par David Ramseyer – Un évangéliste a abordé des élèves près de leur école pour leur offrir le Nouveau Testament. Parents et élus crient au scandale. La pratique est légale.
https://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/Bible-offerte-a-des-mineurs-dans-la-rue—scandaleux—20384670
Mercredi de la semaine dernière, 11h30, à la sortie des cours.
«Tu veux un cadeau?» demande un homme à Lara*, 14 ans, qui attend le bus. Situé à côté du cycle d’orientation des Grandes Communes à Lancy (GE), l’arrêt est bondé d’élèves entre 12 et 15 ans.
«Il m’a tendu un petit livre bleu, j’ai cru que c’était un bloc-note, je l’ai pris, raconte la jeune fille. Je me suis ensuite aperçue que c’était le Nouveau Testament». Selon elle, «ce monsieur qui devait avoir la quarantaine» avait un sac rempli d’ouvrages qu’il a donnés aux ados présents.
« Les parents surréagissent »
Les Gédéons assument totalement leur action:
Si les Gédéons admettent sans ambages que leurs actions ont régulièrement et volontairement lieu à proximité d’établissements scolaires, ils assurent ne pas particulièrement viser les mineurs dans leur distribution de Nouveaux Testaments. « Nous en donnons aussi aux écoles de recrues, près des universités ou des hôpitaux », souligne Jean-Daniel Zürcher. Le mouvement n’amplifie pas non plus ses opérations à l’approche des grandes fêtes chrétiennes, comme Noël ou Pâques. La distribution – 80’000 ouvrages par an en Suisse et 85 millions dans le monde – se fait régulièrement, « tout au long de l’année ».«Des proies faciles»La maman de Lara fulmine:
«Aborder des mineurs dans la rue pour leur distribuer un texte religieux – que se soit la Bible, le Coran ou d’autres – c’est du prosélytisme, qui plus est envers des jeunes influençables et dans un pays laïc. C’est scandaleux!»
Le père d’une autre élève du cycle, abordée le jour précédant au même endroit, se dit «révolté». Selon son enfant, la personne à l’oeuvre à la sortie des classes était insistante, notamment auprès d’une jeune musulmane. «On ne peut pas forcer les gens à croire», insiste le papa.
Des avis que partage l’ex-député indépendant Pierre Gauthier, très en vue lors de la campagne pour la Loi cantonale sur la laïcité, le printemps passé. «Les gamins sont des proies faciles, que l’on attire en promettant un cadeau. Le procédé est profondément choquant.»
Cette démarche est l’oeuvre d’un mouvement évangéliste, les Gédéons. Plusieurs de ses membres avaient déjà fait parler d’eux à Genève, début 2017, en distribuant pareil ouvrage aux abords du Cycle de Drize, à Carouge. L’organisation d’origine américaine ne voit aucun problème à ses actions (cf. encadré).
Tout n’est pas permis
Si celles-ci peuvent être discutables sur le plan éthique, elles ne le sont pas au regard de la loi. La distribution de textes religieux est en effet autorisée dans la rue. Le principe est de «proposer, mais sans insister», explique le Département de la sécurité. Et ce, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un appel à la haine ou à la discrimination.
Par contre, le mise sur pied d’un stand ou l’organisation d’une manifestation à caractère religieux sont soumises à une autorisation d’utiliser l’espace public. Elles sont par ailleurs formellement interdites dans les locaux de l’administration ou dans les écoles, laïcité de l’Etat oblige.
Mercredi passé, même si la distribution de Nouveaux Testaments s’est déroulée à quelques pas du Cycle des Grandes Communes, ce n’était pas sur le périmètre de l’établissement scolaire. «Il n’y a que là où nous aurions pu agir», a confirmé le Département de l’instruction publique.
*Prénom d’emprunt
NDLR: Commentaire de Vigi-Sectes
Vigi-Sectes a déjà été consulté sur ce sujet. Or, les Gédéons qui distribuent des nouveaux testaments ne sont pas sectaires mais sont des chrétiens de différentes dénominations, qui distribuent les Saintes Ecritures.
Les réactions et les termes utilisées confirment un changement d’identité de la Suisse, et soulèvent des questions:
- Depuis quand permettre à quelqu’un de lire l’evangÎle est synonyme de le « forcer à croire »? Le sectarisme est plus facile chez ceux qui manquent de connaissances et refusent l’information.
- La lumière de l’Evangile est ce qui a donné à la Suisse ses qualités altruiste et humanistes.
- Les parents *indignés » interrogés ne savent-ils pas que …
- la Suisse est un pays chrétien, dont environ deux tiers de la population sont catholiques ou protestants. (selon le site officielle de la confédération Suisse)
- Le père de la « laïcité », Jules Ferry avait une bien une conception religieuse du monde, une école sans Dieu, peu tolérante envers l’évangile : Et il n’était pas neutre, il était membre d’une fraternité maçonne.
- Perdre le droit de faire une critique objective et factuelle du prophète de l’Islam ou ne pas permettre aux chrétiens d’annoncer l’évangile les musulmans (qui respectent d’ailleurs l’Injil et ne s’en plaignent pas) est un avant-goût de la Charia, et c’est bien une « haine et la discrimination » qui prend le pas, … mais celle des chrétiens et des juifs .
D’autres question plus subtiles pourraient se poser :
En quoi le Nouveau Testament est-il « un livre religieux ». Le christianisme authentique ne se définit pas lui-même comme une religion – don’t la définition est l’Homme qui veut se lier au divin – mais comme une relation de Dieu qui vient vers l’Homme.
L’indignation et la résistance à l’évangile est habituelle, quand la laïcité devient se comprend comme une religion majoritaire devenu intolérante, mettant des ornières à ceux qui veulent en savoir plus sur les faits des Évangiles. Il est bien connu en Suisse (encore chrétienne) que la ville de Genève s’apparente de nos jours plus à la France voisine qu’à l’ancienne citée de Calvin.
Un suisse du canton de Berne me disait il y a quelques jours : « Genève, ce n’est pas la Suisse ».
Comme le signale la «Revue Suisse» du 22/11/2018, la déchristianisation est une tendance en hausse dans toute la confédération helvétique :
Comme tout était simple en Suisse autrefois. Tous étaient catholiques ou réformés.
Tous payaient l’impôt ecclésiastique.
Tous allaient à l’office religieux.
Jusqu’aux années 1970.
Et maintenant? Seuls six habitants sur dix sont encore catholiques ou réformés. Les Églises libres ont gagné du terrain. Un vingtième de la population est de confession musulmane. Et les personnes sans confession religieuse qui ont tourné le dos aux Églises régionales autrefois puissantes, en particulier les Églises réformées, représentent déjà un quart de la population (Auteur: Dölf Barben)
La richesse des acquis de la Suisse et le vide spirituel issue de sa déchristianisation, font de la Suisse, le terreau idéal pour toutes sortes de sectes pernicieuses. Voir, entre autres, l’article du 20minutes de la veille.
(E.P)