Par Sophie Bordier
LA SECTE Soka Gakkaï telle que les habitants de Chartrettes ne l’ont jamais vue. Jeudi soir, la plupart des soixante personnes présentes à la salle polyvalente ont « découvert » la vraie nature des propriétaires du château du Pré, acquis en 1992 par la secte japonaise, reconnue comme très dangereuse par le dernier rapport parlementaire sur le sujet. L’occasion ? La diffusion d’un reportage, à l’initiative du comité contre les manipulations mentales. « On n’entend jamais rien de ce château. On se demande de quoi ils vivent. Ce film m’a éclairé », commente une habitante. Les faits sont éloquents : 12 millions d’adeptes au Japon, 10 000 en France, un empire financier, politique ; deux châteaux en Ile-de-France, un centre européen en Provence, etc. Et un fort soupçon d’espionnage industriel. Bref, « une secte en col blanc », selon le journaliste Jacques Cardoze, présent jeudi. Maire de la commune, Tino Petruzzi botte en touche. « J’ai été piégé. Un jour, des gens comme vous et moi se sont présentés comme les nouveaux propriétaires du site. Ils se disaient Mouvement laïc du bouddhisme et ne demandaient rien, sinon l’autorisation de mener des travaux dans les dépendances. Le bouddhisme m’a toujours intéressé. Voilà ! Puis, l’actualité m’a dépassé, tout le monde a eu peur ici. Depuis, les gens s’interrogent moins sur le château que sur la secte elle-même. »
« Vraiment pas rassurée »
Le hic : selon Anne Fournier, déléguée de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, « son statut d’association, type loi de 1901, ne l’oblige à aucune transparence sur ses activités ». L’ouverture de la Soka sur Chartrettes ? « Des journées portes ouvertes deux fois. Sinon, rien. Un couple et leurs enfants vivent dans le château. Le week-end, on voit des bus et des belles voitures y entrer. Il s’agit de séminaires pour les cadres de la Soka », relate le maire. Un habitant l’interpelle. « Qu’est-ce que cela rapporte à Chartrettes ? « La taxe d’habitation et les impôts fonciers », répond Petruzzi. Commentaire sceptique de Liliane Combourieu, qui réside juste à côté du château : « Je suis informée, mais vraiment pas rassurée »