Parler en langues et possession démoniaque

de Pierre Oddon

C’est sur une demande expresse que je consens à mettre par écrit des choses qui ont fait partie de mon ministère mais dont je n’ai que très peu parlé. Ce qui suit n’est pas un traité doctrinal mais un témoignage. Si un témoin relate des faits il n’est pas toujours capable d’en donner l’explication.

J’ai donc attendu une quarantaine d’année avant de parler de ces choses (j’ai néanmoins toujours répondu aux questions posées). Avec ces décennies de recul je mesure la grâce que le Seigneur m’a accordée en me confrontant, dès le début de mon ministère, à des démons puissants puisqu’ils se faisaient passer pour Jésus Christ et pour l’Esprit Saint. On pourrait difficilement trouver mieux.

Contexte

J’ai grandi dans une famille authentiquement chrétienne et dans une église respectueuse de la Bible. L’enseignement fondamental était que les hommes sont pécheurs, éloignés de Dieu par leurs fautes mais qu’ils peuvent retrouver une relation avec Dieu par la confession de leurs péchés et l’acceptation du sacrifice de Jésus Christ à la croix. Jésus est le fils de Dieu qui a voulu payer la dette du péché qui nous séparait de Dieu : « il a souffert, lui le juste, pour nous injustes, afin de nous amener à Dieu. ».

Par contre je n’ai jamais entendu un enseignement sur les démons dans mon église. Certes on lisait les récits de l’évangile, même ceux qui parlaient de démons mais l’accent était toujours mis sur la puissance unique et merveilleuse du Fils de Dieu. La venue de Dieu sur la terre – en la personne de Jésus Christ – avait « réveillé » toute la puissance de l’Ennemi.

Plus simplement je dirai : Oui les démons ont existé, il se sont manifestés d’une façon exceptionnelle lors de l’incarnation de Jésus Christ mais vaincus par Jésus ils attendent d’aller dans le « feu éternel préparé pour le diable et ses anges ».

Étant « colporteur biblique » j’utilisais un fourgon aménagé et je stationnais à différents emplacements. J’ai eu cette activité pendant 26 ans et j’ai eu d’innombrables contacts avec un public parfaitement hétéroclite.

Dès lors diverses questions se posèrent à moi :

Pourquoi des démons à toutes les pages de l’Évangile et plus de démons aujourd’hui ?

Les démons se manifestent-ils toujours de nos jours dans notre France civilisée ou ont-ils réellement disparu après la venue de Jésus Christ ?

Tout le monde était à peu près d’accord que des démons se manifestaient encore actuellement dans des milieux animistes, polythéistes etc. mais avaient-ils réellement quitté nos pays christianisés pour se réfugier et se regrouper tous en Afrique ?

Ce parler en langues déclamé à forte voix par un « chrétien pentecôtiste du  coffee-bar » voisin était-il le vrai « parler en langues » de la Bible? Pourquoi me mettait-il si mal à l’aise ?

Des questions qui étaient pour moi, jusque-la, sans réponse.

Ma première confrontation

Un homme jeune, nouvellement marié me dit :

« je suis chrétien et je fréquente l’Église Baptiste d’à coté. Ma jeune femme parle en langues, a des visions etc. je me demande si tout cela vient de Dieu… »

Je répondis : Je ne sais pas, il vaudrait mieux qu’on se rencontre.

Le rendez-vous étant pris me voilà dans de beaux draps ! Ne sachant où je mettais les pieds j’eus la sagesse de faire plusieurs choses :

  • Prier pour demander le discernement et la protection de Dieu
  • M’informer sur ces questions qui m’étaient étrangères
  • M’associer un témoin
  • Prendre un petit enregistreur Sony (à cassette ! 1986)

19 Mars 1986 :

Mon ami et moi entrons et sommes reçus par un jeune couple. La jeune femme (jf) de 20 ans est belle, blonde, avenante. Sa tenue est assez provocante – surtout à l’époque – mini jupe, talons hauts … Je mets discrètement mon enregistreur en marche et le pose sur un meuble. C’est la raison pour laquelle j’ai une preuve irréfutable des faits. Je signale que cet enregistrement a résisté à tous les aléas de la longue vie … depuis près de 40 ans ! Je n’en ai jamais fait d’autre.

Dans la relation pastorale nous réglons certains points douteux, la jf confessant certaines choses et demandant pardon au Seigneur. Nous prions pour sa délivrance complète et il me semble que nous avons fait ce que nous devions faire.

Je dois ici préciser un détail qui a son importance. Étant assis à coté de la jeune femme autour d’une petite table ronde, j’étais gêné par sa mini jupe qui avait perdu encore une dizaine de centimètres lorsqu’elle s’était assise. Je lui en ai fait la remarque et lui ai demandé si elle n’aurait pas un autre vêtement car cela me déconcentrait. Elle rougit et est allée se changer. La suite a montré que j’avais bien fait car elle avait – entre autres – un esprit nommé « séduction »….

C’est alors que tout commence !

Les instructions de la Parole de Dieu sont claires mais je ne les avais jamais expérimentées. La Bible nous commande :

C’est clair et simple.

Je lui demande si, suite à la confession et aux prières, elle peut toujours prier en langues et  de me dire si elle a toujours des visions. Oui elle parle toujours en langues et a diverses visions qui me semblent suspectes.

« Éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu …Tout esprit qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu, tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est pas de Dieu » Jean 4.1-3

Nous étant mis ensemble sous la protection du Seigneur je pose alors la question à l’esprit (et non à la jf, à qui j’avais demandé de ne pas me répondre) pendant qu’elle parlait en langues:

« Esprit, confesses-tu Jésus Christ venu en chair ? »

La réaction fut immédiate et trois choses simultanées se passèrent

  • Ses poings tapèrent avec violence sur la table
  • Ses pieds tapèrent le sol avec force
  • Une voix puissante répondit : NON !

Le problème était posé …il ne manquait plus que la solution. C’est plus facile à dire qu’à faire … c’est ainsi que le novice que j’étais entra dans le domaine suspect des « exorcistes » soit en vrac : chamanes, sorciers, prêtres exorcistes etc.

Les choses allaient très vite et il fallait assumer. J’avais le privilège de connaître l’enseignement de la Parole qui seule pouvait me guider :

  • Le Seigneur Jésus chassait les démons
  • Les disciples chassaient les démons
  • Les apôtres chassaient les démons
  • De simples croyants chassaient les démons

Cela faisait beaucoup. Par contre les épîtres ne donnent pas bien de détails sur la pratique de la chose.

J’avais donc devant moi une sœur en Christ possédée et il devait y avoir obligatoirement une solution. Une piste était 1 Co 12.3 : « je vous fais savoir que … nul ne peut dire ‘Seigneur Jésus’ si ce n’est par l’Esprit Saint. », dit Paul. Je lui ai donc demandé de confesser Jésus Christ comme Seigneur. Elle l’a fait immédiatement sans problème puisque c’était une enfant de Dieu. Voilà qui me laissait perplexe mais je me suis aussi rappelé que le Seigneur différencie clairement la personne, de l’esprit qui est dans la personne : (Mc 5.8 ; 9.25 ;Cf. Ac 16.18)

Je me suis aussi rappelé que le Seigneur avait demandé à l’esprit son nom (Mc 5.9 et Lc 8.30)

Plus tard j’ai compris qu’un démon qui donnait son nom reconnaissait l’autorité de celui qui commandait. Dès lors c’est le « commencement de la fin » pour l’esprit mauvais.

Quelqu’un dira : mais Dieu a donné le don de discerner les esprits et c’est important. Certes. Si vous l’avez vous êtes sûr de ne jamais vous tromper. Mais moi je n’avais pas conscience d’avoir reçu ce don. Dans les évangiles et les actes il ne nous est pas dit que les personnes qui chassaient les démons avaient un don. Ils chassaient les démons parce que le Seigneur leur avait dit de le faire : aussi simple que cela ! Et même en 1 Co 12, il n’est pas exactement parlé du don de chasser les esprits mais de « discernements d’esprits ». Ce qui est certain et établi c’est qu’au début de l’après-midi je ne savais rien et que 2h00 après j’avais identifié 7 démons et qu’ils avaient été chassés au nom du Seigneur Jésus Christ.

Je pourrais donner le détail de ce qui s’est passé (puisque j’ai un enregistrement d’une heure) mais je ne pense pas qu’il y en aura un profit pour le lecteur. La Parole est aussi sobre sur ces questions d’exorcisme, qu’elle l’ait sur les guérisons divines. Le fruit parle de lui-même.

Exceptionnellement je peux mettre à disposition un extrait de 2,15 mn. C’est un des moments les plus forts puisque :

  • L’esprit de langue démoniaque s’appelle Jésus (d’où l’importance fondamentale de donner toujours à notre Seigneur Jésus Christ ces titres de gloire (Lire à cet égard le premier paragraphe de 1 Co 1 et de 1 P 1 pour en être convaincu)
  • J’ai constaté qu’il pouvait y avoir plusieurs démons (Cf. Lc 8.30 ; Mc 16.9)
  • L’esprit ne répond pas toujours et peut résister (comme cela fut le cas en Marc 5.7-10 pour la rencontre de Jésus avec le démon légion)
  • Malgré sa résistance il cède finalement et part.
  • L’Esprit peut sortir en poussant un cri, comme en Lc 4.41 (c’est la seule fois que j’ai eu ce phénomène)

Leçons pratiques: Satan est plus fort que nous mais Jésus Christ l’a vaincu à la croix. Si le Seigneur place un tel cas devant nous nous pouvons le résoudre par la foi en sa Parole et la confiance en la puissance du Saint Esprit.

Deuxième témoignage

La Parole de Dieu affirme que sur la base de deux témoignages les choses sont établies. C’est donc la raison de partager avec vous un second cas qui est complémentaire du premier.

Octobre 1986 : Je suis avec mon fourgon sur la Canebière, rue principale de la ville de Marseille. Deux jeunes femmes s’approchent, poussant un petit enfant dans une poussette. Une d’entre elles frappe à la porte plexi du fourgon et me pose une question. Je réponds alors elle dit à la maman de l’enfant : va faire un tour je veux parler avec ce monsieur. J’apprendrai par la suite qu’elle avait demandé au Seigneur un signe et que je l’avais donné sans m’en rendre compte.

Elle me dit qu’elle se rassemble dans une église pentecôtiste de la côte d’Azur et qu’un missionnaire, travaillant en Afrique, était passé dans son église. A la fin de sa prédication il avait demandé aux personnes de s’approcher si elles voulaient être guéries par imposition des mains. Puis il demanda si des personnes voulaient aussi recevoir « le Saint Esprit ».

Voilà le témoignage de la jf : « J’ai senti que quelque chose entrait en moi et j’ai parlé en langues ; mais le problème c’est que depuis ‘je ne m’appartiens plus’. Ma tête est devenue une sorte d’autoroute où des tas d’idées – qui ne sont pas les miennes – me traversent. Est-ce que vous pensez que c’est le Saint Esprit qui fait cela ? »

Je lui ai dit que la première chose à faire était de prier. Ce que nous fîmes ensemble assis à la table de mon camping-car. Suspectant un problème je la regardai pendant qu’elle priait. Ces yeux se révulsèrent et avec une assurance non coutumière dans ce domaine je lui dis : « Mademoiselle vous êtes possédée ! »

Il n’y avait pas beaucoup de monde dans la rue mais j’avais le souvenir du cas précédent : Si elle crie, je vais me trouver dans une situation difficile !

J’ai utilisé la même méthode : Cette fois-ci je lui demande en premier quel est ton nom ? » il répond : « Saint Esprit » . Alors je lui dis : « Confesses-tu Jésus Christ venu en chair ? ».

Pas de réponse mais un signe de tête pour dire oui. Je suis conscient que  « confesser » n’est pas hocher la tête ! Je lui demande alors de le dire à haute voix. C’est alors qu’une voix caverneuse masculine, empâtée, hachée dit

« Je confesse que Jésus Christ est venu, est venu, en …. en … esprit ! » 

Je répondis : tu n’es pas le Saint Esprit mais un esprit de Satan ! Il le reconnut par un signe de tête !

Le diagnostic était posé mais le problème n’était pas résolu pour autant.

  • J’ai essayé de chasser le démon dans mon fourgon mais en vain
  • Je me suis associé un autre serviteur de Dieu et nous avons essayé, en vain.
  • Persuadé que le Seigneur nous donnerait la victoire j’ai employé les grands moyens : jeûne, prière, deux vieux collaborateurs et une équipe de prière présente dans la salle … Des choses se sont passées : manifestations violentes du démon, j’ai du ceinturer la jeune fille et j’ai appris pourquoi, quand et comment le démon était entré :

« Elle m’a dit : ‘esprit viens’ alors je suis venu.»

etc. Malgré tout cela nous n’avons pas réussi à chasser le démon ! Nous étions vaincus !

Environ 1 mois après je reçois une lettre

« Merci monsieur pour tout ce que vous avez fait pour moi : je suis entièrement délivrée … »

Comprenne qui pourra !

Conclusion

Que ces deux témoignages soient une mise en garde sérieuse pour toute personne concernée par le parler en langues.

A propos de la cène du Seigneur, Paul nous demande de « nous éprouver nous-mêmes » (1 Co 11). Il me semble juste de dire qu’il faut faire pareil avec le parler en langues.

  • S’il correspond à Actes 2, il s’agit de langues étrangères facilement vérifiables et traduisibles.
  • S’il correspond à 1 Co 14 parce que incompréhensible par un être humain, il faut qu’il y ait obligatoirement une traduction pour être édifié car jamais personne n’a jamais été édifié par un discours qu’il ne comprends pas ! Si on le fait publiquement sans traduction c’est qu’il y a un double problème :
  • La personne n’obéit pas à la Parole (Cf. Ac 5.32)
  • L’église ne met pas en pratique la Parole. (1 Co 14.5, 27)

Ce simple contrôle peut éviter de graves problèmes. La séduction ne fait que s’amplifier (2 Co 11) et les enfants de Dieu peuvent être séduits (Jc 1.22)

Néanmoins il est faux de dire que toute personne qui parle en langues est possédée par un démon. J’ai pu ainsi collaborer de faon heureuse avec des pasteurs et des serviteurs dans l’œuvre du Seigneur. J’ai aussi rencontré de très nombreux chrétiens qui « parlaient en langues » et qui n’étaient pas possédés. Leur parler en langues était généralement psychique. C’était un charabia répétitif, n’ayant aucunement la structure d’une langue. Il était intraduisible … même par ceux qui prétendaient avoir reçu le don d’interprétation des langues … qui l’ont reconnu. Dès lors une remise en question est nécessaire pour avoir une croissance spirituelle normale.

J’ai d’autres témoignages comme celui-ci mais il est clair que ces deux cas sont suffisants pour interpeller  une personne qui aime le Seigneur. Pour les autres « on croit ce que l’on veut croire. »

Bien entendu j’ai eu toutes les questions possibles et reçu toutes les attaques que vous pouvez supposer. La principale est : « Le Saint Esprit ne peut cohabiter avec un démon », remarque du même niveau que : « Dieu n’est pas omniprésent, car cela l’obligerait à être en enfer. Soit l’enfer n’existe pas, soit Dieu n’est pas omniprésent ».

Un témoignage est un témoignage chacun est libre de croire ou de rejeter ce que je dis. C’est votre responsabilité ce n’est pas la mienne.

Je crois devoir vous avertir que le terrain de l’exorcisme est dangereux. On ne s’oppose pas à l’ennemi sans réactions. La pratique demande donc une certaine maturité spirituelle, une vie sainte (qui n’offre pas de prise à l’ennemi) une humilité et une dépendance sans lesquelles on s’expose à des expériences douloureuses. ( Cf. Actes 19.15-16)

Je pense avoir été gardé dans mon service par le fait que je n’ai jamais cherché la notoriété et que j’ai assumé simplement ma responsabilité quand le Seigneur a mis des cas sur mon chemin. Je n’en ai jamais cherché.

Oui, Jésus Christ est Seigneur ! Qu’à lui seul soit la gloire !

Le 26 Février 2024

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