Presse: Homéopathie: le scandale Boiron

Article repris avec autorisation de l’auteur (01/2018) Athéenuation IV (twitter: @AtheeIV)

Les laboratoires Boiron, spécialisés dans l’homéopathie, voulant éviter les effets négatifs d’une critique sur Internet et la faire taire, ont au contraire donné une résonance particulière aux propos qui les gênaient, comme souvent en pareil cas.

 



Que s’est-il passé ?

Un blogueur italien, Samuele Riva, a publié sur son site blogzero.it des propos peu amènes pour l’homéopathie et pour les laboratoires Boiron, en particulier sur son produit Oscillococcinum, vendu en masse pour contrer les « états grippaux » avec force publicité télévisée. C’est bientôt la rentrée, vous n’échapperez pas à ces charmants petits spots: « aussitôt oscillo » ! Riva disait en substance sur son blog:

« Il n’y a aucune molécule active dans le produit »
« L’homéopathie est une insulte à l’intelligence»

Ces propos n’ont pas plu aux labos susnommés, qui se sont fendus d’un courrier rageur et menaçant parlant de diffamation, exerçant des pressions sur l’hébergeur pour qu’il supprime le blog. Rappelons qu’ils y a diffamation si les propos incriminés sont infondés. Ces pressions sont un scandale que je dénonce ici, car malheureusement pour Boiron, les propos en question de Riva sont non seulement parfaitement justifiés, mais encore bien en dessous de la réalité. Voyons pourquoi.

L’homéopathie c’est quoi ?

Pour la plupart des gens, les produits homéopathiques sont des « médicaments à base de plante », « produits naturels », ce qui est totalement faux. De plus ils sont vendus en pharmacie, et même en partie remboursés pour certains par l’assurance maladie. Dans ces conditions et avec ces cautions, pourquoi douter de leur sérieux ?

En réalité, ces médicaments n’en sont pas: ils sont totalement inefficaces, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’ils ne contiennent absolument rien. Bien sûr, il ne faut pas compter sur les laboratoires comme Boiron pour diffuser ce genre d’information, qui risquerait de mettre à mal leur très juteux business, consistant principalement à vendre de la poudre de perlimpinpin.

Ça vous semble outrancier ? C’est que vous ne savez pas ce qu’est vraiment l’homéopathie. Alors accrochez-vous au pinceau et lisez la suite, je vous assure que ça en vaut la peine.

L’homéopathie ça vient d’où ?

Les produits homéopathiques ont été inventés par un certain Hahnemann, né en 1755, selon le principe du « soigner le mal par le mal ». Ce principe est souvent nommé « loi de similitude ». Il consiste à administrer au malade, en petite quantité, une substance qui produit les mêmes symptômes que la maladie à soigner, ce qui devrait soigner le mal à la source. Et pour éviter tout problème prévisible d’empoisonnement, Hahnemann a prévu de diluer la substance « active », et même, tant qu’à faire, à la diluer beaucoup, car plus grande serait la dilution, plus actif serait le médicament obtenu !

Poser ces hypothèses, pourquoi pas ? Toute hypothèse, aussi farfelue soit-elle, peut-être formulée. Le tout est ensuite de la confronter correctement à la réalité afin de la valider ou de l’infirmer. Sinon, vous, moi, n’importe qui, peut proclamer avoir inventé un nouveau médicament miracle et le faire gober aux personnes crédules moyennant finances. N’oublions jamais qu’un esprit ouvert c’est bien, mais que cela doit toujours s’accompagner d’esprit critique, si l’on ne veut pas se faire bouffer tout cru par le premier charlatan venu.

Malheureusement, comme cela a trop souvent été le cas en matière de médecine jusqu’au milieu du vingtième siècle, poser le principe de l’homéopathie, c’est le rendre « vrai », au sens performatif du terme. Dites n’importe quoi, mais dites-le avec assurance: voilà la clé du succès ! Donc de validation, point. Pourquoi faire ? Quelques expérimentations faites sur lui-même par Hahnemann lui suffirent pour conclure hâtivement à l’efficacité du procédé, ce dont on pouvait se douter. Sûr de lui, il réussit ensuite à convaincre d’autres personnes. Il donne le nom de « lois » à ses inventions, et cela fait, par enchantement, que ces lois existent. Ces prétendues « lois » donc, inventées il y a 200 ans, bien qu’elles ne soient étayées ni confirmées par strictement rien de probant, contraires à toutes nos connaissances actuelles en physique et en biologie, président encore maintenant à la production et la vente de millions de « médicaments ».

La dilution extrême

Tout élève de lycée le sait bien, la matière, formée de molécules et d’atomes, n’est pas infiniment sécable. Cela veut dire qu’au-delà d’un certain taux de dilution, la probabilité pour qu’il reste dans le résultat de cette dilution une seule malheureuse molécule de la substance initiale devient très, mais alors vraiment très proche de 0. Cela découle de la loi d’Avogadro, loi qui n’a rien d’imaginaire, elle.

Jetez dans la mer à Brest un dé à coudre de votre substance, disons de l’arsenic, laissez s’écouler quelques mois pour un bon mélange, puis sautez dans un avion pour aller prélever un nouveau dé à coudre d’eau de mer en Nouvelle Zélande. Vous obtiendrez alors une dilution d’environ 12CH (voir plus loin), c’est à dire sensée être encore des milliards de fois plus concentrée que certaines utilisées par Boiron.

Reprenons le cas d’Oscillococcinum. La dilution est ici de 200K. Le K, ou le CH, c’est à dire Centésimale Hahnemannienne, presque identique, correspondent au type et degré de dilution. 1CH signifie que le principe actif est dilué 100 fois, c’est à dire un volume de cette substance dans 100 volumes d’excipient, généralement de l’eau. On fait une petite agitation spéciale (on dit une succussion dans le rite de la magie homéopathique inventée par Hahnemann), essentielle puisqu’elle conditionne la réussite de la préparation en la « dynamisant », puis on prélève un volume du résultat. Et on recommence, pour obtenir 2CH, 3CH, etc. Dans le cas du 200CH ou 200K, on procède donc successivement à 200 fois cette opération.

Pour comprendre pourquoi cette technique vaut vraiment son pesant de cacahouètes, imaginons un volume initial de 1 cm3 d’arsenic. 1CH correspond donc à une dilution d’un centième: un cm3 d’arsenic pour 99 cm3 d’eau. 2CH correspond maintenant à un centième de centième, soit un dix-millième. A 3CH, on arrive déjà à un millionième, c’est à dire, si on le faisait en une seule opération, la dilution de notre cm3 initial d’arsenic dans un mètre cube d’eau. Ça reste encore raisonnable.

Mais comme vous le voyez, cela progresse très vite: 4CH, c’est un cm3 dans 100m3 d’eau, une bonne piscine… 5CH, dans 10000m3 d’eau, un beau petit lac… continuons… A 12CH, on arrive grosso-modo au volume total des océans terrestres…

Un petit calcul simple montre alors que le résultat final pour 200CH est identique à celui que vous obtiendriez en diluant 1cm3 d’arsenic dans un volume d’eau de 100x100x100x…x100 cm3 (avec cette multiplication faite 200 fois), soit 100 puissance 200 cm3, soit encore 10 puissance 400 (c’est à dire un 1 suivi de 400 zéros). Les mots me manquent pour commencer à rendre intelligible le volume d’eau que cela représente. Même exprimé en milliards de milliards d’années-lumière au cube (donc un cube dont l’arrête correspond à la distance parcourue par la lumière dans le vide en un milliard de milliards d’années, l’univers je le rappelle n’étant vieux que de 15 milliards d’années environ), le nombre s’écrirait encore avec une suite d’environ 300 chiffres… Ça fait quand même beaucoup d’eau pour diluer notre petit cm3 initial ! Notre préparation à 200K ou 200CH est cependant sensée être diluée à ce degré absolument pharamineux, tel que vous êtes absolument certain que votre prélèvement final ne contient aucune trace de votre ridicule petit cm3 initial. En réalité, avec Avogadro, le calcul montre qu’il n’y a plus rien du tout à partir de 12CH !

Conclusion: vous avez beaucoup plus de chances de gagner 50 semaines de suite à l’euromillion, que de trouver une seule molécule de principe actif dans l’Oscillococcinum 200K des laboratoires Boiron.

Mais au fait, c’est quoi le principe actif d’Oscillococcinum ?

Si vous n’êtes pas encore tombé de votre chaise, tenez-vous bien ! Car ce principe actif, c’est encore une pure invention, cette fois-ci d’un dénommé Joseph Roy, né en 1891. Ce monsieur voyait un microbe, qu’il a baptisé l’oscillocoque, absolument partout. Comme ces microbes étaient selon lui responsables de la grippe (mais aussi du cancer et d’une foule d’autres choses), il imagina donc de créer des préparations homéopathiques à partir, pourquoi pas, d’extraits de foie de canard de Barbarie, sensé en contenir. Pour quelle raison du foie de canard de Barbarie ? Mystère total. Personne ne le sait, ni ne s’en inquiète d’ailleurs. Une touche glamour peut-être, c’est important pour le marketing. Ou bien probablement Monsieur Roy avait-il sous la main ce jour d’illumination un foie de canard de Barbarie ? Allez savoir ! Et voilà, c’est la recette que continue de suivre Boiron. Mais il y a beaucoup mieux: ce fameux microbe, l’oscillocoque, qui vous l’avez compris donne son nom à Oscillococcinum, est absolument inconnu au bataillon ! Aucun bactériologiste ne l’a jamais vu ! Car Roy, évidemment, était complètement à côté de la plaque… Et comme ce microbe n’existe pas, il faut se lever de bonne heure pour en trouver dans du foie de canard, fut-il de Barbarie.

Oscillococcinum, qu’on le dise en latin ou dans n’importe quelle langue, ça n’existe pas !

Aussi totalement grotesque que cela paraisse, Oscillococcinum est donc une préparation faite à partir d’un principe actif complètement imaginaire, et tellement dilué que même s’il existait il ne pourrait plus en rester de toute façon ! Du « rien » dilué jusqu’à ce qu’il disparaisse, on pourrait appeler ça du « rien de rien »…

Et pourtant, d’après Boiron, ce produit agit pour lutter contre les « états grippaux ». Comment diantre est-ce possible ? Essayons d’être un peu logique…

1) L’hypothèse du foie de canard

Rappelons que ce produit est sensé agir selon les prétendues lois Hahnemanniennes, c’est à dire: similitude et haute dilution. Or on l’a vu, le principe actif de départ, l’oscillocoque, qui a haute dose devrait provoquer les symptômes grippaux, n’existe pas. On part donc d’une dilution de foie de canard vierge de toute contamination microbienne (il faut noter que, quand bien même l’oscillocoque existerait, Boiron ne pourrait partir d’un échantillon contaminé pour sa préparation: il faudrait pour cela une procédure d’autorisation du produit bien plus compliquée, comme pour les vaccins).

On pourrait donc considérer que c’est bien le foie de canard lui-même qui constitue le principe actif de départ. Mais dans ce cas, quid du principe de similitude ? Personnellement, le foie de canard, même à haute dose, ne m’a jamais provoqué de symptômes grippaux…  Mais peut-être est-ce le cas pour Monsieur Boiron ?
Bon, soyons honnête: le foie de canard que l’on déguste à Noël n’a pas grand chose à voir avec celui utilisé par Boiron, puisque ce dernier est en autolyse, c’est à dire qu’on le laisse se décomposer entièrement, et ce pendant 40 jours. Du foie de canard pourri, quoi.

2) L’hypothèse du médicament intentionnel

Il est bien sûr possible d’imaginer un nombre infini de produits comme Oscillococcinum: il suffit de choisir n’importe quel substance ou combinaison de substance dans la nature, puis de lui appliquer un nombre variable de traitements et de dilutions.

De la même manière, les symptômes grippaux constituent un simple échantillon parmi des milliers de symptômes potentiels recensés par la médecine.

Il faut donc constater que si Roy a effectivement « découvert » un médicament comme l’oscillococcinum qui fonctionne, il a eu beaucoup de chance: reposant sur une hypothèse fausse (l’existence de l’oscillocoque), ce produit a pour ainsi dire été conçu « par hasard », comme « tiré au sort » parmi des milliards de combinaisons possibles. Que ce produit s’avère ensuite efficace pile poil contre le mal ciblé au départ, commeRoy le conclut rapidement, voilà qui tient du miracle !

La raison se rebelle devant ce qui semble une si incroyable coïncidence. C’est pourquoi il faut aller plus loin.

On peut faire l’hypothèse d’une aide divine apportée à Roy: Dieu dans sa grande bonté aurait orienté Roy sur la voie de sa découverte, en faisant de fait une « eau de Lourdes », une « onction sainte ».

Pour ma part je propose aux homéopathes et à Boiron une autre explication: celle du médicament intentionnel. La voici: ce qui transforme Oscillococcinum de « rien » en médicament, pourrait être « l’intention » avec laquelle ce produit est fabriqué. Cette « intention », présente dans l’esprit du concepteur et du préparateur du médicament, imprègnerait les énergies sous-jacentes du substrat de dilution qui la mémoriserait grâce à des états quantiques dynamisés par les succussions du produit, puis la restituerait en agissant là aussi sur les états quantiques macroscopiques impliqués dans l’état de santé général du patient. Ainsi, le bruit fond quantique serait dirigé vers la cible, expliquant ainsi l’extraordinaire adéquation entre le produit et son action ciblée. Plausible, non ?

Conclusion définitive sur Oscillococcinum

Si à ce stade, concernant Oscillococcinum, votre esprit critique n’allume pas une grosse lampe rouge clignotante, c’est que vous n’en avez pas. Bonne nouvelle: vous pouvez aussi vous faire soigner par imposition des mains, par réflexologie plantaire, ou toute autre patalogie disponible à foison, cela fonctionnera sur vous sans aucun problème !

Avec ce produit on est, au mieux dans la magie et l’obscurantisme de bas étage, au pire dans l’escroquerie pure et simple. Dans les deux cas, ce produit est bel et bien une incroyable insulte à l’intelligence, comme le disait Riva. Sauf peut-être à l’intelligence commerciale, car pour fourguer ainsi de « l’inexistant imaginaire » à des millions de gens qui en redemandent, il faut quand même être fort, à défaut d’être honnête.

L’honnêteté voudrait que pareil élixir soit rejeté par les homéopathes eux-mêmes, puisqu’il ne cadre même pas avec leur doctrine. Mais pas du tout, bien au contraire. On se pince en lisant les propos effarants de tel homéopathe, qui prétend faire de cette soupe magique, attention accrochez-vous: « le chef de file de nouveaux remèdes élaborés sur le même modèle, pour lutter par une quelconque voie interféron-like plus spécifiquement contre d’autres maladies virales, hépatite, sida et certains cancers, et selon les dosages utilisés, favoriser une action activatrice ou inhibitrice des mécanismes immunitaires, ceci dans une optique curative ou préventive« . Là, on comprend vraiment que c’est grave, docteur.

Bien que l’Oscillococcinum soit fabriqué de manière totalement farfelue, gardons « l’esprit ouvert », comme disent les homéopathes, et demandons-nous si cela fonctionne quand même ? Eh bien non. Aucune étude indépendante sur le sujet ne montre un quelconque gain statistique de santé chez ceux qui en prennent comparé à ceux qui n’en prennent pas. Voilà par exemple, en termes nuancés comme à l’habitude, ce qu’en a conclu un article publiée dans la Cochrane Database en 2009 à partir des résultats de sept études:

« Les données ne sont pas suffisamment solides pour faire des recommandations générales sur une utilisation d’oscillococcinum pour traiter la grippe ni les syndromes de type grippal. Les preuves actuelles ne confirment pas d’effet préventif des produits homéopathiques de type oscillococcinum . »

Résumons: Oscillococcinum est constitué de « rien » extrêmenet dilué, et ne fonctionne pas. Comment appelle-t-on habituellement ce genre de produit ?

C’est pour avoir écrit sur ces faits bien connus (que bien sûr je ne fais que relayer ici, tellement ils sont déjà très abondamment commentés) que Boiron voudrait inquiéter ce blogueur italien, ne réussissant qu’à décupler la fréquentation de son blog. Remarquez, un chiffre d’affaire de plus de 500 millions d’euros avec des produits imaginaires, ça vaut le coup d’être défendu.

Argument de Boiron: cela marche, donc il y a des processus physiques encore inconnus à l’œuvre ?

Boiron, qui ne pousse pas la cuistrerie jusqu’à remettre en cause la loi physique d’Avogadro, et qui est donc bien obligé d’admettre l’absence de tout principe actif dans ses préparations, ne rend pas les armes pour autant. Le labo, qui pose contre toute raison comme vérité de départ que ses produits sont efficaces, est à l’affût de tout semblant d’explication qui rendrait plausible le fonctionnement de médicaments réduits à du simple sucre. Tout y passe: énergies vitales imaginaires, magnétisation, mémorisation du passage du principe actif par l’excipient, et autres billevesées encore et toujours invalidées par des expérimentations indépendantes. Il n’y a pas limite à l’imagination délirante des chercheurs marrons financés par Boiron, qui sont engagés dans une fuite en avant épuisante pour tout le monde. Hélas, à ce petit jeu, les scientifiques risquent fort de se lasser avant Boiron, qui lui a tout intérêt à prolonger la plaisanterie aussi longtemps que possible !

Mais le problème n’est pas là: car pourquoi vouloir trouver une explication à une action qui n’existe tout simplement pas ? Les expérimentations l’ont montré: les médicaments homéopathiques ne sont pas plus efficaces que des placebos « officiels »… Que du sucre, préparé selon une obscure tambouille imaginée à l’époque des saignées, ne soigne pas du tout, cela vous étonne vous ? Moi pas.

Mais vous me direz, si leurs produits se vendent, c’est que leurs clients en sont contents, non ?

Effectivement, certains patients, pas tous loin de là, sont satisfaits de l’homéopathie. Car l’homéopathie fonctionne exactement comme la radiesthésie, l’auriculothérapie, l’acupuncture, la chiropraxie, la psychanalyse, la magnétothérapie, la réflexologie, l’aromathérapie, le shiatsu et certainement quelques autres que j’oublie. Toutes ces pseudo médecines, toutes plus loufoques les unes que les autres dès lors qu’on observe de près leurs prémisses fondamentaux, souvent inventées en des temps obscurs par un père fondateur totalement dénué de méthode scientifique et même de connaissances médicales, opèrent quelques fois, et ce grâce à la suggestion. Dès lors que vous désirez être soigné, que le médecin en qui vous avez toute confiance vous donne un médicament en vous regardant droit dans les yeux, et en vous disant avec assurance « ceci va vous faire du bien », votre propre organisme, dopé par un regain d’optimisme salvateur, va faire tout le travail, à condition bien sûr d’y croire et surtout, surtout… que vous ne soyez pas trop malade ! L’homéopathie est une médecine pour gens bien portants, qui ne supportent pas de sortir du cabinet de leur médecin sans au moins quelques prescriptions médicamenteuses rassurantes… Et cet effet de guérison par suggestion porte un nom déjà cité: l’effet placebo.

Le placebo est le mètre-étalon du médicament dans les études menées de manière impartiale. Ces études sont assez compliquées, car il faut s’assurer de n’introduire aucun biais dans les résultats, dus par exemple aux convictions préexistantes des expérimentateurs (on comprend que des études bâclées faites sur soi-même, comme celles d’Hahnemann, n’aient strictement aucune valeur). Que votre produit ait alors une efficacité sensiblement supérieure statistiquement à un pur placebo utilisé en comparaison, et c’est le jackpot ! Qu’on soit proche du placebo au contraire, et c’est le flop. Car aussi étonnant que cela paraisse, quoi que vous donniez aux patients pour les soigner, il s’en trouvera toujours pour trouver que c’est efficace, et même beaucoup: environ 35 % en moyenne, jusqu’à 50 % parfois ! Pourcentage qui ne doit d’ailleurs pas être bien loin de celui des satisfaits de l’homéopathie, allez chercher pourquoi je dis ça… Attention, on parle évidemment ici de petites affections comme un rhume, et non de pathologie grave. En tout cas, impossible de se baser sur le témoignage de quelques personnes satisfaites pour conclure à l’efficacité d’un médicament quel qu’il soit.

Hélas pour Boiron, non seulement aucune étude sérieuse ne vient montrer une quelconque efficacité de l’homéopathie comparée aux placebos, mais c’est même exactement le contraire. Toutes les études effectuées indépendamment des laboratoires homéopathiques concluent immanquablement à l’égalité d’efficacité des produits homéopathiques avec des placebos. Les études commandées par les labos, elles, soit sont entachées d’erreur, de mauvais protocole, ou même de tricherie, et ne sont pas reproductibles ; soit elles sont carrément non publiées, les résultats n’étant pas ceux escomptés. Autrement dit, ces produits homéopathiques ne sont ni plus ni moins efficaces que les simples morceaux de sucre qu’ils sont d’ailleurs.

Découvre-t-on aujourd’hui cette situation ? Pas du tout: elle était déjà vigoureusement dénoncée en 1860 par le pharmacien inspecteur Poggiale dans un discours:

« Si vous, hommes éclairés, vous n’opposez pas une digue à ces théories incroyables, telles que celles d’Hahnemann, sur les effets des médicaments, je ne crains pas de le dire devant les médecins les plus illustres de l’Europe, la médecine sera avant peu la plus arriérée des sciences naturelles. »

L’homéopathie n’est donc finalement, pour le dire vite, qu’une vaste fumisterie, et voilà selon moi un autre scandale: la survivance anachronique à notre époque de cette patalogie et surtout des laboratoires Boiron eux-mêmes. Le fait que Boiron existe encore aujourd’hui et vende autant de produits homéopathiques montre dans quel état désastreux se trouve la recherche médicamenteuse et surtout la rationalité des méthodes de soin: on se moque aujourd’hui des clystères et saignées de l’époque de Molière ? Il ne faut pourtant pas chercher bien loin d’aussi misérables arriérations.

Un argumentaire typique des pires charlatanismes

Comme souvent dans les logiques charlatanesques bien huilées, le discours est rôdé, bien appuyé sur deux solides pivots:

1) Les produits sont très dilués, donc ne peuvent pas être dangereux: pas besoin donc d’autorisation compliquée de mise sur le marché. Ça on veut bien le croire, car si le « rien » était dangereux, ne parlons pas du « quelque chose » ! D’ailleurs on ne fait pas toute une histoire habituellement pour vendre du sucre…

2) Cependant, même dilués et non dangereux, les produits agissent quand même. Avec quelles preuves ? Là, aucune, il faut croire sur parole les affirmations des homéopathes. Et ils agissent comment ? Mais pourquoi poser cette question, on vous dit que ça agit, que voulez-vous de plus ?

Mais alors, s’ils agissent quand même, ils peuvent certainement agir autant en mal qu’en bien, non ? Ah non. Là encore, par la grâce de l’affirmation homéopathe, ils n’agissent qu’en bien, pour soigner pile poil votre petit bobo, donc sans effet secondaire. C’est comme ça. De preuve, aucun besoin: puisqu’on vous le dit que ça marche. Les preuves, c’est seulement pour les « fermés d’esprit », les « obtus », comprenez: ceux qu’on ne prend pas si facilement pour des gogos.

A écouter Boiron et les homéopathes, les « médicaments » homéopathiques constitueraient donc le graal de la médecine: ils ne sont pas toxiques même en quantité importante (il m’arrive pour rire de sucrer mon café avec un tube entier de granules), ils soignent exactement là où ça ne va pas (quand on y pense, les molécules, même absentes, sont quand même très fortes, à croire qu’elles sont téléguidées par l’esprit du patient, ou par « l’intention » du préparateur,  à moins qu’elles ne soient douées d’intelligence ?), et ils ne provoquent pas d’autre effet que celui désiré. On est plus près des potions d’Harry Potter que des découvertes de Pasteur ou Flemming !

Bien sûr tout est dans la suggestion du patient et dans sa relation avec le médecin. On entend dire que plus celui-ci est chaleureux, plus ses prescriptions sont efficaces ! Après tout pourquoi pas, mais pourquoi ne pas utiliser ces leviers puissants que permettraient peut-être la psychologie utilisée de manière transparente et honnête, plutôt qu’enrobés sous des faux-semblants magiques, et offrir une rente indue à Boiron et autres charlatans ?

On voit qu’on est dans un système de croyance typique, où tout repose sur la foi, autrement dit la crédulité, pour faire agir la suggestion salvatrice, et où les détracteurs doivent être soigneusement écartés (ce sont tous des esprits obtus à la solde de l’establishment pharmacologique). Sans parler de religion, on est très proche des dérives reprochées aux diverses sectes comme la scientologie, pour lesquelles les médecines dites douces constituent un formidable terrain de jeu, car la première qualité d’un adepte de secte, c’est d’être très crédule. Hélas, ce n’est pas en réduisant les moyens de la Mivilude, comme ce fut fait récemment, qu’on s’attaquera au problème.

Pourtant, quand on veut s’attaquer à un problème, on sait le faire. Souvenez-vous récemment du ménage effectué dans les fausses « allégations de santé » de divers produits alimentaires par la communauté européenne. On a bien été capable, là, de mettre fin à toute une série de charlatanismes commises pendant longtemps en toute impunité. Il est vrai que la même méthode appliquée aux produits Boiron, et c’est la fermeture immédiate…

Pourquoi une telle survivance ? Oh les raisons ne manquent pas…

Des patients rassurés par le médicament

Il faut convenir qu’il y a chez les patients, en même temps qu’un désir de soin, une demande pour une médecine sensée être moins agressive. D’où le florissant marché des médecines « douces », qui doivent vous soigner efficacement mais sans vous faire de mal par ailleurs. Pour cela l’homéopathie semble parfaite: à chaque petite bobologie, elle apporte une réponse, sous forme de petites granules faciles à prendre et peu coûteuses. De plus, tout le monde le dit, ce n’est pas dangereux, et pour cause… Pour couronner le tout, ces préparations portent de jolis noms latins, du plus bel effet: il suffit au médecin de dire le nom du médicament au patient pour qu’il commence à agir ! Vous avez dit Molière ?

Cette idée est bien sûr séduisante, mais c’est hélas une utopie. On ne sait toujours pas, aujourd’hui, créer le médicament parfait, c’est à dire ayant une réelle action exclusivement positive et totalement dépourvu d’effet secondaire. C’est hélas un mythe, aussi inaccessible que la Toison d’Or, et ceux qui prétendent fournir ce mythe, ils sont légions, sont des charlatans qui abusent de la crédulité des patients. Si les produits homéopathiques n’ont pas d’effet secondaire, c’est parce qu’ils n’en ont pas plus de primaire. C’est pourquoi la meilleure alternative aux pseudo-médicaments homéopathiques ou autres est encore de ne rien utiliser du tout ! Car ces produits ne « soignent » de toute manière que des affections qui guérissent toutes seules, ou pour lesquelles on ne connaît aucun autre vrai remède…

De la même manière qu’on apprend aux patients que les antibiotiques, ce n’est pas automatique, il faudrait leur apprendre que parfois, il n’y a tout simplement pas de médicament efficace contre telle ou telle affection. Que l’on peut donc sortir de chez son médecin sans une ordonnance longue comme le bras, et que cela ne signifie pas que ce médecin est nul, mais simplement honnête: aucun médicament ne vous fera guérir plus vite. Pas besoin donc de courir chez un autre plus compréhensif qui, lui, vous fournira complaisamment la rassurante liste de produits attendue. Produits qui, s’ils sont homéopathiques, guériront en huit jours ce qui se guérit tout seul en une semaine.

Mais rien n’y fait, il faut du médicament, encore et toujours, même s’il n’y a rien dedans. Les adeptes de l’homéopathie crient à l’insulte lorsque l’on prononce le (gros) mot placebo. Pourtant personne ne remet en cause cet effet puissant et bien connu. Oui mais voilà: que cela marche chez le voisin, peut-être, mais chez moi, jamais de la vie ! Pour une raison toute simple: si on me prescrit un médicament, cela prouve que je suis vraiment malade. Or je veux que la planète entière sache, accepte, reconnaisse que je suis malade. Impossible d’admettre que tout se passe dans ma tête… Donc, si mon médecin me prescrit un médicament pour soigner un banal rhume, qu’importe que celui-ci guérisse tout seul en deux jours, la guérison est forcément le résultat de la prise de médicament, parce que je suis vraiment malade !

Si cela est aussi vrai pour beaucoup de médicaments non homéopathiques plus ou moins efficaces qui mériteraient parfois un bon coup de balai, cela l’est en tout cas pour tous les produits homéopathiques à haute dilution. Que la pommade d’arnica de Boiron agisse par le seul effet du massage, mais sûrement pas grâce à la quantité plus qu’infinitésimale d’arnica qu’elle contient, voilà une chose toute simple à comprendre mais manifestement hors de la portée intellectuelle de beaucoup de gens.

Le consumérisme médical a atteint un tel point aujourd’hui que beaucoup sont convaincus qu’il existe un médicament tout prêt sur l’étagère du pharmacien quelle que soit leur affection. Cette illusion, entretenue par les politiques commerciales de tous les labos pharmaceutiques dans le domaine de la bobologie (allez voir les pubs affichées dans une pharmacie !), trouve hélas vite ses limites. Si l’on prend l’exemple de l’Oscillococcinum, on serait bien en peine de produire un médicament ayant réellement les mêmes effets qu’annoncés, c’est à dire prévenir ou guérir les « états grippaux », libellé d’ailleurs volontairement flou. Mais prendre un produit, même pas du tout actif, reste plus rassurant que ne rien prendre du tout…

Réduire les abus ne peut donc passer que par l’édification des patients, qui doivent être à même de comprendre la nature de ce qu’ils avalent et comment cela fonctionne. Sinon, pourquoi la majorité rejette-t-elle comme absurde la médecine maraboutique et accepte-t-elle d’autres incongruités comme l’homéopathie ? Trop compliqué pour la plupart des gens ? Vision pessimiste: quand on voit comment les mêmes s’intéressent au fonctionnement de leur voiture, téléphone portable, ordinateur ou autre objet techno, on se dit qu’avec quelques efforts minimes ces gens seraient tout aussi capables de comprendre le B-A-BA de ce qui les soigne.

Un business très lucratif qu’il faut protéger à tout prix

Un business comme celui-là, arrivé à une aussi grande échelle, s’auto-entretient. Un argument facile est en effet de dire: regardez le nombre de personnes satisfaites de ces médicaments, c’est pas une preuve ça ? Preuve de l’importance de l’effet placebo, en fait. Et le nombre de pharmacies affichant crânement « homéopathie » sur la devanture, avec d’ailleurs généralement du matériel marketing fourni par Boiron, c’est pas non plus une preuve ? Pourtant, n’importe quel pharmacien digne de ce nom sait parfaitement qu’en vendant de l’homéopathie, il vend du placebo sans en informer le client. Est-ce vraiment déontologique ? Pas sûr, mais lucratif ça oui.

Ensuite, sachant que Boiron, le plus gros labo homéopathique au monde, est français, et exporte une bonne partie de sa production, quelle est la meilleure conduite à tenir pour les autorités française ? Détruire ce business en le discréditant, ou bien le soutenir en continuant à rembourser ses médicaments, afin d’offrir un argument en or en dehors du pays: « regardez, en France, nos médicament sont remboursés par la Sécu, c’est pas une preuve de sérieux, ça ? » Que ne ferait-on pas pour soutenir notre balance commerciale… Comme c’est hélas souvent le cas en matière de santé publique, le pragmatisme économique prévaut. Rien donc à attendre du côté des autorités sanitaires, qui se discréditent depuis des années par leur silence complaisant sur ce dossier et sur d’autres pour des raisons purement politiques. Pire: les préparations homéopathiques sont dispensées d’Autorisation de Mise sur le Marché, une simple déclaration suffit. Aucun besoin donc de prouver que la préparation est efficace ! Cette procédure d’exception n’est ni plus ni moins que de la complicité de charlatanisme, et cela dure depuis la publication d’un decret de 1948 s’appuyant sur une loi de 1941, promulguée donc par le régime de Vichy !

Il faut quand même mettre au crédit de l’homéopathie, et c’est un argument souvent avancé en sa faveur, que ces produits ne coûtent pas très cher (ce serait un comble étant donné leur contenu). Donc, quitte à rembourser de pseudo-médicaments pour ceux qui ne peuvent pas s’en passer, autant que ce soit des placebos pas chers produits en France, plutôt que des placebos chers produits ailleurs… Effet pervers en retour: ces produits risquent de devenir les médicaments du patient pauvre ou non averti, ne disposant pas des moyens d’acheter des produits réellement efficaces, ou n’ayant pas de recul intellectuel critique face à la réalité homéopathique. C’est exactement ce qui s’est passé en Afrique, où l’homéopathie a été utilisée pour soigner le SIDA, avec les résultats absolument calamiteux qu’on imagine facilement.

Cependant cet âge d’or international pourrait bien avoir une fin proche, car le vent tourne. Des class-actions aux Etats Unis de clients qui se découvrent floués par Oscillococcinum, des procès au Japon suite à des morts, le scandale de l’utilisation de l’homéopathie contre le SIDA en Afrique, une rébellion de l’Association Médicale Britannique, une complaisance moindre de l’OMS, un recul généralisé des ventes dans le monde entier, tout cela sent fortement le roussi pour Boiron.

Nul doute que, protégé par les autorités françaises, Boiron le sera moins par les autorités européennes, qui tôt ou tard donneront un coup de pied dans la fourmilière. Je n’ose pas imaginer les sommes dépensées par Boiron en lobying à Bruxelles et à Strasbourg pour retarder l’inéluctable…

Car enfin, il faut aussi être conscient que Boiron, incapable de justifier ses produits par des études scientifiques sérieuses à l’instar des autres produits médicamenteux, compense cette faiblesse par une machine de guerre juridique visant à faire taire toute voix discordante pouvant troubler leurs ventes de granules magiques et à influer sur les décisions sanitaires qui les concernent. A défaut de chercheurs sérieux et qui trouvent, on paie des avocats qui attaquent.

Tiens au fait, serai-je attaqué à mon tour ? Je n’ose en rêver. Je voudrais bien, et beaucoup d’autres gens avec moi, voir Boiron prouver le caractère diffamatoire de mes propos tenus ici devant un tribunal, tous ces faits étant bien connus et facilement démontrables. Mais Boiron ne commettrait pas l’insigne erreur d’aller devant un tribunal où il perdrait à coup sûr: il préfère probablement utiliser ses moyens financiers considérables à intimider, influencer, soudoyer, diffamer, discréditer: c’est bien plus efficace.

Une poule aux œufs d’or pour les pharmaciens

Le métier de pharmacien de ville est avant tout un métier de vendeur. Certes il faut les connaissances de base, mais les jeunes diplômés qui veulent se faire embaucher dans une officine sont bien souvent sélectionnés sur leurs connaissances des gammes de produits de parapharmacie comme Yves Rocher ou autre Roche Posay, bien plus lucratifs, que sur la posologie ou les interactions des médicaments. Boiron constitue bien sûr l’un de ces gisements aurifères pharmaceutiques.

Si vous allez voir votre pharmacien pour lui demander conseil concernant un petit problème de santé bénin, que croyez-vous qu’il va faire ? Vous vendre un produit, quel qu’il soit. Essayer donc de sortir de la pharmacie sans rien acheter pour voir ! Mais peut-on reprocher à un vendeur de vendre quelque chose plutôt que rien ?

Et si votre affection n’est pas sérieuse, s’il n’existe pas grand-chose d’autre parce que ça ne se soigne pas vraiment et que ça guérit tout seul, vous aurez probablement droit à votre produit homéopathique. Le pharmacien ne risque absolument rien (vous ne pourrez jamais vous suicider avec un produit homéopathique, ni même vous surdoser, encore moins provoquer une interaction néfaste), et c’est toujours ça de pris dans le tiroir-caisse…

Evidemment, bien que cela soit de notoriété publique, hors de question de reconnaître publiquement que l’homéopathie n’est que du placebo, car alors sa vente ne serait plus autorisée par la déontologie. Un pharmacien dira donc toujours que cela « agit », ce qui est justement ce que veulent entendre les clients.

Des médias complices

On aurait du mal à trouver un média grand public qui aborderait de front le problème de l’homéopathie avec le courage nécessaire: sujet trop polémique qui heurterait le lectorat et le ferait fuir. Pire, l’homéopathie est souvent présentée comme une réalité évidente et incontournable dans la plupart des magazines, qui souvent, il est vrai, ne font pas non plus la fine bouche devant l’astrologie et autres fines fleurs intellectuelles. Après-tout ces magazines ne sont pas là pour faire l’éducation des lecteurs, mais pour vendre la soupe qui s’achète.

Même une revue de vulgarisation scientifique comme « Science et Vie », un temps fer de lance de l’information sur la réalité homéopathique, semble avoir baissé les bras…

Gageons également que les millions de Boiron et son service juridique ne soient pas de nature à encourager une grande témérité éditoriale… Car on a beau avoir raison, les procès intentés par des procéduriers, même abusifs, même s’ils font de la bonne pub quand on les gagne, sont assez enquiquinants, surtout si les adversaires ont les moyens de se payer tous les avocats qu’ils veulent.

Charlatanisme et tromperie sur la marchandise

Aussi bien Boiron, bien sûr, que les pharmaciens qui vendent ses produits, savent parfaitement qu’ils ne contiennent rien et n’agissent pas plus que des placebos. N’est-ce pas une forme de charlatanisme et d’escroquerie ? Les Conseils de l’Ordre sont théoriquement intransigeants avec le charlatanisme, mais là, pschitt !

Ces produits ne contiennent rien, alors que leur étiquette annonce le contraire. N’est-ce pas également une forme basique d’escroquerie ? Si vous achetez de la confiture de myrtille, et qu’en fin de compte cette confiture ne contient pas la moindre trace de myrtille, ne vous sentez-vous pas grugé ? C’est pourtant ce qui se passe avec les médicaments homéopathiques.

Servier, Boiron, même combat

Evidemment, si l’on dit aux patients qu’on leur délivre un placebo, celui-ci perd une bonne partie de son effet. Est-il cependant honnête de lui mentir délibérément sur la nature du produit qu’on lui vend ? Faut-il infantiliser les patients en leur faisant croire à tort qu’on leur délivre un vrai médicament ? Si la réponse des autorités est oui, c’est la preuve que l’intérêt supérieur des patients n’est pas leur priorité. L’affaire récente du Mediator de Servier a rendu à juste titre la population très méfiante à l’égard des médicaments, en poussant d’ailleurs une partie dans les bras de l’homéopathie, qui présente l’avantage de ne pas avoir d’effets secondaires (d’effets primaires non plus hélas).

Servier a défendu bec et ongle son business et ses ventes, Boiron fait exactement la même chose, et de la même manière: en racontant des bobards. Ces laboratoires défendent évidemment leurs intérêts propres avant ceux de leurs clients. Qui donc en douterait ?

La leçon de l’affaire Mediator, qui est selon moi que les gens veulent de la vérité, de la transparence, de l’honnêteté pour tout ce qui touche aux médicaments, sera t-elle comprise et appliquée enfin à ce scandale permanent qu’est l’existence de l’homéopathie ?
————————————————–

Vite ! une cellule de soutien psychologique !

Sources

Merci au site Charlatans.info pour ses articles excellents et très bien informés, qui ont fourni une part des informations publiées ici.

Sur l’affaire Riva:
http://charlatans.info/news/Boiron-veut-faire-taire-ses
http://www.rue89.com/2011/08/20/les-labos-boiron-menace-un-blogueur-antihomeopathie-218524

Sur les problèmes internationaux de Boiron:
http://charlatans.info/news/La-chute-de-l-homeopathie-devient
http://charlatans.info/news/L-OMS-dit-enfin-non-a-l

Un article déjà assez ancien sur Oscillococcinum (ce scandale dure depuis pas mal de temps !):
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article39

 

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’homéopathie en général:
http://www.zetetique.ldh.org/homeo.html

Sur les techniques des marchands d’attrape-nigauds dont Boiron est l’un de nos plus beaux fleurons:
http://attrape-nigauds.charlatans.info/lois.shtml
(où l’on constate que Boiron respecte à peu près toutes les « lois » citées ici !)

Article 496 du code pénal:
« Quiconque, dans le but de s’approprier une chose appartenant à autrui, se sera fait remettre ou délivrer ou aura tenté de se faire remettre ou délivrer des fonds, meubles, obligations, quittances, décharges, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités, soit en employant des manoeuvres frauduleuses pour persuader l’existence de fausses entreprises, d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire, pour faire naître l’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou de tout autre événement chimérique, ou pour abuser autrement de la confiance ou de la crédulité, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à cinq ans et d’une amende de 251 euros à 30.000 euros. »

Homéopathie et sectes

Comme d’autres pratiques paramédicales, l’homéopathie prend de plus en plus une place respectée dans la société et même parmi le corps médical.
C’est une « science » qui date du début du 19ème siècle. Pendant toute son histoire, elle s’est développée en dehors de la médecine officielle, sur un chemin parallèle. (H.J Bopp, docteur en médecine à Saint-Gall, Suisse)

  • L’homéopathie peut-elle avoir quelque chose à faire avec une secte?
  • Un chrétien peut-il être homéopathe ou utiliser des médicaments homéopathiques?

Continuer la lecture de Homéopathie et sectes