Entraînement autogène (Autogenes Training)

Article du site de notre partenaire en Allemagne. Lothar G.

Auteur: Michael Kotsch

Origine et enseignement

Le training autogène (autogenes training) a été développé par le psychiatre et neurologue berlinois Johannes Heinrich Schultz (1884-1970). Il s’agit d’atteindre un état d’autodécontraction concentrée à l’aide de l’autohypnose et de l’autosuggestion. Schultz s’appuie sur les recherches du physiologiste du cerveau Oskar Vogt, qui a étudié les circonstances dans lesquelles les patients peuvent se mettre eux-mêmes en état d’hypnose. Ses sujets ont indiqué qu’ils ressentaient moins le stress et la fatigue grâce à leurs exercices d’autohypnose. Au lieu de cela, ils se sentaient plus détendus et plus performants. Dans son livre « Das Autogene Training » (1932), Schultz présente des exercices standard qu’il a développés. Ils consistent en une série de formules verbales sur lesquelles le patient se concentre passivement, les yeux fermés et détendu, allongé sur le sol ou confortablement assis. La répétition régulière de ces exercices doit permettre au patient de passer d’un état d’éveil à un état de non-excitation par la seule force de son imagination.

Schultz a développé son entraînement autogène sur la base de l’hypnose (du grec « sommeil »). Le médecin et chimiste anglais James Braid (1795-1860) est considéré comme le fondateur et le systématicien de l’hypnose. Dans le cadre de ses propres expériences, il a pu observer que des sujets se laissaient plonger dans un sommeil hypnotique lorsqu’ils fixaient un globe de verre de manière concentrée pendant une période prolongée. L’état de conscience proche de la transe provoqué par la fixation supprime la volonté consciente et la perception immédiate de la personne. Le subconscient s’ouvre à l’influence verbale de l’hypnotiseur. Lorsque la personne se réveille de l’hypnose, elle prend les pensées qui lui ont été suggérées pour la réalité, en accord avec ses propres souvenirs et décisions. Ainsi, l’hypnotiseur n’a pas seulement une influence sur les futurs « souvenirs » du sujet, mais aussi sur son comportement futur, qu’il attribue à tort à ses propres décisions. Sous l’effet de l’hypnose, les souvenirs et les réflexions propres et étrangers se mélangent jusqu’à devenir indiscernables. En raison du risque d’une détermination étrangère par l’hypnose, Schultz a misé sur une sorte d’autohypnose, dans laquelle la personne s’auto-inspire dans son subconscient les pensées et les comportements qu’elle souhaite.

Un autre élément de base du training autogène se trouve dans l’autosuggestion (= auto-influence) développée par le pharmacien français Coué (1857-1926). L’objectif de cette méthode est de lutter contre les maladies grâce à l’imagination du patient. Dans son livre « Die Selbstbemeisterung durch bewusste Autosuggestion » (trad. 1936), Coué se réfère aux succès de l’hypnose. Selon lui, ce qui est déterminant pour le succès n’est toutefois pas la profondeur du sommeil, mais la volonté du sujet d’aller mieux. Coué attribue l’efficacité de l’autosuggestion aux deux lois suivantes qu’il a formulées :

  1. Toute pensée en l’homme s’efforce de devenir réelle.
  2. Le moteur le plus important de l’action humaine est l’imagination, et non la volonté ou l’intellect. On trouve aujourd’hui des formes d’autosuggestion aussi bien dans le contexte magico-religieux que dans l’ésotérisme et les groupes charismatiques. De même, ces milieux affirment que l’homme peut modifier durablement la réalité par sa seule pensée (foi, imagination) et sa seule parole (paroles et ordres puissants).

Le training autogène peut être décrit comme une méthode méditative par laquelle l’homme ne se concentre pas sur un objet ou une force extérieure à lui-même, mais s’absorbe entièrement dans l’état corporel à atteindre. Pour ce faire, il essaie de se représenter intérieurement l’état souhaité (visualisation) jusqu’à ce que sa propre représentation et la réalité coïncident. Le training autogène vise avant tout à influencer par l’imagination les processus physiologiques autonomes (involontaires) qui se déroulent dans le corps.

Niveau inférieur et niveau supérieur

Dans la pratique du training autogène, on distingue deux étapes.

  1. Dans une première phase (exercices standard), on s’exerce à ressentir la lourdeur, la chaleur, le froid, la détente musculaire, etc. dans les différents membres du corps. Ensuite, le patient doit également influencer la respiration et l’activité cardiaque par une concentration méditative. L’utilisateur maîtrise suffisamment les exercices de niveau inférieur pour être capable de maintenir sa « concentration passive » pendant une demi-heure. Dans ce contexte, on appelle concentration passive une perception et un contrôle passifs diffus des processus corporels.
  2. Dans la phase suivante (exercices de niveau supérieur), on ajoute des « formations d’intention sous forme de formules ». Celles-ci sont adaptées à l’individu et consistent en la répétition de suggestions thérapeutiques afin de corriger, par exemple, des schémas de pensée négatifs (« Je suis calme ! », « Je suis sûr ! », « Je suis heureux ! »). Les utilisateurs expérimentés complètent ces formules par d’autres pratiques méditatives. En fin de compte, tous les états physiques (corporels), psychiques (psychiques) et spirituels doivent être influencés par le training autogène.

Les différents exercices du training autogène sont la plupart du temps enseignés par un expert. Dans une pièce calme, les postures de base recommandées sont expliquées au groupe intéressé. Ils apprennent ensuite à se concentrer passivement sur la lourdeur de leur bras dominant et à étendre cette sensation à tout leur corps. L’effet souhaité ne peut toutefois être atteint que si l’on pratique les exercices de manière autonome pendant une période prolongée (3 fois par jour pendant 10 minutes à chaque fois au niveau inférieur). Les patients sont invités à tenir un journal afin de se concentrer encore plus sur les états provoqués par l’autosuggestion. Chaque séance d’exercice se termine par un « retour », un rétablissement conscient des conditions de réaction corporelle normales, après que la relaxation du training autogène a préalablement soumis les réactions corporelles se déroulant involontairement à l’imagination personnelle.

Évaluation

Différentes études médicales attestent d’une certaine efficacité statistique du training autogène. Sont notamment citées dans ce contexte les maladies psychosomatiques : par exemple l’anxiété, les phobies, les douleurs générales, les troubles du sommeil, le stress, la dépression, les troubles psychotiques, l’hypertension.

Les preuves scientifiques de l’efficacité du training autogène font jusqu’à présent défaut. D’après les études neurophysiologiques menées jusqu’à présent, le procédé semble favoriser une détente profonde par la méditation, la psychothérapie et l’autosuggestion, ce qui concerne probablement le système limbique et le système hypothalamo-hypophysaire.

D’un point de vue chrétien, rien ne peut s’opposer à la prise de conscience de son propre corps, à l’éloignement conscient de la pression extérieure et du stress. Cependant, le niveau supérieur du training autogène en particulier n’est pas compatible avec une vision biblique du monde.

  1. Le training autogène n’élimine pas les causes physiques réelles des maladies existantes, c’est pourquoi il ne permet d’atteindre qu’un état de santé suggéré et non réel. Il y a donc un risque de négliger un traitement médical nécessaire ou un véritable changement de vie par Dieu. Seuls les symptômes psychosomatiques peuvent faire l’objet d’une aide conditionnelle. Le training autogène ne contribue pas vraiment à résoudre les problèmes (par exemple en se réconciliant avec son conjoint ou en s’excusant auprès de son collègue de travail), mais il entretient l’illusion qu’ils sont déjà résolus par le seul changement des pensées et des sensations.
  2. L’autosuggestion en tant qu’auto-illusion doit finalement être qualifiée de mensonge, qui tente, dans un but tout à fait louable, d’éliminer une situation de vie désagréable, mais justement en faisant passer de simples souhaits pour la réalité.
  3. Les exercices supérieurs du training autogène veulent offrir des réponses religieuses à tous les problèmes humains. La culpabilité, la dysharmonie, l’insatisfaction, etc. doivent être éliminées par la seule autosuggestion, sans véritablement résoudre les problèmes spirituels sous-jacents. Avec ce type d’autosolution, le training autogène ignore la réalité vécue et est en contradiction directe avec l’offre biblique de pardon par la confession de la culpabilité et la punition par procuration. Les formes profondes de méditation autogène ouvrent l’être humain à une harmonie cosmique globale, au dépassement conscient des limites de sa propre personnalité. La personne concernée court ainsi le risque d’une appropriation asiatique et d’une union avec des puissances non nommées. 4) Celui qui essaie de générer lui-même le calme, l’équilibre et la paix par le training autogène, manque l’occasion de remettre ses soucis à Dieu, qui les comprend et dispose du pouvoir de les résoudre. Au lieu d’une communion confiante avec un vis-à-vis tout-puissant et aimant, c’est le repli isolé sur soi-même qui prend le dessus.

Voir aussi (en allemeand) : Médecine alternative ; Yoga.

Références bibliographiques

D.Vaitl / F.Petermann : Manuel des méthodes de relaxation, volume 1, 1993

F.Stetter / S.Kupper : Training autogène – méta-analyse qualitative d’études cliniques contrôlées et relations avec la naturopathie, 1998, p. 211-223.