PUBLIÉ LE 11/10/2018, Lauren Lacrampe, lemessager.fr
Le procès de la fille du Christ s’est déroulé sans l’intéressée. Sylvie Letrouit a été condamnée pour abus de confiance à 18 mois de prison avec sursis. L’objectif de la justice était surtout qu’elle cesse ses activités qualifiées de sectaires.
Thonon-les-Bains
Ce n’est pas le procès d’une secte qui s’est déroulé au tribunal de Thonon mardi 9 octobre mais ça y ressemblait beaucoup. Sylvie Letrouit, habitante de Lullin de 61 ans, était jugée pour avoir détourné 120 000 euros des comptes de son association, « une structure hautement nocive », d’après Philippe Toccanier, procureur de la République. La présidente de cette association créée dans le Chablais en 2010 était absente lors du procès et aucun avocat ne la représentait. Celle qui assure être la fille du Christ n’a pas tenu à se confronter à la loi des Hommes.
Tentatives de suicides
Philippe Poitrineau, le président du tribunal correctionnel, expose le cadre de l’affaire : «Deux signalements d’activités sectaires » ont permis aux autorités d’ouvrir une enquête sur les agissements de cette femme. Ils ne provenaient pas du Chablais. « On nous a décrit des situations d’emprises sur des biens et des personnes », explique-t-il. Philippe Toccanier indique également que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires l’a informé que deux jeunes sœurs ont tenté de se suicider suite à des pressions et des manipulations provenant de cette association.
Pour ce qui concerne le Chablais, c’est l’aspect financier de la structure lullinoise qui a intéressé les enquêteurs. En trois ans, 250 000 euros ont transité sur les comptes de l’association. De l’argent qui provient en grande partie de donateurs particuliers. « Environ 120 000 euros ont été utilisés par Sylvie Letrouit pour du mobilier, de l’alimentation, des bijoux, payer son loyer ou acheter de la lingerie fine », indique le président du tribunal correctionnel.
Pour le procureur,
« l’objet de ce procès est double : que Sylvie Letrouit cesse ses activités et qu’elle soit suivie pour éviter que d’autres personnes ne tombent dans ses griffes ».
Il a requis deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec des victimes et son principal financeur (voir ci-contre). L’association doit fermer durant 5 ans et le matériel (ordinateurs et téléphones) est confisqué.
Les juges ont condamné la prévenue à une peine de 18 mois de prison avec sursis, avec une obligation de soins et interdiction de rentrer en contact avec ses victimes et son principal financeur.