Presse: Apocalypse: non, la planète X ne foncera pas sur la Terre en 2017

Certains sites conspirationnistes prévoient – encore – la fin du monde pour octobre 2017, avançant qu’une mystérieuse planète détruira alors la Terre. Quelques clés pour se rassurer.

Le Nouvel Observateur

Jean-Paul Fritz

Chroniqueur sciences

le 08 janvier 2017

C’est un serpent de mer: la planète X, objet céleste censé provoquer la fin du monde, refait périodiquement surface. En 2012, elle était associée à l’apocalypse Maya, à laquelle nous semblons bien avoir échappé. Naturellement, à chaque échec d’une prédiction, ceux qui propagent ces théories les remettent au goût du jour pour une date ultérieure.

Aujourd’hui, certains sites conspirationnistes prévoient la catastrophe pour 2017 – d’aucuns plus précisément pour octobre -, dans un beau mélange de genres qui met dans le même sac étoiles, planètes et comètes. En revanche, des scientifiques (des vrais) recherchent bien une planète aux confins du système solaire. Explications.

La « planète 9 », découverte imminente ?

Si l’on a découvert Neptune, c’est grâce aux calculs du mathématicien français Urbain le Verrier, qui avait noté des perturbations dans l’orbite d’Uranus qu’il expliquait par la présence d’une autre planète géante dans les environs.

Et c’est aujourd’hui le même raisonnement qui a conduit deux astronomes de Caltech (USA) à prédire l’an dernier l’existence de la « planète 9 ». Selon Mike Brown et Konstantin Batygin, les orbites de plusieurs corps célestes situés au-delà de Pluton seraient influencées par une planète plus de 10 fois plus massive que la Terre. C’est cette Planète 9 qu’ils cherchent désormais à repérer visuellement.

Planète 9, planète X, Nibiru, quelle est la différence ?

L’appellation de Planète X ne date pas d’aujourd’hui. On l’utilisait déjà pour rechercher la neuvième planète du système solaire après la découverte de Neptune (en 1846). C’est d’ailleurs cette quête d’une planète située au-delà de l’orbite de Neptune qui a amené la découverte de Pluton en 1930. Si la planète X définie au début du 20e siècle n’a pas été trouvée, la théorie de Brown et Batygin laisse espérer une « neuvième planète » et non pas une dixième, vu que l’union astronomique internationale a depuis pris la décision (contestée) de rétrograder Pluton au rang de planète naine.

Quant à « Nibiru », (du nom d’une divinité sumérienne), c’est une appellation utilisée par les sites conspirationnistes pour désigner la fameuse planète mystère, bien que sous ce vocable se cachent des définitions diverses et qui ne correspondent pas à la réalité des observations. Ceux qui évoquent « Nibiru » mélangent allègrement et sans grande cohérence des morceaux d’éléments scientifiques en les assaisonnant souvent d’une sauce vaguement religieuse et pseudo-historique.

La planète 9 peut-elle menacer la Terre ?

La planète 9 est loin, très loin: elle se situerait 20 fois plus loin du Soleil que Neptune, et si elle perturbe en effet quelques planètes naines et autres objets lointains, elle ne fonce pas pour autant vers la Terre. Elle aurait cependant pu avoir une influence notable dans un lointain passé: selon une étude récente, la forte inclinaison de l’orbite de cette – pour l’instant – hypothétique planète 9 pourrait expliquer que le plan des orbites des autres planètes (dont la Terre) soit incliné de 6 degrés par rapport à l’axe de rotation du Soleil. Mais c’était il y a quelques milliards d’années…

Le danger des comètes… et des astéroïdes     

Un autre danger attribué à la planète X par les conspirationnistes concerne les comètes, dont elle provoquerait une pluie mortelle sur la Terre. Il ne faut pas nier le danger représenté par les astéroïdes et les comètes, c’est d’ailleurs pour cela que les agences spatiales développent des programmes pour de meilleures détections des objets spatiaux potentiellement dangereux, et que l’ONU a désigné en décembre la date du 30 juin comme journée internationale des astéroïdes.

Une comète peut toujours se rapprocher d’une planète, comme on l’a vu avec Siding Spring, qui a frôlé Mars fin 2014, ou Shoemaker-Levy, qui a plongé dans l’atmosphère de Jupiter en 1994. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’il faut continuer les efforts entrepris pour prévenir d’éventuelles collisions dans l’avenir. Mais à l’heure actuelle, aucun objet détecté ne présente de menaces potentielles avant un bon siècle.

Et si c’était une étoile ?

Dans leur continuelle quête de risques imaginaires, certains conspirationnistes ont mis en avant une nouvelle théorie: « Nibiru » ne serait plus seulement une planète, mais un système solaire entier, qui se dirigerait vers nous, annonçant bien sûr de nombreuses catastrophes dans la foulée. Là aussi, il y a une vérité scientifique (bien) cachée: les étoiles se déplacent, et certaines peuvent se rapprocher les unes des autres.

Une étoile passant suffisamment près du système solaire pourrait le perturber, notamment en délogeant certaines comètes du nuage d’Oort, un « réservoir à comètes » qui l’englobe à une très grande distance. Mais si quelques comètes se détachent de ce nuage pour plonger vers l’intérieur du système solaire, cela ne signifie pas qu’elles vont être sur une trajectoire de collision avec la Terre, d’autant plus que Jupiter pourrait les dévier avant qu’elles n’arrivent.

Si l’on en croit une étude publiée en février 2015, le dernier passage de ce genre serait celui de l’étoile de Scholz, un système double situé aujourd’hui à une vingtaine d’années-lumière de la Terre. En se rapprochant à 0,8 années-lumière du Soleil, l’étoile double aurait pu légèrement perturber l’extérieur du nuage d’Oort, mais aurait eu un impact négligeable sur les comètes de cette région. Et, surtout, le passage en question aurait eu lieu… il y a 70.000 ans.

Deux étoiles connues des astronomes pourraient passer dans notre voisinage. La première, Glièse 710, est aujourd’hui à 64 années-lumière de nous. Elle pourrait passer à 0,2 années-lumière de distance, et serait alors aussi lumineuse que Mars ou Jupiter vue de la Terre. Elle provoquerait alors probablement le déplacement de nombreuses comètes… La bonne nouvelle ? Cela se produirait dans environ 1,35 million d’années.

L’autre candidate à une approche est HIP 85805, qui se situerait actuellement à une vingtaine d’années-lumière. Selon certaines études, elle pourrait passer entre 0,15 et 0,65 années-lumière de nous, on ne sait pas exactement quand… mais ce serait dans une fourchette de 270.000 à 465.000 ans.

Une étoile, c’est (relativement) lent

Bien sûr, les conspirationnistes vous diront qu’il peut y avoir des étoiles que l’on n’a pas encore détectées, et qui fondraient sur nous subrepticement. S’il est toujours possible de découvrir des étoiles très faiblement lumineuses dans notre voisinage immédiat, elles se situeraient cependant à une distance respectable.

Même si l’on détectait aujourd’hui une étoile se trouvant aussi près que Proxima du Centaure (l’étoile la plus proche de nous), à 4,25 années-lumière, et qui se dirigerait vers nous, la rencontre potentielle ne se produirait pas avant quelques milliers d’années. Car même si la vitesse d’une étoile comme le Soleil est importante à l’échelle humaine (le Soleil tourne autour du centre galactique à 240 km/s), il lui faudrait pas loin de 5.000 ans pour parcourir quatre années-lumière. De quoi nous laisser le temps de souffler. Pour 2017, il y a bien plus de raisons de s’inquiéter du possible résultat de la présidentielle à venir que d’une sombre menace venue des confins du système solaire…

http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20170105.OBS3432/apocalypse-non-la-planete-x-ne-foncera-pas-sur-la-terre-en-2017.html

 

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