu qui raconte le jugement dernier3 : Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire… » (p.52).
Un peu plus loin dans son commentaire, sœur Emmanuelle fait cette observation :
« Je connais des non-chrétiens qui, se donnant corps et âme à des causes difficiles, me paraissent d’une certaine manière bien plus « chrétiens » que moi » (p.53).
Que veut dire sœur Emmanuelle ? Les personnes qui se donnent « corps et âme à des causes difficiles » auraient-elles emprunté ces « voies moins directes pour monter vers Dieu » que nous avons mentionnées plus haut ?
Si l’on fait une lecture un peu rapide de ce passage de Matthieu, on pourrait assez facilement conclure que Jésus promet effectivement ici la vie éternelle à tout homme qui aura fait preuve d’amour envers son prochain, et cela quelle que soit sa croyance. En effet, Jésus dit bien que, au moment du jugement des nations, il séparera les hommes en deux catégories : les brebis et les boucs. Les brebis sont les hommes qui reçoivent le royaume en héritage parce qu’ils ont pratiqué les œuvres de charité. :
« Je vous le dit en vérité, toutes les fois que vous aurez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25:40).
Les boucs, les hommes chez qui on n’a pas trouvé ces bonnes œuvres, sont maudits et condamnés au châtiment éternel. Un seul critère de jugement apparaît ici : avoir ou ne pas avoir mis en pratique la loi d’amour. Il serait donc juste, dans ce cas, de penser que Dieu, dans son grand amour, comptera parmi ses brebis tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses, qui se seront montrés attentifs envers les plus pauvres et les plus affligés.
Et ici, comme ci-dessus avec la parabole du bon Samaritain, nous nous retrouvons bien dans la droite ligne de l’évangile de la charité. Mais était-ce vraiment cela que Jésus avait voulu faire comprendre ? Le meilleur moyen de s’en assurer est de relire ce passage d’Evangile en le replaçant dans son contexte tout en vérifiant que son interprétation concorde parfaitement avec les autres enseignements de la Bible. Car la Parole de Dieu ne peut pas se contredire.
Le contexte
Au préalable, nous devons remarquer que le texte du jugement des nations sert de conclusion à tout un discours du Seigneur sur la fin des temps (chapitres 24 et 25 de Matthieu). Ce discours dans son ensemble traite de la destruction de Jérusalem, de la fin des temps et du retour du Christ. En parlant de son retour, Jésus invite à la vigilance : « Tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas » (Matthieu 24:44). Puis il raconte trois paraboles à titre d’avertissement :
La parabole du bon et du mauvais serviteur (Matthieu 24:45-51) :
Le bon serviteur, c’est le ministre fidèle que Jésus récompensera en l’établissant sur ses biens.
Le mauvais serviteur, c’est le ministre indigne ; Jésus lui fera partager le sort des hypocrites.
La parabole des dix vierges (Matthieu 25:1-13) :
Les cinq vierges sages sont les croyants préparés spirituellement au retour du Seigneur. Ils entreront avec Lui au festin des noces éternelles.
Les cinq vierges folles sont les croyants insouciants. La porte du festin leur sera fermée et Jésus les rejettera : « Je ne vous connais pas ».
La parabole des talents (Matthieu 25:14-30) :Le sens de cette parabole est que la vie terrestre du croyant constitue une époque de formation pour un service plus grand encore, non révélé.
Au serviteur fidèle dans l’utilisation des dons reçus de l’Esprit-Saint, Jésus confiera encore plus.
Le serviteur inutile sera jeté « dans les ténèbres du dehors ».
On remarquera que dans chacune de ces paraboles, Jésus établit une séparation claire entre sauvés et perdus, récompensés ou rejetés.
La lecture de ces trois paraboles constitue donc pour le chrétien un sérieux avertissement : aux yeux de Dieu, on ne peut pas être à moitié croyant et toute irresponsabilité sera sévèrement sanctionnée. Or, c’est précisément après cette mise en garde que le Seigneur évoque le jugement des nations. On retrouve dans ces dernières paroles de Jésus la même sévérité, la même clarté que dans les paraboles précédentes : personne ne pourra se présenter comme l’ami du Seigneur, comme son disciple et en même temps avoir été indifférent envers ceux qui souffrent, avoir manqué d’amour et de compassion. Ici encore, la séparation est nette : on est brebis ou bouc, béni du Père ou maudit, on reçoit en héritage le royaume ou on va au châtiment éternel.
Une parfaite cohérence
Ainsi replacé dans son contexte, l’enseignement de Jésus sur le jugement des nations paraît clair : si notre vie ne concorde pas avec ce que nous proclamons, notre foi devient nulle et non avenue.
C’est ici « la porte étroite » et « le chemin resserré » et cette invitation à rechercher inlassablement la sainteté :
« Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48).
Ou encore, comme le dit l’apôtre Jacques :
« Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : Si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même » (Jacques 2:14-17).
En pleine contradiction
Nous nous souvenons que, de leur côté, les tenants de l’évangile de la charité proposent une interprétation différente du texte du jugement : selon eux, il n’est pas indispensable de croire à l’œuvre expiatoire de Jésus-Christ pour hériter du royaume, et il existe aussi d’autres voies pour aller vers Dieu. Au regard de la Bible, plusieurs remarques s’imposent alors :
Que faire des nombreux passages du Nouveau Testament qui rejettent catégoriquement l’idée d’un salut par les œuvres comme, par exemple :« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ephésiens 2:8-9) ?
La mort du Christ ne peut plus être comprise comme un sacrifice expiatoire indispensable au salut de chaque individu. L’œuvre de Jésus à la croix se trouve alors réduite à un acte d’abnégation exemplaire. Et pourtant, la Bible atteste :« C’est lui (Jésus-Christ) que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience » (Romains 3:25).
Comme sous l’Ancienne Alliance, l’Evangile devient dès lors une Loi dont l’application des préceptes assurerait le salut. Or, la Bible dit bien :« Nul ne sera justifié devant lui (Dieu) par les œuvres de la loi ; puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché » (Romains 3:20).
On voit mieux à présent sur quel terrain l’Église Catholique s’est engagée en mettant l’accent sur l’annonce d’un évangile de charité.
Dans une société où la tolérance est considérée comme une valeur essentiellement positive et même, une des valeurs fondamentales de la démocratie, quel comportement Rome va-t-elle adopter face aux autres religions ? Quelle réponse va-t-elle donner au bon musulman ou au bon bouddhiste qui, en toute bonne foi, lui demanderont : « N’est-il pas prétentieux d’affirmer que seul le christianisme conduit à la vie éternelle ? »
Si Jésus et les textes du Nouveau Testament nous enseignent essentiellement qu’un authentique chrétien se reconnaît à ses bonnes œuvres, en toute bonne logique le musulman et le bouddhiste qui agissent de même seraient eux aussi tout autant chrétiens, sans passer par Christ.
« Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Jean 6:68-69)
En réduisant l’Evangile à un message d’amour, l’Église Catholique retire au monde non-chrétien les moyens de discerner en Jésus-Christ le Fils unique de Dieu et le seul Sauveur du monde. Tout au plus, les autres religions accorderont au christianisme que Jésus-Christ a été :
Un homme meilleur que les autres,
Un martyr pour la cause de Dieu,
Un grand modèle : un sage ou un saint hors du commun,
Le fondateur de la religion de l’amour,
Un ardent défenseur de la justice et de la paix.
Alors que les croyants rachetés proclament que Jésus-Christ est :
Le Fils de Dieu (Luc 1:35),
Celui par qui Dieu a créé l’univers et celui qu’Il a établi héritier de toutes choses (Hébreux 1:2),
Lumière véritable qui, en venant dans le monde éclaire tout homme (Jean 1:9),
Celui qui a donné sa vie en expiation des péchés du monde (1 Jean 2:2),
Celui qui a réconcilié l’homme avec Dieu en faisant la paix par le sang de sa croix (Colossiens 1:20),
Source de vie éternelle : « Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12),
Celui à qui Dieu a remis le pouvoir de juger tous les hommes (Jean 5:22).
« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2:5-11)
Il est intéressant de rechercher dans le Nouveau Testament les différentes expressions qui ont été utilisées lorsque l’on parle de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Ce message est appelé tour à tour : « Evangile du Christ » (Marc 1:1), « l’Evangile de paix » (Ephésiens 6:15), « l’Evangile de votre salut » (Ephésiens 1:13), « le glorieux Evangile » (2 Corinthiens 4:4), ou encore « la bonne nouvelle de la grâce de Dieu » (Actes 20:24).
Ces diverses formules reflètent, chacune à leur manière, la perfection de l’œuvre rédemptrice de Dieu opérée en faveur de l’homme perdu.
Parmi elles, nous retiendrons pour la suite de notre étude la dernière mentionnée : « La bonne nouvelle de la grâce de Dieu ».
Nous voudrions opposer cette formule de l’apôtre Paul à celle du pape Jean-Paul II : « l’évangile de la charité ». En effet, si nous lisons correctement le Nouveau Testament, nous y trouvons une insistance beaucoup plus grande sur l’état pécheur de l’homme, tant riche que pauvre, et sur la condition de perdition de tous les hommes sans exception. Et si, comme le dit sœur Emmanuelle, Jésus est un « maître en amour », nous ne devons pas oublier qu’il est venu avant tout sur terre en tant que « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Ce n’est donc pas tant les structures de la société qui demandent un changement, mais bien le cœur de l’homme.
« Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. » (Marc 7:21-22)
« Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. » (1 Corinthiens 1:18)
Dans la préface du livre de sœur Emmanuelle, nous trouvons cette citation d’un ouvrage du cardinal Ratzinger :
« Certains textes de dévotion semblent suggérer que la foi chrétienne en la Croix se représente un Dieu dont la justice inexorable a réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Autant cette image est répandue, autant elle est fausse. » (extrait de Foi chrétienne hier et aujourd’hui, Mame 1976, p.19).
Il est vrai que la Bible nous parle d’un Dieu d’amour et de miséricorde. On ne peut pas, effectivement, assimiler Dieu à un juge impitoyable qui ne saurait être fléchi. Et pourtant, la Bible nous apprend bien que la justice parfaite de Dieu a nécessité le sacrifice de son propre Fils pour le salut de l’homme.
Présenter Dieu comme un juge inflexible n’est donc pas juste, mais que le péché de l’homme ait impliqué la mort du Fils de Dieu, cela est la vérité :
« Non, la main de l’Eternel n’est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face, et l’empêchent de vous écouter » (Esaïe 59:1-2).
C’est à cause de cela que l’annonce de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu a commencé par cette publication solennelle de Jean Baptiste :
« Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29).
Jésus a lui-même confirmé cette proclamation :
« C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Matthieu 20:28).
L’apôtre Pierre lui a rendu témoignage en ces termes :
« Sachant que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:18-19).
Enfin, l’apôtre Paul a expliqué :
« En lui (Jésus) nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d’intelligence » (Ephésiens 1:7-8).
D’un côté, l’évangile de la charité invite les hommes de toutes croyances à s’unir dans l’amour, en portant leur regard sur un modèle parfait d’humanité : le Christ serviteur.
D’un autre côté, l’Evangile de la grâce de Dieu invite les hommes de toutes croyances à se reconnaître pécheurs, en regardant vers Celui qui a payé la rançon de leur péché : le Christ serviteur.
La dualité « évangile de la charité / Évangile de la grâce » n’est pas une nouveauté : C’est le fameux débat « salut par les œuvres / salut par grâce » que nous retrouvons tout au long de l’histoire de l’Église. Le livre de la Genèse nous rappelle que Dieu a rejeté l’offrande de Caïn et accepté le sacrifice d’Abel. La leçon est évidente : ce n’est pas à l’homme de choisir le moyen par lequel il doit s’approcher de Dieu. C’est à Dieu d’indiquer à l’homme coupable le moyen qu’Il a choisi pour lui pardonner son péché, et ce moyen, c’est le sang de Jésus.
« Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. » (Luc 24:44-47)
La Bible nous fait voir tous les rejets de Dieu par l’homme dans le passé :
La désobéissance d’Adam et Eve en Eden et ses conséquences,
Le meurtre d’Abel et la décadence complète de l’humanité jusqu’au jugement du déluge,
Après Noé, l’orgueil de Babel conduisant à la confusion du langage et à la dispersion de l’humanité sur la terre,
L’idolâtrie sans cesse renaissante d’Israël, le peuple choisi par Dieu : depuis le veau d’or à la sortie d’Egypte, jusqu’à la ruine finale de Jérusalem et la déportation de Juda à Babylone.
En fait, qu’on le veuille ou non, tout l’Ancien Testament démontre magistralement que l’homme est dégénéré de nature et incapable, même sous la Loi, de rester juste devant Dieu. Il fallait donc régénérer l’homme : c’est le salut en Jésus-Christ proposé par Dieu dans la Nouvelle Alliance.
« L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime propitiatoire pour nos péchés. » (1 Jean 4:9-10).
L’apôtre Jean nous rappelle ici trois idées importantes :
Dieu aime les hommes,
Les hommes n’ont pas aimé Dieu,
Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est mort pour expier les péchés des hommes.
« N’entre pas en jugement avec ton serviteur ! Car aucun vivant n’est juste devant toi. » (Psaume 143:2)
L’Évangile de la grâce de Dieu est, dès le départ, sans concession pour l’homme. Il part d’un constat tragique :
« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3:23).
C’est l’apôtre Paul qui fait ce constat lorsqu’il explique la justification par la foi en Jésus-Christ dans l’épître aux Romains. Pour démontrer l’universalité du péché, il cite cet extrait du psaume 14 :
« L’Eternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Psaume 14:1-2).
Paul dit donc : « Il n’y a pas de distinction, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ; mais il ajoute aussitôt, et c’est là que se trouve pour nous la bonne nouvelle :
« Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience, afin, dis-je, de montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? NON, mais par la loi de la foi » (Romains 3:23-27).
Ainsi, la seule chose que chacun ait mérité de la part de Dieu, c’est le jugement. À la lumière de Sa justice et de Sa sainteté, Dieu ne nous doit rien d’autre que la condamnation. Il nous a créés et nous avons péché. Pourtant, par amour pour nous, Dieu nous a malgré tout préparé le moyen de l’approcher. Ce n’est pas un dû, c’est un don émanant de l’amour de Dieu. Adam et Eve savaient par quels actes ils pouvaient plaire à Dieu, pourtant ils péchèrent – et nous aussi nous avons péché – en sorte que la nouvelle voie d’accès que Dieu nous donne ne peut plus être basée sur nos actes, mais sur la grâce de Dieu. L’apôtre Paul établit ce parallèle entre Adam et Jésus-Christ :
« C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,… Si par l’offense d’un seul la mort a régné par lui seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par Jésus-Christ lui seul ! Ainsi donc, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes » (Romains 5:12,17-18).
De ce fait, Jésus-Christ mérite la fidélité et la loyauté, la dévotion et l’obéissance absolues et entières de chaque être humain. Les autres systèmes religieux sont totalement étrangers à ce salut offert par Dieu en Jésus-Christ.
« Car le salaire du péché, c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains 6:23)
C’est en découvrant ce verdict de Dieu sur sa nature incurable de pécheur et sa juste condamnation, que l’homme peut comprendre ce qu’est véritablement l’Evangile : une bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle lui dit qu’il était injuste et perdu, coupable et condamné devant son Créateur, le Dieu parfaitement saint, mais qu’il ne doit pas désespérer. Dieu dans son grand amour fait grâce à l’homme. L’homme méritait d’être puni, mais Dieu le justifie et le gracie par le moyen d’un rachat, d’une rançon qu’il paie à sa place : son Fils unique meurt sur la croix comme victime expiatoire pour ses péchés. Ainsi se manifeste la sainteté de Dieu qui, dans Sa grande miséricorde et Sa justice parfaite, ne laisse pas le coupable impuni. Le verset bien connu Jean 3:16 résume parfaitement cette bonne nouvelle :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».
« Car l’âme de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel, afin qu’il servît d’expiation pour vos âmes, car c’est par la vie que le sang fait l’expiation. » (Lévitique 17:11)
Il existe aujourd’hui dans l’Église Catholique une théologie qui voit en Jésus celui qui s’est rendu solidaire de tous les misérables, de tous les suppliciés, de tous ceux qui, comme lui, ont souffert et ont connu une mort atroce. Mais le Christ n’a pas été seulement la victime de l’injustice des grands de ce monde, il a été le seul à connaître la colère de Dieu sur le péché. Lui seul a été l’agneau de Dieu, celui qui a subi le châtiment de Dieu à la place de beaucoup.
Dans l’Ancien Testament, de nombreux types préfigurent la mort du Christ. Tous ont ceci en commun : ils ne sont pas avant tout un exemple d’amour et de dévouement, mais présentent une vie donnée à la place d’un autre. Jésus-Christ n’est pas mort seulement parce qu’il s’est dévoué, afin d’être un modèle d’amour et d’abnégation, mais :
« Celui qui n’a point connu le péché, il (Dieu) l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5:21).
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Galates 3:13).
« Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3:18).
Les types qui nous parlent de la mort du Christ dans l’Ancien Testament placent devant nous autant d’aspects divers de sa mort.
Les vêtements de peau (un animal avait donc été immolé) de Genèse 3:21 rappellent comment Dieu pourvoit à la nudité du pécheur.
Le sacrifice sanglant d’Abel apportant les premiers-nés de son troupeau, montre la nécessité du sang répandu – « sans effusion de sang, il n’y a point de pardon », Hébreux 9:22 – alors que l’offrande de Caïn, fruit de son travail sur une terre maudite, n’est pas agréée.
En Genèse 22, Abraham offre Isaac, comme Dieu donnera son Fils ; mais, de fait, le sacrifice d’Isaac n’est pas consommé : à sa place, un bélier est offert en holocauste.
Lors de la Pâque, le sang de l’agneau devait être mis sur chaque porte : appropriation personnelle du sacrifice de Christ.
Le serpent d’airain au désert nous rappelle Jésus fait malédiction pour nous. (cf. l’image que Jésus en donne en Jean 3:15)
Esaïe 53 dit expressément :« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Eternel l’a frappé pour l’iniquité de nous tous » (verset 6).À la fin du chapitre, le prophète souligne quatre aspects de la croix :« Il s’est livré lui-même à la mort, il a été mis au nombre des malfaiteurs, il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, il a intercédé pour les coupables » (verset 12b).
« À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. » (Romains 5:9)
Lorsqu’il a annoncé la Bonne Nouvelle à Athènes, debout au milieu de l’aréopage, l’apôtre Paul n’a pas cherché à ménager son auditoire, il ne s’est pas lancé dans le compromis interreligieux, mais il a fidèlement transmis ce message de la part de Dieu aux hommes :
« Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts » (Actes 17:30-31).
L’Évangile de la grâce de Dieu est un ultimatum qui place chaque homme devant un choix définitif, sans retour :
Ou bien accepter de se reconnaître coupable et recevoir par le sang de Jésus la paix avec Dieu,
Ou bien résister à l’Esprit-Saint qui le convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16:8), en ne se reconnaissant pas fondamentalement injuste devant Dieu, s’exposant alors au jugement et à la condamnation annoncés par Dieu.
« Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean 3:18)
L’annonce de la Bonne Nouvelle ne peut pas passer sous silence l’imminence du jugement de l’humanité. Relisons comment Pierre s’est exprimé devant les païens rassemblés autour de Corneille :
« Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Actes 10:42-43).
Et, comme les apôtres envoyés par Jésus, les témoins actuels du Christ ne doivent pas non plus atténuer ce caractère urgent et définitif de l’Evangile. Le vrai disciple du XX° siècle ne craindra pas de parler de Jésus comme de
« Celui qui nous délivre de la colère à venir » (1 Thessaloniciens 1:10).
Méditer sur la colère de Dieu – « car notre Dieu est aussi un feu dévorant », Hébreux 12:29 – nous aide à comprendre la haine que Dieu éprouve pour le péché et peut nous donner une saine crainte de Dieu. Et cela nous conduira à louer avec ferveur Jésus-Christ qui nous a délivrés de cette colère.
« Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Thessaloniciens 5:9)
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. » (Luc 9:23-24)
Avec l’Evangile de la grâce de Dieu, on entre par une porte étroite, on avance sur un chemin resserré, avec des tribulations et en vivant séparé du mal.
La porte étroite
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes » (Luc 13:24-25).
Le chemin resserré
« Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7:13-14).
Les tribulations
« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ». (Jean 15:18-20)
« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33b).
La séparation d’avec le mal
« Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Corinthiens 6:14-16a)
Là encore, nous nous retrouvons bien loin du salut universel offert par les disciples de l’évangile de la charité. Le livre des Actes nous rappelle l’insistance de Pierre au jour de la Pentecôte :
« Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2:40).
« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. » (1 Corinthiens 3:11)
L’Evangile de la grâce de Dieu annonce le salut uniquement en Jésus-Christ. Mahomet, Bouddha ou tout autre grand personnage (même la Vierge des catholiques4) ne sont d’aucun secours. Toute religion ou sagesse humaine qui ne reconnaît pas en Jésus-Christ l’unique médiateur entre Dieu et les hommes s’écarte du plan de salut offert par Dieu aux hommes.
« Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4:12)
Toutes les religions sont des mirages trompeurs dans le désert de l’humanité perdue. Or, jamais le mirage d’une oasis n’a étanché la soif d’un voyageur égaré dans l’étendue désertique. Même la tolérance envers les systèmes religieux imaginés par les hommes conduit à la mort :
« Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue c’est la voie de la mort » (Proverbes 14:12).
L’homme a besoin d’une eau fraîche. L’Ecriture désigne sans l’ombre d’un doute Jésus comme la véritable oasis, comme l’unique source d’eau vive.
« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux » (Esaïe 55:1).
« L’Eternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas » (Esaïe 58:11).
Jésus a confirmé lui-même ces prophéties d’Esaïe :
« Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4:14).
Pour cette raison, en pratiquant le syncrétisme religieux, l’Église Catholique encourt la même condamnation qu’Israël aux temps de son idolâtrie :
« C’est pourquoi je veux encore contester avec vous, dit l’Eternel… Car mon peuple a commis un double péché : ils m’ont abandonné, moi qui suis une source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jérémie 2:9a-13).
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois ; le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » (Luc 12:51-53)
L’Évangile de la grâce de Dieu est un message radical. Selon qu’on l’accepte ou le rejette, il sépare les hommes en deux catégories : les sauvés et les perdus. À travers tout l’enseignement de Jésus et des apôtres apparaît une frontière divisant les hommes en deux camps opposés. L’Ecriture emploie les images et les expressions les plus diverses pour caractériser ces deux camps. On se souvient que, dans son discours sur la fin des temps, Jésus opposait le bon et le mauvais serviteur, la vierge sage et la vierge folle, la brebis et le bouc.
Jean Baptiste compare les sauvés et les perdus à du blé que l’on amasse et de la paille que l’on brûle :
« Il (Jésus) a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point » (Matthieu 3:12).
Jésus distingue la bonne semence et l’ivraie :
« La bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin » (Matthieu 13:38).
Pour l’apôtre Jean, il n’y a que deux sortes d’hommes :
« Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12).
« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. » (Jean 8:44)
L’Évangile de la grâce de Dieu prend en compte la réalité d’un esprit mauvais, Satan, qui a entraîné l’homme dans la désobéissance (chute d’Adam), qui est le tentateur et l’accusateur de l’homme, voulant le conduire au péché et, par là, à une séparation définitive de son Créateur. Il est appelé par Jésus le père du mensonge et le Prince de ce monde, pouvant étendre son influence et son pouvoir sur toute l’humanité. Jésus, le Fils de Dieu, le seul homme sans péché, l’a vaincu à Golgotha :
« Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:31-32).
À la croix, le monde en tant que système, le prince de ce monde et les puissances qui en dépendent ont été jugés et destitués de leur pouvoir :
« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Colossiens 2:15).
La mort de Jésus entraîne pour le croyant une justification qui ne peut jamais être remise en cause.
« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est à dire le diable, et qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude » (Hébreux 2:14-15).
Les hommes non-croyants sont dans les ténèbres, car ils sont aveuglés par la puissance du diable. C’est pourquoi, lorsqu’il établit Paul son ministre et son témoin, le Seigneur Jésus s’adresse à lui en ces termes :
« Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés » (Actes 26:17-18).
Le chrétien né de nouveau, étant passé des ténèbres à la lumière, échappe à la puissance de Satan :
« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui même, et le malin ne le touche pas. Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jean 5:18-19).
Toutefois, même si un enfant de Dieu ne peut être touché par Satan, il doit toujours se montrer vigilant et se tenir prêt à lui résister avec une foi inébranlable :
« Votre adversaire, le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde » (1 Pierre 5:8-9).
Si Jésus-Christ est la seule voie qui mène à Dieu, où donc conduisent les religions du monde ?
« Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ephésiens 6:12).
« Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jean 14:23)
L’Église Catholique a très bien su discerner, il y a quelques années, qu’une certaine théologie de la libération pouvait glisser facilement vers les principes marxistes et révolutionnaires athées5. De la même manière, comment ne voit-elle pas qu’en pratiquant son évangile social, elle se retrouvera immanquablement sur le terrain des droits de l’homme, où les notions de liberté, de justice et de paix n’ont pas la même acception que dans la Bible ?
L’évangile social parle de la défense de la dignité et de la liberté de l’homme. La Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu rappelle que la culpabilité et la corruption de l’homme ont rendu nécessaire le sacrifice de Jésus, pour le dépouiller de sa vieille nature et faire de lui une nouvelle créature.
« C’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ephésiens 4:21b-24).
Jésus-Christ n’est pas venu établir une société plus juste. Il est venu restaurer la nature déchue de l’homme afin de le rendre participant de la nature et de la vie divines. Le Seigneur Jésus parle de ce changement de nature comme d’une nouvelle naissance :
« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3:5-7).
La nouvelle naissance a pour conséquence un changement radical opéré par l’Esprit-Saint dans les sentiments, les pensées et la volonté de l’homme. Les auteurs du Nouveau Testament l’ont présentée sous différents aspects : une vie nouvelle (Romains 6:4), une résurrection spirituelle (Ephésiens 2:5), un nouvel esprit (Romains 7:6), un homme nouveau (Ephésiens 4:24), un bain de régénération (Tite 3:5).
Paul dit que notre vieux moi a été cloué à la croix :
« Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Romains 6:6).
La nouvelle naissance est également le point de départ d’une authentique marche dans la sainteté. Cette nouvelle vie trouve sa source en Jésus-Christ : le chrétien né de nouveau est un sarment greffé par le vigneron (Dieu) sur le cep (Jésus).
« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5).
Cette vie pleine et entière avec Dieu en Jésus-Christ, les fidèles catholiques en sont privés, parce que leurs bergers ont remplacé la nouvelle naissance par la régénération baptismale et la puissance de leurs sacrements. Ils ont fait de l’Evangile une nouvelle Loi dans laquelle les œuvres de bienfaisance donnent à ceux qui les pratiquent l’illusion de la sainteté. La Bible enseigne, au contraire, que, de même que nous ne pouvions mériter notre salut, nous ne pouvons pas non plus nous sanctifier par nos propres efforts : la sanctification est l’œuvre du Saint-Esprit en nous. C’est la raison pour laquelle on peut affirmer avec assurance que les religions ne viennent pas de Dieu, même avec toutes leurs apparences d’humilité et de piété.
Selon l’apôtre Paul, la nouvelle naissance permet de distinguer deux sortes d’hommes dans le monde :
L’homme naturel (dépendant des sens), c’est à dire issu d’Adam, non régénéré. Cet homme peut être instruit, éloquent, aimable, séduisant et d’apparence humble et religieuse, mais le sens spirituel des Ecritures lui échappe complètement.
L’homme spirituel, c’est-à-dire l’homme nouveau, rempli du Saint-Esprit et marchant selon l’Esprit de vérité en pleine communion avec Dieu.
« L’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui même jugé par personne. Car, qui a connu la pensée du Seigneur, pour l’instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. » (1 Corinthiens 2:14-16)
Les mouvements révolutionnaires, les idéaux démocratiques, les grands courants philosophiques et artistiques qui ont marqué ces deux derniers siècles s’essoufflent. Animées par l’ardeur généreuse du vieux rêve de l’humanité de voir tous les hommes devenir frères (« Alle Menschen werden Brüder » comme on le chante dans la 9° symphonie de Beethoven), ou encore emportées par l’ardeur impétueuse de « l’Internationale » qui entraîne la « foule esclave » dans une « lutte finale », les générations d’hommes se sont succédées, incapables de refaire le monde, impuissantes à endiguer le mal, l’injustice, la souffrance et la guerre.
Tous, qu’ils aient été généreux, sincères, tolérants, pacifiques, ou qu’ils se soient comportés en dictateurs, tous ont échoué, et l’inquiétude ronge toujours le cœur de l’homme, du riche comme du pauvre.
Tous ont ceci en commun : ils ont cru pouvoir affranchir l’humanité en se passant de Dieu. Le deuxième couplet de l’Internationale ne dit-il pas : « Ni Dieu, ni césar, ni tribun? » ?
Les sciences et techniques ont apporté un plus grand confort matériel et modifié considérablement la manière de vivre, mais les hommes sont devenus esclaves du travail, du confort, des loisirs, de l’argent. Le péril écologique et nucléaire grandit chaque jour, et notre société est confrontée à de graves problèmes éthiques qui deviennent de plus en plus difficiles à solutionner.
Nos vénérées sciences humaines n’ont pas fait mieux. Donnant à l’homme l’illusion d’une plus grande conscience de lui-même, elles n’ont pas percé le secret de ses origines et de sa nature intime. S’ils avaient accordé quelque crédit à la Bible, nos intellectuels y auraient découvert que Dieu « a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin » (Ecclésiaste 3:11).
Pour bien des observateurs lucides, l’heure n’est plus aux illusions. Beaucoup de cœurs assoiffés et fatigués cherchent le repos. C’est pourquoi les hommes de cette fin de XX° siècle se tournent, de plus en plus nombreux, vers les religions et le surnaturel. Quelles réponses vont-ils trouver à leurs questions ? Quelle espérance donnera-t-on à leurs attentes ?
L’Église Catholique, pour sa part, propose de prendre en compte l’héritage religieux et culturel universel, d’en retenir ce qui est bon et de l’animer du souffle de l’Evangile, exprimant ainsi sa confiance et son espérance en la capacité de l’homme à bâtir par lui-même un monde nouveau.
Notre réflexion se terminera donc sur ces deux points :
La proclamation de l’Evangile peut-elle prendre en compte les valeurs positives des religions ?
La proclamation de l’Evangile peut-elle aussi s’accommoder des valeurs de culture et de pensée du monde ?
« Il n’y a point d’autre Dieu que moi, je suis le seul Dieu juste et qui sauve. Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. Je le jure par moi-même, la vérité sort de ma bouche et ma parole ne sera point révoquée : Tout genou fléchira devant moi, toute langue jurera par moi. En l’Eternel seul, me dira-t-on, résident la justice et la force ; à lui viendront, pour être confondus, tous ceux qui étaient irrités contre lui. Par l’Eternel seront justifiés et glorifiés tous les descendants d’Israël. » (Esaïe 45: 21c-25)
Rappelons-nous ces paroles de sœur Emmanuelle :
« J’avais aimé étudier le bouddhisme. Eh bien, je pense qu’il pourrait nous apporter une approche de la vérité par le dépouillement de « l’ego » qui nous ferait à tous le plus grand bien ».
On peut effectivement établir des parallèles entre l’enseignement de Bouddha et celui de Jésus-Christ. Voici, par exemple, une phrase attribuée à Bouddha :
« Si un insensé me fait du tort, je lui offrirai en retour la protection de mon inépuisable amour ; plus il me fera de mal, plus je lui rendrai du bien… ».
En lisant cela, on pense immédiatement à :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5:44).
N’y a-t-il pas là un dénominateur commun sur la base duquel pourrait s’établir un dialogue interreligieux ?
Malheureusement non, parce que la profession de foi du bouddhiste ne reconnaît pas l’unique Sauveur donné par Dieu aux hommes. Elle dit :
« Je me réfugie auprès de Bouddha, je me réfugie auprès de la loi, je me réfugie auprès de l’assemblée (c’est à dire celle des moines) ».
Le chrétien racheté par le sang de Christ confesse par contre : « Je me réfugie auprès de Jésus-Christ, mon Sauveur, mort pour mes péchés, je me réfugie auprès de la Bible, unique parole de Dieu donnée aux hommes, je me réfugie auprès de l’Église, assemblée des rachetés remplis de l’Esprit-Saint ».
Si nous regardons du côté de l’Islam, il est également possible d’établir des parallèles entre le Coran et la Bible. Par exemple :
« L’aumône que vous ferez, le vœu que vous avez formé, seront connus du ciel. Il est bien de manifester vos bonnes œuvres, il est mieux de les cacher, et de les verser dans le sein des pauvres, elles effacent les péchés, parce que le Très-Haut est le témoin des actions » (Sourate 2:273).
Cet extrait du Coran ne nous rappelle-t-il pas :
« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Matthieu 6:3-4) ?
L’Islam, religion monothéiste, n’est-il pas finalement très proche du christianisme ? Malheureusement, ici encore, nous rencontrons une confession de foi qui exclut Jésus-Christ :
« Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète ».
La répétition de cette profession efface cent péchés et vaut cent bonnes actions. Quant au Coran, livre sacré des musulmans, il est considéré comme « l’ouvrage de Dieu ». Le chrétien racheté, au contraire, croit au Dieu révélé par la Bible et trouve son salut en Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes. La confession sincère du Seigneur Jésus mort et ressuscité le sauve et fait de lui un enfant de Dieu.
« Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; quiconque confesse le Fils a aussi le Père » (1 Jean 2:23-24).
On peut certainement trouver dans beaucoup de religions des enseignements et des pratiques respectables en soi, pouvant s’accorder avec l’Evangile. C’est probablement en se basant sur ces observations que le cardinal Ratzingzer a dit :
« Les religions pourraient donc garder leurs formules, leurs formes et leurs rites, mais en les orientant à cette juste praxis : À leurs fruits, vous les reconnaîtrez » (cité ci-dessus).
Si de tels propos reflètent un esprit de tolérance, de respect et d’ouverture envers les autres croyances, ils n’en représentent pas moins une véritable TRAHISON de l’œuvre et de la personne de Jésus-Christ, de la part des conducteurs catholiques romains.
On ne peut pas confesser Jésus-Christ le Fils de Dieu, et en même temps accorder à Bouddha et Mahomet, qui ne sont que des hommes, un quelconque crédit. Jésus a dit :
« C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10:32-33).
Le monde doit savoir que Jésus-Christ est le SEUL Médiateur entre Dieu et les hommes. Ne pas proclamer cela, c’est RENIER Jésus-Christ, et c’est priver de la vie éternelle ceux qui la recherchent.
« Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut ? » (Hébreux 2:3).
Et encore :
« Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? » (Romains 10:14).
« Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Romains 10:17).
Avec le dialogue interreligieux, le pape Jean-Paul II et les conducteurs de l’Église de Rome trompent leurs fidèles et agissent en faux prophètes, ceux-là même que l’apôtre Jean a dénoncés en ces termes :
« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent d’après le monde, et le monde les écoute » (1 Jean 4:1-5).
« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. » (2 Timothée 4:3-4)
Selon le cardinal Jean-Marie Lustiger (archevêque de Paris), la catholicité de l’Église romaine, c’est-à-dire son caractère d’universalité, lui conférerait un rôle moteur et unificateur dans l’évolution de l’humanité en route vers une civilisation planétaire :
« […] Les voyages de Jean-Paul II semblent aux observateurs superficiels faire partie de la ronde incessante des grands de ce monde autour de la planète. C’est ignorer ce qu’il dit et fait en chacune de ses étapes. Ce que l’on nomme « mondialisation », en ne retenant que les données économétriques de la vie des sociétés, est, au regard de ce Pape, l’une des plus grandes chances et l’une des plus grandes épreuves de l’histoire des hommes : La rencontre concrète et quasi immédiate des cultures. Comment assurer la communion universelle des hommes sans que soit reniée, ou perdue, aucune des richesses spirituelles qui constituent le patrimoine de l’humanité ? « C’est là, très exactement, la mise en œuvre du concept de catholicité que l’Église a revendiqué depuis ses origines. Jean-Paul II est intellectuellement armé pour penser un tel bouleversement […] ».
Le cardinal Lustiger décrit cette arme intellectuelle qui donne, d’après lui, au pape « la puissance visionnaire du serviteur de la Vérité » :
« […] Il n’a pas cessé d’être un philosophe de haut-vol. […] Les outils conceptuels dont dispose Jean-Paul II sont ainsi bien plus richement diversifiés que ceux auxquels recourt habituellement l’intelligentsia occidentale. Si les intellectuels polonais ont pu, au travers des tribulations de ce siècle, entretenir la vitalité de leurs cercles d’enseignement et de réflexion, c’est parce qu’ils ne se sont pas laissés enfermer dans le dilemme entre la culture classique et les prolongements de l’hégélianisme, mais ils ont accueilli l’apport philosophique de la phénoménologie, un peu comme les Pères de l’Église avaient reçu le platonisme ou les théologiens médiévaux l’aristotélisme. […] C’est dans la phénoménologie qu’il (Jean-Paul II) a trouvé son outil de pensée et d’action, prenant sa part créatrice aux renouvellements ultérieurs de la pensée au XX° siècle […] » (Géopolitique, n°58, été 1997, p.5).
L’Esprit-Saint vous enseignera toute chose
« Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14:26)
Avant d’aller plus loin dans notre réflexion, il me semble important de nous rappeler comment les premiers apôtres furent « armés intellectuellement » par Jésus et quelle fut leur « puissance visionnaire ».
Voici ce que rapporte le livre des Actes au sujet de Pierre et de Jean, quand ceux-ci furent amenés à témoigner de Jésus-Christ devant les anciens, les scribes et les principaux sacrificateurs :
« Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction ; ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus » (Actes 4:13).
L’arme qui donnait tant d’assurance aux disciples n’était pas leurs ressources intellectuelles, mais l’Esprit de Dieu qui agissait en eux :
« Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous aurez à dire, mais dites ce qui vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint » (Marc 13:11).
Chacun le sait, Jésus a aussi recruté parmi ses apôtres des hommes très instruits, comme le rabbin Saul de Tarse appelé Paul. Mais celui-ci dit bien que, lorsqu’il rendait témoignage, il ne recourait ni à des artifices de langage, ni à des raisonnements propres à entraîner l’adhésion des gens :
« Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement ; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi fut fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2:1-5).
Les apôtres se sont toujours gardés de mêler à l’annonce de la Bonne Nouvelle toutes considérations provenant de la sagesse humaine. Et même si la philosophie, la sociologie ou l’anthropologie sont en vogue ces dernières années, nous devons nous aussi nous garder d’associer la pensée biblique – qui est la parole de Dieu – à l’idée d’une culture chrétienne.
Si nous attirons l’attention sur ce que nos livres d’histoire appellent la civilisation judéo-chrétienne, nous sous-entendons que l’Evangile est lié à des valeurs de pensée, de culture et de manière de vivre issus d’une tradition. Il n’y a plus de raison, à nouveau, de ne pas prendre en compte également les civilisations issues de l’Islam, du Bouddhisme ou autres… en considérant qu’à leur manière, ces religions ont aussi quelque chose à apporter au monde.
Jésus-Christ Chemin Vérité et Vie
La Bible est la seule parole que Dieu ait donné aux hommes, et Jésus est le seul homme qui, venant d’auprès de Dieu, pouvait nous apporter le salut.
« Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. » (Jean 3:13)
En affirmant cela, le chrétien ne se place nullement au-dessus des autres hommes, puisqu’il sait qu’il est né pécheur comme eux. Il ne fait que son devoir de disciple de Jésus-Christ qui aime les autres hommes et désire de tout son cœur qu’ils soient sauvés à leur tour. Agissant en toute loyauté envers ses frères humains, il ne peut que leur parler selon la Vérité, leur apportant la parole de Vie, l’Evangile éternel : une bonne nouvelle immuable, décidée de toute éternité et éternellement valable.
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant l’Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d’une voix forte : Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux. » (Apocalypse 14:6-7)
Cet Evangile éternel, l’apôtre Paul l’a merveilleusement résumé ainsi :
« Dieu nous a sauvés, et nous a appelés par une vocation sainte, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Evangile » (2 Timothée 1:9-10).
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Corinthiens 5:17)
Le missionnaire anglais Hudson Taylor (XIX° siècle) a laissé ce souvenir d’une de ses soirées d’évangélisation en Chine :
« Nyi était donc entré dans la « salle de Jésus », ce soir-là, lui, un membre de cette multitude qui, par crainte de la mort, est retenue toute la vie dans la servitude. Comme il était là, assis, écoutant ardemment, l’espérance commença de poindre dans son cœur. Les choses vieilles s’en furent et il devint conscient que toutes choses étaient nouvelles. « Le « maître étranger » avait cessé de parler. Regardant tout l’auditoire, Nyi se leva et déclara avec simplicité : « J’ai longtemps cherché la Vérité, comme l’a fait mon père avant moi, mais sans la trouver. J’ai cherché auprès et au loin, mais je ne l’ai pas découverte. Je n’ai pas trouvé de repos dans le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme ; mais je trouve le repos dans ce que nous avons entendu ce soir. C’est pourquoi, dès maintenant, je crois en Jésus. » « L’effet de cette profession de foi fut profond, car Nyi était très estimé. Quelque temps après, il rendit témoignage de sa foi dans une réunion de la société à laquelle il avait appartenu. Il devint par la suite un auxiliaire précieux pour les missionnaires et ce fut lui qui, un jour, demanda à brûle-pourpoint à Hudson Taylor : « Depuis combien de temps avez-vous la Bonne Nouvelle en Angleterre ? » Le jeune missionnaire était honteux d’avoir à le dire et répondit vaguement qu’il y avait un certain nombre de siècles. « Comment ? répliqua Nyi stupéfait, des centaines d’années ! Est-il possible que vous ayez connu Jésus depuis si longtemps et que vous ne veniez que maintenant nous en parler ! Mon père a cherché la Vérité pendant plus de vingt ans et il est mort sans l’avoir trouvée. Oh ! pourquoi n’êtes-vous pas venus plus tôt ? » (Vie de Hudson Taylor, éditions TEMA, p.217-218).
Quel contraste entre cet encourageant récit d’évangélisation et les propos confus de sœur Emmanuelle cités plus haut : « Je possède peut-être quelques rayons de l’absolu, mais les autres religions aussi », ou encore : « Jamais je n’ai cherché ou ne chercherai à les (les musulmans) convertir ».
Hudson Taylor, qui ne figure pas au calendrier des saints catholiques, a été l’instrument de Dieu pour conduire à leur Sauveur des milliers de Chinois. Vers la fin de sa vie, alors que son œuvre missionnaire prenait de plus en plus d’expansion – par la grâce de Dieu – son souci d’apporter au monde la parole de libération se faisait toujours plus grand. Avec tout son désir de développer les dons de l’Église chinoise, il redoutait de voir l’instruction, l’œuvre médicale ou toute autre activité auxiliaire usurper la place centrale :
« Remplacer la prédication par les œuvres sociales serait une grave erreur. Si nous pensons que les gens se convertiront par l’éducation au lieu de la régénération, nous sommes dans l’erreur. Les activités auxiliaires doivent être vraiment auxiliaires, c’est-à-dire des moyens pour amener les hommes à Christ. Exaltons en nous-mêmes le glorieux Evangile et croyons qu’il est une puissance de salut. « Pourquoi se mettre en apprentissage chez un constructeur, sinon pour apprendre à construire ? A quoi cela sert-il de nous attacher à un Sauveur, si nous n’apprenons pas à sauver ? Quoique nous puissions être sauvés nous-mêmes, serions-nous en fait ses disciples ? » (Vie de Hudson Taylor, p.450).
Les fidèles catholiques ignorent l’existence de tels témoins du Christ, et ils sont pourtant nombreux dans le monde actuellement ! Ces courageux soldats du Christ ne reçoivent pas les honneurs de ce monde, mais ils peuvent tous dire, au moment de quitter cette terre :
« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement » (2 Timothée 4:7-8).
Dans le discours de Jésus sur la fin des temps que nous avons évoqué plus haut, notre Seigneur dit ceci :
« C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, – que celui qui lit fasse attention ! » (Matthieu 24:15).
Le syncrétisme religieux de l’Église Catholique nous rapproche d’une manière certaine de ces temps d’abomination. Et puisque Jésus nous demande d’être attentifs à la prophétie de Daniel se rapportant à ces temps, soyons-le. Retenons de cette dernière prophétie ce verset encourageant :
« Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité » (Daniel 12:3).
Si nous sommes d’authentiques témoins de Jésus-Christ, rachetés par son sang, nous devons enseigner la justice de Dieu aux hommes. Celle-ci n’a rien à voir avec la justice sociale, celle des droits de l’homme : Christ est notre justice (1 Corinthiens 1:30). Tous les hommes, les riches comme les pauvres ont besoin de connaître cette parole du Messie :
« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par dessus » (Matthieu 6:33).
À la dernière page du livre de sœur Emmanuelle, j’ai relevé cette exaltante invitation :
« Debout, habitants de la terre ! Luttons ensemble pour la résurrection de la justice et de l’amour ! »
Pour terminer, je dirai simplement que le monde actuel a plus besoin de redécouvrir cette salutaire sollicitation du Seigneur Jésus :
« Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau ». (Jean 6:27)
« Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela sans la sagesse du langage, AFIN QUE LA CROIX DE CHRIST NE SOIT PAS RENDUE VAINE ». (1 Corinthiens 1:17)
« L’Eternel règne : que la terre soit dans l’allégresse, Que les îles nombreuses se réjouissent ! Les nuages et l’obscurité l’environnent, La justice et l’équité sont la base de son trône. Le feu marche devant lui, Et embrase à l’entour ses adversaires. Ses éclairs illuminent le monde, La terre le voit et tremble ; Les montagnes se fondent comme la cire devant l’Eternel, Devant le Seigneur de toute la terre. Les cieux publient sa justice, Et tous les peuples voient sa gloire. Ils sont confus tous ceux qui servent les images, Qui se font une gloire des idoles. Tous les dieux se prosternent devant lui. Sion l’entend et se réjouit, Les filles de Juda sont dans l’allégresse, A cause de tes jugements, ô Eternel ! Car toi, Eternel ! tu es le Très-Haut sur toute la terre, Tu es souverainement élevé au-dessus de tous les dieux. » (Psaume 97:1-9)
Sœur Emmanuelle donne quelques interprétations erronées des paroles et des attitudes de Jésus dans les évangiles. Entre autres, dans l’évangile de Jean, lorsque Jésus prend la défense de la femme adultère (au chapitre 8), sœur Emmanuelle en conclut :
« Je suis persuadée que, contrairement à l’opinion courante, les dits « péchés de la chair » sont les moindres aux yeux du Christ » (p.74).
Il n’est malheureusement pas possible d’accepter une telle assertion. La Bible ne dit pas cela, au contraire, puisque la loi de Moïse prévoyait la peine de mort pour ce péché. Et nous savons que Jésus a bien précisé :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi » (Matthieu 5:17).
Au chrétien régénéré, dont le corps est devenu « le temple du Saint-Esprit » (1 Corinthiens 6:19), Jésus demande encore plus que le Décalogue :
« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5:27-28).
Quelle leçon devons-nous donc tirer de l’histoire de la femme adultère ? En ne condamnant pas cette femme de mauvaise vie, Jésus n’a pas fait preuve d’une plus grande mansuétude que la Loi. Il a voulu rappeler aux scribes et aux pharisiens, les accusateurs, leur propre injustice aux yeux de Dieu, ainsi que l’explique l’apôtre Paul :
« O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable ; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses » (Romains 2:1).
En débutant son commentaire du texte sur la femme adultère, sœur Emmanuelle s’est exprimée ainsi : « Je suis persuadée que… ». Cette manière de s’interposer entre l’Ecriture et les lecteurs de son livre nous conduit à cette observation : Est-il possible de soumettre l’objectivité, la parfaite cohérence et la pleine autorité de la parole de Dieu à l’entendement humain ?
Pour le magistère de l’Église Catholique c’est chose certaine. Il l’a réaffirmé sans l’ombre d’un doute par le moyen d’un texte publié par la Commission biblique pontificale intitulé : « L’interprétation de la Bible dans l’Église » (Editions du Cerf, 1994)
Ce document énumère et décrit les différentes méthodes et approches du texte biblique dont dispose le lecteur de notre époque. Nous y trouvons pêle-mêle la méthode historico-critique, les nouvelles méthodes d’analyse littéraire (rhétorique, sémiotique, narratologie), les approches basées sur la tradition, les approches par les sciences humaines (sociologie, anthropologie, psychologie, psychanalyse), les approches contextuelles (libérationiste, féministe). En publiant cette mise au point sur l’approche des textes bibliques, le Vatican n’a pas cherché à dissimuler sa double intention :
Décourager les fidèles catholiques d’une lecture simple et d’une appropriation directe et personnelle des promesses de la Bible.
Eveiller la méfiance envers les croyants qui témoignent, fidèles au Christ et aux apôtres, que la Bible est la parole vivante, efficace et éternelle de Dieu.
Ce double objectif visé par Rome, le journal La Croix du 7 février 1994 en a rendu compte en ces termes :
Concernant la lecture simple :« La Bible est une somme de vieux textes. Croire qu’il suffit d’ouvrir la Bible pour la comprendre, c’est se leurrer. Un travail d’approche est nécessaire. […] L’exégèse scientifique dans les églises chrétiennes est au service de la lecture croyante de la Bible… »
Concernant la lecture fondamentaliste : « Cette lecture est une « forme de suicide de la pensée » selon la formule choc de la Commission biblique. Elle consiste à prendre le texte à la lettre comme si Dieu l’écrivait pour moi aujourd’hui. Le fondamentaliste refuse toute méthode ou approche du texte. Autrement dit, aucune distance n’est prise par rapport à ce que je lis et mes impressions de lecture sont aussitôt « canonisées » comme la bonne et unique façon d’interpréter les textes. Non seulement inutile, cette lecture est en plus dangereuse car elle fait dire n’importe quoi au texte. Le lecteur s’écoute lui-même, au lieu de laisser parler le texte. Le fondamentaliste ne distingue pas l’humain et le divin. Pour lui, les Ecritures sont automatiquement et immédiatement Parole de Dieu ».
En tout ceci Rome est restée fidèle à la position qu’elle tient, depuis le Concile de Trente, face à la Bible. Là où il ne lui est maintenant plus possible d’user de son opposition, elle opère une sournoise dissuasion.
Devant le déploiement de méthodes d’approches « scientifiques » recommandées par les docteurs catholiques au lecteur de la Bible, nous pouvons nous souvenir de la joie qu’éprouvait Jésus en parlant de l’Evangile révélé aux enfants :
« En ce moment même, Jésus tressaillit de joie dans son esprit, et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Luc 10:21).
La Bible présente deux récits du jugement. Celui de Matthieu 25:31-46 et celui de Apocalypse 20:11-15.
Matthieu 25 Ce jugement aura lieu « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire » (verset 31), c’est à dire au moment de la seconde venue de Christ, après la tribulation. Ce jugement aura pour objet « toutes les nations » (verset 32) c’est à dire les ethnies (dans le texte grec ethne) ou peuples vivant sur la terre.
Apocalypse 20 Ce jugement concerne les morts. Il se situe après le précédent : La terre et les cieux ont alors disparu (verset 11). Des livres sont ouverts et les morts sont jugés d’après leurs œuvres (verset 12). Le livre de vie est ouvert (verset 12) et quiconque n’est pas trouvé dans ce livre est jeté dans l’étang de feu (verset 15). Ce jugement peut être appelé jugement dernier parce qu’aussitôt après la Bible dit :« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus » (Apocalypse 21:1).
Pour les distinguer, on peut donc appeler le premier jugement (Matthieu 25) « jugement des nations » et le second (Apocalypse 20) « jugement dernier ».
Dans son livre, sœur Emmanuelle appelle le récit de Matthieu « jugement dernier » probablement en raison d’une note de la Bible de Jérusalem (traduction officielle de l’Église Catholique) qui dit ceci à propos des nations rassemblées devant le trône :
« Tous les hommes de tous les temps. La résurrection des morts n’est pas mentionnée mais doit être supposée. cf. Matthieu 10:15 ».
Certains cercles œcuméniques et charismatiques voudraient minimiser ou ignorer l’hérésie mariale de l’Église Catholique dans le but de favoriser l’unité des chrétiens, et cela au nom de l’amour.
L’argument biblique invoqué est presque toujours ce verset extrait de la prière sacerdotale de Jésus :
« …afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jean 17:21).
Pour bien comprendre le caractère hérétique de la doctrine mariale et de ses pratiques cultuelles, il faut se rappeler le rôle que l’Église Catholique attribue à la Vierge Marie.
Ainsi, la liturgie de la messe, après quelques paroles de salutations, débute par cette prière pénitentielle :
« Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères que j’ai péché, en pensées, en paroles, par action et par omission ; oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».
Ce recours à l’intercession de la Vierge (et des saints) montre bien que, même après Vatican II, Rome continue de considérer la Vierge comme :
« Mater Dei » (Mère de Dieu)
« Regina Coeli » (Reine du Ciel)
« Mater misericordiae » (Mère de miséricorde)
« Advocata nostra » (notre avocate)
que les fidèles peuvent invoquer pour obtenir le pardon de Dieu.
Le croyant qui fonde sa foi sur l’enseignement des apôtres sait, heureusement, que Dieu lui a donné un Avocat qui a le pouvoir de le défendre :
« Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même une victime propitiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2:1-2).
« Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins » (Hébreux 4:14-16).
La Bible ne pouvant pas fournir d’assises à la doctrine mariale, les exégètes catholiques ont essayé de justifier les dogmes de Rome en recourant à une interprétation « orientée » de certains passages du Nouveau Testament. Nous donnons ci-dessous quelques exemples trouvés dans la Bible de Jérusalem, traduction annotée officielle de l’Église Catholique.
Concernant la « virginité perpétuelle » de Marie :Matthieu 12:46 : « Comme Jésus s’adressait encore à la foule, voici, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, cherchèrent à lui parler. »Note de la Bible de Jérusalem pour le mot « frères » :« Non des fils de Marie, mais des proches parents, comme par exemple des cousins que l’hébreu et l’araméen appelaient aussi frères ».Pourtant, le mot grec (adelphos) employé dans ce passage pour parler des frères et sœurs de Jésus se différencie bien des autres termes utilisés pour désigner les cousins ou une parenté proche. D’autre part, le verset Matthieu 1:25 laisse entendre qu’après la naissance de Jésus, Marie devint réellement femme de Joseph :« Mais il (Joseph) ne la (Marie) connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus ».
Concernant les rôles « d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice » attribués à Marie (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, Art. n° 969) :Jean 19:25-27 : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »Note pour les mots « voilà ta mère » (verset 27) :« Le contexte scripturaire et le caractère singulier de l’appellation « femme » semblent indiquer que l’évangéliste voit ici un acte qui dépasse la simple piété filiale : la proclamation de la maternité spirituelle de Marie, nouvelle Eve, à l’égard des croyants représentés par le disciple bien-aimé ».Une simple lecture du verset 27 : « Dès ce moment, le disciple la prit chez lui » permet de comprendre que les paroles de Jésus n’avaient pas cette portée spirituelle mais bien pratique. Au moment où s’accomplissait la prophétie de Siméon concernant Marie : « Et à toi-même une épée te transpercera l’âme » (Luc 2:35), il est touchant de voir Jésus se préoccuper de la souffrance de sa mère, tandis que lui-même se trouve au moment extrême de son agonie.
Concernant la proclamation de la Vierge comme « Reine de l’Univers » (Dogme de l’Assomption, 1950) :Apocalypse 12:1 : « Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête ».Note au mot « femme » :« Elle représente le peuple saint des temps messianiques, et donc l’Église en lutte. Il est possible que Jean pense aussi à Marie, nouvelle Eve, la fille de Sion, qui a donné naissance au Messie »Tous les ans, le jour du 15 août, fête de l’Assomption, on lit dans les églises catholiques ces premiers versets du chapitre 12 de l’Apocalypse en présentant la femme de ce texte comme étant la Vierge Marie.Pourtant, l’explication du symbole de la « femme » de l’Apocalypse est pleinement fournie par la Bible : La femme décrite ici est la nation d’Israël. Le songe de Joseph dans le livre de la Genèse nous en fournit l’explication :« Il (Joseph) eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit : J’ai eu encore un songe ! Et voici, le soleil, la lune, et onze étoiles se prosternaient devant moi » (Genèse 37:9).Le soleil et la lune représentent ici les parents de Joseph et les onze étoiles ses frères (lui-même étant le douzième), dont est sorti le peuple de Dieu.Il faut remarquer le caractère suggestif des notes de la Bible de Jérusalem : « Le contexte scripturaire et le caractère singulier de l’appellation « femme » semblent indiquer… » ou encore : « Il est possible que Jean pense aussi à Marie ». En fait les exégètes catholiques ne disent pas à leurs lecteurs qu’ils se trouvent là en présence de vérités bibliques fondamentales, ils se contentent d’envisager une autre interprétation allant dans le sens des dogmes de leur Église. Cette prudence ne révèle-t-elle pas qu’au fond de leur conscience ils ont parfaitement saisi le sens véritable du texte ?
« Lève-toi, ô Eternel ! Que l’homme ne triomphe pas ! Que les nations soient jugées devant ta face ! Frappe-les d’épouvante, ô Eternel ! Que les peuples sachent qu’ils sont des hommes ! » (Psaume 9:20-21)
Au lecteur qui n’a pas reçu l’assurance de son salut
« Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6:37)
Êtes-vous conscient de votre nature dégénérée, pécheresse, rebelle, corrompue et de votre séparation d’avec Dieu ?
Avez-vous renoncé à votre justice personnelle et voyez-vous Jésus-Christ comme l’unique chemin vers Dieu ?
Avez-vous compris l’absolue nécessité de son sacrifice et la perfection de son œuvre à la croix pouvant vous procurer tout ce que votre salut exige ?
Reconnaissez-vous qu’il vous est tout aussi impossible d’appartenir au peuple de Dieu sans régénération que de vivre sans naître physiquement ?
L’homme naît ennemi de Dieu par nature. Il lui faut donc naître à nouveau pour devenir son enfant. Sans la présence de cette nouvelle vie dans l’être, la réforme de vie la plus complète possible procurera une nouvelle illusion mais jamais le salut.
« Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de convoitise et de volupté, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant les uns les autres. Mais, lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvé, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. » (Tite 3:3-7)
« Tu as promulgué tes statuts, Pour qu’on les observe avec soin. » (Psaume 119:4)
« Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu’aussitôt que l’argent résonne dans leur caisse, l’âme s’envole du Purgatoire. »
« Encore : pourquoi le Pape n’édifie-t-il pas la basilique St Pierre de ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent des pauvres fidèles, puisque ses richesses sont aujourd’hui plus grandes que celles de l’homme le plus opulent ? »
Ces paroles sont extraites des 95 thèses que le moine Luther alla afficher le 31 octobre 1517 à la porte de l’église du Château de Wittenberg. Quelques temps auparavant, un moine dominicain, nommé Tetzel, était venu prêcher avec beaucoup de désinvolture la vente d’indulgences dans la région de Wittenberg. Le produit de cette vente devait servir en partie à la construction de la cathédrale Saint Pierre de Rome. Les thèses de Luther se répandirent en Allemagne avec une très grande rapidité… Ainsi débutait la grande aventure de la Réforme.
Le plus grand bienfait que ce grand mouvement de réveil religieux produisit fut la diffusion des Saintes Écritures, rendues accessibles à tous par leur traduction. On ne trouvait, à l’époque, que des bibles en latin et très peu de gens pouvaient y accéder.
Depuis lors, ni la Contre-Réforme catholique, ni les persécutions des mouvements de réveil évangéliques, ni l’opposition du Vatican aux Sociétés Bibliques n’ont réussi à empêcher la diffusion de la Bible dans le monde entier. Et en cette fin de XX° siècle, on a dépassé le nombre de 2000 langues dans lesquelles au moins une partie des Écritures a été traduite.
Le fait que la Parole de Dieu soit maintenant annoncée à autant de nations et en autant de langues doit nous faire réfléchir sur les temps que nous vivons. Nous savons en effet que lorsque les apôtres ont questionné Jésus sur son avènement et sur la fin du monde, il leur fit cette réponse :
« Cette bonne nouvelle du Royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin » (Matthieu 24:14).
Nous pouvons donc être certains que nous vivons des temps décisifs. Bien sûr, nous savons aussi que Jésus a précisé :
« Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » (Matthieu 24:36).
Cependant, nous ne devons pas oublier que notre Seigneur a ajouté :
« C’est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas » (Matthieu 24:44).
Aujourd’hui, en tant que Parole de Dieu, la Bible continue d’exercer son Autorité et son Jugement sur tout homme, chrétien ou non. L’Église Catholique n’y échappe pas, elle à qui Dieu a laissé maintenant plus de quatre siècles, depuis la Réforme, pour se repentir et revenir à sa Parole. Les conciles de Trente, Vatican I et II (qui ont eu lieu pendant cette période) ont-ils été l’occasion pour l’Église romaine de renoncer à ses fausses doctrines ?
La lecture du « Catéchisme de l’Église Catholique », rédigé à la suite du Concile Vatican II et publié en France en 1992 (avec une introduction du Pape) nous oblige à constater que Rome n’a toujours pas pris en compte l’avertissement que Dieu lui a donné aux temps de la Réforme.
À titre d’exemple, lisons ce que ce Catéchisme enseigne au sujet des fameuses indulgences dont la vente scandaleuse avait mis le feu aux poudres et déclenché la Réforme :
« Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour eux-mêmes et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines temporelles, suites des péchés » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1498)
« Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1479)
Que dit la Bible de son côté ?
Elle ne parle pas de pardon des péchés au moyen des indulgences. Elle ne dit rien non plus sur le fameux purgatoire catholique. Les apôtres Pierre et Paul ont enseigné que l’œuvre de pardon accomplie par le Christ à la croix était parfaite. Comment dans ce cas est-il possible encore d’exiger une punition pour les péchés ?
Relisons cet enseignement des apôtres :
Christ a porté nos péchés sur la croix :« Christ a souffert pour vous (…). Lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ; lui dont la meurtrissure vous a guéris. » (1 Pierre 2:21 et 24)
Dieu a destiné Christ à racheter ceux qui croiraient en Lui :« C’est Lui (Christ) que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice. » (Romains 3:25)
L’homme est gratuitement justifié par la grâce de Dieu :« Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. » (Romains 3:24)
Le salut et la régénération de l’homme ne s’obtiennent pas en échange d’œuvres de justice :« Il nous a sauvés – non parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde – par le bain de la régénération et le renouveau du Saint-Esprit. » (Tite 3:5)
Dieu n’exige pas d’œuvres de la part du racheté afin qu’il n’en tire pas gloire :« C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres afin que personne ne se glorifie. » (Ephésiens 2:8 et 9)
De sorte que, si l’on s’en tient aux écrits du Nouveau Testament, il devient impossible de dire, comme le font les docteurs catholiques, que l’homme peut mériter son salut.
Pénitences, actions généreuses, longues prières, pèlerinages, mortifications et renoncements coûteux : « notre salut ne dépend pas de nos mérites ou de notre zèle, mais de la miséricorde de Dieu », avait rappelé Luther.
Aux disciples, qui demandaient « qui peut donc être sauvé ? », Jésus a répondu clairement :
« aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible » (Matthieu 19:25-26).
« Vous puiserez de l’eau avec joie aux sources du salut. » (Esaïe 12:3)
Du Moyen-Âge à la fin de notre XXème siècle, l’Église Catholique n’a donc rien changé à son enseignement et à sa pratique des indulgences. Certes, la scandaleuse exploitation financière qui en avait été faite au Moyen-Âge a disparu (ou du moins a été bien réduite), mais son principe fondamental n’a pas été abandonné.
La question des indulgences, comme bien d’autres points de la doctrine catholique, nous conduit finalement à réfléchir sur la reconnaissance de l’autorité dans la vie de l’Église : qui croire ? et que croire ? Comment, en effet, retrouver la source pure de l’Évangile à travers tant de siècles de christianisme malmené ? Le chercheur sincère de Dieu devra-t-il en arriver à étudier l’histoire de l’Église, se plonger dans les sujets délicats de la théologie, interroger les vies de « Saints » et leurs écrits pour aboutir à des certitudes ?
Heureusement, rien de tout cela n’est nécessaire. Car Dieu, dans sa grande sagesse, a fait en sorte que tout homme puisse aller se désaltérer à la source pure de la Parole de son salut. Il a conduit ses apôtres à fixer, dès les premiers temps de l’Église, les écrits du Nouveau Testament. Pierre fait allusion à ce travail dans sa 2ème lettre :
« Mais j’aurai soin qu’après mon départ vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses. » (2 Pierre 1:15)
Et Paul, de son côté, rappelle l’importance de l’étude des Écritures :
« Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice. » (2 Timothée 3:16)
À l’homme qui cherche Dieu de tout son cœur, nous pouvons donc répondre avec assurance :
Que croire ? – La Bible : elle est la Parole de Dieu
Qui croire ? – La Bible : ses auteurs ont été inspirés par Dieu.
Par eux-mêmes, les hommes ne savent rien de Dieu, excepté ce qu’Il a jugé bon de leur dire :
« Les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et nos enfants, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. » (Deutéronome 29:29)
À travers les lignes qui suivent, nous voulons rappeler ce qu’est réellement la Bible :
La Bible, Parole de Dieu, est une parole de Vérité.
La Bible révèle à l’homme la Bonne Nouvelle de son salut en Jésus-Christ. Elle est aussi le meilleur garant contre tous ceux qui annonceraient un autre Évangile.
La Bible, en tant que Parole de Dieu, exerce son jugement sur tous les hommes, croyants ou incroyants.
La Bible n’annonce rien d’autre que Jésus-Christ, manifestation au monde de l’amour du Créateur qui désire sauver tous les hommes.
Notre Dieu est un « Dieu de vérité » (Psaume 31:6). Paul l’appelle dans l’épître à Tite le « Dieu qui ne ment point » (Tite 1:2).
Toutes les vicissitudes de l’homme sont imputables à son refus d’obéissance au Dieu de vérité, cela depuis la faute d’Adam. La Bible montre bien que le destin de l’humanité s’est joué le jour où les premiers hommes ont écouté la voix du tentateur, Satan l’ennemi de l’homme, celui que le livre de l’Apocalypse désigne comme « le serpent ancien » (Apocalypse 12:9). Jésus l’a dénoncé comme « le menteur et le père du mensonge » (Jean 8:44). Jésus a dit aussi de lui :
« Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce que la vérité n’est pas en lui » (Jean 8:44).
C’est pourquoi il est très important de rester attentifs à la manière dont Adam et Eve ont été séduits par la parole du diable.
Dans le récit bien connu de la tentation en Eden, nous ne voyons pas en effet Satan inciter directement les premiers hommes à se révolter contre leur Créateur. Il les détourne d’abord subtilement de la parole de Dieu et les conduit à la désobéissance simplement en semant le doute dans leur esprit :
« Il (le serpent) dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » (Genèse 3:1).
Puis vient le mensonge :
« Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez pas du tout ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal » (Genèse 3:4-5).
Chaque fois que nous relisons ce récit de la tentation en Eden, nous reconnaissons évidemment que nous n’aurions pas fait mieux que nos premiers parents et qu’à leur place, nous serions nous aussi tombés.
Voilà pourquoi tout croyant se doit de rester sur ses gardes. Souvenons-nous comment Jésus a parlé à Pierre : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé » (c’est-à-dire : « pour vous passer tous au crible, comme on secoue le blé pour le séparer de la balle », Luc 22:31). Personne ne peut donc prétendre être capable de résister à l’influence séductrice du tentateur par ses propres forces.
Tout chrétien devra chercher avant tout à s’appuyer sur la confiance absolue qu’il peut trouver en son Sauveur et Maître. Jésus, en effet, n’avait-il pas ajouté à la mise en garde adressée à Pierre :
« Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. » (Luc 22:31)
L’Église apostolique a été, dès le début, « passée au crible » par Satan. De faux apôtres s’y sont glissés parmi les frères, écartant les faibles et les non affermis dans la parole de vérité, du « chemin étroit » de l’Évangile. L’apôtre Paul a averti les chrétiens de l’église de Corinthe en leur rappelant que Satan reste toujours le maître en matière de séduction :
« Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par la ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne s’écartent de la simplicité à l’égard de Christ. Car, si le premier venu vous prêche un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez accueilli, vous le supportez fort bien. » (2 Corinthiens 11:3-4)
Une autre fois, en s’adressant aux chrétiens de Thessalonique, Paul leur révèle que « déjà le mystère de l’iniquité est à l’œuvre » dans le monde (2 Thessaloniciens 2:7). Il n’est pas facile de comprendre en quoi peut consister ce mystère d’iniquité. Paul en parle comme d’une puissance de révolte contre Dieu :
« L’avènement de l’impie se produira par la puissance de Satan, avec toute sorte de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que soient jugés ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice. » (2 Thessaloniciens 2:9-12)
Il est important de se rendre compte que, dans cet avertissement donné par Paul dès les premiers temps de l’Église, on parle de miracles, de signes et de prodiges mensongers, avec toutes les séductions de l’injustice. Or, selon l’apôtre, les hommes qui seront la proie de cette gigantesque œuvre de séduction sont ceux qui « n’ont pas reçu l’amour de la vérité » et ceux « qui n’ont pas cru à la vérité ». Quelle vérité ? L’Évangile répond avec une grande simplicité à cette question : celle de Jésus, puisque notre Sauveur a déclaré : « Je suis la vérité » (Jean 14:6).
« Ce livre de la loi ne s’éloignera pas de ta bouche ; tu y méditeras jour et nuit pour observer et mettre en pratique tout ce qui est écrit, car c’est alors que tu mèneras à bien tes entreprises, c’est alors que tu réussiras. »(Josué 1:8)
Dans l’Ancien Testament, nous voyons fréquemment que Dieu exhorte son peuple à conserver sa Parole avec une grande intégrité et à s’y soumettre :
« Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Eternel, votre Dieu, tels que je vous les donne. » (Deutéronome 4:2)
ou
« Vous observerez et vous mettrez en pratique ce que je vous ordonne. Tu n’y ajouteras rien et tu n’en retrancheras rien. » (Deutéronome 13:1)
ou encore :
« Toute parole de Dieu est éprouvée. Il est un bouclier pour ceux qui se réfugient en Lui. N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. » (Proverbes 30:5-6)
Ces préceptes concernent bien entendu aussi le chrétien.
Peu avant son arrestation et sa crucifixion, le Seigneur Jésus s’était entretenu sur ce sujet avec ses disciples. De ce long entretien, il ressort pour nous de nombreuses exhortations à rester fidèles à la Parole de notre Sauveur, parole de vérité. En voici quelques unes :
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » (Jean 14:15)
« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime. Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » (Jean 14:21)
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jean 14:23)
« Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. » (Jean 15:7)
Quelle source de bénédictions pour l’homme qui désire s’attacher à la Parole de Dieu !
En envoyant ses disciples dans le monde, Jésus leur avait recommandé :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. » (Matthieu 28:19-20)
Nous savons que les disciples l’ont fait, leurs successeurs immédiats aussi. Par la suite, malheureusement, un petit mot de quatre lettres a été négligé : c’est le mot « tout ». En effet, Jésus avait bien dit : « enseignez-leur à garder TOUT ce que je vous ai prescrit ».
Les siècles ont passé. Aujourd’hui, nous pouvons lire dans le Catéchisme de l’Église Catholique :
« la Sainte Tradition et la Sainte Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu » (Art.n°97).
Et aussi :
« la charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui » (Art.n°100)
D’où il résulte, toujours selon le Catéchisme de l’Église Catholique (Art.n°95) :
« Il est donc clair que la Sainte Tradition, la Sainte Ecriture et le Magistère de l’Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l’action du seul Saint-Esprit, contribuent efficacement au salut des âmes ».
Ainsi se trouvent habilement justifiées toutes les croyances et pratiques de l’Église Catholique qui sont absentes du Nouveau Testament.
Mais ! Sont-ils vraiment les successeurs des apôtres ceux qui enseignent autre chose que ce que Jésus a prescrit et que ce que les apôtres ont eux-mêmes enseigné ?
Fidélité à la parole de Jésus
« Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. » (Jean 14:24)
Fidélité à l’enseignement des apôtres
« A ceci nous reconnaissons que nous l’avons connu : si nous gardons ses commandements. Celui qui dit : je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. » (1 Jean 2:3-4)
L’Église Catholique, nous venons de le rappeler, n’enseigne pas le Salut en accord avec la Parole de Dieu seulement. C’est ainsi que, s’appuyant sur des traditions non bibliques et sur des révélations surnaturelles, son Magistère en est arrivé progressivement à faire de Marie, mère de Jésus, une véritable divinité : la « mère de Dieu ».
Pour mieux nous en rendre compte, nous faisons ci-dessous le parallèle entre la personne vivante de Jésus-Christ, révélée par la Bible, et la Vierge de l’Église Catholique, construction théologique du Magistère romain.
JESUS CHRIST tel que la Parole de Dieu (Bible) nous le révèle
la VIERGE telle que le Magistère catholique la présente
est le Fils de Dieu« Voici qu’une voix sortit de la nuée qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Ecoutez-le ! » (Matthieu 17:5)« Simon, Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Matthieu 16:16)« Tous dirent : tu es donc le Fils de Dieu ? Et Il (Jésus) leur répondit : vous le dites, je le suis. » (Luc 22:70)« Les esprits impurs, quand ils le voyaient (Jésus), se prosternaient devant lui et s’écriaient : Tu es le Fils de Dieu. » (Marc 3:11)
est déclarée mère de Dieu« Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que Marie, sainte, toujours vierge et immaculée, est mère de Dieu (…) qu’il soit condamné. » (Concile de Latran, 649)
est sans péché« Lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est pas trouvé de fraude. » (1 Pierre 2:22 citant Esaïe 53:9)« C’est bien un tel souverain sacrificateur (Jésus) qui nous convenait : saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux. » (Hébreux 7:26)
est déclarée née sans péchéDogme de l’Immaculée Conception (1854)« Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous ses fidèles. C’est pourquoi, s’il en était, ce qu’à Dieu ne plaise, qui eussent la présomption d’avoir des sentiments contraires à ce que nous venons de définir, qu’ils sachent très clairement qu’ils se condamnent eux-mêmes par leur propre jugement, qu’ils ont fait naufrage dans la foi et se sont séparés de l’unité de l’Église, et que, de plus, par le fait même, ils encourent les peines portées par le droit s’ils osent manifester par parole, par écrit ou par quelque signe extérieur, ce qu’ils pensent intérieurement. »
est monté au ciel avec son corps : Ascension« Il les emmena jusque vers Béthanie, puis il leva les mains et les bénit. Pendant qu’ils les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel » (Luc 24:50-51)« Après avoir dit cela, Il (Jésus) fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. » (Actes 1:9)
est déclarée enlevée au ciel avec son corps : Assomption« Aussi l’auguste mère de Dieu, (…) a enfin obtenu comme le couronnement suprême de ses privilèges, d’avoir été préservée de la corruption du tombeau, et comme son fils, après avoir vaincu la mort, d’être élevée en corps et en âme à la gloire au plus haut des cieux. (…) Par conséquent, si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, osait volontairement mettre en doute ce qui a été défini par nous, qu’il sache qu’il a totalement abandonné la foi divine et catholique. » (Dogme de l’Assomption, 1950)
est au ciel, à la droite du Père« Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu. » (Marc 16:19)« Mais lui, après avoir présenté un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu, et il attend désormais que ses ennemis deviennent son marchepied. » (Hébreux 10:12-13)
est déclarée demeurant au ciel, à la droite du Fils« (…) L’auguste mère de Dieu (…) a enfin obtenu (…) d’être élevée en corps et en âme à la gloire au plus haut des cieux, pour y resplendir comme une reine à la droite de son fils, le roi immortel des siècles… » (extrait du dogme de l’Assomption, 1950)Pour la condamnation finale de ceux qui rejetteraient cette croyance, voir l’anathème cité ci-dessus.
est le chef de l’Église« Il (Dieu) a tout mis sous ses pieds (Jésus) et l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Ephésiens 1:22)
est déclarée mère de l’Église« Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Eve, Mère de l’Église, continue au ciel son rôle maternel à l’égard des membres du Christ. » (Catéchisme de l’Église Catholique, art.n° 975)
est le seul médiateur entre Dieu et les hommes« Car il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. » (1 Timothée 2:5-6)« Le salut ne se trouve en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4:12)
est déclarée médiatrice entre Dieu et les hommes« Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel… C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice. » (Catéchisme de l’Église Catholique, art. n° 1370)
Remarques :
Aucune des définitions de la doctrine mariale ne prend appui sur les écrits du Nouveau Testament.
L’anathème étant jeté sur quiconque n’accepterait pas les dogmes définis par le Magistère Catholique, on peut donc légitimement se poser cette question : appartiennent-ils à l’Église, tous les chrétiens nés de nouveau qui ont refusé et refusent toujours actuellement de suivre ces enseignements des docteurs romains ? (Réponse : ils appartiennent à l’Église de Jésus-Christ, mais non à l’Église Catholique).
La doctrine mariale imposée à ses fidèles par l’Église Catholique représente bien un autre évangile dans lequel la Vierge tient un rôle bien différent de celui que Marie occupe dans les Saintes Ecritures.
« Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce (de Christ) pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et veulent pervertir l’Évangile du Christ. Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (Galates 1:6-8)
Bien sûr, ici, l’apôtre ne fait pas allusion aux cultes à la Vierge qui n’existaient pas encore. En parlant ainsi aux Galates, il avait à cœur de les mettre en garde contre des judaïsants qui étaient venus introduire dans les églises le légalisme et le ritualisme, ajouter les œuvres de la loi au pur Évangile.
De même, les fidèles catholiques doivent se garder d’abandonner l’Évangile de Jésus-Christ pour passer à « l’évangile de la Vierge », prêché par le Magistère romain.
Et Paul insiste, au point de préciser que « si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent », qu’il soit maudit. L’apôtre est très clair : nous devons nous défier de toute parole humaine et de toute apparition surnaturelle qui annoncerait un nouvel évangile.
En entraînant les hommes à rendre des cultes à Marie, les docteurs romains apparaissent dès lors comme
« ceux qui ont remplacé la vérité de Dieu par le mensonge et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. » (Romains 1:25)
La vénération de la Vierge Marie est bien un véritable culte idolâtre. La stratégie du « serpent ancien » consiste ici à détourner habilement les hommes de la Parole et à les enfermer dans des pratiques coupables. Ces cultes à la « reine du ciel » ne sont pas une nouveauté. Israël, le peuple de Dieu, y avait déjà été confronté aux temps du prophète Jérémie :
« Tous les hommes qui savaient que leurs femmes offraient de l’encens à d’autres dieux, toutes les femmes qui se tenaient là en une grande assemblée, et tout le peuple qui habitait au pays d’Egypte, à Patros, répondirent ainsi à Jérémie : nous ne voulons point écouter la parole que tu nous as dite au nom de l’Eternel. Mais nous voulons agir selon toute parole qui est sortie de notre bouche, offrir de l’encens à la reine du ciel et lui faire des libations, comme nous l’avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos ministres, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. » (Jérémie 44:15-17)
Combien de serviteurs de l’Évangile n’ont-ils pas tenté de rappeler aux docteurs catholiques leur devoir d’obéissance à la Parole de Dieu, en dénonçant l’idolâtrie mariale ? Mais, comme à Jérémie, ils se sont vu répondre : « Nous ne voulons pas écouter la parole que tu nous as dite au nom de l’Eternel. Nous voulons agir selon toute parole qui est sortie de notre bouche ».
La Reine du ciel et de la terre
Qui est la Vierge Marie selon Ste Bernadette (Soubirous) :
« Que mon âme était heureuse, ô Bonne Mère quand j’avais le bonheur de vous contempler ! Que j’aime à me rappeler ces doux moments passés sous vos yeux pleins de bonté et de miséricorde pour nous. Oui, tendre Mère, vous vous êtes abaissée jusqu’à la terre pour apparaître à une faible enfant […] Vous, la Reine du Ciel et de la Terre, vous avez bien voulu vous servir de ce qu’il y avait de plus humble selon le monde. » (Journal dédié à la Reine du Ciel, 1866)
C’est Dieu qui est bon et plein de miséricorde pour l’homme (toute la Bible le répète sans cesse). C’est Jésus qui s’est abaissé jusqu’à prendre l’apparence humaine pour venir nous sauver (Philippiens 2:8). La Bible n’accorde le titre de Roi qu’à Dieu (Psaume 10:16) et à Jésus-Christ (Apocalypse 19:16). On ne peut attribuer à Marie le titre de Reine du Ciel parce qu’elle n’est qu’une créature de Dieu.
Tout se passe en Marie et seulement en Marie
Qui est la Vierge Marie selon St Maximilien KOLBE :
« Qui ne veut pas avoir Marie Immaculée pour mère n’aura pas non plus le Christ pour frère, le Père ne lui enverra pas son Fils, le Fils ne descendra pas dans son âme, le Saint-Esprit ne façonnera pas de ses grâces le Corps Mystique à l’exemple du Christ, car tout se passe en Marie, Immaculée, pleine de grâce, et seulement en Marie. » (extrait de Notes, Janvier 1940, in « L’Église et les hommes », tome 2, éd. Fayard)
« Autre évangile » :
Tout se passe en Marie, Immaculée, pleine de grâce, et seulement en Marie.
Évangile de Jésus-Christ :
Tout se passe en Jésus qui est sans péché (1 Pierre 2:22), plein de grâce et de vérité (Jean 1:14), et seulement en Jésus.
Enseignement des apôtres :
« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les principes élémentaires du monde, et non selon Christ. Car en Lui (Christ), habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous avez tout pleinement en Lui, qui est le Chef de toute principauté et de tout pouvoir. » (Colossiens 2:8-10)
Les messages des apparitions sont très nombreux. L’Église Catholique ne les reconnaît pas tous, mais il est incontestable que leur contenu n’a jamais cessé d’influencer les autorités romaines.
Caractéristiques des messages de la Vierge
Les messages des apparitions ont une apparence de vérité :On y trouve, en effet, un mélange subtil de paroles crédibles (par exemple, des appels à la repentance) et de faux enseignements (voir ci-dessous).
Les messages des apparitions confortent l’Église Catholique dans ses grandes orientations doctrinales :
On y encourage fréquemment le culte de Jésus-Hostie : confirmation du dogme de la transsubstantiation.
La Vierge se désigne elle-même comme « l’Immaculée Conception » (Lourdes 1858) : confirmation du dogme proclamé par l’Église Catholique en 1854, et par là, de toute la doctrine mariale.
Le pape est appelé par la Vierge « le vicaire de mon Fils » (Salette 1846) : confirmation de l’autorité suprême du Pape qui conduira à la proclamation du dogme de l’Infaillibilité en 1870.
Les messages des apparitions incitent principalement à la dévotion mariale, au détriment du culte à rendre à Dieu seul :Construction de sanctuaires où Marie sera honorée et priée, fondations de pèlerinages (et ils sont nombreux !).« Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle. » (Lourdes, 2 mars 1858)« Vous devez prier quotidiennement par le chapelet. » (Fatima, 13 octobre 1917)
Les messages des apparitions en viennent à placer la Vierge au-dessus du Seigneur Jésus-Christ :« Je suis toute miséricordieuse et maîtresse de mon Fils » (Notre Dame de Pellevoisin, février 1876)« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils » (La Salette, 19 septembre 1846)
Les messages des apparitions contiennent une nouvelle Révélation qui s’ajoute à celle de Jésus-Christ.Ces textes trahissent souvent une grossière contrefaçon du livre de l’Apocalypse, unique et dernière Révélation divine, solennellement scellé par le Seigneur Jésus-Christ en Apocalypse 22:18 et 19.« En l’an 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu (…). » (La Salette, Secret de Mélanie, rédigé le 3 juillet 1851)Le livre de l’Apocalypse dit ceci :« Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan […] il fut précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui » (Apocalypse 12:9)
On ne retrouve nulle part, dans les messages des apparitions, la hauteur d’inspiration de la Parole de Dieu. Le lecteur familier de la Bible ne peut même qu’être choqué par le caractère grotesque et inacceptable de certaines révélations : par exemple, à propos de l’Antéchrist :
« Ce sera pendant ce temps que naîtra l’Antéchrist, d’une religion hébraïque… Son père sera EV (mis pour évêque) ; en naissant il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot ce sera le diable incarné. » (La Salette, Secret de Mélanie, rédigé le 3 juillet 1851)
On se demande comment les docteurs catholiques, parmi lesquels se trouvent pourtant d’excellents théologiens, peuvent accorder quelque crédit à pareille révélation !
« La foi a été transmise aux saints une fois pour toutes ».
Les écrits du Nouveau Testament constituent donc bien l’unique dépôt où les hommes peuvent trouver le chemin du Salut en Jésus-Christ.
Cette transmission unique et définitive de la foi se trouve dans la Bible. Elle s’oppose, par sa nature, à toute la théologie mariale évolutive de l’Église Catholique.
« Car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle est juge des sentiments et des pensées du cœur. Il n’y a aucune créature, qui soit invisible devant lui (Dieu) ; tout est mis à nu et terrassé aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. » (Hébreux 4:12-13)
La Parole de Dieu est vivante et efficace (Hébreux 4:12)
La Bible n’est pas une somme de textes anciens dans lesquels l’homme trouverait seulement des récits historiques, des écrits poétiques ou des paroles de sagesse. La Bible est la Parole vivante et agissante de Dieu. Notre Créateur est à l’œuvre dans sa Parole : celle-ci dirige le cœur assoiffé de vie vers le Dieu vivant. Dans l’Ancien Testament, le livre du prophète Esaïe nous donne une belle image de cette efficacité de la Parole divine dans le cœur de l’homme :
« Comme la pluie et la neige descendant des cieux et n’y retournent pas sans avoir fécondé la terre et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange. Ainsi en est-il de ma Parole qui sort de ma bouche : elle ne retourne pas à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l’ai envoyée. » (Esaïe 55:10-11)
La Parole de Dieu est plus tranchante qu’une épée Elle juge les sentiments et les pensées du cœur (Hébreux 4:12)
Lorsqu’on commence à lire la Bible en la recevant comme la Parole du Dieu très saint, lorsqu’on accepte de se laisser reprendre par elle, on prend alors conscience de notre nature impure.
« Ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est ce qui rend l’homme impur. » (Matthieu 15:18)
« Car c’est du dedans, du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, prostitutions, vols, meurtres, adultère, cupidités, méchanceté, ruse, dérèglement, regard envieux, blasphème, orgueil, folie. » (Marc 7:21-22)
La Parole de Dieu nous révèle notre état de servitude et d’asservissement au péché. Telle une épée acérée, elle pénètre partout pour dévoiler la corruption du péché. Rien n’échappe à son action.
Celui qui se laisse sonder et juger par l’épée tranchante de la Parole de Dieu sera gardé de l’erreur et de l’incrédulité. Réveillé et purifié, il deviendra une table vivante sur laquelle Dieu Lui-même gravera sa Loi.
« Je mettrai mes lois dans leur intelligence, je les inscrirai aussi dans leur cœur. » (Hébreux 8:10)
Toutes choses sont nues aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte (Hébreux 4:13)
Nulle créature n’est cachée devant Dieu et personne ne peut se soustraire au jugement de sa Parole :
« Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge : la parole que j’ai prononcée, c’est elle-même qui le jugera au dernier jour ; car mes paroles ne viennent pas de moi; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois parler. » (Jean 12:48-49)
La Parole que j’ai prononcée, c’est elle qui jugera au dernier jour (Jean 12:48)
L’Église Catholique, aujourd’hui comme hier, est jugée par la Parole de Dieu. Elle n’a pas hésité à ajouter ses Traditions et l’enseignement de son Magistère à la Parole de Vérité, et cela au mépris des avertissements de Jésus et des mises en garde des apôtres :
« Vous annulez ainsi la Parole de Dieu par votre tradition que vous vous êtes donnée. » (Marc 7:12)
« Ne vous laissez pas entraîner par toute sorte de doctrines étrangères. Car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n’ont servi de rien à ceux qui en ont usé. » (Hébreux 13:9)
Aujourd’hui comme hier, la Parole de Dieu place le Magistère catholique dans une position de choix :
ou bien maintenir ses enseignements et ses pratiques non conformes à la Parole,
ou bien se repentir et y renoncer.
Au dire de certains responsables actuels de l’Église Catholique, le fidèle ne serait toutefois plus obligé de souscrire à certains dogmes pour avoir la foi. Mais que signifie ce langage équivoque ? Le langage de Jésus et des apôtres est limpide :
« Que votre parole soit oui, oui ; non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin. » (Matthieu 5:37)
« Que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. » (Jacques 5:12)
« Aussi vrai que Dieu est fidèle, la parole que nous vous avons adressée n’a pas été oui et non. Car le Fils de Dieu, le Christ-Jésus, qui a été prêché par nous au milieu de vous, par moi, par Sylvain et par Timothée, n’a pas été oui et non, mais en lui il n’y a que oui. » (2 Corinthiens 1:18-19)
Si les évêques et les prêtres croient vraiment que l’on peut être sauvé en entendant l’Évangile, qu’ils suppriment alors les statues, les cultes et les lieux de pèlerinage consacrés à la Vierge. Car, ou bien ces cultes sont demandés ou approuvés par Dieu, ou bien ils sont idolâtres. La Parole de Dieu est une parole de Vérité, elle n’emprunte pas les sentiers tortueux de la pensée de l’homme :
« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, oracle de l’Eternel. » (Esaïe 55:8)
« Ces gens, à la vue du miracle que Jésus avait fait, disaient : vraiment c’est lui le prophète qui vient dans le monde. » (Jean 6:14)
Les Ecritures rendent témoignage à Jésus qu’Il est le prophète qui avait été promis à Israël :
« Moïse a dit : le Seigneur votre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez en tout ce qu’il vous dira. » (Actes 3:22)
Jésus est le Prophète par excellence.
« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers. Il l’a établi héritier de toutes choses, et c’est par lui qu’il a fait les mondes. » (Hébreux 1:1-2)
On ne peut connaître Dieu que par Jésus, proclame l’Évangile. Toutefois, selon l’Église Catholique, le Dieu de Jésus-Christ serait, semble-t-il, connu aussi dans d’autres religions.
Voici, en effet, ce qu’on peut lire dans le Catéchisme de l’Église Catholique (Art. n°841) à propos de l’Islam :
« Le dessein du salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge les hommes au dernier jour ».
Les docteurs catholiques reconnaissent en Allah, adoré par les musulmans, le Dieu unique révélé par Jésus-Christ. Mais, le Dieu véritable que nous connaissons par la Bible est-il vraiment le même que celui dont parle le Coran ? Le Psaume 147, aux versets 19 et 20, rappelle ceci :
« Il révèle ses paroles à Jacob, ses prescriptions et ses ordonnances à Israël ; Il n’a pas agi de même pour toutes les nations ; Elles ne connaissent pas ses ordonnances. »
Il est donc certain que le peuple d’Israël est le seul peuple au monde à qui Dieu a confié sa Parole. Et c’est au sein de cette nation que le Fils de Dieu, Parole incarnée, est venu annoncer la Bonne Nouvelle au monde et accomplir son œuvre rédemptrice.
Non, le Dieu véritable n’est pas connu des autres religions, même de l’Islam qui fait, il est vrai, référence à la Bible dans le Coran. En réalité, l’existence même du Coran, en temps que livre « inspiré » par Dieu, ainsi que son contenu, éclipsent la Révélation biblique. Le Coran dit, en effet :
« C’est lui (Allah), qui a envoyé son Apôtre (Mahomet), avec la direction de la Religion de la Vérité (l’Islam), pour la placer au-dessus de toute religion. » (Sourate 61:9)
Non, Allah dans le Coran n’est pas l’Eternel de la Bible.
Non, l’Islam ne peut se placer au-dessus des Juifs et des chrétiens.
L’Islam et le Coran n’ont en fait qu’un seul but : nier la divinité de Jésus, son sacrifice à la croix et son rôle rédempteur auprès des hommes. La profession de foi du musulman l’expose clairement :
« Il n’y a de dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète ».
Ici, Mahomet prend bien la place de Jésus-Christ, Prophète et Fils du Dieu vivant. C’est pourquoi, la main tendue de l’Église Catholique vers l’Islam, comme vers les autres religions, ne peut être que trahison de l’Évangile. Le commandement de Jésus : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22:39) invite, certes, tout chrétien à respecter les musulmans, mais ne doit nullement l’engager sur la voie de la confusion ou du syncrétisme. Entre l’esprit belliqueux des Croisades et les alliances religieuses blasphématoires, il y a un juste milieu à trouver.
Nous ne pouvons pas oublier non plus qu’une triomphale mosquée s’élève actuellement sur l’emplacement sacré du temple à Jérusalem. Autour de sa coupole sont écrits des versets du Coran exaltant l’unicité d’Allah et réfutant la divinité de Jésus-Christ. Il y a là plus qu’un symbole !
« Des cris de triomphe et de salut s’élèvent dans les tentes des justes : La droite de l’Eternel agit avec puissance ! La droite de l’Eternel est élevée ! La droite de l’Eternel agit avec puissance! » (Psaume 118:15-16)
« Heureux le peuple attentif au cri d’appel ; Eternel! il marche à la lumière de ta face, Par ton nom, il est dans l’allégresse tout le jour ; Par ta justice, il s’élève. Car tu es sa splendeur et sa puissance ; C’est par ta faveur que s’élève notre force. Car notre bouclier est à l’Eternel, Au Saint d’Israël notre roi. » (Psaume 89:16-19)
« Ils erraient dans le désert, en chemin sur une terre aride, Ils ne trouvaient pas de ville habitable. Ils souffraient de la fin et de la soif ; Leur âme était abattue. Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et Il les délivra de leurs angoisses. Il les conduisit par le droit chemin Pour qu’ils aillent vers une ville habitable. Qu’ils célèbrent l’Eternel pour sa bienveillance Et pour ses merveilles en faveur des humains ! Car il a rassasié l’âme avide, Il a comblé de biens l’âme affamée.
« D’autres habitaient les ténèbres et l’ombre de la mort, Prisonniers dans le malheur et dans les fers, Parce qu’ils s’étaient révoltés contre les paroles de Dieu, Parce qu’ils avaient dédaigné le conseil du Très Haut. Il humilia leur cœur par la peine ; Ils trébuchèrent et personne ne les secourut. Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et Il les sauva de leurs angoisses. Il les fit sortir des ténèbres et de l’ombre de la mort, Et Il rompit leurs liens, Qu’ils célèbrent l’Eternel pour sa bienveillance Et pour ses merveilles en faveur des humains ! Car il a brisé les portes de bronze, Il a rompu les verrous de fer.
« Les insensés, par leur conduite criminelle Et par leurs fautes, s’étaient rendus malheureux. Leur gosier avait en horreur toute nourriture, Et ils touchaient aux portes de la mort. Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et Il les sauva de leurs angoisses. Il envoya sa parole et les guérit, Il les délivra de leurs infections. Qu’ils célèbrent l’Eternel pour sa bienveillance Et pour ses merveilles en faveur des humains ! Qu’ils offrent des sacrifices de reconnaissance Et qu’ils redisent ses œuvres avec joie !
« Ceux qui voyageaient sur la mer dans les navires Et qui faisaient des affaires sur les grandes eaux, Ceux-là virent les œuvres de l’Eternel Et ses merveilles dans les bas-fonds. Il parla et fit lever un vent de tempête Qui souleva les flots. Ils montaient vers les cieux, Ils descendaient dans les abîmes ; Leur âme se fondait dans le malheur ; Saisis de vertige, ils chancelaient comme un homme ivre, Et toute leur sagesse était engloutie. Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et il les fit sortir de leurs angoisses. Il arrêta, calma la tempête, Et les flots se turent. Ils se réjouirent de ce qu’ils s’étaient apaisés. Et l’Eternel les conduisit au port désiré. Qu’ils célèbrent l’Eternel pour sa bienveillance Et pour ses merveilles en faveur des humains ! Qu’ils l’exaltent dans l’assemblée du peuple, Et qu’ils le louent dans la réunion des anciens ! »
« Célébrez l’Eternel, car il est bon, Car sa bienveillance dure à toujours ! Que les rachetés de l’Eternel le disent, Ceux qu’il a rachetés de la main de l’adversaire Et rassemblés de tous les pays, De l’est et de l’ouest, du nord et de la mer ! » Psaume 107:1-3
« Après cela je regardai, et voici une grande foule que nul ne pouvait compter, de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues. Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main. Et ils criaient d’une voix forte : le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau. » Apocalypse 7:9-10
Église Catholique, regarde cette foule innombrable, ce peuple qui marche à la lumière de la face de l’Eternel. Ce sont les rachetés de l’Eternel : ils se tiennent devant le trône et devant l’Agneau, « vêtus de robes blanches, et des palmes à la main » (Apocalypse 7:9).
Ce sont les « enfants de Dieu » (Jean 1:12), ceux à qui Jésus-Christ « a donné l’intelligence pour connaître le Véritable » (1 Jean 5:20). C’est « la multitude de ceux qui avaient cru » (Actes 4:32).
Église Catholique, regarde : ils sont absents devant le trône et devant l’Agneau tes papes puissants et infaillibles, tes docteurs si habiles à enseigner un « autre évangile ». Parce qu’ils ne sont pas entrés par « la porte étroite » (Matthieu 6:14), « ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thessaloniciens 2:10). Ils n’ont pas pris garde à la Parole du Maître :
« Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7:21).
Église Catholique, regarde : qui sont ceux qui s’avancent là parmi les élus. Ne sont-ce pas ceux que tu as appelés hérétiques, que tu n’as pas craint de persécuter, de torturer et de mettre à mort ? C’est pour eux que le Seigneur Jésus avait prophétisé ainsi :
« L’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. » (Jean 16:2)
Église Catholique, regarde encore : là, s’avancent aussi, parmi les élus, ceux qui ont annoncé autour d’eux Christ et sa Parole. Tu n’as pas craint de t’opposer à leur zèle et tu as jeté le discrédit sur leur œuvre en les dénonçant comme des sectaires. Mais eux ont persévéré dans la confiance en leur Sauveur, selon qu’Il avait dit :
« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16:33)
Et maintenant, Église Catholique, regarde et cherche : où se trouvent tes hauts dignitaires religieux qui, à travers les siècles, ont rivalisé de richesse et de puissance avec les princes de la terre ? Ils n’ont pas craint d’opprimer les pauvres et de vivre dans la débauche, en mauvais serviteurs de l’Évangile. À cause d’eux, la voie de la vérité a été calomniée (2 Pierre 2:2).
« Je lui ai donné du temps pour se repentir, mais elle ne veut pas se repentir de son inconduite. » (Apocalypse 2:21)
Bergers de l’Église Catholique, écoutez :Vous avez trahi Jésus.Vous avez refusé de vous soumettre à l’autorité de la Parole de Dieu : vous avez voulu y mêler vos traditions et vos propres paroles.Vous avez retiré à l’Évangile sa simplicité.Vous ne vous êtes toujours pas repentis de votre désobéissance, de vos crimes et de votre idolâtrie.Vous continuez à vous présenter faussement aux yeux du monde comme les héritiers des apôtres de Jésus-Christ.Vous avez perdu votre pouvoir temporel, vos territoires, votre armée, mais vous habitez toujours vos palais et vous avez conservé vos trésors.Vous célébrez vos cultes dans de somptueux édifices religieux élevés pour votre gloire et non pour celle de Dieu.Maintenant, vous cherchez encore à dominer sur les hommes en vous faisant reconnaître comme autorité spirituelle et morale aux yeux du monde. Pour cela, vous n’hésitez pas même à flirter avec les religions païennes.Après vous être faits les champions de l’anathème et de l’excommunication, vous vous apprêtez maintenant à joindre vos voix au grand concert de l’unification mondiale des religions.C’est ainsi qu’au nom de la fraternité et de l’amour, du respect de la personne humaine et de la liberté religieuse, vous vous disposez à nouveau à trahir Jésus en sacrifiant la VÉRITÉ.
« Et vous verrez de nouveau la différence entre un juste et un méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. » (Malachie 3:18)
Bergers de l’Église Catholique, les temps de la purification approchent. Il ne sera bientôt plus possible de professer un christianisme équivoque. Il va vous falloir prendre position : ou bien appartenir totalement à Jésus-Christ, ou bien collaborer avec le monde !
« Repentez-vous, et croyez à l’Évangile. » (Marc 1:15)
Bernard PRUNNEAUX
« Dieu, Dieu l’Éternel, parle et convoque la terre, Depuis le soleil levant jusqu’au couchant. De Sion, beauté parfaite, Dieu resplendit. Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en silence ; Devant lui est un feu dévorant, Autour de lui une violente tempête. Il crie vers les cieux en haut Et vers la terre, pour juger son peuple : Rassemblez-moi mes fidèles, Qui concluent une alliance avec moi par le sacrifice ! Et les cieux annonceront sa justice, Car c’est Dieu qui est juge. »
Ma première rencontre véritable avec la Bible, Parole vivante de Dieu, remonte à Juillet 1986. C’était en Normandie ; une église évangélique ouvrait ses portes à tout public en affichant : « Exposition biblique, entrée libre ». J’entrai.
Ma découverte fut double. D’une part, je prenais brutalement conscience que la Bible est la seule Parole, parce que divine, sur laquelle peut s’appuyer un chrétien ; d’autre part, avec l’existence des églises évangéliques fondées sur cette seule Parole, je comprenais que l’Église Catholique à laquelle j’appartenais n’avait pas, comme je le pensais, le monopole de la vérité.
Ce fut le début d’une nouvelle vie :
« Je me réjouis de ta Parole, comme se réjouit celui qui trouve un grand butin » (Psaume 119.162).
J’ai pris l’habitude de lire, chaque jour, la Parole de Dieu. Progressivement, et malgré certaines périodes de relâchement, je me suis approché du Seigneur. La prière et la méditation quotidienne de la Bible me procuraient toujours la joie, la paix, la force et la consolation dans les moments d’épreuve.
Auparavant, je recherchais la vérité principalement par des méthodes d’érudition humaines : connaissance des religions et philosophies, vies de Saints et histoire de l’Église (Catholique), ouvrages de grands penseurs chrétiens, sans jamais rencontrer une complète satisfaction, ni trouver de réponses certaines à mes interrogations.
Avec la Bible, j’ai redécouvert le respect de Dieu, l’Amour du Père, la personne vivante de Jésus, notre Maître et Sauveur, et la vie dans l’Esprit Saint.
Ces découvertes m’ont irrésistiblement conduit à la conversion. Les lignes qui suivent présentent le résultat de la confrontation de l’enseignement donné par l’Église Catholique, avec la Parole de Dieu, la Bible.
« J’annonce la justice dans la grande assemblée ; voici, je ne ferme pas mes lèvres, Eternel, tu le sais ! Je ne retiens pas dans mon cœur ta justice, je publie ta vérité et ton salut ; je ne cache pas ta bonté et ta fidélité dans la grande assemblée » (Psaume 40.10-11).
« Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ » (Lettre de Paul aux Galates, 1.10).
Les questions sont celles que je me suis tant de fois posées en tant que fidèle de l’Église Catholique ; Les réponses sont celles que m’ont livrées les Écritures après ma conversion…
Question : L’Église Catholique, 30 ans après le Concile Vatican II, semble traverser une période d’incertitudes. Pénuries de prêtres, opinions contradictoires provenant de théologiens « libéraux » et « modernistes » d’un côté, ou de partisans du maintien d’un certain traditionalisme d’un autre côté, remises en question du système, autant de questions auxquelles chacun semble vouloir donner sa propre réponse. Que peut-on faire pour sortir de cette situation ?
Réponse : Il faut d’abord rendre à l’Église son véritable Chef : Jésus-Christ. Dieu a donné Jésus pour chef suprême à l’Église (Ephésiens 1.22). Cela paraît une évidence en soi et semble en avoir toujours été une, mais l’histoire de l’Église nous prouve le contraire. Il suffit aussi de lire le « Catéchisme de l’Église Catholique » (édition 1992, article n°95) pour constater que celle-ci reconnaît toujours actuellement trois sources d’autorité : « la Sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère ». On voit ici l’autorité pure de la Parole de Dieu bien encadrée par celle des hommes. Certes la Tradition et le Magistère sont censés être marqués par le sceau du Saint-Esprit. Mais de cette autorité humaine sont sortis des dogmes, doctrines, liturgies, rites et traditions diverses qui ont progressivement conduit à des ajouts et à des modifications de la Parole divine. Il faut donc que les responsables de l’Église Catholique fassent preuve d’humilité et d’obéissance afin de rétablir, dans la pratique, la seule autorité de la Parole de Dieu. Alors, nous laisserons Jésus bâtir son Église, comme cela se passait du temps des « Actes des Apôtres » (2.47) : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés ».
Question : Sacrements, cultes des Saints et de la Vierge, nombreux dogmes, liturgies et traditions nous viennent du passé. Ces ajouts à l’enseignement du Nouveau Testament se sont imposés en leur temps dans des contextes donnés. Il semble difficile actuellement de remettre tout cela en question et d’essayer de faire revivre l’Église Catholique comme au temps des premiers apôtres. Peut-on balayer d’un seul coup ce précieux héritage qui constitue nos racines chrétiennes ?
Réponse : Il faut se souvenir de la réaction de Jésus face aux pharisiens et aux scribes lorsque ceux-ci reprochent à ses disciples de ne pas respecter la tradition des anciens (Matthieu 15.6-9) :
« Vous annulez la Parole de Dieu au profit de votre tradition. Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit : ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes ».
À l’époque où Jésus parlait ainsi, environ 1400 ans s’étaient écoulés depuis la première Pâque et depuis qu’Israël avait reçu la Loi de Dieu par Moïse au Sinaï. C’est près de 2000 ans qui nous séparent actuellement de la Résurrection de Jésus et de la venue de l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte à Jérusalem. Nous sommes donc dans une situation analogue aux Juifs contemporains de Jésus avec nos traditions qui sont aussi « des commandements d’hommes ». Il nous faut vivre avec notre temps et repousser courageusement ces traditions, car les hommes en cette fin de XX° siècle ont besoin de recevoir un message clair venant de Dieu. Et ce message clair nous l’avons : c’est l’Évangile pur, tel que les quatre évangélistes nous l’ont donné et tel que les autres écrits du Nouveau Testament nous l’annoncent. Ce n’est pas une illusion que de vouloir revenir à l’Église des « Actes des Apôtres », c’est une nécessité et un devoir, car on ne peut annoncer Jésus et la Bonne Nouvelle que par la Parole même de Dieu, c’est-à-dire : la BIBLE.
Question : On ne pourra jamais trouver une Église composée de croyants possédant tous une grande maturité spirituelle. Cela est peut-être possible dans le cadre de petites communautés composées de chrétiens engagés, mais il restera toujours à gérer une Église « populaire » comportant un grand nombre de chrétiens qui se contenteront d’une pratique religieuse plus ou moins régulière et ne recherchant pas spécialement une vie de prière et une maturité spirituelle. Doit-on condamner ou abandonner cette catégorie de chrétiens moins avancés ?
Réponse : Il ne peut y avoir deux catégories de chrétiens : le croyant à part entière et le demi-croyant qui suit comme il le peut. Ces deux catégories de chrétiens n’existeraient pas si on avait conservé l’enseignement du Nouveau Testament donné par l’apôtre Pierre à ceux qui l’écoutaient le jour de la Pentecôte, et qui lui demandaient ce qu’il fallait faire pour devenir enfants de Dieu :
« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes des Apôtres, 2.38).
Il est donc indispensable de supprimer le baptême des enfants de manière à ne laisser entrer dans l’Église que des personnes qui comprennent le Salut en Jésus-Christ, et se font baptiser par décision volontaire. À charge de l’Église de soutenir les nouveaux convertis dans leur progression spirituelle en s’appuyant sur l’enseignement de la Bible.
Question : Le catéchisme de l’Église Catholique (article 1212) explique que le baptême, la confirmation et l’eucharistie constituent les sacrements de l’initiation chrétienne. Peut-on remettre en question cette progression ? Cela est-il conforme à l’enseignement de Jésus ?
Réponse : On dit généralement que l’on « reçoit » un sacrement. Si l’on considère l’âge où le jeune chrétien accède à ces sacrements : nourrisson pour le baptême, environ 16 ans pour la confirmation et aux alentours de 10 ans pour l’eucharistie, on voit tout de suite que l’engagement personnel du jeune est insuffisant. Il y a donc pour l’Église Catholique un danger : elle accorde trop facilement le « label » de chrétien à quiconque en fait la demande. À cela il faut ajouter que l’enseignement qui accompagne cette initiation est trop souvent sommaire. Ainsi l’Église Catholique continue de produire des nouveaux chrétiens qui, une fois devenus adultes, s’étioleront progressivement dans leur foi, mais qui, dans beaucoup de cas, demanderont à leur tour le même type d’initiation pour leurs enfants. Cela fait des siècles que cela dure, il n’y a pas de raison qu’on s’arrête un jour ! Et pourtant les paroles de Jésus concernant l’entrée au Royaume de Dieu ne laissent pas supposer qu’il y ait tant de facilité pour entrer dans l’Église et tant de négligence à marcher dans la foi :
« Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7.13-14).
Question : Retour à la Bible, suppression des sacrements et des traditions dans l’Église, tout cela rappelle Luther et la Réforme protestante. L’histoire a montré où cela a conduit l’Église : querelles, divisions et finalement guerres de religions. Ne conviendrait-il pas mieux, à notre époque, de rechercher d’abord, par l’entente, l’unité de tous les chrétiens comme essaient de le faire, par exemple, les artisans de l’œcuménisme ?
Réponse : L’histoire de Luther et de tous les chrétiens qui, bien longtemps avant lui, et après, ont tenté de ramener l’Église à la Parole de Dieu, n’est effectivement pas nouvelle. L’Ancien Testament présente aussi des situations analogues où l’on peut constater que chaque fois que le Peuple de Dieu s’est écarté de sa Parole, il a connu lui aussi les querelles, les divisions, les guerres, allant même jusqu’à connaître l’humiliation dans la captivité à l’étranger (Babylone). Pourtant, c’est le désir de Dieu de voir ses enfants unis autour de lui dans la communion fraternelle, et il n’a cessé de lever au milieu de son peuple des hommes pour ramener les égarés à sa Parole, comme Jésus nous le rappelle en Matthieu 23.37 :
« Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! ».
L’histoire du christianisme ne compte-t-elle pas aussi de ces prophètes que l’on a persécutés et que l’on a même brûlés vifs avec leur Bible ? Depuis le début du XX° siècle, on cherche loyalement à oublier toutes ces erreurs du passé et à demander pardon. C’est ainsi que catholiques, protestants et orthodoxes travaillent ensemble pour s’entendre sur leurs différentes doctrines, plutôt qu’à faire ressortir les points de divergence : c’est ce qu’on appelle l’œcuménisme et il y a déjà des réalisations concrètes (la Traduction œcuménique de la Bible, par exemple, qui est un texte commun aux catholiques, protestants et orthodoxes). Mais cela dispense-t-il les responsables de l’Église Catholique de revenir aux exigences de l’enseignement de Jésus ? Certainement pas. Le Concile Vatican II a été une amorce de ce retour aux sources pures de l’Évangile. Il semble qu’actuellement, cet élan s’est brisé et que l’Église Catholique répugne à opérer une « purification » qui lui serait salutaire. Les avertissements de Jésus sont nombreux pour qui a le courage de relire l’Évangile avec sincérité :
« Ceux qui me disent Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le Royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7.21).
Question : En quoi consiste alors cette volonté de Dieu ? Comment la distinguer de celle des hommes ? Qui devons-nous écouter finalement, et que devons-nous faire pour être sûrs de nous rapprocher de Dieu et comment répondre à son attente ? Les chrétiens de l’Église Catholique sont pourtant dans la majorité des cas des gens sincères, honnêtes et désireux de plaire à Dieu et de le servir.
Réponse : La volonté de Dieu, c’est d’abord que tous soient sauvés :
« La volonté de mon Père (dit Jésus), c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6.40).
Dieu, pour sauver les hommes, leur propose d’entrer dans son plan de Salut en Jésus. Et ce plan, Jésus l’a annoncé clairement aux hommes. Ainsi, il a dit à Nicodème (en Jean 3.3) :
« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu ».
Malheureusement, l’Église Catholique a tout faussé en remplaçant cette nouvelle naissance par le sacrement du baptême. Trop de catholiques sont persuadés qu’ils sont réellement devenus enfants de Dieu parce qu’ils se sont conformés à un rite – avec, certes, beaucoup de sincérité ou de vérité dans la démarche – au lieu de passer par un acte volontaire et conscient de repentance (conversion) pour recevoir, en retour, par le sacrifice de Jésus, l’Amour de Dieu et la vie avec lui dans l’Esprit. C’est pour cela que le catholicisme est devenu une simple religion, comme tant d’autres, liant ses adhérents à des rites et à des hommes, au lieu de s’en remettre à l’action de l’Esprit Saint et à l’enseignement de Jésus. Aux premiers temps de l’Église, l’apôtre Paul s’est exprimé ainsi (Romains 12.2) :
« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ».
Le catholique qui vit dans l’obéissance à son Église fait-il la volonté de Dieu ? La sincérité du coeur peut-elle suffire ? Toute la Bible nous montre un Dieu infiniment bon, certes, mais aussi infiniment juste. La Justice de Dieu ne peut donc souffrir de compromis avec la justice des hommes. Or l’Église Catholique a bel et bien substitué sa propre justice à celle du Dieu infiniment Saint et Parfait. Jésus nous demande donc de faire un choix : les ténèbres ou la lumière, l’erreur ou la vérité. On peut donc accepter l’Évangile en bloc ou le rejeter, mais on ne peut pas mélanger l’enseignement des hommes avec la Parole de Dieu. Il ne peut y avoir de demi-chrétiens, nous dit Jésus :
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? » (Matthieu 5.13).
Question : Tout cela semble compliquer et embrouiller l’enseignement pourtant clair et juste de l’Église. Les catholiques fondent bien leur foi sur la mort de Jésus, sacrifice parfait pour le rachat de l’homme pécheur, la résurrection, notre assurance et notre espérance en la vie éternelle, et la vie avec l’Esprit Saint, don de Dieu pour éclairer les croyants durant leur séjour terrestre. Cela n’est-il pas le vrai christianisme et la vraie foi en Dieu ?
Réponse : Certainement, c’est exactement ce qu’enseigne le Nouveau Testament. On pourrait même dire, en théorie, c’est juste. Mais Dieu ne nous demande pas d’adhérer intellectuellement à une théorie religieuse, à rester dans l’abstraction. Il nous demande de placer notre confiance dans son Fils Jésus-Christ et dans sa Parole, de lui confier toute notre vie, c’est-à-dire que nous soyons prêts à prendre sa Parole et ses promesses au mot et à nous engager vis-à-vis de lui. Ainsi, si nous sommes de vrais convertis, nous ne pouvons plus faire autrement, chacun à notre place, que de témoigner aux gens du monde notre joie de connaître Dieu, et de guider, à notre tour, d’autres hommes vers la croix de Jésus. Il n’y a pas d’autres preuves que nous marchons avec l’Esprit. Toute autre démarche religieuse : rites sacramentaux, liturgies, traditions, systèmes théologiques, vie dans le renoncement ou le célibat, dogmes, obéissance à une hiérarchie religieuse, œuvres de charité, etc… peuvent se pratiquer en dehors de la vie avec Dieu et n’est pas la preuve que nous faisons sa volonté. Il faut donc être vigilant et que chacun, dès lors, ait l’honnêteté de reconsidérer sa foi en se plaçant sous l’autorité des Écritures et ce sera le commencement d’une merveilleuse aventure : celle du retour de l’enfant prodigue vers la maison de son Père (Luc 15.11-33). Et pour l’Église Catholique le retour au Christianisme !
Laissons pour conclure le dernier mot à notre Sauveur :
« C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc » (Matthieu 7.24-25).
En résumé…
Jésus seul chef de l’Église
Il faut annoncer la Bonne Nouvelle au moyen de la Parole de Dieu seulement
On devient chrétien par une décision volontaire et on grandit spirituellement en se nourrissant chaque jour de la Parole de Dieu
L’entrée dans l’Église de Jésus n’est pas un chemin facile
Vivre en Église exige une soumission totale à la volonté de Dieu
Face à la sainteté de Dieu, les chrétiens doivent choisir sa Lumière et sa Vérité
Si on est un véritable chrétien (converti), on devient à son tour un témoin de Dieu dans le monde.
Apocalypse 7.13-14 : « Et l’un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ? Je lui dis : Mon Seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau« .
Matthieu 22.1-14 (Parabole des noces) : « Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en paraboles, et il dit : Le Royaume des Cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces; mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux conviés : Voici, j’ai préparé mon festin, mes b?ufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces. Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic ; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville. Alors, il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes; mais les conviés n’en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus« .
Dans cette parabole, Jésus montre que Dieu convie « ceux qui étaient invités », son peuple (Israël), à la joie de son Royaume : le festin des noces. Il envoie ses serviteurs dire : « tout est prêt, venez aux noces ». « Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent ».
Deux sortes de réactions apparaissent ici en réponse à l’invitation de Dieu à son Royaume :
l’indifférence : « ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic »
et l’hostilité : « et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent ».
Alors « le roi fut irrité; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville ». Puisqu’il est mal reçu par son propre peuple, Dieu offre son invitation au Royaume à tout le monde (monde païen) : « Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives. »
« Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces« .
Cet homme représente le croyant qui se trouve assez juste pour se présenter devant Dieu avec sa propre justice et ses propres oeuvres.
Romains 10.3 : « Ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu ».
« Alors le roi dit aux serviteurs : liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » « Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ».
Ainsi, que ce soit par indifférence, par rébellion ou par une confiance indue en sa propre justice, chaque homme porte la responsabilité entière de son propre refus du salut offert par Dieu.
Ne trouve-t-on pas toujours, dans le monde actuel, ces trois types de comportements humains face à l’invitation de Dieu au festin du Royaume, c’est-à-dire face à l’appel de l’Evangile ?
Un homme indifférent ? Je ne suis ni pour, ni contre Dieu. Mes occupations (travail, vie familiale, loisirs…) remplissent ma vie. Je n’ai pas de place pour Dieu.
Un homme hostile ? Je ne veux pas entendre parler de Dieu, ni de sa Parole, et je combats tous ceux qui en témoignent.
Un homme religieux ? Elevé dans un esprit de religion, je suis persuadé que ma droiture morale, ma pratique religieuse et mon engagement chrétien suffiront pour m’obtenir la Grâce de Dieu.
En fait, que je sois indifférent, hostile ou d’esprit religieux, je suis toujours un homme perdu, et je dois craindre le Jugement de Dieu.
Cette question est en effet celle que tout homme sincère se pose lorsqu’il réfléchit à son destin et se place devant Dieu. C’est aussi la première question qu’ont posé les gens qui écoutaient l’apôtre Pierre le jour de la Pentecôte, lorsque, rempli de l’Esprit Saint, il s’adressa à la foule dans Jérusalem en proclamant le nom de Jésus :
« Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? Pierre leur répondit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2.37-38).
Pierre nous donne ici, en quelques mots, la marche à suivre pour pouvoir connaître le Royaume de Dieu promis par Jésus :
Repentez-vous
Que chacun soit baptisé
Vous recevrez le don de l’Esprit.
C’est ainsi que tout homme peut devenir chrétien. L’accès au Royaume passe donc par une démarche volontaire de repentance, ou conversion. Tout homme qui accepte de se placer devant Dieu avec humilité, en se reconnaissant pécheur, obtient son salut : il ne viendra pas en jugement après la mort corporelle, et connaîtra la vie éternelle auprès de Dieu, son Créateur et Père. De plus, il reçoit immédiatement la vie en Dieu par le don du Saint-Esprit.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24).
Quelle belle promesse, quelle bonne nouvelle !
Ainsi, l’appel à la repentance constitue l’essentiel du message évangélique. Mais si je n’accomplis pas cette démarche d’humilité devant Dieu, je deviens, à mon tour, l’homme « qui n’avait pas revêtu son habit de noces », quelle que soit l’importance que peuvent prendre tous les actes de dévotion que j’aurai accomplis tout au long de ma vie.
Est-il juste d’affirmer que l’appel à la repentance constitue l’essentiel du message des Évangiles ?
Pour mieux nous en convaincre, consultons les évangiles. Luc, par exemple, rapporte dès le premier chapitre de son livre cette prophétie du sacrificateur Zacharie , père de Jean-Baptiste :
« Et toi, petit enfant (Jean-Baptiste), tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies, afin de donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés » (Luc 1.76-77).
Des années après, Jean-Baptiste lui-même, réalise cette prophétie :
« La Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il alla dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés » (Luc 3.2-3).
Ainsi Jean-Baptiste, en invitant ses contemporains à une démarche de repentir, les préparait à la venue du Royaume de Dieu sur terre, qui allait se réaliser avec Jésus.
Jésus paraît donc, et à son tour, commence son ministère par l’invitation au repentir, ainsi que le rapportent :
MATTHIEU (4.17) : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche »
et MARC (1.15) : « Repentez-vous, et croyez à la Bonne Nouvelle ».
Ce sont les premières paroles que les évangélistes Matthieu et Marc mettent dans la bouche de Jésus.
Dans l’évangile de JEAN, le premier enseignement que donne Jésus s’adresse à Nicodème, une personnalité juive, qui vient consulter Jésus de nuit, en cachette. À Nicodème, soucieux de plaire à Dieu, Jésus déclare :
« Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jean 3.3).
Jésus est, là aussi, extrêmement précis : la condition d’accès au Royaume de Dieu passe par une « nouvelle naissance ». Il s’agit d’une démarche de conversion, une transformation radicale de l’attitude intérieure, un changement de conduite ou de vie.
Ainsi, nous constatons qu’au début de leurs évangiles, Matthieu et Marc attirent notre attention sur l’idée du repentir et, de son côté, Jean parle de nouvelle naissance. Et Luc ? Parle-t-il de la repentance aussi ?
Dans l’évangile de LUC, nous nous reporterons à la dernière rencontre de Jésus avec ses disciples, après sa résurrection, avant d’être enlevé au ciel, lorsqu’il leur explique le sens de la mission qu’il a accomplie en venant sur terre, et le sens de leur propre et future mission :
« Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi, il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses » (Luc 24.45-48).
Si le repentir chez MATTHIEU, MARC, LUC et la nouvelle naissance chez JEAN, sont ainsi évoquées dans les évangiles, c’est parce qu’elles représentent le point de départ de toute démarche de foi.
Dieu désire que les hommes s’approchent de lui par le repentir. Jésus l’explique dans la parabole de la brebis perdue en concluant que, au ciel, « il y aura plus de joie pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentence » (Luc 15.7).
Revenons à l’enseignement que donne l’apôtre Pierre dans Actes 2.38 :
« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit ».
Que fait de nos jours l’Église catholique de l’enseignement de celui qu’elle considère comme son premier pape ? Elle fait baptiser les enfants en bas âge, ce qui signifie qu’il ne peut y avoir d’attitude de repentance comme point de départ; supprimant toute idée de choix volontaire, de conversion chez l’individu baptisé.
Le Catéchisme de l’Église Catholique affirme que le baptisé obtient : « La rémission du péché originel et de tous les péchés personnels; la naissance à la vie nouvelle par laquelle l’homme devient fils adoptif du Père, membre du Christ, Temple du Saint-Esprit » (article 1279).
Tout ce que l’Église Catholique garantit à ses baptisés est conforme à la Parole de Dieu (Nouveau Testament), mais ne peut pas se réaliser, parce que l’enfant qui est baptisé n’est pas conscient de ce qui se passe le jour de son baptême.
Pour remédier à cet inconvénient, on a institué la « Profession de Foi », que l’on a aussi appelé « le renouvellement des promesses du baptême » (à l’âge de 13 ans environ). L’Église elle-même ne reconnaît pas cette démarche comme un sacrement. Cette étape dans l’initiation religieuse du jeune catholique ne figure d’ailleurs pas dans le Catéchisme de l’Église Catholique (édition 1992).
L’étape suivante pour le jeune chrétien catholique est le sacrement de Confirmation (aux environs de 16 ans). Selon le Catéchisme de l’Église Catholique,
« la Confirmation parfait la grâce baptismale; elle est le sacrement qui donne l’Esprit Saint (…) » (art. 1316), « l’effet du sacrement de Confirmation est l’effusion plénière de l’Esprit-Saint, comme elle fut accordée jadis aux apôtres au jour de la Pentecôte » (art. 1302).
La difficulté avec le sacrement de Confirmation, est qu’il ne se rencontre pas dans l’enseignement de Jésus, ni de ses apôtres. On ne sait pas où et comment ce sacrement fut institué, et il ne fut déclaré sacrement qu’au moyen-âge.
Dans Jean 3.8, lorsqu’il parle de la nouvelle naissance à Nicodème, Jésus explique ainsi la venue de l’Esprit Saint sur l’homme qui se convertit :
« Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit« .
On est ici loin du rite catholique du sacrement de Confirmation, validé par l’onction du Saint-Chrême, et l’imposition des mains de l’évêque ou son représentant. En fait, la repentance conduit véritablement à une nouvelle naissance. Si l’on se place en toute sincérité sous la croix de Jésus en demandant le pardon de ses péchés, on obtient par le sacrifice du Christ :
L’assurance réelle du pardon,
L’amour du Père par la vie dans l’Esprit,
Et on entre déjà dans le Royaume de Dieu pendant son séjour terrestre. On ne craint plus la mort corporelle, parce que Jésus nous a promis après celle-ci de ne pas passer en jugement, et de vivre éternellement auprès de Dieu.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24).
Tout cela nous est garanti par Dieu, et non par des hommes. Chacun peut le trouver dans la Bible et l’expérimenter gratuitement !
« Et que celui qui a soif vienne; que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement » (Apocalypse 22.17).
À la question « Que dois-je faire pour être sauvé ? », Jésus répond avec précision dans la célèbre parabole « le fils prodigue », ou « le fils perdu et retrouvé » (Luc 15.11-32). A tout homme qui cherche sincèrement Dieu, Jésus donne ici clairement la marche à suivre :
Se reconnaître pécheur (se rendre compte qu’on est loin de Dieu). C’est l’attitude du fils prodigue qui « étant rentré en lui-même » (Luc 15.17) se dit : « Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (Luc 15.18). Cette première attitude de retour sur sa vie est une attitude de repentir, de reconnaissance de son état de péché.
Prendre la décision de retourner vers Dieu. « Et il se leva, et alla vers son père » (Luc 15.20). C’est la deuxième étape. Après avoir pris conscience de notre éloignement de Dieu, on doit se mettre en route, pour se diriger vers le Père, pour aller s’expliquer avec lui. C’est un moment de décision.
Recevoir l’amour de Dieu qui nous accueille. « Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa » (Luc 15.20). La conséquence immédiate de cette décision de retour, c’est l’accueil ému du père qui court vers le fils et l’embrasse. L’homme qui se repent reçoit, sans attendre, le témoignage de l’amour de Dieu dans son cœur.
Demander pardon à Dieu pour nos péchés. « Le fils lui dit : mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (Luc 15.21). Le fils s’humilie devant le père et n’ose plus croire qu’il est encore digne d’être considéré comme son enfant. « Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe et l’en revêtez » (Luc 15.22). Le fils est revêtu d’une belle robe et l’on organise un festin en son honneur. « Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Luc 15.24). Le fils ne vit plus, désormais, séparé du père et dans un état de péché, mais il est avec le père et « ils commencèrent à se réjouir » (Luc 15.24).
Ainsi, tout homme qui accepte de passer par le repentir et la conversion, se trouve revêtu de la robe et entre dans la joie de la vie avec Dieu (don de l’Esprit-Saint), et il est déjà passé de la mort à la vie ! Mais ce ne peut pas être un baptême d’enfant qui pourra remplacer cette démarche de conversion. Écoutons encore les recommandations que l’apôtre Pierre donnait aux chrétiens des premiers temps dans sa deuxième lettre (3.9) :
« Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance« .
En conclusion de cette réflexion sur la repentance, relisons aussi la dernière page de la Bible. Jean nous révèle dans son livre de l’Apocalypse les dernières paroles qu’il a reçues de Jésus par l’Esprit-Saint :
« Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu’est son oeuvre. Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Heureux ceux qui lavent leur robe, afin d’avoir droit à l’arbre de Vie et d’entrer par les portes dans la ville ! » (Apocalypse 22.12-14).
Des hommes assurent que l’on peut être sauvé parce qu’on a accompli un rite sacramentel sur le corps d’un petit enfant, et Jésus, de son côté, nous a demandé un acte de conversion. Qui faut-il suivre ? Que faut-il croire ? Reprenons tout simplement à notre compte les paroles des apôtres en présence du sanhédrin et du souverain sacrificateur qui leur défendaient d’enseigner au nom de Jésus :
« Pierre et les apôtres répondirent : il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5.29).
Et plus loin : « Nous sommes témoins de ces choses (le Salut par le sacrifice de Jésus), de même que le Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Actes 5.32).
La cène est le dernier souper que Jésus fit avec ses apôtres, la veille de sa passion. A la fin du repas, il institua le mémorial de sa mort sous les deux espèces : le pain rompu, symbolisant son corps brisé, et la coupe, représentant son sang répandu. Les disciples observèrent fidèlement sa dernière recommandation (« Faites ceci en mémoire de moi », Luc 22.19) et les chrétiens de tous les temps ont suivi les instructions données dans les Ecritures.
Le livre des Actes des Apôtres nous fait voir l’importance que les premiers chrétiens attachaient à ce mémorial : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Actes 2.42).
Pour ces premiers chrétiens, « rompre le pain », c’était prendre le « repas du Seigneur » (1 Corinthiens 11.20).
De ce mémorial que Jésus avait institué avant sa passion, on a glissé progressivement, dans l’Église Catholique, vers l’établissement d’un rituel qui est devenu le moment le plus important de la messe : le sacrement de l’Eucharistie.
L’article 1411 du Catéchisme de l’Église Catholique l’explique ainsi : « Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur« .
L’article 1413 ajoute : « Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin le Christ lui-même vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité« .
« Seuls les prêtres peuvent consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur ».
Ici, l’Église Catholique s’approprie tout simplement un « pouvoir » : celui de consacrer le pain et le vin, puisque ce sont ces prêtres
« validement ordonnés »
c’est-à-dire reconnus par Elle, qui seuls peuvent présider l’Eucharistie (cf. art. 1411 ci-dessus).
Or, dans le Nouveau Testament, il n’est pas fait mention de prêtres. L’Ancien Testament avait ses sacrificateurs (lignée d’Aaron), mais leur rôle avait été défini par Dieu lui-même, dans la Loi (principalement le Lévitique) donnée à Moïse.
Ni Jésus, ni les auteurs inspirés par l’Esprit Saint dans le Nouveau Testament ne parlent d’établir des hommes prêtres. Par contre, on y trouve des pasteurs, dont le ministère consistait à conduire les âmes, à veiller sur le troupeau selon la grâce de Dieu et par la puissance du Saint-Esprit.
Par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang ; ce changement l’Église Catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation » (Art. 1376 du Catéchisme).
Cette doctrine de la transsubstantiation fut rendue officielle en 1215 par le quatrième Concile de Latran, confirmée par le Concile de Trente au XVI° siècle, mais ne fut pas retiré lors du récent concile Vatican II. Elle est toujours enseignée dans le Catéchisme de l’Église Catholique, édition 1992. De plus, dans les rassemblements œcuméniques, elle représente toujours un sujet de divergence, comme ce fut le cas notamment en 1979, lors de la commission mixte Catholique Romaine-Evangélique Luthérienne
« le Repas du Seigneur » (Article 53).
Pour mieux comprendre jusqu’où cette doctrine a entraîné l’Église Catholique, il faut d’abord la confronter au récit que font les Écritures du dernier repas du Seigneur. Voici celui que donne Paul dans sa première épître aux Corinthiens (11.23-26) :
« Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ».
Par deux fois, Jésus dit : « faites ceci en mémoire de moi« . Ces mots indiquent sans ambiguïté le sens mémorial que Jésus a voulu donner à ses paroles et à ses gestes. De même, en précisant : « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang », il montrait que, désormais, son sang répandu pour nous sur la croix rétablissait la relation perdue entre l’homme et son Créateur et, du même coup, remplaçait l’ancienne alliance que Dieu avait conclue avec Israël.
Ainsi, il y avait dans le geste de la « fraction du pain », le même sens mémorial que dans la Pâque juive. Ce n’est que tardivement que la notion de transsubstantiation sera amenée par l’Église Catholique, conférant ainsi un rôle central au prêtre dont la présence devenait indispensable pour garantir la validité de la consécration du pain et du vin. Nulle part dans le Nouveau Testament, on ne peut lire que Jésus a donné un « pouvoir » à ses disciples, permettant de rendre réelle sa présence au moyen d’un rite de consécration, pas plus que les apôtres eux-mêmes auraient, à leur tour, transmis ce « pouvoir » à leurs successeurs.
Par contre, Jésus a laissé une parole bien réconfortante à tout homme qui choisit de le suivre comme l’ont fait les disciples :
« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28.20).
Puisque, selon la doctrine catholique, le Seigneur accorde le don de sa présence eucharistique aussi longtemps que demeurent les espèces du pain et du vin, l’Église peut donc rendre un culte d’adoration à l’hostie en dehors de la liturgie de la Messe.
L’article 1378 du Catéchisme romain l’exprime en ces termes :
« L’Église Catholique a rendu, et continue de rendre, ce culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie, non seulement durant la Messe, mais aussi en dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession« .
D’autres précisions concernant ce culte de l’hostie sont données dans l’article 1418 :
« Puisque le Christ lui-même est présent dans le sacrement de l’autel, il faut l’honorer d’un culte d’adoration. La visite au Très Saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe d’amour et un devoir d’adoration envers le Christ, notre Seigneur ».
À ces prescriptions émanant des responsables de l’Église Catholique, on ne peut répondre que par les paroles même de Jésus, lorsqu’il reprochait aux pharisiens d’annuler la Parole de Dieu au profit de leur tradition :
« C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Matthieu 15.7).
Ce culte de l’hostie, présence dans le Tabernacle ou adoration devant l’ostensoir, ne repose sur aucun fondement biblique. De plus, ce culte et la pompe liturgique dont il est souvent entouré, représente un réel danger pour ceux qui le pratiquent, parce qu’il revêt un caractère de pratique magique, occulte, l’hostie consacrée devant contenir en elle-même la « présence réelle du Christ ».
C’est trahir Jésus que de faire croire aux membres d’une église qu’un homme, prêtre ou évêque, détient de l’Esprit Saint le pouvoir de faire rendre présent Jésus-Christ dans une hostie en accomplissant des rites de consécration.
En conclusion, souvenons-nous de ce que Jésus a dit à la Samaritaine dans l’évangile de Jean (4.23) :
« L’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande ».
Nous devons donc nous approcher de Dieu, non pas au moyen de rites religieux inventés par des hommes, mais par Jésus, notre bien-aimé Sauveur, comme nous le rappelle cet extrait de l’épître aux Hébreux (10.19-22) :
« Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de sa chair, et puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi, les coeurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure ».
Il n’y a aucune trace de culte à Marie dans le Nouveau Testament. Ce culte commence à prendre de l’importance à partir du V° siècle, puis se développera pendant tout le moyen-âge, pour atteindre finalement son apogée aux XIX° et XX° siècles, en raison des apparitions et miracles.
Le développement de ce culte à Marie a amené l’Église Catholique à proclamer deux dogmes importants :
1 – L’Immaculée Conception
« Au long des siècles, l’Église a pris conscience que Marie, « comblée de grâce » par Dieu (Luc 1.28), avait été rachetée dès sa conception. C’est ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le pape Pie IX : la Bienheureuse Vierge Marie a été au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du* péché originel » (Catéchisme Catholique, art; 491).
2 – L’Assomption
« La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers (…) » (Catéchisme Catholique, art. 966).
Le dogme de l’Assomption fut proclamé par le pape Pie XII en Novembre 1950.
Enfin, selon le Concile Vatican II, « L’Église invoque le Bienheureuse Vierge Marie sous les titres d’Avocate, de Secours, d’Auxiliatrice, de Médiatrice (…) » (Constitution Dogmatique « Lumen gentium », chapitre 7).
Jésus et les auteurs inspirés du Nouveau Testament sont-ils à l’origine de ces croyances de l’Église Catholique sur ce rôle de « Médiatrice » attribué à la Vierge ?
Les quatre évangiles restent finalement très discrets sur Marie. En tous cas, pas une seule fois Jésus n’a exalté publiquement sa mère comme étant supérieure aux autres. Ainsi Matthieu rapporte :
« Comme Jésus s’adressait encore à la foule, voici, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, cherchèrent à lui parler. Quelqu’un lui dit : voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler. Mais Jésus répondit à celui qui le lui disait : Qui sont ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma soeur et ma mère » (Matthieu 12.46-50).
Luc, de son côté, dit ceci :
« Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! Et il répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11.27-28).
« Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! ». Ces paroles prononcées par la femme qui écoutait Jésus parler, sont proches du lyrisme de nombreux cantiques chantés en l’honneur de Marie. Cependant, Jésus coupe court à cette belle envolée lyrique et nous ramène à l’essentiel : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la gardent ! ».
Le Nouveau Testament n’enseigne pas non plus, comme le fait le Catéchisme romain (art. 969) :
« Par son intercession répétée, elle (Marie) continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel« .
Le seul don qui nous assure le salut éternel est le sang de Jésus, répandu pour le rachat des péchés des hommes. C’est uniquement en acceptant de nous repentir et en croyant à la Parole de Jésus que nous pouvons connaître la vie avec Dieu. Il n’est donc pas nécessaire d’y ajouter des prières à Marie, comme l’enseigne l’Église Catholique. De toute façon, l’apôtre Paul affirme solennellement que Jésus est le seul Médiateur :
« Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Timothée 2.5-6).
« Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Pierre, dans Actes 4.12).
Deux parties tirées de l’évangile de Luc : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (citation de Luc 1.28) et « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni » (citation de Luc 1.42).
Un ajout du XV° siècle : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen ».
« Mère de Dieu »
Le titre « Mère de Dieu » (concile d’Ephèse, en 431) pour invoquer Marie n’est pas justifié, parce que Marie était une simple créature de Dieu, même si elle a connu le merveilleux privilège de mettre au monde Jésus, Fils de Dieu. Cette expression n’honore pas non plus Marie, qui, elle-même, se disait être, en toute humilité, « la servante du Seigneur » (Luc 1.38), et considérait Dieu comme son Sauveur (Luc 1.47 : « Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur »).
« Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort »
Certainement, tout homme est pécheur. Mais si nous nous sommes repentis, nous avons reçu le pardon de Dieu et la vie dans l’Esprit Saint. Pourquoi alors demander à Marie d’intercéder en notre faveur ? Croyons-nous, oui ou non, à cette promesse que Jésus nous a faite :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24).
En réalité, Jésus nous a laissé un bel enseignement sur la prière. Relisons Matthieu (6.9-13) :
« Voici donc comment vous devez prier : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen. »
Si cela était vraiment la volonté de Dieu que nous adressions des prières à Marie, Jésus nous l’aurait recommandé. À la rigueur, les apôtres, parlant sous l’inspiration de l’Esprit Saint dans le Nouveau Testament, nous l’auraient indiqué. Or, il n’en est rien. De plus, on sait très bien que les prières et les cultes à Marie ne furent pratiqués dans l’Église que tardivement.
« En priant (c’est Jésus qui parle), ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez ».
Il s’agit là d’une recommandation de Jésus pour nos prières. Jésus précise bien : « ne multipliez pas de vaines paroles ». Réciter un chapelet consiste à répéter 50 fois la prière à Marie, et un rosaire 150 fois cette prière. Pourquoi enseigner et encourager les fidèles à de telles prières routinières ? Les personnes qui les récitent y mettent peut-être tout leur coeur, mais nous sommes ici loin des recommandations de Jésus.
Une fois de plus, on est obligé de constater que, sous couvert de Sainte Tradition, les responsables de l’Église Catholique ont éloigné leurs fidèles de l’Evangile.
Aux XIX° et XX° siècles, les apparitions de la Vierge se sont multipliées, confortant ainsi l’Église Catholique dans sa pratique des cultes à Marie. Les lieux de pélerinage sont nombreux, et l’Église ponctue l’année liturgique par de nombreuses fêtes mariales : l’Immaculée Conception, l’Annonciation, l’Assomption…
Durant certaines apparitions, la Vierge a délivré des messages qui sont de véritables révélations pour l’Église de notre temps. On ne peut malheureusement pas accepter ces révélations, parce que Jésus a lui-même donné ses propres révélations sur les derniers temps :
de vive voix, comme dans tout le chapitre 24 de l’évangile de Matthieu sur l’annonce de la fin des temps, par exemple, ou
par l’Esprit Saint, dans les autres écrits du Nouveau Testament, et en particulier dans l’Apocalypse de Jean.
Le dernier chapitre du livre de l’Apocalypse est à ce sujet extrêmement précis et sévère à l’égard de la Révélation divine, ainsi qu’on peut le lire aux versets 18 et 19 :
« Je le déclare (c’est Jésus qui parle) à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, et des choses qui sont écrites dans ce livre ».
Il n’est donc pas possible d’ajouter une autre révélation à celle de notre Seigneur.
Comment expliquer alors ces incontestables phénomènes d’apparitions et de miracles ? Là, encore, seul Jésus peut nous donner la réponse :
« Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; il feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. Voici, je vous l’ai annoncé d’avance » (Matthieu 24.24-25, dans le discours de la fin des temps cité ci-dessus).
De plus, Paul affirme aussi dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (11.14) que : « Satan lui-même se déguise en ange de lumière« .
Il nous faut donc, concernant le domaine des apparitions et des miracles, agir avec la plus grande circonspection. Mais nous ne pourrons jamais nous égarer si nous écoutons et suivons notre Sauveur, Jésus, parce qu’il est : « le chemin, la vérité et la vie », « Nul ne vient au Père que par moi » ajoute-t-il (Jean 14.6).
Tout chrétien respecte l’enseignement de la Bible au sujet de Marie, et la considère à sa juste place. Par la grâce de Dieu, elle était vierge jusqu’à la naissance de Jésus, qui a été conçu miraculeusement par l’Esprit, ainsi que l’atteste Matthieu (1.25) :
« Mais il (Joseph) ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus ».
Après l’Ascension, on la trouve en compagnie des apôtres pour prier :
« Tous d’un commun accord, persévéraient dans la prière, avec les femmes et Marie, mère de Jésus, et avec les frères de Jésus » (Actes 1.14).
Pour comprendre le chemin parcouru par l’Église depuis le jour de la Pentecôte au premier siècle, jusqu’à la proclamation par le Concile Vatican I, en 1870, du dogme de l’infaillibilité du pape, un rapide survol de l’histoire de l’Église est nécessaire.
Les débuts de l’Église
Période de fidélité à Jésus et à sa Parole. Jésus construit son Église :
« Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Actes 2.47).
Les trois premiers siècles du christianisme se présentent principalement comme une période de lutte : l’Église doit faire face aux persécutions et aux premières hérésies. Pendant cette période, le Seigneur a merveilleusement manifesté sa présence au milieu des siens. L’Église de Rome, « Fondée et constituée par les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul » (Irénée, « Contre les hérésies »), est déjà reconnue comme un haut lieu de la tradition apostolique.
La domination de Rome
Le personnage du pape prend de plus en plus d’importance, et on mêle la Tradition à la Parole de Dieu. Jésus avait connu la même situation en son temps, face aux docteurs d’Israël et à leurs traditions :
« Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse » (Matthieu 23.2)
« Vous annulez ainsi la Parole de Dieu au profit de votre tradition » (Matthieu 15.6)
Jusqu’en 313, l’Église se composait d’adhérents librement convaincus. Avec l’empereur Constantin le Grand, à partir de 313, le christianisme est reconnu dans tout l’empire romain. L’Église se développe rapidement et devient progressivement une Église de multitude. Au V° siècle encore, on reconnaît l’autorité « apostolique » de plusieurs églises : Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome et Constantinople. Cependant, l’autorité du patriarche de Rome est de plus en plus reconnue par les autres. Les évêques de Rome, revendiquant la succession de l’apôtre Pierre, se font appeler « Papes » (pères), en référence à l’évangile de Matthieu (16.18-19) : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église (…) ; je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux (…) ».
Progressivement se met en place une Église Catholique que nous connaissons bien au XX° siècle : d’un côté, une structure cléricale qui ira en se hiérarchisant de plus en plus, avec à sa tête le commandement suprême du pape à Rome, d’un autre côté la multitude des « fidèles » ou laïcs qui se composera d’adhérents pour la plupart baptisés enfants et dont beaucoup seront peu instruits de l’Évangile.
Pendant tout le moyen-âge, la puissance de l’Église Catholique et de l’autorité papale vont se développer considérablement. Toute la vie politique, artistique, littéraire, intellectuelle gravite autour de l’Église Romaine et de son représentant, le pape.
Parallèlement, l’Église va s’écarter de plus en plus de la Parole de Dieu en laissant se développer des fausses doctrines, telles : la transsubstantiation, le purgatoire, les indulgences, le culte des Saints et à Marie… Les fidèles ignorent la Bible, les cultes en latin réduisent leur participation à la prière, et la superstition se développe. La puissance papale atteindra son apogée avec l’Inquisition (tribunal de l’Église pour la détection et la punition des hérétiques).
Vers l’infaillibilité de l’Église Catholique
Rome et sa puissance confrontées à la Parole de Dieu par les partisans d’un retour aux sources de l’Évangile. Jésus a mis en garde par son Esprit, dans l’Apocalypse, ceux qui se détourneraient de lui :
« Repens-toi donc; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche » (Apocalypse 2.16).
« Car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelle; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. Nulle créature n’est cachée devant lui (Dieu), mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Hébreux 4.12-13).
Les abus et les libertés que prend l’Église Catholique par rapport à l’Évangile vont conduire durant les siècles suivants à une succession de réactions en chaîne :
Luther et la Réforme Protestante veulent ramener l’Église Catholique à l’Évangile ; celle-ci riposte avec le Concile de Trente, par lequel elle maintient sa position doctrinale et interdit la lecture de la Bible en langue vulgaire sans autorisation spéciale.
Les partisans du retour à l’Évangile susciteront alors de nombreux mouvements de réveil et seront à l’origine d’une diffusion de plus en plus importante de la Bible en dehors de l’Église Catholique. Finalement, en 1870, la déclaration de l' »infaillibilité papale » au Concile Vatican I enlèvera tout espoir de voir l’Église Catholique revenir à l’Évangile en renonçant à ses doctrines ; et lors du Concile Vatican II, celle-ci ne reniera malheureusement pas non plus les positions doctrinales des conciles de Trente et Vatican I.
1°) L’Église Catholique héritière directe de Pierre et des apôtres
Selon son propre enseignement, l’Église Catholique est l’héritière authentique de l’Église primitive, les papes étant les successeurs directs de l’apôtre Pierre, et les évêques les successeurs des autres apôtres de Jésus. Le Catéchisme de l’Église Catholique justifie cette succession apostolique à l’article 869 :
« L’Église est apostolique : elle est bâtie sur des assises durables : les 12 Apôtres de l’Agneau (Apocalypse 21.14) ; elle est indestructible ; elle est infailliblement tenue dans la vérité : le Christ la gouverne par Pierre et les autres apôtres, présents en leurs successeurs, le Pape et le collège des évêques« .
2°) Le pape, autorité suprême
Le pape (père) est l’autorité suprême de l’Église Catholique :
« Le pape jouit, par instruction divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes » (art. 937 du Catéchisme de l’Église Catholique).
Notre Seigneur Jésus-Christ est d’un avis bien différent lorsqu’il affirme :
« N’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. » (Matthieu 23.9)
3°) L’infaillibilité du pape
En 1870, le Concile Vatican I a défini le dogme de l’infaillibilité pontificale en ces termes : « L’évêque de Rome possède, en tant que successeur de Saint Pierre, en sa qualité de chef suprême de l’Église, le Magistère suprême infaillible« . Ce dogme a été ensuite confirmé par le Concile Vatican II, dans la constitution dogmatique « Lumen gentium » sur l’Église, en date du 21 Novembre 1964.
Pierre, premier pape ? L’apôtre Pierre n’a jamais revendiqué pour lui-même une autorité telle que celle revendiquée par les papes. La lecture de sa première lettre, au chapitre 5, versets 1 à 3, est à ce sujet bien utile :
« Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée : paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme dominants sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau« .
4°) L’obéissance demandée aux fidèles de l’Église Catholique
L’Église Catholique demande à ses fidèles de se soumettre « dans l’obéissance de la foi » à leurs conducteurs spirituels, comme l’indique le Catéchisme de l’Église Catholique à l’article 891 :
« Lorsque, par son magistère suprême, l’Église propose quelque chose à croire comme étant révélé par Dieu et comme enseignement du Christ, il faut adhérer dans l’obéissance de la foi à de telles définitions. Cette infaillibilité s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine ».
Quelle part laisse-t-on alors à Jésus et à l’action du Saint-Esprit dans une telle Église ? L’Église Catholique est-elle, dans ces conditions, l’Église de Jésus ou celle des hommes ? Jésus a interpellé les chefs religieux de son temps en ces termes : « Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse » (Matthieu 23.2), indiquant par là qu’ils se chargeaient eux-mêmes d’expliquer la Loi transmise par Dieu à Moïse. 2000 ans après, ne peut-on pas constater que nous en sommes arrivés au même point ? Le Magistère de l’Église Catholique, avec son infaillibilité, ne s’est-il pas « assis dans la chaire » de Jésus ?
5°) L’Église Catholique seule responsable de l’interprétation des Ecritures
Enfin l’Église Catholique affirme être aussi la seule à pouvoir interpréter de manière juste les Saintes Écritures :
« La charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui » (Catéchisme de l’Église Catholique, art. 100).
Lorsque l’on considère tous les ajouts faits à la Parole de Dieu par les responsables de l’Église Catholique, on ne peut s’empêcher de penser à cette mise en garde que Jésus a faite aux docteurs de la Loi, à son époque :
« Malheur à vous, docteurs de la Loi ! Parce que vous avez enlevé la clef de la science ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient » (Luc 11.52).
« Jésus répondit (à Nicodème) : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. » (Jean 3.5-8)
« Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus se tenant debout, il s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jean 7.37-39)
Le vrai culte
« Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. » (Jean 4.23-24)
Le véritable appel
« Nul ne peut venir à moi, dit Jésus, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Ainsi, quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement vient à moi. » (Jean 6.44-45)
Le véritable disciple
« Si quelqu’un me sert (dit Jésus), qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » (Jean 12.26)
La véritable tradition
« Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement ». (Hébreux 13.8)
Il ne faudrait pas croire que l’Église Catholique n’a jamais manifesté la volonté d’une « purification » et d’un retour à la source pure de l’Évangile. Nombreux furent ses prophètes qui, comme Monseigneur Strossmayer, évêque de Bosnie, au Concile Vatican I, ont courageusement élevé leur voix pour demander le retour à l’autorité de la Bible :
« Retournons à l’enseignement des apôtres, demanda-t-il, puisqu’en dehors de cela, nous n’avons qu’erreurs, ténèbres et fausses traditions. Mettons à profit notre raison et notre intelligence pour prendre les apôtres et les prophètes comme nos maîtres infaillibles en ce qui concerne la question des questions : « Que dois-je faire pour être sauvé ? ». Lorsque cela sera acquis, nous aurons établi le fondement ferme et inébranlable de notre système dogmatique sur le roc durable et incorruptible des Saintes Écritures divinement inspirées. (…) Arrêtez-vous, vénérables frères, sur cette pente odieuse et ridicule. Sauvez l’Église du désastre qui la menace, demandant aux Saintes Écritures seules la règle de foi que nous devons croire et professer ». (Cité par A. Kuen, dans « Je bâtirai mon Église », éd. Emmaüs, page 337).
Ne perdons jamais l’espoir de voir des fidèles et des responsables de l’Église Catholique revenir de tout leur coeur à la Parole de Dieu ; mais, à ce moment-là, se posera la grande question : faut-il obéir à la Parole de Dieu, ou à une Institution humaine ?
Laissons aux psalmistes de la Bible le dernier mot :
« J’écouterai ce que dit Dieu, l’Eternel ; car il parle de paix à son peuple et à ses fidèles, pourvu qu’ils ne retombent pas dans la folie. Oui, son salut est près de ceux qui le craignent, afin que la gloire habite dans notre pays ». (Psaume 85.9-10)
« Car il est notre Dieu, et nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit… Oh ! Si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix ! » (Psaume 95.7)
La Bible entière contient tout le plan de Dieu pour le salut des hommes. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament forment un tout qui nous révèle Dieu, notre Père, Jésus, notre Sauveur, et l’Esprit Saint, notre Consolateur. Mais Jésus lui-même est au centre de toutes les Ecritures. C’est ce qu’il affirme dans l’évangile de Luc (24.44-47) :
« C’est là ce que je vous disais (il s’adresse aux apôtres après la résurrection), lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, dans les Prophètes, et dans les Psaumes. Alors, il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les écritures. Et il leur dit : Ainsi, il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem ».
Puisque Jésus dit lui-même que la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes contiennent « tout ce qui est écrit » de Lui, nous ne devons pas négliger de prendre en compte la Bible dans sa totalité : Ancien et Nouveau Testament. En lisant quotidiennement, et d’un coeur sincère, la Parole de Dieu, nous bénéficions, petit à petit, de l’assistance du Saint-Esprit, et nous commençons à grandir dans notre foi :
« Il (Jésus) dit encore : Il en est du Royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre; qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence germe et croît, sans qu’il sache comment. La terre produit d’elle-même, d’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi; et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là ». (Marc 4.26-29)
Tant que nous ne vivons pas avec l’Esprit Saint, nous ne pouvons connaître Dieu que par notre raison, notre compréhension humaine, c’est-à-dire d’une manière insuffisante. Notre foi cherche à s’appuyer sur des raisonnements, des déductions, des preuves, sans jamais connaître une satisfaction totale. Il nous devient alors difficile d’accepter les Ecritures dans leur totalité, sans chercher à y mêler des explications humaines, telles : l’historicité, la philosophie, la sociologie… et bien d’autres « sciences » humaines. L’homme qui s’appuie sur sa sagesse et son intelligence ne connaîtra jamais Dieu. Dieu n’a rien à donner à celui qui croit tout connaître. Nous ne pouvons pas soumettre la Bible à notre propre interprétation, nous devons la recevoir comme une Parole de Vérité. C’est l’homme qui, dans son orgueil, ajoute ou retire à la Parole de Dieu pour en donner sa propre explication.
En fait, le seul point de départ possible est une soumission sans restriction à la Parole de Dieu comme étant la seule Vérité, et dans sa totalité.
L’enseignement des apôtres est directement inspiré par l’Esprit Saint. L’apôtre Paul l’explique ainsi dans sa première lettre aux Corinthiens (2.12-13) :
« Or, nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles ».
Si nous acceptons, en toute humilité, de nous soumettre à la Parole de Dieu, nous nous détachons progressivement de tout un fatras de connaissances et de croyances humaines, qui nous séparaient de notre Créateur. Alors commence une nouvelle vie dans la liberté de Dieu, véritable libération de tous les esclavages que la société humaine sécrète pour l’homme.
« Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8.31-32).
C’est un réel détachement du monde, mais pas le refuge dans un univers utopique, car le chrétien garde une vie bien enracinée dans la société. Tout en vivant comme les autres hommes, il garde les yeux et le cœur tournés vers Dieu, son Créateur et son Sauveur, en se nourrissant de sa Parole.
« Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la Parole vivante et permanente de Dieu« . (1 Pierre 1.23)
Il me semble important et juste d’apporter en conclusion mon propre témoignage.
Je suis né et j’ai vécu pendant plus de 40 ans dans un contexte religieux teinté de pur catholicisme. J’ai aimé ce qu’on m’a enseigné et fait pratiquer, je m’y suis attaché au point de le transmettre à d’autres jeunes.
J’ai cherché le Seigneur de tout mon cœur et désiré le servir loyalement. Comme tant de catholiques pratiquants, je me suis sans cesse remis en question et essayé de grandir dans ma foi. Cependant, il me faut reconnaître qu’à un moment de ma vie s’est posée une question déterminante : la Bible est-elle, oui ou non, la Parole de Dieu ? Si oui, pourquoi est-elle en contradiction flagrante avec l’enseignement de l’Église Catholique ?
En choisissant la Bible et en acceptant en toute humilité de me placer sous son autorité, c’est-à-dire sous la seule autorité de la Parole de Dieu, j’ai fait le premier pas véritable en direction de mon Créateur. La repentance m’a ensuite placé dans les bras de Celui que je pouvais désormais appeler d’une manière véritable : mon Père.
Dès lors, je n’ai plus d’autre but dans la vie que de servir Jésus, mon Sauveur et mon Maître. Parce que j’ai obéi à la Parole divine, Dieu m’a fait connaître son Amour et la vie dans l’Esprit Saint n’est plus pour moi un simple concept religieux. A ceux qui en m’entendant parler ainsi expriment leur scepticisme en me disant que j’ai vécu une « expérience » (?), je réponds de toutes mes forces que je possède désormais une foi vivante en un Dieu vivant.
« Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2.2).
La Sainte Bible du Chanoine Crampon, édition 1939, édit. Soc. de St Jean l’Evangéliste, Desclée et Cie, Paris (CRAMPON 1939).
La Sainte Bible du Chanoine Crampon, édition 1960. Traduction révisée par J. Bonsirven, S. J. pour l’Ancien Testament, Traduction nouvelle de A. Tricot pour le Nouveau Testament, édit. Desclée et Cie, Paris (CRAMPON 1960).
La Sainte Bible. Traduction de l’Ecole biblique de Jérusalem, édit. de poche, 1955, édit. Desclée de Brouwer, Paris (JERUSALEM).
La Sainte Bible. Texte Latin et traduction française d’après les textes originaux. Commentaire exégétique et théologique. Publiée sous la direction de L. Pirot, prof. d’exég. à l’Univ. Cath. de Lille et A. Clamer, prof. d’Ecrit. Ste au grd Sém. de Nancy, avec le concours de professeurs d’Université et de grands Séminaires. Nouveau Testament: Tomes IX a XII (1946 à 1949), édit. Letouzey et Ané, Paris (PIROT-CLAMER).
La Sainte Bible. Version nouvelle par les Moines de Maredsous, édit. 1949. édit. de Maredsous en Belgique (MAREDSOUS).
La Sainte Bible expliquée. éditions de Maredsous ; 43 fascicules parus à ce jour (MAREDS. EXPL.).
Le Nouveau Testament, par F. M. Braun, D. Buzy, R. Leconte, L. Marchal, J. Renie, A. Brunot, C. Spicq, A. Viard, éd. Massaux, A. Gelin. édit. 1955 chez Letouzey et Ané, Paris (N. T. LETOUZEY).
Le Nouveau Testament, traduit par le T. R. Père Buzy, 1949, édit. de l’Ecole, Paris (BUZY).
Le Nouveau Testament. Traduction nouvelle (1961) du Chanoine Osty et de J. Trinquet. édit. Siloë, Paris (OSTY-TRINQUET). (N. B. Le Chanoine Osty est aussi le traducteur du N. T. dans la Bible LIENART.)
Novum Testamentum Graece et Latine, Augustinus Merk, S. J. editio octavo, anno 1957. édit. Sumptibus Pontificli Instituti Biblici, Roma (N. T. Gr. Lat.).
Les Saints Evangiles. Traduction nouvelle par Henri Lasserre, 25ème édition, 1887. Soc. Gen. de Libr. Cathol. Victor Palme, Paris (LASSERRE).
Synopse des Quatre Evangiles. En français, d’après la Synopse grecque du R. P. M.-J. Lagrange, O. P., par le R. P. C. Lavergne, O. P. Nouvelle édition revue, 1958, Libr. Lecoffre, Paris (SYNOP. SE).
Le Message des Evangiles, par le Rév. Angelo Alberti, préface par Mgr Montini, devenu le pape Paul VI, 1960. édit. Marabout Université, Verviers en Belgique (ALBERTI).
Versions catholiques récentes (postérieures à la première édition de cette étude)
Le Nouveau Testament, par A . Tricot, Edit. Desclée, Paris, 1968 (TRI)
Le Nouveau Testament, par Pierre de Beaumont, Edit. Fayard-Mame, Paris, 1973 (PDB)
Nouvelle Edition de la Bible de Jérusalem, plus rigoureuse que les éditions antérieures. Le vocabulaire français du N.T. a été réduit de 27.000 mots différents à 13-14.000. (Le N.T. grec comporte 5000 mots différents). Edit. Desclée de Brouver, Paris, 1973 (NJER).
La Bible Osty, Traduction Osty et Trinquet, Edit. du Seuil, Paris 1973 (OSTR)
L’Evangile, par R. Bruckberger, Edit. Alban Michel, Paris, 1976 (BRU)
2. TRADUCTIONS PROTESTANTES
La Sainte Bible. Traduction Segond, 1910. édition Maison de la Bible, Paris-Genève (SEGOND).
La Sainte Bible. Traduction J. N. Darby; Imprimerie de l’Université, Oxford (DARBY).
Le Nouveau Testament. Traduction Nouvelle d’après les meilleurs textes sous la direction de Maurice Goguel et Henri Monnier, 1929, édit. Payot, Paris (GOGUEL-MONNIER).
Le Nouveau Testament. Traduction L. Segond, Nouvelle revision de 1962, Soc. Bibl. de France, Paris (SEGOND REV.).
Le Nouveau Testament. Version Stapfer, 6ème édit. 1911. Soc. bibl. de Paris, Paris (STAPFER).
Le Nouveau Testament. Version Synodale. Soc. Bibl. réunies, Genève (SYNODALE).
Les Quatre Evangiles, nouvellement traduits et annotés par Hubert Pernot, prof. hon. à la Sorbonne. 1943, N. R. F., Gallimard, Paris (PERNOT).
Versions protestantes récentes (postérieures à la première édition de cette étude)
Parole vivante. Transcription moderne de la Bible (Nouveau Testament) pour notre temps. Synthèse des meilleures versions actuelles. Edit. Litt. Bibl. Braine l’Alleud (Belgique), 1976 (PV=
La Bible, Nouveau Testament, coll. Pléiade, plusieurs traducteurs. Traduction littéraire et scientifique. Edit. Gallimard, Paris, 1971(PLE)
Version Segond, revue, avec quelque 2000 modifications, surtout suppression des formes archaïques, allègement de style, amélioration de la traduction. Edit. Maison de la Bible, Genève, 1975 (GEN)
Nouvelle Version Second révisée, profondément remaniée. Edit. All. Bibl. Universelle, Paris, 1978 (COL)
Le Livre (Nouveau Testament), traduction explicitant bien le sens des Ecrits, s’inspirant de la Living Bible anglaise. Edi. Farel, Fontenay-sous-Bois (France), 1980 (LIV)
par des équipes comptant des traducteurs catholiques, orthodoxes et protestants
Traduction Oecuménique de la Bible, Nouveau Testament. Edit. du Cerf / Les Bergers et les Mages, Paris, 1972 (TOB)
La Bible en Français courant, Edit. Soc. Bibl. Franç.Paris, 1982 (BFC)
2.4. TRADUCTION Chouraqui
La Bible traduite par André Chouraqui, écrivain juif, qui a repensé les textes grecs dans leur contexte culturel araméen et hébreu. On peut penser qu’il n’a pas été influencé, dans sa traduction, par aucun a priori théologique catholique ou protestant. Desclée de Brouwer, Paris 1974-79 et 1985 (CHO).
II. BIBLIOGRAPHIE: exclusivement catholique.
Gustave Bardy, Théologie de l’Eglise de saint Clément de Rome à saint Irénée, 1945, édit. du Cerf, Paris.
Les Premiers Jours de l’Eglise, 1941, édit. Bloud et Gay, Paris.
Chanoine A. Boulenger, Histoire de l’Eglise, 1939, édit. Emmanuel Vitte, Paris.
Manuel d’Apologétique, 1939, édit. Emmanuel Vitte, Paris.
J. Chaine et R. Grousset, Littérature religieuse, 1949, Armand Colin, Paris.
J. Chelini et J.-R. Palanque, Petite Histoire des grands Conciles, 1962, édit. Desclée de Brouwer, Paris.
Daniel-Rops, de l’Académie Française, L’Eglise des Apôtres et des Martyrs, 109ème édit., 1948, édit. Arthème Fayard, Paris.
qu’est-ce que la Bible? 1955, édit. Arthème Fayard, Paris.
Robert Davidson, Le Message de la Bible, 1963, édit. Meddens, Elsevier, Paris (écrit par un Anglican, mais pourvu de l’imprimatur Catholique).
Cahiers trimestriels Evangile, de la Ligue Catholique de l’Evangile, 2, r. de la Planche, Paris, N° 13, 41 et 43.
Albin Flury, Lettre à Christine Un prêtre répond à une protestante, 1961; édit. Salvator, Mulhouse.
Abbé R. Morçay, prof. à l’Institut Catholique de Paris, Nouvelle Histoire de l’Eglise, 1948, édit. Lanore, Paris.
Dom Paul Passelecq, Préjugés des Catholiques contre la lecture de la Bible, 1954, édit. Maredsous, Belgique.
Louis Ott, Précis de Théologie Dogmatique, traduit par l’abbé Marcel Grandclaudon, 1955, édit. Salvator, Mulhouse.
Dom Charles Poulet, Histoire de l’Eglise, Nouvelle édition revue et mise à jour par Dom Louis Gaillard, Moine bénédictin de St-Paul de Wisques, 1959; édit. Beauchesne et ses fils, Paris.
A. Robert et A. Tricot, Initiation biblique, 1938, édit. Desclée et Cie, Paris.
A. Robert et A. Feuillet, Introduction à la Bible, 2 tomes, 2ème édition 1959. édit. Desclée et Cie, Paris.
L. Rudloff, O. S. B., Petite Théologie Dogmatique, 1937, édit. Alsatia, Paris.
Chanoine A. Texier, professeur de philosophie et d’apologétique, Précis d’Apologétique, 7. édit. 1958; édit. de l’Ecole, Paris.
J. Vallentin, La Foi des Chrétiens, 1949; édit. Alsatia, Paris.
Vocabulaire de théologie biblique, 1962, édit. du Cerf, Paris.
F. Zorell, S. J., Lexicon Graecum Novi Testament, 1961 , édit. Lethiellieux, Paris.
Notre bibliographie est volontairement restreinte, la Bible étant en la circonstance, le document par excellence. Il est conseillé au lecteur intéressé de suivre l’exemple des Juifs de Bérée qui
« examinaient chaque jour les Ecritures. pour voir si ce qu’on leur disait était exact.» (Act. 17.11).1
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. (1 Tim. 2.4)
Le Concile œcuménique a amené l’auteur de ces lignes à approfondir ce qui lui semblait être le fondement doctrinal de l’Unité chrétienne: la Bible, et en particulier le Nouveau Testament qui est la révélation définitive de Dieu aux hommes.
« Sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, écrivit S. S. Pie XII (Divino afflante) , les écrivains sacrés ont composé les Livres que Dieu a voulu donner au genre humain » (cité par Daniel-Rops, « Qu’est-ce que la Bible? », p. 68).
Ce sont donc ces livres qui nous révèlent Ses desseins et Son plan de Salut pour l’humanité.
Pour connaître Sa volonté, « pour entendre le Saint-Esprit, il faut lire un livre écrit de main d’homme » (Dom Passelecq, « Préj. des Cath. contre la lecture de la Bible », p. 12), mais « divinement inspiré » (2 Tim. 3.16), l’inspiration étant l’impulsion surnaturelle par laquelle l’Esprit-Saint a incité les écrivains sacrés à écrire sous sa continuelle assistance. « Puisque l’écrivain sacré a écrit tout ce que Dieu voulait lui faire écrire et seulement ce qu’il voulait lui faire écrire, il en résulte que dans les livres inspirés tout est parole de Dieu » (Robert-Tricot, « Init. Bibl. », p. 20)
« … en sorte que toute erreur, même en matière qui ne regarde pas la foi ou les mœurs, se trouve être exclue de la Sainte Ecriture, parce que Dieu ne saurait enseigner une erreur quelconque » (L. Rudloff, « Pet. Théol. Dogm. », p. 30).
Tel est l’énoncé du principe de l’inerrance des Ecritures.
« Ce qui est certain, c’est que cette assistance (celle du Saint-Esprit) fait choisir à l’auteur les mots les plus aptes à rendre la pensée divine dans toute sa force et sa netteté. En ce sens, on peut parler d’inspiration verbale » (Robert-Tricot, Init. Bibl. p. 17).
En effet, « Il est difficile de dissocier la pensée pure de son expression. Dieu ne saurait être absent de la formulation, de la mise par écrit de son message » (Daniel-Rops, « Qu’est-ce que la Bible? », p. 78). Tel est l’énoncé du principe de « l’ inspiration totale. »
Puisque Dieu est l’Auteur de la Bible, sa lecture ne reste pas sans action profonde sur son lecteur.
« La Parole de Dieu réalise sans intermédiaire ce dont elle est le signe. ‘Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n’y retournent pas qu’elles n’aient abreuvé et fécondé la terre et qu’elles ne l’aient fait germer, qu’elles n’aient donné la semence au semeur et le pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma Parole qui sort de ma bouche. Elle ne revient pas à moi sans effet, mais elle exécute ce que j’ai voulu et accomplit ce pourquoi je l’ai envoyée’ (Is. ou Es. 55. 10, 11) ». (J. Vallentin, La Foi des Chrétiens p. 36).
De plus,
« la Parole de Dieu nous sanctifie. Elle est la voie du salut, car elle opère la sanctification et la grâce » (J. Vallentin, « La Foi des Chrétiens », p. 37).
Voir aussi Jean 17.17.
« La Parole de Dieu, nous dit le Vocabulaire de Théologie biblique, est donc un fait en face duquel l’homme ne peut se tenir passif; le porte-parole exerce un ministère aux responsabilités très lourdes; l’auditeur est sommé de prendre position et cela engage son destin. »
Méditée dans cette perspective, la Bible ne peut manquer d’enrichir spirituellement, de conduire le lecteur – tout comme elle a conduit l’auteur de ces lignes – à reconnaître en Jésus son seul Sauveur et l’amener à une « nouvelle naissance »2, par laquelle « l’homme échange sa vie humaine et pécheresse pénétrée de tristesse et aboutissant à la mort, contre une vie divine, éternelle et bienheureuse. Il devient participant de la vie même de Dieu » (Cahier Evangile, n° 41, p. 11). Le message du Nouveau Testament est cette Bonne Nouvelle:
« A cause de ce que Dieu fit en Jésus et par lui, les hommes sont pardonnés, réconfortés et ramenés à l’intimité avec Dieu. Dieu et les hommes sont à nouveau réunis » (R. Davidson, « Le Mes. de la Bible », p. 153).
L’unité entre chrétiens ne peut passer que par la communion avec le Père et le Fils.
« Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous » (Jean 17.21, Jérusalem).
C’est la prière même de Jésus. Voir aussi Gal. 3. 28.
L’unité, c’est qu’il n’y ait qu’
« un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Eph. 4.5, 6).
Or cette foi unique est-elle prêchée pareillement dans toutes les églises? Propose-t-on aux hommes avides de vie nouvelle et assoiffés de certitudes spirituelles le même Evangile et le même texte?
La comparaison des traductions récentes du Nouveau Testament et leur confrontation avec l’original grec (N. T. Gr. Lat.) se sont imposées.
En cas de divergence, c’est le principe de l’ « analogie de la foi » (Rom. 12.6) qui doit trancher. « Il faut comparer les passages parallèles et les expliquer les uns par les autres; ce sera souvent le meilleur moyen de préciser une expression ou d’envisager un fait sous ses divers aspects » (Robert-Tricot, « Init. bibl. », p. 327)3.
Mais la Bible étant le livre de la Parole de Dieu, il faut l’aborder avec respect, foi et humilité, avec un cœur et un esprit ouverts.
Et avant de commencer la lecture de cette étude, il faut demander à l’Esprit-Saint d’être notre guide et notre lumière:
« Eternel ! fais-moi connaître tes voies, Enseigne-moi tes sentiers. Conduis-moi dans ta vérité, et instruis-moi; Car tu es le Dieu de mon salut, Tu es toujours mon espérance… » (Ps. 25 (24).4, 5).
Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. (Jean 10. 9)
La Bible nous fait connaître le plan de Dieu pour le salut de l’humanité. Et, pourtant, les diverses Eglises n’enseignent pas la même doctrine de salut. Bien plus, comme nous allons le voir dans les passages suivants, les traducteurs ne traduisent pas toujours en fonction du texte grec, mais en fonction d’une certaine orientation théologique de leur esprit. De là les divergences de traduction en plusieurs endroits.
Actes 2.47
Voici le premier, tel que le traduisent les protestants. Il s’agit d’un passage des Actes des Apôtres. chapitre 2, verset 47
SEGOND
Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés.
DARBY
… ceux qui devaient être sauvés.
GOGUEL-MONNIER
… ceux qui étaient sauvés.
SEGOND REV.
… ceux qui étaient sauvés.
STAPFER
… ceux qui étaient sauvés.
SYNODALE
… ceux qui étaient sauvés.
PV
… ceux qui étaient sauvés.
PLE
… ceux qui étaient sauvés.
LIV
… ceux qui étaient sauvés.
BAN
… ceux qui étaient sauvés.
Voici maintenant les traductions catholiques
BUZY
… ceux qui étaient sur le chemin du salut.
CRAMPON 1939
… ceux qui étaient sauvés.
CRAMPON 1960
… ceux qui étaient sauvés.
JÉRUSALEM
… ceux qui seraient sauvés.
N. T. LETOUZEY
… ajoutait-il chaque jour des élus.
MAREDSOUS
… ceux qui étaient sur le chemin du salut.
PIROT -CLAMER
… ajoutait chaque jour les sauvés.
OSTY-TRINQUET
… ceux qui étaient sauvés.
TRI
… ceux qui étaient sauvés.
PDB
… ceux qui trouvent le salut.
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… ceux qui trouvent le salut.
BFC
… ceux qui étaient sauvés.
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
pour nous, les sauvés
Ici, la traduction diverge sur le mot grec sôzomenous qui signifie littéralement les étant sauvés, donc bien ceux qui sont sauvés et non pas seulement ceux qui se trouvaient sur le chemin du salut. Pirot-Clamer précise dans sa note (tome XI, 1ère partie p.69): « Les sauvés: la traduction de la Vulgate qui salvi fierunt (qui font leur salut) ne rend pas le grec tous sôzomenous. »
Les traduction Buzy, Jérusalem et Maredsous sont donc à rejeter.
1 Cor. 1.18
Nous retrouvons des divergences analogues en 1 Cor. 1.18.
Voici d’abord les traductions protestantes:
SEGOND
Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu.
DARBY
… nous qui obtenons le salut.
GOGUEL-MONNIER
… nous qui sommes sauvés.
SEGOND REV.
… nous qui sommes sauvés.
STAPFER
… pour nous, les sauvés.
SYNODALE
… nous qui sommes sauvés.
PV
… qui marchons dans la voie du salut.
COL
… pour nous qui sommes sauvés
PLE
… pour nous qui sommes sauvés
LIV
… pour nous qui sommes sauvés
BAN
… pour nous qui sommes sauvés
Voici maintenant les traductions catholiques, avec leurs commentaires 4
BUZY
… pour ceux qui sont dans la voie du salut.
CRAMPON 1939
… pour nous qui sommes sauvés.
CRAMPON 1960
… pour ceux qui se sauvent.
JÉRUSALEM
… pour ceux qui se sauvent.
N. T. LETOUZEY
… pour ceux qui se sauvent.
MAREDSOUS
… pour ceux qui sont sauvés.Note : Au contraire, pour ceux qui ont fa foi, sont baptisés (et donc sauvés), ce message est une force divine parce qu’il met le fidèle en présence du Christ… Le fidèle est intérieurement transformé par l’influence du Christ qui habite en lui par son Esprit-Saint.
PIROT -CLAMER
… pour ceux qui se sauvent.
OSTY-TRINQUET
… pour ceux qui se sauvent.
TRI
… ceux qui se sauvent
PDB
… ceux qui sont en train d’être sauvés
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… ceux qui sont en train d’être sauvés
BFC
… nous qui sommes sur la voie du salut
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
pour nous, les sauvés
On trouve ici, le mot « sôzomenois », le même que tout à l’heure (mais au datif) et signifiant « les étant sauvés ». Crampon 1939 et Maredsous seuls ont traduit correctement.
Voici maintenant un troisième passage où apparaissent encore des divergences de traduction. Il s’agit de 1 Cor. 15.2.
1 Cor. 15.2
Voici d’abord les traductions protestantes:
SEGOND
(Je vous rappelle, frère, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré), et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé; autrement vous auriez cru en vain.
DARBY
… vous êtes sauvés.
GOGUEL-MONNIER
… il (l’Evangile) sera l’instrument de votre salut.
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… vous serez sauvés
BFC
… vous êtes sauvés
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
… vous serez sauvés
Ici les protestants traduisent généralement par un présent, alors que les catholiques, à l’exception de Crampon 1939, traduisent par un futur. Or le mot en question, sôzesthe est bien le présent de la voix passive du verbe sôzo.
Pour justifier leur traduction, les commentateurs de Pirot-Clamer notent (tome XI, 2ème partie, p, 277): « Le verbe sôzesthe au présent doit être interprété comme un hébraïsme, mis pour le futur ».
Toutefois, l’apôtre Paul « manie le grec avec aisance » (Chaîne-Grousset, lit. relig., p. 418). De plus, il a bénéficié de l’inspiration divine lorsqu’il écrivait ou dictait ses lettres.
2 Cor. 2.15
Enfin, un dernier passage présente des divergences de traduction du même ordre. Il s’agit de 2 Cor. 2.15.
Voici d’abord les traductions protestantes:
SEGOND
Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent:
DARBY
… qui sont sauvés.
GOGUEL-MONNIER
… qui sont sauvés.
SEGOND REV.
… qui sont sauvés.
STAPFER
… qui sont sauvés.
SYNODALE
… qui sont sauvés.
PV
… ceux qui se laissent sauver
COL
… ceux qui se sauvent
PLE
… ceux qui sont sauvés
LIV
… ceux qui sont sauvés
BAN
… ceux qui sont sauvés
Voici maintenant les traductions catholiques:
BUZY
… vous serez sauvés
CRAMPON 1939
… vous êtes sauvés
CRAMPON 1960
… vous serez sauvés
JÉRUSALEM
… vous serez sauvés
N. T. LETOUZEY
… vous serez sauvés
MAREDSOUS
… vous serez sauvés
PIROT -CLAMER
… vous serez sauvés
OSTY-TRINQUET
… vous serez sauvés
TRI
… ceux qui se sauvent
PDB
… ceux qui se sauvent
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… ceux qui se sauvent
BFC
… ceux qui se sauvent
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
parmi les sauvés
Ici les protestants utilisent le présent de la voix passive, alors que les catholiques, à l’exception de Crampon 1939, utilisent le présent de la voix active.
En fait, le mot mal traduit est encore « sôzomenois », déjà rencontré en Actes 2.47 et 1 Cor. 1.18 et qu’il faut traduire par « les étant sauvés ».
Il est assez surprenant de constater que Crampon 1960 a modifié Crampon 1939, mais non pas dans le sens d’une plus grande fidélité au texte!
PART DE L’HOMME DANS SON SALUT
Cette divergence des traductions pose deux questions fondamentales pour le salut des chrétiens. Et tout d’abord celle-ci: quelle est la part de l’homme dans son salut? Peut-il se sauver lui-même? Ensuite la seconde question: le chrétien peut-il avoir la certitude, dès ici-bas, d’être sauvé?
La réponse est donnée par le Nouveau Testament.
Lorsque les apôtres lui demandèrent qui pouvait être sauvé, Jésus a répondu:
« Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible » (Matth. 19.26)5.
Pierre le redit en Actes 15.11 :
« Mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu’eux. »
Et Paul le réaffirme en maints endroits. Voyons deux passages particulièrement significatifs.
Tite 3.5: Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit.
Eph. 2.8 et 9: Car c’est bien gratuitement que vous êtes sauvés moyennant la foi: vos mérites n’y sont pour rien, c’est un don de Dieu; ce n’est pas par les œuvres, en sorte que personne n’ait sujet d’en tirer vanité (Maredsous).
Il est donc évident que ce ne sont point nos œuvres qui peuvent nous sauver. Jésus lui-même n’a-t-il pas dit:
« Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire » (Luc 17.10)?
L’adjectif « akhreios » traduit par « inutiles » ou « pauvres » ou « ordinaires », signifie même « bons à rien », et, pour le traducteur catholique Henri Lasserre (Les saints Evangiles, p. 572), « sans mérite », donc nullement surérogatoire.
« L’homme ne peut sortir de sa condition de pécheur que par la foi en Jésus-Christ, lequel a reçu de Dieu mission de réparer le désastre causé par le péché d’Adam: expier les fautes de l’humanité, abattre la tyrannie du péché et conférer aux croyants sa sainteté, qui est la sainteté même de Dieu » (Osty-Trinquet, note à Rom. 1.17, p. 321).
L’ASSURANCE DU SALUT
Bien plus, les versets précédents laissent présumer que les apôtres et les premiers chrétiens possédaient la certitude d’être sauvés. « Il nous a sauvés », « vous êtes sauvés », « nous croyons être sauvés » : voici ce qu’affirment les apôtres!
Cette gratuité et cette certitude du salut constituent précisément la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ! Tout au long du Nouveau Testament, cette affirmation se retrouve. Voici deux témoignages de l’apôtre Jean.
Jean 6.47: En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.
1 Jean 5.11 à 13: Et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu.
Voir aussi Jean 3.15 et 16; 3.36; 5.24; 10.28; Rom. 6.22; 8.1 ; 10.9 à 11 ; 1 Jean 2.25; 3.14; Phil. 3.20.
Le salut vient donc de Dieu, et le chrétien racheté possède la certitude de son salut.
Mais alors, peut-on objecter, à quoi bon les nombreuses exhortations aux bonnes œuvres? (Eph. 2.10; 1 Tim. 6.18; Héb. 10.24; 1 Pi. 2.12; Ja. 2.14 et 20, etc.).
Celles-ci n’étant pas les moyens du salut, sont au contraire les fruits du salut, le témoignage des sauvés, car toute foi authentique « témoigne » par ses œuvres.
« Que votre lumière luise aussi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matth. 5.16).
Jésus a dit :
« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15.5).
Sans communion avec Dieu, en effet, toutes nos œuvres sont mortes.
LA REPENTANCE
Comment obtenir ce salut? Comment aller vers Jésus qui proclame:
« Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jean 6. 37).
Il nous le dit lui-même:
« Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle » (Marc 1.15).
« Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.16).
Tout au long du Nouveau Testament reviennent ces exhortations à la foi et à la repentance qui en constituent l’essence (voir Actes 20.21).
« Si vous ne vous repentez, vous périrez tous également » (Luc 13.3 et 5).
Avant son ascension au ciel, Jésus explique de nouveau à ses disciples que, selon les Ecritures, « la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom » (Luc 24.47).
Dès sa première prédication, Pierre exhorte à la repentance (Actes 2.38). Devant les Athéniens, Paul proclame que « Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir » (Actes 17.30).
Et le dernier livre de la Bible nous fait entendre plusieurs fois le même avertissement. Ecoutons :
« Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3.19 et 20).
Qu’est-ce donc que la repentance? Qu’est-ce se repentir? Les correspondants grecs de ces mots sont metanoïa et metanoeô. Ils expriment, comme le dit la note de Jérusalem à Matth. 3.2, un changement de l’esprit, un retournement (conversion).
Mareds. Expl. précise très justement, dans son commentaire à Actes 2.38, que l’expression: repentez-vous,
« contient, outre le regret de ses fautes, une disposition réelle à un changement de vie, à un renouvellement de la mentalité… ».
Comment se traduit ce repentir? Jésus nous l’enseigne dans sa parabole de l’enfant prodigue (Luc 15.18 à 20) :
« Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j’ai péché contre le ciel et toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. Et il se leva, et il alla vers son père ».
L’Evangile nous donne aussi des exemples de repentir. D’abord, la femme repentante (Luc 7.38) qui se tint aux pieds de Jésus et pleura. De même Pierre, après son reniement, lorsqu’il rencontra le regard du Seigneur, sortit de là et pleura amèrement (Luc 22. 62).
Le psalmiste déjà, dans ce magnifique psaume de la repentance (Ps. 51 (50). 19) nous dit:
« Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé: ô Dieu! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. »
Et ainsi parle le Très-Haut (Esaïe ou Isaïe 57.15) :
« … Mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. »
REPENTANCE ET PENITENCE
Or, si la repentance est un changement de conduite et un retour vers Dieu, il ne faut pas confondre « repentance » et « pénitence ». Car le mot « pénitence », outre l’idée de repentir, contient la notion d’expiation des péchés et celle des pratiques expiatoires de mortifications.
Dès 1886, Henri Lasserre, traducteur catholique des Evangiles, l’avait reconnu (Les Saints Evangiles, p. 536) :
« Le paenitentiam agite du latin ne traduit pas exactement les sens du grec metanoeïte qui veut dire: changez de sentiment, repentez-vous, convertissez-vous, mais qui ne comporte point, comme le paenltentiam agite, l’idée d’austérités volontaires, dans le but d’expier. »
Le Nouveau Testament nous a appris, en effet, que ce ne sont pas nos œuvres qui peuvent nous sauver, que le salut est impossible à l’homme et que c’est Jésus-Christ qui, à notre place, s’est livré pour l’expiation de nos péchés (1 Jean 4,10 ; Rom, 3.25).
Les commentateurs de Pirot-Clamer notent aussi (tome IX, p, 26) :
Metanoeïte (traduction du substrat hébreu sûbû) : étymologiquement, repentez-vous, changez d’esprit (meta nous), changez de sentiments, de conduite. La meilleure traduction des verbes hébreu et grec semble être non pas faites pénitence, repentez-vous qui n’expriment formellement que le regret, mais convertissez-vous qui exprime en même temps le changement de conduite consécutif au repentir. »
Et pourtant, le mot pénitence et l’expression faites pénitence reviennent souvent sous la plume des traducteurs catholiques, dans les missels et la catéchèse catholique.
Voici d’ailleurs un tableau comparatif (p. 24-25) des diverses traductions des mêmes mots grecs: metanoïa et metanoeô que tous les traducteurs protestants traduisent toujours par repentir ) (sous ses diverses formes) ou par repentance, aux exceptions suivantes près.
Osty-Trinquet est la seule traduction catholique à toujours traduire ces mots par repentir et ses dérivés.
Héb. 6.1
renoncement aux œuvres mortes
Segond, Darby, Goguel-Monnier, Segond rev., Stapfer
Luc 13. 3,5 Act. 20.211
convertir
Goguel-Monnier
2 Tim. 2.25
changer d’avis
Stapfer
Héb. 12.17
revenir
Metanoïa (*) et Metanoeô (•)
Expressions utilisées pour traduire ces mots dans les versions anciennes
versets
Buzy
Crampon 1939
Crampon 1960
Jéru- salem
N.T. Letouzet
Maredsous
Pirot- Clamer
Osty- Trinquet
Lasserre
Synopse
Matth.
3.2 •
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3.8 *
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3.11 *
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11.21 •
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12.41 •
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Marc
1.4 *
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1.15 •
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6.12 •
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Luc
3.3 *
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11.32 •
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13.3 •
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13.5 •
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13.7 *
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15.10 •
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16.30 •
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17.3 •
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17.4 •
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24.47
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Actes
2.38 •
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3.19 •
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8.22 •
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11.18 *
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13.24 *
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17.30 •
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Rom.
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2 Cor.
7.9 *
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7.10 *
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12.21 •
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2 Tim
2.25 *
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co
co
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Héb.
6.1 *
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6.6 *
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12.17 *
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ch
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ch
ch
rv
ch
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2 Pi.
3.9 *
co
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Apoc.
2.5 •
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re
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2.16 •
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2.21 •
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2.22 •
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de
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3.3 •
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3.19 •
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co
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9.20 •
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rn
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16.9 •
co
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re
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re
* = Metanoïa • = Metanoeô
Significations des abréviations
proportions Total 455
Am
amendement
2
Ch
changer de conduite
5
Co
se convertir, conversion
41
De
se détourner
1
Im
Impénitence
1
FP
faire pénitence
65
PE
pénitence
63
Re
repentir, se repentir, repentance
256
Rg
regretter
3
Rt
retour à Dieu
3
Rn
renoncer
3
Rv
revenir
1
Expressions utilisées pour traduire ces mots dans les versions récentes
PV
repentir, repentance, se détourner des péchés, se tourner vers Dieu; changer de mentalité, d’avis, d’attitude, de vie; revenir sur le choix, se convertir, répudier les agissements
PLE
se convertir, conversion, changement
COL
se repentir, repentance, changer d’avis
LIV
se détourner du péché, de sa méchanceté, de ses idées fausses, de son indifférence; revoir sa position et son attitude vis-à-vis de Dieu; se repentir, se tourner vers Dieu; se débarrasser des idôles; renoncer au péché et se tourner vers Dieu; abandonner les péchés et se tourner vers Dieu; reprendre son comportement et ses pensées; changer de pensées, d’attitude, de comportement
BAN
se repentir, repentance, changer d’idée (1 fois)
TRI
se repentir, se convertir, (1 fois); la repentance (1 fois); conversion (1 fois); faire pénitence (6 fois)
PDB
changer; changer de cœur, de conduite; transformation des cœurs; renoncement à la méchanceté; se repentir; s’amender; revenir sur sa décision; revenir; faire pénitence (2 fois)
OSTR
repentir; repentance; conversion (1 fois)
TOB
se convertir; se repentir; conversion
BFC
changer de comportement; commencer une vie nouvelle; regretter; se détourner
CHO
faire retour
S’il est vrai que le signe de la repentance, dans l’Ancienne Alliance, était « la cendre et le sac » (Matth. 11.21), le « jeûne » (Joël 2.12) et la « tête rasée » (Es. ou Is. 22. 12), Jésus est venu inaugurer le culte « en esprit et en vérité » (Jean 4. 23 et 24). Aussi, le jeûne doit-il rester secret (Matth. 6.16 et 17) ; et dans la parabole du pharisien et du publicain (Luc 18.10 à 14), Jésus ne nous apprend-il pas quelle doit être attitude du pécheur repentant? Déjà Esaïe (ou Isaïe), parlant au nom de l’Eternel, disait: (ch. 58, v. 6 et 7) :
« Voici le jeûne auquel je prends plaisir: Détache les chaînes de la méchanceté, Dénoue les liens de la servitude, Renvoie libres les opprimés, Et que l’on rompe toute espèce de joug; Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; Si tu vois un homme nu, couvre-le Et ne te détourne pas de ton semblable. »
La repentance doit donc être toute intérieure; elle signifie quitter le mal et se tourner résolument, définitivement vers Dieu et ses enseignements.
« Je vous le dis en vérité, nous dit Jésus, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matth. 18.3).
Tel un enfant qui n’attend rien de lui-même, nous nous tournons confiants vers le Dieu miséricordieux, afin que nos péchés soient effacés.
« Repentez-vous donc et convertissez-vous, dit Pierre aux Israélites rassemblés au portique de Salomon, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3.19).
Quand nous nous sommes décidés d’accepter Jésus-Christ comme notre Sauveur et Maître, nous obtenons, en effet, le pardon de nos péchés et la réconciliation avec Dieu, que Jésus nous a mérités par sa mort (Col. 1. 21 et 22).
LA NOUVELLE NAISSANCE
Nous sommes alors « régénérés » par Dieu (1 Pi. 1.3) et « nés de nouveau »,
« Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Jean 3.3).
Cette nouvelle naissance est la naissance à l’Esprit et qui nous transforme radicalement 6! Elle est absolument nécessaire, puisque Jésus insiste auprès de Nicodème:
« Il faut que vous naissiez de nouveau. » (Jean 3.7).
Par la nouvelle naissance, Jésus prend possession de notre vie. Mais cela n’est possible que dans la mesure où nous avons abdiqué à notre moi, où nous nous sommes détournés de nous-mêmes et où nous avons crucifié notre moi (Gal. 5.24) pour recevoir Jésus en qui nous mettons toute notre confiance.
« A ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle (la Parole) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1.12).
Celui qui est né de nouveau possède l’assurance du salut.
« L’Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rom. 8.16; Maredsous).
Nous avons la certitude d’être le « temple du Saint-Esprit » (1 Cor. 6.19).
Le thème de la nouvelle naissance est au centre du message du Nouveau Testament. « En lisant ce cahier » – pouvons-nous lire (p. 8) dans le N° 43 des Cahiers « Evangile » de la Ligue Catholique de l’Evangile, – consacré à la nouvelle naissance « vous allez donc voir la ‘catholicité’, l’universalité, de l’enseignement sur la nouvelle naissance, sur le changement radical que Dieu veut opérer dans l’esprit, dans le cœur, dans l’être le plus profond des siens ».
Si Paul a parlé de « nouvelle création » (2 Cor. 5.17; Gal. 6.15), si Pierre parle de « régénération » (1 Pi. 1.3, 23), si Jacques parle d’un « engendrement par la Parole de vérité » (Ja. 1.18), si Jean parle d’une « nouvelle naissance » (Jean 3.3, 7), ils ne font qu’expliciter l’enseignement de Jésus qui a dit:
« Je suis la vie » (Jean 11.25; 14.6).
Paul proclame (2 Cor. 5.17) :
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »
Régénérés par la grâce de Dieu, nous pouvons nous écrier avec l’apôtre Paul: « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Phil. 4.13). La victoire sur le péché m’est assurée (1 Cor. 15.57), car
« ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Gal. 2. 20).
Puisse, cher lecteur, cette vie divine demeurer en vous!
Puissiez-vous dire, avec l’apôtre Paul:
« Christ est ma vie »
(Phil. 1.21). Sinon, nous faisons nôtre sa supplication (2 Cor. 5.20) :
Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. (Matth. 18.20)
LES ANCIENS OU PRESBYTRES
On trouve dans le Nouveau Testament 48 fois le mot grec presbyteros.
Vingt-neuf fois. il désigne les Anciens des Juifs, et le mot a été unanimement traduit par ancien.
Dans son glossaire, Segond Rev. précise que
« pour les Juifs, ce mot désignait des docteurs ou des chefs de famille qui avaient une autorité dans la vie religieuse et dans les communautés juives ».
Osty-Trinquet ajoutent (notes de Marc 7.3 et Luc 7.3)
« que ces anciens, docteurs célèbres. transmettaient et complétaient l’enseignement oral destiné à interpréter la Loi et qu’ils siégeaient dans les assemblées locales et les tribunaux ».
Mareds. Expl. précise qu’ils étalent encore « membres du Grand Conseil (sanhédrin) ».
C’est ainsi, en effet qu’ils apparaissent dans les passages suivants ainsi que dans l’Ancien Testament (Lév. 4.13 à 16; Nomb. 11.16; Deut. 19.12; 27.1 ; 1 Rois 8.1).
Mais le terme presbyteros est encore utilisé dans le Nouveau Testament 19 fois pour désigner ceux qui sont chargés de diriger les Eglises ou assemblées chrétiennes. Les traducteurs protestants ont toujours traduit ce mot par ancien.
Dans les 10 passages suivants des Actes, les traducteurs catholiques aussi l’ont traduit par ancien. Toutefois, Buzy, N. T. Letouzey et Pirot-Clamer ont francisé le mot grec presbyteros en presbytre.
Il n’en est plus de même dans les épîtres, où les traducteurs catholiques utilisent non seulement les mots anciens ou presbytres mais aussi celui de prêtre, comme le montre le tableau ci-contre.
versets
Buzy
Crampon 1939
Crampon 1960
Jérusalem
N.T. Letouzet
Maredsous
Pirot- Clamer
Osty trinquet
1Tim. 4.14
Presbytre
Ancien
Ancien
Presbytre
Presbytérium
Ancien
Presbytérium
Collège persbytérial
1Tim. 5.17
Presbytre- Présidents
Ancien
Ancien
Presbytre
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
1Tim. 5.19
Presbytre
Ancien
Ancien
Presbytre
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
Tite 1.5
Presbytre
Ancien
Presbytre
Presbytre
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
Ja. 5.14
Presbytre
PRÊTRE
Ancien
Presbytre
Presbytre
PRÊTRE
Presbytre
Ancien
1 Pi. 5.1
Presbytre
Ancien
Ancien
Ancien
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
1 Pi. 5.5
Presbytre
Ancien
Ancien
Ancien
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
2 Jean 1
Presbytre
Ancien
Ancien
Ancien
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
3 Jean 1
Presbytre
Ancien
Ancien
Ancien
Presbytre
Ancien
Presbytre
Ancien
On peut se demander pour quelles raisons, autre qu’une doctrine ecclésiologique préconçue, un traducteur a pu être amené à adopter un mot différent, selon les épîtres, alors que les apôtres, eux, utilisaient toujours le même mot…
Quelle est donc la signification réelle du mot presbyteros dans l’Eglise primitive?
Mareds. Expl. (en note à Actes 11.30) nous apprend que le terme d’ancien « fut adopté par les chrétiens de Jérusalem pour désigner les administrateurs de la communauté, sous la direction des apôtres ». Osty-Trinquet disent même: « sous l’autorité supérieure des apôtres ». En note à Actes 14.23 Mareds. Expl. précise qu’il s’agit « des évêques et des prêtres qui présidaient les communautés ». La même précision est donnée par Osty-Trinquet en note à 1 Pi. 5. 1 : prêtres ou évêques.
Pour Buzy, qui traduit toujours presbyteros par presbytre, ce « devaient être des prêtres; peut-être avaient-ils aussi la plénitude du sacerdoce par l’épiscopat » (Note à Actes 14.23).
Cependant Crampon 1939 et Maredsous traduisent en Jacq. 5.14 ce mot par prêtre… La note de Maredsous précise : « … Un même mot grec signifie ancien et prêtre ». Et dans plusieurs notes des traducteurs catholiques, le mot ancien est remplacé par prêtre.
En note à 1 Tim. 4.14 Mareds. Expl. précise « que le mot Ancien Ancien est la traduction du terme grec presbyteros, d’où est venu le mot français prêtre.
Mais si l’étymologie du mot prêtre procède de presbyteros, il n’est pas permis de faire dériver les prêtres des presbytres; en effet, le mot latin qui désigne le prêtre est sacerdos et celui qui désigne les anciens est seniores ou presbyteri, Ce n’est donc que secondairement, et tardivement, que presbytre a donné prêtre.
LES PRESBYTRES ET LES EPISCOPES
Ainsi deux questions se posent:
Les presbytres étaient-ils en réalité évêques ou prêtres?
Une distinction entre évêque et prêtre existait-elle dans l’Eglise primitive?
La réponse se trouve dans deux textes du Nouveau Testament. D’abord dans les Actes 20.17 à 28.
V. 17: « Cependant, de Milet Paul envoya chercher à Ephèse les Anciens de l’Eglise. » (Puis il leur dit: « …)
V. 28: « Prenez donc garde à vous-même, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. »
Il est évident ici que Ancien (presbyteros) v. 17 et Evêque (episcopos) v. 28 sont synonymes.
Un deuxième texte confirme cette synonymie: Tite 1.5 à 7.
« Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville, s’il s’y trouve quelque homme irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni rebelles. Car il faut que l’évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu; qu’il ne soit ni arrogant, ni colère, ni adonné au vin, ni violent, ni porté à un gain déshonnête. »
Le mot episcopos, traduit par évêque ou épiscope ou surveillant, se retrouve encore en Phil. 1.1 et en 1Tim. 3.1 et 2. En 1Pi. 2.25, il s’applique à Jésus.
La synonymie entre épiscope et presbytre est reconnue par Buzy qui note à propos d’Actes 20.17 à 28:
« Les presbytres sont maintenant qualifiés d’épiscopes. Ces deux mots et ces deux valeurs sont donc interchangeables. »
Buzy le réaffirme dans ses notes à Tite 1.5 à 7 et surtout à 1 Tim. 3. 1 où il dit:
« une chose acquise aujourd’hui, c’est la synonymie parfaite de ces deux vocables ».
Mareds. Expl. note à ce propos:
« Evêque : la traduction littérale est surveillant. Dans les premiers textes chrétiens il est parfois difficile de distinguer la fonction proprement épiscopale de celle de chef de communauté… » (note à Actes 20. 28).
« … Sous réserve de mieux informé, nous nous rallions à l’opinion qui voit ici, dans ce terme évêque, un prêtre-chef de communauté. En effet, un passage parallèle à celui-ci, dans la lettre à Tite (1.5), emploie le terme de ancien ou prêtre » (note à 1 Tim. 3.1).
De même, pour Crampon 1960, l’épiscope « n’est pas un évêque au sens actuel du mot, mais un dignitaire de premier rang parmi les prêtres (presbytre ou ancien) ». C’est aussi l’opinion d’Osty-Trinquet (note à Phil. 1. 1) qui reconnaissent l’équivalence presbytre-épiscope dans la note à 1 Tim. 4.14.
Cependant Jérusalem (note à Tite 1. 5) semble faire une distinction entre les deux. On peut y lire:
« … le titre de presbytre (…) désigne un état, une dignité; celui d’épiscope (…) un office. Les uns et les autres, chefs de communautés locales, sont chargés non seulement de l’administration temporelle, mais de nombreuses fonctions proprement religieuses. Plus tard l’épiscope deviendra l’évêque, chef unique du Collège des prêtres. »
En note à 1 Tim. 5.17, Crampon 1960 livre ces subtilités:
« Les Anciens ou Presbytres: dignitaires distincts des épiscopes encore que les noms soient interchangeables et investis du pouvoir sacerdotal. »
Pour terminer, ajoutons que les historiens de l’Eglise reconnaissent aussi, pour l’Eglise primitive, la parfaite synonymie de ces deux termes. Pour Clément (1 Cor. 44. 4-5), selon G. Bardy :
(La Théologie de l’Eglise de saint Clément de Rome à saint Irénée, p. 40) « les deux termes épiscope et presbytre ont le même sens et sont interchangeables. La même synonymie se retrouve dans le « Pasteur » d’Hermas qui ne nomme jamais ensemble les épiscopes et les presbytres, mais qui désigne tantôt les uns, tantôt les autres comme les chefs des Eglises. »
LE SACERDOCE CHRÉTIEN
Les commentaires catholiques ne se recouvrent pas et manquent de clarté, car on y décèle la tentative de faire des « presbytres » les ancêtres des prêtres et des épiscopes les ancêtres des évêques, amorce de la hiérarchie catholique alors que ces deux termes sont absolument équivalents. Voici d’autre part une objection extrêmement sérieuse.
Il n’est pas vrai, comme l’affirme Maredsous, que le mot « presbyteros »ait à la fois la signification d’ anciens et de prêtre. C’est le mot hiereus qui signifie prêtre (ou sacrificateur) et on le rencontre dans 30 endroits du Nouveau Testament.
Ses dérivés ( hierateuma, hierôsune, hierateia) qui signifient sacerdoce ou prêtrise se trouvent dans les sept passages suivants:
Ces termes s’appliquent d’abord aux prêtres et au sacerdoce de l’Ancienne Alliance où les prêtres étaient les intermédiaires entre les croyants et leur Dieu pour offrir les divers sacrifices. La prêtrise de la Nouvelle Alliance n’est, en fait, mentionnée que cinq fois; mais elle ne caractérise pas les fonctions ni des presbytres, ni des épiscopes, ni des pasteurs, ni des évangélistes, ni des diacres, ni des prophètes, ni des docteurs… mais celles de tous les chrétiens. Voici ces cinq passages.
1 Pi. 2. 5: Et vous-même, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles agréables à Dieu par Jésus-Christ.
1 Pi. 2.9: Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.
Apoc. 1.5 à 6: A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs (prêtres) pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen!
Apoc. 5.9 et 10: … et tu (l’agneau) as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs (prêtres) pour Dieu, et ils régneront sur la terre.
Apoc. 20.6: Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs (prêtres) de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.
Ces passages montrent que l’Eglise du Nouveau Testament ne connaît qu’un sacerdoce: celui de tous les rachetés. Cela ressort aussi d’autres passages, tel Rom. 12.1 ; 1 Cor. 3.16; 1 Cor. 6.19.
L’épître aux Hébreux (10.14) nous montre que le sacrifice de Jésus-Christ est le seul sacrifice nécessaire à la nouvelle alliance:
« Car par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. »
La Nouvelle Alliance ne connaît donc pas de sacerdoce hiérarchisé comme l’Ancienne Alliance, car chaque fidèle y est à la fois prêtre et temple de Dieu. Et Jésus-Christ en est le Grand-Prêtre (Héb. 7.26 et 27). Le mot de grand-prêtre ou de souverain sacrificateur se rencontre 22 fois dans le Nouveau Testament; il désigne les Grands-prêtres de l’Ancienne Alliance, et, dans la Nouvelle Alliance, exclusivement l’unique Grand-Prêtre par excellence, Jésus-Christ, dont le sacerdoce ne passe point et ne se transmet point (Héb. 7. 24). Ce verset, cependant, donne aussi lieu à des traductions divergentes.
Hébr. 7.24
Voici d’abord les traductions, protestantes :
SEGOND
Mais lui, parce qu’il demeure éternellement, possède un sacerdoce qui n’est pas transmissible.
DARBY
… a la sacrificature qui ne se transmet pas. NOTE: qui ne change pas ou intransmissible.
GOGUEL-MONNIER
… un sacerdoce intransmissible.
SEGOND REV.
… le sacerdoce non transmissible.
STAPFER
.. le sacerdoce qui ne se transmet point à d’autres.
SYNODALE
… possède le sacerdoce qui ne se transforme point.
PV
… sacerdoce perpétuel qui ne peut être transmis à personne d’autre.
PLE
… intransmissible
COL
… non transmissible
LIV
… personne d’autre pour le remplacer
BAN
… qui ne passe point à un autre
Voici maintenant les traductions catholiques avec leurs commentaires.
BUZY
… un sacerdoce qui n’a pas de déclin.
CRAMPON 1939
… un sacerdoce qui ne se transmet point. Note : Qui ne se transmet point. « D’autres », qui n’est pas commutable (Vulgate: éternel). qui ne doit pas être remplacé par un autre.
CRAMPON 1960
… un sacerdoce qui ne se transmet pas.
JÉRUSALEM
… un sacerdoce immuable.
N. T. LETOUZEY
… un sacerdoce qui ne passera pas.
MAREDSOUS
… un sacerdoce perpétuel.
PIROT -CLAMER
… un sacerdoce inaliénable
OSTY-TRINQUET
… un sacerdoce qui ne passe point.
TRI
… qui ne se transmet pas.
PDB
… possèdera pour toujours la dignité de représentant de Dieu
OSTR
… intransmissible (ancienne édition qui ne passe point)
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… sacerdoce exclusif Note en gr. aparabatos, adjectif qui ne se trouve pas ailleurs dans la Bible. Son sens étymologique est : à côté de qui on ne peut marcher.
BFC
sa tâche de prêtre n’a pas à être transmise à quelqu’un d’autre.
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
intransmissible
Le mot grec donnant lieu à ces divergences de traduction est aparabatos qui ne se trouve qu’une seule fois dans le Nouveau Testament. Il ne figure pas non plus dans la version grecque de l’Ancien Testament, dite version des Septante (dont la traduction a été commencée vers 250 av. J.-C.)7.
La traduction immuable ne convient pas, le mot grec signifiant immuable est ametathetos, utilisé en Héb. 6. 17 et 18.
La traduction perpétuel ou à perpétuité ne convient pas non plus, car le grec rend ces expressions par diènékès (Héb. 7.3; 10.1 ; 10.12 et 14).
La traduction intransmissible est bonne, car elle est confirmée par le contexte; voir versets 7.21 et 23, puis 10.14.
Il faut rappeler ici, que le sacerdoce de l’Ancienne Alliance connaissait « un seul souverain sacrificateur », Aaron, puis ses successeurs, qui avaient accès, une fois par an, dans le lieu très saint, au jour des expiations (Héb. 9.7 ; Lév. 16.32, 34). Or Jésus est « venu changer ce sacerdoce » (Héb. 7.12), car il est
« sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek » (Héb. 7.20)
et non selon l’ordre d’Aaron (Héb. 7.11).
C’est pourquoi, son sacerdoce ne peut se transmettre. Tout sacerdoce devient superflu,
« car par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10.14).
Le Christ, écrit aussi le commentateur de Pirot-Clamer (Tome XII, p. 325)
« possède un sacerdoce aparabaton (hapax biblique), immuable, inaliénable, infini en durée, comme en puissance: de là vient qu’il peut sauver les siens eis to panteles, d’un salut parfait sous tous les rapports, ce qui inclut aussi tous les temps. Le Christ continue d’exercer personnellement son sacerdoce, car il vit toujours pour intercéder en notre faveur ».
Mais s’il n’y a pas de sacerdoce, comment est alors organisée l’Eglise de la Nouvelle Alliance?
Pour édifier le corps du Christ, Dieu a doté les chrétiens de dons divers, utilisant
« les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. (Eph. 4.11) ou encore comme diacres » (Phil. 1.1 ; 1 Tim. 3.8),
sans qu’il y ait d’hiérarchie. Tel est d’ailleurs l’enseignement de Jésus:
« Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre Père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler conducteurs, car un seul est votre conducteur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Matth. 23.8 à 11, Segond Rev.).
L’autorité est détenue par le Christ – chef suprême de son Eglise (Eph. 1.22) – et sa Parole.
« Vous avez », écrit encore Paul aux Colossiens (2.10), « tout pleinement en lui, qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir. »
LE MINISTÈRE DES PRESBYTRES-EPISCOPES
Quelle est alors la fonction des presbytres épiscopes?
C’est celle de surveiller l’assemblée locale et d’en être les pasteurs. Lisons ce que leur écrit Pierre (1 Pi. 5.1 à 3) :
« Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée: Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu; non pour un gain sordide mais avec dévouement; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. »
En Actes 20. 28, on trouve les mêmes recommandations dans la bouche de Paul:
« Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. »
Les diacres, mentionnés en deux ou trois endroits seulement du Nouveau Testament (1 Tim. 3.8 et Phil. 1.1) sont les collaborateurs des Anciens. Etienne, Philippe, Proêchore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas devaient être des diacres (service = « diakonia ») et c’est par suffrage de l’Assemblée qu’ils furent choisis, puis présentés aux apôtres pour l’imposition des mains (Actes 6.5 à 6).
LA DÉSIGNATION DES ANCIENS
Les apôtres avaient-ils autorité sur les anciens ou les diacres?
Osty-Trinquet (en note à Actes 11.30) affirment que les anciens étaient « sous l’autorité supérieure des apôtres ». Or, les exhortations de Pierre ne sont pas des consignes autoritaires qui trahiraient une relation de subordination. Bien plus, Pierre se dit « ancien comme eux » (1 Pi. 5.1).
Si les anciens avaient été sous l’autorité des apôtres, Jean aurait-il eu à se plaindre de Diotrèphe ? (3 Jean 9). Les anciens n’étaient pas sous l’autorité des apôtres et ne furent pas non plus nommés par eux. En ce qui concerne leur mode de désignation, les traductions catholiques ne concordent pas avec les traductions protestantes. Le choix des anciens est décrit en Actes 14.23.
Actes 14.23
Voici d’abord les traductions protestantes.
SEGOND
Ils (Paul et Barnabas) firent nommer des anciens dans chaque Eglise. et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru.
DARBY
Et leur ayant choisi des Anciens.
GOGUEL-MONNIER
Ils leur choisirent des Anciens.
SEGOND REV.
Ils firent nommer pour eux des anciens.Note: on peut aussi comprendre: ils nommèrent pour eux.
STAPFER
Ils nommèrent des anciens.
SYNODALE
Ils nommèrent des Anciens.
PV
… ils firent élire à mains levées
PLE
on leur désignait
GEN
… firent nommer des anciensNote: Ils choisirent par lever de mains; Election.
COL
.Ils firent nommer pour eux des anciens.Note: on peut aussi comprendre: ils nommèrent pour eux.
LIV
Ils désignèrent aussi des anciens.
BAN
Ils choisirent des anciens.Note: Le verbe que nous traduisons par choisir signifie d’après l’étymologie : Élire en levant la main. Ces auteurs pensent néanmoins que ce sont les apôtres qui ont choisit les anciens.
Voici maintenant les traductions catholiques avec leurs commentaires.
BUZY
Ils imposèrent les mains à des presbytres.
CRAMPON 1939
Après leur avoir établi des anciens dans chaque église par imposition des mains.Note: Le verbe grec kheirotonein, qui signifie proprement élire, désigner par vote à mains levées marque chez les anciens Pères le rite de l’ordination sacramentelle.
CRAMPON 1960
Ils leur désignèrent des anciens.
JÉRUSALEM
Ils leur désignèrent des anciens.
N. T. LETOUZEY
Ils imposèrent les mains à des presbytres.Note: La traduction courante: « Ils instituèrent des presbytres » paraît affaiblir le sens du texte. Le verbe grec employé par saint Luc devint plus tard le terme technique pour ordonner . Cette imposition des mains, accompagnée de prières et de jeûnes a pour but de conférer aux presbytres une aptitude surnaturelle. Qu’est-elle, sinon une ordination?
MAREDSOUS
Ils instituèrent des anciens
PIROT -CLAMER
Ayant imposé les mains à des presbytresNote: Le verbe kheirotonein – le cum constituissent de la Vulgate n’en est qu’une traduction fort lâche – est devenu chez les Pères grecs le terme technique pour ordonner, Il pourrait cependant signifier: élire (à mains levées), comme dans le grec classique, mais la construction de la phrase kheirotonèsantes autois ne laisse aucune place à l’élection populaire. Le choix appartient aux seuls apôtres, on pourrait peut-être, à l’extrême rigueur, traduire kheirotoênein – choisir, mais il s’agit ici plutôt d’un rite conférant une aptitude surnaturelle, s’accompagnant de la prière et du jeûne (le participe proseuxamenoi est, en effet, coordonné à kheirotonèsantes ): ce rite est par conséquent l’imposition des mains. C’est à tort que les exégètes protestants, depuis Calvin ( Operaomnia, XLVIII, Brunswick, 1882, p. 333), s’autorisaient autrefois de notre texte pour prétendre que les fonctions pastorales étaient électives dans la primitive Eglise.
OSTY-TRINQUET
Ils leur désignèrent des anciensNote: Le terme employé par Luc semble indiquer que les anciens ont été désignés par l’imposition des mains.
TRI
Ils leur désignèrent des anciens
PDB
ils choisirent
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
ils leurs désignèrent
BFC
ils leur désignèrentNote: Certains traduisent. Ils firent nommer pour eux
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
ils désignent
On constate que les traductions divergent et l’on va de l’expression « faire nommer » à celle d’« imposer les mains ». Le mot mal traduit, le verbe « kheirotoneô », signifie d’abord: voter à mains levées. Il se rencontre à nouveau en 2 Cor. 8.19.
2 Cor. 8.19
Voici comment il a été traduit par les traducteurs protestants
SEGOND
(Nous envoyons avec lui (Tite) le frère (peut-être Luc) dont la louange en ce qui concerne l’Evangile est répandue dans toutes les Eglises), et qui, de plus, a été choisi par les Eglises pour être notre compagnon de voyage.
DARBY
a été choisi par les assemblées.
GOGUEL-MONNIER
a été désigné par les Eglises.
SEGOND REV.
a été désigné par les Eglises.
STAPFER
a été délégué par elles (les Eglises).
SYNODALE
a été choisi par les suffrages des Eglises.
PV
choisi par le vote unanime des EglisesNote: L’apôtre emploie ici le terme technique utilisé lors des élections dans la démocratie athénienne (comme dans Actes 14.23)
PLE
a été désigné par les Eglises.
COL
a été désigné par les Eglises.
LIV
a été choisi par les Eglises.
BAN
a été choisi par les suffrages des Eglises.
Voici maintenant les traductions catholiques du même verbe « kheirotoneô » qu’en Actes 14.23.
BUZY
a été désigné par elles.
CRAMPON 1939
a été désigné par le suffrage des Eglises.
CRAMPON 1960
a été désigné par les Eglises.
JÉRUSALEM
a encore été désigné par le suffrage des Eglises.
N. T. LETOUZEY
a été choisi par leur suffrage.
MAREDSOUS
a été délégué par les suffrages des Eglises.
PIROT-CLAMER
a été choisi par le suffrage des Eglises.
OSTY-TRINQUET
a encore été désigné par le suffrage des Eglises.
TRI
a été désigné par les Eglises.
PDB
a été désigné officiellement par les communautés.
OSTR
désigné par les Eglises. (ancienne édition : désigné par le suffrage des Eglises.)
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
désigné par les Eglises.
BFC
désigné par les Eglises.
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
choisi par les communautés
Ici la notion de « vote à mains levées » que comporte le verbe (kheiro = main, toneô = lever) a été rendu par le mot « suffrage ». On ne comprend pas pourquoi en Actes 14.23, le même mot a été traduit autrement par les mêmes traducteurs…
Pirot-Clamer a donné ici (Tome XI, 1ère partie, p. 362) le commentaire suivant:
« II a été ‘élu à mains levées’ (acception classique de ‘kheirotoneô’, qui manque dans les LXX, et dont le premier sens est: étendre les mains, cf. Actes 14.23), pour aider Paul dans la collecte. C’est donc un personnage officiellement mandaté par les Eglises. qui jouissent d’une organisation autonome, dont le choix averti est un gage de probité et d’indépendance par rapport à Paul lui-même. »
Ajoutons toutefois, que le substantif grec kheirotonia, dérivé du verbe kheirotoneô se trouve, mais une seule fois, dans la version grecque des Septante, en Esaïe (ou Isaïe) 58.9. Le mot y signifie indubitablement levée de la main ou geste malveillant, nullement « imposition des mains ».
Les traductions d’Actes 14.23 qui portent imposer les mains sont à rejeter.
Dans son « Lexicon Graecum Novi Testamenti » , le Père jésuite F. Zorell le reconnaît:
« hoc verbo manuum impositio, quae in ordinationes fit, non formaliter indicatur, sed dumtaxat hominis in sacro munere constitutio », c’est-à-dire: « L’imposition des mains, qui est pratiquée en vue des ordinations, n’est pas indiquée par ce mot, dans sa forme, mais seulement l’institution d’un homme dans une fonction sacrée. »
En effet, l’expression « imposer les mains »que l’on trouve 19 fois dans le Nouveau Testament et 10 fois sous la plume de Luc (Luc 4.40; 13.13; Actes 6.6; 8.17; 8.19; 9.12 ; 9.17 ; 13.3 ; 19.6; 28.8) n’est jamais rendue par le verbe « kheirotoneô », mais généralement par « èpithesis kheiras » ou « epitithèmi kheiras ».
L’expression « désignèrent des anciens » utilisée en Actes 14.23 par quelques traducteurs est également inexacte.
Faut-il rappeler ici comment fut nommé Matthias, le successeur de Judas le traître? Il fut choisi entre deux candidats présentés par les 120 frères par tirage au sort (Actes 1.26). Il n’a donc pas été désigné, ni par Pierre, ni même par le collège apostolique.
Et les premiers diacres, les coadjuteurs des apôtres, n’ont pas non plus été désignés par eux; ils furent élus par l’assemblée et les apôtres ratifièrent ce choix par l’imposition des mains (Actes 6.5 et 6).
Le « Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament » (herausgeben von Gerhard Friedrich, Neunter Band Alpha-Omega, W. Kohlhammer verlag, Stuttgart, 1973) précise la signification de kheirotoneô : Lever des mains pour exprimer une approbation lors d’un vote. Les auteurs de cet ouvrage ajoutent que ce mot peut aussi avoir le sens de : nommer.
Le substantif « kheirotonia », précisent-ils, a, dans les Septante, le sens d’étendre la main, de montrer (désigner) du doigt.
Pourtant, en 2Co 8.19 le sens qu’adopte cet ouvrage est « choisir », et les auteurs pensent qu’en Actes 14.23, il ne s’agissait pas d’un vote de l’assemblée, mais d’une désignation par Paul et Barnabas.
Le débat concernant la meilleure traduction du verbe kheirotoneô demeure ouvert.
L’Histoire de l’Eglise nous apprend cependant que fort longtemps le choix des conducteurs d’Eglises se faisait par suffrage de l’assemblée et non par une désignation par une autorité hiérarchique (voir ci-après).
Tite 1.5
Dans son épître à Tite (1.5), Paul écrit:
« Je t’ai laissé en Crête, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville ».
Tous les traducteurs ont traduit katastèsès (verbe kathistèmi ) par établir. Or établir signifie: rendre stable, asseoir, installer (c’est le mot utilisé par Stapfer dans ce passage), mais non « désigner ». On retrouve ce terme encore 16 fois dans le Nouveau Testament, avec cette signification, et en particulier à propos des diacres que les apôtres « établiront » dans le diaconat (Actes 6. 3) après leur élection.
Si l’on rencontre encore le verbe « établir » dans le Nouveau Testament, mais avec un sens plus fort que celui d’installer, avec l’acception de « désigner », le verbe utilisé n’est jamais kathistèmi. Ce verbe n’a d’ailleurs jamais Dieu pour sujet.
Si c’est Dieu qui établit, le Nouveau Testament utilise les verbes poïô, prokheirizomai, orizô, tithèmi.
Marc 3.14Héb 3. 2
Il (Jésus) en établit douze pour les avoir avec lui.Considérez Jésus qui a été fidèle à Celui qui l’a établi.
poiô
Actes 22.14Actes 26.16
Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté. Car je te suis apparu pour t’établir ministre.
prokheirizomai
Actes 10.42Actes 17.31Rom. 1. 4
C’est lui (Jésus) qui a été établi Juge.Il jugera le monde par l’homme qu’il a désigné.et déclaré (désigné) Fils de Dieu.
et je (Jésus) vous ai établis pour porter du fruit.Je (le Seigneur) t’ai établi pour être la lumière.le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques.Dieu a établi dans l’Eglise premièrement des apôtres.(Jésus-Christ) m’a jugé fidèle, en m’établissant dans le ministère.et pour lequel (Jésus-Christ) j’ai été établi prédicateur et apôtre.Le Fils qu’il (Dieu) a établi héritier de toutes choses.
tithèmi
C’est donc Dieu qui « désigne, appelle »les apôtres, les évêques, les prédicateurs; l’Eglise ne peut que reconnaître cette vocation et « établir, installer » l’appelé dans ses fonctions.
Le seul type de nomination dans l’Eglise primitive est la désigation par l’assemblée des frères ou l’assemblée des anciens. C’est le cas pour Tite (Gal. 2.1 et Actes 15.2), pour Timothée (1 Tim. 4.14) et pour Jude et Silas (Actes 15.22, 27).
Le témoignage de l’Histoire vient confirmer ces faits.
« Nos documents », reconnaît G. Bardy (Théologie de l’Eglise de saint CIément de Rome à saint Irénée, p. 49) « ne nous apprennent rien sur le choix des évêques et de leurs subordonnés, sinon que Dieu est à l’origine de ce choix, opéré sans doute avec l’assentiment du peuple, par un collège restreint : ‘L’évéque, les presbytres et les diacres de Philadelphie’ sont élus avec l’assentiment de Jésus-Christ, qui de sa propre volonté les a établis et confirmés par son Saint-Esprit.’ (Ignace, Philadel. Inscript.) ; ».
Palanque-Chelini (. Pet. Hist. des Grds Conciles », p. 12) décrivent l’Eglise primitive comme composée « d’une foule de communautés autonomes, chacune formant une Eglise qui avait à sa tête un pasteur – l’évêque – élu par le clergé et le peuple des fidèles ».
Dom Charles Poulet (Hist. de l’Egl., tome l, p. 120) nous apprend qu’aux IVe et Ve siècles encore, l’évêque était élu:
« L’élection épiscopale se faisait de la manière suivante: proposition du candidat par le clergé et le peuple, puis ratification par les évêques de la province et le métropolitain ».
Sous les Carolingiens, encore (ibid. p. 192), le choix des évêques se faisait par élection:
« L’Eglise en deuil adresse une supplique au roi et au métropolitain pour obtenir de procéder à une élection qu’opèrent le clergé et les laïques de marque, la foule étant admise comme jadis à témoigner son consentement par acclamation »
C’est Adrien IV (1154-1159) qui commence à recommander ses candidats. Ses successeurs, dont Innocent III (1198-1216), vont jusqu’à annuler les élections et substituer leur propre candidat. Et finalement, l’évêque ne sera plus élu, mais désigné par le pape (ibid. p. 273). Mais, dans l’Eglise primitive, l’évêque de Rome ne possédait pas cette prérogative.
LA PAPAUTÉ
La Tradition catholique – mais non la tradition orthodoxe8 – voit cependant en Matth. 16.18, le fondement de la papauté.
« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »
Or, il n’est pas permis d’isoler un verset de son contexte. Voyez le sens du verset Matth. 16.23, s’il demeure isolé !
Les apôtres n’ont jamais vu dans les paroles de Jésus une déclaration de primauté. Au chapitre 18 de Matth. verset 1, donc après la déclaration de Jésus, les apôtres sont encore à se demander lequel d’eux était le plus grand dans le royaume des cieux, ou, comme écrit Luc (9.46) le plus grand d’entre eux.
Le texte grec distingue d’ailleurs nettement entre Pierre (Petros, nom masculin) et pierre ( petra, nom féminin), petros signifiant pierre et petra signifiant rocher, le premier ayant une valeur partitive par rapport au second.
Le Père jésuite F. Zorell le reconnait dans son « Lexicon Graecum Novi Testamenti », quand il écrit:
Petra : rupes, petra, saxum et quidem (ln opposltione ad ‘petros’ quod significat ‘saxum a monte vel solo solutum, lapidem magnum, sed tantum ut adhuc levari manuque projici possit) »,
c’est-à-dire: Petra: rocher, roc, roche et ceci en opposition à ‘petros’ qui signifie rocher arraché à une montagne ou au sol, grosse pierre mais qui peut être néanmoins soulevée et lancée à la main.
Le mot petra revient d’ailleurs encore 11 fois dans le Nouveau Testament et 4 fois dans l’Evangile de Matthieu: 7.24 et 25; 27.51 et 60, où tous les traducteurs le traduisent par roc – ou rocher. On le trouve 89 fois dans les Septante où il a indubitablement la même signification.
Le mot petros -, qu’on ne rencontre jamais dans le Nouveau Testament sans être appliqué à Pierre, ne se trouve que deux fois dans la version des Septante, et ceci dans le deuxième livre des Maccabées9. Voici ces passages, selon la traduction de Jérusalem.
2 Macc. 1.16: (Dès qu’Antiochus y fut entré, ils fermèrent le sanctuaire et,) ayant ouvert la porte secrète du plafond, ils foudroyèrent le chef avec les siens en lançant des pierres.
2 Macc. 4.41 : Prenant conscience de l’attaque de Lysimaque, les uns s’armaient de pierres, les autres de gourdins, certains prenaient à pleines mains la cendre qui se trouvait là, et tous assaillaient pêle-mêle les gens de Lysimaque.
Ces versets permettent de reconnaître le sens réel de « petros ».
Il faut cependant reconnaître que le mot hébreu kêph;– d’où est venu le mot araméen Kêpha – et que l’on rencontre au pluriel en Jér. 4.29 et Job 30.6 et au singulier dans l’Ecclésiastique 40.15 10, a la signification de roc ou de rocher et les traducteurs des Septante ont traduit par petra , et non par petros11« . »
Comme l’Evangile de Matthieu aurait été rédigé primitivement en araméen, le commentaire de Pirot-Clamer (tome IX, p. 217) se croit autorisé d’affirmer:
« Ce qu’il (Jésus) a dit est certainement: Tu es Kêpha et sur ce kêpha , ».
Mais « le traducteur grec de l’ouvrage, tenu pour inspiré » (Chaîne-Grousset, « Littér. relig. », p. 349) n’aurait-il pas dû traduire alors: tu es petros et sur ce petros ? …
Et n’est-ce pas le texte grec de l’Evangile de Matthieu qui a été reçu par l’Eglise comme texte canonique, et ceci en raison de son inspiration?
Au reste, le mot « petra », lorsqu’il est utilisé au sens figuré dans le Nouveau Testament, s’applique toujours à Jésus-Christ, et souvent aussi le mot « lithos ».
Rom. 9.33: Voici, je mets en Sion une pierre (lithos) d’achoppement, et un rocher (petra) de scandale, et celui qui croit en lui ne sera point confus.
1 Cor. 10.4: (Nos pères) ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher (petra) spirituel qui les suivait, et ce rocher (petra) était Christ.
1 Pi. 2.7, 8: La pierre (lithos) qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle, et une pierre (lithos) d’achoppement, et un rocher (petra) de scandale.
Jésus-Christ est donc le roc sur lequel il fondera l’Eglise, son Eglise. « Personne, écrit l’apôtre Paul (1 Cor. 3.11) ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ… Aux Ephésiens, il écrit (Eph. 2. 20) :
« Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes (donc pas sur Pierre) ; JésusChrist lui-même étant la pierre de l’angle ».
C’est par sa confession de foi (Matth. 16.16) que Pierre constitue le premier fragment de l’Eglise constituée par tous les fidèles rachetés qui reconnaissent en Jésus le Christ, le Fils du Dieu vivant. L’apôtre Pierre lui-même l’atteste (1 Pi. 2.4 et 5) :
« Approchez-vous de lui, pierre (lithos) vivante, rejetée par les hommes, mais précieuse devant Dieu, et vous-mêmes, comme des pierres (lithos) vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ ».
Un deuxième texte invoqué par la tradition catholique pour étayer la primauté de Pierre, se trouve en Jean 21.15 à 17.
« Pais mes agneaux ! Paix mes brebis ! »
Voici quelques interprétations catholiques de ces versets. Tout d’abord, le passage en question tel que le donne Alberti dans « Le Message des Evangiles », avec son commentaire intertextuaire:
« Jésus lui dit: « Pais (le troupeau de) mes (fidèles, en guidant ces) agneaux, (en tant que Maitre suprême et infaillible, vers les pâturages de ma vérité) », Jésus lui demanda encore pour la seconde fois: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (plus que tous les autres) ? « Pierre lui répondit: « Oui Seigneur tu sais que je t’aime » Jésus lui dit: « Pais (les âmes qui me sont fidèles, en ordonnant à) mes brebis, (en tant que Chef suprême et universel, tout ce qui te semble bon pour leur bien spirituel) ». Jésus lui demanda pour la troisième fois: Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (plus que tous les hommes)? « Pierre fut rempli de tristesse parce que Jésus lui avait demandé pour la troisième fois: « M’aimes-tu? » (car il craignait que Jésus ne vit dans son cœur un amour moins grand que celui qu’il pensait avoir; et c’est pourquoi) il lui répondit (très humblement) : « Seigneur, tu connais tout, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit: « Pais (les âmes qui sont sous ma domination, en poursuivant) mes brebis (comme le suprême juge quand elles sortent des pâturages salutaires de la foi). En vérité, en vérité, je te le dis, (c’est à toi qu’est réservée la plus grande autorité mais aussi le plus grand martyre) : quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même… »
Le chanoine Texier, professeur de philosophie et d’apologétique, écrit à propos de ce passage (Précis d’Apologétique, p. 386) :
« Il (Pierre) doit paître et gouverner tout le bercail: les agneaux, c’est-à-dire les fidèles; les brebis, c’est-à-dire les évêques »
C’est aussi l’interprétation qu’a donné de ces termes le grand Bossuet (Sermon sur l’Unité de l’Eglise) 12.
A cela, on peut objecter que le terme brebis – en grec probaton – que l’on rencontre encore 32 fois dans le Nouveau Testament, ne signifie nulle part évèque -, mais dans 27 passages, et en particulier dans ceux de Jean, il désigne incontestablement tous les fidèles ou tous les appelés.
Cette interprétation ne peut donc pas s’appuyer sur une sérieuse étude des textes.
Les commentateurs de Pirot-Clamer (tome X, p. 482) aussi ne reconnaissent plus cette interprétation:
« On n’a aucune raison, écrivent-ils, de penser que les agneaux représentent les simples fidèles et que les brebis signifient les autres apôtres, »
Mais ils ajoutent aussitôt:
« Mais le changement des mots montre bien que le troupeau du bon Pasteur, dans son universalité, est remis entre les mains de Pierre. »
Commentant le « Pais mes agneaux », le chanoine A. Boulenger écrit (Manuel d’ Apologétique, p. 337):
« Or d’après l’usage des langues orientales, le mot ‘paître’ veut dire ‘gouverner’, Paître les agneaux et les brebis, c’est donc gouverner avec une autorité souveraine l’Eglise du Christ; c’est en être le chef suprême; c’est avoir la primauté. »
Le verbe grec poimaino dit vraiment plus que le verbe français paître. Il dérive de poimèn qui signifie berger. Or le berger ne conduit pas seulement son troupeau au pâturage, mais il l’entretient et en prend soin. C’est dans ce sens que l’entend le Nouveau Testament.
Mais il ne signifie pas gouverner avec autorité souveraine , puisque la même mission échoit aux Presbytres-Episcopes (Actes 20.28; 1Pi. 5.2).
Pour gouverner ou régner, le grec utilise hêgemoneuô (Luc 2.2 ; 3.1), hègeomai (Luc 22.26 ; Héb. 13. 7, 17, 24) ou basileuô (que l’on trouve en 18 endroits du Nouveau Testament, dont 7 fois sous la plume de Jean: Apoc. 5.10; 11.15; 11.17; 19.6; 20.4; 20.6; 22.5).
Quant à l’autorité dans l’Eglise, nous connaissons les recommandations de Jésus à ses apôtres, au moment où s’éleva parmi eux une discussion pour savoir lequel serait le plus grand.
« Les rois des nations leur commandent, et ceux qui exercent l’autorité sur eux se font appeler Bienfaiteurs. Pour vous, il n’en est pas ainsi; au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Luc 22.25 et 26, traduction Jérusalem; voir aussi Matth. 20. 25 et Marc 10.42).
Commentant ce verset, Pirot-Clamer écrit (Tome X, p. 259) :
« La conduite des apôtres ne doit pas être celle des princes païens. Dans le royaume de Jésus, celui qui exerce l’autorité devra être comme le plus jeune: Il ne cherchera donc pas les marques extérieures d’honneur et de respect; il fera comme le plus jeune qui, dans les assemblées se garde bien de prendre la première place. Celui qui sera le chef devra ressembler à un serviteur: ne pas chercher à dominer, mais employer son autorité au service des autres: ce n’est pas la négation de l’autorité et de la hiérarchie dans le royaume de Dieu, mais une leçon sur la façon dont devront se comporter ceux qui sont revêtus de l’autorité. »
L’apôtre Pierre enfin, fidèle à l’enseignement de son Maître, va nous donner lui-même le sens du mot « poimainô » en 1 Pi. 5.2 et 3 :
« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, le surveillant, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec l’élan du cœur: non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage. mais en devenant les modèles du troupeau » (traduction Jérusalem).
Le souverain pasteur, en fait, c’est Jésus-Christ, selon l’affirmation même de Pierre:
« Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire« (1 Pi. 5.4). »
En Hébreux 13.20, Jésus est qualifié de grand pasteur:
« Que le Dieu de la paix, qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis, par le sang d’une alliance éternelle… »
Et Jésus, ne proclamait-il pas qu’il était le bon Pasteur (Jean 10.11) et le seul Conducteur?
« … Car un seul est votre conducteur, le Christ » (Matth. 23.10, Segond Rev.).
Il est incontestable que Pierre a joué, dans les Evangiles, un rôle capital. Il y est toujours cité le premier. Mais cette priorité n’implique aucune primauté. Jacques aussi précède toujours le nom de Jean, qui cependant est l’apôtre préféré de Jésus (Jean 13.23 ; 19.26, etc.).
De plus, dans les épîtres, Pierre n’est plus cité en premier (1 Cor 1.12; 1 Cor. 3.22; 1 Cor. 9.5; Gal. 2.9).
Les textes suivants, ainsi que Matth. 18.1 précédemment indiqué, confirment que les apôtres n’ont jamais reconnu à Pierre aucune primauté.
Actes 6.2 et 5: Les douze convoquèrent la multitude des disciples… (qui) élurent Etienne, Philippe, Prochore… (donc élection des premiers coadjuteurs des apôtres et non désignation par Pierre).
Actes 8.14: Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la Parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. (Pierre obéit au collège apostolique !)
Actes 11.2: Et lorsque Pierre fut monté à Jérusalem, les fidèles circoncis lui adressèrent des reproches. (II ne fut donc pas considéré comme étant revêtu d’une primauté particulière, et encore moins d’une infaillibilité.)
Actes 15.22 et 23: Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l’Eglise, de choisir parmi eux et d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, Jude appelé Barsabas et Silas, hommes considérés entre les frères. Ils les chargèrent d’une lettre ainsi conçue: Les apôtres, les anciens et les frères, aux frères d’entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! (Les décisions sont donc prises par toute l’Eglise, et pas seulement par Pierre.)
Gal. 2.11 et 14: Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible… Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile, je dis à Céphas, en présence de tous… (Paul ne considère pas Pierre comme son chef.)
1 Pi. 5.1: Moi, Ancien comme eux.
Si Pierre avait été chef de l’Eglise, peut-on concevoir qu’il aurait eu des successeurs avec les mêmes prérogatives, alors même que d’autres apôtres, dont certainement Jean, étaient encore en vie? Ainsi quatre successeurs auraient régné sur l’Eglise du vivant de l’apôtre Jean comme l’atteste la liste des papes, telle qu’elle se trouve à Rome dans la Basilique de Saint-Paul (R. Morçay, « Nouv. Hist. de l’Egl. », p. 350 ; voir aussi Larousse du XXème siècle).
1° Saint Pierre
33 – 64
2° Saint Lin
64 – 76 (?)
3° Saint Clet
76 – 88 (?)
4° Saint Clément1er
88 – 97 (?)
5° Saint Evariste
97 – 105 (?)
PIERRE A ROME
Une autre question s’impose. Que dit le Nouveau Testament du ministère de Pierre à Rome? Le Nouveau Testament n’en dit rien, absolument rien. Et si Pierre a été à Rome, ce ne pouvait être que pour une très courte durée, et non pas, comme le prétend une vieille tradition, pendant 25 ans. Toutefois, c’est en vertu de cette antique croyance, qu’un prélat doit dire au pape fraîchement élu:
« Tu ne verras pas les années de Pierre » (R. Morçay, Nouv. Hist. de l’Egl., p. 26).
Daniel-Rops, dans « L’Eglise des Apôtres et des Martyrs », p. 109, fidèle à cette antique tradition, écrit:
« Que le Prince des apôtres soit venu à Rome, qu’il y soit arrivé d’assez bonne heure, la chose est certaine; qu’il y ait fait un très long séjour, d’environ 25 ans, coupé par quelques absences, notamment des voyages à Jérusalem, il est certain aussi; et, de même, son martyre dans la ville qu’il consacra par son sang ne fait plus de doute. Mais rien n’est assuré au-delà. »
Toutefois, cette tradition ne reçoit plus l’adhésion unanime de l’Eglise catholique. Dans « Initiation biblique »(Robert-Tricot) p. 619 et 620, on ne parle plus que de deux séjours de Pierre à Rome, le premier entre 43 et 49, le second vers 62-63, après la première captivité de Paul. C’est aussi l’avis du chanoine A. Boulenger (Hist. de l’Egi., p. 40 et 41). Dans l’« Introduction à la Bible » (Robert-Feuillet), tome II, p. 586, on ne parle plus que d’un seul séjour à Rome en 64. Dans « Les premiers jours de l’Eglise », G. Bardy, qui ne croit pas que Pierre ait été le fondateur de la chrétienté romaine (p. 101), écrit (p. 113) :
« Pendant combien de temps saint Pierre demeura-t-il à Rome et y exerça-t-il son ministère? On ne le sait. Ce qu’il y a de sur, c’est qu’il s’y trouvait lorsque, à la suite de l’incendie de Rome, Néron accusa les chrétiens d’être responsables du désastre. »
Pour le chanoine Texier (Précis d’Apologétique, p. 387)
« Il n’était pas nécessaire pour cela que Pierre vînt à Rome. Il suffisait qu’il désignât, comme successeur dans le primat, l’évêque de cette ville. Il a fait au moins cela, comme l’atteste l’acceptation unanime de la primauté romaine par toute l’Eglise, dès l’origine » et l’auteur d’ajouter qu’en fait « on démontre que saint Pierre est venu à Rome pour y gouverner l’Eglise de cette ville et qu’il y mourut ».
Mais le chanoine Texier feint d’ignorer que les dissentiments entre Rome et Byzance remontent au IVème siècle (Dom C. Poulet, Hist. de l’Egl., tome I, p. 119). On ne peut donc pas parler d’« acceptation unanime de la primauté romaine ». Laissons parler saint Grégoire 1er (dit Grégoire le Grand) qui était ‘pape’ de 590 à 604:
« Je dis sans crainte que quiconque ose s’appeler ‘évêque universel’ ou désire dans son orgueil que d’autres lui donnent ce titre est le précurseur de l’Antichrist » (Ep. 33 à Maur. Aug.). 13
Est-il donc permis de parler d’« acceptation unanime » de la primauté si les papes eux-mêmes ne la revendiquent pas?
Toujours est-il que la tradition des 25 années de ministère de Pierre à Rome est en train de s’évanouir, prouvant la précaire fragilité des traditions.
—
En effet, Pierre n’est pas allé à Rome avant le Concile de Jérusalem en 49 (toutes nos chronologies sont empruntées à Jérusalem et à Osty-Trinquet). En effet, dans le livre des Actes, nous le trouvons toujours en Judée, jusqu’au moment du Concile de Jérusalem.
1.15:
Election de Matthias.
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2.5 à 41 :
Pentecôte.
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3. 1 :
Guérison du boiteux devant le temple.
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4. 3 à 22 :
Pierre et Jean devant le sanhédrin.
| Jérusalem.
5. 18 :
Nouvel emprisonnement des apôtres.
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16 2 :
Election des premiers diacres.
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8. 1 :
Les apôtres restent à Jérusalem malgré les persécutions.
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8.14:
Pierre et Jean envoyés en Samarie.
8. 25 :
Retour de Pierre et de Jean à Jérusalem.
9. 32 : ;
Pierre se rend à Lydde.
9:34
Pierre ressuscite Dorcas à Joppé.
10.24 :
Pierre se rend chez Corneille à Césarée.
11. 2 :
Pierre retourne à Jérusalem.
12.3 :
Arrestation de Pierre à Jérusalem.
15.2 à 23:
Concile de Jérusalem.
De plus, au Concile de Jérusalem, Pierre ne dit mot de son ministère à Rome. La lettre rédigée à l’issue de ce Concile était adressée aux frères d’entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie (Actes 15.23), mais non à ceux de Rome.
A partir de ce moment, le livre des Actes ne parle plus de Pierre.
On constate aussi que ce n’est pas Pierre qui ouvre le Concile et ce n’est pas lui qui le clôt (Actes 15.6, 7 et 15.13).
Pierre ne se trouvait pas à Rome avant la lettre de Paul aux Romains (hiver 57-58), car Paul désire aller à Rome pour y annoncer l’Evangile (Rom. 1. 15) et pour communiquer à cette communauté chrétienne quelque don spirituel (Rom. 1.11). Si Pierre eût été déjà à Rome, Paul n’aurait plus eu ces motifs pour y aller. D’autre part, Paul se glorifie de ne porter l’Evangile que là où aucun autre n’avait posé les fondements (Rom. 15.20). De plus, Pierre ne figure pas sur la liste des 26 personnes que Paul salue en fin de son épître (Rom. 16.3 à 16).
L’origine de la communauté chrétienne de Rome devait remonter à la Pentecôte; à ce moment se trouvaient à Jérusalem des hommes pieux de toutes les nations parmi lesquels « ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes » (Actes 2. 10).
Les Actes nous apprennent (18.2) que Paul rencontra à Corinthe Aquilas et Priscille, sa femme, expulsés de Rome par Claude. Ils l’accompagnèrent en Syrie (Actes 18.18), et sont également avec lui lorsqu’il écrit sa lettre aux Corinthiens (1 Cor. 16.19), en 56, mais ils sont à Rome, au moment où il écrit sa lettre aux Romains (Rom. 16.3). Paul y fait aussi une mention particulière pour Andronicus et Junius, ses parents et compagnons de captivité, qui jouissent d’« une grande considération parmi les apôtres », et qui même ont été en Christ avant lui (Rom. 16. 7). Voilà donc quelques chrétiens de Rome, et qui devaient jouer un rôle primordial dans l’édification de leur Eglise. Pierre n’était pas non plus à Rome à l’arrivée de Paul, ni durant sa première captivité (de 60 à 62 ou 63), car celui-ci n’y rencontra pas Pierre (Actes 28,15).
Dans sa seconde lettre à Timothée, écrite en 66 ou 67, durant sa seconde captivité à Rome, Paul s’y trouve seul avec Luc (2 Tim. 4. 11), sans avoir eu la visite de Pierre, mais il a vu Onésiphore (2 Tlm. 1.16, 17), Eubulus, Pudens, Linus, Claudia (2 Tim. 4.21).
Pierre aurait-il été à Rome entre les deux captivités de Paul? C’est peu probable.
Dans les Actes qu’il a écrits en 67 ou autour de 70 (ou peut-être seulement en 80), Luc a dépeint les pérégrinations des apôtres: voyages missionnaires de Paul, tournée missionnaire de Pierre et Jean en Samarie, voyage de Pierre à Lydde, à Joppé et à Césarée, comment aurait-il pu oublier le grand voyage de Pierre à Rome, surtout si celui-ci avait détenu les prérogatives de la primauté?
De même, il nous a informés du martyre d’Etienne (Actes 6.8 à 16) et de Jacques (Actes 12.2) ; aurait-il pu passer sous silence celui de Pierre? C’est sans doute pour cette dernière raison que Crampon 1960 situe la rédaction des Actes en 62 déjà.
Mais nonobstant le silence complet des Ecritures, les chronologistes catholiques soutiennent que Pierre a subi le martyre à Rome en 64 ou en 67. Ces chronologistes, toutefois, se gardent bien d’indiquer la date de son arrivée à Rome. Leur affirmation est basée sur un simple postulat, absolument hypothétique, à savoir que Babylone est synonyme de Rome. La première épître de Pierre se termine en effet par cette salutation (1 Pi. 5,13) :
« L’Eglise des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils »
BABYLONE
Le mot Babylone se trouve neuf fois dans le Nouveau Testament, dont cinq fois dans l’Apocalypse, avec un qualificatif: Babylone la grande (ou la grande ville): Apoc. 14.8; 16.19; 17.5; 18.10; 18.21.
Dans le symbolisme de l’Apocalypse, cette Babylone la grande désignerait Rome (à cause des sept collines d’Apoc. 17.9). Cette interprétation n’a cependant pas reçu l’assentiment de tous les exégètes.
A vouloir soutenir absolument l’identité Rome-Babylone-la-grande, c’est à la capitale de la papauté que s’appliquerait également le verdict:
« Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre » (Apoc. 17. 5) et celui d’Apoc. 18. 2 : « Elle (Babylone) est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux ». Une voix du ciel invite le peuple de Dieu à la quitter: « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés » (Apoc. 18.4).
Quatre fois, on trouve le terme de Babylone sans aucun qualificatif, et ceci dans les passages suivants:
Matth. 1.11, 1.17 Actes 7.43, 1 Pi. 5.13
Dans les trois premiers passages, Babylone désigne indubitablement l’ancienne capitale de la Babylonie, située sur l’Euphrate. Du temps des apôtres, cette ville n’était plus capitale; elle faisait partie de l’Empire des Parthes et fut un refuge des Juifs qui y fondèrent des écoles et lui donnèrent une certaine prospérité.
On sait d’autre part que Babylone, dans la géographie ancienne, était aussi une ville d’Egypte, au nord de Memphis. Elle devint, dans les premiers siècles du christianisme, le siège d’un évêché. Une partie des vieux quartiers du Caire occupe son emplacement.
Pierre a utilisé le mot Babylone sans aucun qualificatif; a-t-on le droit de lui attribuer la même signification qu’à l’expression Babylone la grande? L’épître de Pierre relève-t-elle d’un symbolisme analogue à celui de l’Apocalypse?
D’ailleurs, l’épître aux Galates nous donne une indication très précieuse sur l’apostolat de Pierre. Tout comme Paul avait été appelé par Dieu à être l’apôtre des incirconcis, Pierre était appelé à être celui des circoncis (Gal. 2.7 à 9). Ce n’est donc pas à Rome qu’il allait exercer son ministère, à Rome, la capitale du paganisme. Et les Juifs de Rome étaient mal informés sur la »secte« chrétienne à l’arrivée de Paul vers 60 (Actes 28.22).
Ce fait n’empêche pas Daniel-Rops, après avoir affirmé que Pierre a exercé son ministère pendant près de 25 ans à Rome (p. 109), d’écrire (L’Egl. des Apôt. et des Mart. , p. 110) :
« A Rome, sans doute, tandis que Pierre prêchait surtout dans la communauté juive, Paul travailla les milieux païens, soldats, gardiens, courtisans mêmes; leur action dut être parallèle et complémentaire. »
Or Paul lui-même précise (Col. 4. 10 et 11) qu’Aristarque, Marc et Jésus appelé Justus étaient « du monde des circoncis, et les seuls qui aient travaillé avec moi pour le royaume de Dieu ».
Nous venons de voir plus haut, que Marc était avec Pierre à Babylone (1 Pi. 5.13). Or, dans sa deuxième lettre à Timothée qu’il avait laissé à Ephèse en Asie Mineure (1 Tim. 1.3), Paul lui demande de venir au plus tôt et d’amener avec lui Marc qui lui serait utile pour le ministère (2 Tim. 4.9 à 11). Celui-ci n’était donc pas à Rome au moment de la lettre, sinon Paul lui aurait dépêché Luc: il était en Asie, et sans doute à Babylone.
D’après les renseignements du Nouveau Testament, on connaît les déplacements de Marc.
entre 60 et 63 :
Marc est à Rome (Phm. 24 ; Col. 4.10). Il doit partir en Asie et passera peut-être à Colosse.
vers 64 :
Il est avec Pierre à Babylone (1 Pi. 5. 13). C’est en ce moment qu’il aurait rédigé son Evangile.
vers 67 :
Il est en Asie (2 Tim. 4.11).
Donc Marc a quitté Rome pour l’Asie, a peut-être passé à Colosse, puis retrouva Pierre à Babylone et demeura en Asie jusqu’en 67.
Si Babylone signifiait Rome, il faudrait admettre que Marc ait fait, dans le même laps de temps, trois fois le trajet de Rome en Asie, puis retour à Rome-Babylone, enfin retour en Asie, ce qui est peu vraisemblable.
En définitive, le Nouveau Testament, inspiré de Dieu, ne contient trace ni d’un sacerdoce hiérarchisé, ni d’une quelconque primauté de Pierre et l’on n’y trouve aucune preuve de son séjour à Rome. Bien plus, l’étude des textes inspirés nous apprend l’impossibilité, pour Pierre d’avoir séjourné pendant 25 ans à Rome, et l’on ne comprend pas – à moins de méconnaître les Ecritures – qu’une telle tradition ait pu survivre jusqu’à nos jours.
Mais, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l’adoption. (Gal. 4.4 et 5, Segond Rev.)
Matth. 1.25
La première divergence que présentent les diverses traductions apparaît dans le premier chapitre de Matthieu, verset 25. Voici d’abord les traductions protestantes:
SEGOND
Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils.
DARBY
Et il ne la connut point jusqu’à…
GOGUEL-MONNIER
Mais il ne la connut pas jusqu’à…
PERNOT
Il ne la connut pas jusqu’à…
STAPFER
Mais il ne la connut pas jusqu’à…
SEGOND REV.
Et il ne la connut point avant qu’elle…
SYNODALE
Mais il ne la connut point, jusqu’à…
PV
…pas de relations avec elle avant qu’elle eût mis au monde un fils.
PLE
… jusqu’à ce que
COL
… jusqu’à ce que
LIV
… elle resta vierge jusqu’à la naissance de son fils
BAN
… jusqu’à ce que
Voici maintenant les traductions catholiques avec leurs commentaires.
BUZY
Et, sans qu’il l’eût connue, elle enfanta…
CRAMPON 1939
Et il ne la connut point jusqu’à…
CRAMPON 1960
Mais il ne la connut pas jusqu’à…
JÉRUSALEM
Et, sans qu’il l’eût connue, elle…Note: Le reste de l’Evangile suppose et la tradition ancienne affirme que Marie est plus tard restée vierge.
N. T. LETOUZEY
Et, sans qu’il l’eût connue, elle…
MAREDSOUS
Et, sans qu’il l’eût connue, elle…Note: Cette traduction a été choisie de préférence à l’expression habituelle: « Il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eut enfanté son fils », parce que celle-ci est ambiguë et laisserait croire qu’il ait pu en être autrement après la naissance de Jésus. L’évangéliste ne fait aucune allusion à cette période; il se contente de noter catégoriquement que Joseph est complètement étranger à la conception de Jésus. Toute l’ancienne tradition chrétienne est là, d’autre part, pour affirmer la virginité perpétuelle de Marie. Cette question sera reprise à propos de la mention des frères de Jésus.
PIROT-CLAMER
Et sans qu’il se fût approché d’elle, elle…Note: Cette traduction est bien réfléchie; nous la croyons exacte, la seule exacte, mais elle a besoin d’être justifiée. La phrase grecque, rendue matériellement, porte: Et il ne la connaissait pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils… Qu’on le sache donc, disait-il (saint Jérôme), en pareil cas, le latin donec, le grec sôs ou, l’hébreu ad ki nient l’action pour le passé, mais sans l’affirmer nullement pour l’avenir… et le saint docteur cite à l’appui plusieurs exemples devenus classiques. Le corbeau ne retourne pas à l’arche « jusqu’à l’assèchement des eaux », « donec siccarentur aquae »(Gen. 8. 7): est-ce à dire qu’il y revient par la suite, après le déluge ? – Dieu le Père invite le Messie à « s’assoir à sa droite, jusqu’à ce que ses ennemis soient réduits à l’état d’escabeau pour ses pieds », « donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum »– : cette humiliation à eux infligée, le Messie quittera-t-il la droite de son Père ?
OSTY-TRINQUET ALBERTI
Et, sans qu’il l’eût connue, elle enfanta.,. et sans qu’il se fût approché d’elle, elle…NOTE: Ce verset traduit littéralement donne ceci: « Et (Joseph) ne la (Marie) connut pas (par l’acte conugal) jusqu’au moment où (elle) engendra un fils. – Or là, les protestants concluent qu’après la naissance de Jésus, Joseph s’approcha de Marie et qu’elle perdit sa virginité. Mais cette opinion se fonde sur une fausse interprétation de la locution « jusqu’au moment où »; comme si celle-ci voulait indiquer que Joseph respecta Marie jusqu’au moment où elle devint mère, mais pas ensuite. Or, dans la Bible, la locution « jusqu’au moment où »fait connaître les faits jusqu’au moment indiqué par elle et point après. Il est dit par exemple: « Mical, fille de Saül n’eut point d’enfants jusqu’au jour de sa mort » (2 Sam. 8. 23). Le Texte sacré ne veut certainement pas dire qu’elle en eut après !… Donc, dans le cas présent, l’évangéliste veut indiquer que Joseph, bien qu’il eut tous les droits sur Marie, la respecta néanmoins, et cette dernière « sans qu’il se fût approché d’elle », engendra son fils Jésus, tout en restant vierge.
LASSERRE
… Et se conformant aux ordres de l’Envoyé du Seigneur, il (Joseph) garde auprès de lui son épouse, respectant sa virginité. Ainsi le temps s’écoula, et le moment vint où elle enfanta son fils premier-né.
SYNOPSE
Et il ne la connaissait pas jusqu’au jour où elle enfanta un fils.
TRI
… jusqu’à ce que …
PDB
Et sans qu’il ait eu de rapport elle, elle enfanta…
NJER
… jusqu’à ce que …Note: Le texte n’envisage pas la période ultérieure, et de soi, n’affirme pas la virginité perpétuelle. Ancienne traduction: … sans qu’il l’eût connue
OSTR
… jusqu’à ce que …Note: Ancienne traduction: … sans qu’il l’eût connue
BRU
… jusqu’à ce que …
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
… jusqu’à ce que …
BFC
… jusqu’à ce que …
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
… jusqu’à ce que …
Pourtant, le texte grec porte bien eôs qui signifie jusque et pendant. En omettant ce mot, la traduction perd son caractère inspiré. En aucun cas, « eôs », ne peut se traduire par sans, mot pour lequel le grec utilise khôris (Matth. 13.34; 14.21 ; 15.38) ou aneu (Matth. 10.29). 14
Une objection bien plus grave encore est la suivante. On retrouve l’expression « eôs ou » devant un verbe (comme dans le passage litigieux), encore dix-neuf fois dans l’Evangile de Matthieu. Trois fois, il signifie pendant :
Matth. 5.25; 14.22; 26.36 (signification impossible en Matth. 1.25). Mais seize fois, il a la signification de « jusqu’à ce que » ou « jusqu’au moment où », impliquant une modification du comportement ou des faits après le moment en question. Ces passages établissent sans doute possible le sens biblique de eôsou:
Ajoutons à cela, que le mot eôs se trouve en outre encore trente-sept fois devant un verbe, cinquante-six fois devant un substantif et trente fois devant un verbe substantifié, et cela dans le Nouveau Testament 15. Ce n’est pas à des exemples isolés, et encore de l’Ancien Testament qu’il fallait recourir à l’instar de saint Jérôme ou d’Alberti.
Notons également au passage que le mot hébreu ‘ad qui a la même signification que « eôs »se rencontre quelque mille fois dans l’Ancien Testament. 16 ; et dans 2 Samuel, cité par Alberti, nous trouvons l’expression ‘ad ki ( jusqu’à ce que) huit fois:
Et comme eôs, ‘ad ki implique un changement d’attitudeaprès le moment donné.
Quant aux exemples classiques de saint Jérôme et cités par Pirot-Clamer, le premier n’est qu’une simple sophistication. Le texte de Gen. 8. 7 cité à l’appui, est en réalité le suivant:
« et il lâcha le corbeau, qui alla et vint jusqu’à ce que les eaux aient séché sur la terre » (traduction de Jérusalem).
L’expression « jusqu’à ce que » introduit effectivement un changement dans l’attitude du corbeau après l’assèchement des eaux.
Quant à la deuxième citation invoquée:
« jusqu’à ce que ses ennemis soient réduits à l’état d’escabeau pour ses pieds »,
il suffirait de rappeler les termes mêmes du Credo : « … qui est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts… » (Voir de même Marc 16.19; Actes 1.11 ; 1 Thess. 4. 17).
Luc 1.34
Un souci analogue de sauvegarde du dogme de la Virginité perpétuelle se retrouve dans le commentaire des paroles de Marie lors de l’annonciation:
(Luc 1.34): « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme? »
Ici, les traducteurs sont unanimes, mais les commentaires sont nettement inspirés par le même parti pris.
Buzy note: « Marie comprend que l’ange lui propose de devenir mère du Messie. Elle sait que cette privilégiée doit rester vierge; au surplus, elle a fait vœu de chasteté. Mais elle ignore le mode exceptionnel de cette conception et elle interroge. »
Pour Osty-Trinquet, « Marie est vierge et entend le rester ». La même idée est exprimée par la note de Jérusalem et d’Alberti.
Mareds. Expl. donne le commentaire suivant: « La tradition chrétienne la plus reculée a toujours vu dans cette déclaration une preuve de la virginité perpétuelle de Marie. Bien que la chose ne soit pas dite expressément, cette interprétation est logique. Comment Marie, fiancée, pouvait-elle regarder comme impossible d’avoir un enfant, si elle n’avait pas délibérément décidé – sans doute avec le consentement de Joseph – de rester vierge, même après le mariage? En tous cas, les paroles de Marie n’expriment pas le doute, mais demandent, avec étonnement, une explication. »
Pour le « Vocabulaire de Théologie biblique », il faut déceler dans la déclaration de Marie « le sustrat sémitique ‘puisque je ne veux pas connaître d’homme’. »
Les commentateurs de Pirot-Clamer écrivent (Tome X, p. 29) :
« Dans le grec comme dans la Vulgate, le verbe correspond au présent de l’hébreu qui peut se traduire par le présent ou par le futur. »
Plusieurs objections s’imposent. Tout d’abord, il est malaisé de reconnaître dans l’expression de Luc 1. 34 un substrat sémitique, puisque cet évangéliste était « né à Antioche et de culture hellénique » (Osty-Trinquet, Introduction p. 15).
Le chanoine A. Texier, professeur de philosophie et d’apologétique, écrit même, dans son « Précis d’Apologétique », p. 117:
« Le troisième Evangile a pour auteur un Grec d’origine, car sa langue est pure, sans hébraïsme ».
Un auteur catholique est allé plus loin et a proposé de traduire Luc 1.34: « Je garde ma virginité » (Cahier « Evangile », N° 13, p. 24 en note).
En réalité, la stérilité était considérée à cette époque comCertains me une disgrâce. Elisabeth, miraculeusement guérie de sa stérilité disait:
« C’est la grâce que le Seigneur m’a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon opprobre parmi les hommes » (Luc 1.25).
Mareds. Expl. ne comprend pas que Marie ait pu formuler sa question si elle n’avait décidé de demeurer vierge. Pourtant, selon la coutume juive « la cérémonie des fiançailles était la signature du contrat; celle du mariage, parfois de longtemps postérieure, était la fête au cours de laquelle l’époux conduisait la mariée dans la chambre nuptiale » (Commentaire de Mareds. Expl. à Matth. 1.19). Si la date prévue pour le mariage de Joseph et de Marie était encore lointaine, sa question est tout à fait légitime. Si Marie avait fait vœu de chasteté, n’aurait-elle pas dit:
« Comment cela se fera-t-il puisque je ne connaîtrai point d’homme » ou « puisque je dois demeurer vierge » ?
Mais son affirmation est au présent:
« Je ne connais point d’homme »
et non au futur: « Je ne connaîtrai point d’homme ».
Si l’on croit à l’inspiration totale des Ecritures, cette objection n’est pas une vaine minutie.
D’ailleurs, les évangélistes ne qualifient Marie de vierge qu’avant la naissance de Jésus: une fois directement en Luc 1.27 et une fois par allusion en Matth. 1.23. Après la naissance, ils ne lui réservent que le nom de « Marie » : Matth. 2. 11 ; 13. 55 ; Marc 6. 3 ; Luc 2. 34 ; Actes 1. 14 ou celui de sa mère : Matth. 2.13; 12.46; Luc 2.51 ; Jean 19.26.
LES FRÈRES DE JÉSUS
Dans les passages que nous venons de passer en revue, on découvre que la virginité perpétuelle de Marie n’est fondée que sur la Tradition 17 et des suppositions hypothétiques, acceptées cependant comme des axiomes sur lesquels on s’appuie pour démentir ensuite ce que la Bible affirme nettement, comme nous allons le voir à propos des frères de Jésus. En effet, tous les commentateurs catholiques affirment que le mot frère en langage biblique, signifie cousin. Et Henri Lasserre, dans « Les saints Evangiles », pour lesquels il avait reçu les éloges du pape Léon XIII, écrit carrément: proches, parents, parenté ou cousins, là où les autres traducteurs mettent frères.
Voici le commentaire que donne sur la question Mareds. Expl. à Matth. 12.46.
« Ses frères » : ce mot est à l’origine de nombreuses controverses, où se trouve en jeu la croyance de l’Eglise catholique en la perpétuelle virginité de Marie, mère de Jésus. L’expression « frères de Jésus » revient en divers endroits des évangiles (on y parle même de ses sœurs). Voir Matth. 13.55 ; Marc 6.3: Jean 2.12; 7.3-5. Certains voient dans ces « frères » de Jésus des enfants de Joseph et de Marie, nés après lui. Cette manière de voir est contraire à la tradition de l’Eglise catholique. D’autres, particulièrement les théologiens des Eglises d’Orient, y voient des enfants de Joseph, qui eût été marié, et, veuf, avant d’épouser Marie. Cette opinion ne se défend guère après une étude sérieuse des textes. La seule explication communément admise dans le catholicisme est fondée sur le fait que ce mot « frère » est couramment utilisé en hébreu pour désigner n’importe quel degré de parenté proche. Plusieurs exemples peuvent être relevés dans l’Ancien Testament: Gen.13.8 et 14.12; 29.15 et 24.29; Lév. 10.4. 1 Chron. 23.22. Il s’agirait donc ici de « cousins » de Jésus. La discussion détaillée de cette épineuse question dépasse les limites de ce commentaire de simple vulgarisation. L’on pourrait toutefois citer ici les deux arguments suivants, qui donneront à réfléchir:
1. Si la Vierge avait eu une famille nombreuse, dont plusieurs enfants – tel Jacques, premier évêque de Jérusalem – ont occupé des fonctions importantes dans l’Eglise primitive. la tradition, pratiquement unanime, de sa perpétuelle virginité, n’aurait jamais pu se développer.
2. Si elle avait eu plusieurs fils en vie, qui eussent pu prendre soin d’elle, le Seigneur, au moment de mourir en croix, ne l’aurait jamais confiée aux soins de Jean l’apôtre. »
*
Il est vrai qu’une « étude sérieuse » des textes ne permet pas d’appuyer l’opinion des Orthodoxes. Aucun évangéliste ne nous présente Joseph comme veuf, ayant des enfants de son précédent mariage. De plus. pour fuir en Egypte, il ne partit qu’avec l’enfant Jésus et Marie (Matth. 2. 14). Luc précise en 2. 41 que
« les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem à la fête de Pâques ».
Le mot grec utilisé est goneis qui signifie père et mère; certains manuscrits portent même Joseph et Marie. Ils y allaient donc seuls jusqu’au moment où Jésus avait douze ans (Luc 2.42). Mareds. Expl. note que « c’est au début de leur treizième année que les jeunes Israélites prenaient rang dans la communauté religieuse de leur localité et devenaient assujettis aux obligations de la loi religieuse ». C’est alors que Jésus resta à Jérusalem, à l’insu de Marie et de Joseph qui le cherchèrent « parmi leurs parents et connaissances » et non parmi ses frères. On peut en conclure que Jésus n’avait pas de frères plus âgés que lui, issus d’un premier mariage de Joseph. On ne peut toutefois en déduire, comme le fait Crampon 1960 dans le Dictionnaire du Nouveau Testament qui lui est annexé, que Jésus était le seul enfant; l’obligation légale d’aller à Jérusalem ne commençant qu’à douze ans, Jésus pouvait avoir des frères plus jeunes que lui, restés à Nazareth chez quelque parent, comme Jésus lui-même y était resté jusque-là.
L’étude approfondie des textes permet-elle de soutenir l’opinion catholique traditionnelle qui voit dans le terme « frère » des proches parents ou des cousins?
Et d’abord, quels sont les textes où l’on parle des frères de Jésus? Ils sont au nombre de quinze. Les voici, avec leur référence.
Matth. 12.46:
… sa mère et ses frères, qui étalent dehors, cherchèrent à lui parler.
Matth. 12. 47 :
Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler.
Matth. 13.55 :
… Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous?
Marc 3.31:
Survinrent sa mère et ses frères…
Marc 3. 32 :
Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent.
Marc 6. 3:
N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous?
Luc 8.19:
La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver.
Luc 8.20 :
Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir.
Jean 2.12:
Après cela, il descendit à Capernaüm, avec sa mère, ses frères et ses disciples.
Jean 7. 3:
Et ses frères lui dirent: Pars d’ici et va en Judée.
Jean 7. 5:
Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui.
Jean 7.10 :
Lorsque ses frères furent montés à la fête.
Actes 1.14:
Tous d’un commun accord persévéraient dans la prière avec les femmes. et Marie, mère de Jésus, et avec les frères de Jésus.
1 Cor. 9. 5
N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?
Gal. 1. 19
Mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur.
Le mot grec utilisé dans tous ces passages est « adelphos », ce qui signifie littéralement issu de la même mère delphus signifie matrice). Tous les auteurs sacrés et tous les manuscrits utilisent ce mot; dans aucun des nombreux manuscrits il n’est remplacé par une variante, tel cousin ou proche.
Les mots « parents, parenté, proches », et désignant les proches parents sont connus par les évangélistes et utilisés seize fois dans le Nouveau Testament (sungeneia, sungenes, sungenis, oï par’autou). Il s’agit des passages suivants: Marc 3. 21 ; 6. 4; Luc 1. 36; 1. 58; 1. 61 ; 2. 44 ; 14.12; 21.16; Jean 18.26; Rom. 9.3; 16.7; 16.11 ; 16.21 ; Actes 7.3; 7.14; 10.24.
Or ces termes n’ont nulle part la signification attribuée par l’Eglise catholique au mot frère et on ne les trouve jamais dans un contexte où ils seraient applicables aux frères de Jésus.
Et quel intérêt pouvait offrir la liste nominative des frères de Jésus (Matth. 13.55 et Marc 6.3) après le nom de la mère, si ce n’étaient que des cousins et non des frères réels?
Crampon 1960 (Dictionnaire du Nouveau Testament) note à propos de ces passages, que « c’est par opposition à ceux qui sont appelés « ses frères » que Jésus est désigné comme le fils de Marie (Marc 6.3) ».
Mais les mêmes écrivains sacrés parlent aussi de « Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère » (Matth. 10.2; Marc 3.17) sans qu’on n’y ait vu une opposition ou une filiation différente.
Ce n’est qu’en hébreu que le mot frère (ah) peut aussi désigner des cousins ou des amis. Toutefois, dans 34 passages de l’Ancien Testament 18, ce mot désigne aussi des frères réels; dans 15 passages, il a la signification de demi-frères19. Et bien souvent il désigne les frères dans la foi et ce n’est que 5 fois qu’il a, de manière certaine, la signification de proche parent, et une seule fois celle de cousin germain20.
Même si les passages précédents nous étaient parvenus en hébreu ou en araméen, il ne serait donc pas permis d’affirmer, d’une manière péremptoire, qu’il s’agissait de cousins.
*
Mais il importe de bien se rappeler que le Nouveau Testament nous est parvenu en grec! Et c’était même la langue maternelle de Luc, selon l’unanimité des commentateurs catholiques. Or, ce dernier écrit bien, à propos de l’incident à l’âge de douze ans, que Marie et Joseph le cherchaient « parmi leurs parents (sungeneus) et connaissances » (Luc 2.44). Pourquoi aurait-il utilisé alors en Luc 8.19 et 20 le mot adelphos s’il ne s’était agi que de cousins? En Luc 14.12 et 21.16, il place côte à côte le mot frère ( adelphos), le mot proche (sungenes) et le mot ami (philos) établissant ainsi nettement la différence de sens entre ces termes.
Le mot cousin (anepsios) existe en grec et Paul l’a utilisé (Col. 4. 10) en parlant de Marc, cousin de Barnabas (ou Barnabé). Or ce même Paul désigne Jacques, comme le frère du Seigneur. (Gal. 1.19) et mentionne « les frères du Seigneur » en 1 Cor. 9.5.
Dans les Actes (23.16), Luc nous parle du « fils de la sœur » de Paul. Or les frères de Jésus ne furent jamais désignés comme les fils de la sœur de Marie.
Au demeurant, le mot frère qui revient encore une soixantaine de fois dans le Nouveau Testament y a la signification soit d’ amis, de frères dans la foi ou bien de frères réels, ceci dans les 14 passages suivants: Luc 12. 13; 15. 27 et 32; 16. 27 ; 20. 28 et 29; 21. 16; Marc 12.19; 13.12; Matth. 10.21 ; 22.24; Jean 11. 21 et 23 ; 1 Jean 3. 12.
Mais jamais, tout au long du Nouveau Testament, ce mot n’a la signification de « cousin »!
Luc a même précisé que Marie mit au monde son fils premier-né. (Luc 2.7). La Vulgate ajoute aussi le mot premier-né à Matth. 1.25. Les commentateurs catholiques affirment qu’il s’agit là d’une expression hébraïque traditionnelle qui n’implique pas la naissance d’un ou de plusieurs autres enfants. Elle soulignerait simplement la dignité et les droits de l’enfant.
Mais si Marie n’avait pas eu d’autres enfants, n’était-on pas en droit d’attendre de la plume de Luc le qualificatif d’ unique que l’on retrouve par trois fois sous sa plume: pour désigner le fils de la veuve de Nain (Luc 7.12), l’enfant démoniaque (Luc 9. 38) et la fille de Jairus (ou Jaire) (Luc 8. 42).
Il est pour le moins surprenant que jamais Jésus n’ait été qualifié de fils unique de Marie et qu’à aucun autre endroit ses frères ne furent appelés cousins ou parents. Bien plus, Marc nous apprend (3. 21) que les « proches » (parenté de Jésus, ou ses amis, ou les deux ensemble selon Mareds. Expl.) vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient qu’il avait perdu le sens. Et il précise ensuite (verset 31) que survinrent sa mère et ses frères qui l’envoyèrent appeler. On connaît la réponse de Jésus (verset 35) :
« Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ».
Remplacer le mot frère par cousin, c’est faire perdre tout sens à l’affirmation de Jésus.
D’ailleurs, le mot sœur (en grec adelphè), que l’on rencontre dans les passages suivants: Matth. 13.56 ; Marc 3.32 (dans plusieurs manuscrits, mais non pas dans tous) ; Marc 6. 3, n’a jamais le sens de cousine, ni en hébreu, ni en grec. Dans l’Ancien Testament, ce terme désigne outre les sœurs dans la foi, 13 fois les sœurs réelles 22, 3 fois les demi-sœurs23 et 12 fois, il est pris dans un sens allégorique.24
Dans le Nouveau Testament, il revient encore 13 fois pour désigner soit les sœurs dans la foi, soit les sœurs réelles, mais jamais les cousines. Par sept fois, ce mot y désigne les sœurs réelles: Marc 10.29; Luc 10.39; 10.40; 14.26 ; Jean 19.25 et Actes 23.16.
D’ailleurs aucun commentateur catholique ne prétend, de manière explicite, que le mot sœur (« ahot » en hébreu) puisse aussi signifier cousine: il ne saurait appuyer cette idée sur aucun exemple biblique.
De plus, il faut souligner qu’à partir du ministère public de Jésus, Marie n’est mentionnée qu’à cinq reprises dans le Nouveau Testament.
Elle est accompagnée des frères de Jésus au retour des noces de Cana (Jean 2.12) ; elle est encore accompagnée d’eux lorsqu’ils veulent lui parler (Matth. 12.46 et 47; Marc 3.31 et 32 ; Luc 8.19 et 20). Et les évangélistes Matthieu (13.55) et Marc (6.3) annexent au nom de Marie celui des frères de Jésus.
On la rencontre, et pour la dernière fois, après la résurrection dans la chambre haute, et de nouveau avec les frères de Jésus (Actes 1.14).
Même s’ils ne sont jamais qualifiés de « fils » de Marie, leur quasi continuelle présence avec Marie ne permet pas de n’y reconnaître que des cousins.
LES COUSINS DE JÉSUS
Toutefois, pour expliquer cette continuelle présence des frères de Jésus auprès de Marie, Crampon 1939 (dans son Dictionnaire du Nouveau Testament) recourt à l’une des suppositions suivantes:
« Après la mort de S. Joseph, arrivée selon toute vraisemblance avant le commencement de la vie publique du Seigneur, Marie se retira, semble-t-il, avec son divin Fils, chez son beau-frère Cléophas (Clopas), de telle sorte que les deux familles furent comme fondues en une seule. Selon d’autres, c’est Cléophas qui serait mort le premier, et S. Joseph qui aurait recueilli chez lui la veuve et les enfants de son frère. »
Mais le même, quelques lignes plus tôt, ainsi que Mareds. Expl. estiment tout à fait inconcevable que Jésus, du haut de sa croix, eût recommandé sa mère à Jean, « si elle avait eu plusieurs fils en vie qui eussent pu prendre soin d’elle » (Mareds. Expl.).
Or, si les deux familles – celle de Marie et celle de Clopas – étaient comme fondues en une seule, on ne comprend plus le besoin de confier Marie à Jean.
Au pied de la croix, en effet, on rencontre Marie, et pour la première fois, seule. Jésus la confia alors à Jean. Pourquoi? Parce qu’elle allait se trouver seule? Ou bien pour la soustraire du milieu de ses frères qui devaient encore le « mépriser » (Matth. 13.57; Marc 6.4) et qui « ne croyaient pas en lui » (Jean 7. 5) ? Ce manque de foi était encore manifeste au moment de la fête du tabernacle de l’an 29, soit six mois avant sa mort !
Si Jésus a précisément choisi Jean pour lui confier Marie, c’est que celui-ci était sans doute son cousin germain, c’est-à-dire le neveu de Marie. On peut le conjecturer par la comparaison des listes des femmes mentionnées au pied de la croix en Matth. 27.56, Marc 15.40 et Jean 19.25.
Jean 19.25
Marc 15.40
Math. 27.56
sa mère
La sœur de sa mère
« Salomé »
la mère des fils de Zébédée
Marie (femme) de Clopas
Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses
Marie, mère de Jacques et de Joseph
Marie de Magdala
Marie de Magdala
Marie de Magdala
Il semble que la mère des fils de Zébédée (Jacques et Jean), identifiable avec Salomé, serait la sœur de Marie. On s’explique ainsi pourquoi, avec Pierre, Jacques et Jean étaient les apôtres les plus proches de Jésus. Et l’on comprend ainsi mieux que leur mère ait osé lui demander les premières places pour ses fils (Matth. 20.20).
Certains cependant – et c’est aussi l’opinion exprimée par Crampon 1939 et 1960 – affirment que « la sœur de sa mère », en Jean 19.25 était Marie, femme de Clopas, mère de Jacques (le mineur) et de Joses (ou Joseph).
Jean 19.25
Marc 15.40
Math. 27.56
sa mère
Salomé
la mère des fils de Zébédée
La sœur de sa mère Marie (femme) de Clopas
Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses
Marie, mère de Jacques et de Joseph
Marie de Magdala
Marie de Magdala
Marie de Magdala
Ainsi, Jacques et Joses seraient d’authentiques cousins germains de Jésus que l’on veut identifier avec les « frères de Jésus« des listes de Matth. 13.55 et de Marc 6.3 qui mentionnent: « Jacques, Joses, Simon et Jude ». De plus, ce Jacques serait l’apôtre, le premier évêque de Jérusalem et que Paul désigne comme le frère du Seigneur.
Il y a cependant de très sérieuses objections à cette hypothèse.
Il faudrait d’abord pouvoir démontrer qu’il n’y avait que trois femmes au pied de la croix et non quatre (Jean 19. 25). En outre, ne serait-il pas étonnant que deux sœurs vivantes aient porté, simultanément, le même prénom? On n’en connaît, du moins, aucun exemple dans toute la Bible. Le seul exemple cité dans le Dictionnaire du Nouveau Testament annexé à la Bible Crampon 1939 est d’origine païenne et non judaïque.
Il faut ensuite démontrer que Marie, femme de Cléophas (Clopas) de Jean 19.25 est bien la même que la Mère de Jacques et de Joses en Matth. 27.56 et Marc 15.40.
Enfin, si ce Jacques est l’apôtre, il reste à démontrer que Cléophas (Clopas) de Jean 19.25 et Alphée de Matth. 10.3 et Marc 3.18 ne sont que des variantes dialectales de prononciation du même nom, comme l’affirme Crampon 1939.
Rien cependant ne permet de le prouver, et la note basale p. 11 et 12 du Cahier « Evangile » N° 43 (sous la direction du Père Dominicain J. G. Gourbillon) se montre plus prudente. Il y est question de Jacques, l’auteur de l’épître. La note précise:
« Il s’agit, sans doute de Jacques, qui présida la communauté de Jérusalem (Actes 12.17: 15. 13: 21.18: 1 Cor. 15.7): d’après Gal. 1.19, il était ‘frère du Seigneur’ (c’est-à-dire son parent: cf. 1 Cor. 9.5), donc l’un des personnages nommés en Matth. 13.55: Marc 6.3 et Matth. 27.56. Il n’est pas impossible que ce Jacques soit le même personnage que l’apôtre Jacques, fils d’Alphée (Matth. 10.3; Marc 3.18: Luc 6.15; Actes 1.13), appelé aussi ‘Jacques le petit’ (Jacques le mineur) en Marc 15. 40 ; mais rien ne permet de le prouver de façon certaine. »
L’opinion à laquelle se raille le Révérend Angelo Alberti diffère encore des précédentes, et, dans son « Message des Evangiles », p. 76, il échafaude une hypothèse selon laquelle Joseph avait une sœur appelée Marie et un frère appelé Cléophas (Clopas). La sœur aurait épousé Alphée et son frère une autre Marie. Et cet auteur donne l’arbre généalogique suivant:
————————————————————————————————— | | | | | | Vierge Marie – St Joseph Marie – Alphée Cléophas – Marie | | | | ———————— ———————— | | | | | Jésus Jacques Joseph Judas Simon le mineur Thaddée le Zélote (apôtre) (apôtres)
Cette hypothèse est encore plus conjecturale que la précédente, car l’Evangile ne parle pas de la filiation de Simon le Zélote (Matth. 10.4 ; Marc 3. 19 ; Luc 6.16) et il qualifie Jude (Thaddée) de fils de Jacques (Luc 6.16, Actes 1. 13) et non de Cléophas. Selon cette hypothèse, trois cousins germains de Jésus étaient apôtres.
Or, quelle que soit l’hypothèse retenue, Jean n’aurait pas pu écrire – si le mot « frère » avait la signification de « cousin » – que « ses frères non plus ne croyaient pas en lui » (Jean 7.5), puisque certains faisaient partie des douze, et ceux-ci avaient « cru » et « reconnu » en Jésus le « Saint de Dieu » (Jean 6.69).
Donc le principe de l’inerrance 25 des Ecritures interdit de considérer Jacques le fils d’Alphée, Jude (Thaddée) et Simon le Zélote comme les « frères » du Seigneur.
Pourtant, le Rév. A. Alberti conclut son étude sur cette question en ces termes: « Et pour peu qu’ils veuillent être logiques, les protestants doivent admettre que Marie, la mère de Jésus, n’eut point d’autres enfants », Mais la dialectique de cet auteur ne pêche-t-elle pas précisément contre la logique?
En ce qui concerne la filiation des« sœurs » du Seigneur, tous les commentateurs catholiques restent muets.
Une dernière hypothèse, enfin, évidemment rejetée par les catholiques, voit en Marie, mère de Jacques et de Joses, également celle de Jésus.
Jean 19.25
Marc 15.40
Math. 27.56
sa mère
Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses
Marie, mère de Jacques et de Joseph
La sœur de sa mère
Salomé
La mère des fils de Zébédée
Marie (femme) de Clopas
Marie de Magdala
Marie de Magdala
Marie de Magdala
En conclusion, le terme frère ( adelphos en grec) n’a jamais, dans le Nouveau Testament, la signification de cousins. Les termes cousins, parents, parentés, proches ne sont jamais utilisés pour désigner les enfants qui accompagnent Marie et pour lesquels tous les évangélistes et tous les manuscrits réservent le nom de frères. De plus, Luc qualifie Jésus de premier-né et non de fils unique.
Enfin, le mot sœur n’a jamais, ni en hébreu, ni en grec la signification de cousine.
Il faut en conclure, logiquement, que Jésus avait des frères et des sœurs. Et il ne reste donc que la Tradition pour affirmer la virginité perpétuelle de Marie. Mais même la Tradition n’est pas unanime, puisque les orthodoxes ont une interprétation différente de celle des catholiques, toutes deux en flagrante contradiction avec les Ecritures.
JE VOUS SALUE, MARIE ou Luc 1.28
Des divergences de traduction apparaissent aussi en Luc 1. 28, dans le but évident de justifier un dogme. Voici d’abord les traductions protestantes.
SEGOND
Je te salue, toi à qui une grâce a été faite.
DARBY
Je te salue, toi que (Dieu) fait jouir de sa faveur.
GOGUEL-MONNIER
Je te salue, toi l’objet de la grâce (divine)
PERNOT
Salut, Ô favorisée.
SEGOND REV.
Je te salue, toi à qui une grâce a été faite.
STAPFER
Salut, une grâce t’a été faite.
SYNODALE
Je te salue, toi qui a été comblée de grâce.
PV
… te comble de grâce.
PLE
…réjouis-toi grâcieuse
COL
… toi à qui une grâce a été faite
LIV
… toi à qui Dieu accorde une grâce.
BAN
… toi qui a été reçue en grâce.
Voici maintenant les traductions catholiques avec leurs commentaires.
BUZY
Je vous salue, pleine de grâce.Note: L’expression s’accorde parfaitement au dogme de l’Immaculée Conception, si elle ne l’établit pas Salut, pleine de grâce. Salut, pleine de grâce.
CRAMPON 1939
Salut, pleine de grâce.
CRAMPON 1960
Salut, pleine de grâce.Note: Litt, devenue objet de la faveur (divine)
JÉRUSALEM
Salut, comblée de grâce.Note: Litt. toi qui as été et demeures remplie de grâce (de faveur divine).
MAREDSOUS EXPL.
Je vous salue, pleine de grâce.Note: Pleine de grâce: autre traduction: comblée des faveurs divines. L’ange reconnaît en Marie une sainteté d’un caractàre tout particulier, privilège que Dieu lui a octroyé en vue de la rendre digne de la maternité divine. La tradition chrétienne la plus ancienne a exprimé ce privilège par la croyance en l’absolue pureté de l’âme de la Vierge Marie, préservée, dès le premier instant de sa conception, de la tache originelle.
N. T. LETOUZEY
Salut, pleine de grâce.
PIROT -CLAMER
Salut, pleine de grâce.Note: Le parfait grec kekharitoménè, pleine de grâce, indique la possession non transitoire, mais permanente… C’est parce qu’elle est pleine de perfection morale que le Seigneur est avec elle. Cette grâce abondante, elle la possède dès avant la conception de Jésus ; Dieu l’a préparée à sa tâche. Aussi Pie IX, dans la bulle ineffabilis, a-t-il pu tirer de ces paroles de l’ange un argument en faveur de l’Immaculée Conception
OSTY-TRINQUET
Salut, remplie de grâce.Note: Jésus est « plein de grâce « (Jean 1.14) par droit de filiation divine, Marie en est « remplie » par privilège insigne.
ALBERTI:
Réjouis-toi, pleine de grâce.NOTE: « pleine de grâce ». Ces paroles indiquent non seulement que Marie avait été préservée du péché originel « depuis le premier instant de sa conception » dans le sein de sa mère Anne (= plénitude de grâce dans le temps) mais qu’elle avait une extraordinaire profusion de grâces, de dons et de vertu dans son âme (= plénitude de grâce par enrichissement). D’où plénitude magnifique, comme l’indiquent les paroles de l’ange, dans le temps et par enrichissement. Plénitude doit être entendu ici dans le sens de « surabondance », car toutes les vertus des anges, des saints et des hommes, réunies ensemble, ne peuvent être comparées à celles de Marie. Marie a eu cette plénitude de grâce au moment de sa conception, elle se trouvera encore enrichie après l’Annonciation; et cette grâce ne fera qu’augmenter jusqu’au jour de son Couronnement dans le ciel; mais le moment de l’Annonciation est pour elle un point culminant, et l’Ange la salue à juste titre en l’appelant « pleine de grâce ».
LASSERRE :
Je vous salue, vous qui êtes pleine de grâce.
SYNOPSE :
Salut, pleine de grâce.
TRI
Salut, pleine de grâce.Note: Devenue objet de la faveur divine
PDB
Réjouis-toi, Aimée de Dieu
BRU
pleine de grâce
Voici maintenant les traductions interconfessionnelles
TOB
Toi qui a la faveur de DieuNote: litt. favorisée
BFC
Le Seigneur t’a accordé une grâce particulière
Voici maintenant la traduction Chouraqui
CHO
Dilection, ô toi, pleine de Dilection (éd. 1976)Toi qui a reçu la paix (éd. 1985)
Albin Flury: (Lettres à Christine – Un prêtre répond à une protestante -, p, 69 et 70) donne, à propos de ce passage le commentaire suivant:
« … L’ange Gabriel a salué la jeune fille de Nazareth comme étant « pleine de grâce ». Cette grâce, c’était l’amitié de Dieu redonnée, mais elle était le fruit de la mort du Rédempteur Jésus-Christ. Il fallait donc que Marie ait déjà reçu d’avance, par faveur spéciale du Père céleste, cette grâce en héritage, à cause de sa dignité de mère de Dieu… En partant de cette réalité, la mère de Dieu est glorifiée dans l’Eglise catholique comme l’Immaculée Conception, comme celle qui seule entre tous les humains fut préservée de la tache du péché originel dès le premier instant de sa conception. A ce privilège s’ajoute un deuxième: l’Assomption corporelle au Ciel… Telle que Marie devait être sur terre – la proche compagne de la vie de Jésus – telle elle doit jouir d’une manière particulière de la présence toute proche et bienheureuse du Fils dans la gloire céleste. Ceci vaut également du pouvoir d’intercession. »
La mésintelligence provient de la traduction du mot grec kekharitoménè qui signifie littéralement: la étant graciée ou la rendue agréable. C’est en effet le participe présent passif du verbe kharitoô que l’on retrouve en Eph. 1.6 et qui signifie: donner, accorder la grâce, rendre agréable. Les traducteurs catholiques ont traduit ce verbe correctement en Eph. 1. 6.
… à la louange de gloire de sa grâce, dont il nous a gratifiés dans le Bien-aimé (traduction Jérusalem).
… afin de faire resplendir la grâce merveilleuse qui nous a été octroyée par lui dans le Bien-Aimé (traduction Maredsous).
… pour faire éclater la gloire de la grâce qu’il nous a départie par son (Fils) bien-aimé (traduction Buzy).
Dans son « Lexicon Graecum Novi Testamenti », le Père jésuite F. Zorell donne de « kekharitoménè » la traduction latine suivante: Dei benevolum amorem experta, ce qui signifie: qui a expérimenté (ou éprouvé) l’amour bienveillant de Dieu. Cette traduction, correcte, diffère de l’expression habituelle: gratia plena sur laquelle est échafaudée toute la Mariologie catholique.
En fait, l’expression pleine de grâce est en grec plèrès kharitos. On la trouve deux fois dans le Nouveau Testament; elle s’applique à Jésus en Jean 1.14 et à Etienne en Actes 6. 8.
Ainsi donc, toute une doctrine catholique se fonde sur une traduction controuvée…
*
JESUS ou MARIE
Pour le chrétien, il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ (1Tim. 2. 5).
Et c’est aussi Jésus-Christ – et non pas Marie 26 comme le proclament les invocations qui lui sont adressées – qui est
D’après les litanies, les prières et la doctrine catholiques tous ces privilèges et rôles seraient détenus par Marie, alors que l’apôtre Pierre a bien spécifié que :
« Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes (que celui de Jésus-Christ), par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4.12).
Tout ce qui ne procède pas d’un conviction est péché. (Rom. 14. 23, Maredsous)
Il n’a pas été possible d’analyser en détail toutes les divergences entre les diverses traductions et toutes les notes explicatives litigieuses. Mais on a pu se rendre compte que la Tradition ou les Dogmes ont établi des croyances qui ne concordent pas avec le Nouveau Testament. Souvent les notes proposées par les traducteurs catholiques tordent le sens des Ecritures, dans une tentative d’autojustification, ne s’appuyant que sur la tradition.
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Les traductions récentes que nous vernons d’analyser, rejoignent trés souvent les traductions qui ont eu notre préférence.
Les révisions des éditions catholiques sont devenues quelquesfois plus conformes au texte grec.
Ces nouvelles versions ne permettent plus d’accréditer le dogme de la virginité perpétuelle de Marie (NJER, Mt 1:25)
Elles soulignent l’intransmissibilité du saceredoce de Jésus-Christ (TRI, PDB, OSTR, TDB, BFC – Héb. 7.24) ébranlant certaines doctrines catholiques, et reconnaissent que les croyants peuvent avoir l’assurance de leur Salut (1 Co. 15.2).
ECRITURE ET TRADITION
Qu’une tradition apostolique orale ait existé, cela est incontestable. Mais qu’elle ait pu se transmettre sans altération pendant des siècles cela se conçoit difficilement. Pour preuve, il suffit de rappeler que le contenu de la tradition des Eglises romaines diffère de celui des Eglises orthodoxes, par exemple en ce qui concerne la primauté de Pierre et l’origine des frères de Jésus. De plus, certaines traditions très anciennes sont actuellement désavouées et leur précarité est plus ou moins reconnue, ainsi pour la tradition du ministère de 25 ans de Pierre à Rome.
Aujourd’hui, il n’est donc plus possible de reconnaître dans l’ensemble des traditions celles qui sont authentiquement apostoliques. Etant suspectes, il est donc illicite de s’appuyer sur elles pour interpréter un texte de l’Ecriture. Les affirmations contingentes de la Tradition ne peuvent que ternir ou tordre les affirmations certaines, absolues de l’Ecriture.
La Révélation de l’Ancien Testament nous est parvenue par les Ecritures, et non par la tradition orale. Jésus s’est très souvent référé à l’Ancien Testament, de même que les évangélistes et les épistoliers. (Voyez les tableaux suivants).
Jamais, pour fonder leurs doctrines, ils n’ont fait appel à la tradition que Jésus condamne, et surtout lorsqu’elle annule la Parole de Dieu (Matth. 15.6 et 7 ; Marc 7.5 à 13).
Liste des Versets du Nouveau Testament qui en réfèrent à l’Ancien Testament ou à des vérités scripturales de l’Ancien Testament.
Evangile
* = Les passages ou c’est notre Seigneur qui se réfère à l’Ecriture
Ne sont mentionnés ici que les textes qui font un appel explicite à l’Ancien Testament et non pas ceux, très nombreux, qui en font seulement des emprunts, et particulièrement abondants dans le livre de l’Apocalypse (plus de 200!).
Pourquoi la Révélation du Nouveau Testament aurait-elle un mode de transmission différent de celle de l’Ancien Testament?
Si Dieu avait choisi, pour la transmission de l’Evangile, la voie orale, pourquoi alors, l’Esprit-Saint aurait-il poussé les évangélistes et les épistoliers à écrire? N’est-ce pas pour conserver un témoignage écrit inaltérable pour la postérité?
Et pourquoi ce même Esprit-Saint aurait-il enjoint à l’Eglise d’établir le Canon des Ecritures du Nouveau Testament, si ce n’est pour dresser une barrière à toutes les prétendues traditions apostoliques?
S’il avait été dans les desseins de Dieu de nous transmettre les vérités évangéliques non seulement par les Ecritures mais encore par voie de tradition orale, quel sens faut-il attribuer aux avertissements de l’Esprit-Saint contre toute déformation de la doctrine primitive?
Voici quelques passages particulièrement significatifs à méditer.
Matth. 15.6 et 7 : Vous annulez ainsi la Parole de Dieu au profit de votre tradition. Hypocrites, Esaie a bien prophétisé sur vous, quand il a dit…
Luc 1.3 et 4 : Il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.
Jean 20. 31: Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.
1 Cor. 4.6: C’est à cause de vous, frères, que j’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul de vous ne conçoive de l’orgueil en faveur de l’un contre l’autre.
1 Cor. 15.1 et 2: Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que Je vous l’ai annoncé; autrement vous auriez cru en vain.
2 Cor. 11.13 et 14: Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière.
2 Cor. 13.5: Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes.
Gal. 1.7 à 9: Non pas qu’il y ait un autre Evangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Evangile de Christ. Mais, quand nous-même, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure: si quelqu’un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème!
Ce passage établit solennellement que l’ère de la révélation est close. Daniel-Rops même le reconnaît (« Qu’est-ce que la Bible », p. 176) : « Avec les dernières lignes des Epîtres, avec les derniers cris d’appel de l’Apocalypse se clôt le Livre: le message a été totalement délivré, la Révélation est complète ». Après la mort des apôtres, « l’Eglise vivra dans la lumière et la vie de l’Esprit-Saint, mais sans enrichir de révélations nouvelles le dépôt qu’elle a reçu des apôtres » (Robert-Tricot, « initiation biblique », p. 717).
Col. 2.8: Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ.
2 Tim. 1.13: Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi.
2 Tim. 3.14: Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises.
Tite 1.9: (Que l’évêque soit) attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs.
Tite 1.13 et 14: C’est pourquoi reprends-les sévèrement, afin qu’ils aient une foi saine, et qu’ils ne s’attachent pas à des fables judaïques et à des commandements d’hommes qui se détournent de la vérité.
1 Pi. 1.25: Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Evangile.
2 Pi. 3.16: C’est ce qu’il (Paul) fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine.
1 Jean 4.1 : Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.
2 Jean 9 : Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils.
Jude 1.3: Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la fol qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.
Apoc. 22.18 et 19 : Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.
Si la Tradition (qu’on a aussi définie comme la conscience de l’Eglise animée par le Saint-Esprit) ne concorde pas avec les Ecritures, ne faut-il pas en conclure qu’elle n’était qu’humaine. et qu’elle tombe ainsi sous la condamnation du Christ (Matth. 15.3 à 7) ?
Le retour à la seule source absolument authentique, la Bible, ne semble-t-elle pas s’imposer?
Les apologistes de la Tradition objecteront peut-être, « au nom de l’Histoire ». qu’il n’est pas possible de dépouiller le christianisme de toutes les parures dont il s’est chargé en deux millénaires (malgré l’exemple laissé par le Roi Josias en 2 Rois 22.10 à 23.25). Ce n’est pas dans le dépouillement des traditions et le retour au Livre de Dieu qu’ils voient se réaliser l’unité des chrétiens, mais dans une évolution progressive et convergente.
On nous dira aussi que l’unité avait existé, avant la Réforme, pendant 15 siècles, au sein de l’Eglise catholique, et que prêcher le retour aux seules Ecritures, c’est méconnaître ce long passé d’unité. Telle, en effet, apparaît généralement l’Histoire de l’Eglise. Mais on oublie le plus souvent que le schisme d’Orient est survenu en 1053, donc cinq siècles avant la Réforme, et ceci après sept siècles environ de dissensions entre Rome et l’Orient (Histoire de l’Eglise « , par Dom C. Poulet, tome I, p. 119).
EGLlSES DU NOUVEAU TESTAMENT
Et l’on ignore généralement que dès le début du christianisme et jusqu’à nos jours existent des Eglises évangéliques, fidèles au Nouveau Testament, formées d’assemblées locales, présidées par des anciens (voir « L’Eglise ignorée « , par E. H. Broadbent, Edit. Je Sème, Nyon en Suisse).
Et la Réforme, en fait, n’a été qu’un immense mouvement de retour vers ce christianisme primitif.
Ces Eglises primitives, tout en étant constituées d’assemblées locales indépendantes, sont unies entre elles parce qu’elles ont le même chef: Jésus-Christ (Eph. 1.22), la même doctrine: la Bible, le même Conducteur (1 Cor. 2. 12 ; Jean 7.39 ; Actes 2.17, 38 et 39) : l’Esprit-Saint, qui nous remémore l’appel de notre Seigneur:
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Nous ne pouvons que réinviter nos lecteurs à se laisser convaincre par les Ecritures, seules sources de Vérité (Jean 17.17) qui affirment que Jésus-Christ, mort à la croix et ressucité, est le seul chemin qui conduise à Dieu (Jean 14.6), le seul Médiateur entre Dieu et les hommes (1Tim 2.5), le seul Sauveur (Ac. 4.12) et qui accorde le Salut à quiconque se repent et croit en lui (Marc 1.15; Jean 3.16; Eph. 2.8).
C’est lui que :
Dieu … a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philipiens 2.9-11)
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C’est lui qui dit :
« Venez à moi » (Matth. 11.28)
« Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jean 18.37). »
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14.6). »
Robert SCHRŒDER
Du même auteur:
Le Messie de la Bible, Editeurs de Littérature Biblique, Braine-L’Alleud – Belgique
Comment reconnaître les sectes et leurs faux prophètes, Editeurs de Littérature Biblique, Braine-L’Alleud, 1996.
Notes:
1 Pour tout supplément d’information, veuillez nous écrire. Ecrire à R. Schrœder.
2 Sur « la Nouvelle Naissance », voir plus haut le chapitre consacré à la Nouvelle Naissance. Voir aussi note n° 6
3 La recherche des passages parallèles se tait à l’aide d’une Concordance. Pour faire ce travail, on s’est surtout servi des ouvrages suivants: « Concordance des Saintes Ecritures », Soc. Bibl. Auxili.. du canton de Vaud, Lausanne. » « Concordantiae Novi Testamenti Graece », D. Dr A. Schmoller, Privil. Württ. Bibelanstalt, Stuttgart. « Stichwort-Konkordanz », dans « Eine Konkordante Wiedergabe, Neues Testament », Konkordanter Verlag, Albert Blaettler, Adllswil-Zürich (Suisse).
4 Les traductions protestantes ne comportent généralement pas de notes doctrinales au bas des pages, tout au plus quelques explications de nature géographique ou des renvois à des passages parallèles.
5 Sauf indication particulière, toutes nos citations bibliques sont empruntées à la traduction Segond.
6 Sur la Nouvelle Naissance, consulter les Cahiers « Evangile » N° 41 et surtout 43 de la Ligue Catholique de l’Evangile.
7 Voir « A concordance to the septuagint » par Edwin Hatch M. A., D. D. and henry A Redpath, M. A. – Akademische Druck – und Verlagsanstalt Graz – Austria (1954, copie photomécanique de l’édition d’Oxford de 1897).
8 Le schisme d’Orient, survenu en 1053, résultait de la non reconnaissance de la primauté romaine par l’Eglise d’Orient, malgré les « fausses décrétales ».
9 Les livres des Maccabées, ainsi que ceux de Tobie, de Judith, de la Sagesse, de l’Ecclésiastique, de Baruch, la lettre de Jérémie, certains fragments de Daniel et d’Esther ne se trouvent pas dans l’original hébraique de la Bible, mais seulement dans la version grecque des Septante (LXX). Ces livres, appelés deutérocanoniques par les Catholiques, parce que leur canonicité et leur caractère inspiré étaient mis en doute par l’Eglise primitive, sont considérés comme apocryphes par les Juifs et les Protestants.
10 L’Eccléslastique, écrit d’abord en hébreu fut traduit en grec et est ainsi entré dans les Septante. En 1896, on a trouvé des fragments de quatre manuscrits en hébreu équivalant au 4/5 du livre.
11 Voir. Konkordanz zum Hebräischen Alten Testament, G. Lisowsky. 1958, Priv. Württ. Bibelanstalt Stuttgart.
25 « Ce que l’auteur sacré affirme, énonce, insinue, doit être regardé comme affirmé, énoncé, insinué par l’Esprit-Saint » (Commission biblique, décision du 18 juin 1915, cité par Daniel-Rops « Qu’est-ce que la Bible? » p.76).
26 Marie est, pour le pape Benoit XV « Médiatrice de toutes les grâces auprès de Dieu ». Pour Pie XI, « c’est Dieu qui a voulu que nous ayons tout par Marie ». Cité par Louis Ott, « Précis de Théologie dogmatique », p. 305. Pour Pirot-Clamer (tome XI, 1ère partie, p. 44) : « Toutes les faveurs nous viennent de Marie ».
27 Dans sa bibliographie, p. 307, . Précis de Théologie dogmatique, Louis Ott indique, non seulement sept ouvrages où Marie est qualifiée de « médiatrice », mais encore six ouvrages, où elle figure comme « corédemptrice ».
Lorsque les évangéliques louchent vers L’ésotérisme !
Centre de Recherches, d’Information et d’Entraide, Claude-Alain et Dora Pfenniger
La publicité orchestrée par certains magazines “évangéliques” en faveur d’auteurs inspirés des traditions ésotériques et mystiques demande réflexion.
Partons d’un exemple révélateur trouvé dans les colonnes du magazine chrétien Aufatmen1. Que penser des articles enthousiastes de cette grande revue évangélique allemande à propos d’un catholique bénédictin très en vogue : le Père Anselm Grün ?