Confession de Foi de l’Église Universelle du Royaume de Dieu

  • Nous croyons aux Saintes Écritures de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, dans leurs versions originales, comme étant pleinement inspirées par Dieu, les acceptant en tant qu’autorité suprême et finale de foi et de vie.
  • Nous croyons en un seul Dieu existant éternellement en trois personnes: le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
  • Nous croyons que Jésus-Christ fut conçu par le Saint-Esprit, né de la Vierge Marie, étant vrai Dieu et vrai Homme.
  • Nous croyons que Dieu créa l’homme à Sa propre image; que l’homme, en péchant, s’est attiré comme condamnation la mort physique et spirituelle; et que tout être humain hérite d’une nature pécheresse, qui est la cause des transgressions actuelles entraînant la culpabilité personnelle.
  • Nous croyons que le Seigneur Jésus est mort pour nos péchés, comme sacrifice substitutif selon les Saintes Écritures, et que tous ceux qui croient en Lui sont justifiés à travers Son rang répandu.
  • Nous croyons au corps ressuscité du Seigneur Jésus, à Son ascension au ciel et à Son actuelle existence en tant que notre souverain sacrificateur et notre avocat.
  • Nous croyons au retour personnel du Seigneur Jésus-Christ en gloire.
  • Nous croyons que ceux qui se repentent de leurs péchés, qui reçoivent le Seigneur Jésus-Christ par la foi et se tiennent fermes devant Lui, sont nés à nouveau par le Saint-Esprit et deviennent enfants de Dieu.
  • Nous croyons au baptême du Saint-Esprit, préparant les croyants au service de Dieu, accompagné des dons surnaturels du Saint-Esprit opérant en communion avec Lui.
  • Nous croyons aux ministères divinement ordonnés d’apôtre, de prophète, d’évangéliste, de pasteur et de docteur.
  • Nous croyons à la résurrection du juste et de l’injuste, à la bénédiction éternelle des rachetés et à la condamnation éternelle de ceux qui ont rejeté le salut.
  • Nous croyons que la véritable Église est constituée de tous ceux qui furent rachetés par Jésus-Christ et régénérés par le Saint-Esprit; que l’Église locale, sur terre, doit fonder son caractère sur cette conception de l’Église spirituelle et que, par conséquent, le renouvellement de vie et le témoignage personnel du Christ sont indispensables aux membres de l’Église.
  • Nous croyons que le Seigneur Jésus-Christ a institué deux ordonnances – le baptême d’eau et la sainte cène – afin d’être observées en signe d’obéissance comme un témoignage des faits propres à la foi chrétienne; que le baptême est l’immersion du croyant dans l’eau comme une confession du Seigneur Jésus, de Sa mort et résurrection; et que la sainte cène est la participation au corps et au sang de notre Sauveur en mémoire de Son sacrifice jusqu’à Son retour.
  • Nous croyons que la guérison divine, vérifiée dans l’Ancien et dans le Nouveau Testaments, est partie intégrante de l’Evangile.
  • Nous croyons que la Bible enseigne que sans sainteté nul ne peut voir Dieu.
  • Nous croyons à la sanctification en tant que travail défini, mais progressif, de la grâce, commençant lors de la nouvelle naissance intérieure et continuant jusqu’à la fin de la vie.

Heures des réunions

  • Lundi Prière en faveur de ceux qui affrontent des problèmes financiers.
  • Mardi Prière en faveur de la guérison et onction d’huile sacrée.
  • Mercredi Etude biblique et louange au Saint-Esprit.
  • Jeudi Prière contre les problèmes familiaux.
  • Vendredi Prière contre les problèmes spirituels
  • Samedi
    10h00 Réunion du Groupe d’Evangélisation et prière en faveur du Pays.
    15h00 Prière contre les cas impossibles.
    18h00 Prière en faveur de la vie sentimentale.
  • Dimanche
    08h00 Réunion du Saint-Esprit pour ceux qui désirent faire l’oeuvre de Dieu.
    10h00 Réunion du Saint-Esprit pour les enfants de Dieu.
    15h00 Réunion de la Puissance de Dieu, l’après-midi total.
    18h00 Louange au Saint-Esprit.

Encyclopédie des sciences religieuses – 1877

Encyclopédie des sciences religieuses
publiée sous la direction de F. Lichtenberger

Doyen de la faculté protestante de Paris, 
Ancien professeur à la faculté de Théologie de Strasbourg
Paris 1877


Note de Vigi-Sectes

Cette préface et les différents articles de cette encyclopédie vieille d’un siècle et demi, nous donnent un éclairage différent sur les mouvements religieux anciens.

Les scientifiques et théologiens humanistes d’antan manquaient de recul pour décrire les mouvements religieux naissants, mais nous éclairent sur la perception qu’on en avait à l’époque.

Ces anciennes études donneront aux chercheurs aussi des informations pertinentes sur:

  • l’histoire et l’évolution de ces mouvements,
  • la capacité des théologiens à discerner leur essence, et
  • … des détails d’époque significatifs, qui échappent aux travaux contemporains.

Ces articles sont appréciés pour leur valeur historique, nous ne nous associons pas forcément à l’intégrité de leur contenu. 

Nous les  reproduisons sans commentaire, avec l’orthographe d’antan.

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Encyclopédie des sciences religieuses: Cabale

Article de l’Encyclopédie des sciences religieuses de 1877–


La théosophie juive appelée la Cabale se donne pour une révélation communiquée par Dieu à Abraham, selon les uns, à Adam, selon d’autres, et transmise ensuite par une chaîne non interrompue d’initiés. C’est de là que vient le nom par lequel on la désigne, le mot hébreu Cabbala signifiant tradition, ou ce qui se conserve par tradition, du verbe cabal qui, au pihel qibbel, a le sens de recevoir par transmission. Cette légende mise de côté, on peut regarder comme certain que les spéculations philosophiques qui composent la Cabale commencèrent à se former pendant le siècle antérieur à l’ère chrétienne, et ne furent enseignées pendant longtemps que de vive voix et sous le sceau du secret, à un petit nombre de disciples.

Il est fait mention en effet dans la Mischna de la Maassé Bereschith, interprétation allégorique du récit de la création dans le premier chapitre de la Genèse, et de la Maassé Mercaba, interprétation également allégorique de la vision du chariot, rapportée au chapitre premier d’Ezéchiel (c’est le thème et la base même de la Cabale), et il y en est parlé comme d’une doctrine secrète, qu’il n’est permis d’expliquer qu’à une ou deux personnes seulement, et encore après s’être assuré de leur caractère et de leur intelligence (Chagiga, 11,2. On sait d’un autre côté que, dans le courant du siècle antérieur à l’avènement du christianisme, il s’éleva dans la Judée des plaintes sur l’abus, qu’on faisait du premier chapitre de la Genèse et du premier d Ezéchiel, et que, pour mettre un terme à des explications qu’on regardait sans doute comme dangereuses pour les opinions reçues, on prit le parti d’interdire la lecture de ces deux passages de la Bible à quiconque n’avait pas atteint 1’âge de raison (trente ans). Ces plaintes se rapportaient évidemment à la Cabale naissante, et la mesure qu’on prit avait pour but d’en arrêter ou du moins d’en rendre plus difficile la propagation.

La plus ancienne exposition par écrit qui soit connue de cette théosophie, se trouve dans un petit ouvrage d’une douzaine de pages à peine, portant le titre de Sepher Jetzira (Livre de la création). La langue en est un hébreu qui est tout à fait analogue à celui de la Mischna. Cette circonstance semble une preuve décisive que cet opuscule fut composé de la fin du second siècle avant Jésus-Christ au commencement du troisième de l’ère chrétienne. On l’attribue d’ordinaire à Akiba (mis à mort en 135); mais il est difficile de croire que ce rigide et fougueux docteur de la Loi ait été d’un caractère à se plaire à la culture d’abstractions spéculatives telles que celles dont le ( Sépher Jetzira ) est rempli.

Cet écrit se compose d’une série d’affirmations, dont le maître donnait sans doute l’explication à ses disciples dans des leçons orales, mais qui ne seraient pour nous que des énigmes indéchiffrables, si nous n’avions pour nous guider d’un côté les commentaires qu’on en a faits et d’autres ouvrages plus développés dans lesquels des cabalistes postérieurs ont exposé la doctrine de leur école, et d’un autre côté les systèmes, fort nombreux d’ailleurs, dans lesquels, en d’autres temps et d’autres lieux, on a présenté avec plus de clarté des conceptions du même genre.

Cette théosophie appartient en effet à la famille des systèmes philosophiques qui, identifiant les lois qui régissent le monde(ordo et connexio rerum) avec les règles logiques d’après lesquelles s’enchaînent les conceptions de l’esprit humain (ordo et connexio idearum), veulent expliquer tout ce qui existe par une évolution de l’Être, et d’après lesquels il n’existe que l’Etre et ses diverses manifestations, Deus et modi essendi Dei, selon l’expression. de Spinosa.

Avec ces secours on peut espérer de saisir, sinon peut-être le sens de tous les détails, du moins la marche générale des doctrines de la Cabale. Le Sépher Jetzira se divise en deux parties. La première porte ce titre spécial:Les trente-deux voies de la sagesse. Elle a pour but de décrire l’évolution de l’Être (de Dieu) en lui-même, c’est-à-dire de montrer comment l’Être, qui n’est pas cependant encore l’Etre, mais qui est ce qui peut le devenir, prend conscience de lui-même, ou, dans un langage plus conforme à ce genre de systèmes, comment l’Etre virtuel passe à l’état d’Être réel, ou bien encore, comment l’indéterminé en hébreu a i n,(nihil) arrive à se déterminer comme principe unique de tout ce qui peut et doit exister (le Zohar fait remarquer que ¨Dieu en soi n’est rien de déterminé et qu’il est même, en dehors de ce que dans le langage humain on appelle quelque chose¨) .

La seconde partie porte plus particulièrement le titre de Sépher Jetzira (Livre de la création), et c’est en effet ici que commence ce que dans le langage vulgaire on appelle la création, c’est-à-dire la série des manifestations de Dieu. Il y est question de l’évolution de l’Être en dehors de lui-même, si on peut ainsi dire, puisque dans le système il n’y a rien en dehors de l’Être ou de Dieu; ou, en d’autres termes, on y décrit comment s’opèrent les manifestations de Dieu, sous les formes diverses des êtres et des choses dont l’ensemble compose l’univers, autant dans le monde intelligible que dans le monde sensible.

L’Être, une fois qu’il a pris possession de lui-même par les trente-deux voies de la sagesse, se manifeste d’abord comme pensée et comme parole. Comme pensée (les dix séphiroth, decem enumerationes, symbole de l’abstrait), il est l’intelligible en général, c’est-à-dire la conception de l’ensemble de tout ce qui peut être; et comme parole (les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu, éléments du langage), il est non plus seulement la conception d’ensemble de toutes les idées générales, mais ces idées générales elles-mêmes, se distinguant les unes des autres par des caractères spéciaux, c’est-à-dire par des noms qui expriment ces caractères divers et qui sont formés de combinaisons diverses des lettres de l’alphabet.

Il y a évidemment ici deux manières d’être, sinon entièrement différentes, du moins distinctes. La Cabale les séparera plus tard l’une de l’autre, et en fera deux phases successives, non quant au temps, mais quant à l’ordre logique, de l’évolution descendante de l’Etre. Mais confondues ou séparées, elles sont en somme l’équivalent de ce qu’on appelle dans le langage platonicien (qui sur ce point est aussi celui de Philon), le monde intelligible ou suprasensible. Puis ces conceptions idéales, représentées dans leur généralité abstraite par les dix séphiroth, et dans leurs déterminations en idées de genre par les vingt-deux lettres de l’alphabet, se reproduisent à leur tour, à un degré inférieur de l’existence, sous la forme de ce que dans la philosophie platonicienne on désigne sous le nom de monde sensible, c’est-à-dire sous les formes infiniment variées des êtres individuels et des choses particulières. L’évolution de l’Être s’arrête ici; au-dessous de ce modus essendi Dei, de cette forme d’existence du principe de vie, il ne peut y en avoir d’autres. On comprend en effet que, dans un système qui considère l’ensemble de tout ce qui existe comme une série descendante de déterminations de plus en plus précises de ce principe, l’évolution de l’Être ait atteint sa dernière limite quand elle est arrivée à ce qu’il y a de plus précis, de plus étroitement déterminé, savoir les êtres individuels et les choses particulières. Telle est cette théosophie dans le Sépher Jetzira.

En un certain sens, ce n’est encore qu’une ébauche. Le principe, la méthode et le cadre en sont déjà clairement indiqués; mais il y manque bien des traits qu’on s’attendrait à y trouver, entre autres l’importante question de la destinée humaine qui n’y est pas même touchée. Ces détails et bien d’autres encore y furent ajoutés plus tard, probablement peu à peu; ils se présentent dans l’exposition bien plus développée qui est faite de ce système dans l’ouvrage connu sous le nom de Zohar (l’éclat, la lumière), titre qui dérive certainement de Daniel XII, 3.

Sous sa forme actuelle, le Zohar est un recueil de dix- neuf ouvrages, désignés chacun par un titre spécial, dus à des auteurs différents et probablement de diverses époques, retouchés peut-être à plusieurs reprises, et n’ayant entre eux d’autre lien que la doctrine qui en fait le fond commun. On l’attribue à Simon ben Jochaï, disciple d’Akiba; mais il est de beaucoup postérieur au Sépher Jetzira; on en a pour preuve la langue dans laquelle il est écrit et qui est celle des rabbins du moyen âge. Dans leZohar, c’est toujours, comme dans le Sépher Jetzira, l’Etre qui, absolument indéterminé dans le principe, se détermine d’abord lui-même et se manifeste ensuite en des modes d’existence décroissants, semblable (comparaison fréquemment employée par les cabalistes) à une lumière dont l’éclat diminue à mesure qu’elle s’éloigne davantage de son foyer, ou encore (comparaison moins familière toutefois aux adhérents de ce système) à des forces émanant les unes des autres, mais s’affaiblissant graduellement et dans la même proportion qu’elles sont plus loin de leur point de départ. Mais tandis que, dans le Sépher Jetzira, la décroissance dans les modes d’existence ou de manifestation de l’Être s’opère en trois moments, le Zohar, serrant de plus près le principe général de son système, dédouble le second, qui, dans le Sépher Jetzira, se compose de la pensée et de la parole, et nous parle de quatre mondes différents et successifs. C’est d’abord le monde des émanations (`ôla m etsiloth, du verbe ‘atsul, qui au pihel et s’il signifie emanare ex alio et se ab illo separare certo modo), c’est-à-dire le travail intérieur par lequel le possible (ai n, nihil) devient réel (les trente-deux voies de la sagesse du Sépher Jetzira). C’est ensuite le monde de la création (olam beria, du verbe bara, qui au pihel signifie sortir de soi-même, excidit), c’est-à-dire le mouvement par lequel l’Être, sortant de son isolement, se manifeste comme esprit en général, sans qu’il s’y révèle encore la moindre trace d’individualité; le Zohar désigne ce monde comme le « pavillon qui sert de voile au point indivisible et qui, pour être d’une lumière moins pure que le point, était encore trop pur pour être regardé ».

Le troisième monde est celui de la formation (olam jetzira, du verbe jatsar, fingere, façonner, qui au pihel a le sens passif deformari), c’est-à-dire le monde des esprits purs, des êtres intelligibles, ou le mouvement par lequel l’esprit général se manifeste ou se décompose en une foule d’esprits individuels, distincts les uns des autres.

Enfin, le quatrième monde est celui de la production (‘olam assija, du verbe assa, faire, au pihel conficere), c’est-à-dire l’univers ou le monde sensible. Le Sépher Jetzira avait décrit comment se fait l’évolution de l’Etre, « par un mouvement qui descend toujours,» depuis le plus haut degré de l’existence jusqu’au plus bas; il n’avait pas parlé de ce qui arrive ensuite, soit que la Cabale n’eut point encore porté là-dessus ses méditations, soit qu’on n’eut pas jugé convenable d’en faire mention. LeZohar nous apprend que le mouvement d’expansion de l’Etre est suivi d’un mouvement de concentration en lui-même. Ce mouvement de concentration est même le but définitif de toutes choses.

Les âmes (les esprits purs), tombées du monde de la formation dans celui de la production, rentreront dans leur patrie primitive, quand elles auront développé toutes les perfections dont elles portent en elles-mêmes le germe indestructible. Si elles ne peuvent accomplir cette tâche dans une première existence terrestre, elles en recommenceront une seconde, et après celle-ci, d’autres encore, jusqu’à ce qu’elles aient acquis toutes les vertus qui leur sont nécessaires. C’est ce qui est appelé le monde ou le cercle de la transmigration.

Cette idée n’est pas mentionnée dans le Sépher Jetzira; Philon ne s’en fait qu’une idée vague et incertaine, mais elle occupe une place importante dans la théosophie de Plotin (elle se retrouve dans les Triades bardiques, qui la tenaient, sans le moindre doute, d’Origène).

Ce ne sont pas seulement les âmes humaines qui, après être tombées dans ce bas monde, doivent remonter au point d’où elles sont parties, et de là plus haut encore, dans l’âme universelle, et enfin dans le sein du principe premier; tout est destiné à rentrer dans le nom ineffable. Samaël lui-même (le prince des mauvais esprits) retrouvera son nom et sa nature d’ange. De ce nom mystique, la première moitié disparaîtra (sam, qui signifie poison), et il ne lui restera plus que la seconde partie (el, qui signifie puissant, ange, Dieu). Cette réabsorption de l’Être en lui-même est l’expression de la doctrine du rétablissement final; c’est le couronnement de la théosophie de la Cabale.

Ce développement de la doctrine cabalistique, continué depuis le Sépher Jetzira jusqu’au Zohar, fut bien certainement en grande partie le résultat d’un travail intérieur qui s’accomplit dans le sein de cette école; mais on ne saurait douter qu’il n’ait été produit aussi en partie par quelque influence de la théosophie judéo-alexandrine. Le philonisme, en particulier, semble avoir été largement mis à contribution.

La psychologie du Zohar présente une ressemblance frappante avec celle de Philon. Dans l’une et dans l’autre, l’intelligence de l’homme est faite à l’image de Dieu, et dérive du principe premier, directement, sans l’intervention d’aucun intermédiaire; et dans l’une et dans l’autre, c’est à cette circonstance qu’elle doit de posséder la liberté morale et l’immortalité. La préexistence des âmes, leur chute dans le monde sensible et dans la prison du corps, la nécessité pour elles d’un relèvement sont des doctrines communes à la Cabale du Zohar et à la théosophie judéo-alexandrine tout entière.

Enfin, la légitimité, disons mieux, la nécessité d’une interprétation allégorique des saintes Écritures se fonde pour l’une et pour l’autre sur les mêmes considérations, et ces considérations ne se trouvent alors nulle autre part. « Les récits de la Loi, dit leZohar, sont le vêtement de la Loi. Malheur à celui qui prend ce vêtement pour la Loi elle-même. Il y a des commandements qu’on pourrait appeler le corps de la Loi; les récits de faits vulgaires qui s’y mêlent sont les vêtements dont le corps est recouvert.

Les simples ne prennent garde qu’aux vêtements ou aux récits de la Loi; ils ne voient pas ce qui est caché sous ces vêtements. Les hommes plus éclairés font attention, non au vêtement, mais au corps qu’il enveloppe. Enfin les sages, les serviteurs du roi suprême, ceux qui habitent les hauteurs du Sinaï, ne sont occupés que de l’âme, qui est la base de tout le reste, qui est la Loi elle-même. » Aristobule (Eusèbe PrӔpar. evang., VIII, 10) et Philon (De opif. mundi, §§ 14 et 56; De Abrah., §§ 1-12;De congressu, §§ 8-31 De prӔmiis et pünis, §11, etc.; de Leipzig, 1828), s’expriment sur ce sujet en des termes presque identiques. Ce n’est pas à dire sans doute que la Cabale ait eu besoin des leçons et de l’exemple de la théosophie judéo alexandrine pour se mettre à interpréter allégoriquement l’Ecriture sainte. Ce serait une erreur profonde.

Cette méthode d’interprétation a été pratiquée à la fois et dès le principe par les deux écoles. Mais il pourrait bien se faire que les cabalistes aient appris des judéo alexandrins à la justifier et à la légitimer aux yeux de la raison. S’il y a eu des emprunts ou, si l’on aime mieux, des imitations, on ne saurait s’en étonner. La Cabale et la théosophie judéo alexandrin sont deux mouvements philosophiques parallèles et correspondants. L’un a été dans la Judée exactement ce que l’autre a été à Alexandrie. Ils vont dans le même sens; ils se sont produits l’un et l’autre sous la pression des mêmes besoins de l’intelligence et du sentiment religieux, et en grande partie par réaction contre la réglementation à outrance qui était l’oeuvre des écoles pharisiennes.

Il convient sans doute de tenir compte de l’action de la philosophie grecque sur la formation de la théosophie judéo alexandrine, quoiqu’il ne soit pas prouvé que cette philosophie ait été entièrement inconnue à l’auteur du Sépher Jetzira(comparez les trois termes pas lesquels se termine le § 1 du chap. I de la seconde partie de ce livre avec Métaph. d’Aristote, liv. XII, ch. 7; M. Franck tient cependant ces trois termes pour une interpolation); mais d’un côté il faut bien reconnaître que, s’il n’y avait pas eu dans la classe éclairée des juifs d’Alexandrie une certaine tendance philosophique, le platonisme n’aurait pas exercé sur elle une bien profonde impression; et d’un autre côté, on ne saurait admettre que la théosophie judéo-alexandrine soit exclusivement le produit de la philosophie grecque.

La théorie des êtres intermédiaires entre Dieu et le monde (la sagesse de la Sapience, les vertus divines d’Aristobule, le Logos de Philon), théorie qui est le point central de cette théosophie, lui vint incontestablement des écoles palestiniennes. Du moment que, pour prévenir les fausses notions qu’auraient pu donner de la nature spirituelle de Dieu, les théophanies, les anthropomorphismes et les anthropopathies qui abondent dans l’Ancien Testament, comme d’ailleurs dans tous les documents religieux des âges primitifs, on eut substitué à l’action immédiate de Dieu celle d’agents divins dérivés et subordonnés, la voie fut ouverte à la doctrine de l’émanation et celle de l’évolution du principe premier qui n’en est qu’une conception à la fois plus simple et plus logique. Il ne fallait, pour y entrer résolument qu’un esprit spéculatif, et les esprits de ce genre ne manquent jamais dans les temps et dans les lieux où le sentiment religieux domine exclusivement. Ces êtres divins subordonnés et agents du principe premier devinrent, dans la Judée, les séphiroths de la Cabale, tandis qu’à Alexandrie ils furent identifiés avec le monde intelligible de Platon (comme aussi avec les dieux fils de Dieu du Timée de ce philosophe).

La Cabale (et en même temps l’essénisme, qui offre des analogies manifestes avec elle) et la théosophie judéo-alexandrine eurent certainement une même origine; elles sortirent, l’une aussi bien que l’autre, du travail religieux et moral qui s’accomplit parmi les juifs dans les deux siècles antérieurs à l’avènement du christianisme, avec cette différence toutefois que la connaissance plus approfondie que les théosophes judéo-alexandrins eurent de la philosophie grecque leur permit de rattacher leurs spéculations à des systèmes bien connus, ce qui nous en rend l’intelligence plus facile, tandis que les cabalistes ne purent exposer leurs doctrines que sous la forme lyrique et métaphorique, propre à leur langue et à leur race et fort éloignée de nos habitudes d’esprit, de sorte que l’étrangeté du fond s’augmente encore de l’étrangeté du langage.

Toutes les théosophies donnent dans la théurgie et la magie. Ce travers est dans la nature même des choses. Quiconque, en effet, se flatte de posséder la connaissance parfaite des secrets de Dieu est invinciblement enclin à s’attribuer une puissance réelle sur ses oeuvres. La Cabale n’a pas fait exception à cette règle générale. Mais il n’y a pas lieu d’insister ici sur ces superstitions. Il suffit de faire remarquer que plusieurs de ses doctrines y conduisaient inévitablement. C’est ainsi que, en considérant l’homme comme un abrégé de l’univers (microcosme), elle admettait qu’il y a des rapports directs entre les différentes parties du corps humain et les différents corps célestes, et que par là se trouvait légitimée la croyance à l’astrologie judiciaire.

Quant aux procédés artificiels, désignés par les noms de thémoura, guématria et notaricon, procédés dont les cabalistes juifs se sont servis parfois, sinon pour chercher dans l’Ecriture sainte des sens cachés différents du sens littéral, du moins pour justifier et faire valoir ceux qu’ils s’imaginaient y avoir découverts, ce n’est qu’un détail sans importance réelle dans le système et l’histoire de la Cabale; l’emploi de ces procédés bizarres n’a pas été exclusivement propre aux adeptes de cette théosophie; on peut d’ailleurs s’en faire une idée exacte par ce qui en est dit dans la Palestine, par Munk, p. 520 et 521, et dans l’Encyclopédie de Herzog, t. VII, p. 204 et 205.

Sur les principaux adhérents de cette théosophie parmi les juifs, on peut consulter l’Encyclopédie de Herzog, t. VII, p. 203, et parmi les chrétiens, ibid., t. VII p. 205 et 206. La Bibliotheca judaica de J. Fürst, t. I, p. 16, 27- 29 et 93, et t. III, p.160 et 329-335, donne une liste complète des diverses éditions du Sépher Jetzira et du Zohar, et l’indication d’un grand nombre d’ouvrages sur la Cabale.

Qui est Joyce Meyer ?

Joyce Meyer est née en 1943 aux États-Unis. Elle a vécu une enfance difficile, avec des abus terribles et multiples de la part de son père. Elle s’est relevée grâce à sa foi en Dieu et la découverte de son identité en Christ. Mariée, elle a 4 enfants et habite dans le Missouri. Elle est auteur de plusieurs livres vendus à des millions d’exemplaires. Elle tient également une émission télévisée, qui, comme ses livres ou ses conférences, se répandent partout dans le monde. Comme le dit son site, « elle enseigne sur de nombreux thèmes, particulièrement sur l’esprit, les paroles, l’humeur, les attitudes »[1].

Joyce Meyer a un ministère prospère, et beaucoup de gens entendent parler de Dieu grâce à elle. Mais il faut être conscient de ce qu’elle enseigne…

voir la suite sur le site larebellution.com, et retrouvez, dans la même série:

Appel à témoins: Rédaction « Toute Une Histoire »

APPEL A TEMOINS TV – France 2 « TOUTE UNE HISTOIRE »
Nous recherchons des témoignages pour une prochaine émission sur:

AAT « Mon enfant a été endoctriné »

– Votre enfant a été endoctriné (mouvement sectaire ou extrémiste, gang…) et vous vous battez pour le libérer de cette emprise
– Depuis que votre fils/fille a été embrigadé(e), vous n’avez plus aucun contact
– Alors qu’il avait été enrôlé dans un mouvement sectaire ou extrémiste, ou dans un gang, votre enfant est décédé ou a mis fin à ses jours
– Depuis qu’il est sous influence, vous ne reconnaissez plus votre enfant et vous avez peur pour son avenir
– Votre enfant a réussi à couper les ponts avec le mouvement dans lequel il avait été embrigadé et depuis, vous rattrapez le temps perdu

Pour nous raconter votre histoire sur le plateau de Toute Une Histoire, MERCI de contacte
May au 01 53 84 30 11 ou par mail: mlancien@reservoir-prod.fr

Les nouveaux mouvements religieux à la lumière du Nouveau Testament

 

 

Ce texte sur « les N.M.R. et le nouveau testament » de Jacques BUCHHOLD, professeur de Nouveau Testament à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, a été reproduit avec l’aimable autorisation de Paul Wells – Voir site Un poisson dans le net.
Très tôt, dès l’époque néotestamentaire, le christianisme a dû faire face à des dérives sectaires. Dans leurs épîtres, en effet, les apôtres ne cessent de combattre l’hérésie, perversion de la vérité et ferment de « sectes », qui sont autant de perversions de l’Église[1]. La lecture de leurs écrits peut ainsi aider à une meilleure compréhension du foisonnement contemporain des « nouveaux mouvements religieux ». Nous étudierons le cas de quatre communautés ou groupes d’Églises du Nouveau Testament qui permettront de mettre en évidence, par les tensions qu’ils ont connues, certaines composantes du syndrome sectaire.

 

 

I. L’idéal communautaire: l’Église de Jérusalem

A) Un modèle communautaire fort

Dès la Pentecôte, l’Église de Jérusalem a adopté un modèle de vie communautaire fort auquel le livre des Actes rend témoignage. La note dominante en est celle de l’unité (4:32), de la crainte de Dieu (2:43) et de la joie (2:46). Luc insiste en particulier sur le partage des biens (2:44-45; 4:32, 34-35). Il l’illustre par l’exemple de Barnabas qui « vendit un champ qu’il possédait, apporta l’argent et le déposa aux pieds des apôtres » (4:36). On a proposé plusieurs explications d’une telle démarche de la part de ces premiers chrétiens. Celles-ci ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives.
Pour plusieurs, cette démarche serait le fruit d’une espérance eschatologique exacerbée: on s’attendait au retour imminent de Jésus-Christ[2]. Cependant, rien ne suggère une telle interprétation dans le texte et contrairement à l’attitude de Paul face aux débordements eschatologiques qui ont eu cours à Thessalonique[3], Luc semble louer l’expérience jérusalémite.
Christian Grappe discerne dans le partage des biens une influence essénienne[4], thèse qui ne manque pas d’un certain intérêt[5].
D’autres l’expliquent essentiellement par le souci des pauvres, qui étaient nombreux dans la communauté, l’Église ayant en charge, entre autres, les besoins matériels d’un grand nombre de veuves (Ac 6:1). L’Église d’Antioche enverra plus tard des secours aux frères de Judée (11:29) et Jacques, Pierre et Jean encourageront Paul et Barnabas à « se souvenir des pauvres » de Jérusalem lors de leurs tournées missionnaires[6].
Finalement, il faut mentionner l’expérience fondatrice de la Pentecôte: le Saint-Esprit a été répandu sur le peuple, reste fidèle d’Israël, et la communauté messianique est devenue le nouveau Temple de Dieu. Comment ne pas comprendre que l’expérience d’une telle nouveauté ait été marquée par l’enthousiasme et un certain radicalisme dans l’exigence éthique et communautaire?

B) Ananias et Saphira

Cependant, tout groupe religieux constitue une zone sociale de haute tension car il « fait » dans le spirituel. Les enjeux y sont décuplés, les dérapages destructeurs. On y a affaire à l’absolu – le sacré, Dieu – et au problème du sentiment d’identité qui « peut être défini comme l’effet du lien social dans la conscience »[7].
C’est à de tels enjeux qu’Ananias et Saphira ont eu à faire face. Leur problème était de savoir comment il fallait agir pour « appartenir ». Ils se sont forcés à se plier à un idéal de consécration et de vie communautaire qu’ils jugeaient normatif et ont accompli sous une sorte d’auto contrainte ce que Barnabas et d’autres[8] avaient entrepris avec joie. Ils se sont cru obligés de vendre leur bien pour être des gens bien.
La plupart des sectes lient l’identité des personnes qui en sont membres à un idéal communautaire contraignant de pureté, d’abnégation, de consécration, d’efficacité, etc. Elles le présentent comme normatif, usant parfois de pressions morales ou physiques, et jouent sur l’auto culpabilisation de leurs adhérents pour les river à leur groupe. C’est en cela, précisément, que l’Église de Jérusalem se distingue de la secte. Contrairement à ce qui se passait chez les esséniens de Qumrân, la pleine appartenance à la communauté n’impliquait pas l’abandon des biens[9]. Comme le souligne l’apôtre Pierre, Ananias et Saphira étaient libres de garder leur champ et, après l’avoir vendu, d’employer l’argent comme bon leur semblait (Ac 5:4).
L’un des symptômes du syndrome sectaire n’est-il pas l’anesthésie de la liberté, fruit de l’intériorisation des normes contraignantes du groupe? La secte commence là où la pleine liberté de quitter le mouvement religieux n’est plus ressentie par ses membres et respectée par ses cadres.

II. L’idéal de perfection: la crise galate

Considérée sous l’angle chronologique, l’épître aux Galates pourrait être la première lettre écrite par Paul, vers 48, tout juste avant le concile de Jérusalem (Ac 15). Paul l’aurait adressée non à des chrétiens de la région ethnique de la Galatie du Nord, mais aux Églises de la province romaine de la Galatie du Sud, qu’il avait fondées lors de son premier périple missionnaire à Antioche de Pisidie, à Iconium, à Lystre et à Derbe (Ac 13 et 14)[10].

A) Le manque, la perfection et le légalisme

Après le départ de Paul, des semeurs de troubles[11], très certainement liés à des cercles judéo-chrétiens d’inspiration pharisienne de Judée[12], s’étaient introduits dans les Églises de Galatie pour y annoncer un autre Evangile que le sien (Ga 1:6-9). Ils insistaient sur la nécessité de respecter la loi de Moïse pour être un vrai chrétien (3:2; 4:10, 21; 5:4) et surtout de se faire circoncire (5:2; 6:12-13). Cette crise judaïsante s’est répandue à cette époque dans toute l’Église, en particulier à Antioche de Syrie, où Paul et Barnabas résidaient, et elle a entraîné la convocation du concile de Jérusalem:
Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères et disaient: Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Après un vif débat et une violente discussion que Paul et Barnabas eurent avec eux, l’on décida que Paul et Barnabas et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens, à propos de cette question. (Ac 15:1-2)
Défendant, bec et ongles, l’Evangile de la justification par la foi en Jésus-Christ, Paul « s’étonne » de ce que les Galates se détournent si vite du message de la grâce (Ga 1:6). « O Galates insensés! Qui vous a envoûtés ainsi? », s’exclame-t-il (3:1) (BS[13]). Cependant, tout en exprimant sa perplexité, l’apôtre semble donner l’une des clés de l’envoûtement des Galates, car il leur demande: « Vous qui d’abord avez commencé par l’Esprit, est-ce la chair maintenant qui vous mène à la perfection »[14] (TOB) (3:3). Paul discerne dans le désir de perfection de ces chrétiens de fraîche date la motivation qui les a poussés à être attentifs aux arguments des judaïsants. Brûlant de devenir de bons chrétiens, ils ont été sensibles au discours du manque: la circoncision en particulier ne leur manquait-elle pas, elle qui était la marque même de l’appartenance au peuple de Dieu?
La force du désir de perfection joue un rôle essentiel dans l’attrait des sectes. Elle permet de comprendre en partie l’acceptation du légalisme dont leurs adeptes font preuve. Le légalisme, en effet, représente de la perfection quantifiable. Son exigence le rend motivant, car elle répond à la soif d’absolu, à la volonté de se surpasser: à « la visée de la chair » (Rm 8:6[15]), cette tendance mortelle de l’homme qui veut parvenir à la perfection par soi-même. Mais le légalisme est aussi rassurant car il délimite le territoire à parcourir. D’autant plus encore lorsqu’il s’appuie sur un sacrement comme la circoncision. Le recours si fréquent des sectes à des rites d’initiation n’a donc rien pour surprendre.

B) Le rapport à l’histoire

L’enjeu de la circoncision dans les Églises de Galatie soulève aussi le problème du rapport à l’histoire. Le discours des judaïsants pouvait, en effet, paraître séduisant aux yeux de pagano-chrétiens qui cherchaient à appartenir à la lignée des fils d’Abraham[16].
Paul ne dénigre nullement ce souci des Galates, contrairement à certains chrétiens pour lesquels l’enracinement historique de la foi n’est d’aucune valeur: seule compterait l’expérience présente de la conversion et de l’Esprit… Mais si l’apôtre condamne l’attitude des judaïsants qui exigent des Galates qu’ils deviennent d’abord juifs (par la circoncision) pour pouvoir être authentiquement chrétiens, il souligne que l’héritage promis au père des croyants – Abraham (3:9) – est réservé à ceux qui croient (3:14, 29). La foi introduit le chrétien en Jésus-Christ dans l’histoire même de la rédemption, non de manière extérieure par la circoncision (ou un baptême ou tout autre rite), mais par l’Esprit Saint (3:2-4, 14; 4:6-7).
La secte, au contraire, a souvent tendance à « déconnecter »: elle cherche à séparer ses adeptes de leur famille, présente l’histoire de l’Église comme l’histoire d’une constante infidélité, s’identifie aux mouvements historiques marginaux, crée une sous-culture qui cultive une sous-histoire et y immerge ses membres.

III. Les Thessaloniciens et l’effervescence eschatologique [17]

Contrairement à la situation en Galatie, l’Église de Thessalonique, fondée par Paul lors de son deuxième voyage missionnaire (vers 49; Ac 17:1-8)[18], n’a pas à faire face à des influences malsaines venues de l’extérieur. L’apôtre se réjouit, au contraire, de « la foi agissante », de « l’amour actif » et de « la ferme espérance » des Thessaloniciens (1 Th 1:3). Ceux-ci « ont accueilli la Parole… avec joie » (1 Th 1:6) et persévèrent dans leur vie avec le Seigneur (1 Th 3:6-8; 2 Th 1:4). Cependant, l’Église connaît aussi certaines difficultés.

A) Persécutions et désordres

D’une part, l’Église affronte l’opposition de la part de la communauté juive (2 Th 1:6). Elle endure, souligne l’apôtre, des persécutions du même genre que celles que les Églises de Judée ont eu à souffrir de la part des juifs de Palestine (1 Th 2:14). Les croyants de Thessalonique devaient ainsi se sentir en état de siège, harcelés par ceux-là mêmes qui auraient dû recevoir l’Evangile mais qui ne cessaient d’empêcher sa proclamation (1 Th 2:16).
D’autre part, certaines difficultés se font jour au sein même de la communauté. La pression morale de l’environnement païen avec son « goût » pour l’inconduite sexuelle (1 Th 4:3-7) semble détourner certains chrétiens d’une vie sainte[19]. Mais Paul dénonce surtout l’attitude de plusieurs croyants qui « vivent dans le désordre » (les ataktoi) et aux crochets des frères[20]. Loin d’être oisifs[21], cependant, ils « s’agitent » (2 Th 3:11), étant devenus, semble-t-il, la proie de l’effervescence eschatologique[22]. Pour eux, « le jour du Seigneur, était déjà là » à moins qu’il ne fût « imminent »[23]. Ils devaient tout interpréter à la lumière de cette réalité: les persécutions qu’ils connaissaient pouvaient représenter les « souffrances du Messie » dont parle l’eschatologie juive et la nécessité de travailler ne s’imposait plus car il fallait se consacrer à « l’essentiel ».
On comprend que l’apôtre ait encouragé les croyants de Thessalonique à ne pas laisser les ataktoi semer le désordre dans leur communauté (1 Th 5:14; 2 Th 3:12-15). Car on retrouve chez eux, si on prend le risque d’unifier les données des deux épîtres aux Thessaloniciens, la plupart des ingrédients qui font virer certains groupes à la secte.

B) Les ingrédients d’une secte

L’opposition génère des réactions d’auto défense qui, à leur tour, engendrent un besoin communautaire exacerbé d’identité et d’affirmation de soi. La fièvre s’empare du groupe, qui devient « effervescent ». On s’accroche à une vérité qui permet de tout expliquer. Le recours dramatique à la fin des temps est une stratégie des plus communes qui permet encore de justifier le refus de travailler, symptôme du retrait du monde et de l’existence d’une culture de ghetto.
La secte est souvent un lieu de « traitement » de l’angoisse, d’une angoisse qui d’ailleurs semble croître avec l’augmentation du bien-être matériel. Durant la Seconde Guerre mondiale n’a-t-on pas assisté en France à une chute du nombre des suicides? Mais l’angoisse ne peut être traitée qu’en lui offrant un exutoire. Il s’agit de l’expulser, de la rejeter sur une réalité extérieure au moyen, si nécessaire, de la thèse du complot. La dramatisation de la fin des temps justifie alors l’angoisse tout en rassurant l’angoissé.

IV. La dérive spiritualiste et la crise corinthienne

Nous avons le privilège d’être plus largement documentés sur l’origine et l’évolution de l’Église de Corinthe que pour les autres communautés chrétiennes du Ier siècle. Le livre des Actes retrace les circonstances de sa création (18:1-18); deux lettres apostoliques adressées à l’Église ont été conservées ainsi qu’une épître de Clément de Rome qui date de 90-100. Dans ces écrits, l’Église de Corinthe apparaît comme une communauté vivante et riche en dons divers. « La vérité dont le Christ est le témoin, souligne Paul, a été fermement établie en son sein. » (1 Co 1:5-6, BS)
Cependant, cette Église connaît elle aussi des tensions et le catalogue des difficultés et des péchés qu’elle abrite est plutôt fourni[24]: dissensions, inceste, procès entre frères, fréquentation des prostituées, ascétisme, problèmes de conscience, mauvaise compréhension de la liberté chrétienne, rejet de la différenciation sexuelle, désordres lors des rencontres de l’Église, effervescence spirituelle, négation de la résurrection des corps! La lecture d’une telle liste de péchés a de quoi dérouter. Une impression d’anarchie s’impose et ceci d’autant plus que, de manière contradictoire, certains Corinthiens fréquentaient les prostituées (6:12-20) alors que d’autres refusaient « de toucher une femme » (7:1)[25]. Certains, par motif de conscience, se refusaient de manger les viandes sacrifiées à des idoles, qui se vendaient au marché (8:4-8), tandis que d’autres prenaient part à des festivités qui avaient lieu dans une salle annexe ou sur le parvis d’un temple païen (8:10). Peut-on trouver une certaine unité à ces dérives parfois opposées?
Toute réalité est complexe et plusieurs facteurs interviennent dans la crise corinthienne. Il faudrait, en effet, tenir compte, en particulier, des données sociologiques, culturelles et psychologiques qui y jouent un rôle certain selon le témoignage de1 Corinthiens[26]. Pour notre propos, nous retiendrons essentiellement le facteur théologique: les problèmes des Corinthiens s’expliquent, dans leur unité et dans une large mesure, par une théologie déficiente du corps.

A) Une théologie déficiente du corps [27]

La « sagesse » tant prisée par les Corinthiens, éblouis par le mouvement sophiste[28] (1 Co 1:18 à 2:16), semble se situer à la croisée des chemins hellénistique et judéo-chrétien. De l’héritage grec, ils ont retenu un certain mépris pour la matière et le corps. L’héritage chrétien leur a apporté la foi en un Dieu personnel, l’expérience de la vie de l’Esprit, l’espérance de la plénitude en Jésus-Christ au-delà de la mort même.
Unis, ces deux héritages ont conduit certains Corinthiens à ne plus percevoir la pertinence du corps dans le dessein créationnel et rédemptionnel de Dieu. Pour eux, la « résurrection » attendue devait se résumer à un « dépouillement » du corps lors de la mort[29] (1 Co 15). C’est ainsi qu’ils pensaient entrer dans la vie promise.
Cette conception de la neutralité du corps explique les débordements sexuels des uns (1 Co 5:1-3; 6:12-20) comme les choix ascétiques des autres (1 Co 7), de même que, dans une certaine mesure, leurs attitudes opposées au sujet des viandes sacrifiées aux idoles. La vie sociale elle-même, dans laquelle l’être humain est présent de par son corps, perd de sa pertinence éthique et l’on comprend que certains Corinthiens se soient sentis libres d’étaler leurs différends devant des juges païens (6:1-11) et qu’ils aient été tentés de nier la portée rédemptionnelle de la différenciation sexuelle (11:3-6).

B) La dérive spiritualiste

Une telle dévalorisation du corps suscite, immanquablement, par compensation, une dérive spiritualiste. L’apôtre cherche à l’endiguer par son enseignement de1 Corinthiens 12 à 14 sur les charismes, en particulier sur le don des langues et la prophétie, et sur la « voie par excellence »: l’amour[30]. Le lien entre cette dérive spiritualiste et la conception erronée du corps est assuré par l’eschatologie surréalisée des Corinthiens. Ne percevant pas l’importance de la résurrection future du corps dans l’œuvre de salut, ils se croyaient déjà « arrivés »[31]:
Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner! Et puissiez-vous régner en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous!… Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous vous êtes forts. Vous êtes glorieux, et nous sommes déshonorés! (1 Co 4:8, 10)
Notre époque souffre, elle aussi, d’une théologie déficiente du corps, mais au dynamisme inverse. Méprisé par les Grecs, le corps est devenu roi. L’être humain est comme englué dans les « choses »[32]. C’est pourquoi on assiste à la naissance de mouvements spiritualistes qui ne dénigrent plus la réalité matérielle mais qui sont centrés sur elle ou en sont prisonniers.
La théologie de la prospérité, forme moderne d’eschatologie chrétienne sur-réalisée, constitue ainsi un mélange de dérive spiritualiste et d’affirmation du corps. Les sectes écologistes, qui ont renoncé à la transcendance biblique mais hérité du christianisme un certain idéal de la personne humaine, tombent dans une sorte de panthéisme personnaliste. Proches de ces conceptions, les mouvements réincarnationistes d’inspiration bouddhiste représentent des dérives spiritualistes personnalistes. En effet, contrairement au bouddhisme classique pour lequel la recomposition d’un être humain dans la réincarnation s’accompagne de la perte de « tout souvenir de notre vie antérieure »[33], dans ces mouvements occidentaux l’accent tombe sur la permanence de l’identité personnelle, liée au souvenir que l’on en a. Mais cette intégrité de la personne est conçue comme indépendante du corps. Il s’agit coûte que coûte de trouver du sens au sein de la réalité en s’opposant si nécessaire à la matière…

C) L’intervention de « gourous »

Quelques mois se sont écoulés entre la rédaction de 1 Corinthiens et de 2 Corinthiens[34]. Entre-temps[35], certains juifs (2 Co 11:22) que Paul désigne ironiquement du nom de « super-apôtres » (2 Co 11:5, 12:11), sont arrivés à Corinthe pour y répandre un « autre Evangile » que celui de l’apôtre (11:4). Le but de cette étude n’est pas de préciser plus amplement l’identité de ces opposants[36]. Nous nous contenterons de souligner que ces « super-apôtres » devaient se faire les promoteurs d’une « super-spiritualité », nourrie de visions et d’expériences extatiques (1 Co 12:1, 11). Ils ont joué auprès des Corinthiens le rôle que les gourous modernes de sectes jouent auprès de leurs adeptes, remplissant la fonction de « caisse de résonance » spirituelle et « d’objets de fixation » pour leurs fidèles.
N’est-il pas étonnant, d’ailleurs, que l’une des causes de tension entre Paul et les Corinthiens ait tourné autour des questions d’argent? En effet, les « super-apôtres » avaient dû accuser Paul d’avoir voulu s’enrichir au détriment des croyants de Corinthe, ce dont l’apôtre se défend (12:13-18). Car, connaissant les pratiques financières des gourous de son temps, il avait mis un point d’honneur à ne jamais dépendre, pour ses besoins, de l’Église qu’il était en train de créer (12:13-14; 1 Co 9:15-18; 1 Th 2:6, BJ, Bible de Jérusalem; 2 Th 3:7-9)[37].
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil…

Conclusion

D’autres rapprochements pourraient être établis entre l’expérience des communautés chrétiennes néotestamentaires et les nouveaux mouvements religieux de notre temps. Les épîtres pastorales soulignent le danger des débordements spéculatifs que l’on retrouve chez les mormons ou les Témoins de Jéhovah. Les épîtres de l’Apocalypse dénoncent les pratiques sexuelles initiatiques de la prophétesse Jézabel, qui annoncent tous les délires orgiaques qui caractérisent trop de sectes.
Le christianisme se distingue par son rapport à la vérité et à la réalité. La secte se définit par son refus de cette vérité (l’hérésie) et/ou le rejet de la réalité. Plus l’éloignement de ces deux données sera grand et plus la nocivité de la secte sera profonde.

 

Jacques BUCHHOLD


 

[1] Le mot français « hérésie » vient du terme grec hairesis qui est souvent traduit par « secte » dans les versions du Nouveau Testament. Mais ce mot désigne plutôt une école de pensée ou un parti religieux (Ac 5:17; 15:5; 24:5, 14; 26:5; 28:22). C’est hairesis que Josèphe emploie pour désigner les « partis » juifs: les sadducéens, les pharisiens et les esséniens (Guerre des Juifs II, 118; Autobiographie 191, 197; Antiquités judaïques XIII, 171, 293). En 1 Co 11:19 et en Ga 5:20,hairesis a le sens de « parti pris » et en 2 P 2:1 de « choix » doctrinal. Cf. l’encadré 4 de P. Wells, « Secte et hérésie dans le Nouveau Testament » dans W. Hénon et P. Wells, La séduction des sectes (Aix-en-Provence: Kerygma, 1997), 32-33.
[2] Voir déjà K. Holl, « Der Kirchenbegriff des Paulus in seinem Verhaltnis zu dem der Urgemeinde », Gesammelte Aufsätze, vol. II, Der Osten (Tübingen:1928), 55.
[3] Plusieurs ne tiennent pas compte de cette différence; par exemple, E.M. Blaiklock, Acts (Tyndale New Testament Commentaries; Londres: Inter-Varsity Press, 1959, 1974), 69, qui rapproche l’expérience des Jérusalémites de celle des Thessaloniciens (cfinfra).

[4] C. Grappe, D’un Temple à l’autre, Pierre et l’Église primitive de Jérusalem (Paris: Presses Universitaires de France, 1992), 57-60.
[5] Pour l’ensemble des arguments de C. Grappe, voir 51-69.
[6] On sait que Paul mettra un point d’honneur à répondre à cette demande en organisant une collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem dans les Églises qu’il a fondées (Rm 15:25-31; 16:1-3; 2 Co 8 et 9).
[7] Selon F. Schmidt, La pensée du Temple. De Jérusalem à Qoumrän (Paris: Seuil, 1994), 12.
[8] Il est préférable, comme le font la TOB et la Bible du Semeur, de faire de 4:32 à 5:11 une seule section et de lier l’exemple de Barnabas (4:36) au contre-exemple d’Ananias et de Saphira (5:1-11).

[9] Voir en particulier Règle de la communauté (1QS) 1.11-13; 5.2; 6.16-25. Les candidats désirant devenir membre de la communauté de Qumrân devaient passer deux années probatoires pendant lesquelles l’abandon de leurs biens était conditionnel, versés à un compte bloqué.
[10] Cf. en particulier F.F. Bruce, Commentary on Galatians (NIGTC; Exeter: The Paternoster Press, 1982), 3-18, 43-56; A. Kuen, Les lettres de Paul (Introduction au Nouveau Testament; Saint-Légier: Editions Emmaüs, 1982), 167-186.
[11] Paul distingue constamment les croyants des communautés de Galatie et ceux qui les troublent, ce qui suggère que ceux-ci viennent de l’extérieur de l’Église (1:7; 3:1; 4:17; 5:7, 10, 12; 6:12-13). La manière dont l’apôtre les mentionne milite en faveur d’un seul type d’opposants et contre l’existence d’un « double front », judaïsant et libertin, au sein des Églises.

[12] Cf. l’insistance du Jérusalem en 1:17-18; 2:1; (2:12); 4:24-25 (voir Ac 15:1, 5).
[13] BS: Bible du Semeur; BC: Nouvelle version Second révisée, dite Bible à la Colombe.

[14] La traduction BC: « Après avoir commencé par l’Esprit, allez-vous maintenant finir par la chair? » aplatit le sens du texte. Les deux verbes enarchomai, « commencer », et epiteleô, « accomplir, mettre à exécution, mener à son terme, à son but » sont tous deux employés en Ph 1:6 (« poursuivra l’achèvement »). Comme le souligne Hans Dieter Betz, Galatians (Hermenia; Philadelphie: Fortress Press, 1979), 133 n° 54, « epiteleomai a une connotation qualitative ».
[15] Pour la notion de la « chair  » dans Galates, voir S. Romérowski, « L’opposition entre la chair et l’Esprit en Galates 5:17 », Fac-Réflexion 33, décembre 1995, 14-22.
[16] Cf. Ga 3:6-14, 29.
[17] Dans cette section, nous reprenons quelques points que nous avons développés dans une prédication faite lors de la cérémonie de clôture de l’Institut biblique Emmaüs et reprise dans Les Nouvelles d’Emmaüs 15, décembre 1996, 3, 6.
[18] Cf. A. Kuen, op. cit., 309-313
[19] L’importance de ce problème se voit au fait qu’il constitue l’un des deux seuls péchés que l’apôtre dénonce explicitement dans 1 et 2 Th (pour le second, voirinfra). Il nous semble peu probable que Paul aborde un autre problème en 1 Th 4:7; voir F. Bassin, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens (CEB; Vaux-sur-Seine: Edifac, 1991), 132.
[20] Voir 1 Th 5:14; 2 Th 3:6-7, 11.

[21] Le mot ataktoi ne désigne pas des « paresseux » (BFC, Bible en français courant), car il véhicule l’idée d’indiscipline et d’insubordination, de « désordre » (BC, BS).Cf. Ceslas Spicq, « Les Thessaloniciens inquiets étaient-ils des paresseux? » SJ 10, 1956, 1-13, en part. 12. D’où l’insistance sur la nécessité de « travailler dans la paix » .
[22] Voir R. Jewett, « A Mattrix of Grace », dans Pauline Theology, vol. I, Thessalonians, Philippians, Galatians, Philemon, sous dir. Jouette M. Bassler (Minneapolis: Fortress, 1994), 68-69.

[23] Pour l’exégèse, voir F. Bassin, op. cit., 210-211.

[24] Cf. notre étude de la crise corinthienne dans « 1 Corinthiens. Une Église en crise: l’étude d’un cas », Fac-Réflexion 35 (1996:2), 25-32. Le commentaire le plus éclairant sur la crise corinthienne est, selon nous, celui de Gordon D. Fee, The First Epistle to the Corinthians (The New International Commentary on the New Testament; Grand Rapids: Eerdmans, 1987).
[25 ] Selon nous, en 7:1, Paul reprend une affirmation de certains Corinthiens qui rejettent toute pratique sexuelle et dont il reprend le mot d’ordre: « C’est une excellente chose, dites-vous, qu’un homme se passe de femme. » (7:1, BS) Certains Corinthiens devaient même prôner l’abstinence au sein des couples (7:5). Voir G. Fee, op. cit., 273-274.
[26] Cf. notre étude citée plus haut; D.A. Carson, Douglas J. Moo et Leon Morris, An Introduction to the New Testament (Leicester: Apollos, Inter-Varsity Press, 1992, 1994), 280-282.
[27] Voir G. Fee, op. cit., 11-13; S. Bénétreau,  » Corporalité et promesse de la résurrection d’après 1 Corinthiens 6:12-20″, Fac-Réflexion 21, (1992), 25-38.
[28] Voir Carson, Moo et Morris, op. cit., 281-282.
[29] Cf. 2 Co 5:4 où Paul souligne que son espérance n’est pas de « se dévêtir » mais de « revêtir » .

[30] 1 Co 12:31.

[31] Cette erreur doctrinale peut être mise au compte, chez la majorité des Corinthiens, d’un manque de maturité théologique. Ces jeunes chrétiens ont connu l’enthousiasme parfois débridé de l’adolescence spirituelle. Certains, cependant, édifieront ces conceptions en un « système ». « De ce nombre sont Hyménée et Philète qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection est déjà arrivée et qui renversent la foi de quelques-uns » (2 Tm 2:17-18).

[32] Pour une analyse de la vision du monde moderne, voir les travaux de H. Dooyeweerd et de F. Schaeffer.
[33] M. Delahoutre, « Le sens de la réincarnation selon les conceptions indiennes, hindoue et bouddhique « , Fac-Réflexion 21, décembre 1992, 23.
[34] 1 Corinthiens a dû être écrite avant la Pentecôte (16:5-8) alors que 2 Corinthiens date d’avant l’hiver selon ce que l’on peut en déduire d’Ac 20:1-6.
[35] Avant, en tout cas, la rédaction de 2 Co 10 à 13.

36] Pour plus de précisions, voir D.A. Carson, From Triumphalism to Maturity. An Exposition of 2 Corinthians 10-13 (Grand Rapids: Baker, 1984, 1988) 16-29.

[37] Ce n’est qu’après avoir quitté l’Église de Philippes que Paul a accepté leur soutien financier (Ph 4:10-20).

 

Désir de savoir – Témoignage –

C’est une journée d’été belle et prometteuse.
Je me rends à un lieu de vacances, pour participer à un cours de yoga de 15 jours, tenu par un yogi formé.
Jusqu’à présent, mes connaissances dans le domaine du yoga sont minces,
mais combien plus grand est alors mon désir de m’instruire!

Dossier secte: du magazine Jeunesse libérée


img2.gifAu soir de mon premier jour, je ressens une sorte de gêne au milieu du grand cercle d’amateurs de yoga. En silence, dans la prière, je demande avec instance à Dieu une parole pour ce moment précis. J’ouvre la Bible et lis dans Ephésiens, au chapitre 6, l’exhortation de se revêtir de l’armure complète dans le combat contre les puissances des ténèbres. Je suis profondément reconnaissante pour cette réponse claire.

Chaque matin, nous débutons par une séance de yoga d’une heure. Nous partons ensuite pour une longue promenade avant le repas de midi qui précède une autre promenade. Le soir, nous avons de nouveau une heure de yoga. Pendant la promenade du matin, nous faisons une halte et les vacanciers se regroupent autour du yogi qui enseigne maintenant dans l’esprit du yoga. L’enseignement et la discussion se poursuivent jusque tard dans la nuit. La Bible est citée très souvent avec les interprétations propres du yogi. On discute du spiritisme, des loges franc-maçonnes de Zurich. Je ne me sens pas très à l’aise et je songe à quitter le groupe au moindre danger.

Un jeune homme me raconte que, l’an dernier, ils ont fait tourner les tables (comme dans les séances spiritistes). C’est là qu’un des participants, ayant voulu se moquer, fut poussé hors de la pièce par la table « flottante » ! Ainsi, je suis contente qu’ils le laissent tomber cette fois, car je refuserais résolument d’y participer.

Puissance d’un Yogi

Le yogi parle aussi des armes spirituelles qu’ils possèdent. De cette façon, ils peuvent même tuer des personnes (par des influences de télépathie) qui les empêcheraient de progresser « spirituellement ». Un jour, ils meurent à la suite d’un infarctus ou dans d’autres circonstances inconcevables. Le yogi a des capacités de lire les pensées, de prédire l’avenir, d’influencer les hommes dans leurs pensées et de les rencontrer dans leurs rêves avec des intentions toutes préconçues.

La première nuit, je rêve que le yogi m’a séduite. A mon réveil, je m’en étonne, car ceci ne pourrait donc jamais être possible dans la réalité. Je renonce totalement à ce rêve.

Le premier week-end, la danse est au programme. Je ne peux pas me résoudre à y participer, et je reste dans la chambre. Après quelque temps, on frappe, et le yogi se trouve devant la porte. Il me prie de venir dans la salle et de participer. A contre-cœur je le suis avec la pensée de ne passer qu’un court laps de temps là-bas. A peine l’orchestre a-t-il entamé un nouveau morceau que le yogi m’invite à danser. En même temps, il commence à insister auprès de moi et répète sans cesse (à plusieurs reprises) les mêmes paroles:

«Vous êtes un petit diable, vous avez promis de venir chez moi entre deux et trois heures», etc.

Résolument et consciemment, j’ai tout repoussé, mais soudain, je me rappelle mon rêve. Remuée et déçue, je quitte alors la salle et m’entretiens dans la chambre avec un des participants du cours. Voilà que l’on frappe de nouveau à la porte et le yogi me demande si je ne descends plus, ce à quoi je réponds non.

La nuit suivante a été une des plus terribles que j’aie jamais vécue. Malgré une forte chaleur, je ferme la fenêtre et verrouille la porte. Je transpire de peur, et c’est comme si quelque chose de mystérieux, de sinistre, venant des coins de la chambre, voulait se jeter sur moi. Je demeure en prière. Ce n’est qu’à l’aube que j’ai pu m’endormir.

Il faut choisir

Durant la séance de yoga suivante, nous devons méditer. Nous nous représentons une lumière et la contemplons intensivement. Soudain, je vois une montagne sur laquelle grimpent quelques hommes aux chÈveux longs et revêtus de longs draps blancs. L’homme de tête regarde en arrière et me fait signe de le suivre. Je vois cette silhouette toute la journée devant mes yeux. Puis elle se rapproche et se poste directement devant moi avec l’invitation pressante de la suivre, mais je ne le peux point. Le troisième jour, c’est comme si elle voulait s’asseoir sur ma poitrine et j’ai l’impression de devoir périr la-dessous.

L’état d’oppression prend toujours plus d’ampleur. Enfin, je demande un entretien avec le yogi. Il me fait comprendre que je dois me décider, soit pour le chemin de la « Junge Kirche » (groupe de jeunesse chrétien), soit pour celui du yoga. Auparavant, il m’avait dit avec insistance:

« Beaucoup de chemins mènent à Rome »

, et:

« Le chemin de la « Junge Kirche » est bon également »

… Mais Jésus-Christ dit:

« Je suis le chemin, la vérité et la vie ! ».

Le yogi me prie de lutter sincèrement dans la prière pour obtenir une réponse claire. Le Seigneur me la donnerait sans aucun doute. Tout a toujours l’air si pieux, et ce qui ici surtout est dangereux, c’est que Satan me rencontre sous la forme de la lumière et d’un ange. Comme le yogi est prévenant ! Quelle patience a-t-il, comme il se montre partout aimable et serviable !… Cela peut même impressionner un chrétien et le couvrir de honte.

Durant cette nuit, je priai ardemment pour une réponse, mais elle ne vint pas. Je sais bien et j’espère toujours que Jésus est mon chemin et que ma vie Lui appartient, mais je ne sais pas comment me comporter face à cette silhouette qui me pousse à agir.

Le lendemain matin, on frappe à nouveau à la porte. Le yogi demande:

« Avez-vous votre réponse ? ».

Honteusement, je réponds non. Pendant cette journée, j’erre çà et là et intérieurement, je supplie:

« Seigneur, que Je ne sois pas couverte de honte ! ».

Le dernier soir, tout le monde se rassemble dans la salle. A peine le yogi est-il entré qu’une femme se lève à côté de moi et lui dit:

« S’il vous plait, cette place est pour vous ! ».

Je ne réalise qu’à ce moment que ceci est déjà arrivé souvent et combien il peut influencer ces gens sans le moindre mot ou geste.

Alors, je tressaille devant la pensée et la question de savoir si je ne suis pas moi aussi déjà trop sous l’influence de ce personnage et si je ne suis plus du tout aussi libre que je pensais l’être. Ayant pris place à côté de moi, il commence par un aperçu rétrospectif et ne s’estime pas très satisfait de ce cours. Déjà, je ne prête plus attention, ma prière étant que le Seigneur me délivre entièrement de cet homme.

Enfin Libérée

C’est alors que cette silhouette se tient de nouveau devant moi et j’ai l’entière liberté de la suivre. Alors, je suis menée devant le trône de Dieu et là-bas, je suis rendue consciente de mon état de perdition, A ce moment-là, je sais que Jésus se tient à mes côtés et prend position pour moi. A cela suit une profonde émotion que je ne puis décrire. A cet instant, je me lève et quitte la salle. Je suis pleine de joie et de reconnaissance mais en même temps profondément remuée. Le lendemain matin, jour du départ, un des participants me dit que le yogi s’est prononcé ouvertement en ce qui concerne ma décision. Peu de temps après, j’ai reçu une lettre qui mentionne que je suis exclue de toutes les séances de yoga et que je ne puis plus être enseignée, ni à Zurich, ni à Winterthur, ni à Frauenfeld, ni à Saint-Gallen, puisque je considère cela comme trop dangereux.

Je ne voudrais plus affronter cette période encore une fois. Pendant près d’une année après le cours, j’ai subi des attaques et des crises pénibles. Mais Jésus m’a assistée. Je pense aux versets de l’Evangile de Jean, chapitre 10, versets 27 à 29:

«Mes brebis entendent ma voix… je les connais… Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous… Personne ne peut les ravir de ma main ».

Note

Témoignage extrait de l »I.F.R Bulletin » – Suisse
Image de www . alc . enta . net

©  « Jeunesse Libérée Magazine » N.86

La Communauté des Béatitudes

La Communauté des Béatitudes fait partie du mouvement du renouveau charismatique catholique, que l’on rattache lui-même à la mouvance des nouvelles communautés. Celle-ci est très en vogue dans l’Église catholique romaine et le pape Jean-Paul II en a fait le fer de lance de sa nouvelle évangélisation.

topOrigine

La Communauté des Béatitudes a été fondée à Montpellier (France) en 1973 par un protestant, Gérard CROISSANT, qui a étudié la théologie protestante avant de passer au catholicisme, où il a été ordonné diacre sous le nom de « frère Ephraïm ». Le premier nom de cette fondation était Communauté du Lion de Juda et de l’Agneau Immolé. Elle est érigée en association de fidèles dans le diocèse d’Albi. Elle est composée de célibataires hommes et femmes, de consacrés, de prêtres et de familles. Elle est constituée de plus de 60 maisons, dont 20 en France et une trentaine en Europe.

Pratiques

Dans certaines  communautés charismatiques, il semblerait qu’il y ait parfois des dérives dans l’exercice de l’autorité et du pouvoir. Des personnes qui en sont sorties se sont plaintes d’une certaine dépersonnalisation et ont dénoncé les comportements aberrants de certains dans ces groupes. Le catholicisme qui est pratiqué dans ces communautés est pur et dur, même si on s’y pique d’œcuménisme.

Elles visent le rétablissement de l’ordre doctrinal, moral et social catholique. Il s’agit d’une forme d’intégrisme avec toute l’intolérance que cela peut comporter. Des personnes, qui avaient tout apporté à une communauté, en sont sorties très déçues sans plus rien. Evidemment, on ne peut pas d’office taxer toutes les communautés charismatiques catholiques de sectes, mais la prudence s’impose.

Littérature conseillée

Deux ouvrages peuvent aider à faire le point:

  • Bernard Peyrous et Hervé-Marie Catta, « Qu’est-ce que le Renouveau charismatique, D’où vient-il ? Où va-t-il ? », Mame, Paris, 1999.
  • Thierry Baffoy, Antoine Delestre et Jean-Paul Sauzet, « Les Naufragés de l’Esprit, Des sectes dans l’Église catholique », Seuil, Paris 1996.

Jacques LEMAIRE , Vigi-Sectes Belgique

La Croix Glorieuse de Dozulé

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topOrigine

Marie (Madeleine) Aumont, née en 1924, est à l’origine de ce mouvement. Elle a reçu une série de 49 apparitions entre le 28 mars 1972 et le 6 octobre 1978 à DOZULE dans le Calvados-France. Ces apparitions et visions se répartissent comme suit:35 apparitions de Jésus, 5 visions d’hosties miraculeuses, 2 apparitions de l’archange Michel et 7 apparitions de la croix glorieuse. La teneur des messages est apocalyptique: le « Christ » demanderait de dresser une gigantesque croix haute de 738 m., faute de quoi une immense catastrophe nucléaire dévasterait le monde avant l’an 2000. Alors ceux qui auront vénéré la croix de Dozulé seront sauvés. En fait, cette croix n’a jamais pu être érigée. La révélation a alors été modifiée: il faut élever 100 croix de 7,38 m. A ce jour, il en existe 450 à travers le monde. En plus un bassin doit être creusé où les personnes seront purifiées. Pour les adeptes de la Croix Glorieuse, Satan dirige le monde et il a séduit l’Église elle-même. En outre, le culte de la vierge Marie est hyper-développé avec toutes sortes de révélations, messages et secrets.

Nom

Le nom officiel du mouvement fondé en 1982 est « l’Association des Amis de la Croix Glorieuse de Dozulé ». Son siège est situé à 75007 PARIS, 171 rue de l’Université. Il possède la maison d’Editions Résiac -BP 6 – F-53130 MONTSURS. Un livre a été publié: « Dozulé, le Retour Glorieux du Fils de l’Homme », Nouvelles Editions Latines, Paris, 1983. La propagande se fait par la diffusion de cassettes et le démarchage des groupes catholiques romains à tendances traditionalistes et mariales. Les attaques contre l’Église officielle sont virulentes. Les pratiques de dévotion du mouvement sont celles du catholicisme d’avant le concile de Vatican II et elles ne sont pas exemptes de superstition: chemin de croix, rosaire, processions, Médaille Miraculeuse de la Rue du Bac, consécration de la France au Sacré-Cœur…

topOrganisation

La Croix Glorieuse de Dozulé n’est donc pas un mouvement à l’intérieur de l’Église catholique romaine. L’évêque de Bayeux, dont dépend Dozulé, a condamné les apparitions, après enquête canonique, en 1972, 1985 et 1991. Le pèlerinage est interdit aux catholiques romains par leurs autorités ecclésiastiques. Bernard Vignot, spécialiste des « Petites Églises » pense qu’il s’agit d’une Église parallèle et il signale que  l’ADFI situe ce groupe parmi les sectes pseudo-catholiques. Le climat passionnel, l’atmosphère apocalyptique et le mysticisme incontrôlé qui y règnent ne sont pas sans danger.

 

Jacques LEMAIRE, Vigi-Sectes Belgique

1) Logo – La croix glorieuse -présenté en
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