À la chasse de Dieu
Dans sa prime jeunesse, Karl Marx était chrétien. La première de ses œuvres écrites – du moins de celles qui nous sont parvenues – s’intitule Union du fidèle au Christ. On y trouve ce beau mot :
Par l’amour dont nous aimons le Christ, nous orientons en même temps nos cœurs vers nos frères qui nous sont intime
ment liés et pour lesquels il s’est donné Lui-même en sacrifice (Marx and Engels, Collected Works, Vol. 1, International Publishers, N. Y. 1974).
Marx connaissait donc un moyen pour les hommes de devenir frères entre eux : c’est le christianisme.
Il poursuit :
L’union au Christ est capable de procurer l’exaltation intérieure, le réconfort dans la douleur, une confiance paisible et un cœur susceptible d’aimer humainement tout ce qui est noble et grand, non par désir d’ambition ou de gloire, mais à cause du Christ.
À peu près vers la même époque, il écrit dans sa thèse Considérations d’un jeune homme sur le choix d’une carrière :
La religion elle-même nous enseigne que l’Idéal vers lequel tous tendent leur effort s’est sacrifié Lui-même pour l’humanité. Qui oserait lui opposer un démenti ? Si donc nous avons choisi la situation où nous pouvons faire pour Lui le maximum, nous ne pourrons jamais plus être écrasés par le fardeau, puisque ce dernier ne sera pas autre chose que les sacrifices consentis pour l’amour de tous.
Il n’est conversion ni apostasie qui puisse transformer son homme à cent pour cent. Il arrive souvent que, par la suite, ses anciennes croyances ou incroyances remontent au champ de sa conscience, prouvant ainsi qu’elles n’ont pas été totalement effacées de son esprit, mais seulement refoulées dans le subconscient. L’ancien complexe chrétien apparaît en filigrane dans les écrits de Marx longtemps après qu’il soit devenu un militant acharné contre la religion.
Même dans ce livre touffu, consacré à l’économie politique, qu’est Le Capital, livre dans lequel des réflexions sur la religion sont parfaitement déplacées, Marx, le froid adversaire de la religion, écrit, complètement en dehors de son sujet :
Le christianisme avec son culte de l’homme abstrait et plus particulièrement dans ses formes bourgeoises comme le protestantisme, le déisme, etc., est la forme de religion la plus parfaite (Chapitre I, section IV).
Il ne faut pas oublier que Marx a été d’abord un chrétien convaincu. À sa sortie du lycée, son certificat porte sous la rubrique «
Instruction religieuse » cette appréciation :
Sa connaissance de la foi et de la morale chrétienne est lucide et bien fondée. Il possède également dans une certaine mesure l’Histoire de l’Église (Archives pour l’histoire du Socialisme et le Mouvement des Travailleurs, 1925, en allemand).
Peu de temps après l’obtention de ce certificat il se passe dans sa vie quelque chose de mystérieux. En effet, bien longtemps avant que Moses Hess ne l’amène, en 1841, aux convictions socialistes, il était déjà devenu profondément et passionnément antireligieux.
Au cours de ses années d’études supérieures, un autre Marx avait surgi. Lui-même écrit dans un poème :
Je veux me venger de Celui qui règne au-dessus de nous
Il est donc persuadé que « là-haut Quelqu’un règne » et il a un grief contre lui. Pourtant ce Quelqu’un ne lui a fait aucun mal. Marx appartient à une famille relativement aisée. Il n’a pas connu la faim dans son enfance, et il est plus favorisé que beaucoup de ses condisciples. Qu’est-ce qui a donc pu faire naître en lui cette haine implacable contre Dieu ? Ses motifs personnels nous échappent. Faut-il en conclure que Marx dans cette déclaration est simplement le porte-parole d’un autre ?
À l’âge où tout jeune homme normal nourrit le beau rêve de faire du bien à son prochain et de se préparer à sa carrière, pour quelle raison écrit-il les vers suivants dans son poème « Invocation d’un désespéré » :
Ainsi un dieu m’a arraché mon tout
Dans les malédictions et dans les coups du sort.
Tous ses mondes se sont évanouis
Sans espoir de retour,
Et il ne me reste plus désormais que la vengeance.
Je veux me bâtir un trône dans les hauteurs,
Son sommet sera glacial et gigantesque,
Il aura pour rempart la terreur de la superstition,
Pour maréchal, la plus sombre douleur.
Quiconque porte vers ce trône un regard sain,
Le détournera, pâle et muet comme la mort,
Tombé entre les griffes d’une mortalité aveugle et frissonnante.
Puisse son bonheur creuser sa tombe !
(Karl Marx, Morceaux choisis, Vol. I – New York, International Publishers,
1974)
Les mots « Je veux me bâtir un trône » et l’aveu que de Celui qui y est assis ne peuvent émaner qu’angoisse et terreur n’évoquent-ils pas Lucifer et son programme:
J’escaladerai les cieux ; plus haut que les étoiles de Dieu, j’érigerai mon trône (És 14.13) ?
Pourquoi Marx veut-il un tel trône ? La réponse se trouve dans un drame peu connu, composé également pendant ses années d’études, intitulé « Oulanem ». Pour expliquer ce titre, il nous faut faire une digression.
Il existe une église de Satan. L’un de ses rites est la messe noire, célébrée à minuit par un prêtre du Malin. Les cierges sont placés sur les chandeliers la tête en bas. Le prêtre est revêtu des ornements, doublures à l’extérieur. Il dit tout ce qui est prescrit dans le livre de prières, mais à rebours, en commençant par la fin. Les saints noms de Dieu, de Jésus et de Marie sont lus à l’envers. Une hostie consacrée volée dans une église reçoit l’inscription « Satan » et sert à une communion dérisoire. Au cours de cette messe noire, une Bible est consumée par le feu. Tous les assistants jurent de commettre les sept péchés capitaux énumérés dans le catéchisme catholique. La cérémonie se termine par une orgie.
À dessein « Oulanem » est l’inversion d’un nom sacré ; c’est l’anagramme d’Emmanuel, nom biblique de Jésus qui signifie en hébreu « Dieu est avec nous ». De tels noms inversés ont leur efficacité en magie noire.
Et maintenant nous ne serons à même de comprendre le drame d’ «Oulanem » que si nous écoutons d’abord l’étrange confession de Marx dans son poème Le ménestrel :
Les vapeurs infernales me montent au cerveau
Et le remplissent jusqu’à ce que je devienne fou
Et que mon coeur soit complètement changé.
Regarde cette épée :
Le Prince des ténèbres me l’a vendue.
Dans les rites d’initiation supérieure du culte satanique, le candidat reçoit une épée enchantée qui lui assurera le succès. Il l’achète au prix d’un pacte, signé du sang pris à son poignet, selon lequel son âme après sa mort appartiendra à Satan. Voici un extrait d’Oulanem :
Il bat la mesure et donne le signal.
De plus en plus hardiment, je joue la danse de la mort.
Et ils sont aussi Oulanem, Oulanem.
Ce nom résonne comme la mort,
Puis se prolonge jusqu’à s’éteindre misérablement.
Arrêtez ! Je le tiens ! Il s’élève maintenant de mon esprit,
Clair comme l’air, aussi consistant que mes propres os.
Mais j’ai le pouvoir, avec mes bras,
De vous écraser et de vous broyer ( « vous » = l’humanité personnifiée)
Avec la force d’un ouragan,
Tandis que pour nous deux l’abîme s’ouvre béant dans les ténèbres.
Vous allez y sombrer jusqu’au fond,
Je vous y suivrai en riant,
Vous susurrant à l’oreille « Descendez, venez avec moi, mon ami !
La Bible que Marx avait étudiée durant ses années de lycée et qu’il n’avait pas oubliée dans sa maturité dit que le diable serait enchaîné par un ange et précipité dans l’abîme (abyssos, en grec : Ap 20.3). C’est dans cet abîme réservé au diable et à ses anges que Marx souhaite précipiter l’humanité tout entière.
À qui donc Marx prête-t-il sa voix dans ce drame ? N’est-ce pas dépourvu de bon sens de s’attendre de la part d’un jeune
étudiant à ce qu’il poursuive comme rêve de sa vie une telle vision de l’humanité entraînée dans l’abîme des ténèbres (les ténèbres extérieures, expression biblique équivalent à l’enfer) tandis que lui-même, secoué d’un rire mauvais, suit ceux qu’il a conduits à l’incroyance ?
On ne trouve nulle part au monde la recherche d’un tel idéal, si ce n’est dans les rites d’initiation de l’église de Satan, et encore dans les degrés supérieurs.
Mais le moment de la mort est arrivé pour Oulanem. Écoutons ses dernières Paroles :
Perdu. Perdu. Mon heure est venue.
L’horloge du temps s’est arrêtée,
La maison pygmée s’est effondrée.
Bientôt j’embrasserai sur mon sein l’éternité,
Bientôt je proférerai sur l’humanité
D’horribles malédictions.
Marx aimait ce mot de Méphistophélès dans Faust : « Dans l’existence tout mérite la destruction. » « Tout », y compris le prolétariat et les camarades. Marx, dans Le 18 Brumaire, a cité ces paroles. Staline les a prises à la lettre, allant jusqu’à détruire sa propre famille.
La secte de Satan n’est pas matérialiste. Elle croit à la vie éternelle. Oulanem, personnage à qui Marx prête sa voix, ne la conteste pas. Il affirme son existence, mais elle consiste en une vie de haine poussée au paroxysme.
Notons en passant que, pour les diables, éternité est synonyme de tourments. C’est ainsi que Jésus s’entendit reprocher :
« Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? » (Mt 8.29)
Marx poursuit :
Ah ! l’éternité, notre tourment éternel,
Une mort indicible et incommensurable,
Abjecte, artificiellement conçue pour nous narguer,
Nous autres, rouages aveuglément mécanisés,
Faits pour être les calendriers absurdes
Du Temps et de l’Espace,
Sans autre objet que de se trouver là
Pour être détruits.
Nous commençons un peu à comprendre ce qui était arrivé au jeune Marx. Il avait eu des convictions chrétiennes, mais il n’avait pas mené une vie conforme à ces principes. Sa correspondance avec son père fait foi des grosses sommes d’argent gaspillées dans les plaisirs et de ses perpétuelles disputes avec l’autorité de ses parents pour ce motif et pour d’autres encore.
C’est alors, vraisemblablement, qu’a pu avoir lieu son endoctrinement dans l’église hautement secrète de Satan et qu’il a été initié à ses rites. Satan parle par la bouche de ses adorateurs qui le voient au cours d’hallucinations orgiaques. Et c’est ainsi que Marx n’est pas autre chose que son porte-parole lorsqu’il déclare :
Je veux me venger de Celui qui règne là-haut.
Écoutons plutôt la fin d’Oulanem :
S’il y a quelque chose capable de détruire,
Je m’y jetterai à corps perdu,
Quitte à mener le monde à la ruine.
Oui, ce monde qui fait écran entre moi et l’abîme,
Je le fracasserai en mille morceaux
À force de malédictions ;
J’étreindrai dans mes bras sa réalité brutale,
Dans mes embrassements il mourra sans un mot
Et s’effondrera dans un néant total,
Liquidé, sans existence :
Oui, la vie, ce sera vraiment cela !
(Ces citations sont tirées du livre de Robert Payne, The Unknown Karl Marx, – Karl Marx inconnu – New York University Press, 1971).
Dans Oulanem, Marx fait exactement comme le diable : il livre à la damnation toute la race humaine. C’est sans doute le seul drame au monde où tous les acteurs soient pleinement conscients de leur propre corruption, qu’ils ne craignent d’ailleurs pas d’étaler et dont ils font état avec conviction. Pas de noir et blanc. Il n’y a ici ni Claude et Ophélie, ni Iago et Desdémone, tout est noir et révèle les traits de Méphistophélès. Tous les personnages sont des suppôts de Satan, corrompus, damnés.
À l’époque où il écrit cela, Marx, génie précoce, n’a pas 20 ans. Il a déjà fait le programme de sa vie. Pas un mot sur le service de l’humanité, le prolétariat ni le socialisme. Il veut mener le monde à sa perte. Il veut se bâtir un trône « qui aura pour rempart le frisson des hommes ».
De ce temps-là également datent certains passages à mots couverts de la correspondance échangée entre Karl Marx et son père.
Le fils écrit :
« Le rideau est tombé. Mon Saint des Saints s’est déchiré et il a fallu installer de nouveaux dieux ».
Ces lignes du 10 novembre 1837 sont d’un jeune homme qui, jusque-là, avait fait profession de christianisme. Il avait déclaré précédemment que le Christ était dans son cœur. Il n’en est plus ainsi désormais. Qui sont « les nouveaux dieux » installés à sa place ?
Son père lui répond :
Je me suis abstenu d’insister pour avoir une explication sur une question très mystérieuse, bien qu’elle me paraisse fort douteuse.
Quelle était cette question mystérieuse ? Aucun des biographes de Marx n’a encore donné l’interprétation de ces mots étranges.
Werner Blumeberg, dans son livre Portrait de Marx, cite une lettre du père de Marx à son fils. Elle est datée du 2 mars
1837 :
Ton avancement, l’espoir de voir un jour ton nom hautement réputé et ton bien-être en ce monde ne sont pas les seuls désirs de mon cœur. Ce sont là, il est vrai, des rêves longtemps caressés ; je puis cependant t’assurer que leur réalisation ne m’aurait pas rendu heureux. Mais si ton cœur demeure pur, s’il bat avec humanité et si nul démon ne réussit à le priver de ses sentiments les plus nobles, alors seulement je serai parfaitement heureux.
Qu’est-ce qui a soudain poussé le père à exprimer sa crainte d’une influence démoniaque sur son jeune fils bon chrétien jusque là? Était-ce les pièces de vers qu’il avait reçues de lui comme cadeau d’anniversaire pour ses 55 ans ?
Voici une autre citation où Marx, dans son poème Sur Hegel, révèle lui-même sa pensée, inspirée de Hegel :
J’enseigne des mots enchevêtrés dans un embrouillamini diabolique, ainsi chacun peut croire vrai ce qu’il choisit de penser.
Ailleurs, dans le poème La vierge pâle, il avoue :
Ainsi j’ai perdu le ciel,
Je le sais très bien.
Mon âme naguère fidèle à Dieu
A été marqué pour l’enfer.
Cela se passe de commentaire.
Au début, Marx avait des ambitions d’artiste. Mais ses poèmes et drames, dépourvus de valeur littéraire, ne connurent aucun succès ; ils sont cependant utiles pour nous dévoiler l’état de son cœur.
L’échec en peinture et en architecture nous a donné un Hitler. L’échec dans le genre dramatique, un Goebbels. L’échec en philosophie et en peinture nous a valu respectivement deux autres criminels de guerre, Rosenberg et Streicher. Quant à Marx, obligé de renoncer à la poésie, il entre au nom de Satan dans une carrière révolutionnaire contre une société qui n’avait pas su apprécier ses oeuvres. Évidemment il ne s’agit là que d’un motif – entre autres – de sa révolte absolue. Une autre cause : il était méprisé en tant que juif.
Deux ans plus tard, le jeune Marx écrit « La différence entre la philosophie de la nature chez Démocrite et chez
Épicure » où il fait sienne, dans la préface, la déclaration d’Eschyle : « Je nourris de la haine pour tous les dieux». Il atténue quelque peu cette affirmation en disant qu’il est contre tous les dieux sur terre et dans le ciel qui ne reconnaissent pas comme déité suprême la conscience de l’homme.
Marx était l’ennemi déclaré de tous les dieux – lui qui avait acheté son épée au Prince des ténèbres. Il s’était fixé comme but d’entraîner l’humanité tout entière dans l’abîme de perdition et de l’y rejoindre en ricanant.
Marx a-t-il réellement acheté son épée à Satan ?
Dans un livre intitulé « The moor and the general. Remembrances about Marx and Engels » , (Editions Dietz, Berlin 1964) sa fille Eleanor nous dit que lorsqu’elles étaient petites, elle et ses soeurs, leur père se plaisait à leur raconter des histoires. Il y en avait une surtout qu’elle aimait entre toutes ; il y était question d’un certain Hans Röckle. Mais laissons-lui la parole :
Le récit en durait des mois et des mois, car c’était une histoire très longue et qui n’en finissait plus. Hans Röckle était un sorcier… il avait un magasin de jouets… et beaucoup de dettes !… Malgré sa qualité de sorcier, sa caisse était toujours vide, aussi fut-il contraint de vendre au diable, pièce par pièce, toutes ces jolies choses qui lui appartenaient… Plusieurs de ces aventures étaient terrifiantes et nous faisaient dresser les cheveux sur la tête.
Est-ce normal qu’un père de famille parle ainsi à de jeunes enfants de choses horribles ayant trait à la vente au démon de ce qu’ils ont de plus cher ? Robert Payne dans Marx (Simon and Schuster, New-York, 1968) fait allusion à cela avec abondance de détails ressemblant à ceux fournis par Eleanor. Il insiste sur le fait que Röckle, le magicien, était très malheureux et que c’est bien à contrecoeur qu’il finissait par consentir à céder ses jouets, cherchant jusqu’au dernier moment à les retenir. Mais son pacte avec le diable était signé et il n’y avait donc pas moyen d’y échapper.
L’auteur ajoute :
Ces histoires interminables étaient, selon toute probabilité, une autobiographie… Marx avait la vision du monde propre à Satan ; il en avait aussi la malignité. D’ailleurs il semble bien parfois être conscient de faire l’oeuvre du Mal.
Quand il terminait Oulanem et les autres écrits de jeunesse où il avoue avoir fait alliance avec le diable, Marx ne pensait pas du tout au socialisme. Il l’avait même combattu. Il était rédacteur d’une revue allemande, « Rheinische Zeitung »
“qui n’accorde même pas de valeur théorique aux idées communistes sous leur forme actuelle et qui souhaite encore moins leur réalisation pratique, la trouvant, de toute façon, impossible… Des tentatives de la part des masses en vue de promouvoir ces idées communistes sont à accueillir par une canonnade dès qu’elles deviennent un danger…
Parvenu à ce stade, Marx rencontre Moses Hess, l’homme qui jouera dans sa vie le rôle le plus important, celui qui lui a fait embrasser l’idée socialiste. Mais ce n’est pas ce que dit Hess à son sujet :
Docteur Marx – mon idole – qui donnera le coup de pied fatal à la religion et à la politique du Moyen Âge.
« Donner un coup de pied à la religion » est donc bien son but principal. Un autre ami de Marx à cette époque, Georges
Jung, écrit d’une manière encore plus claire en 1841 :
Marx va sûrement chasser Dieu de son ciel et il fera lui-même son procès. Il prétend que la religion chrétienne est l’une des plus immorales (Conversations avec Marx et Engels. Insel éditeur, Allemagne, 1973).
Rien d’étonnant puisque Marx croyait que les premiers chrétiens avaient même égorgé des hommes et mangé leur chair.
Telles étaient donc les prévisions de ceux qui avaient initié Marx aux arcanes du satanisme. Il est absolument faux, par conséquent, qu’il nourrissait le grand idéal social d’aider l’humanité et que, la religion étant à ses yeux un obstacle à la réalisation de cet idéal, il avait adopté pour cela une attitude antireligieuse. C’est tout le contraire. Marx haïssait tous les dieux sans exception et jusqu’à la notion même de dieu. Il s’était porté volontaire pour « chasser Dieu à coups de pied».
Le socialisme ne constitue pour lui qu’un appât pour attirer prolétaires et intellectuels à cet idéal diabolique. Lorsque les Soviets, au début, prirent comme slogan : « Chassons les capitalistes de la terre et Dieu du ciel », ils étaient simplement fidèles à l’héritage reçu de Marx.
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J’ai parlé plus haut de l’inversion des noms comme procédé de la magie noire. Or les inversions sont tellement ancrées dans la pensée de Marx qu’il en fait usage partout. Au livre de Proudhon « Philosophie de la misère » il répond par un autre qu’il intitule « La misère de la philosophie ». « Il nous faut employer, dit-il, au lieu de l’arme de la critique, la critique des armes » etc.
L’aspect hirsute de Marx avec ses cheveux et sa barbe ne vous a-t-il jamais posé question ? Les hommes de son temps portaient en général la barbe, mais pas comme la sienne ! ni des cheveux aussi longs. L’allure de Marx est typique des adeptes de Johanna Southcott, prêtresse d’une secte extravagante qui prétendait être en relations avec le démon Shiloh (Conversations entre Marx et Engels).
Il est curieux de constater qu’en 1814, quelque 60 ans après sa mort, « le groupe de Chatham des Southcottians comptait dans ses rangs un militaire, James White, qui, après son temps de service aux Indes, revint diriger le groupe local, répandant encore la doctrine de Johanna en lui donnant une coloration communiste » (James Hastings, Encyclopaedia of Religion and Ethics. N. Y. Charles Scribner’s Sons, 1921, XI, 756).
Karl ne parlait guère métaphysique en public, mais nous pouvons reconstituer sa pensée en nous référant aux hommes à qui il
était associé. Parmi eux Michel Bakounine, membre de la Première Internationale, écrivait :
Satan est le premier libre-penseur et sauveur de ce monde. Il libère Adam et imprime sur son front le sceau de l’humanité et de la liberté en faisant désobéir » (Dieu et l’État, citations des Anarchistes, édité par Paul Berman, Praeger éditeur, N. Y. 1972).
Bakounine ne se contente pas de faire le panégyrique de Lucifer, il a également un programme concret de révolution – mais pas pour libérer les pauvres de l’exploitation. Dans cette révolution, écrit-il, il nous faudra réveiller le diable chez le peuple et exciter en lui les passions les plus viles » (Cité dans Dzerjinski par R. Gul, « Most » Pub. House, New-York, en russe).
C’est précisément avec ce Bakounine dont le programme est si étrange que Karl Marx a créé la Première Internationale. C’est lui qui nous révèle que Proudhon, autre grand penseur socialiste et à l’époque ami de Karl Marx, « adorait Satan », lui aussi.
Proudhon avait été présenté à Marx par Hess ; il avait également le même style chevelu-barbu typique de la secte satanique de Johanna Southcott au XIXe siècle (Conversations avec Marx et Engels, Insel Verlag, 1973, Allemagne).
Dans son ouvrage « Sur la justice dans la révolution et dans l’Église », Proudhon déclare que Dieu est le prototype de l’injustice.
Il s’exalte :
Dieu est stupidité et lâcheté, Dieu est hypocrisie et fausseté, Dieu est tyrannie et pauvreté, Dieu est mauvais. Partout où l’humanité s’incline devant un autel, esclave des rois et des prêtres, elle sera condamnée… Je jure, ô Dieu, la main levée vers le ciel, que tu n’es rien d’autre que l’exécuteur de ma raison, le sceptre de ma conscience… Dieu est essentiellement anti-civilisé, antilibéral, anti-humain.
Proudhon déclare que Dieu est mauvais parce que l’homme, sa création, est mauvais. Mais de telles pensées ne sont pas originales : on les trouve d’ordinaire dans les sermons du culte de Satan.
Quand il se brouilla plus tard avec Proudhon, Marx écrivit un livre pour réfuter sa « Philosophie de la misère » où se trouvent les citations ci-dessus. Il contredit sa doctrine économique sur des points secondaires, mais il n’a aucune objection sur sa révolte démoniaque contre Dieu. Il convient ici de souligner avec force que Marx et ses disciples, même s’ils étaient anti-Dieu, n’étaient pas pour autant des athées comme l’avancent pourtant les communistes d’aujourd’hui. En d’autres termes, ils prouvaient leur haine pour un Dieu en qui ils croyaient en le dénonçant ouvertement et en l’insultant. Ce n’est pas son existence qu’ils remettaient en cause, mais sa suprématie.
Lors de l’insurrection de la Commune de Paris en 1871, le communard Flourens déclarait :
Notre ennemi, c’est Dieu. La haine de Dieu est le commencement de la sagesse (Philosophie du Communisme, Introduction par Charles Boyer, Fordham
University Press, N. Y.)
Nous atteignons à la connaissance malgré lui, nous nous procurons le bien-être malgré lui, nous arrivons à la société malgré lui encore. Chaque pas en avant est une victoire où nous l’emportons sur le divin.
Marx louait hautement les communards qui proclamaient ouvertement cet objectif. Mais quel rapport cela peut-il bien avoir avec une distribution équitable des biens ou de meilleures institutions sociales ? Il ne s’agit là que d’un masque pour dissimuler le but véritable : l’extermination totale de la foi en en Dieu et de son culte. La preuve en sont aujourd’hui des pays comme la Chine (rouge), l’Albanie et la Corée du Nord où toutes les églises, mosquées et pagodes ont été fermées.
Marx a composé des poèmes très intéressants sur ce thème. De l’avis général ils n’ont aucune valeur littéraire, mais les pensées exprimées sont révélatrices. Dans « La prière d’un désespéré » et « Orgueil humain », la prière suprême de l’homme est pour sa propre grandeur. Si l’homme est condamné à périr à cause de sa propre grandeur, ce sera la catastrophe cosmique, mais il mourra en être divin, pleuré des démons. Dans sa ballade intitulée « Le ménestrel » il célèbre la plainte du chanteur contre un dieu qui ne connaît ni ne respecte son art, qui émergeant du ténébreux abîme des enfers,
« ensorcèle l’esprit et séduit le cœur – et sa danse est une danse macabre ».
Le ménestrel tire son épée et l’enfonce dans le cœur du poète.
« L’art émergeant du ténébreux abîme des enfers ensorcelant l’esprit »,
cela évoque les paroles du révolutionnaire américain Jerry Rubin dans « Do it » :
« Nous avons associé jeunesse, musique, sexe, drogue, révolution avec trahison ; c’est là quelque chose de bien difficile à dépasser. »
Dans un autre poème où il avoue que son but n’est pas d’améliorer le monde, pas plus que de le réformer ou de le mettre en
état de révolution, mais bien de le précipiter purement et simplement à sa ruine pour en jouir, Marx déclare notamment :
Dédaigneusement, je jetterai mon gant
À la face du monde
Et verrai s’effondrer ce géant pygmée
Dont la chute n’éteindra pas mon ardeur.
Puis comme un dieu victorieux j’irai au hasard
Parmi les ruines du monde
Et, donnant à mes paroles puissance d’action,
Je me sentirai l’égal du Créateur.»
(de la traduction du D. Mc Lellan de « Marx before marxism », McMiIlan)
Ce n’est pas sans lutte intérieure, en effet, qu’il choisit Satan. Ses poèmes furent achevés lors d’une grave maladie causée par la violente tempête déchaînée dans son cœur. Il note alors combien il se sent vexé de devoir se faire une idole d’une idée qu’il déteste. Il en tombe malade (ibidem).
La raison majeure de la conversion de Marx au communisme apparaît clairement dans une lettre de son ami Georges Jung à Ruge. Il n’est pas question de l’émancipation du prolétariat ni d’un ordre social meilleur. Lisons plutôt :
Si Marx, Bruno Bauer et Feuerbach s’associent pour fonder une revue politico-théologique, Dieu fera bien de s’entourer de tous ses anges et de se laisser aller à se plaindre, car ces trois-là réussiront certainement à le chasser du ciel… » (Cité par Mc Lellan, voir ci-dessus).