Nous reproduisons ici cet article d’Europe1 qui nous rappelle que la « croyance » en l’homéopathie peut être dangereuse. Voir aussi le canal Youtube de Vigi-Sectes
Un nouveau rapport sur l’homéopathie estime qu’il existe des motifs sérieux d’inquiétude pour la santé et la sécurité des patients.
Plus de 220 ans après son invention, l’homéopathie suscite toujours le scepticisme de la communauté scientifique. Un nouveau rapport pointe son inefficacité et demande la fin de son remboursement.
L’homéopathie est-elle vraiment efficace ?
Depuis l’invention du concept, au 18ème siècle, ce vieux serpent de mer ne cesse de diviser la communauté scientifique. Dans un rapport publié le 29 septembre, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (EASAC) tranche dans le vif, en concluant à « l’absence de preuve solide et reproductible de l’efficacité » de tels traitements. L’organisme, qui regroupe 27 pays, dont la France, craint même un effet « nocif » de ces fameuses granules. Mais pourquoi une telle réticence, alors que 73% des Français font confiance à l’homéopathie, selon un récent sondage Ipsos ?
Des doses infinitésimales.
Comme pour les vaccins, l’homéopathie repose sur l’idée que pour soigner une maladie, il faut habituer le corps aux symptômes provoqués par celle-ci. Les traitements, préparés à partir de substances végétales, animales, minérales et parfois chimiques, reposent donc sur des doses très fortement diluées, à tel point que la molécule active disparaît. C’est cette dilution qui rendrait inefficace le processus thérapeutique, selon ses détracteurs. De leur côté, les pro-homéopathie soutiennent que la « mémoire » de la substance originale subsiste malgré tout, et son efficacité avec.
Des études de mauvaise qualité.
Ceux-ci sont cependant renvoyés à leurs études par les membres de l’EASAC. Selon leur rapport d’une douzaine de pages, les résultats disponibles censés démontrer les bienfaits de l’homéopathie peuvent s’expliquer « par l’effet placebo, une mauvaise conception de l’étude, des variations aléatoires, une régression des résultats vers la moyenne ou un biais de publication ». Pour les académiciens, les revendications scientifiques de l’homéopathie ne sont tout simplement « pas plausibles et sont incompatibles avec les concepts établis de la chimie et de la physique ».
En mars 2015, des scientifiques australiens, après avoir analysé 225 études provenant de particuliers et de groupes de soutien de l’homéopathie, ainsi que des rapports gouvernementaux d’autres pays et des observations cliniques, avaient déjà qualifié ces expérimentations « de mauvaise qualité”, car réalisées sur un nombre trop restreint de personnes.
La composition des remèdes homéopathiques devrait être étiquetée de manière similaire à d’autres produits de santé disponibles.
Un manque de contrôle.
Les scientifiques de l’EASAC abordent également le sujet du manque de contrôle lors de la fabrication des préparations homéopathiques, et donc des problèmes potentiels de sécurité. En France par exemple, avant d’être commercialisé, un produit homéopathique n’est pas obligé de déposer un dossier d’autorisation de mise sur le marché (essais toxicologiques, pharmacologiques et cliniques), contrairement à un traitement médicamenteux classique. Une indulgence qui date des années 1960 et que l’on retrouve dans une directive européenne de 2001. Pour la justifier, un article du Code de la santé publique évoque notamment « l’usage bien établi » du « médicament ou des souches homéopathiques le composant », et même une certaine « tradition homéopathique »…
Pour un étiquetage plus clair.
La composition des remèdes homéopathiques devrait être étiquetée de manière similaire à d’autres produits de santé disponibles, avec une description précise, claire et simple des ingrédients et de leurs quantités présentes dans la formulation,
défend encore le rapport des académiciens, alors qu’aux États-Unis, une loi de novembre 2016 oblige désormais les industriels de la granule à remplir les mêmes obligations que les autres, à savoir être en mesure de prouver leur efficacité à travers des études scientifiques dûment contrôlées. Et, dans le cas contraire, à afficher sur les boîtes vendues, en toutes lettres:
Il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité du produit
ainsi que
les allégations le concernant sont basées uniquement sur les théories de l’homéopathie du 18ème siècle, non acceptées par la plupart des experts médicaux actuels.
Dans certains cas, des effets « nocifs »
Sceptique, l’EASAC se veut même inquiet face aux effets « nocifs » que peut avoir l’homéopathie, lorsqu’elle retarde la consultation d’un médecin, « dissuade le patient de rechercher les soins médicaux appropriés », voire « fragilise la confiance des patients et du public envers la démarche scientifique fondée sur des preuves ».
En mai dernier, l’Italie s’émouvait ainsi de la mort d’un enfant de 7 ans à la suite d’une otite traitée uniquement à l’homéopathie, quand la persistance des symptômes aurait dû le conduire à consulter un médecin et à changer de médicamentation.
Un message adressé aux « décideurs européens ». Partant de ces constats, l’organisme européen demande la fin du remboursement des traitements à base d’homéopathie, qui peuvent actuellement être couverts à hauteur de 30% par l’Assurance maladie, dans le cas de la France. Et renvoie les autorités de santé des différents pays à leurs responsabilités, invitant
les décideurs de l’Union européenne à adopter une approche plus explicitement fondée sur des preuves.
Car si les membres de l’EASAC reconnaissent qu’il est important de laisser au malade le choix de son traitement, ils estiment indispensable que ce dernier soit correctement informé.
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