L’Église Mormone et les Noirs

« Caïn a sacrifié son frère. Caïn aurait dû être tué et cela aurait mis fin à cette lignée d’êtres humains. Cela ne pouvait arrivé et le Seigneur a placé une marque sur lui, un nez épaté et une peau noire. »
(Brigham Youg †, prophète de l’Egliese mormone, Journal of Discourses, vol.7, pages 29O-291 )

 


Nous venons de découvrir un article rédigé par des sympathisants mormons sur le site www.idumea.org Très maladroitement, ils tentent de justifier la position raciste de leur Église quant au passé de celle-ci. Pourtant, les faits sont indiscutables et d’une grande clarté. Ils démontrent indubitablement que jusqu’en 1978, l’Église Mormone versait dans l’ostracisme. C’est à cette date que le Président Spencer W. Kimball donna une révélation permettant l’accès à la prêtrise aux Africains. Ce fut un geste courageux mais qui démontre toute l’inconséquence des doctrines mormones. Jetons un coup d’œil sur ce texte:

Nous avons plaidé longuement et sérieusement en faveur de ceux-ci, nos frères fidèles, passant beaucoup d’heures dans la chambre haute du temple suppliant le Seigneur de nous guider. Il a entendu nos prières et par révélation a confirmé que le jour promis depuis longtemps était venu que chaque homme fidèle et digne pourrait recevoir la Sainte- Prêtrise avec la puissance pour exercer sa divine autorité et se réjouir avec les bien-aimés de toute bénédiction qui en découlent y compris les bénédictions du temple. En conséquence, tout membre digne de sexe masculin peut être ordonné à la prêtrise sans regard à la race ou à la couleur.
(Deseret News, 9 juin 1978, page 1 A)

Cette démarche positive se heurte aux déclarations du grand Brigham Young, deuxième Président de l’Église Mormone:

Cette malédiction restera sur eux et ils n’auront jamais la prêtrise avant que les autres descendants d’Adam n’aient reçu les promesses et se soient réjouis des bénédictions de la Prêtrise.
(Brigham Young, Journal of Discourses, vol. 7, pages 290 -291. )

Lorsque tous les autres enfants d’Adam auront eu le privilège de recevoir la prêtrise, d’entrer dans le Royaume de Dieu, d’être rachetés des quatre coins de la terre et d’avoir reçu la résurrection des morts, alors il sera temps d’enlever la malédiction de sa postérité…
(Brigham Young, Journal of Discourses, vol. 2, page 143 et l’Etoile de mars 1934, page 92)

Le Seigneur a dit à Caïn qu’il ne recevrait pas les bénédictions de la prêtrise ainsi que sa descendance avant que le dernier de la postérité d’Abel n’ait reçu la prêtrise, pas avant la rédemption de la terre…supposez que nous leur demandions de venir ici et que nous leur disions qu’il est légitime de mélanger notre postérité avec la race de Caïn, qu’ils puissent venir avec nous pour partager toutes les bénédictions que Dieu nous a données. Ce jour-là et à l’heure où nous ferions cela, la prêtrise serait retirée de l’Église et du Royaume de Dieu… l’Église irait à sa destruction…et nous recevrions la malédiction qui a été placée sur la postérité de Caïn » .
(Brigham Young, Brigham Young’s Address, ms d 1234, box 48, folder 3, Church Historical Sept., 5 février 1852).

N’oublions jamais que Brigham Young assure avec force que ses discours sont d’aussi bonnes Écritures que la bible! (Journal of Discourses, vol. 13, pages 95 et 264).

Les responsables du site IDUMEA à leur décharge sans doute mal renseignés citent des textes d’autorités mormones du passé afin de démontrer que l’Église, même avant 1978 n’était pas raciste !

Premier témoin: Brigham Young

« Brigham Young ( 2ème président de l’Église) a dit en 1860:

Les noirs doivent être traités comme des êtres humains et pas d’une manière pire que les animaux.
(page 2 du document « les noirs et la prêtrise »)

Envers du décor:

Pourquoi tant d’habitants de la terre ont-ils reçu la malédiction d’avoir la peau noire ? C’est la conséquence de leurs pères qui ont rejeté le pouvoir de la Sainte–Prêtrise et les lois de Dieu. Ils mourront et attendront jusqu’à ce que tous les autres enfants aient reçu leurs bénédictions dans la Sainte-Prêtrise, alors la malédiction sera enlevée de la postérité de Caïn et ils s’élèveront et possèderont la prêtrise.
(Brigham Young, cité dans l’Etoile de mars 1934, page 93)

Young enseigne qu’une peau noire est le signe ou la marque de la malédiction !

Dois-je vous dire la loi de Dieu concernant la race africaine ? Si l’homme blanc qui appartient à la race élue mélange son sang avec la postérité de Caïn, la punition selon la loi de Dieu sera la mort sur le champ.
(Brigham Young, Journal of Discourses, vol. 10, page 110)

Si ce texte n’est pas raciste, alors la ville de Liège n’est pas arrosée par la Meuse !

La postérité de Cham qui par lui est la postérité de Caïn, selon la malédiction encourue par lui, sera l’esclave de ses frères, elle sera l’esclave des esclaves de ses semblables jusqu’à ce que Dieu enlève la malédiction et nul pouvoir ne pourra l’empêcher.
( Brigham Young, Journal of Discourses, vol 12, page 184)

Caïn a sacrifié son frère. Caïn aurait dû être tué et cela aurait mis fin à cette lignée d’êtres humains. Cela ne pouvait arriver et le Seigneur a placé une marque sur lui, un nez épaté et une peau noire.
(Brigham Youg, Journal of Discourses, vol. 7, pages 290-291)

Le noir serait l’esclave des esclaves avec son nez épaté et sa peau sombre !Quel ami africain prenant connaissance de ces écrits horribles pourrait encore rester dans le mormonisme !

Deuxième témoin: Joseph Fielding Smith

(10ème président de l’Église Mormone)

Les saints des derniers jours, communément appelés mormons, n’ont aucune animosité à l’égard des noirs. Non plus décrits comme appartenant à une race inférieure.
(Joseph Fielding Smith, Deseret News, 14 juin 1962, cité à la page 3 du document IDUMEA. )

Envers du décor:

Caïn ne fut pas seulement appelé à souffrir, mais à cause de sa méchanceté il devint le père d’une race inférieure. Une malédiction fut placée sur lui et cette malédiction se poursuivra à travers son linéage… Des millions d’âmes sont venues en ce monde avec la malédiction d’une peau noire… on leur a fait sentir leur infériorité et on les a séparés depuis le commencement du reste de l’humanité…nous espérons également, dans un esprit de sympathie, de miséricorde et de foi, que les bénédictions seront finalement données aux frères noirs, car ils sont nos frères- enfants de Dieu – en dépit de leur peau sombre, symbole des ténèbres éternelles.
(Joseph Fielding Smith, le chemin de la perfection, pages 94-95)

C’est vraiment l’histoire du vilain petit canard, version Salt Lake City !

Il y a une raison pour laquelle tel homme naît noir avec d’autres désavantages tandis qu’un autre naît blanc avec de grands avantages. La raison est que nous avons eu autrefois un état avant de venir ici et y avons été plus ou moins obéissants aux lois qui nous ont été données là-bas. Ceux qui ont été fidèles en tout là-bas ont reçu de plus grandes bénédictions ici, et ceux qui n’étaient pas fidèles ont reçu moins.
(Joseph Fielding Smith, Doctrines du salut, vol. 1 pages 65-66)

Comprenez bien ! Dutroux, le pédophile bien connu était très fidèle là-bas alors que Martin Luther King l’était beaucoup moins.

Troisième témoin: Bruce Mc Conkie

( apôtre et théologien mormon. )

Il est certain que les noirs, étant enfants de Dieu, ont droit à l’égalité devant la loi, le droit d’être traités avec tous le respect qui est dû à un membre quelconque du genre humain…
(Bruce Mc Conkie , Mormon Doctrine, cité à la page 3 du document IDUMEA)

Envers du décor:

Caïn, Cham et toute la race noire ont été maudits avec une peau noire, la marque de Caïn, ainsi ils peuvent être identifiés comme une caste à part, un peuple avec qui les autres descendants d’Adam ne doivent pas se marier.
(Bruce Mc Conkie, Mormon doctrine, 1979, page 114)

Il n’y a pas qu’aux Indes que le système des castes existe !

Les Indiens d’Amérique ne sont pas non plus épargnés:

… une double malédiction vint sur les lamanites…. ils devinrent un peuple de couleur sombre, dégoûtant et sale, paresseux et rempli de toutes sortes d’abominations… et afin qu’ils ne puissent séduire les néphites, une peau sombre les couvrit.
(Bruce Mc Conkie, Mormon doctrine, 1979, pages 428-429)

Quatrième témoin: Spencer W. Kimball

(12ème président de l’Église mormone)

Les préjugés raciaux sont du diable. Les préjugés raciaux viennent de l’ignorance. Il n’y a pas de place pour eux dans l’enseignement de Jésus-Christ.
(Teachings of Spencer W. Kimball, page 237, cite à la page 3 du document IDUMEA)

Envers du décor:

J’ai observé un contraste frappant entre les progrès du peuple indien aujourd’hui… Ils deviennent rapidement un peuple blanc et agréable…depuis des années, ils  sont devenus agréables et ils deviennent maintenant blancs et agréables comme la promesse leur en a été faite… un frère blanc déclarait joyeusement que son compagnon et lui donnaient régulièrement du sang à l’hôpital afin d’accélérer le processus.
(Spencer W. Kimball, Improvement Era, décembre 1960, pages 922-923)

Si comme l’affirma Kimball, les préjugés raciaux sont du diable, il est alors très clair que le mormonisme est une antre de démons et qu’il ne relève pas du christianisme. Melvin Ballard, distingué auteur mormon écrit les sentences suivantes qui sont une insulte à l’humanité entière:

Des millions d’enfants nés aujourd’hui, une certaine proportion vient au monde chez les hottentots d’Afrique du Sud, des milliers proviennent de mères chinoises, des milliers proviennent de mères noires, des milliers de jolies mères mormones blanches…Je suis convaincu que c’est suite à ce qu’ils firent avant de venir dans cette vie qu’on leur a refusé ce privilège.
(Crusader for Righteousness, page 218 et Church and Negro, page 98)

L’apôtre mormon Mark Petersen va dans le même sens:

Considérons un instant l’immense grâce de Dieu. Un chinois, né en Chine avec une peau sombre et tous les handicaps liés à cette race ne semble disposé que de peu d’opportunité.
(Race problems-as they affect the Church, Août 1954 page 6)

Le racisme mormon ne trouve pas son terreau dans la Bible, mais dans les enseignements du prophète Joseph Smith ainsi que dans la Perle de Grand Prix, ouvrage canonique mormon, ce que reconnaît honnêtement Joseph Fielding Smith:

On a posé cette question: « quelle preuve avons-nous que le noir d’aujourd’hui est le descendant de Caïn, et comment se fait-il qu’il ne peut avoir la prêtrise ?  » Il n’y a pas de donnée précise à ce sujet dans la Bible, et l’histoire profane n’est pas capable de la résoudre. C’est de la Perle de Grand Prix et des enseignements de Joseph Smith …que nous obtenons des instructions à ce sujet.
(Le chemin de la perfection, page 97)

La Bible en effet, ne connaît pas de racisme ! ( Actes 8:26 à 40, 10:34, Matthieu 28:19, Marc 16:15). Il faut aussi faire remarquer qu’aux Etats-Unis et en Afrique Australe, il a existé des membres d’églises chrétiennes foncièrement racistes. Une telle situation était le fait d’individus ou de groupes méprisant le clair enseignement de la Parole de Dieu. Jamais cependant les grandes dénominations au niveau mondial n’ont avalisé une doctrine aussi anti-biblique. Le fondateur du mormonisme quoi qu’en disent les mormons du site IDUMEA était raciste et opposé aux abolitionnistes.

(Ceux qui aux Etats-Unis étaient opposés à l’esclavage des noirs).

Nous aimerions être bien compris, nous n’encourageons pas le système abolitionniste ni ne fraternisons avec ceux qui défendent ses principes.
(Joseph Smith, Messenger and Advocate, vol. 2, pages 295-296, avril 1836)

Question n°13- Les mormons sont-ils abolitionnistes?
Réponse (J. Smith): Non, à moins que libérer le peuple de l’emprise du clergé et les prêtres de la puissance de Satan soit considéré comme une abolition. Mais nous ne croyons pas qu’il faille libérer les nègres. »
(Joseph Smith, History of the Church, vol. 3, page 29, 1838)

L’Église mormone n’hésite pas à tripatouiller le livre de Mormon afin de tenter maladroitement de dissimuler une mention honteuse et gênante. En effet, en 1998 sortait le triptyque (Livre de Mormon, Doctrine et Alliances, Perle de Grand Prix). Si nous prenons la référence de 2 Néphi 30:6, le texte est rendu comme suit:

 …et il ne passera pas beaucoup de générations parmi eux qu’ils ne soient un peuple PUR et agréable.

Or dans les éditions antérieures apparaît une différence notoire:

… et il ne passera pas beaucoup de générations parmi eux qu’ils ne soient un peuple BLANC et agréable » (version de 1962)

Nous croyons que l’article d’IDUMEA n’est que poudre et paillettes lancées au yeux des éventuels surfeurs. Il ignore superbement les 150 années de l’histoire de l’Église mormone pendant lesquelles elle s’est signalée comme étant une organisation raciste, haineuse et totalement dénuée de la charité de celui dont elle porte très mal le nom. A la page 8 de son article, IDUMEA déclare ce qui suit:

Quoiqu’il en soit, la théorie des moins vaillants n’a jamais été un enseignement de l’Église de Jésus–Christ des saints des derniers jours.

De qui se moque-t-on ?

Toutes les citations racistes sont extraites d’ouvrages doctrinaux de grands responsables mormons. Cette doctrine des noirs moins vaillants dans une précédente vie a été avancée et défendue par les plus hautes autorités de l’Église. Ensuite benoîtement, des mormons sans aucune autre autorité que la leur vous trompent en annonçant que cela n’a jamais été un enseignement de l’Église. Pourquoi dés lors avoir confiné les noirs dans ce rôle abject de sous-hommes esclaves des esclaves pendant toutes ces longues décennies si ce n’était pas compris comme étant une doctrine. De plus, pourquoi la déclaration de Spencer Kimball était-elle indispensable ? Il n’y avait pas lieu de légiférer en la matière si cela n’était pas un enseignement de l’Église !

Nous avons visité les divers sites mormons (français et anglais) et il est clair qu’ils ne sont pas trop sérieux ! Nous aurons l’occasion d’ y revenir avec des arguments irréfutables en main. Notre site « Jude 4 » s’attachera dans son prochain article de vérifier que la doctrine d’Adam-Dieu a bien été enseignée par les responsables mormons du 19ème siècle.

  Christian Piette

Encyclopédie des sciences religieuses: Mormonisme

Article de l’Encyclopédie des sciences religieuses de 1877


Ce nom est celui d’une secte américaine, qui s’appelle plus volontiers « l’Église des Saints des derniers jours.» Le nom sous lequel elle est habituellement connue lui vient du Livre des Mormon, son principal livre sacré. Mormon est l’un des personnages fabuleux de cette étrange mythologie.

Joseph Smith dérivait ce nom du mot anglais more, plus, et d’un mot prétendu égyptien mon, bon, ce qui lui donnait pour signification « plus bon » – ou meilleur. Cette étymologie fantaisiste du fondateur du mormonisme en a amené une autre qui n’est pas plus sérieure, ses adversaires ont voulu faire dériver ce mot du grec, spectre.

Histoire

Le fondateur du mormonisme fut Joseph Smith, né dans le Vermont, le 23 décembre 1805. Son Père, qui était agriculteur, s’établit dans l’état de New-York, lorsque Joseph avait onze ans, et ce fut dans le comté d’Ontario que s’écoula la jeunesse du futur prophète. Sa culture intellectuelle fut des plus sommaires, et ne dépassa guère les premiers éléments de la lecture, de l’écriture et du calcul.

Ses biographes officiels, Orson Pratt et George A. Smith, nous le représentent s’occupant de son salut dès l’âge de quinze ans, cherchant vainement dans les églises existantes la satisfaction de ses besoins religieux et se mettant alors, par la lecture de la Bible et par la prière, à chercher directement auprès de Dieu la réponse aux questions angoissantes qui le troublaient. Un jour qu’il priait, une clarté merveilleuse descendit sur lui et l’enveloppa, et deux êtres surnaturels lui apparurent, l’informèrent que ses péchés lui étaient remis, lui déclarèrent qu’aucune secte ne possédait la vraie doctrine, et que cette doctrine, complément de l’Evangile, lui serait révélée un jour. D’autres révélations suivirent. La plus importante fut celle qui lui apprit que les Indiens d’Amérique étaient les descendants dégénérés du peuple d’Israël et que leurs Annales avaient été déposées en lieu sùr. Conduit par les indications d’un ange, Smith découvrit ces Annales gravées en caractères égyptiens sur des plaques d’un métal ressemblant à de l’or. A côté des Annales se trouvait un curieux instrument: l’Urim et le Thummim, composé de deux pierres transparentes, au moyen desquelles Smith allait pouvoir lire et interpréter le document.

C’est en 1827 que Smith prétendait avoir été mis en possession des mystérieuses plaques, qu’il s’occupa à traduire, en se servant comme secrétaire d’Olivier Cowdery, qui devint l’un des chefs de la secte. Le Livre de Mormon partit enfin en 1830, aux frais d’un fermier du nom de Martin Harris, qui, gagné aux idées de Smith, lui fournit les moyens de faire imprimer sa révélation. Toute cette légende avait fait trop de bruit pour que l’on ne cherchât pas à la tirer au clair. L’enquête, toutefois, a été conduite avec trop de passion par les adversaires du mormonisme pour qu’il soit permis d’en accepter les résultats comme pleinement concluants. Les origines du mormonisme, quoique toutes récentes, demeurent un problème d’histoire et de psychologie non résolu encore.

La famille Smith paraît avoir eu une mauvaise réputation dans la contrée où elle vivait; on accusait ses membres de paresse, d’intempérance et d’amour du mensonge. «  Ils étaient fameux, dit un document signé par un grand nombre de leurs voisins, par leurs projets visionnaires et passaient une partie de leur temps à faire des fouilles pour découvrir des trésors cachés.» Joseph Smith se distingua de bonne heure par son caractère aventureux et illuminé tout ensemble, et l’histoire de ses visions lui valut les quolibets et les persécutions de ses voisins.

Il est démontré que le fond du Livre de Mormon n’est autre chose qu’un certain roman historique sur les Indiens composé en style pseudo-biblique par un ministre du nom de Salomon Spaulding, né en 1761 et mort en 1816. Son manuscrit était demeuré entre les mains d’un imprimeur de Pittsburgh, en Pensylvanie, et passa entre celles de Sydney Rigdon qui, après avoir été compositeur dans son établissement, devint l’associé de Joseph Smith dans la propagation des doctrines mormones. Plusieurs des amis de Spaulding et son propre frère déclarèrent reconnaître son oeuvre dans la prétendue traduction des plaques d’or.

Les adjonctions faites par le prophète à ce fonds primitif sont des réminiscences bibliques pour la plupart, où abondent les incorrections grammaticales. Quant aux plaques elles-mêmes, nul ne les a vues en dehors des onze témoins qui affirment, en tête du Livre de Horneion, les avoir vues et touchées mais ces témoins étaient des mormons, parmi lesquels trois membres de la famille Smith et cinq de la famille Whamer, l’une des premières converties à la foi nouvelle, et de tels témoignages sont plus que suspects.

Le premier bailleur de fonds de Smith et l’un des onze témoins, Martin Harris, s’étant fait donner un facsimile de l’une des golden plates, alla, avec une bonne foi qui l’honore, la soumettre au professeur Aenthon, de New-York. Les mormons répandirent le bruit que ce savant avait reconnu les caractères pour de l’égyptien réformé.

Mais le professeur, dans une lettre rendue publique, déclara que la feuille qu’on lui avait présentée était « couverte de toutes sortes de caractères crochus, et évidemment combinés par une personne qui avait eu sous les yeux un livre contenant divers alphabets, entr’autres des alphabets grecs et hébraïques. Des lettres romaines, renversées ou placées de côté, s’y trouvaient aussi rangées en colonnes perpendiculaires, et le tout se terminait par un grossier dessin d’un cercle partagé en divers compartiments couverts de signes bizarresh, et évidemment copiés du calendrier mexicain publié par M. de Humboldt, mais copiés de manière à déguiser la source d’où ils étaient tirés. » La foi de Martin Harris était trop aveugle pour se laisser éclairer par les lumières de la science, et la publicité donnée à ces faits n’empêcha pas Smith de faire de nombreuses dupes.

En 1829, lui et son collègue et secrétaire Cowdery, prétendirent avoir reçu d’un ange une divine imposition des mains qui les sacrait prêtres, et, persuadés que le baptême chrétien qu’ils avaient reçu n’était pas valide, ils se rebaptisèrent réciproquement par immersion. Leurs prédications et la lecture du Livre de Mormon groupèrent bientôt autour d’eux des disciples qui entrèrent dans la nouvelle secte par le rite du baptême.

Le 6 avril 1830, l’Église des saints des derniers jours fut organisée dans la ville de Fayette, Etat de New-York. L’accession de Sidney Rigdon, ancien ministre campbellite fort bien doué, qui prêchait des idées millénaires, vint apporter à la théologie rudimentaire de Joseph Smith des éléments nouveaux, qui devaient la rendre populaire dans un milieu très ouvert à cette sorte d’enseignement. Lé millénium allait commencer,

les Indiens étaient sur le point de se convertir, l’Amérique devait être le rendez-vous des saints, et la tache spéciale de la nouvelle église était de construire la Nouvelle-Jérusalem. Ces idées et la mythologie qui les entourait flattaient à la fois le patriotisme et le goût du merveilleux des populations ignorantes des campagnes. Des missionnaires improvisés les répandirent de proche en proche, et des communautés mormones s’établirent de bonne heure dans l’Ohio, la Pensylvanie, l’Indiana et l’Illinois, aussi bien que dans le New-York. Au commencement de 1831, le siège de la secte était Kirtland dans l’Ohio, mais vers la fin de cette même année, sous l’action d’une révélation spéciale, Smith entraîna une émigration de douze cents mormons dans le comté de Jackson, Missouri, pour y « ; fonder la cité de Sion où le Christ devait régner en personne. » Cette communauté se distinguait des rudes colons qui l’entouraient par son industrieuse activité et r ses mours douces. Une persécution violente ne tarda pas à s’élever contre elle: on brisa ses presses, on supprima ses journaux, on fit subir toutes les avanies à ses ministres; finalement, en 1833, une bande d’hommes armés vint expulser de la contrée les familles mormones, qui s’en allèrent chercher un asile à lndependence dans le comté de Clay. Joseph Smith, en apprenant les malheurs de ses partisans, accourut de l’Ohio où il se trouvait alors, et, à la tête d’une troupe de mormons armés, essaya de répondre à la force par la force. Cette tentative ne réussit pas, et il dut retourner à Kirtland. Il se mit alors à compléter l’organisation religieuse de son Église. A la tête de la hiérarchie, qui devait assurer sa force, il plaça une sorte de triumvirat, s’assignant à lui-mème la première place en sa qualité de prophète et d’apôtre et s’ajoignant Rigdon et Williams comme ses assesseurs.

Le 4 février 1835, il se choisit douze apôtres auxquels il confia la mission de convertir les nations. Ils se répandirent en effet dans les états de l’Est; l’un d’eux débarquait en Angleterre en 1837, et le jour de Noël de cette même année, une première conférence de mormons anglais se réunissait à Preston. Ils firent de nombreuses recrues dans les villes manufacturières du Nord et dans le pays de Galles, et des convois d’émigrants mormons traversèrent fréquemment l’Atlantique pour rejoindre le gros de la communauté.

En mars 1836, quand le temple fut inauguré à Kirtland, plus de mille mormons étaient présents. De malheureuses transactions commerciales auxquelles le prophète fut mêlé et qui lui attirèrent des démêlés avec les tribunaux, le décidèrent à abandonner définitivement l’Ohio. Une révélation survint à point noinmé, pour confirmer sa décision. Sa présence était fort nécessaire au milieu de la colonie missourienne, qui souffrait de luttes intestines, en même temps qu’elle était en butte aux persécutions des « gentils. » Ceux-ci voyaient d’un oeil jaloux la marche envahissante des mormons et s’irritaient de leur prétention hautement affichée de conquérir tout le pays. Une sorte de guerre civile éclata; les milices de l’Etat intervinrent à la fin de 1838, en apparence pour rétablir la paix, mais en réalité pour débarrasser l’Etat de la présence des mormons. Plusieurs d’entre eux furent massacrés; le prophète, son frère, et quelques autres chefs furent emprisonnés, et la colonie mormone, forte d’environ 15000 personnes fut, en plein hiver, dépossédée de ses terres et expulsée de l’autre côté du Mississipi, dans l’Illinois. Bien accueillie par la population de cet Etat, elle y fonda la ville de Nauvoo, qui, deux ans après sa fondation, comptait déjà 2000 habitations, avec des écoles et des édifices publics. La législature de l’Etat concéda une charte à Nauvoo; les mormons furent autorisés à lever une milice placée sous les ordres du prophète, qui devint bientôt le chef à la fois religieux, civil et militaire d’une communauté de 20000 âmes, qui lui vouait une admiration et une obéissance sans réserves.

Ses partisans se multipliaient dans tous les Etats-Unis, et leur chiffre en Angleterre atteignait, disait-on, dix mille. Ces succès enivrèrent Joseph Smith qui, en 1844, osa se mettre sur les rangs pour la présidence des Etats-Unis. Ses moeurs étaient loin d’être irréprochables; toutefois ce ne fut qu’en juillet 1843 qu’il prétendit avoir reçu une révélation autorisant la polygamie.

Cette prétention souleva une vive opposition dans le sein même de la communauté. Les mécontents fondèrent à Nauvoo même un journal d’opposition, l’Expositor. Smith, qui en était venu à ne pouvoir souffrir la contradiction, donna ordre à ses janissaires de faire justice; les presses du journal furent brisées, le bureau démoli, et ses rédacteurs ne durent leur salut qu’à la fuite. Ils portèrent plainte devant les autorités de l’état qui profitèrent de l’occasion pour faire cesser un état de choses intolérable. La milice marcha sur Nauvoo et s’empara du prophète et de son frère Hyrum. Le bruit ayant couru que le gouverneur songeait à faire évader ses prisonniers, une bande d’hommes armés se jeta sur eux et les massacra (27 juin 1844).

La mort de Joseph Smith, loin d’être la ruine du mormonisme, sembla devoir assurer sa durée; elle mit l’auréole du martyre au front du prophète et renforça le fanatisme de ses partisans. Brigham Young, qui était devenu le conseiller le plus intime de Smith, fut appelé à lui succéder à la tête de la communauté, avec les titres de « voyant, révélateur et président des saints des derniers jours.»

En 1845, la législature de l’Illinois révoqua la charte de la cité de Nauvoo. Les conflits étaient fréquents entre les saints et les gentils, et la communauté elle-même souffrait de tiraillements intérieurs. Brigham Young comprit qu’il y avait là une situation qui ne pouvait se prolonger sans amener à courte échéance la ruine du mormonisme. Il fut résolu en conséquence qu’une nouvelle migration aurait lieu et que le siège de la communauté serait transporté par delà les limites des Etats-Unis, et à quelques centaines de lieues de toute terre civilisée. Cette résolution fut annoncée aux saints par une épître générale datée du 20 janvier 1846.

Une avant-garde de seize cents personnes partit avant la fin de l’hiver pour jeter les bases du futur établissement. Le territoire de l’Utah, que les mormons désignèrent sous le nom de Deseret, ou pays de l’Abeille, est un plateau compris entre les Montagnes-Rocheuses et la Sierra-Nevada de Californie. Ce plateau aride semblait rebelle à toute culture, et il a fallu toute la ténacité de volonté de fanatiques en révolte contre la civilisation pour coloniser ces régions inhospitalières et en faire ce qu’elles sont devenues aujourd’hui, la grande étape entre New-York et San-Francisco.

On a souvent raconté cet exode de tout un peuple, s’accomplissant par un prodige d’audace et de discipline, au milieu des privations et des souffrances de toute nature, et aboutissant à la création, sur les bords du Grand-Lac-Salé, d’une civilisation étrange, mais à laquelle on ne saurait sans injustice refuser une certaine grandeur. Le succès de cette expédition suffirait pour faire vivre dans l’histoire le nom de Brigham Young. Il arriva dans la vallée en juillet 1847, et le gros des mormons dans l’automne de 1848. Une ville fut construite avec son tabernacle et ses édifices publics. La population augmenta rapidement.

En 1819, le congrès des Etats-Unis organisa l’Utah en territoire et reconnut Brigham Young pour gouverneur. En 1852, fut promulguée la «  loi céleste du mariage » qui autorisait la polygamie.

En 1853, fut posée la première pierre du temple monumental. Le gouvernement fédéral essaya vainement d’intervenir dans la législation, d’abord en nommant des juges, puis en envoyant un nouveau gouverneur à la place de Young. Traités en suspects, ces mandataires du gouvernement durent se retirer en 1856. L’année suivante, le gouvernement de Washington envoya dans l’Utah de nouveaux fonctionnaires, avec un corps de 2500 hommes pour les appuyer. Les mormons protestèrent vivement, mais finirent, par se soumettre. La question de la polygamie est demeurée entre eux et le Pouvoir fédéral la question délicate et a soulevé de continuels conflits. Toutefois, cet étrange peuple est en voie de rentrer dans les conditions normales d’existence des peuples civilisés;

la création du chemin de fer du Pacifique, en 1869, l’arrivée de nombreux colons non mormons, la mort enfin de Brigham Young, survenue en 1877, ont abaissé définitivement les barrières qui le séparaient du reste du monde. Dépouillé bientôt de son institution honteuse de la Polygamie, comme il l’a été de l’autonomie politique qu’il avait rêvée, il redeviendra une simple secte religieuse, plus bizarre que la plupart des autres, et qui pourra vivre longtemps encore, grâce à cette légende mystérieuse qui s’est faite autour de son berceau, et grâce surtout à ces traditions d’audace et d’héroïsme qui font de l’histoire particulière de cette secte l’un des chapitres les plus étonnants de l’histoire de la colonisation. On estime à 250.000 le nombre total des mormons; de 80 à 100.000 sont établis dans l’Utah.

Doctrine et discipline

Nous avons déjà parlé du plus important des livres sacrés des mormons, le Livre de Mormon, compilation indigeste et illisible, mais dont le succès s’explique par la large satisfaction qu’elle donne au patriotisme américain. D’après la révélation mormone, les juifs réfugiés en Amérique se partagèrent en deux groupes hostiles, les néphites et les lamanites. Ceux-ci, devenus infidèles exterminèrent les néphites et s’emparèrent du continent tout entier. Les Indiens sont leurs descendants. Le Livre de Mormon forme un volume de 563 pages d’impression compacte. Il se divise en quinze livres de longueur inégale attribués à divers auteurs. Cet ouvrage contient, outre le roman interminable des néphites et des lamanites, de longues exhortations, des visions et des paraboles, faible pastiche du langage biblique, et qui n’ont ni élévation morale ni valeur poétique.

Les anachronismes et les absurdités y fourmillent, Pour ne rien dire des fautes grossières de grammaire. Le second livre sacré du mormonisme est le Livre de la doctrine et des alliances (Book of Doctrine and Covenants); il renferme des instructions religieuses données par Joseph Smith à ses disciples, des révélations se rapportant à l’organisation, au culte et à la hiérarchie de l’Église, des prophéties, des visions, etc. Mentionnons enfin la Perle de grand prix, recueil de révélations, prophéties, discours de Smith, auquel il a joint un prétendu Livre d’ Abraham, qui se donne comme traduit d’un papyrus égyptien. La doctrine mormone forme le plus étrange éclectisme d’éléments bouddhistes, gnostiques, mahométans et chrétiens.

Dieu le père n’est pour eux que le plus puissant des hommes’ il est doué d’un corps, il a été engendré comme nous, il est marié à un grand nombre de femmes, et ses enfants sont nombreux comme les grains de sable de la mer. Ce Dieu, qui habite la planète Kolob, a charge de notre univers; d’autres dieux, également puissants, veillent sur d’autres mondes. Dieu n’étant qu’un homme perfectionné, chaque homme peut aspirer à devenir Dieu à son tour. Le Christ est né de l’union « matérielle » de Dieu et de la vierge Marie; les mormons retiennent la foi en la rédemption. La vie future ne sera que le prolongement de celle-ci; l’existence aura les mêmes nécessités et les hommes les mêmes passions et les mêmes occupations. Qu’on ajoute à ces idées bizarres, la doctrine de la transmigration des âmes, celle de la permanence des dons miraculeux, tout un système millénaire très complet, avec retour des juifs, y compris les dix tribus perdues, parousie et règne personnel du Christ pendant mille ans sur la terre, et l’on aura quelque idée de ce qu’est cette étrange théologie, véritable pandémonium où se sont donné rendez-vous toutes les excentricités de la pensée religieuse de tous les temps. La morale mormone ne s’élève pas au-dessus du terre-à-terre de l’égoïsme le plus absolu. Le dieu des mormons a été défini par l’un de leurs apôtres «  le plus égoïste des êtres vivants », et ses adorateurs s’efforcent de lui ressembler. Les deux grands devoirs du parfait mormon sont le patriotisme et le payement des dîmes; en règle avec la loi morale sur ces deux articles, il est libre pour tout le reste. S’enrichir et multiplier le nombre de ses femmes, à cela se borne son ambition. Toute pensée indépendante est supprimée; les fidèles s’engagent à n’être dans les mains de leurs chefs  « qu’une cire molle, un chiffon trempé dans du suif. »

Les formes du culte semblent avoir pour but d’exclure et d’étouffer la pensée. Le salut de l’individu dépend de rites symboliques multipliés; baptême par immersion fréquemment renouvelée; imposition des mains; cène où l’eau remplace le vin, cérémonies mystérieuses d’initiation. La prédication roule en général sur les intérêts matériels de la communauté, et ne tend en aucune façon à élever l’âme vers les choses invisibles.

La hiérarchie mormone comprend au sommet la présidence composée de trois hommes qui représentent sur la terre la Trinité divine, et dont l’un a la suprême autorité; puis le patriarcat conféré à vie à un homme qui a pour unique charge de distribuer des bénédictions puis les douze, qui ont le pouvoir de conférer les ordres et d’administrer les sacrements; puis les soixante-dix, qui, sous la direction des apôtres, ont la charge de faire la propagande. Les grands prêtres forment le cinquième ordre; ils officient toutes les fois que les dignitaires d’un rang plus élevé ne sont pas présents. Les évêques, les anciens, les prêtres, les instructeurs et les diacres forment les degrés inférieurs de cette hiérarchie, et appartiennent à la classe d’Aaron, tandis que les premiers forment celle de Melchisédek. Le conseil général est chargé de régler les difficultés qui peuvent survenir entre les fidèles; il existe aussi des grands conseils particuliers dans chaque communauté locale. Une conférence annuelle pour le règlement des affaires générales de l’église se réunit en avril; on assure que toutes les décisions y sont prises à l’unanimité.

Sources

Le mormonisme a donné naissance à une foule d’ouvrages. Ses écrivains, assez médiocres d’ailleurs, sont nombreux; nous nous bornons à indiquer les noms de: Spencer, Orson Pratt, Parly Pratt, Phelps, etc. Parmi les ouvrages racontant l’histoire et exposant les idées des mormons, nous mentionnerons les suivants:

Kidder, Mormonisn and the Mormons, New-York, 1852; Burton, City of the saints, Philadelphie, 1852; Ferris, Utah and the Mormons, New-York, 1854; Hyde, Mornonism its Leaders and Designs, New-York, 1857; Stenhouse, The Rocky Mountains saints, New-York, 1873. Nous possédons en français plusieurs ouvrages sur ce sujet, tels que: A. Pichot, Les Mormons, Paris, 1854; Jules Remy, Voyage au pays des Mormons, Paris,1860, et plusieurs articles de la Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1853, 15 février 1856, ler septembre 1859, 15 avril 1861, ler février 1872.

MATTH. LELIÈVRE.