Sommaire
- Introduction
- Plusieurs chemins vers Dieu
- Un livre utile
- L’évangile de la charité
- Le dialogue inter-religieux
- Un nouvel évangile
- L’esprit d’Assise
- Quelques orientations de Vatican II
- D’un extrême à l’autre
- L’esprit du monde
- L’évangile de la charité
- La parabole du bon Samaritain
- Le jugement des nations
- Le seul médiateur entre Dieu et les hommes
- Quel Évangile annoncer ?
- La bonne nouvelle de la grâce de Dieu
- Le péché du monde
- Tous ont péché
- Une bonne nouvelle
- La nécessité du sacrifice
- Jésus qui nous délivre de la colère à venir
- La porte étroite
- Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes
- Jésus divise les hommes
- Jésus libère du pouvoir de Satan
- L’homme nouveau créé selon Dieu
- L’Évangile éternel
- Évangile et religions
- Évangile et culture
- Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu
- Ceux qui auront enseigné la justice à la multitude
- Pour finir
- Annexe 1
- Annexe 2
- Annexe 3
- Notes
Bernard PRUNNEAUX
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En août 1996, un prêtre catholique m’a offert le livre de sœur Emmanuelle « Jésus, tel que je le connais » (paru depuis peu aux Editions Flammarion). Pensant que le Seigneur avait ici quelque chose d’important à me montrer, je me suis mis sans tarder à la lecture. J’y ai trouvé le témoignage passionné d’une femme qui, à un âge où l’on songerait plutôt à ralentir ses activités, a quitté sa communauté religieuse pour aller vivre, seule, au milieu des éboueurs du Caire. Elle y a vécu dans une cabane à chèvres de six mètres carrés, avec pour tout mobilier un tabouret, quelques livres et une lampe à pétrole. « Jésus-Christ, maître en amour » : C’est peut-être ce titre qu’elle a donné au chapitre 5 de son livre qui résume le mieux le message que sœur Emmanuelle a désiré transmettre à ses lecteurs. Dans les parties autobiographiques de l’ouvrage, j’ai retrouvé, au passage, cette manière de comprendre et de vivre l’Evangile que j’avais moi-même lorsque j’étais un fervent catholique1.
Par exemple, cette fausse croyance, liée aux dogmes romains, que sœur Emmanuelle exprime ainsi :
« J’ai besoin de la Vierge Marie. Je ne me sens pas assez forte pour suivre Jésus par mes propres moyens » (p.128).
Sans doute sœur Emmanuelle n’a-t-elle pas expérimenté cette parole de l’apôtre Paul :
« En Lui, (Jésus-Christ) habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en Lui » (Colossiens 2:9-10a).
C’est pourquoi elle ne peut rendre ce témoignage :
« Je puis tout par Christ qui me fortifie » (Philippiens 4:13).
Dans le livre de sœur Emmanuelle, deux passages, en particulier, m’ont fait sursauter et m’ont véritablement indigné. Je les reproduis ici :
« L’étude des religions m’a fait connaître Bouddha, Confucius, Lao-Tseu, Mahomet, qui, eux aussi, me paraissent apporter leur part de vérité. Peu à peu je réalisai qu’il n’y a pas de vérité absolue. Plus je poussais mes recherches, plus j’avais l’impression de foncer dans les ténèbres. Comme si cela ne suffisait pas, un choc plus rude encore m’attendait sur les bancs de la faculté. Moi qui avais été élevée dans un catholicisme intransigeant, baignant encore dans le vieil adage « Hors de l’Église, point de salut », je découvris avec stupéfaction – cela semble une évidence aujourd’hui – à travers mes professeurs notamment, qu’on peut à la fois faire montre de très hautes valeurs morales, intellectuelles et spirituelles et être musulman, juif, même non-croyant » (p.89).
« Dieu et l’homme sont liés. La vigueur et la profusion des religions l’attestent et chaque culture a mis au point sa voie spécifique pour chercher Dieu. J’ai de très nombreux amis musulmans et non-chrétiens. Jamais je n’ai cherché ou ne chercherai à les convertir. Moi qui suis née catholique et qui, dans ma faiblesse, ai pu mettre à l’épreuve ma relation avec Jésus-Christ, j’estime que c’est lui qui détient la vérité absolue. Mais mon expérience à Istanbul m’a appris que je ne la possède pas, cette vérité absolue. Je possède peut-être quelques rayons de l’absolu, mais les autres religions aussi. J’avais aimé étudier le bouddhisme. Eh bien, je pense qu’il pourrait nous apporter une approche de la vérité par le dépouillement de « l’ego » qui nous ferait à tous le plus grand bien. Bouddha et Mahomet se sont présentés comme des envoyés de Dieu. Mais ni l’un ni l’autre n’est son Fils. Je le répète : le christianisme offre une voie qui, d’après moi, est la voie la plus directe pour monter vers Dieu. Les autres voies sont, sans doute, moins directes mais je les respecte » (p.93).
Je crois, contrairement à sœur Emmanuelle, qu’il existe une vérité absolue. Je l’ai trouvée dans mon Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Je crois de tout mon cœur et de toutes mes forces à sa parole :
« Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14:6).
Les religions n’ont aucune part dans cette vérité et, non seulement elles ne peuvent pas être d’autres voies « moins directes » pour monter vers Dieu, mais elles sont de réelles impasses et nous détournent de notre Créateur. La Bible, Parole de Dieu, le proclame de la Genèse à l’Apocalypse. Les religions du monde, même avec toutes leurs apparences de piété, d’humilité, de sagesse et de bonnes œuvres ne resteront, jusqu’au jour du glorieux retour sur terre de Jésus-Christ, que des chemins de ténèbres et des lieux de captivité. Notre Seigneur Jésus, Lui, est à jamais « la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Jésus est bien le seul Berger du troupeau, le seul Maître de la moisson, le seul Cep des sarments, le seul nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés (Actes 4:12).
« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17:3)
Lecture terminée, j’ai trouvé, malgré tout, que le témoignage de sœur Emmanuelle présentait un grand intérêt : il exprime à haute voix ce que beaucoup de catholiques croient réellement mais n’arrivent pas toujours à formuler clairement. L’ouvrage fait ressortir cette incroyable contradiction d’hommes et de femmes qui disent consacrer leur vie entière à Jésus-Christ et sont, finalement, incapables de discerner en Lui l’unique médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2:5) et de le confesser.
L’évangile que sœur Emmanuelle a exposé dans son livre est celui de l’amour :
« Car le Christ nous a donné un seul commandement : aimez-vous les uns les autres » (p.83).
Elle cite ici les paroles de Jésus rapportées dans l’Evangile de Jean :
« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13:34-35).
Nous savons que sœur Emmanuelle n’est pas la seule à proclamer cet « évangile » dans l’Église Catholique. À Paris, le 21 août 1997, lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse), le pape Jean-Paul II l’a ainsi exposé devant des milliers de jeunes :
« Par votre apostolat vous proposez à vos frères l’Evangile de la charité. Là où le témoignage de la parole est difficile ou impossible dans un monde qui ne l’accepte pas, par votre attitude vous rendez présent le Christ serviteur, car votre action est en harmonie avec Celui que vous annoncez » (La Croix, 22 août, p.13).
Selon cette perception de l’Evangile, l’Église aurait avant tout une mission de charité à accomplir dans le monde. Jésus-Christ en serait le modèle parfait : serviteur des autres, il s’est humilié jusqu’à donner sa vie par amour pour tous les hommes. En gardant les yeux fixés sur ce modèle, l’Église Catholique invite tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur croyance, à s’unir pour construire un monde d’amour, de paix et de fraternité universelle.
C’est en prônant cet évangile de l’amour que depuis plus de 10 ans, les conducteurs de l’Église de Rome se sont lancés dans le dialogue interreligieux. Pour justifier cette nouvelle orientation de l’Église romaine, les docteurs catholiques recourent à une dialectique serrée où se mêlent subtilement les raisonnements humains et les allusions à l’Evangile.
Nous donnons ci-dessous un exemple de ce type d’argumentation trouvé dans la revue Géopolitique. Son auteur, le cardinal Joseph Ratzinger, essaie de démontrer ici que l’urgence du temps présent doit conduire nécessairement le christianisme au dialogue interreligieux :
« […] Aujourd’hui se présente encore une troisième alternative, que je voudrais appeler pragmatique ; toutes les religions devraient cesser cette querelle interminable autour de la vérité et reconnaître leur vraie nature, leur véritable but interne dans l’orthopraxie, dont la réalisation semble de nouveau clairement dessinée par les défis du temps présent.
« L’orthopraxie, dira-t-on, ne peut finalement exister qu’au service de la paix, de la justice et de la protection de la création. Les religions pourraient donc garder chacune leurs formules, leurs formes et leurs rites, mais en les orientant à cette juste praxis : « À leurs fruits vous les reconnaîtrez ». Ainsi pourraient-elles demeurer chacune dans leurs habitudes ; toute querelle deviendrait superflue, et pourtant elles s’uniraient toutes ensemble, comme l’exige le défi de l’heure. […] Mais ce qu’il faut exiger, c’est le respect de la foi de l’autre et la disponibilité à rechercher, dans les éléments étrangers que je rencontre, une vérité qui me concerne et qui peut me corriger, me mener plus loin. »
Le théologien termine sa brillante démonstration en ramenant le dialogue interreligieux à une écoute du Logos, satisfaisant par l’utilisation de ce terme, les lecteurs de l’Evangile de Jean aussi bien que les philosophes athées :
« De la sorte, l’annonce du message doit nécessairement devenir un processus de dialogue. On ne dit pas à l’autre des choses totalement inconnues, mais on lui découvre la profondeur cachée de ce qu’il a déjà touché dans sa foi. Et inversement, celui qui annonce n’est pas seulement quelqu’un qui donne mais quelqu’un qui reçoit.
« En ce sens le dialogue interreligieux devrait donner lieu à ce que Cuse a exprimé comme souhait et espérance dans sa vision du Concile céleste : le dialogue interreligieux devrait devenir toujours plus une écoute du Logos qui nous montre l’unité au milieu de nos séparations et de nos contradictions. » (Géopolitique n°58, été 1997, p.48-53).
Le cardinal Joseph Ratzinger est actuellement préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
En fait, ce que professe avec une grande simplicité sœur Emmanuelle et ce qu’annoncent dans un langage plus obscur les théologiens catholiques sont un seul et même évangile : celui de Notre Seigneur Jésus-Christ, revu et corrigé. On pourrait peut-être lui donner le nom de « New Gospel » (nouvel Evangile). En effet, ne s’agit-il pas là d’une nouvelle manière d’interpréter les écrits du Nouveau Testament qui n’est pas sans rappeler certaines aspirations du mouvement « New Age » ? (notamment dans son désir d’apporter au monde une nouvelle unité dans la diversité).
Ayant reçu dans mon cœur le pardon de Dieu et étant réconcilié avec mon Créateur par le sang de mon Sauveur Jésus-Christ, j’ai désiré à travers la présente étude rendre témoignage à la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu.
Sœur Emmanuelle nous a présenté dans son ouvrage un « Jésus tel que je le connais ». Celui que je voudrais faire découvrir à mes lecteurs serait plutôt un « Jésus tel qu’il s’est révélé à moi ». Je crois en effet que la Bible restera, jusqu’au jour de l’avènement du Christ, la seule Parole écrite pouvant conduire les hommes à la vie éternelle.
Ma réflexion suivra ce plan :
- L’esprit d’Assise ou le dialogue interreligieux dans l’Église Catholique.
- L’évangile de la charité, ses textes bibliques et ses caractéristiques.
- La bonne nouvelle de la grâce de Dieu : une lecture de l’Evangile qui donne à l’ensemble des textes bibliques une cohérence et une lumière parfaites, mais qui ne peut prendre en compte les enseignements et les pratiques erronés de l’Église Catholique.
- L’Evangile éternel : la bonne nouvelle de la grâce de Dieu se situe hors du champ de la pensée religieuse et culturelle universelle. Étant Parole de Dieu, elle ne peut nullement s’accommoder des principes du monde.
C’est en octobre 1986, sur l’initiative de Jean-Paul II, que la quasi totalité des religions a été réunie autour du pape, à Assise : catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants, juifs, musulmans, hindous, bouddhistes, shintoïstes, sikhs, membres des religions traditionnelles africaines et américaines, indiennes, zoroastriens. L’Église Catholique avait voulu montrer au monde que son objectif était à l’opposé de l’intolérance, de la volonté de convertir et de l’intransigeance : son premier but était la paix. Jean-Paul II a dit, le 22 décembre 1986, en évoquant ce grand rassemblement interreligieux :
« Les divergences sont un élément moins important par rapport à l’unité qui, au contraire, est radicale, fondamentale et dominante. […] Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit-Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme ». (in Tertium Millenium, édition Cité du Vatican, juin-septembre 1996).
Le chrétien né de nouveau, c’est à dire racheté par le sang de Christ et régénéré dans l’Esprit-Saint ne peut pas accepter ces propos audacieux de Jean Paul II. Il sait, en effet, pour l’avoir expérimenté, que Dieu ne donne son Esprit-Saint qu’aux hommes qui ont entendu l’Evangile, qui ont cru en Jésus-Christ et en son œuvre expiatoire :
« En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de votre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire » (Ephésiens 1:13-14).
Qu’est-ce donc qui a pu conduire l’Église de Rome à « l’Esprit d’Assise » et à ses autres rassemblements interreligieux ?
Par-dessus tout, on trouve chez ses dirigeants un désir profond d’en finir définitivement avec l’image d’une institution religieuse héritée du Moyen Âge. Le concile Vatican II s’est employé à cela en opérant des réformes qui ont plus touché, d’ailleurs, les formes extérieures de la piété que le fond doctrinal puisqu’on n’a pas voulu remettre en question la profession de foi du concile de Trente.
Il est utile de rappeler quelques grandes orientations du concile Vatican II qui ont accentué la séparation de l’Église Catholique de la parole de vérité, l’Evangile du salut.
- La constitution dogmatique sur la Révélation (Dei Verbum) : Les pères du concile rappellent que les Écritures et la Tradition constituent deux sources de révélation divine d’égale importance pour le croyant. De la sorte se sont trouvés maintenus les grands dogmes et les pratiques religieuses qui placent les fidèles dans une position de désobéissance à la Parole de Dieu. Et pourtant, les docteurs catholiques savent parfaitement que ni le Seigneur Jésus, ni les apôtres n’ont enseigné :
- la présence réelle du Christ dans le pain et le vin,
- la régénération par le baptême et le pouvoir des sacrements qui confèrent la grâce,
- l’intercession de la Vierge et des Saints, avec ses cultes, ses statues, ses images et ses pratiques superstitieuses,
- l’infaillibilité papale,
- la doctrine du purgatoire.« Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent : Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures ? Jésus leur répondit : Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. »
(Marc 7:5-9)
- Le décret sur l’œcuménisme (Unitatis Redintegratio) : Ce décret rappelle que l’Église Catholique se considère comme dépositaire de la plénitude des richesses de la Révélation. Selon elle, le véritable œcuménisme se réalisera avec la réintégration des chrétiens « séparés » au sein de Rome.Il faut reconnaître que les grandes manœuvres œcuméniques semblent profiter actuellement à l’Église de Rome. Cependant, il ne faudra pas s’étonner de voir des chrétiens se tenir à l’écart de toutes ces démonstrations médiatiques, parce que l’obéissance à la Parole de Dieu et la fidélité au Seigneur Jésus conduisent nécessairement à la séparation d’avec le mal et le mensonge.« Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien, et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain. Sépare-toi de ces gens-là. »
(1 Timothée 6:3-5)
- Constitution pastorale « L’Église dans le monde de ce temps » (Gaudium et Spes) : Selon ce texte, l’Église doit dialoguer avec le monde d’aujourd’hui sur toutes les grandes questions qui déterminent le sort de l’humanité : vie personnelle et sociale, culture, problèmes économiques et politiques, sauvegarde de la paix.Sur ce terrain, l’Église Catholique s’est engagée très loin et de manières les plus diverses. Prises de position officielles dans le domaine de l’éthique, réalisations d’œuvres à caractère social et humanitaire solidement orchestrées par les médias, revalorisation des arts religieux, actions en faveur de la paix et de la justice, etc? le tout accompagné d’une lecture de la Bible « éclairée » par les connaissances scientifiques, philosophiques, sociologiques, psychologiques? tellement chères à l’homme de notre fin de XX° siècle.Là aussi, l’Église Catholique s’avance avec le langage de son évangile de la charité, empêchant les hommes de faire une distinction claire entre les principes confus de ce monde (même les mieux intentionnés) et la parole de libération si limpide de l’Évangile. Le vrai disciple du Christ se contentera toujours d’appeler les hommes à la repentance et d’annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. L’Esprit-Saint faisant le reste.« Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Évangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine. Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. »
(1 Corinthiens 1:17-21)
- Déclaration sur l’Église et les religions non chrétiennes (Nostra Aetate) C’est la reconnaissance par l’Église Catholique des valeurs constituées par les religions non-chrétiennes : elles ont quelque chose à faire connaître de Dieu, à quoi les chrétiens doivent être attentifs. La rencontre d’Assise et les rassemblements inter-religieux de l’Église de Rome constituent des réalisations concrètes de ces textes. Nous montrerons ci-dessous que ces beaux principes, plutôt que d’apporter la vérité au monde, contribuent au contraire à enfermer les non-chrétiens dans leur religion.
Tout en baignant dans ce climat de renouveau produit par Vatican II, le Magistère romain restait toutefois fort embarrassé par le lourd passif de tous les comportements belliqueux et les attitudes dominatrices de la papauté à travers les siècles. Une simple lecture objective de l’histoire oblige pourtant à constater que ce qui a conduit les papes à tant d’excès dans le passé trouve le plus souvent son origine dans ces quelques mots : « Hors de l’Église (de Rome)2, point de salut » (Extra Ecclesiam Nulla Salus, bulle publiée en 1302 par le pape Boniface VIII). C’est bien cette célèbre devise qui a amené l’Église Catholique à l’intolérance, l’intransigeance, la volonté de convertir par la force et c’est pour cela que Rome a utilisé ces terribles moyens de pression que furent l’excommunication, les croisades, l’Inquisition, etc… dans le but d’exercer un pouvoir temporel absolu.
Pourtant, en changeant un seul mot à sa devise favorite, l’Église de Rome pouvait montrer devant Dieu et devant les hommes, qu’elle désirait réellement se réformer. Il lui suffisait de dire simplement : « hors de Jésus-Christ, point de salut ». En s’exprimant ainsi, les évêques et cardinaux du concile Vatican II auraient rendu l’Église Catholique à Jésus-Christ. Le pape n’avait plus lieu d’exercer ses prétendues fonctions de « vicaire du Christ » (vicaire = remplaçant) et on aurait laissé l’Esprit-Saint agir véritablement, comme aux temps apostoliques. Mais il aurait fallu alors abandonner les traditions, les dogmes, l’idolâtrie mariale, etc… Et ce n’était pas ce que désiraient les responsables catholiques. Ce qu’ils voulaient, c’était, avant tout, maintenir à n’importe quel prix leur position d’Église officielle aux yeux du monde. En observant toutes les entreprises politiques et sociales menées dans le but d’installer un esprit de justice, de paix et de fraternité humaine dans le monde, en constatant leurs difficultés et leurs échecs, l’Église Catholique aimerait, de son côté, montrer qu’elle détient la solution spirituelle du problème.
Le pape et les dirigeants catholiques se sont donc lancés dans de grandes manœuvres diplomatiques et médiatiques, cherchant à rassembler autour d’eux tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leurs croyances. Et c’est ainsi que l’Église de Rome se retrouve à l’extrême opposé de l’attitude qu’elle avait adoptée au Moyen-Âge. Ne voulant plus être accusée d’intolérance ou d’intransigeance, ne cherchant pas à imposer sa vérité, tout en apportant son évangile d’amour, elle voudrait se faire l’agent de la paix et de la justice dans le monde, sous la bannière de Jésus-Christ.
Tolérance ou intolérance
On a reproché à l’Église de Rome son esprit d’intolérance dans le passé. Va-t-on, à présent, l’accuser de tolérance outrancière envers les autres religions ? Tolérance ou intolérance ? Quelle attitude doit-on adopter pour annoncer l’Evangile ?
Ni l’une, ni l’autre ! Faux problème !
Lorsqu’un chrétien rempli de l’Esprit-Saint affirme devant les hommes que Jésus-Christ est la seule voie pour aller à Dieu, il ne fait pas preuve d’intolérance vis-à-vis des autres religions. Il indique seulement à celui qui cherche la vérité le passage obligé pour venir à Dieu :
« Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6).
Libre à chacun de le croire ou non.
Intransigeance ou esprit de conciliation
Pareillement, lorsque des chrétiens appellent des hommes à la conversion, doivent-ils se montrer intransigeants ou plutôt conciliants ? Quelle attitude doivent-ils adopter ?
Ni l’une, ni l’autre ! Faux problème !
Si un chrétien inspiré par l’Esprit-Saint invite avec véhémence à la repentance et à la foi en Jésus-Christ Rédempteur, ce n’est certainement pas pour faire du prosélytisme religieux. Il avertit simplement les hommes (comme l’apôtre Paul le fit à Athènes) que Dieu
« a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts » (Actes 17:31).
Libre à chacun de le croire ou non.
En somme, le véritable disciple de Jésus n’a qu’une chose à faire : annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu conformément aux Saintes Ecritures, tout en se laissant conduire par l’Esprit-Saint.
Le résultat de son évangélisation appartient à l’homme qui écoute et à Dieu qui, seul, peut opérer dans son cœur la régénération.
L’Esprit d’Assise, nous l’avons montré, n’est pas l’Esprit-Saint, c’est l’esprit du monde. Dans son discours final, à Assise, le pape a présenté clairement la finalité du mouvement interreligieux comme « un voyage fraternel dans lequel nous nous accompagnons les uns les autres vers le but transcendant qu’Il (Dieu) établit pour nous ». Et il a poursuivi en disant :
« Ce que nous avons fait aujourd’hui à Assise, en priant et en témoignant en faveur de notre engagement pour la paix, nous devons le continuer à le faire chaque jour de notre vie… » (in Tertium Millenium, Ed. Cité du Vatican, p.93).
Les notions de « but transcendant » et « d’engagement pour la paix » sont des concepts de philosophie et de sagesse humaine. Jésus a bien dit :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne » (Jean 14:27).
La paix que le croyant racheté reçoit de Jésus, par son sang, c’est la paix avec Dieu :
« Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains 5:1).
Cette paix n’a rien à voir avec la paix que le monde peut se donner :
« Dieu a voulu par lui (son Fils) réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix » (Colossiens 1:20).
Est-il nécessaire de rappeler que lorsque Jésus a envoyé ses disciples dans le monde, il ne les a pas chargés d’une mission diplomatique envers les autres croyances ? Il leur a demandé d’annoncer la Bonne Nouvelle :
« Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Marc 16:15).
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28:19).
Les disciples ont reçu l’ordre de mission d’inviter les hommes à se repentir pour obtenir le pardon des péchés :
« Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24:46-47).
Si ce n’est par les hommes, les bergers catholiques accepteraient-ils de se laisser reprendre par Celui qu’ils appellent leur Seigneur ?
« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? »
(Luc 6:46)
Nous avons montré ci-dessus l’étonnant paradoxe d’une Église Catholique qui, tout en disant qu’elle annonce le salut en Jésus-Christ, cherche en même temps à devenir l’agent principal de l’unification mondiale des religions. Nous avons pu voir également que cette situation résultait d’une tendance grandissante à vouloir réduire l’Evangile de la grâce de Dieu à un message d’amour, à une invitation à la fraternité universelle.
À présent, nous allons rechercher sur quelle base biblique l’Église Catholique est en train d’édifier son évangile de la charité. Parmi les passages des Ecritures qui reviennent le plus souvent, nous en retiendrons deux, en raison de leur importance et de l’interprétation bien particulière qui leur est donnée :
- La parabole du bon Samaritain, dans l’Evangile de Luc ;
- Le texte sur le jugement des nations dans l’Evangile de Matthieu.
Ce texte est devenu l’un des plus grands classiques sur la bonté humaine. Jésus lui-même fut l’homme le meilleur qui ait jamais vécu. Toutes les choses que notre Seigneur a dites et faites sur la terre reflétaient l’amour parfait du Père. L’apôtre Jean va jusqu’à dire de ces choses :
« Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait » (Jean 21:25).
Jésus a beaucoup parlé de la bonté dans la vie quotidienne et la parabole du bon Samaritain est véritablement un appel exigeant à pratiquer la charité. À travers cette histoire, Jésus veut nous faire comprendre que nous devons voir en tout homme le prochain que Dieu nous demande d’aimer. Et chacun se souvient qu’à l’exemple de notre Maître, nous sommes appelés à aimer jusqu’à nos ennemis :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5:44).
Tout ce que nous venons de rappeler sur l’amour du prochain, l’Église Catholique l’enseigne correctement à ses fidèles. Ce n’est pas là que nous allons nous arrêter, mais plus précisément sur les quelques versets introductifs de la parabole du bon Samaritain dont l’interprétation peut prêter à confusion. Voici ces versets :
« Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras. » (Luc 10:25-28)
Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?
En venant voir Jésus, un docteur de la Loi lui pose une question directe : « Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? ». La réponse apparaît clairement, quelques versets plus loin, dans la bouche même du docteur de la Loi : il faut mettre en pratique la loi d’amour (aimer Dieu et son prochain). Et Jésus conclut ainsi : « Fais cela et tu vivras ».
De sorte que si l’on s’en tient uniquement à cette invitation de Jésus – et ici, c’est le « Maître en amour » qui parle – Dieu semble accorder la vie éternelle à toute personne qui mettrait en pratique les deux grands commandements de la loi de Moïse.
C’est pour cela que, à l’instar de sœur Emmanuelle, de nombreux catholiques en sont venus à cette conclusion : tout chrétien, juif, musulman, ou tout homme religieux, qui croirait au Dieu unique et créateur et qui pratiquerait la charité envers son prochain, devrait hériter la vie éternelle.
Fais cela et tu vivras
Nous nous retrouvons au cœur même de l’évangile de la charité : Dieu accorde la vie éternelle à tout homme qui met en pratique consciemment ou non, la loi d’amour. Mais une telle interprétation est-elle correcte ? Concorde-t-elle bien avec tous les autres enseignements de la Bible qui nous parlent du salut gratuit offert par Dieu à l’homme ?
C’est ce que nous allons à présent rechercher. Revenons tout d’abord à cette recommandation que Jésus fit au docteur de la Loi : « fais cela et tu vivras ». Nous savons qu’au moment où Jésus parlait, il n’était pas encore passé par la mort et la résurrection, et que son œuvre de Rédemption à la croix n’était pas encore accomplie. La référence du croyant de l’époque était encore la loi de Moïse. En disant « fais cela et tu vivras » au docteur de la Loi, Jésus n’a donc fait que rappeler ce que Dieu attendait de tout Juif qui désirait devenir juste et hériter de la vie éternelle, selon les commandements de l’Ancienne Alliance.
Les contemporains de Jésus, avant la Pentecôte, vivaient sous la Loi et devaient être jugés par la Loi :
« Tous ceux qui ont péché sous la loi seront jugés par la loi. Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés » (Romains 2:12b-13).
C’est ainsi que la Bible nous parle d’hommes et de femmes qui étaient justes devant Dieu parce qu’ils observaient fidèlement la loi de Moïse, tels, par exemple, le sacrificateur Zacharie et sa femme Elisabeth, les parents de Jean-Baptiste :
« Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur » (Luc 1:6).
Cependant, pour le croyant de la Nouvelle Alliance, la justification ne peut plus venir de l’observance de la loi de Moïse. Selon la volonté de Dieu, l’homme actuel ne peut trouver justice à ses yeux que s’il place totalement sa confiance en Jésus-Christ, son Rédempteur, et le professe :
« Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut » (Romains 10:9-10).
Il est évident que le croyant qui a trouvé son salut en Jésus-Christ désirera par-dessus tout observer la loi d’amour (aimer Dieu et son prochain), sachant bien que Jésus n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir (Matthieu 5:17). Le croyant né de nouveau a compris que ce ne sont pas ses bonnes œuvres qui le rendent juste devant Dieu. Il croit, comme l’apôtre Paul l’a si bien exprimé, que Christ
« s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:14).
L’homme régénéré sait bien qu’il n’a rien fait pour mériter son salut :
« Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3:5).
Sœur Emmanuelle parle du jugement des nations dans son livre. Voici ce qu’elle en dit :
« Pour moi, un des sommets de l’Evangile, c’est ce passage de Matthieu qui raconte le jugement dernier3 : Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire… » (p.52).
Un peu plus loin dans son commentaire, sœur Emmanuelle fait cette observation :
« Je connais des non-chrétiens qui, se donnant corps et âme à des causes difficiles, me paraissent d’une certaine manière bien plus « chrétiens » que moi » (p.53).
Que veut dire sœur Emmanuelle ? Les personnes qui se donnent « corps et âme à des causes difficiles » auraient-elles emprunté ces « voies moins directes pour monter vers Dieu » que nous avons mentionnées plus haut ?
Si l’on fait une lecture un peu rapide de ce passage de Matthieu, on pourrait assez facilement conclure que Jésus promet effectivement ici la vie éternelle à tout homme qui aura fait preuve d’amour envers son prochain, et cela quelle que soit sa croyance. En effet, Jésus dit bien que, au moment du jugement des nations, il séparera les hommes en deux catégories : les brebis et les boucs. Les brebis sont les hommes qui reçoivent le royaume en héritage parce qu’ils ont pratiqué les œuvres de charité. :
« Je vous le dit en vérité, toutes les fois que vous aurez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25:40).
Les boucs, les hommes chez qui on n’a pas trouvé ces bonnes œuvres, sont maudits et condamnés au châtiment éternel. Un seul critère de jugement apparaît ici : avoir ou ne pas avoir mis en pratique la loi d’amour. Il serait donc juste, dans ce cas, de penser que Dieu, dans son grand amour, comptera parmi ses brebis tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses, qui se seront montrés attentifs envers les plus pauvres et les plus affligés.
Et ici, comme ci-dessus avec la parabole du bon Samaritain, nous nous retrouvons bien dans la droite ligne de l’évangile de la charité. Mais était-ce vraiment cela que Jésus avait voulu faire comprendre ? Le meilleur moyen de s’en assurer est de relire ce passage d’Evangile en le replaçant dans son contexte tout en vérifiant que son interprétation concorde parfaitement avec les autres enseignements de la Bible. Car la Parole de Dieu ne peut pas se contredire.
Le contexte
Au préalable, nous devons remarquer que le texte du jugement des nations sert de conclusion à tout un discours du Seigneur sur la fin des temps (chapitres 24 et 25 de Matthieu). Ce discours dans son ensemble traite de la destruction de Jérusalem, de la fin des temps et du retour du Christ. En parlant de son retour, Jésus invite à la vigilance : « Tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas » (Matthieu 24:44). Puis il raconte trois paraboles à titre d’avertissement :
- La parabole du bon et du mauvais serviteur (Matthieu 24:45-51) :
- Le bon serviteur, c’est le ministre fidèle que Jésus récompensera en l’établissant sur ses biens.
- Le mauvais serviteur, c’est le ministre indigne ; Jésus lui fera partager le sort des hypocrites.
- La parabole des dix vierges (Matthieu 25:1-13) :
- Les cinq vierges sages sont les croyants préparés spirituellement au retour du Seigneur. Ils entreront avec Lui au festin des noces éternelles.
- Les cinq vierges folles sont les croyants insouciants. La porte du festin leur sera fermée et Jésus les rejettera : « Je ne vous connais pas ».
- La parabole des talents (Matthieu 25:14-30) :Le sens de cette parabole est que la vie terrestre du croyant constitue une époque de formation pour un service plus grand encore, non révélé.
- Au serviteur fidèle dans l’utilisation des dons reçus de l’Esprit-Saint, Jésus confiera encore plus.
- Le serviteur inutile sera jeté « dans les ténèbres du dehors ».
On remarquera que dans chacune de ces paraboles, Jésus établit une séparation claire entre sauvés et perdus, récompensés ou rejetés.
La lecture de ces trois paraboles constitue donc pour le chrétien un sérieux avertissement : aux yeux de Dieu, on ne peut pas être à moitié croyant et toute irresponsabilité sera sévèrement sanctionnée. Or, c’est précisément après cette mise en garde que le Seigneur évoque le jugement des nations. On retrouve dans ces dernières paroles de Jésus la même sévérité, la même clarté que dans les paraboles précédentes : personne ne pourra se présenter comme l’ami du Seigneur, comme son disciple et en même temps avoir été indifférent envers ceux qui souffrent, avoir manqué d’amour et de compassion. Ici encore, la séparation est nette : on est brebis ou bouc, béni du Père ou maudit, on reçoit en héritage le royaume ou on va au châtiment éternel.
Une parfaite cohérence
Ainsi replacé dans son contexte, l’enseignement de Jésus sur le jugement des nations paraît clair : si notre vie ne concorde pas avec ce que nous proclamons, notre foi devient nulle et non avenue.
C’est ici « la porte étroite » et « le chemin resserré » et cette invitation à rechercher inlassablement la sainteté :
« Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48).
Ou encore, comme le dit l’apôtre Jacques :
« Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : Si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même » (Jacques 2:14-17).
En pleine contradiction
Nous nous souvenons que, de leur côté, les tenants de l’évangile de la charité proposent une interprétation différente du texte du jugement : selon eux, il n’est pas indispensable de croire à l’œuvre expiatoire de Jésus-Christ pour hériter du royaume, et il existe aussi d’autres voies pour aller vers Dieu. Au regard de la Bible, plusieurs remarques s’imposent alors :
- Que faire des nombreux passages du Nouveau Testament qui rejettent catégoriquement l’idée d’un salut par les œuvres comme, par exemple :« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ephésiens 2:8-9) ?
- La mort du Christ ne peut plus être comprise comme un sacrifice expiatoire indispensable au salut de chaque individu. L’œuvre de Jésus à la croix se trouve alors réduite à un acte d’abnégation exemplaire. Et pourtant, la Bible atteste :« C’est lui (Jésus-Christ) que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience » (Romains 3:25).
- Comme sous l’Ancienne Alliance, l’Evangile devient dès lors une Loi dont l’application des préceptes assurerait le salut. Or, la Bible dit bien :« Nul ne sera justifié devant lui (Dieu) par les œuvres de la loi ; puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché » (Romains 3:20).
On voit mieux à présent sur quel terrain l’Église Catholique s’est engagée en mettant l’accent sur l’annonce d’un évangile de charité.
Dans une société où la tolérance est considérée comme une valeur essentiellement positive et même, une des valeurs fondamentales de la démocratie, quel comportement Rome va-t-elle adopter face aux autres religions ? Quelle réponse va-t-elle donner au bon musulman ou au bon bouddhiste qui, en toute bonne foi, lui demanderont : « N’est-il pas prétentieux d’affirmer que seul le christianisme conduit à la vie éternelle ? »
Si Jésus et les textes du Nouveau Testament nous enseignent essentiellement qu’un authentique chrétien se reconnaît à ses bonnes œuvres, en toute bonne logique le musulman et le bouddhiste qui agissent de même seraient eux aussi tout autant chrétiens, sans passer par Christ.
« Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »
(Jean 6:68-69)
En réduisant l’Evangile à un message d’amour, l’Église Catholique retire au monde non-chrétien les moyens de discerner en Jésus-Christ le Fils unique de Dieu et le seul Sauveur du monde. Tout au plus, les autres religions accorderont au christianisme que Jésus-Christ a été :
- Un homme meilleur que les autres,
- Un martyr pour la cause de Dieu,
- Un grand modèle : un sage ou un saint hors du commun,
- Le fondateur de la religion de l’amour,
- Un ardent défenseur de la justice et de la paix.
Alors que les croyants rachetés proclament que Jésus-Christ est :
- Le Fils de Dieu (Luc 1:35),
- Celui par qui Dieu a créé l’univers et celui qu’Il a établi héritier de toutes choses (Hébreux 1:2),
- Lumière véritable qui, en venant dans le monde éclaire tout homme (Jean 1:9),
- Celui qui a donné sa vie en expiation des péchés du monde (1 Jean 2:2),
- Celui qui a réconcilié l’homme avec Dieu en faisant la paix par le sang de sa croix (Colossiens 1:20),
- Source de vie éternelle : « Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12),
- Celui à qui Dieu a remis le pouvoir de juger tous les hommes (Jean 5:22).
« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »
(Philippiens 2:5-11)
Il est intéressant de rechercher dans le Nouveau Testament les différentes expressions qui ont été utilisées lorsque l’on parle de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Ce message est appelé tour à tour : « Evangile du Christ » (Marc 1:1), « l’Evangile de paix » (Ephésiens 6:15), « l’Evangile de votre salut » (Ephésiens 1:13), « le glorieux Evangile » (2 Corinthiens 4:4), ou encore « la bonne nouvelle de la grâce de Dieu » (Actes 20:24).
Ces diverses formules reflètent, chacune à leur manière, la perfection de l’œuvre rédemptrice de Dieu opérée en faveur de l’homme perdu.
Parmi elles, nous retiendrons pour la suite de notre étude la dernière mentionnée : « La bonne nouvelle de la grâce de Dieu ».
Nous voudrions opposer cette formule de l’apôtre Paul à celle du pape Jean-Paul II : « l’évangile de la charité ». En effet, si nous lisons correctement le Nouveau Testament, nous y trouvons une insistance beaucoup plus grande sur l’état pécheur de l’homme, tant riche que pauvre, et sur la condition de perdition de tous les hommes sans exception. Et si, comme le dit sœur Emmanuelle, Jésus est un « maître en amour », nous ne devons pas oublier qu’il est venu avant tout sur terre en tant que « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Ce n’est donc pas tant les structures de la société qui demandent un changement, mais bien le cœur de l’homme.
« Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. »
(Marc 7:21-22)
« Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. »
(1 Corinthiens 1:18)
Dans la préface du livre de sœur Emmanuelle, nous trouvons cette citation d’un ouvrage du cardinal Ratzinger :
« Certains textes de dévotion semblent suggérer que la foi chrétienne en la Croix se représente un Dieu dont la justice inexorable a réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Autant cette image est répandue, autant elle est fausse. » (extrait de Foi chrétienne hier et aujourd’hui, Mame 1976, p.19).
Il est vrai que la Bible nous parle d’un Dieu d’amour et de miséricorde. On ne peut pas, effectivement, assimiler Dieu à un juge impitoyable qui ne saurait être fléchi. Et pourtant, la Bible nous apprend bien que la justice parfaite de Dieu a nécessité le sacrifice de son propre Fils pour le salut de l’homme.
Présenter Dieu comme un juge inflexible n’est donc pas juste, mais que le péché de l’homme ait impliqué la mort du Fils de Dieu, cela est la vérité :
« Non, la main de l’Eternel n’est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face, et l’empêchent de vous écouter » (Esaïe 59:1-2).
C’est à cause de cela que l’annonce de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu a commencé par cette publication solennelle de Jean Baptiste :
« Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29).
Jésus a lui-même confirmé cette proclamation :
« C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Matthieu 20:28).
L’apôtre Pierre lui a rendu témoignage en ces termes :
« Sachant que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:18-19).
Enfin, l’apôtre Paul a expliqué :
« En lui (Jésus) nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d’intelligence » (Ephésiens 1:7-8).
D’un côté, l’évangile de la charité invite les hommes de toutes croyances à s’unir dans l’amour, en portant leur regard sur un modèle parfait d’humanité : le Christ serviteur.
D’un autre côté, l’Evangile de la grâce de Dieu invite les hommes de toutes croyances à se reconnaître pécheurs, en regardant vers Celui qui a payé la rançon de leur péché : le Christ serviteur.
La dualité « évangile de la charité / Évangile de la grâce » n’est pas une nouveauté : C’est le fameux débat « salut par les œuvres / salut par grâce » que nous retrouvons tout au long de l’histoire de l’Église. Le livre de la Genèse nous rappelle que Dieu a rejeté l’offrande de Caïn et accepté le sacrifice d’Abel. La leçon est évidente : ce n’est pas à l’homme de choisir le moyen par lequel il doit s’approcher de Dieu. C’est à Dieu d’indiquer à l’homme coupable le moyen qu’Il a choisi pour lui pardonner son péché, et ce moyen, c’est le sang de Jésus.
« Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. »
(Luc 24:44-47)
La Bible nous fait voir tous les rejets de Dieu par l’homme dans le passé :
- La désobéissance d’Adam et Eve en Eden et ses conséquences,
- Le meurtre d’Abel et la décadence complète de l’humanité jusqu’au jugement du déluge,
- Après Noé, l’orgueil de Babel conduisant à la confusion du langage et à la dispersion de l’humanité sur la terre,
- L’idolâtrie sans cesse renaissante d’Israël, le peuple choisi par Dieu : depuis le veau d’or à la sortie d’Egypte, jusqu’à la ruine finale de Jérusalem et la déportation de Juda à Babylone.
En fait, qu’on le veuille ou non, tout l’Ancien Testament démontre magistralement que l’homme est dégénéré de nature et incapable, même sous la Loi, de rester juste devant Dieu. Il fallait donc régénérer l’homme : c’est le salut en Jésus-Christ proposé par Dieu dans la Nouvelle Alliance.
« L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime propitiatoire pour nos péchés. »
(1 Jean 4:9-10).
L’apôtre Jean nous rappelle ici trois idées importantes :
- Dieu aime les hommes,
- Les hommes n’ont pas aimé Dieu,
- Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est mort pour expier les péchés des hommes.
« N’entre pas en jugement avec ton serviteur ! Car aucun vivant n’est juste devant toi. »
(Psaume 143:2)
L’Évangile de la grâce de Dieu est, dès le départ, sans concession pour l’homme. Il part d’un constat tragique :
« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3:23).
C’est l’apôtre Paul qui fait ce constat lorsqu’il explique la justification par la foi en Jésus-Christ dans l’épître aux Romains. Pour démontrer l’universalité du péché, il cite cet extrait du psaume 14 :
« L’Eternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Psaume 14:1-2).
Paul dit donc : « Il n’y a pas de distinction, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ; mais il ajoute aussitôt, et c’est là que se trouve pour nous la bonne nouvelle :
« Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience, afin, dis-je, de montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? NON, mais par la loi de la foi » (Romains 3:23-27).
Ainsi, la seule chose que chacun ait mérité de la part de Dieu, c’est le jugement. À la lumière de Sa justice et de Sa sainteté, Dieu ne nous doit rien d’autre que la condamnation. Il nous a créés et nous avons péché. Pourtant, par amour pour nous, Dieu nous a malgré tout préparé le moyen de l’approcher. Ce n’est pas un dû, c’est un don émanant de l’amour de Dieu. Adam et Eve savaient par quels actes ils pouvaient plaire à Dieu, pourtant ils péchèrent – et nous aussi nous avons péché – en sorte que la nouvelle voie d’accès que Dieu nous donne ne peut plus être basée sur nos actes, mais sur la grâce de Dieu. L’apôtre Paul établit ce parallèle entre Adam et Jésus-Christ :
« C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,… Si par l’offense d’un seul la mort a régné par lui seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par Jésus-Christ lui seul ! Ainsi donc, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes » (Romains 5:12,17-18).
De ce fait, Jésus-Christ mérite la fidélité et la loyauté, la dévotion et l’obéissance absolues et entières de chaque être humain. Les autres systèmes religieux sont totalement étrangers à ce salut offert par Dieu en Jésus-Christ.
« Car le salaire du péché, c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. »
(Romains 6:23)
C’est en découvrant ce verdict de Dieu sur sa nature incurable de pécheur et sa juste condamnation, que l’homme peut comprendre ce qu’est véritablement l’Evangile : une bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle lui dit qu’il était injuste et perdu, coupable et condamné devant son Créateur, le Dieu parfaitement saint, mais qu’il ne doit pas désespérer. Dieu dans son grand amour fait grâce à l’homme. L’homme méritait d’être puni, mais Dieu le justifie et le gracie par le moyen d’un rachat, d’une rançon qu’il paie à sa place : son Fils unique meurt sur la croix comme victime expiatoire pour ses péchés. Ainsi se manifeste la sainteté de Dieu qui, dans Sa grande miséricorde et Sa justice parfaite, ne laisse pas le coupable impuni. Le verset bien connu Jean 3:16 résume parfaitement cette bonne nouvelle :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».
« Car l’âme de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel, afin qu’il servît d’expiation pour vos âmes, car c’est par la vie que le sang fait l’expiation. »
(Lévitique 17:11)
Il existe aujourd’hui dans l’Église Catholique une théologie qui voit en Jésus celui qui s’est rendu solidaire de tous les misérables, de tous les suppliciés, de tous ceux qui, comme lui, ont souffert et ont connu une mort atroce. Mais le Christ n’a pas été seulement la victime de l’injustice des grands de ce monde, il a été le seul à connaître la colère de Dieu sur le péché. Lui seul a été l’agneau de Dieu, celui qui a subi le châtiment de Dieu à la place de beaucoup.
Dans l’Ancien Testament, de nombreux types préfigurent la mort du Christ. Tous ont ceci en commun : ils ne sont pas avant tout un exemple d’amour et de dévouement, mais présentent une vie donnée à la place d’un autre. Jésus-Christ n’est pas mort seulement parce qu’il s’est dévoué, afin d’être un modèle d’amour et d’abnégation, mais :
« Celui qui n’a point connu le péché, il (Dieu) l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5:21).
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Galates 3:13).
« Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3:18).
Les types qui nous parlent de la mort du Christ dans l’Ancien Testament placent devant nous autant d’aspects divers de sa mort.
- Les vêtements de peau (un animal avait donc été immolé) de Genèse 3:21 rappellent comment Dieu pourvoit à la nudité du pécheur.
- Le sacrifice sanglant d’Abel apportant les premiers-nés de son troupeau, montre la nécessité du sang répandu – « sans effusion de sang, il n’y a point de pardon », Hébreux 9:22 – alors que l’offrande de Caïn, fruit de son travail sur une terre maudite, n’est pas agréée.
- En Genèse 22, Abraham offre Isaac, comme Dieu donnera son Fils ; mais, de fait, le sacrifice d’Isaac n’est pas consommé : à sa place, un bélier est offert en holocauste.
- Lors de la Pâque, le sang de l’agneau devait être mis sur chaque porte : appropriation personnelle du sacrifice de Christ.
- Le serpent d’airain au désert nous rappelle Jésus fait malédiction pour nous. (cf. l’image que Jésus en donne en Jean 3:15)
- Esaïe 53 dit expressément :« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Eternel l’a frappé pour l’iniquité de nous tous » (verset 6).À la fin du chapitre, le prophète souligne quatre aspects de la croix :« Il s’est livré lui-même à la mort, il a été mis au nombre des malfaiteurs, il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, il a intercédé pour les coupables » (verset 12b).
« À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. »
(Romains 5:9)
Lorsqu’il a annoncé la Bonne Nouvelle à Athènes, debout au milieu de l’aréopage, l’apôtre Paul n’a pas cherché à ménager son auditoire, il ne s’est pas lancé dans le compromis interreligieux, mais il a fidèlement transmis ce message de la part de Dieu aux hommes :
« Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts » (Actes 17:30-31).
L’Évangile de la grâce de Dieu est un ultimatum qui place chaque homme devant un choix définitif, sans retour :
- Ou bien accepter de se reconnaître coupable et recevoir par le sang de Jésus la paix avec Dieu,
- Ou bien résister à l’Esprit-Saint qui le convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16:8), en ne se reconnaissant pas fondamentalement injuste devant Dieu, s’exposant alors au jugement et à la condamnation annoncés par Dieu.
« Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »
(Jean 3:18)
L’annonce de la Bonne Nouvelle ne peut pas passer sous silence l’imminence du jugement de l’humanité. Relisons comment Pierre s’est exprimé devant les païens rassemblés autour de Corneille :
« Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Actes 10:42-43).
Et, comme les apôtres envoyés par Jésus, les témoins actuels du Christ ne doivent pas non plus atténuer ce caractère urgent et définitif de l’Evangile. Le vrai disciple du XX° siècle ne craindra pas de parler de Jésus comme de
« Celui qui nous délivre de la colère à venir » (1 Thessaloniciens 1:10).
Méditer sur la colère de Dieu – « car notre Dieu est aussi un feu dévorant », Hébreux 12:29 – nous aide à comprendre la haine que Dieu éprouve pour le péché et peut nous donner une saine crainte de Dieu. Et cela nous conduira à louer avec ferveur Jésus-Christ qui nous a délivrés de cette colère.
« Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. »
(1 Thessaloniciens 5:9)
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. »
(Luc 9:23-24)
Avec l’Evangile de la grâce de Dieu, on entre par une porte étroite, on avance sur un chemin resserré, avec des tribulations et en vivant séparé du mal.
La porte étroite
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes » (Luc 13:24-25).
Le chemin resserré
« Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7:13-14).
Les tribulations
« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ». (Jean 15:18-20)
« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33b).
La séparation d’avec le mal
« Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Corinthiens 6:14-16a)
Là encore, nous nous retrouvons bien loin du salut universel offert par les disciples de l’évangile de la charité. Le livre des Actes nous rappelle l’insistance de Pierre au jour de la Pentecôte :
« Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2:40).
« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. »
(1 Corinthiens 3:11)
L’Evangile de la grâce de Dieu annonce le salut uniquement en Jésus-Christ. Mahomet, Bouddha ou tout autre grand personnage (même la Vierge des catholiques4) ne sont d’aucun secours. Toute religion ou sagesse humaine qui ne reconnaît pas en Jésus-Christ l’unique médiateur entre Dieu et les hommes s’écarte du plan de salut offert par Dieu aux hommes.
« Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »
(Actes 4:12)
Toutes les religions sont des mirages trompeurs dans le désert de l’humanité perdue. Or, jamais le mirage d’une oasis n’a étanché la soif d’un voyageur égaré dans l’étendue désertique. Même la tolérance envers les systèmes religieux imaginés par les hommes conduit à la mort :
« Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue c’est la voie de la mort » (Proverbes 14:12).
L’homme a besoin d’une eau fraîche. L’Ecriture désigne sans l’ombre d’un doute Jésus comme la véritable oasis, comme l’unique source d’eau vive.
« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux » (Esaïe 55:1).
« L’Eternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas » (Esaïe 58:11).
Jésus a confirmé lui-même ces prophéties d’Esaïe :
« Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4:14).
Pour cette raison, en pratiquant le syncrétisme religieux, l’Église Catholique encourt la même condamnation qu’Israël aux temps de son idolâtrie :
« C’est pourquoi je veux encore contester avec vous, dit l’Eternel… Car mon peuple a commis un double péché : ils m’ont abandonné, moi qui suis une source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jérémie 2:9a-13).
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois ; le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
(Luc 12:51-53)
L’Évangile de la grâce de Dieu est un message radical. Selon qu’on l’accepte ou le rejette, il sépare les hommes en deux catégories : les sauvés et les perdus. À travers tout l’enseignement de Jésus et des apôtres apparaît une frontière divisant les hommes en deux camps opposés. L’Ecriture emploie les images et les expressions les plus diverses pour caractériser ces deux camps. On se souvient que, dans son discours sur la fin des temps, Jésus opposait le bon et le mauvais serviteur, la vierge sage et la vierge folle, la brebis et le bouc.
Jean Baptiste compare les sauvés et les perdus à du blé que l’on amasse et de la paille que l’on brûle :
« Il (Jésus) a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point » (Matthieu 3:12).
Jésus distingue la bonne semence et l’ivraie :
« La bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin » (Matthieu 13:38).
Pour l’apôtre Jean, il n’y a que deux sortes d’hommes :
« Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12).
« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. »
(Jean 8:44)
L’Évangile de la grâce de Dieu prend en compte la réalité d’un esprit mauvais, Satan, qui a entraîné l’homme dans la désobéissance (chute d’Adam), qui est le tentateur et l’accusateur de l’homme, voulant le conduire au péché et, par là, à une séparation définitive de son Créateur. Il est appelé par Jésus le père du mensonge et le Prince de ce monde, pouvant étendre son influence et son pouvoir sur toute l’humanité. Jésus, le Fils de Dieu, le seul homme sans péché, l’a vaincu à Golgotha :
« Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:31-32).
À la croix, le monde en tant que système, le prince de ce monde et les puissances qui en dépendent ont été jugés et destitués de leur pouvoir :
« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Colossiens 2:15).
La mort de Jésus entraîne pour le croyant une justification qui ne peut jamais être remise en cause.
« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est à dire le diable, et qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude » (Hébreux 2:14-15).
Les hommes non-croyants sont dans les ténèbres, car ils sont aveuglés par la puissance du diable. C’est pourquoi, lorsqu’il établit Paul son ministre et son témoin, le Seigneur Jésus s’adresse à lui en ces termes :
« Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés » (Actes 26:17-18).
Le chrétien né de nouveau, étant passé des ténèbres à la lumière, échappe à la puissance de Satan :
« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui même, et le malin ne le touche pas. Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jean 5:18-19).
Toutefois, même si un enfant de Dieu ne peut être touché par Satan, il doit toujours se montrer vigilant et se tenir prêt à lui résister avec une foi inébranlable :
« Votre adversaire, le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde » (1 Pierre 5:8-9).
Si Jésus-Christ est la seule voie qui mène à Dieu, où donc conduisent les religions du monde ?
« Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ephésiens 6:12).
« Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. »
(Jean 14:23)
L’Église Catholique a très bien su discerner, il y a quelques années, qu’une certaine théologie de la libération pouvait glisser facilement vers les principes marxistes et révolutionnaires athées5. De la même manière, comment ne voit-elle pas qu’en pratiquant son évangile social, elle se retrouvera immanquablement sur le terrain des droits de l’homme, où les notions de liberté, de justice et de paix n’ont pas la même acception que dans la Bible ?
L’évangile social parle de la défense de la dignité et de la liberté de l’homme. La Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu rappelle que la culpabilité et la corruption de l’homme ont rendu nécessaire le sacrifice de Jésus, pour le dépouiller de sa vieille nature et faire de lui une nouvelle créature.
« C’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ephésiens 4:21b-24).
Jésus-Christ n’est pas venu établir une société plus juste. Il est venu restaurer la nature déchue de l’homme afin de le rendre participant de la nature et de la vie divines. Le Seigneur Jésus parle de ce changement de nature comme d’une nouvelle naissance :
« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3:5-7).
La nouvelle naissance a pour conséquence un changement radical opéré par l’Esprit-Saint dans les sentiments, les pensées et la volonté de l’homme. Les auteurs du Nouveau Testament l’ont présentée sous différents aspects : une vie nouvelle (Romains 6:4), une résurrection spirituelle (Ephésiens 2:5), un nouvel esprit (Romains 7:6), un homme nouveau (Ephésiens 4:24), un bain de régénération (Tite 3:5).
Paul dit que notre vieux moi a été cloué à la croix :
« Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Romains 6:6).
La nouvelle naissance est également le point de départ d’une authentique marche dans la sainteté. Cette nouvelle vie trouve sa source en Jésus-Christ : le chrétien né de nouveau est un sarment greffé par le vigneron (Dieu) sur le cep (Jésus).
« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5).
Cette vie pleine et entière avec Dieu en Jésus-Christ, les fidèles catholiques en sont privés, parce que leurs bergers ont remplacé la nouvelle naissance par la régénération baptismale et la puissance de leurs sacrements. Ils ont fait de l’Evangile une nouvelle Loi dans laquelle les œuvres de bienfaisance donnent à ceux qui les pratiquent l’illusion de la sainteté. La Bible enseigne, au contraire, que, de même que nous ne pouvions mériter notre salut, nous ne pouvons pas non plus nous sanctifier par nos propres efforts : la sanctification est l’œuvre du Saint-Esprit en nous. C’est la raison pour laquelle on peut affirmer avec assurance que les religions ne viennent pas de Dieu, même avec toutes leurs apparences d’humilité et de piété.
Selon l’apôtre Paul, la nouvelle naissance permet de distinguer deux sortes d’hommes dans le monde :
- L’homme naturel (dépendant des sens), c’est à dire issu d’Adam, non régénéré. Cet homme peut être instruit, éloquent, aimable, séduisant et d’apparence humble et religieuse, mais le sens spirituel des Ecritures lui échappe complètement.
- L’homme spirituel, c’est-à-dire l’homme nouveau, rempli du Saint-Esprit et marchant selon l’Esprit de vérité en pleine communion avec Dieu.
« L’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui même jugé par personne. Car, qui a connu la pensée du Seigneur, pour l’instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. »
(1 Corinthiens 2:14-16)
Les mouvements révolutionnaires, les idéaux démocratiques, les grands courants philosophiques et artistiques qui ont marqué ces deux derniers siècles s’essoufflent. Animées par l’ardeur généreuse du vieux rêve de l’humanité de voir tous les hommes devenir frères (« Alle Menschen werden Brüder » comme on le chante dans la 9° symphonie de Beethoven), ou encore emportées par l’ardeur impétueuse de « l’Internationale » qui entraîne la « foule esclave » dans une « lutte finale », les générations d’hommes se sont succédées, incapables de refaire le monde, impuissantes à endiguer le mal, l’injustice, la souffrance et la guerre.
Tous, qu’ils aient été généreux, sincères, tolérants, pacifiques, ou qu’ils se soient comportés en dictateurs, tous ont échoué, et l’inquiétude ronge toujours le cœur de l’homme, du riche comme du pauvre.
Tous ont ceci en commun : ils ont cru pouvoir affranchir l’humanité en se passant de Dieu. Le deuxième couplet de l’Internationale ne dit-il pas : « Ni Dieu, ni césar, ni tribun? » ?
Les sciences et techniques ont apporté un plus grand confort matériel et modifié considérablement la manière de vivre, mais les hommes sont devenus esclaves du travail, du confort, des loisirs, de l’argent. Le péril écologique et nucléaire grandit chaque jour, et notre société est confrontée à de graves problèmes éthiques qui deviennent de plus en plus difficiles à solutionner.
Nos vénérées sciences humaines n’ont pas fait mieux. Donnant à l’homme l’illusion d’une plus grande conscience de lui-même, elles n’ont pas percé le secret de ses origines et de sa nature intime. S’ils avaient accordé quelque crédit à la Bible, nos intellectuels y auraient découvert que Dieu « a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin » (Ecclésiaste 3:11).
Pour bien des observateurs lucides, l’heure n’est plus aux illusions. Beaucoup de cœurs assoiffés et fatigués cherchent le repos. C’est pourquoi les hommes de cette fin de XX° siècle se tournent, de plus en plus nombreux, vers les religions et le surnaturel. Quelles réponses vont-ils trouver à leurs questions ? Quelle espérance donnera-t-on à leurs attentes ?
L’Église Catholique, pour sa part, propose de prendre en compte l’héritage religieux et culturel universel, d’en retenir ce qui est bon et de l’animer du souffle de l’Evangile, exprimant ainsi sa confiance et son espérance en la capacité de l’homme à bâtir par lui-même un monde nouveau.
Notre réflexion se terminera donc sur ces deux points :
- La proclamation de l’Evangile peut-elle prendre en compte les valeurs positives des religions ?
- La proclamation de l’Evangile peut-elle aussi s’accommoder des valeurs de culture et de pensée du monde ?
« Il n’y a point d’autre Dieu que moi, je suis le seul Dieu juste et qui sauve. Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. Je le jure par moi-même, la vérité sort de ma bouche et ma parole ne sera point révoquée : Tout genou fléchira devant moi, toute langue jurera par moi. En l’Eternel seul, me dira-t-on, résident la justice et la force ; à lui viendront, pour être confondus, tous ceux qui étaient irrités contre lui. Par l’Eternel seront justifiés et glorifiés tous les descendants d’Israël. »
(Esaïe 45: 21c-25)
Rappelons-nous ces paroles de sœur Emmanuelle :
« J’avais aimé étudier le bouddhisme. Eh bien, je pense qu’il pourrait nous apporter une approche de la vérité par le dépouillement de « l’ego » qui nous ferait à tous le plus grand bien ».
On peut effectivement établir des parallèles entre l’enseignement de Bouddha et celui de Jésus-Christ. Voici, par exemple, une phrase attribuée à Bouddha :
« Si un insensé me fait du tort, je lui offrirai en retour la protection de mon inépuisable amour ; plus il me fera de mal, plus je lui rendrai du bien… ».
En lisant cela, on pense immédiatement à :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5:44).
N’y a-t-il pas là un dénominateur commun sur la base duquel pourrait s’établir un dialogue interreligieux ?
Malheureusement non, parce que la profession de foi du bouddhiste ne reconnaît pas l’unique Sauveur donné par Dieu aux hommes. Elle dit :
« Je me réfugie auprès de Bouddha, je me réfugie auprès de la loi, je me réfugie auprès de l’assemblée (c’est à dire celle des moines) ».
Le chrétien racheté par le sang de Christ confesse par contre : « Je me réfugie auprès de Jésus-Christ, mon Sauveur, mort pour mes péchés, je me réfugie auprès de la Bible, unique parole de Dieu donnée aux hommes, je me réfugie auprès de l’Église, assemblée des rachetés remplis de l’Esprit-Saint ».
Si nous regardons du côté de l’Islam, il est également possible d’établir des parallèles entre le Coran et la Bible. Par exemple :
« L’aumône que vous ferez, le vœu que vous avez formé, seront connus du ciel. Il est bien de manifester vos bonnes œuvres, il est mieux de les cacher, et de les verser dans le sein des pauvres, elles effacent les péchés, parce que le Très-Haut est le témoin des actions » (Sourate 2:273).
Cet extrait du Coran ne nous rappelle-t-il pas :
« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Matthieu 6:3-4) ?
L’Islam, religion monothéiste, n’est-il pas finalement très proche du christianisme ? Malheureusement, ici encore, nous rencontrons une confession de foi qui exclut Jésus-Christ :
« Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète ».
La répétition de cette profession efface cent péchés et vaut cent bonnes actions. Quant au Coran, livre sacré des musulmans, il est considéré comme « l’ouvrage de Dieu ». Le chrétien racheté, au contraire, croit au Dieu révélé par la Bible et trouve son salut en Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes. La confession sincère du Seigneur Jésus mort et ressuscité le sauve et fait de lui un enfant de Dieu.
« Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; quiconque confesse le Fils a aussi le Père » (1 Jean 2:23-24).
On peut certainement trouver dans beaucoup de religions des enseignements et des pratiques respectables en soi, pouvant s’accorder avec l’Evangile. C’est probablement en se basant sur ces observations que le cardinal Ratzingzer a dit :
« Les religions pourraient donc garder leurs formules, leurs formes et leurs rites, mais en les orientant à cette juste praxis : À leurs fruits, vous les reconnaîtrez » (cité ci-dessus).
Si de tels propos reflètent un esprit de tolérance, de respect et d’ouverture envers les autres croyances, ils n’en représentent pas moins une véritable TRAHISON de l’œuvre et de la personne de Jésus-Christ, de la part des conducteurs catholiques romains.
On ne peut pas confesser Jésus-Christ le Fils de Dieu, et en même temps accorder à Bouddha et Mahomet, qui ne sont que des hommes, un quelconque crédit. Jésus a dit :
« C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10:32-33).
Le monde doit savoir que Jésus-Christ est le SEUL Médiateur entre Dieu et les hommes. Ne pas proclamer cela, c’est RENIER Jésus-Christ, et c’est priver de la vie éternelle ceux qui la recherchent.
« Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut ? » (Hébreux 2:3).
Et encore :
« Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? » (Romains 10:14).
« Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Romains 10:17).
Avec le dialogue interreligieux, le pape Jean-Paul II et les conducteurs de l’Église de Rome trompent leurs fidèles et agissent en faux prophètes, ceux-là même que l’apôtre Jean a dénoncés en ces termes :
« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu :
Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent d’après le monde, et le monde les écoute » (1 Jean 4:1-5).
« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. »
(2 Timothée 4:3-4)
Selon le cardinal Jean-Marie Lustiger (archevêque de Paris), la catholicité de l’Église romaine, c’est-à-dire son caractère d’universalité, lui conférerait un rôle moteur et unificateur dans l’évolution de l’humanité en route vers une civilisation planétaire :
« […] Les voyages de Jean-Paul II semblent aux observateurs superficiels faire partie de la ronde incessante des grands de ce monde autour de la planète. C’est ignorer ce qu’il dit et fait en chacune de ses étapes. Ce que l’on nomme « mondialisation », en ne retenant que les données économétriques de la vie des sociétés, est, au regard de ce Pape, l’une des plus grandes chances et l’une des plus grandes épreuves de l’histoire des hommes : La rencontre concrète et quasi immédiate des cultures. Comment assurer la communion universelle des hommes sans que soit reniée, ou perdue, aucune des richesses spirituelles qui constituent le patrimoine de l’humanité ?
« C’est là, très exactement, la mise en œuvre du concept de catholicité que l’Église a revendiqué depuis ses origines. Jean-Paul II est intellectuellement armé pour penser un tel bouleversement […] ».
Le cardinal Lustiger décrit cette arme intellectuelle qui donne, d’après lui, au pape « la puissance visionnaire du serviteur de la Vérité » :
« […] Il n’a pas cessé d’être un philosophe de haut-vol. […] Les outils conceptuels dont dispose Jean-Paul II sont ainsi bien plus richement diversifiés que ceux auxquels recourt habituellement l’intelligentsia occidentale. Si les intellectuels polonais ont pu, au travers des tribulations de ce siècle, entretenir la vitalité de leurs cercles d’enseignement et de réflexion, c’est parce qu’ils ne se sont pas laissés enfermer dans le dilemme entre la culture classique et les prolongements de l’hégélianisme, mais ils ont accueilli l’apport philosophique de la phénoménologie, un peu comme les Pères de l’Église avaient reçu le platonisme ou les théologiens médiévaux l’aristotélisme. […] C’est dans la phénoménologie qu’il (Jean-Paul II) a trouvé son outil de pensée et d’action, prenant sa part créatrice aux renouvellements ultérieurs de la pensée au XX° siècle […] » (Géopolitique, n°58, été 1997, p.5).
L’Esprit-Saint vous enseignera toute chose
« Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »
(Jean 14:26)
Avant d’aller plus loin dans notre réflexion, il me semble important de nous rappeler comment les premiers apôtres furent « armés intellectuellement » par Jésus et quelle fut leur « puissance visionnaire ».
Voici ce que rapporte le livre des Actes au sujet de Pierre et de Jean, quand ceux-ci furent amenés à témoigner de Jésus-Christ devant les anciens, les scribes et les principaux sacrificateurs :
« Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction ; ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus » (Actes 4:13).
L’arme qui donnait tant d’assurance aux disciples n’était pas leurs ressources intellectuelles, mais l’Esprit de Dieu qui agissait en eux :
« Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous aurez à dire, mais dites ce qui vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint » (Marc 13:11).
Chacun le sait, Jésus a aussi recruté parmi ses apôtres des hommes très instruits, comme le rabbin Saul de Tarse appelé Paul. Mais celui-ci dit bien que, lorsqu’il rendait témoignage, il ne recourait ni à des artifices de langage, ni à des raisonnements propres à entraîner l’adhésion des gens :
« Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement ; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi fut fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2:1-5).
Les apôtres se sont toujours gardés de mêler à l’annonce de la Bonne Nouvelle toutes considérations provenant de la sagesse humaine. Et même si la philosophie, la sociologie ou l’anthropologie sont en vogue ces dernières années, nous devons nous aussi nous garder d’associer la pensée biblique – qui est la parole de Dieu – à l’idée d’une culture chrétienne.
Si nous attirons l’attention sur ce que nos livres d’histoire appellent la civilisation judéo-chrétienne, nous sous-entendons que l’Evangile est lié à des valeurs de pensée, de culture et de manière de vivre issus d’une tradition. Il n’y a plus de raison, à nouveau, de ne pas prendre en compte également les civilisations issues de l’Islam, du Bouddhisme ou autres… en considérant qu’à leur manière, ces religions ont aussi quelque chose à apporter au monde.
Jésus-Christ Chemin Vérité et Vie
La Bible est la seule parole que Dieu ait donné aux hommes, et Jésus est le seul homme qui, venant d’auprès de Dieu, pouvait nous apporter le salut.
« Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. »
(Jean 3:13)
En affirmant cela, le chrétien ne se place nullement au-dessus des autres hommes, puisqu’il sait qu’il est né pécheur comme eux. Il ne fait que son devoir de disciple de Jésus-Christ qui aime les autres hommes et désire de tout son cœur qu’ils soient sauvés à leur tour. Agissant en toute loyauté envers ses frères humains, il ne peut que leur parler selon la Vérité, leur apportant la parole de Vie, l’Evangile éternel : une bonne nouvelle immuable, décidée de toute éternité et éternellement valable.
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant l’Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d’une voix forte : Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux. »
(Apocalypse 14:6-7)
Cet Evangile éternel, l’apôtre Paul l’a merveilleusement résumé ainsi :
« Dieu nous a sauvés, et nous a appelés par une vocation sainte, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Evangile » (2 Timothée 1:9-10).
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »
(2 Corinthiens 5:17)
Le missionnaire anglais Hudson Taylor (XIX° siècle) a laissé ce souvenir d’une de ses soirées d’évangélisation en Chine :
« Nyi était donc entré dans la « salle de Jésus », ce soir-là, lui, un membre de cette multitude qui, par crainte de la mort, est retenue toute la vie dans la servitude. Comme il était là, assis, écoutant ardemment, l’espérance commença de poindre dans son cœur. Les choses vieilles s’en furent et il devint conscient que toutes choses étaient nouvelles.
« Le « maître étranger » avait cessé de parler. Regardant tout l’auditoire, Nyi se leva et déclara avec simplicité : « J’ai longtemps cherché la Vérité, comme l’a fait mon père avant moi, mais sans la trouver. J’ai cherché auprès et au loin, mais je ne l’ai pas découverte. Je n’ai pas trouvé de repos dans le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme ; mais je trouve le repos dans ce que nous avons entendu ce soir. C’est pourquoi, dès maintenant, je crois en Jésus. »
« L’effet de cette profession de foi fut profond, car Nyi était très estimé. Quelque temps après, il rendit témoignage de sa foi dans une réunion de la société à laquelle il avait appartenu. Il devint par la suite un auxiliaire précieux pour les missionnaires et ce fut lui qui, un jour, demanda à brûle-pourpoint à Hudson Taylor : « Depuis combien de temps avez-vous la Bonne Nouvelle en Angleterre ? » Le jeune missionnaire était honteux d’avoir à le dire et répondit vaguement qu’il y avait un certain nombre de siècles.
« Comment ? répliqua Nyi stupéfait, des centaines d’années ! Est-il possible que vous ayez connu Jésus depuis si longtemps et que vous ne veniez que maintenant nous en parler ! Mon père a cherché la Vérité pendant plus de vingt ans et il est mort sans l’avoir trouvée. Oh ! pourquoi n’êtes-vous pas venus plus tôt ? »
(Vie de Hudson Taylor, éditions TEMA, p.217-218).
Quel contraste entre cet encourageant récit d’évangélisation et les propos confus de sœur Emmanuelle cités plus haut : « Je possède peut-être quelques rayons de l’absolu, mais les autres religions aussi », ou encore : « Jamais je n’ai cherché ou ne chercherai à les (les musulmans) convertir ».
Hudson Taylor, qui ne figure pas au calendrier des saints catholiques, a été l’instrument de Dieu pour conduire à leur Sauveur des milliers de Chinois. Vers la fin de sa vie, alors que son œuvre missionnaire prenait de plus en plus d’expansion – par la grâce de Dieu – son souci d’apporter au monde la parole de libération se faisait toujours plus grand. Avec tout son désir de développer les dons de l’Église chinoise, il redoutait de voir l’instruction, l’œuvre médicale ou toute autre activité auxiliaire usurper la place centrale :
« Remplacer la prédication par les œuvres sociales serait une grave erreur. Si nous pensons que les gens se convertiront par l’éducation au lieu de la régénération, nous sommes dans l’erreur. Les activités auxiliaires doivent être vraiment auxiliaires, c’est-à-dire des moyens pour amener les hommes à Christ. Exaltons en nous-mêmes le glorieux Evangile et croyons qu’il est une puissance de salut.
« Pourquoi se mettre en apprentissage chez un constructeur, sinon pour apprendre à construire ? A quoi cela sert-il de nous attacher à un Sauveur, si nous n’apprenons pas à sauver ? Quoique nous puissions être sauvés nous-mêmes, serions-nous en fait ses disciples ? »
(Vie de Hudson Taylor, p.450).
Les fidèles catholiques ignorent l’existence de tels témoins du Christ, et ils sont pourtant nombreux dans le monde actuellement ! Ces courageux soldats du Christ ne reçoivent pas les honneurs de ce monde, mais ils peuvent tous dire, au moment de quitter cette terre :
« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement » (2 Timothée 4:7-8).
Dans le discours de Jésus sur la fin des temps que nous avons évoqué plus haut, notre Seigneur dit ceci :
« C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, – que celui qui lit fasse attention ! » (Matthieu 24:15).
Le syncrétisme religieux de l’Église Catholique nous rapproche d’une manière certaine de ces temps d’abomination. Et puisque Jésus nous demande d’être attentifs à la prophétie de Daniel se rapportant à ces temps, soyons-le. Retenons de cette dernière prophétie ce verset encourageant :
« Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité » (Daniel 12:3).
Si nous sommes d’authentiques témoins de Jésus-Christ, rachetés par son sang, nous devons enseigner la justice de Dieu aux hommes. Celle-ci n’a rien à voir avec la justice sociale, celle des droits de l’homme : Christ est notre justice (1 Corinthiens 1:30). Tous les hommes, les riches comme les pauvres ont besoin de connaître cette parole du Messie :
« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par dessus » (Matthieu 6:33).
À la dernière page du livre de sœur Emmanuelle, j’ai relevé cette exaltante invitation :
« Debout, habitants de la terre ! Luttons ensemble pour la résurrection de la justice et de l’amour ! »
Pour terminer, je dirai simplement que le monde actuel a plus besoin de redécouvrir cette salutaire sollicitation du Seigneur Jésus :
« Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau ».
(Jean 6:27)
« Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela sans la sagesse du langage, AFIN QUE LA CROIX DE CHRIST NE SOIT PAS RENDUE VAINE ».
(1 Corinthiens 1:17)
« L’Eternel règne : que la terre soit dans l’allégresse,
Que les îles nombreuses se réjouissent !
Les nuages et l’obscurité l’environnent,
La justice et l’équité sont la base de son trône.
Le feu marche devant lui,
Et embrase à l’entour ses adversaires.
Ses éclairs illuminent le monde,
La terre le voit et tremble ;
Les montagnes se fondent comme la cire devant l’Eternel,
Devant le Seigneur de toute la terre.
Les cieux publient sa justice,
Et tous les peuples voient sa gloire.
Ils sont confus tous ceux qui servent les images,
Qui se font une gloire des idoles.
Tous les dieux se prosternent devant lui.
Sion l’entend et se réjouit,
Les filles de Juda sont dans l’allégresse,
A cause de tes jugements, ô Eternel !
Car toi, Eternel ! tu es le Très-Haut sur toute la terre,
Tu es souverainement élevé au-dessus de tous les dieux. »
(Psaume 97:1-9)
Bernard PRUNNEAUX
Sœur Emmanuelle donne quelques interprétations erronées des paroles et des attitudes de Jésus dans les évangiles. Entre autres, dans l’évangile de Jean, lorsque Jésus prend la défense de la femme adultère (au chapitre 8), sœur Emmanuelle en conclut :
« Je suis persuadée que, contrairement à l’opinion courante, les dits « péchés de la chair » sont les moindres aux yeux du Christ » (p.74).
Il n’est malheureusement pas possible d’accepter une telle assertion. La Bible ne dit pas cela, au contraire, puisque la loi de Moïse prévoyait la peine de mort pour ce péché. Et nous savons que Jésus a bien précisé :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi » (Matthieu 5:17).
Au chrétien régénéré, dont le corps est devenu « le temple du Saint-Esprit » (1 Corinthiens 6:19), Jésus demande encore plus que le Décalogue :
« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5:27-28).
Quelle leçon devons-nous donc tirer de l’histoire de la femme adultère ? En ne condamnant pas cette femme de mauvaise vie, Jésus n’a pas fait preuve d’une plus grande mansuétude que la Loi. Il a voulu rappeler aux scribes et aux pharisiens, les accusateurs, leur propre injustice aux yeux de Dieu, ainsi que l’explique l’apôtre Paul :
« O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable ; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses » (Romains 2:1).
En débutant son commentaire du texte sur la femme adultère, sœur Emmanuelle s’est exprimée ainsi : « Je suis persuadée que… ». Cette manière de s’interposer entre l’Ecriture et les lecteurs de son livre nous conduit à cette observation : Est-il possible de soumettre l’objectivité, la parfaite cohérence et la pleine autorité de la parole de Dieu à l’entendement humain ?
Pour le magistère de l’Église Catholique c’est chose certaine. Il l’a réaffirmé sans l’ombre d’un doute par le moyen d’un texte publié par la Commission biblique pontificale intitulé : « L’interprétation de la Bible dans l’Église » (Editions du Cerf, 1994)
Ce document énumère et décrit les différentes méthodes et approches du texte biblique dont dispose le lecteur de notre époque. Nous y trouvons pêle-mêle la méthode historico-critique, les nouvelles méthodes d’analyse littéraire (rhétorique, sémiotique, narratologie), les approches basées sur la tradition, les approches par les sciences humaines (sociologie, anthropologie, psychologie, psychanalyse), les approches contextuelles (libérationiste, féministe). En publiant cette mise au point sur l’approche des textes bibliques, le Vatican n’a pas cherché à dissimuler sa double intention :
- Décourager les fidèles catholiques d’une lecture simple et d’une appropriation directe et personnelle des promesses de la Bible.
- Eveiller la méfiance envers les croyants qui témoignent, fidèles au Christ et aux apôtres, que la Bible est la parole vivante, efficace et éternelle de Dieu.
Ce double objectif visé par Rome, le journal La Croix du 7 février 1994 en a rendu compte en ces termes :
- Concernant la lecture simple :« La Bible est une somme de vieux textes. Croire qu’il suffit d’ouvrir la Bible pour la comprendre, c’est se leurrer. Un travail d’approche est nécessaire. […] L’exégèse scientifique dans les églises chrétiennes est au service de la lecture croyante de la Bible… »
- Concernant la lecture fondamentaliste :
« Cette lecture est une « forme de suicide de la pensée » selon la formule choc de la Commission biblique. Elle consiste à prendre le texte à la lettre comme si Dieu l’écrivait pour moi aujourd’hui. Le fondamentaliste refuse toute méthode ou approche du texte. Autrement dit, aucune distance n’est prise par rapport à ce que je lis et mes impressions de lecture sont aussitôt « canonisées » comme la bonne et unique façon d’interpréter les textes. Non seulement inutile, cette lecture est en plus dangereuse car elle fait dire n’importe quoi au texte. Le lecteur s’écoute lui-même, au lieu de laisser parler le texte. Le fondamentaliste ne distingue pas l’humain et le divin. Pour lui, les Ecritures sont automatiquement et immédiatement Parole de Dieu ».
En tout ceci Rome est restée fidèle à la position qu’elle tient, depuis le Concile de Trente, face à la Bible. Là où il ne lui est maintenant plus possible d’user de son opposition, elle opère une sournoise dissuasion.
Devant le déploiement de méthodes d’approches « scientifiques » recommandées par les docteurs catholiques au lecteur de la Bible, nous pouvons nous souvenir de la joie qu’éprouvait Jésus en parlant de l’Evangile révélé aux enfants :
« En ce moment même, Jésus tressaillit de joie dans son esprit, et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Luc 10:21).
La Bible présente deux récits du jugement. Celui de Matthieu 25:31-46 et celui de Apocalypse 20:11-15.
- Matthieu 25
Ce jugement aura lieu « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire » (verset 31), c’est à dire au moment de la seconde venue de Christ, après la tribulation. Ce jugement aura pour objet « toutes les nations » (verset 32) c’est à dire les ethnies (dans le texte grec ethne) ou peuples vivant sur la terre.
- Apocalypse 20
Ce jugement concerne les morts. Il se situe après le précédent : La terre et les cieux ont alors disparu (verset 11). Des livres sont ouverts et les morts sont jugés d’après leurs œuvres (verset 12). Le livre de vie est ouvert (verset 12) et quiconque n’est pas trouvé dans ce livre est jeté dans l’étang de feu (verset 15). Ce jugement peut être appelé jugement dernier parce qu’aussitôt après la Bible dit :« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus » (Apocalypse 21:1).
Pour les distinguer, on peut donc appeler le premier jugement (Matthieu 25) « jugement des nations » et le second (Apocalypse 20) « jugement dernier ».
Dans son livre, sœur Emmanuelle appelle le récit de Matthieu « jugement dernier » probablement en raison d’une note de la Bible de Jérusalem (traduction officielle de l’Église Catholique) qui dit ceci à propos des nations rassemblées devant le trône :
« Tous les hommes de tous les temps. La résurrection des morts n’est pas mentionnée mais doit être supposée. cf. Matthieu 10:15 ».
Certains cercles œcuméniques et charismatiques voudraient minimiser ou ignorer l’hérésie mariale de l’Église Catholique dans le but de favoriser l’unité des chrétiens, et cela au nom de l’amour.
L’argument biblique invoqué est presque toujours ce verset extrait de la prière sacerdotale de Jésus :
« …afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jean 17:21).
Pour bien comprendre le caractère hérétique de la doctrine mariale et de ses pratiques cultuelles, il faut se rappeler le rôle que l’Église Catholique attribue à la Vierge Marie.
Ainsi, la liturgie de la messe, après quelques paroles de salutations, débute par cette prière pénitentielle :
« Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères que j’ai péché, en pensées, en paroles, par action et par omission ; oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».
Ce recours à l’intercession de la Vierge (et des saints) montre bien que, même après Vatican II, Rome continue de considérer la Vierge comme :
- « Mater Dei » (Mère de Dieu)
- « Regina Coeli » (Reine du Ciel)
- « Mater misericordiae » (Mère de miséricorde)
- « Advocata nostra » (notre avocate)
que les fidèles peuvent invoquer pour obtenir le pardon de Dieu.
Le croyant qui fonde sa foi sur l’enseignement des apôtres sait, heureusement, que Dieu lui a donné un Avocat qui a le pouvoir de le défendre :
« Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même une victime propitiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2:1-2).
« Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins » (Hébreux 4:14-16).
La Bible ne pouvant pas fournir d’assises à la doctrine mariale, les exégètes catholiques ont essayé de justifier les dogmes de Rome en recourant à une interprétation « orientée » de certains passages du Nouveau Testament. Nous donnons ci-dessous quelques exemples trouvés dans la Bible de Jérusalem, traduction annotée officielle de l’Église Catholique.
Concernant la « virginité perpétuelle » de Marie :Matthieu 12:46 : « Comme Jésus s’adressait encore à la foule, voici, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, cherchèrent à lui parler. »Note de la Bible de Jérusalem pour le mot « frères » :« Non des fils de Marie, mais des proches parents, comme par exemple des cousins que l’hébreu et l’araméen appelaient aussi frères ».Pourtant, le mot grec (adelphos) employé dans ce passage pour parler des frères et sœurs de Jésus se différencie bien des autres termes utilisés pour désigner les cousins ou une parenté proche. D’autre part, le verset Matthieu 1:25 laisse entendre qu’après la naissance de Jésus, Marie devint réellement femme de Joseph :« Mais il (Joseph) ne la (Marie) connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus ».
Concernant les rôles « d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice » attribués à Marie (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, Art. n° 969) :Jean 19:25-27 : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »Note pour les mots « voilà ta mère » (verset 27) :« Le contexte scripturaire et le caractère singulier de l’appellation « femme » semblent indiquer que l’évangéliste voit ici un acte qui dépasse la simple piété filiale : la proclamation de la maternité spirituelle de Marie, nouvelle Eve, à l’égard des croyants représentés par le disciple bien-aimé ».Une simple lecture du verset 27 : « Dès ce moment, le disciple la prit chez lui » permet de comprendre que les paroles de Jésus n’avaient pas cette portée spirituelle mais bien pratique. Au moment où s’accomplissait la prophétie de Siméon concernant Marie : « Et à toi-même une épée te transpercera l’âme » (Luc 2:35), il est touchant de voir Jésus se préoccuper de la souffrance de sa mère, tandis que lui-même se trouve au moment extrême de son agonie.
Concernant la proclamation de la Vierge comme « Reine de l’Univers » (Dogme de l’Assomption, 1950) :Apocalypse 12:1 : « Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête ».Note au mot « femme » :« Elle représente le peuple saint des temps messianiques, et donc l’Église en lutte. Il est possible que Jean pense aussi à Marie, nouvelle Eve, la fille de Sion, qui a donné naissance au Messie »Tous les ans, le jour du 15 août, fête de l’Assomption, on lit dans les églises catholiques ces premiers versets du chapitre 12 de l’Apocalypse en présentant la femme de ce texte comme étant la Vierge Marie.Pourtant, l’explication du symbole de la « femme » de l’Apocalypse est pleinement fournie par la Bible : La femme décrite ici est la nation d’Israël. Le songe de Joseph dans le livre de la Genèse nous en fournit l’explication :« Il (Joseph) eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit : J’ai eu encore un songe ! Et voici, le soleil, la lune, et onze étoiles se prosternaient devant moi » (Genèse 37:9).Le soleil et la lune représentent ici les parents de Joseph et les onze étoiles ses frères (lui-même étant le douzième), dont est sorti le peuple de Dieu.Il faut remarquer le caractère suggestif des notes de la Bible de Jérusalem : « Le contexte scripturaire et le caractère singulier de l’appellation « femme » semblent indiquer… » ou encore : « Il est possible que Jean pense aussi à Marie ». En fait les exégètes catholiques ne disent pas à leurs lecteurs qu’ils se trouvent là en présence de vérités bibliques fondamentales, ils se contentent d’envisager une autre interprétation allant dans le sens des dogmes de leur Église. Cette prudence ne révèle-t-elle pas qu’au fond de leur conscience ils ont parfaitement saisi le sens véritable du texte ?
« Lève-toi, ô Eternel ! Que l’homme ne triomphe pas !
Que les nations soient jugées devant ta face !
Frappe-les d’épouvante, ô Eternel !
Que les peuples sachent qu’ils sont des hommes ! »
(Psaume 9:20-21)
Au lecteur qui n’a pas reçu l’assurance de son salut
« Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. »
(Jean 6:37)
Êtes-vous conscient de votre nature dégénérée, pécheresse, rebelle, corrompue et de votre séparation d’avec Dieu ?
Avez-vous renoncé à votre justice personnelle et voyez-vous Jésus-Christ comme l’unique chemin vers Dieu ?
Avez-vous compris l’absolue nécessité de son sacrifice et la perfection de son œuvre à la croix pouvant vous procurer tout ce que votre salut exige ?
Reconnaissez-vous qu’il vous est tout aussi impossible d’appartenir au peuple de Dieu sans régénération que de vivre sans naître physiquement ?
L’homme naît ennemi de Dieu par nature. Il lui faut donc naître à nouveau pour devenir son enfant. Sans la présence de cette nouvelle vie dans l’être, la réforme de vie la plus complète possible procurera une nouvelle illusion mais jamais le salut.
« Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de convoitise et de volupté, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant les uns les autres. Mais, lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvé, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. »
(Tite 3:3-7)
Bernard PRUNNEAUX
- 1 – Concernant cette manière de lire la Bible, voir l’Annexe 1.
- 2 – Parenthèse de l’auteur.
- 3 – À propos de la distinction entre « jugement des nations » et « jugement dernier », voir l’Annexe 2.
- 4 – Concernant le rôle médiateur attribué par les théologiens catholiques à Marie, voir l’Annexe 3.
- 5 – Cf. le texte de la Congrégation pour la doctrine de la foi publié le 5 avril 1986 : « Instruction sur la liberté chrétienne et la libération ».