Presse: Un ex-député écrit sur le Temple solaire

RomanPour son troisième livre, Julien Sansonnens s’est intéressé à la fille du gourou de l’OTS.
24heures.ch

Par Emmanuel Borloz, 22.08.2018

 

Elle s’appelait Emmanuelle. Les adeptes de l’Ordre du Temple solaire (OTS) la surnommaient

«l’enfant cosmique»

car elle était la fille du gourou de la secte, Jo Di Mambro, qui avait eu recours à tous les artifices pour faire passer sa fille pour le Messie.

«Elle est née dans la secte, elle a d’ailleurs été conçue pour l’Ordre du Temple solaire et elle est morte dans le massacre de Salvan, en 1994. Elle y a passé toute sa vie, détaille Julien Sansonnens, qui consacre son troisième roman à Emmanuelle di Mambro. Je voulais écrire un polar qui se passe en Valais et l’affaire du Temple solaire est sans conteste celle qui a le plus secoué le canton»,

poursuit l’ancien député POP, qui confie avoir été fasciné par cette histoire et par le destin de ceux qui composaient l’OTS. En particulier par celui de la fille du fondateur de l’Ordre.

«L’enfant aux étoiles»

s’intéresse ainsi à cette jeune fille au destin hors du commun, morte à 12 ans.

«Toute la vie de la secte tournait autour d’elle, mais tout était faux. Elle arrivait devant des portes qui s’ouvraient toutes seules. Les adeptes pensaient qu’elle avait des pouvoirs magiques, même elle y a cru. C’était en réalité son père qui ouvrait les portes grâce à une télécommande. À la fin de sa vie, plus intéressée par Michael Jackson que par le mouvement, elle s’est rebellée contre ces mises en scène»,

poursuit Julien Sansonnens, qui s’est attelé à un long examen des pièces en lien avec l’affaire, entre procès-verbaux d’audition et documents d’archives, pour écrire son livre.

L’auteur s’est toutefois heurté à un problème de taille. «Pratiquement toutes les personnes qui l’ont connue sont mortes et les rares encore en vie ne veulent pas en parler», explique l’ancien élu, ajoutant toutefois ne pas avoir voulu réécrire l’histoire de la secte. «Tout a été dit là-dessus, nous n’en saurons pas beaucoup plus. Mais la plus longue partie de la vie d’Emmanuelle Di Mambro est une énigme. C’est là qu’intervient la création littéraire, pour combler les lacunes. Mais mon livre n’est pas une pure fiction non plus. Par conséquent, hormis pour les Di Mambro et pour Luc Jouret (ndlr: l’autre gourou), j’ai changé les noms des protagonistes.» L’ouvrage se veut ainsi à mi-chemin entre le roman, l’essai, la réflexion éthique sur le bien et le mal. (24 heures)

Créé: 22.08.2018, 18h41

Presse: Maître bouddhiste accusé de viol d’une de ses élèves

par Christian Humbert – Une disciple accuse son mentor d’abus sexuels répétés. Sa plainte classée, elle a fait recours et a obtenu l’ouverture d’une enquête.

storybildL’initiation bouddhiste a viré au cauchemar pour une adepte vaudoise. (Photo: iStock / Image prétexte)

Il devait la guider sur le chemin de l’Eveil mais l’homme, considéré comme la réincarnation d’un maître par la communauté bouddhiste, et même par le dalaï-lama, aurait bafoué ses principes. Hector* est accusé de viol par une adepte qu’il connaissait depuis 2005. En échange de l’enseignement dispensé, elle s’acquittait avec d’autres disciples de tâches ménagères et devait obéir sans discussion aux instructions.

C’est en 2006 que la femme-servante a prononcé ses voeux dits du «Refuge», étape essentielle dans la vie spirituelle bouddhiste. Dès ce moment, un lien sacré, ou «samaya», la liait à son maître. C’est alors qu’Hector lui aurait imposé plusieurs relations sexuelles, de 2007 à 2012, hors du centre bouddhiste, en Suisse et en Espagne.

«Comme une marionnette»

Elle dit avoir contracté un papillomavirus à la suite de ces actes.
Elle a aussi raconté avoir été en état de choc et s’être sentie comme une «marionnette désarticulée». Hector lui aurait ordonné de se taire pour ne pas briser leur lien sacré.

La victime a découvert que la «pratique secrète» visait toutes les femmes de la communauté. Enfin, la victime aurait été fessée en 2007.

Elle a déposé plainte mais une procureure de Lausanne a refusé d’entrer en matière sur ces faits «anciens, prescrits», estimant aussi que la plaignante, «consciente et libre de ses mouvements, n’était pas incapable de se défendre». Elle avait d’ailleurs refusé d’épouser un ami d’Hector.

Mieux évaluer son degré de vulnérabilité

La femme a recouru contre cette décision et a été entendue. En effet, pour les juges cantonaux, si la recourante était largement majeure au moment des faits, elle était dans un état de «grande vulnérabilité». Elle se trouvait dans une relation maître-disciple, au sein d’un fonctionnement «sectaire».

Une enquête doit être ouverte pour connaître quelle était l’emprise d’Hector sur la victime, qui aurait pu être dans l’incapacité de résister. La justice devra donc se pencher sur les pratiques du maître bouddhiste.

*Prénom d’emprunt

Presse: Un gourou condamné pour le viol de fidèles

Corée du Sud : 22 novembre 2018 06:07; Act: 22.11.2018 08:18Print

Le chef d’une secte a écopé jeudi de 15 ans de prison pour avoir violé huit femmes qui étaient sous son influence.

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Lee Jaerock. (Photo: AFP)

Le chef d’une secte sud-coréenne a été condamné jeudi à 15 ans de réclusion pour le viol de huit femmes, dont certaines le considéraient comme Dieu.
Les victimes du pasteur Lee Jaerock «étaient incapables de résister car elles étaient soumises à l’autorité religieuse absolue de l’accusé», a souligné le juge Chung Moon-sung devant le tribunal du district central de Séoul.

La dévotion religieuse peut être très forte en Corée du Sud, où 44% des habitants se déclarent croyants. La plupart des fidèles appartiennent à des Églises reconnues, qui sont souvent riches et puissantes. Mais il existe de nombreuses églises marginales, dont certaines ont été impliquées dans des affaires de malversations, de coercition, de «lavage de cerveau», de manipulation des fidèles et autres pratiques associées dans le monde entier à des pratiques sectaires. Une soixantaine de personnes affirment ainsi être d’essence divine dans le pays, selon les spécialistes.

Lee Jaerock a fondé l’église de Manmin d’inspiration protestante, à Guro, un quartier de Seoul, en 1982. Son église revendique à présent 130’000 fidèles, elle a un vaste siège, un auditorium luxueux et son site internet met en avant quantité de guérisons miraculeuses.

«C’était Dieu»

Dans le sillage des révélations du mouvement #MeToo, trois fidèles ont dénoncé cette année le leader religieux, qui les avait convoquées dans son appartement et forcées à avoir des relations sexuelles.

«Je n’étais pas capable de lui résister. Il était plus qu’un roi. C’était Dieu», a témoigné une victime, membre de l’église depuis son enfance, sur la télévision sud-coréenne. Le pasteur a dit à une autre victime qu’elle était au paradis et qu’elle devait se dénuder comme Adam et Ève dans le jardin d’Éden. «J’ai pleuré parce que je détestais faire ça», a-t-elle raconté.

Huit femmes au total ont porté plainte et le tribunal a reconnu Lee Jaerock coupable de les avoir violées et violentées «des dizaines de fois» au cours d’une longue période. «Par ses sermons, l’accusé a directement ou indirectement suggéré qu’il était l’esprit saint». Et les victimes pensaient «que c’était un être divin avec des pouvoirs divins», a souligné le juge.

Le pasteur, qui conteste les accusations, a accueilli le verdict les yeux clos, ne montrant aucune émotion devant la centaine de ses fidèles venus assister à l’audience. Son avocat a accusé les plaignantes de mentir pour se venger d’avoir été excommuniées après avoir contrevenu aux règles de l’église.

(nxp/afp)

Presse: Livre religieux offert à des ados: «C’est choquant!»

par David Ramseyer – Un évangéliste a abordé des élèves près de leur école pour leur offrir le Nouveau Testament. Parents et élus crient au scandale. La pratique est légale.

https://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/Bible-offerte-a-des-mineurs-dans-la-rue—scandaleux—20384670

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Mercredi de la semaine dernière, 11h30, à la sortie des cours.

«Tu veux un cadeau?» demande un homme à Lara*, 14 ans, qui attend le bus. Situé à côté du cycle d’orientation des Grandes Communes à Lancy (GE), l’arrêt est bondé d’élèves entre 12 et 15 ans.

«Il m’a tendu un petit livre bleu, j’ai cru que c’était un bloc-note, je l’ai pris, raconte la jeune fille. Je me suis ensuite aperçue que c’était le Nouveau Testament». Selon elle, «ce monsieur qui devait avoir la quarantaine» avait un sac rempli d’ouvrages qu’il a donnés aux ados présents.

«Des proies faciles»La maman de Lara fulmine:

«Aborder des mineurs dans la rue pour leur distribuer un texte religieux – que se soit la Bible, le Coran ou d’autres – c’est du prosélytisme, qui plus est envers des jeunes influençables et dans un pays laïc. C’est scandaleux!»

Le père d’une autre élève du cycle, abordée le jour précédant au même endroit, se dit «révolté». Selon son enfant, la personne à l’oeuvre à la sortie des classes était insistante, notamment auprès d’une jeune musulmane. «On ne peut pas forcer les gens à croire», insiste le papa.

Des avis que partage l’ex-député indépendant Pierre Gauthier, très en vue lors de la campagne pour la Loi cantonale sur la laïcité, le printemps passé. «Les gamins sont des proies faciles, que l’on attire en promettant un cadeau. Le procédé est profondément choquant.»

Cette démarche est l’oeuvre d’un mouvement évangéliste, les Gédéons. Plusieurs de ses membres avaient déjà fait parler d’eux à Genève, début 2017, en distribuant pareil ouvrage aux abords du Cycle de Drize, à Carouge. L’organisation d’origine américaine ne voit aucun problème à ses actions (cf. encadré).

Tout n’est pas permis

Si celles-ci peuvent être discutables sur le plan éthique, elles ne le sont pas au regard de la loi. La distribution de textes religieux est en effet autorisée dans la rue. Le principe est de «proposer, mais sans insister», explique le Département de la sécurité. Et ce, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un appel à la haine ou à la discrimination.

Par contre, le mise sur pied d’un stand ou l’organisation d’une manifestation à caractère religieux sont soumises à une autorisation d’utiliser l’espace public. Elles sont par ailleurs formellement interdites dans les locaux de l’administration ou dans les écoles, laïcité de l’Etat oblige.

Mercredi passé, même si la distribution de Nouveaux Testaments s’est déroulée à quelques pas du Cycle des Grandes Communes, ce n’était pas sur le périmètre de l’établissement scolaire. «Il n’y a que là où nous aurions pu agir», a confirmé le Département de l’instruction publique.

*Prénom d’emprunt


NDLR: Commentaire de Vigi-Sectes

Vigi-Sectes a déjà été consulté sur ce sujet. Or, les Gédéons qui distribuent des nouveaux testaments ne sont pas sectaires mais sont des chrétiens de différentes dénominations, qui distribuent les Saintes Ecritures.

Les réactions et les termes utilisées confirment un changement d’identité de la Suisse, et soulèvent des questions:

  • Depuis quand permettre à quelqu’un de lire l’evangÎle est synonyme de le “forcer à croire”? Le sectarisme est plus facile chez ceux qui manquent de connaissances et refusent l’information.
  • La lumière de l’Evangile est ce qui a donné à la Suisse ses qualités altruiste et humanistes.
  • Les parents *indignés” interrogés ne savent-ils pas que …
  1. la Suisse est un pays chrétien, dont environ deux tiers de la population sont catholiques ou protestants. (selon le site officielle de la confédération Suisse)
  2. Le père de la “laïcité”, Jules Ferry avait une bien une conception religieuse du monde, une école sans Dieu, peu tolérante envers l’évangile : Et il n’était pas neutre, il était membre d’une fraternité maçonne.
  3. Perdre le droit de faire une critique objective et factuelle du prophète de l’Islam ou ne pas permettre aux chrétiens d’annoncer l’évangile les musulmans (qui respectent d’ailleurs l’Injil et ne s’en plaignent pas)  est un avant-goût de la Charia, et c’est bien une “haine et la discrimination” qui prend le pas, … mais celle des chrétiens et des juifs .

D’autres question plus subtiles pourraient se poser :

En quoi le Nouveau Testament est-il “un livre religieux”. Le christianisme authentique ne se définit pas lui-même comme une religion – don’t la définition est l’Homme qui veut se lier au divin – mais comme une relation de Dieu qui vient vers l’Homme.

L’indignation et la résistance à l’évangile est habituelle, quand la laïcité devient se comprend comme une religion majoritaire devenu intolérante, mettant des ornières à ceux qui veulent en savoir plus sur les faits des Évangiles. Il est bien connu en Suisse (encore chrétienne) que la ville de Genève s’apparente de nos jours plus à la France voisine qu’à l’ancienne citée de Calvin.

Un suisse du canton de Berne me disait il y a quelques jours : “Genève, ce n’est pas la Suisse”.

Comme le signale la «Revue Suisse» du 22/11/2018, la déchristianisation est une tendance en hausse dans toute la confédération helvétique  :

Comme tout était simple en Suisse autrefois. Tous étaient catholiques ou réformés.
Tous payaient l’impôt ecclésiastique.
Tous allaient à l’office religieux.
Jusqu’aux années 1970.

Et maintenant? Seuls six habitants sur dix sont encore catholiques ou réformés. Les Églises libres ont gagné du terrain. Un vingtième de la population est de confession musulmane. Et les personnes sans confession religieuse qui ont tourné le dos aux Églises régionales autrefois puissantes, en particulier les Églises réformées, représentent déjà un quart de la population (Auteur: Dölf Barben)

La richesse des acquis de la Suisse et le vide spirituel issue de sa déchristianisation, font de la Suisse, le terreau idéal pour toutes sortes de sectes pernicieuses. Voir, entre autres, l’article du 20minutes de la veille.

(E.P)

Presse: Jonestown : massacre des adeptes du Temple du Peuple il y a 40 ans

Le Figaro, Par  Véronique Laroche-Signorile , le 16/11/2018

LES ARCHIVES DU FIGARO – Le 18 novembre 1978, l’américain Jim Jones et les fidèles de sa secte se donnent la mort au Guyana: 914 victimes. Retour sur cette tragédie qui souleva une vague d’émotion et d’indignation aux États-Unis.

Un suicide collectif et un massacre. Le 18 novembre 1978 Jim Jones -de son vrai nom James Warren Jones- organise le suicide collectif au cyanure de sa communauté, Jonestown, installée au Guyana (ancienne Guyane britannique). Révérend protestant (de «l’Église chrétienne des disciples du Christ»), il devient le gourou d’une secte appelée le «Temple du Peuple», installée d’abord à Indianapolis puis à San Francisco en Californie. Au total ce sont 914 personnes dont 276 enfants qui trouvent la mort ce jour-là. Jim Jones meurt d’une balle dans la tête.

 

Ce drame intervient après la fusillade, perpétrée par des adeptes de la secte, sur l’aéroport de Port Kaituma, contre les membres d’une commission d’enquête américaine, venus s’informer des agissements de la secte en question, soupçonnée de sévices, séquestrations et trafic d’armes. Elle est conduite par le représentant démocrate de la Californie, Leo Ryan. C’est précisément en raison de scandales survenus en Californie que Jim Jones est venu installer une communauté agricole dans la jungle équatoriale, emmenant une partie de ses adeptes -des centaines de personnes viennent attirées par la perspective d’un monde utopique. La réalité est tout autre pour elles.

Un choc pour les États-Unis

Au moment du suicide collectif certains fidèles parviennent à prendre la fuite dans la jungle. Mais ils sont sans vivres ni eau. Ainsi, les États-Unis dépêchent sur les lieux des hélicoptères, des avions-cargos et un nombreux personnels sanitaires, ainsi que des soldats pour participer aux recherches et assurer le rapatriement des corps des victimes. Le FBI est chargé de l’enquête sur la «tragédie de Jonestown». Le Figaro du 24 novembre 1978 indique que «huit cents passeports, environ 500 000 dollars en argents liquide et de nombreux lingots d’or ont été découverts dans les bâtiments de la communauté.»

 

Mais le journal révèle aussi d’affreuses informations sur cet évènement qui soulève une énorme vague d’émotion et d’indignation aux États-Unis, et notamment en Californie. Ainsi, «d’après les premiers témoignages toutes les victimes ne sont pas mortes empoisonnées au cyanure. Des membres de la secte totalement fanatisés ont ouvert le feu à coups de mitraillettes sur ceux qui ne voulaient pas respecter le “pacte de mort” signé lors de l’adhésion au Temple du peuple.» Le journal précise que «plusieurs des victimes auraient été contraintes sous la menace des armes d’absorber le poison mêlé à une boisson synthétique le “kool aid”, et versé dans une baignoire où chacun puisait.» De plus «des mères ont administré elle-même le poison à leur bébé.» Les premiers journalistes arrivés sur place découvrent des scènes d’horreur, une vision insoutenable: «un véritable amoncellement de corps enchevêtrés, aux visages tordus par les affres de la mort, autour de l’autel. À certains endroits le sol disparaissait sous des cadavres.»

 

Jim Jones a ainsi pu bénéficier d’importants appuis de politiques en échange de services rendus en période électorale.

 

Mais ce terrible fait divers soulève aussi un certain nombre de questions, dont les liens de Jim Jones avec des personnes politiques. En effet, le pasteur a été «patronné» (lettres de référence) par de nombreuses personnalités américaines, au moment où il cherchait à obtenir l’accord du gouvernement du Guyana pour implanter sa communauté agricole. Parmi celles-ci: la femme du président, Rosalyn Carter, le vice-président Walter Mondale, des sénateurs, le ministre de la Santé Joseph Califano, le maire de San Francisco et son prédécesseur. Ceci s’explique par le fait que Jim Jones a mis en place des œuvres charitables en Californie (un bienfaiteur des pauvres). Cela lui valut le soutien des hommes politiques de l’État. Le Figaro du 21 novembre 1978 mentionne qu’«il fut même sollicité pendant la campagne présidentielle de 1976 par les partisans de Jimmy Carter» et qu’il y participa activement. Il a ainsi pu bénéficier d’importants appuis de politiques en échange de services rendus en période électorale.

 

Voici le récit du Figaro quelques jours après le suicide: il évoque le pasteur, cette colonie -«un véritable bagne» et les incertitudes sur le devenir du gourou et de centaines fidèles. Le journal titre sur 400 cadavres à ce moment-là. Les jours suivants le bilan humain sera plus que doublé.

Article paru dans Le Figaro du 21 novembre 1978.

Guyana: 400 cadavres dans la jungle

 

Ce suicide rituel, ce sacrifice qui semble surgi du fond des âges, est le deuxième acte du drame qui s’était noué samedi sur la piste de l’aéroport de Port Kaituma. Cinq membres de la commission américaine venue enquêter en Guyana sur les activités de la secte du «Temple du peuple», fondée aux États-Unis par un ancien pasteur James Jones, avaient été abattus alors qu’ils s’apprêtaient à rapatrier une quinzaine d’adeptes.

Léo Ryan, membre de la Chambre des représentants (démocrate, Californie), qui dirigeait la mission, trois journalistes et un cameraman de télévision, tombaient sous les balles des fanatiques de la secte qui leur avaient tendu une embuscade. Huit personnes étaient blessées, dont un diplomate américain en poste en Guyana.

Soumission totale

Un massacre qui rappelait brutalement l’existence et les agissements d’une secte connue comme il en pullule aux États-Unis. Après Charles Manson, l’assassin de Sharon Tate, Jim Jones, fondateur du «Temple du peuple» prend place à son tour au triste palmarès des tueurs mystiques. Agé de 46 ans, marié et père de sept enfants, Jim Jones avait créé à 18 ans une première communauté à Indianapolis (Indiana).

 

Dans les années 50, il met sur pied en Californie le «Temple du peuple» dont le but avoué est d’abolir les classes sociales et de prôner la fraternité. Habile, éloquent, très doué pour la manipulation politique. Jim Jones compte bientôt parmi ses amis nombre de personnalités influentes de Californie.

Pourtant, les méthodes utilisées par ce singulier pasteur, qui vont du classique «lavage de cerveau» aux sévices corporels, ne tardent pas à provoquer l’inquiétude et les plaintes de nombreux parents. Jim Jones exige de ses fidèles une soumission totale, un travail harassant dont il encaisse les bénéfices, extorque les pensions et les donations. En août 1977, Jim Jones quitte San Francisco avec 1 200 de ses condisciples pour créer une communauté agricole au nord-ouest de la Guyana, près de la frontière vénézuélienne. Dans cette colonie perdue dans la jungle, et baptisée Jonestown, Jones va pouvoir donner libre cours à son goût de la tyrannie. Jonestown est en fait un véritable bagne. Les membres de la communauté, qui ont pour tâche de défricher sous un climat épuisant quelque 10 800 hectares de forêts, sont roués de coups sous le moindre prétexte, parfois jusqu’à la mort.

Pour entretenir le climat mystique, Jim Jones organise des séances publiques de fausses guérisons miraculeuses, de flagellations au cours desquelles les membres de la secte confessent des crimes imaginaires.

Une vingtaine de membres de la secte se placent sous sa protection et demandent à rentrer aux États-Unis. Il ne faut pas qu’ils parlent.

 

Pourtant, malgré l’éloignement, les plaintes continuent d’affluer aux États-Unis, et notamment en Californie dont de nombreux adeptes sont originaires. On parle aussi de trafic d’armes et de stupéfiants. C’est pourquoi le «représentative» Léo Ryan, 53 ans, alerté par de nombreuses familles de sa circonscription de San Francisco décide, au début du mois de novembre, de se rendre en Guyana à la tête d’une commission d’enquête comprenant huit journalistes, des avocats de la secte -dont Mark Lane, le défenseur de l’assassin de Martin Luther King- un représentant de l’ambassade américaine de Georgetown, et quatre parents d’adeptes du «Temple du peuple».

 

Les témoignages qu’elle recueille sont accablants. Une vingtaine de membres de la secte se placent sous sa protection et demandent à rentrer aux États-Unis. Il ne faut pas qu’ils parlent.

Déjà, lors de la visite du camp, un jeune homme avait tenté de poignarder Léo Ryan. L’agresseur avait pu être désarmé et le groupe avait regagné en toute hâte l’aéroport de Port Kaituma. Il est 16h20, heure locale, lorsque l’attaque se déclenche. Enquêteurs, journalistes et les membres de la secte qui ont abandonné Jim Jones s’apprêtent à monter à bord des deux appareils dont les moteurs tournent déjà. Cinq ou six hommes surgissent d’une remorque tirée par un tracteur et ouvrent le feu à bout portant. Léo Ryan, le journaliste Don Harris et le cameraman Robert Brown, de la chaîne N.B.C., Gregory Robinson, photographe au «San Francisco Examiner» et une Américaine, Patricia Park, que l’on pense être membre de la secte, sont abattus à bout portant. L’un des deux appareils parvient tout de même à décoller avec les survivants et donne l’alerte. Les morts et les blessés -une dizaine, dont deux grièvement- seront transportés le lendemain à Georgetown.

 

Dimanche soir, un avion militaire de l’U.S. Air Force rapatriait en Amérique les survivants de la tuerie. Le même jour l’armée guyanaise lançait une opération en direction de Jonestown. Gênée par la pluie torrentielle, elle mettra de longues heures à y parvenir. Elle n’y trouvera que des cadavres. On ignore si Jim Jones figure parmi les morts, ou s’il rôde encore dans la jungle, avec ses derniers partisans.

 

Par Pierre Gallerey

 

www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/11/16/26010-20181116ARTFIG00300-jonestown-massacre-des-adeptes-du-temple-du-peuple-il-y-a-40-ans.php

Presse: La “Fille du Christ” condamnée à 18 mois de prison avec sursis

THONON-LES-BAINS – JUSTICE, Le Dauphiné Libéré

Parce qu’elle ne voulait pas s’abaisser à la justice des hommes, Sylvie Letrouit, 61 ans, était absente des débats mardi 9 octobre. À la tête de l’association Les clés du futur, celle qui se présente comme la fille du Christ et la réincarnation de Jeanne d’Arc devait comparaître pour abus de confiance. Le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains lui reproche d’avoir détourné plus de 120 000 euros à des fins personnelles entre 2015 et 2018.

L’affaire débute par un signalement de la Miviludes, vigie des dérives sectaires, début 2017. L’association, domiciliée à Lullin, embrasse effectivement tous les fondements de la secte : prosélytisme religieux, thèses apocalyptiques, promesse d’un sauvetage post-mortem… Pour le procureur Philippe Toccanier, elle trouve également une « filiation » sectaire encore plus incarnée dans son financement.

Parmi ses “bienfaiteurs”, les Clés du futur comptent notamment plusieurs rescapés de l’Ordre du temple solaire, responsable du suicide collectif de 74 de ses adeptes dans les années 90. Jean-Max Cotte, présenté comme l’ex-bras droit de Luc Jouret, a ainsi fait don de plus de 80 000 € à l’association chablaisienne.

Un ex de l’Amorc (ancien et mystique ordre de la Rose-Croix) avait lui aussi rejoint les rangs de la structure.

Religion, politique, questions sociétales…

« C’est un attrape-tout qui mobilise des gens d’horizons divers »,

résumait hier le juge Philippe Poitrineau.

« La fille de Jésus ne lésine pas sur les sous-vêtements »

Une dizaine de sites internet servaient au recrutement.

« Des gens faibles et vulnérables, parfois proches de la psychiatrie et sur lesquels Madame Letrouit exerçait pressions, chantages ou menaces »,

poussant l’une d’elles jusqu’à la tentative de suicide, heureusement avortée. Faute de plaintes, les poursuites se sont limitées à l’abus de confiance.

Au total, l’association aura collecté 250 000 € en trois ans, dont près de la moitié détournée par sa présidente, à des fins très prosaïques : mobilier, alimentation, vêtements, bijoux, produits cosmétiques, lingerie fine… « La fille de Jésus ne lésine pas sur les sous-vêtements », a relevé hier le président Poitrineau.

Sylvie Letrouit a été condamnée à dix-huit mois de prison avec sursis, assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans comprenant une obligation de soins et l’interdiction de rentrer en contact avec les membres de la secte. Le tribunal a également prononcé la fermeture de l’association pendant cinq ans (le maximum légal) et la confiscation de l’ensemble des scellés (pour la plupart supports à la communication de la structure).

Presse: La «fille du Christ» reconnue coupable : la secte de Lullin condamnée au silence

PUBLIÉ LE 11/10/2018, Lauren Lacrampe, lemessager.fr

Le procès de la fille du Christ s’est déroulé sans l’intéressée. Sylvie Letrouit a été condamnée pour abus de confiance à 18 mois de prison avec sursis. L’objectif de la justice était surtout qu’elle cesse ses activités qualifiées de sectaires.

Thonon-les-Bains

Ce n’est pas le procès d’une secte qui s’est déroulé au tribunal de Thonon mardi 9 octobre mais ça y ressemblait beaucoup. Sylvie Letrouit, habitante de Lullin de 61 ans, était jugée pour avoir détourné 120 000 euros des comptes de son association, « une structure hautement nocive », d’après Philippe Toccanier, procureur de la République. La présidente de cette association créée dans le Chablais en 2010 était absente lors du procès et aucun avocat ne la représentait. Celle qui assure être la fille du Christ n’a pas tenu à se confronter à la loi des Hommes.

Tentatives de suicides

Philippe Poitrineau, le président du tribunal correctionnel, expose le cadre de l’affaire : «Deux signalements d’activités sectaires » ont permis aux autorités d’ouvrir une enquête sur les agissements de cette femme. Ils ne provenaient pas du Chablais. « On nous a décrit des situations d’emprises sur des biens et des personnes », explique-t-il. Philippe Toccanier indique également que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires l’a informé que deux jeunes sœurs ont tenté de se suicider suite à des pressions et des manipulations provenant de cette association.

Pour ce qui concerne le Chablais, c’est l’aspect financier de la structure lullinoise qui a intéressé les enquêteurs. En trois ans, 250 000 euros ont transité sur les comptes de l’association. De l’argent qui provient en grande partie de donateurs particuliers. « Environ 120 000 euros ont été utilisés par Sylvie Letrouit pour du mobilier, de l’alimentation, des bijoux, payer son loyer ou acheter de la lingerie fine », indique le président du tribunal correctionnel.

Pour le procureur,

« l’objet de ce procès est double : que Sylvie Letrouit cesse ses activités et qu’elle soit suivie pour éviter que d’autres personnes ne tombent dans ses griffes ».

Il a requis deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec des victimes et son principal financeur (voir ci-contre). L’association doit fermer durant 5 ans et le matériel (ordinateurs et téléphones) est confisqué.

Les juges ont condamné la prévenue à une peine de 18 mois de prison avec sursis, avec une obligation de soins et interdiction de rentrer en contact avec ses victimes et son principal financeur.

Presse: Secte et négationnisme

Dans les années 200x, nous mettions déjà en garde des enseignements d’un gourou pseudo-chrétien: Ivo Sasek. A l’époque, il n’enseignait pas la réincarnation ni le négationnisme, et beaucoup de chrétiens se faisaient leurrer en pensant qu’il ne faisait que “remettre l’Eglise au centre du village”.  Mais nous avions déjà fait des comparaisons entre ce gourou et un autre gourou funestement connu : Jime Jones (leader d’une secte suicidaire, environ 910 victimes).

Lorsqu’ Ivo a introduit la réincarnation, le voile s’est franchement levé dans les milieux chrétiens indécis.

Une chose est sure, avec Ivo Sasek et son mouvement, le vert est dans la pomme depuis le début.  Nous l’avions perdu de vue pour un temps, aujourd’hui, nous apprenons qu’il a introduit le négationnisme. La pomme pourrit de parts en parts.

Comme d’habitude, les instances laïques ne veulent et ne peuvent reconnaître aucune vérité ni religion, elles sont incapables de reconnaître une secte, serait-elle la plus absurde ou dangereuse. Elles ne peuvent agir que quand le mal est fait, et ne peuvent ensuite clairement établir l’origine du désastre. Quand est-ce qu’en sortira le vers? … et comment se terminera ce mouvement? Nous ne savons, mais pensons régulièrement que l’on peut s’attendre au pire!

Nous reproduisons ici un article en allemand du Tagesanzeiger. (16.01.2013 – Traduction par Vigi-Setces)


Tagesanzeiger : La grande entrée du négationniste

Le gourou d’une secte, Ivo Sasek, a donné la parole à une  allemande sympathisante nazie, lors d’un événement à Coire. Pour le professeur de droit pénal Marcel Alexander Niggli, la loi antiraciste a été violée.
Sylvia Stolz, avocate allemande et négationniste de l’Holocauste, a été suspendue pour une période limitée. (20 mars 2007)
Photo : Textes juridiques signés avec “Heil Hitler”. Image: Keystone

Ivo Sasek de Walzenhausen (CH), est le fondateur de la secte [pseudo-]chrétienne Organic Christ Generation. Il s’associe aux  exclus et déçus, ayant des envies missionnaires. Pour leur offrir un podium, il a fondé l’organisation controversée Anti-Censorship Coalition (AZK) il y a près de dix ans. Depuis lors, il invite chaque année des antisémites, des chefs de sectes, des théoriciens du complot et des opposants de la vaccination à proclamer les “vérités” que les médias ont réprimées.

Sasek, 56 ans, en a remis une couche, lors de cette récente réunion à l’hôtel de ville de Coire (Chur), où il a invité l’avocate allemande et négationniste, Sylvia Stolz, interdite d’exercice pour une certaine durée, et a appelé le public à  apprendre à  connaître les nazis, et à se faire sa propre propre de ces personnes, apparemment de valeur.

L’Holocauste ne peut pas être prouvé par les tribunaux, y compris par les cadavres, les traces des auteurs et les armes

a déclaré Stolz. Sasek a remercié l’oratrice d’une voix tachée de larmes et l’a décrite comme une femme ayant le courage d’un lion.

Événement tenu secret

Spécial était également la mobilisation pour l’événement. Sasek ayant été pris pour cible par les médias lors de réunions précédentes, il a gardé cette fois le lieu secret et a invité les visiteurs à la main. Ces jours-ci, les présentations ont été publiées sur Internet, comme l’a rapporté le “Sud-est de la Suisse”.

Dans son discours de bienvenue, Sasek, qui est vénéré par environ 1 500 fidèles en Suisse et en Allemagne en tant que prophète de Dieu, a souligné que l’AZK jouissait d’une grande réputation à Coire et a dénoncé une “manipulation de l’opinion” par les médias. Il décrit son organisation comme la plus grande plate-forme européenne d’informations non censurées. Le but est d’éveiller les gens pour qu’ils deviennent les “porteurs de lumière et la troupe de combat de la vérité“. (Lichtträger und Kampftrupp der Wahrheit)

“Je suis fort dans la vérité”

a-t-il crié, incitant le public à répéter cette devise.

Les extrémistes de droite… défendus

Le clou de l’événement était l’apparition de la national-socialiste Sylvia Stolz. L’Allemande, âgée de 49 ans, est la compagne de Horst Mahler, ancien avocat de la RAF et négateur de l’Holocauste. Elle défend les extrémistes de droite, y compris Mahler, accusé d’avoir fait le salut Hitlérien. Parfois, elle signait des écrits juridiques avec «Heil Hitler», comme le disent diverses sources.

Dans le cadre de la défense du négationniste  Ernst Zündel, elle a menacé les deux juges de peine de mort pour diffamation et privilèges ennemis. Bien entendu, cela ne serait possible que si la RFA redevenait un “Reichmacht” (puissance impériale), comme elle l’espérait. À Coire, elle a également déclaré:

“Les temps sont révolus, où le peuple allemand se laisse réprimer.”

À l’époque, Stolz avait défié l’ordre de la cour, et la police l’a fait sortir du tribunal. Plus tard, elle a été reconnue coupable d’incitation, et a perdu le barreau.

Sylvia Stolz a visiblement apprécié le spectacle à Coire, car en Allemagne, elle fait face a des difficultées. Afin de contourner la loi suisse sur le racisme, elle a résumé ses opinions politiques dans une construction juridique. Le public de la salle communale l’a finalement remercié avec des applaudissements retentissants.

Marcel Alexander Niggli, professeur de droit pénal à l’Université de Fribourg et spécialiste de l’extréme droite, n’accepte pas le point de vue de Stolz. Il existe plusieurs procédures judiciaires à grande échelle dans lesquelles il a été prouvé scientifiquement que l’holocauste avait eu lieu. L’extermination des Juifs à Auschwitz, par exemple, a été déterminée par la justice. Ceux qui le contestent ont tort et plaident contre une meilleure connaissance. Ainsi, selon Niggli, Stolz nie au moins indirectement l’Holocauste et on soupçonne qu’elle a violé la borne du racisme. À son avis, le procureur doit ouvrir une procédure pénale à l’encontre de Stolz et, le cas échéant, de l’organisateur.

Orateur douteux

Ce n’est pas la première fois que Sasek invite des conférenciers d’ectrème droite. Il y a deux ans, le journaliste allemand Michael Vogt est venu donner une conférence sur le thème “Geheimakte Hess”. Il essaya de passer sous silence le rôle d’Hitler et de son adjoint Rudolf Hess.

Hess s’était rendu en Angleterre en 1941 pour mener des pourparlers de paix

a déclaré Vogt à l’époque.

Il était évident qu’Hitler avait initié cette campagne de paix

Un an plus tôt, Ivo Sasek avait invité le négateur suisse Bernhard Schaub à Saint-Gall, dans la salle d’Olma, et l’avait félicité pour son discours courageux contenant des idées d’extrême droite. Schaub a été condamné en 2007 par le tribunal d’instance de Dornach pour  racisme. Et en 2009, Jürg Stettler a participé à la conférence AZK.

Le président de la Scientologie Suisse et l’attaché de presse de la secte en Allemagne attaquaient les médias à cette époque, et il n’était pas facile pour Ivo Sasek de trouver une salle pour ses événements. Les propriétaires précédents ne voulaient pas faire de commentaire parce qu’ils craignaient d’être harcelés ou poursuivis légalement par des militants d’AZK. Mardi, personne n’était disponible à l’hôtel de ville de Coire et les onze enfants de Sasek jouent également de la musique lors de ces événements. Le fondateur de la secte a maintes fois fait les grandes lignes, car il avait écrit dans une brochure qui aime ses enfants et les châtie avec le bâton. (Tages-Anzeiger) .

Presse: Biodynamie: jardiner avec la Lune

le 12 septembre 2018 – ÉMILIE BILODEAU  — La Presse

Cousine ésotérique de l’agriculture biologique, la biodynamie prône une activité agricole rythmée par le cosmos. Ses détracteurs crient au mysticisme alors que ses adeptes sont persuadés de son efficacité.

www.lapresse.ca/vivre/gourmand/201809/12/01-5196284-biodynamie-jardiner-avec-la-lune.php

Mystique ou scientifique?

La ferme Cadet Roussel est luxuriante au coeur de l’été. Poivrons mauves, aubergines rondes, choux chinois… une soixantaine de légumes poussent dans les champs de ce domaine installé au pied du mont Saint-Grégoire.

En apparence, la ferme est similaire à toutes les autres de la vallée du Richelieu. Pourtant, elle est l’une des rares à avoir adopté les préceptes de la biodynamie.

«J’aime évoquer les énergies, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on ne peut pas toucher, quand je parle de la biodynamie»,

affirme Anne Roussel, qui a pris la relève de la ferme de ses parents, il y a huit ans, avec son conjoint Arnaud Mayet.

Comme ses confrères qui pratiquent la biodynamie, Anne observe le calendrier lunaire pour effectuer différentes tâches à la ferme. Si la Lune influence les marées, pourquoi n’influerait-elle pas sur le sol et les cultures qui contiennent aussi de l’eau?, se questionne-t-elle.

Anne Roussel suit le calendrier lunaire développé par Maria Thun, en 1963. Chaque été, la chercheuse sème quotidiennement des légumes et elle observe leur croissance. Après plusieurs saisons, elle arrive à la conclusion que certains jours sont favorables aux légumes racines (carottes, radis, pommes de terre), fruits (tomates, aubergines, poivrons), feuilles (laitue, bette à carde) et fleurs (brocoli, choux-fleurs), selon le passage de la Lune devant les signes du zodiaque.

Mais l’almanach de Maria Thun demeure un outil et non une bible que l’on suit religieusement. Du moins, pas à la ferme Cadet Roussel, qui est néanmoins certifiée biodynamique.

«À ce temps-ci de l’année, on règle les urgences. Si les haricots ont besoin d’être cueillis, on les cueille que ce soit une journée fruit ou une journée feuille»,

explique Anne.

Anne et Arnaud suivent plus fidèlement le calendrier au moment des semis et ils y ont porté une attention particulière lors des récoltes, l’année dernière. Anne ne peut pas prouver que c’est uniquement grâce à la biodynamie, mais les légumes se sont conservés mieux que jamais. Il y a trois semaines, des clients ont enfin mangé des betteraves cueillies l’été dernier.

Il n’y a qu’au périgée, quand la Lune est la plus proche de la Terre, qu’Anne et Arnaud ne touchent pas à la terre. «Mais les employés n’ont quand même pas congé, s’exclame Anne. Il y a plein d’autres choses à faire quand c’est une journée noire. On peut réparer le tracteur, retaper la grange ou faire des livraisons.»

Une corne de vache sous la terre

La biodynamie, basée sur les études de Rudolf Steiner, repose aussi en grande partie sur les préparations qui doivent être appliquées sur les plantes et qui font partie du cahier des charges permettant d’obtenir la certification Demeter, en quelque sorte l’équivalent d’Écocert pour les produits biologiques. Notons toutefois que Rudolf Steiner est parfois critiqué, car ses recherches ne s’appuient pas sur une méthode scientifique.

La bouse de corne est le plus étonnant de ces mélanges. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une corne de vache, remplie de bouse, enterrée dans le sol. Au bout d’un hiver, le fumier se transforme en riche compost. Les fermiers diluent cette préparation dans l’eau pendant 60 minutes, ni plus ni moins, et l’épandent sur le sol pour aider les mycorhizes, de bons champignons, à se développer et à nourrir les plantes.

La silice de corne – du quartz broyé dans une corne – est plutôt pulvérisée sur les feuilles des fruits et des légumes. «C’est le lien entre la plante et le cosmos», explique Michael Marler, copropriétaire du vignoble Les Pervenches, avec sa femme Véronique Hupin.

Dur de dire si la biodynamie y est pour quelque chose, mais quand les vins des Pervenches arrivent dans les épiceries fines, les gens font la file pour se procurer une bouteille. Celles-ci se vendent littéralement en quelques minutes.

En 2000, Michael et Véronique ont racheté le domaine de Farnham qui était alors cultivé de manière traditionnelle. Rapidement, ils ont mis en doute les manières de faire.

«On a acheté le domaine et il n’y avait qu’un pulvérisateur à dos fait d’une combinaison de style lunaire, d’un masque et d’un sac à dos, raconte Véronique. On lisait les étiquettes de ce qu’on vaporisait et ça disait de ne pas entrer dans le champ pendant les sept jours suivant l’application ou encore 90 jours avant les récoltes.»

Même s’il s’est fait qualifier de «fou» par plusieurs membres de son entourage et par des oenologues de la province, le couple a décidé de se convertir à la biodynamie en 2005. Treize ans plus tard, il ne regrette en rien ce grand changement.

Comme leurs collègues de la ferme Cadet Roussel, les propriétaires du vignoble Les Pervenches sont d’avis que leurs fruits goûtent meilleur que ceux cultivés de manière conventionnelle.

«C’est sûr qu’on y croit. Toutes les heures qu’on passe à récolter les orties, la prêle, à faire des décoctions… Ce n’est pas un boulot à temps plein, mais presque, si on veut bien le faire»,

dit Véronique.

«On goûte la différence. Sinon, on ne le ferait pas.»

Dans le sillon du biologique

La biodynamie connaît un intérêt marqué en France. Entre 2016 et 2018, le nombre de fermes certifiées est passé de 550 à 800. Au Québec, il n’y en a pourtant que trois. Pourquoi?

Anne Roussel est convaincue que la biodynamie va connaître un brillant avenir. Mais avant, l’agriculture biologique doit continuer à gagner du terrain, martèle la présidente de l’Association de biodynamie du Québec et administratrice de la ferme Cadet Roussel.

«Il y a beaucoup de fermes conventionnelles, alors en ce moment, quand un producteur cultive en biologique, il se démarque»,

dit-elle.

«Le jour où il va y avoir huit fermes bios dans un village, il y aura un nouveau besoin de se différencier, et c’est par la biodynamie que ça va se faire.»

La ferme Cadet Roussel, qui produit une soixantaine de légumes, a reçu sa certification biologique en 1985. Cinq ans plus tard, elle s’est convertie à la biodynamie. Au fil des années et à force de fréquenter les marchés fermiers, Anne Roussel a remarqué que les consommateurs sont de plus en plus informés au sujet de l’agriculture biologique.

«Au début, quand on faisait les marchés, je me souviens que la seule question à laquelle on répondait, c’était: “c’est quoi, du bio?” Mais aujourd’hui, les questions vont beaucoup plus loin. On nous demande qui est notre certificateur, ce qu’on fait contre les mauvaises herbes, d’où viennent nos semences.»

Nécessairement, en étant plus informés sur l’agriculture biologique, les consommateurs vont commencer à s’intéresser à la biodynamie, croit Anne Roussel.

Biodynamique, mais non certifié

L’Association de biodynamie du Québec compte tout de même plus d’une centaine de membres, des particuliers et des fermes agricoles. Mais tous ne demandent pas la certification Demeter.

C’est le cas de Jean-François Clerson, de la ferme les Broussailles. En plus de pratiquer la biodynamie, il confectionne plusieurs préparations, comme des cornes de bouse et de silice, pour des fermes de la province.

Pour M. Clerson, la biodynamie est un cycle qui demande de la patience et de la rigueur: cette méthode implique qu’on amasse les fumiers, qu’on les transforme en compost et qu’on les retourne à la terre pour l’enrichir d’année en année. Le producteur de fromages de lait cru croit que sa ferme, en activité depuis quatre ans seulement, doit prendre un peu de maturité avant de demander une certification biodynamique.

Ce fermier de l’Estrie a appris les rudiments de la biodynamie en Suisse, où il a habité pendant 10 ans. Pour lui, il ne fait aucun doute que cette manière de faire de l’agriculture est une «valeur ajoutée pour la santé des sols, des plantes et des animaux».

«En Suisse, la biodynamie fait partie des moeurs. Les gens connaissent la certification Demeter et on trouve le logo dans les épiceries. Ce n’est pas le cas ici»

dit M. Clerson.

«Ça ne prend pas juste des producteurs qui travaillent en biodynamie. Ça prend aussi des consommateurs qui veulent acheter biodynamique.»

 

 

Presse: Un juteux contrat pour “chasser les mauvaises ondes” dans un hôpital viennois

La presse autrichienne s’amuse de la situation, qui a tout de même coûté 95.000 euros.
L’affaire est embarrassante. Un “chasseur de mauvaises ondes” avait été embauché par un grand hôpital de Vienne pour effectuer “un nettoyage énergétique” du bâtiment, ont découvert, consternées, les autorités sanitaires autrichiennes tandis que la presse locale s’en amusait vendredi. L’affaire a même suscité l’ironie du diocèse de Vienne qui a estimé, dans un tweet, qu'”une simple bénédiction aurait été moins coûteuse”.

95.000 euros. Le spécialiste en “exploration de conscience” recruté pour purifier le grand hôpital du nord de la capitale, un établissement flambant neuf, avait en effet décroché un contrat d’un montant de 95.000 euros. Révélée par la presse, l’anecdote a aussitôt provoqué la révocation de la chargée de ce vaste chantier en voie d’achèvement. L’ouverture de l’hôpital est prévue en fin d’année. Quant au médium, il s’agit d’un concessionnaire automobile de métier qui fait également profession de “neutraliser les flux d’énergie non naturelle”, voire de mettre en place autour des bâtiments des périmètres de protection bloquant les énergies négatives, selon le tabloïd Krone Zeitung qui cite ses états de service.

“Lamentable”. L’affaire est encore plus “lamentable” s’agissant d’un lieu de science, s’est agacée l’opposition municipale. “Vu le fiasco de ce chantier”, qui a accumulé les déboires au fil des ans, “le coup des énergies positives n’a pas dû bien fonctionner”, observait le quotidien Die Presse.

Rédaction Europe1.fr avec AFP