Archive web: L’affaire Brian McLaren

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par nicolas

 L’Alliance Evangélique et la Ligue pour la Lecture de la Bible ouvrent-elles la porte au Nouvel Age dans l’Eglise? Un examen des connexions de Brian McLaren          
Dossier spécial Vigi-Sectes

L’Alliance Evangélique Française (AEF) et la Ligue pour la Lecture de la Bible (LLB) ont invité courant janvier à Paris Brian McLaren, controversé aux Etats-Unis, et auteur de « Réinventer l’Eglise », qui sort en même temps aux éditions de la Ligue. Séduit par certains aspects de son messages, les responsables de ces 2 oeuvres n’ont pas vu le pire: cet homme n’est pas seulement un libéral, il introduit subtilement la pensée du « Nouvel Age » dans l’Eglise. Et personne n’avait rien vu. En réponse à nos remarques par e-mail, les responsables de la LLB et de l’AEF ont réclamé que soit uniquement « jugé » le livre qu’ils ont édité. J’ai trouvé personnellement cette position un peu légère, et je n’ai pas souhaité la considérer, mais aborder l’ensemble des éléments gênants dans cette affaire. Je laisse chacun juge, m’engage à publier toute déclaration de l’AEF ou la LLB et donne rendez-vous à tous ceux qui veulent débattre de ce sujet ou témoigner sur cette page web.

Des points en apparence positifs

Ses ouvrages comportent cependant des points positifs, qui mettent l’accent sur des défis que doit relever le Corps de Christ. James Sherk, un évangélique américain dont nous avons traduit ici l’article publié sur le site de l’Evangelical Society, a examiné le livre intitulé « The Church on the other Side » (« L’Eglise de l’autre côté », paru en 2000) et y a relevé quelques points intéressants. Le post-modernisme, dont nous allons parler plus bas, a raison de dire qu’une église doit s’adapter lorsqu’elle grandit afin de mieux répondre aux attentes de ses membres. Il a également raison de dire que l’Eglise peut et doit mieux faire pour plus d’équité dans le domaine social. Enfin, McLaren a émis plusieurs bonnes idées en matière de missiologie moderne, notamment en ce que l’Eglise doit faire un effort pour mieux présenter l’Evangile. « L’inculturation » a aussi son revers.

L’inculturation, un procédé « jésuite »

McLaren se plaint d’avoir été mal compris par des commentateurs peu scrupuleux qui auraient sorti un de ses textes de leur contexte, ce qui lui aurait valu d’être rayé de la liste des participants à une conférence baptiste sur les missions l’an dernier. Sur son blog, McLaren explique ce qu’il a réellement voulu dire et se retranche derrière un article de synthèse (guère convaincant) de l’Associated Baptist Press: dans certains pays, se réclamer publiquement du christianisme équivaut à être assimilé à l’Amérique guerrière, à des moeurs dépravées, au sectarisme religieux, etc. Il conseille donc à ces convertis, pour ne pas offenser la communauté dans laquelle ils vivent, de continuer leur vie comme avant. Cette nouvelle façon d’envisager la missiologie, se défend McLaren, n’est pas nouvelle. En effet, l’organisme Jeunesse en Mission par exemple, s’appuyant sur les cours du télévangéliste Benny Hinn, recommande par exemple aux musulmans ou aux hindous convertis à Christ de continuer d’aller à la mosquée ou au temple, et de s’adresser au Seigneur dans leur coeur. L’inculturation n’est pas l’acculturation, rappelait Jean-Paul II. Et McLaren, par sa promotion des pratiques anciennes de méditation et de prière fait écho à un enseignement développé depuis près d’un siècle par les jésuites, dont il recommande les « exercices spirituels ». Les exemples historiques abondent qui ont contribué à fortement pervertir le message chrétien (parlons seulement de Noël, fête « chrétienne » du solstice ou des esprits protecteurs transformés en « saints patrons »).

Un auteur influent dans le courant « postmoderne »

Cité par le Times comme l’un des 25 évangéliques les plus influents, McLaren est un des penseurs de l’Eglise émergente dont la philosophie peut se résumer en un mot: le postmodernisme. Il définit lui-même sa vision du monde: Nous sommes entrés dans une société post-moderne qui met l’accent sur l’expérience personnelle. L’individu étant incapable de connaître la Vérité, l’absolue référence de la Parole révélée par Dieu n’existe plus.

Un auteur clairement libéral

McLaren ne se cache pas d’être un libéral – mot qui chez nous désigne une personne qui ne croit pas en l’autorité de l’Ecriture. Aux USA, un libéral est certes un protestant très tolérant sur les questions d’avortement et d’homosexualité, mais c’est aussi une personne politiquement « de gauche ». Le 15 décembre 2005, McLaren était arrêté avec d’autres manifestants sur les marches du Capitole où ils entendaient rappeler le gouvernement à ses devoirs sociaux. Il était aux côté de Jim Wallis, activiste du mouvement interfoi Faithful america dont le dernier ouvrage trône en bonne place sur sa table de chevet. Le seul mouvement évangélique que McLaren agrée est le mouvement Anabaptiste, pour son pacifisme. Prônant le pacifisme également, les Quakers, chez qui étudie également le responsable du mouvement dit émergent en Grande-Bretagne. A noter que ce pasteur est membre du mouvement Vineyard, fondé également par un Quaker: John Wimber. Le fils de Martin Luther King reprend également le flambeau de la contestation pacifiste. Il apparaît dans le même réseau et notamment dans l’église syncrétiste du prêtre dont McLaren recommande l’ouvrage, le jour des commémorations pacifistes du 11 septembre.

McLaren et l’enfer

Brian McLaren semble très gêné par la question de l’enfer. Répondant sur le site syncrétiste Beliefnet à la question:  « Qu’est-ce qui vous a fait écarter la question de l’enfer dans le dernier ouvrage de votre trilogie? », McLaren répond:

« Pour beaucoup de chrétiens, leur foi concerne surtout ce qu’il advient des personnes après leur mort. Cela les distrait de rechercher la justice et une vie pleine de compassion tant qu’ils sont encore sur cette terre. Nous devrions faire demi-tour et jeter de nouveau un oeil aux enseignements de Jésus sur l’enfer. Pour beaucoup de personnes, la doctrine conventionnelle sur l’enfer fait de Dieu quelqu’un de méchant. Ce n’est pas quelque chose que nous devrions laisser perdurer. »

S’il prétend ne pas vouloir choquer les âmes pour les conduire à Dieu, il oublie que la Bible est excessivement claire au sujet du sort de ceux qui meurent sans le Seigneur. Il faut chercher dans le livre d’Alan Jones, un auteur clairement New Age qu’il recommande (voir ci-dessous), à la page 132 de « Reimagining Christianity » pour trouver des déclarations similaires et troublantes: « Il faut retirer la croix du centre du christiannisme. La fixation de l’Eglise pour la mort de Jésus en tant qu’acte universel de salut doit s’achever, et la place de la croix doit être réimaginée dans la foi chrétienne. Pourquoi? A cause du culte de la souffrance et du Dieu vengeur. »

McLaren et la croix

Il est frappant en visitant son site web et ses écrits de constater qu’il ne cite pas la Bible, qu’il ne parle jamais du Saint-Esprit ni de nouvelle naissance. Quand l’agence Baptist Press lui a demandé si une personne devait placer sa confiance dans la mort expiatoire du Christ pour ses péchés, McLaren a répondu:

« Je veux aider les gens à comprendre tout ce qu’ils peuvent à propos de la croix. Je ne dirais pas que cette compréhension (Jésus mourant en sacrifice expiatoire pour toute l’humanité) soit tout ce qui est nécessaire pour être chrétien. Je crois que certaines personnes pourraient être intéressées par cette compréhension mais pas intéressées à suivre Jésus. Ils veulent que le sang de Jésus paie pour leurs péchés afin qu’ils aillent au ciel, mais ils ne sont pas réellement intéressés à suivre Jésus dans leur vie. »

McLaren renvoit dos-à-dos exclusivisme, universalisme et inclusivisme, relativisant ainsi l’orthodoxie évangélique.

McLaren et l’homosexualité
Brian McLaren refuse de donner son opinion au sujet de l’homosexualité, affirmant que cette questions est devenue trop politique.

« J’ai mes propres opinions, mais je ne crois pas que la chose la plus intelligente à faire pour moi soit d’aller partout et faire de ces opinions divergentes une raison de me séparer des autres chrétiens »,

a-t-il déclaré déclaré à Baptist Press.

« Je suis en communion avec des chrétiens qui ont des opinions différentes sur cette question (de l’homosexualité) ».

S’exprimant à propos du dernier livre de McLaren: A generous orthodoxy (« Une orthodoxie généreuse »), le président du Séminaire des Baptistes du Sud aux Etats-Unis, Al Mohler s’inquiète :

« Quand on en vient à des sujets comme l’exclusivité de l’Evangile, l’identité de Jésus-Christ à la fois pleinement Dieu et pleinement homme, à l’autorité des Ecritures comme révélation écrite, ou aux enseignements clairs de la Bible en matière d’homosexualité, ce mouvement refuse tout simplement de répondre aux questions. L’orthodoxie doit être généreuse, mais pas au point de cesser d’être orthodoxe. »

Un témoignage publié sur le site de celui dont il a recommandé l’ouvrage montre clairement la conviction de la mouvance: un homosexuel ne doit pas chercher à être « guéri » mais s’accepter tel qu’il est. Cela est également confirmé par plusieurs articles qui assurent la promotion de la position épiscopalienne (accueillir et aimer tels qu’ils sont les homosexuels) sur le site Explore Faith, dont McLaren recommande la lecture pour son contenu spirituel. Un autre signe convergent: en recherchant sur Google les mots clefs de la spiritualité émergente, on tombe sur une série de sites religieux, libéraux ou New Age, dont l’Eglise Unie du Canada qui avait reconnu en 2000 qu’on pouvait être chrétien et homosexuel. Il n’y a donc pas l’ombre d’un doute: Brian McLaren, au nom de l’accueil et de l’amour, est un libéral pro-homosexuel.

Un auteur faisant la promotion du Nouvel Age

Il a donc recommandé l’ouvrage d’Alan Jones « Réimaginer le christianisme » (Reimagining Christianity) dont la couverture (une croix et un Bouddha ornant un tableau de bord de voiture) met déjà la puce à l’oreille. La table des matières et le préambule d’introduction ne laissent planer aucun doute: nous devons entrer dans une ère de tolérance et dénoncer les chrétiens « littéralistes », cesser de diaboliser notre frère hindou, musulman ou bouddhiste et découvrir la véritable spiritualité, celle qui cherche à comprendre l’autre. « Cette oeuvre m’a stimulé et profondément encouragé », affirme McLaren au dos du livre. Si vous êtes de passage à San Francisco, Alan Jones, doyen de la Grace Cathedral, vous invite à venir cheminer dans l’un des 2 labyrinthes spirituels de son église. Cette nouvelle forme de « méditation en marchant » s’appuie sur ce qu’enseignent les anciennes traditions religieuses un peu partout dans le monde. Vous ressortirez transformés après avoir médité dans ce mandala, pratiqué le yoga et les autres activités de l’église, ainsi qu’en témoignent de nombreux témoignages. Vous apprécierez particulièrement celui d’une dame qui accompagne les mourants pour transformer ce moment dramatique en une cérémonie sacrée. Alan Jones est définitivement un des maîtres spirituels du Nouvel Age, comme l’indique ce séminaire où il a enseigné à leur côté.

Encore des connexions New Age

Il a co-écrit un ouvrage avec Tony Campolo, lequel voit dans le mouvement émergent une réponse adaptée au besoin de renouvellement spirituel de notre époque postmoderne. Campolo a été dénoncé par certains comme un « change agent », personne chargée de « noyauter du dedans les mouvements religieux en y insufflant l’esprit du Nouvel Age, c’est à dire un nouveau mode de pensée, une nouvelle mentalitée imbibée de néo-platonisme, de philosophie Hindoue et de mysticisme oriental », comme disait Alain Choiquier dans son ouvrage Scanner sur le Nouvel Age. McLaren promeut des techniques anciennes de prière et de méditation qui viennent des plus anciennes traditions et pourraient tout aussi bien être du bouddhisme zen ou du tantrisme. Alan Jones et Rick Warren qui, dans son livre « Purpose driven life » au chapitre 10 parle de prières courtes respirées – « Merci Seigneur » – qui nous accompagnent le jour durant et deviennent des mantras chrétiens, sont apparus au côté de maître bouddhistes dans des séminaires. Les techniques et le vocabulaire de McLaren, Jones ou Warren sont les mêmes que celles du livre « The Art of Meditation » d’un gourous New Age proche du Dalaï Lama, Daniel Goleman. Il est intéressant de noter les connexion entre ce « mouvement des labyrinthes » et les mystiques celtes, indiennes hoppi, etc., comme le montre l’abondante littérature du genre. En lien avec la question de la tolérance pour les homosexuels, l’adjointe d’Alan Jones propose aux femmes – et aux hommes – de se reconnecter avec la Mère Divine. Ceci n’est pas sans rappeler le mouvement féministe évangélique qui voudrait réécrire le Nouveau Testament et rendre à Dieu la nature féminine inclusive et égalitaire de Son amour.

Le mouvement émergent

Pour être membre de « l’ordre » émergent (qui se veut un monachisme moderne), il faut s’engager à respecter la Création, servir son prochain, se déclarer membre du réseau émergent en public, assister à un pélerinage émergent chaque année, étudier les disciplines chrétiennes classiques telles qu’enseignées par les traditions. Le nom même du mouvement « émergent », est une image de son origine humaine, de sa poussée « hors de terre ». Dans son article sur McLaren dans la revue Témoins, Jean Hassendorfer résume bien l’esprit de la mouvance en concluant par une citation d’un des pères du syncrétisme évolutionniste moderne, Teilhard de Chardin: « Tout ce qui monte converge ». Cette « Babel » religieuse qui sort de terre en voulant se dépouiller des scories de 20 siècles d’obscurantisme littéraliste fait feu de tout bois. Le mouvement veut se concilier les évangéliques épris de Bible mais souffrant du manque de cohérence dans la façon dont les églises vivent son message, et les chrétiens plus traditionnels. Dans son ouvrage « Une orthodoxie généreuse », il dit apprécier la liturgie, vénérer (mais pas adorer) Marie, etc. Comme l’a fort bien montré un ancien dominicain, l’église émergente fait très clairement la promotion du mysticisme oriental et du catholicisme.

Conclusion

A un moment où le mouvement évangélique en francophonie connait une mutation profonde, avec le départ de frères aînés dans la foi, l’entrée massive de jeunes convertis d’horizons divers ayant une culture biblique assez sommaire et une très criante simplification du message, ouvrir sans discernement la porte au message de l’Eglise Emergente est une très lourde responsabilité. La Ligue pour la Lecture de la Bible et l’Alliance Evangélique se sont, en toute bonne foi il ne faut pas en douter, avancés sur un terrain glissant via la création d’une commission « Evangile et Culture ». Cette commission est dirigée par le représentant officiel en France du mouvement émergent, un missionnaire salarié d’International Teams (ITeams), dont le président durant 10 ans fut McLaren lui-même. (Note: Le blog du missionnaire en question, Matthew Glock, semble avoir disparu. On pouvait y lire qu’il était soutenu par ITeams, mais on en retrouve trace ici). Au vu des éléments ci-dessus et d’autres éléments apportés par d’autres évangéliques (comme Pierre Oddon, Christian PietteDavid Cloudun pasteur lyonnais anonymeRichard Bennett, etc.) Il conviendrait maintenant qu’une commission d’experts approfondisse la question et trace des lignes claires.

Nous savons que de telles commissions se noient sous des montagnes de papier pour accoucher au final de souris, aussi je demande personnellement qu’une véritable discipline biblique et évangélique soit appliquée dans cette affaire, le livre retiré de la vente ou en tous cas assorti d’un feuillet de mise au point, et la direction de la Commission Evangile et Culture de l’Alliance Evangélique remise à une personnalité véritablement évangélique, et non à la tête de pont d’un mouvement douteux.Je le dis à tous: une génération abreuvée par ces « non-doctrines » va se lever pour nous faire presque honte de nos pratiques ecclésiales jugées « peu adéquates » à notre société en évolution. Affirmons avec la Bible qu’une véritable conversion s’accompagne d’un amour pour tous les frères, quelles que soient leurs pratiques, et que cèder au « jeunisme » ambiant n’est rien d’autre qu’une solution de facilité. C’est pour cela que fut, il y a 160 ans, créée l’Alliance Evangélique et nous souhaitons que, loin d’être la gardienne du musée poussiéreux d’une église vieillissante, elle continue à élever bien haute la bannière de la foi « transmise aux saints une fois pour toutes ».

Je vous suggère enfin à lire ce que moi, Nicolas Ciarapica, j’ai personnellement reçu dans la prière à ce sujet. Il s’agit juste d’une « révélation » personnelle, et elle n’a pas le poids des arguments ci-dessus.

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