Dictionnaire de la bible 1849 : Article sur la Création

Nous reproduisons cet article ancien de Jean-Augustin Bost sur la Création pour les chercheurs et historiens en théologie, et en donnons un cours commentaire. .

Commentaire de Vigi-Sectes :

Les années 18xx furent une époque charnière, ou une division se cristallisa au sein du Christianisme. Les uns tentèrent d’adapter le récit de la Genèse aux théories naturalistes pseudo-scientifiques séculières de l’époque, les autres firent confiance aux Ecritures.

Les première lignes de cet article

L’influence du Darwinisme est immédiatement visible et a irrémédiablement creusé ses sillons.

On pourrait titrer cet article libérale ainsi :

L’art de prétendre s’attacher une foi scripturaire conservative tout en aplanissant le chemin pour s’en défaire.

Une citation d’un « professeur d’histoire, naturelle » signe l’autorité de l’inspiration de cet essai sur la création. C’est donc la philosophie du naturalisme qui gagnera.

… Pour cela nous avons deux sources d’instruction à étudier : la Bible et la nature. « Les œuvres de Dieu et la parole de Dieu sont les deux portes du temple de la vérité ; comme elles proviennent d’un même auteur souverainement sage et tout-puissant, il est impossible qu’il y ait entre elles aucune contradiction ; mais elles doivent, pour ceux qui les comprennent dans leur vrai sens, s’expliquer et se confirmer réciproquement, quoique d’une manière et par des voies différentes. » (Gaede, prof, d’hist, nat. à Liège.)

On entend presque dans ce « vrai sens » le chuchotement du « Dieu a-t-il vraiment dit ». Il mets en garde ses lecteurs du danger de

la « Science » au début d’une manière pieuse,  » « Vous êtes dans l’erreur parce que vous n’entendez pas les Ecritures ni quelle est la puissance de Dieu,» Matth. 22, 29. Il est une science en particulier, qui résume à elle seule presque toutes les sciences naturelles, et qui, quoiqu’elle n’existe que depuis peu d’années, remonte par ses découvertes jus qu’aux premiers âges du monde ; une science remplie d’attrait pour ceux qui en ont fait l’objet de leurs études, et qui plus que toute autre peut-être, a conduit à des résultats erronés et antiscripturaires, ceux qui n’étaient pas soutenus par une foi ferme à la parole de Dieu. »


L’exégèse et la conclusion

Jamais il ne parle de manière catégorique de fausse science. Par contre il défait les fondements de toutes les doctrines de la Bible: La creation de la Genèse.

Le terme principale de la création est Bara, c’est d’ailleurs le premier mot de la Bible une fois que l’on annonce le sujet par « Au commencement ».

L’auteur permet toutefois à « un savant professeur anglais, le docteur Pusey » de redéfinir ce terme clef :

« C’est donc le contexte, qui doit décider du sens du mot bara, et nous indiquer s’il faut le traduire par : tirer du néant, ou par : donner une nouvelle forme à une substance qui existait déjà

Et là, il capitule, ce sont les « découvertes récentes de la géologie » qui ont le dernier mot, « par des preuves irrécusables« . Évidemment, les preuves d’un lointain passé ne peuvent que manquer, devant le livre qui connaît le passé comme le futur.

bonne lecture !


DICTIONNAIRE DE LA BIBLE CONCORDANCE RAISONNÉE DES SAINTES ÉCRITURES CONTENANT, EN PLUS DE 4,000 ARTICLES :

Par Jean-Augustin Bost

IMPRIMERIE DE MARC DUCLOUX ET COMPAGNIE, 1849


CRÉATION. 

Acte du Dieu éternel et tout puissant, par lequel il appelle à l’existence des choses visibles et invisi­bles, matérielles ou spirituelles, Apoc. 4, 11. Ps. 148, 5, sq. Ce mot s’entend aussi, par extension, de l’univers, de l’ensem­ble des choses créées ; mais nous n’avons à le considérer ici que dans le premier de ces deux sens, c’est-à-dire comme acte créatif. L’homme, être borné et dé­chu, ne peut pénétrer les conseils mysté­rieux de l’Eternel, et découvrir par lui même la date, le mode, ni les raisons de la formation de l’univers ; Job 41, 7. 8. Et si quelque téméraire se permet dans son orgueil de disserter sur ces choses d’une manière contraire à la Bible, ou cherche à découvrir ce qu’il a plu à Dieu de nous cacher, l’Eternel lui-même con­fond son audace et le fait rentrer dans la poussière, Job 38.

Mais si par nous-mêmes nous ne pou­vons découvrir les choses cachées de Dieu, nous pouvons et devons chercher à connaître ce qu’il lui a plu de nous en révéler. Pour cela nous avons deux sources d’instruction à étudier : la Bible et la nature. « Les œuvres de Dieu et la parole de Dieu sont les deux portes du temple de la vérité ; comme elles proviennent d’un même auteur souverainement sage et tout-puissant, il est impossible qu’il y ait entre elles aucune contradiction ; mais elles doivent, pour ceux qui les compren­nent dans leur vrai sens, s’expliquer et se confirmer réciproquement, quoique d’une manière et par des voies différen­tes. » (Gaede, prof, d’hist, nat. à Liège.) Et de même que les œuvres visibles de la création de Dieu nous sont données pour nous apprendre à connaître ses perfec­tions invisibles, Horn. 1,20., ainsi, c’est en prenant la bible pour guide que nous devons étudier cette création visible et les œuvres merveilleuses de l’Eternel ; sans cela nous sommes exposés à tomber dans les systèmes les plus faux et les plus absurdes, comme il est déjà arrivé à plusieurs savants, auxquels on peut bien appliquer le reproche que* Jésus adres­sait aux Juifs : « Vous êtes dans l’erreur parce que vous n’entendez pas les Ecri­tures ni quelle est la puissance de Dieu » Matth. 22, 29. Il est une science en par­ticulier, qui résume à elle seule presque toutes les sciences naturelles, et qui, quoiqu’elle n’existe que depuis peu d’an­nées, remonte par ses découvertes jus­qu’aux premiers âges du monde ; une science remplie d’attrait pour ceux qui en ont fait l’objet de leurs études, et qui plus que toute autre peut-être, a conduit à des résultats erronés et antiscripturaires, ceux qui n’étaient pas soutenus par une foi ferme à la parole de Dieu. Nous vouions parler de la géologie, dont l’in­crédulité a si souvent essayé de se faire une arme contre la Bible. Mais à mesure qu’elle a été mieux étudiée, et que les faits et les monuments qu’elle présente ont été examinés de plus près, l’on a re­connu que loin d’ébranler en aucune ma­nière l’autorité de la Bible, elle n’a fait que confirmer le récit de Moïse d’une manière frappante et inattendue. C’est ainsi que les calculs remarquables du cé­lèbre Cuvier pour connaître l’âge du monde et l’époque du déluge, ont offert un résultat qui coïncide exactement avec la Genèse (Discours sur les révolutions de. la surface du globe). — Mais cette science est encore dans son enfance, et s’il nous est permis de donner un conseil nous voudrions engager ceux de lecteurs qui auraient à s’en occuper premièrement à n’étudier la géologie qu’avec humilité et respect, en pensant que la nature est comme la Bible, mais pas plus que la Bible, le livre de Dieu ; ensuing ne pas s’effrayer, ni se laisser ébranler dans leur foi, par des découvertes futur qui sembleraient en contradiction avec la révélation écrite, ou avec des systèmes cosmogoniques proposés même par des hommes pieux. Il ne peut, nous le répétons, y avoir contradiction réelle, et trouvera toujours que lorsqu’il y en au­rait une apparente, cela vient de ce qUe nous n’avons pas compris l’un ou l’autre de ces livres ; mais la vérité est une, et le Dieu fort est vérité, Deut. 32,4.

Après ces remarques préliminaires l’on nous comprendra lorsque nous di­rons que ce n’est qu’avec crainte et tremblement que nous osons hasarder quelques explications sur l’œuvre de la création, telle qu’elle est rapportée dans le premier chapitre de la Genèse, car ce sont là les choses difficiles et mystérieuses de l’Eternel, et connaissant à peine « les bords de ses voies, » Job 26, 14., nous craignons, nous aussi, « d’obscurcir son conseil par des paroles sans science.

« Dieu créa au commencement le ciel et la terre, » Gen. 1,1.— La signification pro­pre du mot créer est: tirer du néant, faire une chose de rien ; c’est pourquoi les traducteurs de la Bible s’en sont servis pour rendre le mot hébreu bara qui n’a pas tout à fait la même portée ; mais la langue hébraïque n’en possédant point d’autre qui pût indiquer exactement l’acte par lequel Dieu produit une chose, sans la former d’une substance déjà existante, les écrivains sacrés ont dû employer ce mot bara, qui signifie proprement former, mettre en ordre (Calmet), mais dont la ra­cine primitive semble plutôt contenir sens de séparer, (Simonis, Lex. Hebr.) C’est peut-être à cette idée que correspond l’expression française: Dieu débrouilla le chaos. En effet, nous voyons que des trois premiers jours, dans Ie recit de Moïse, est en grande partie une oeuvre de séparation : Dieu sépare la lumière d’avec les ténèbres, il sépare les eaux su­périeures des eaux inférieures, il sépare la terre sèche d’avec la mer, il sépare le jour d’avec la nuit. Et lorsque Moïse em­ploie le mot créer, cela ne signifie point toujours tirer une chose du néant, mais souvent tirer une chose d’une autre sub­stance pour lui donner une forme nou­velle ; ainsi, par exemple, Dieu crée l’hom­me à son image, Gen. 1, 27., et cepen­dant il le tire de la poudre de la terre, 2,7. Malgré cette double interprétation dont le mot bara est susceptible, nous savons positivement que la matière n’a pas toujours existé, qu’elle a eu une ori­gine, car l’Esprit-Saint nous le déclare, soit, Gen. 1, 1., en nous disant que les deux et la terre ont eu un commence­ment, cf. 2, 4., soit dans le commentaire qui nous en est donné ailleurs par le mê­me Esprit, Hébr. 41,3. Ps. 33, 9. Et la sagesse de Dieu qui est la même chose que sa parole éternelle. le verbe incréé « qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu, » nous parle d’un temps an­térieur à l’existence de notre globe, où elle était ses délices «lorsqu’il agençait les cieux et qu’il traçait le cercle au-dessus des abîmes, lorsqu’il n’avait point encore fait la terre, ni le commencement de la poussière du monde, » Prov. 8, 22-30.

« C’est donc le contexte, » dit un sa­vant professeur anglais, le docteur Pusey, (vBuckland Bridgewater Treatise, vol. I, P22.) « qui doit décider du sens du mot bara, et nous indiquer s’il faut le traduire par : tirer du néant, ou par : donner une nouvelle forme à une substance qui existait déjà.

«  Quoique Moïse se serve, en parlant des œuvres de Dieu, tantôt du mot bara, tantôt du mot hazah (il lit), il paraît ce­pendant que la première de ces expressions a une énergie particulière, et ne Peut s’employer que pour décrire l’action de Dieu, tandis que la seconde peut s’appliquer aussi à l’action des hommes.

Après avoir soigneusement comparé à  un grand nombre de passages ( Esaïe 43, , Nomb. 16, 30. Ps. 104, 30. sq.), et avoir fait une étude attentive de ce sujet, Je suis arrivé à cette conclusion, que les mots créer et faire, employés en parlant de Dieu, sont synonymes, avec cette  différence que la première de ces expressions est la plus forte des deux, quoique Moïse semble quelquefois les employer indifféremment : Ainsi, Gen. 1, 24. Dieu créa les grands poissons; v. 28, Dieu fit les bêtes de la terre; v. 26, faisons l’homme à notre image; v. 27, Dieu créa donc l’homme.

M. de Rougemont (Fragments d’une Histoire de la terre, p. 113.) voit quel­que chose de plus dans la manière dont Moïse se sert de ces mots; il dit que « créer signifie former un type nouveau, tandis que faire est restreint au dévelop­pement d’un typé déjà existant : ainsi, dit-il, Dieu crée l’animal, l’homme, 1,2027 ; mais une fois les animaux aquatiques existants, il ne crée pas les animaux ter­restres, il les fait. »

Nous ne prétendons pas décider quelle peut être la valeur de cette observation, mais nous croyons devoir ajouter en dé­veloppement de l’idée de cet auteur, que les eaux et les airs contenant parmi leurs habitants des créatures qui appartiennent aux quatre grands embranchements du règne animal, les types existaient tous avant la formation des animaux terrestres, qui n’étaient pour ainsi dire qu’un déve­loppement de ceux qui avaient été créés le cinquième jour; tandis que l’homme étant non seulement un animal plus parfait que les autres par les organes dont il était doué, mais encore le seul habitant de la terre auquel Dieu eût donné une âme de la même nature que l’Essence divine, pouvait bien être considéré, quant à son corps, comme un développement d’un type antérieur, mais quant à cette âme vivante, faite à l’image de Dieu, c’était bien réellement comme une création nouvelle ; ce qui expliquerait pourquoi la Genèse se sert des deux expressions faire et créer, quand il s’agit de l’homme. 

« Ce qui est bien plus important pour l’interprétation du premier chapitre de la Genèse, c’est de savoir si les deux premiers versets contiennent une espèce d’introduction, un simple résumé de ce qui va être dit plus en détail dans le reste du chapitre, ou s’ils sont l’expression d’un acte de création distinct de ceux dont il est parlé dans les versets suivants.

« Cette dernière interprétation paraît être la véritable comme la plus naturelle. En effet, nous n’avons dans la Bible au­cun autre récit d’une création primitive, et de plus il semble que le deuxième ver­set soit une description de la matière créée, avant l’arrangement qui en allait être fait en six jours ; ainsi la création du commencement doit être distinguée de la création des six jours ; d’autant plus que le récit de ce qui s’est passé dans cha­cun de ces jours est précédé de la décla­ration que « Dieu dit, » ou voulut l’événe­ment qui suit immédiatement ; par con­séquent il semble que la création du pre­mier jour doit avoir commencé lorsque ces mots : « Et Dieu dit, » sont employés pour la première fois, c’est-à-dire pour la création de la lumière. De même, si c’est bien là le commencement de l’œuvre des six jours, il est clair que cette création ne fait que donner une nouvelle forme, un nouvel arrangement, et pour ainsi dire, meubler d’une manière nouvelle un monde qui existait déjà, car nulle part dans le récit des six jours il ne nous est dit que Dieu fit, ou créa l’eau, ni la terre, ni les ténèbres, choses déjà existantes (résultat d’une création précédente), lesquelles il ne fait, dans les premiers jours, que séparer les unes des autres et les mettre dans un ordre nouveau. « (Buckland’s 1,22).

Nous croyons donc que le v. 1 nous parle d’une création primitive des choses matérielles, sans en indiquer l’époque qu’il ne nous importe probablement pas de savoir. Ceci n’est point une opinion nouvelle; c’est celle de plusieurs pères de l’Eglise (voir Pétavius, Dogm. Theol., tom. III. De opificio sex Dierum, Lib. 1. Cap. 1, §8, et cap. 11, §1-8). Les uns voyaient dans les deux premiers versets de la Genèse le récit de la création d’un monde primitif; d’autres, comme saint Augustin, Théodoret, y voyaient la première formation de la matière; d’autres, celle des éléments ; d’autres croient que les cieux dont il est question au v. 1 sont, non le ciel atmosphérique de notre terre qui ne fut créé que le deuxième jour, mais ce qui est appelé ailleurs les cieux des cieux.

Nous voyons, en effet, que quoique la Genèse emploie le même mot Shamayim pour désigner ces deux choses, la Bible les distingue ailleurs, comme Néh. 9. 6.

La racine du mot hébreu qui signifie ciel, étant le prétérit inusité shamah, être élevé, le mot shamayim signifierait les hauteurs, ou les espaces élevés, et shemé hasshamayim (les cieux des cieux), seraient les espaces infiniment élevés, oil l’immensité avec tout ce qu’elle contient, et par conséquent cette multitude innom­brable d’étoiles ou de mondes, qui fe­raient ainsi partie de la première création, indiquée Gen. 1, 1., et que le v. 16 ne fait que rappeler en passant, en parlant du moment où le soleil devint lumineux pour la terre.

Le fameux passage de saint Pierre, 3, 5-13., qui résume en quelques mots les destinées de notre planète, autorise la différente interprétation du mot cieux dans les versets \ et 8 , et montre que le ciel du deuxième jour, c’est-à-dire l’at­mosphère, suit le sort de notre globe et de ses révolutions. Il est évident, en effet, que les cieux antédiluviens qui ont été détruits, ne comprenaient pas les astres, car alors le soleil, la lune, et les étoiles qui existaient avant le déluge auraient aussi péri ; la future destruction par le feu, des cieux et de la terre d’à présent, n’est donc point non plus une catastrophe qui doive envelopper tout l’univers, mais seulement une grande révolution qui doit changer l’état et l’apparence de notre globe ; un feu purifiant qui le nettoiera de sa souillure comme l’or fondu dans le creuset est dégagé par le feu des matiè­res impures qui le ternissent; révolution après laquelle le monde et ses habitants seront rétablis dans l’état de pureté et d’innocence, d’où le péché d’Adam les avait fait déchoir.

L’ interprétation que nous venons de donner du v. 1 semble confirmée aussi par l’expression remarquable qui termine le v. 3 du deuxième chapitre : « Dieu se reposa de toute l’œuvre qu’il avait créée pour être faite. » — Ne semble-t-il pas que ce passage est un de ceux dans lesquels le Tout-Puissant soulève à nos yeux un coin du voile qui nous cache la profondeur de ses conseils P Ne semble-t-il pas nous dire qu’il avait de longue main préparé une demeure aux hommes, qu’il avait créé cette terre dans les jours d’autrefois pour être faite, c’est-à-dire pour être façonnée plus tard, de manière à ce qu elle pût être habitée par des créa­tures dans lesquelles il voulait mettre son plaisir? Prov. 8, 31.

Il fit toutes ces choses par degrés, ajoutant une bonne chose à une autre bonne chose, jusqu’à ce qu’il jugeât que tout était très bon, Gen. 1,31., afin d’y rendre heureux des êtres formés à son image, à qui il voulait remettre la domi­nation sur toutes les merveilles qu’il ve­nait d’appeler à l’existence.

Quand il ne nous resterait d’autre par­tie de la révélation que les premiers cha­pitres de la Genèse, n’aurions-nous pas là une preuve éclatante de la bonté infi­ni** de notre Créateur et du soin paternel que sa Providence prend des hommes ? Oui, cet Être tout puissant qui s’occupait de notre bonheur, tant de siècles avant l’existence de notre race, ne peut pas nous avoir délaissés, et si le mal est en­tré dans le monde, et a gâté cette terre très bonne où Dieu avait placé Adam, soyons sûrs que celui qui a mis tant de soin à nous former pour le bonheur, aura aussi mis à notre portée un remède à nos maux, un moyen de relèvement après notre chute, un sauveur enfin assez puis­sant pour empêcher que cette terre et ses habitants qui étaient sortis très bons de la main de Dieu, ne continuent à être entraînés à jamais dans le chemin du mal.

Mais pour cela, il faut qu’une création nouvelle s’opère en nous, et que cette parole divine par qui et pour qui toutes choses ont été faites, renouvelle en nous l’ image de Dieu que le péché a détruite, 1 Cor. 15, 47.49. 2 Cor.5,17. Eph. 4,24.

v. 2. « Et la terre était sans forme et vide ; les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux. » — ( Le mot abîme semble être synonyme des eaux sur lesquelles se mouvait l’Esprit de Dieu ; v. Job 38, 30. Ps. 42, 8.104, 6. Jonas2, 0. sq.)

Si le v. 1 se rapporte à la première création de toutes choses, dont rien ne peut nous faire même deviner l’époque, il se peut que des millions d’années se soient écoulées entre ce moment et la création de la lumière sur notre terre.

( Dans la Bible de Luther, imprimée à Wittenberg, en 1557, on trouve le chiffre 1. marqué en tête du v. 3, comme étant le commencement de l’histoire de la créa­tion. Dans d’anciennes éditions anglaises où la division en versets n’était pas en­core adoptée, il y a un double interligne entre les v. 2 et 3. Pusey.)

Le v. 2. décrit l’état du globe immé­diatement avant le commencement du pre­mier des six jours, c’est-â-dire sur le soir du premier jour ; car, suivant la compu­tation mosaïque, chaque jour commence avec le soir, et dure jusqu’au soir du jour suivant. Le premier jour serait donc la lin de la période indéfinie de la première existence du monde. Dans ce v. 2. il est fait une mention spéciale de la terre et des eaux comme existant déjà, mais envelop­pées de ténèbres. Les mots thohou vabohou décrivent cet état de confusion et de vacuité que les Grecs représentent par le mot Chaos. Ils sont encore employés dans le même sens, Es. 34, II. Ps. 107, 40.

Le mot vide, de nos traductions fran­çaises, ne rend pas très bien la significa­tion, car il donne l’idée d’un corps creux, tandis qu’ici il faudrait exprimer un vide extérieur : la terre était vide d’habitants, vide de parure, aride et dépouillée. D’où provenait cet état chaotique ? Etait-ce ainsi que la terre était sortie des mains du Créateur ? Etaient-ce les ruines d’un monde antérieur ? Nous l’ignorons: peut-être Dieu avait-il dit d’un ordre de cho­ses plus ancien ce qu’il dit plus tard du monde moderne, par la bouche de son prophète, Jér. 4, 23. sq. : « La terre sera dans le deuil, les deux seront noirs au-dessus ;… j’ai regardé la terre, et voici, elle est sans forme et vide, etc. »

Ne semble-t-il pas que l’Esprit saint ait voulu nous représenter par ces paro­les une effrayante révolution de notre globe dont le chaos aurait été le résultat? S’il était permis de traduire en langage non inspiré les paroles de l’écrivain sa­cré , nous croirions pouvoir paraphraser ainsi les premiers versets de la Genèse :

« Toutes les choses que nous voyons et dont nous pouvons connaître l’existence, soit sur la terre que nous habitons, soit au-delà, doivent leur être à un Dieu sou­verainement bon, sage et puissant, qui a fait sortir la matière du néant, dans des temps infiniment reculés et dont la date nous est inconnue. Ce Dieu tout bon ju­gea à propos de créer une race d’êtres intelligents auxquels il donna le nom d’hommes, et voulant leur préparer une demeure, il choisit pour cela un de ces globes qu’il avait faits pour se mouvoir dans l’espace, et qui était alors inculte et désert, recouvert de liquide et d’obscu­rité. Le moment où l’Esprit de Dieu s’en rapprocha et plana, pour ainsi dire , à sa surface, pour y faire pénétrer l’ordre et la vie, fut pour le globe le commence­ment d’une création nouvelle qui devait avoir six degrés, ou se faire en six épo­ques de progrès successifs.

« Tout était prêt pour cette nouvelle création, la matière à laquelle une autre forme devait être donnée, l’Esprit divin qui devait la vivifier ; il ne fallait plus que la parole du commandement pour ap­peler à l’existence ce monde nouveau ; et Dieu dit… que la lumière soit, et l’ordre naquit au milieu de la confusion. »

Ainsi, nous voyons apparaître dès la fondation du monde cette Trinité dans l’unité de Dieu : « Le Père qui habite une lumière inaccessible et que nul œil n’a vu ni ne peut voir», 1 Tint. 6, 16. cf. Apoc. 15, 3. Ps. 18, 29. 36, 10. ; « le Fils, qui est la véritable lumière qui a resplendi dans les ténèbres et qui éclaire tout homme en venant au monde, » Jean 1,9. cf. v. 2. Col. 1,16. Eph. 3, 9. ; « enfin l’Es­prit de Dieu planant sur la face des eaux, pénétrant le globe d’une force vitale, et qui nous est représenté comme présidant à la création et y prenant la part la plus directe », Ps. 33, 6. cf. Gen. 2,1. Ps. 104, 29. 30. Jean 20,22. Gen. 2, 7. cf. Job 33, 4. ( La Bible de Genève, éd. de 1805, ainsi que celle qui a été publiée plus récem­ment par les pasteurs et professeurs de cette ville, traduit au v. 2. : Et Dieu fit souffler un vent qui agita la surface de l’eau. » Mais si le mot rouach peut, en effet, signifier esprit ou vent ; selon la  place où il est employé, comme le grec …. et le latin spiritus, est-il raisonna­ble de le traduire par vent, lorsque Dieu n’avait pas encore créé l’air P Autant vau­drait, par exemple, remplacer Esprit par courant d’air dans des passages tels que celui-ci : « Caches-tu ta face, elles (les créatures) sont troublées ; retires-tu leur souffle, elles défaillent et retournent en leur poudre. Mais si tu renvoyés ton cou­rant d’air (Esprit), elles sont créées de nouveau ! » Ps. 104, 29. 30. cf. enc. Job 26,13.) Et afin de montrer évidemment que ces trois personnes ne sont pas trois Dieux, mais un seul Dieu, manifesté de trois manières, l’écrivain sacré qui se sert pour désigner le Créateur du mot Elohim, Seigneurs, fait suivre cette désignation plurielle d’un temps de verbe au singu­lier, comme s’il y avait Dieux dit que la lumière soit ; Dieux vit que cela était bon. Puis, après nous avoir montré les per­sonnes divines conférant ensemble (v. 26. faisons l’homme à notre image), il lui donne (2,4.) le nom incommunicable et singulier de Jéhovah, joint à celui d’Elohim, Seigneurs, qui est, qui était et qui sera, ou Seigneurs Éternel.

Durée des jours de la création. 

Pen­dant longtemps, personne, dans les pays où le christianisme était professé, ne mit en doute que les jours de la création ne dussent s’entendre à la lettre d’espaces de vingt-quatre heures, mais à mesure que l’on étudia plus attentivement les scien­ces naturelles, on trouva des preuves de l’existence d’un ordre de choses anté­rieur à la création de l’homme, ordre de choses qui avait dû continuer pendant des temps fort longs; l’on se hâta de rejeter alors le récit de Moïse et ses six jours, comme une chose absurde et contraire aux lois de la nature. Puis vinrent d’au­tres naturalistes plus religieux, qui com­prirent que l’homme ne pouvait ainsi li­miter la puissance de Dieu, et que celui qui avait fait le temps pouvait créer un monde non seulement en six mille ans, mais en six ans, en six jours, en six mi­nutes, en un clin d’œil, s’il l’eût voulu ; il leur parut que sans nier les découver­tes des sciences naturelles, l’on pouvait fort bien les concilier avec le récit moments de la Création, et avec ce jour du Seigneur qui, comme le dit saint Jean , doit durer mille ans, cf. Ps. 90, 2. 4., avec 2 Pierre, 3, 5-10. et Apoc. 20,.

Les plus anciens Livres des nations prennent aussi, comme la Bible, dans des sens plus ou moins étendus les mots qui désignent les divisions du temps.

Plutarque dit que les Égyptiens, vou­lant prétendre à une plus haute antiquité que les autres peuples de la terre, comp­taient dans leur chronologie chaque mois pour une année. Les calculs des Indiens et des Chinois ont des bases tout à fait semblables; (o.Doct. Nares, Man consi­dered theologically and geologically, p.192.)

Zoroastre, en parlant de la création, dit qu’elles fit en six époques ou temps iné­gaux, distribués de la manière suivante : Le premier temps fut employé à créer le ciel, ce qui prit 45 jours ; dans le deuxième temps, qui dura 60 jours, Dieu créa les eaux; la terre fut créée dans le troi­sième, qui fut de 75 jours; le quatrième, de 30 jours, vit éclore les plantes ; le cinquième, de 80 jours, tous les animaux ; et le sixième, de 75 jours, fut consacré à la création de l’homme. La somme de ces nombres est 365 jours ou une année, (Hyde. De religione veterum Persarum, Cap. 9.). On reconnaît dans cette narra­tion le récit de la Genèse défiguré, et combiné avec l’idée traditionnelle de la longueur considérable des jours de la création, tradition qui existait déjà, à ce que l’on prétend, chez les Juifs, et aussi chez les Etrusques (F. de Rougemont, Fragments, etc.)

Quelques auteurs ont cru en trouver une preuve implicite dans le langage même du texte, et de même que la forme parti­cipate du verbe qui exprime l’action de la force créatrice, l’esprit de Dieu, se mou­vant sur la surface de l’abîme, indique non un acte subit et momentané, mais une force s’exerçant d’une manière con­tinuel Doct. Wiseman, Lectures on Science and revealed Religion, vol. I, p. 295) ainsi l’on a cru reconnaître dans ces six jours non-seulement une suite de perfec­tionnements , mais aussi des intervalles de révolutions et de bouleversements dont l’idée serait renfermée dans la significa­tion la plus étendue du mot Ereb, soir. Le premier chapitre de l’Ecclésiaste et le Ps. 104 (en particulier les versets 29 et 30) avaient fait pressentir la possibilité d’une semblable progression dont diverses tra­ditions fort anciennes contiennent des traces remarquables. — La cosmogonie indienne qui se rapproche beaucoup de la Bible, parle « d’un grand nombre de créations et de destructions de mondes, provenant de la volonté d’un Être su­prême qui ne le fait que dans le but de rendre ses créatures heureuses.» (Insti­tutes of Hindu Law. London, 1825, ch.1.) Nous ne pouvons nous empêcher de trans­crire ici deux passages très remarquables de ce livre, cités par Lyell, Principles of Geology, vol. 1 ch. 2, avec l’indication des textes bibliques correspondants : « L’Être dont la puissance est incompréhensible, m’ayant créé, moi (Menou) et tout cet uni­vers, fut de nouveau absorbé dans l’Etre suprême. faisant succéder au temps de l’énergie l’heure du repos. » Cf. Hébr. 1, 3.10. 4, 4. Jean 17, 5.—Et plus loin : « Quand cette puissance agit’, alors ce monde reçoit son plein développement ; quand il sommeille, tout le système dé­choit. Car pendant qu’il se repose, ou cesse d’agir, les esprits revêtus de formes matérielles, et doués de principes d’ac­tion, se détournent peu à peu de leur tâ­che , et l’intelligence elle-même devient inerte. » Cf. Ps. 104, 27-30.)

Telle est aussi la tradition des Birmans, et celle des anciens Egyptiens ; on la re­trouve même dans les ouvrages de quel­ques Pères de l’Eglise, saint Augustin, Oral. II. saint Basile Hexaëmeron, hom.2.

Les découvertes récentes de la géolo­gie sont venues, bien des siècles après, éclaircir cette hypothèse, et la confirmer à ce qu’il semble. Cuvier, dans son Discours sur les révolutions de la surface du globe, établit par des preuves irrécusables, que ces révolutions ont été nombreuses, subi­tes, antérieures à l’apparition de I homme sur la terre, et même qu’il y en a eu d’an­térieures à l’existence d’êtres vivants quelconques.

* L’histoire des six jours, ainsi que celle de l’humanité, a ses nuits cosmogo­niques, dont la première est le chaos et dont le caractère est la mort, le désordre les ténèbres; par une concordance impré­vue et inexplicable, les géologues d’une part, Moïse de l’autre, admettent un dé­veloppement ou une création de la terre tout à fait extraordinaire, qui s’opère par une alternative de temps d’ordre et de création, de temps de désordre et de destruction.

La géologie ne fait ici que préciser, expliquer, commenter le texte biblique, qui accepte en plein tous ces résultats de la science.

 Les soirs (Ereb) sont donc les temps de désordre; le premier soir n’est autre chose que le chaos lui-même; les suivants sont des invasions du chaos au milieu de l’œuvre lumineuse de Dieu. Les matins sont des temps d’ordre, de vie, de créa­tion. L’œuvre de Dieu pendant les six jours consiste à former la terre dévastée, et la dégager du chaos, de l’abîme et des ténèbres qui disparaissent successive­ment.

Ainsi les eaux de l’abîme, 1, 2., qui recouvraient au deuxième jour encore la terre entière, en partagent au troisième la surface avec les continents, et elles n’existeront plus sur la terre nouvelle, Apoc. 21, 1. Ainsi les ténèbres, éclairées dès le premier jour par la lumière, sont transformées en soirs cosmogoniques, et au quatrième jour en nuits de douze heu­res. Les soirs cosmogoniques précèdent chacun des six jours, et cessent avant la création de l’homme, aucun ne s’interpose entre le sixième jour et celui du repos, et la dernière des grandes époques de désordre est celle qui sépare le cinquième jour du sixième. L’alternative des jours et des nuits de vingt-quatre heures cessera à la fin des temps, et la terre sera éclairée par une lumière continue, Zach. 14, 7. Apoc. 21, 23. C’est ainsi que les com­plètes ténèbres du chaos se transforment peu à peu en complète lumière.

 Le premier chap, de la Genèse estimation du monde, à celle de Dieu dans le cœur des fidèles et dans l’Eglise, selon l’indication que nous en donne saint Paul, 2 Cor. 4, 6., on remarque bientôt que les six jours cosmogoniques sont une es­pèce de prophétie de l’histoire de l’hu­manité, ou, en d’autres termes, que les faits physiques de l’histoire de la terre ont un sens analogue aux faits moraux de l’histoire de l’homme. Ainsi les ténè­bres du chaos se reproduisent dans les ténèbres morales de l’âme déchue et pé­cheresse ; les nuits cosmogoniques dans les époques historiques de corruption et de ruines; les jours cosmogoniques, dans celles de paix, d’ordre et de vie religieuse ; la formation du soleil au quatrième jour, dans l’apparition du soleil de justice vers l’an 4.000, etc.» (Rougemont, Fragments, etc., p. 8. )

Avant de nous occuper spécialement de l’œuvre de chacun des six jours de la création, nous devons indiquer une autre partie de l’Ecriture qui nous en donne un commentaire remarquable : nous voulons parler des chapitres 38 à 41 du livre de Job. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner en détail cette portion sublime et mystérieuse de la Parole, nous nous bornerons à quel­ques versets du chap. 38. En interrogeant Job sur les merveilles de l’univers, l’Eternel condescend jusqu’à raisonner avec sa créature; il lui montre que la souveraine sagesse qui a présidé à l’arrangement de la terre , des cieux et de tout ce qui s’y trouve, préside également aux événements de la vie des hommes, et que par sa di­rection, toutes choses concourent ensem­ble au bien de ceux qui aiment Dieu, Rom. 8. 28. Mais, outre ce but principal d’instruction, nous trouvons encore des allusions à l’histoire de la création, qui peuvent éclaircir pour nous quelques pas­sages du 1er chap, de la Genèse.

En effet, nous croyons voir, dans le verset 4, une indication de cette créa­tion primitive qui eut lieu au commence­ment, Gen. 1,1.; puis au verset 7, nous voyons les intelligences célestes se ré­jouissant de l’ordre et de l’arrangement que Dieu venait d’y établir, v. 5 et 6., et chantant en triomphe à cause de cette nouvelle manifestation de la puissance de Dieu, v. 7. Mais une au moins de ces étoiles du matin (Lucifer), était déjà tom­bée, peut-être même plusieurs, et le mal vint bientôt gâter l’œuvre du Créateur. Il semble qu’une irruption des eaux trou­bla l’ordre nouvellement établi, v. 8., et ce fut alors que Dieu donna à l’abîme la nuée pour couverture et l’obscurité pour ses langes, v. 9.; peut-être les ténèbres furent elles ordonnées alors comme puni­tion et comme demeure des anges déchus, par opposition à la lumière éternelle, qui est représentée comme l’habitation de Dieu, Jean 3, 19-21. Eph. 6, 12. C’est à ce moment-là que semble se rapporter le premier soir de la création ; c’est là le chaos décrit au deuxième verset de la Genèse, et dont Dieu va tirer la terre par six époques de progression, six jours. Le verset 10 semble indiquer l’action de Dieu par laquelle il opère la séparation des eaux inférieures et supérieures, et le verset 11 correspondrait au verset 9 de la Genèse où Dieu fixe à la mer la place qu’elle doit occuper. Les versets 8-11 pourraient, il est vrai, se rapporter à quelques égards au déluge du temps de Noé ; mais ce qui nous fait préférer l’au­tre interprétation, c’est que le verset 9 semble nous indiquer que le cataclysme dont il est parlé au verset 8 doit avoir été antérieur au chaos, et que l’obscurité et le désordre du chaos en auraient été le résultat. — Au verset 12 nous voyons paraître la lumière, mais non comme lu­mière solaire : c’est l’aube du jour, le point du jour, ou la lumière éclairant simulta­nément tous les points de la terre. v. 13., et faisant fuir de partout les ténèbres et les esprits de ténèbres. Puis plus tard, v. 14.. cette lumière prend une nouvelle for­me et se concentre pour ainsi dire dans une apparence ou un moule matériel, le soleil. (Le verset 14 n’est pas bien rendu dans Ostervald : il a ajouté les mots la terre, qui ne se trouvent ni dans l’hé­breu, ni dans plusieurs autres versions. Le verbe thitehapphek qui commence le verset 14, se rapporte d’ailleurs mieux au substantif masculin shachar, l’aube du jour, v. 12., qu’au substantif commun, mais ordinairement féminin érèts, la terre.

Premier jour.

 Nous avons déjà remarqué que dans le calcul de chaque jour cosmogonique le soir précède le matin: le soir du premier jour fut donc l’obscurité qui le précéda, c’est-à-dire le chaos. « Dans ce moment là, » dit Buckland « une nouvelle ère allait commencer pour le monde, et la terre allait être tirée des ténèbres dans lesquelles elle n’avait peut-être été enveloppée que temporairement : car les mots, « que la lumière soit, » ne signifient point implicitement qu’elle n’eût jamais existé précédemment. Il était étranger au plan de Moïse de rechercher si la lumière avait déjà lui sur cette terre, ou si elle existait dans d’autres parties de l’univers; la narration ne s’occupe que de notre planète, et la prend dans un moment où elle était plongée dans l’obscurité. Le premier effet de l’action de l’Esprit sur le chaos fut donc l’éveil de la lumière, qui brilla dans le sein même de la masse informe dont elle fut séparée, Ps. 104, 5. 6. Job 36, 30. « Dans toutes les cosmogonies païennes qui parlent d’un chaos, dit M. de Rougemont, les ténèbres, la nuit, sont l’état primitif, la lumière appa-rait ensuite, et plus tard les astres. Moïse, sans aucun doute, n’entendait pas que la lumière provint du soleil déjà créé, mais encore voilé à la terre par les nuages; de concert avec toute l’antiquité, il faisait la lumière plus ancienne que les astres.»-En effet, il n’y avait point alors de nua-ges, puisque les eaux supérieures n’avaient point encore été séparées des eaux inférieures. Asaph en parle de même, lorsqu’il dit, Ps. 74, 16.: « Tu as établi la lumière et le soleil. » Dans plusieurs autres endroits de la Bible, elle est également représentée comme existant avant le monde, et comme étant la demeure de l’Eternel, l’image même de son essence, 1 Tim. 6, 16. 2 Cor. 4, 6. Ps. 104, 2. Es. 60, 19. Hab. 3, 4. Jean 1, 4. 9. 8, 9. 12, 36. 46. 1 Jean 1, 5., etc. Les philosophes incrédules du siècle dernier, voulant attaquer l’inspiration du récit sacré, ont tourné Moise en ridicule pour avoir parlé de la lumière comme existant avant le soleil: les découvertes modernes de l’optique dont Moïse n’a pu 

avoir aucune connaissance, sont venues justifier l’inspiration de l’écrivain sacré en prouvant que la lumière est un fluide qui pénètre d’autres corps, et qui existe indépendamment des corps lumineux. Ceux-ci ne la rayonnent ou ne l’émettent pas par une sorte d’émanation, comme on l’a cru longtemps: ils ne font que la mettre en mouvement par ondulations, en telle sorte qu’elle frappe les organes de la vue de la même manière que les vi­brations de l’air communiquent le son à ceux de l’ouïe. Par conséquent, il n’y a rien de contraire aux lois physiques de a nature dans l’assertion de Moïse, qui nous représente la lumière comme créée avant tel ou tel corps lumineux.

L’œuvre du premier jour fut, comme nous l’avons remarqué, une œuvre de séparation. Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres, et Dieu vit que la lumière était bonne ; elle fut donnée non-seule­ment pour éclairer les hommes d’une manière physique, mais aussi pour leur être un type de la sagesse, de la connais­sance et des perfections invisibles de Dieu. Nous voyons en effet qu’elle fut ainsi considérée par les Juifs, et que mê­me chez tous les peuples, et surtout en Orient, elle a toujours été l’emblème de la divinité, de la vertu et de toutes les bénédictions temporelles.

Second jour.

Au second jour Dieu fit l’étendue (rakiah), non point une voûte ferme et solide, firmamentum, comme le traduit saint Jérôme. (Il dit aussi dans sa traduction de Job 37, 18.: Tu forsitan eum eo fabricatus es cœlos qui solidissirai quasi ære fusi sunt?); mais l’air, le ciel des oiseaux, des tempêtes, des puis­sances de l’air et des malices spirituelles, Ps. 148,4. Matth. 6,26. Eph. 2, 2. 6,12.; l’atmosphère dans laquelle et au haut de laquelle devaient planer les nuages ; l’é­lément enfin qui devait soutenir un nom­bre immense de créatures que Dieu allait placer sur la terre, et dans lesquelles il mettrait une respiration de vie. « Quand l’Ecriture sainte parle de l’air, dont la pesanteur était méconnue avant Galilée, elle nous dit qu’à la création Dieu donna à l’air son poids et aux eaux leur juste mesure, Job 28, 25. Quand elle parle de notre atmosphère et des eaux supérieu­res, elle leur donne une importance que la science des modernes a seule pu con­stater, puisque d’après leurs calculs la force employée annuellement par la na­ture pour la formation des nuages, est égal à un travail que l’espèce humaine tout entière ne pourrait faire qu’en deux cent mille années. Quand elle sépare les eaux supérieures des inférieures, c’est par une étendue et non par une sphère solide, comme voulaient le faire ses tra­ducteurs.» (Gaussen, Théopneustie, 170 183.)

Troisième jour. Au troisième jour la création se développe, pour ainsi dire; dans les deux premiers, il y avait eu prin­cipalement création de séparation ou de distinction : dans celui-ci il y a deux ac­tes créatifs, l’un de séparation, l’autre de formation. Dans la première partie de cette période, Dieu tire de l’eau la terre qui subsistait parmi l’eau. Il fait surgir les continents et les îles; il forme la terre habitable et tout ce qu’elle contient, Néh. 9, 6. Le Dieu qui a formé la terre et qui l’a faite, ne l’a point créée pour être une chose vaine (le même mot thohou rendu par sans forme dans nos versions, Gen. 1,2.), mais il l’a créée afin qu’elle fût ha­bitée, Es. 45,18.

Le neuvième verset de la Genèse indi­que l’existence antérieure de cette an­cienne mer et de cette ancienne terre, en disant simplement, non quelles furent créées alors, mais que le sec parut, et celte terre qui, avant de paraître, subsis­tait déjà parmi l’eau, est la même dont la création avait été racontée au verset I. La mer aussi ne fit que changer de place par le rassemblement en un même bas­sin des eaux déjà existantes.

La terre au troisième jour n’est point encore éclairée par le soleil ; elle a sa lumière propre dont nous ne connaissons pas bien la nature, mais qui établit une distinction essentielle entre la terre pho­tosphérique des trois premiers jours et la terre planétaire des trois derniers. C’est sous l’action de cette lumière pro­pre que parurent les végétaux pendant la deuxième partie du troisième jour : alors la terre produisit d’elle-même pre­mièrement l’herbe, ensuite l’épi puis le grain tout formé dans l’épi, Marc 4 28. Nous ne savons si ce serait par un sou­venir traditionnel de la plus grande acti­vité créatrice déployée au troisième jour, que les livres zends lui donnent une du­rée beaucoup plus longue qu’aux deux premiers.

Jusqu’à une époque très récente, la géologie n’avait pas découvert de traces des plantes qui furent créées au troisiè­me jour; tous les végétaux fossiles con­nus se trouvaient dans des couches pla­cées au-dessus des terrains de transition où sont incrustés d’innombrables ani­maux aquatiques, les premiers êtres vi­vants qui habitèrent notre terre. (Le sys­tème carbonifère qui comprend les bancs de houille, et dans lequel on trouve des fougères, des palmiers, des conifères, est placé par-dessus la grauwacke ou systè­me silurien, qui contient un nombre im­mense de zoophytes, et de mollusques, des articulés et des poissons. ) M. de Rougemont, surpris de ce manque appa­rent de coïncidence entre le livre de la révélation et le livre de la nature. sup­posa que la nuit cosmogonique qui avait séparé le troisième du quatrième jour, ou le quatrième du cinquième, pourrait avoir été accompagnée d’une conflagra­tion de notre globe qui aurait détruit la végétation primitive dans le temps où la terre devenait planète. Cette hypothèse, qui coïncide assez bien avec celle qui fait des soirs cosmogoniques des époques de bouleversement, semblait confirmée par les découvertes géologiques sur la na­ture des roches primitives; les granits et les gneiss qui forment la couche infé­rieure de la croûte de notre globe, ne sont pas, comme les schistes et les cal­caires, le résultat d’un sédiment boueux déposé par les eaux, puis durci peu à peu par la pression, la chaleur et l’évapora­tion : ils paraissent, au contraire, avoir été formés par le feu dont ils portent les traces, ou en avoir subi l’action. * Une telle conflagration de la terre photosphérique pendant que le système solaire était organisé, a naturellement dû faire dispa­raître toutes les plantes du troisième jour. Mais la Genèse ne fait pas mention de cette révolution par le feu, parce que le point capital de l’œuvre du quatrième jour était la formation du système solaire. « Toutefois, ajoute notre auteur, je suis le premier à reconnaître combien sont hypothétiques tous les rapprochements de détail entre la Bible et la géologie, re­latifs aux époques antérieures à l’hom­me. « (Fragments, p. 111).

Malgré le profond respect que nous éprouvons pour les lumières et la piété de cet écrivain, nous nous permettons de différer un peu de ses vues sur ce point ; son hypothèse d’une conflagration ne nous paraît pas nécessaire pour expliquer la disparition de la flore primitive. Nous avons, en effet, remarqué que dans la création et dans l’histoire de la terre, depuis le commencement jusqu’au mo­ment où Jésus remettra le royaume à Dieu le Père, 1 Cor. 15, 24., il y a progrès et développement successif ; depuis la terre entièrement couverte d’eau pendant le chaos, jusqu’à l’entière destruction de la mer, Apoc. 21, 1., le globe passe par un état intermédiaire, sa surface étant com­posée en partie d’eau, en partie de terres sèches. Si donc nous admettons une mar­che progressive, interrompue par une succession de bouleversements (les soirs cosmogoniques), il n’y a rien de con­traire à l’analogie des lois de la création, à supposer que les premiers continents auront été beaucoup moins étendus que ceux qui existent actuellement : par con­séquent la flore primitive qui a végété sur ces premiers continents, n’aurait occupé qu’un espace proportionnellement très pe­tit de la surface du globe, et pourrait se retrouver dans des terrains actuellement submergés. Mais il y a plus : les géologues n’ont examiné jusqu’à ce jour qu’une bien faible portion de la superficie de la croûte solide du globe, et de ce qu’on n’a pas trouvé jusqu’à présent en Europe (la seule partie du monde où l’on ait pu faire sur les fossiles des recherches un peu géné­rales) des restes des premiers végétaux, il ne s’ensuit pas qu’on ne puisse le dé­couvrir un jour ailleurs. Il paraît même qu’on commence à en retrouver les tra­ces, et que les immenses végétaux fossi­les récemment découverts dans le Canada et la baie de Baffin, doivent avoir crû sou des conditions de chaleur, d’humidité et de lumière, qui n’étaient point celles où vivent actuellement nos plantes. L’état de la terre, sortant à peine de l’eau et environnée de sa lumière propre, tel qu’il est décrit Gen. 1,9-12., explique la crois­sance de ces plantes d’une manière bien plus satisfaisante que toutes les autres hypothèses.

il n’est pas nécessaire non plus de re­courir à une conflagration pour expliquer la formation des roches primitives. Pres­que tous les chimistes, les physiciens, les géologues et les géographes modernes, reconnaissent que la terre doit être com­posée d’un noyau de métaux et de métal­loïdes en incandescence, entouré d’une croûte des mêmes substances à F état d’oxi­des diversement combinés entre eux. Le savant Fourier a déterminé les lois du refroidissement graduel du globe et de sa couche extérieure, et les expériences nombreuses et intéressantes de M. Cordier (Essai sur la température de l’inté­rieur de la terre, dans le Mémoire du Muséum d’histoire naturelle, 1827 ) sont venues pleinement confirmer la justesse des observations de Fourier sur l’exis­tence d’un feu ou d’une source de cha­leur centrale. Ce système qui explique et la forme sphéroïdale de la terre, et l’ac­tion des volcans, et la chaleur des eaux thermales, et bien d’autres phénomè­nes encore, explique aussi comment la première croûte solide de notre globe (les roches primitives) doit porter des marques de l’action du feu, comment une température jadis beaucoup plus éle­vée, peut avoir donné à la terre une force végétative bien plus considérable que celle que nous lui connaissons mainte­nant, et comment enfin Dieu peut s’être servi des forces naturelles de l’eau ré­duite à l’état de vapeur, pour soulever en divers endroits de sa surface une portion de sa croûte solide sous la forme d’îles et de continents, et les laisser retomber ensuite au-dessous du niveau des eaux.

Quatrième jour.

Ici, comme le re­marque M. de Rougemont, la progression dans la création n’est plus la même ; il y a un saut, une interruption. « De même qu’à la fin du quatrième jour de l’humanité la lumière divine qui éclairait dès l’origine tous les hommes, se concentra en un individu, Jésus-Christ, communiqua à l’humanité des forces inconnues, et par la création de l’Eglise fit toutes choses nouvelles, ainsi, au quatrième jour cosmogonique la lumière diffuse du premier jour se concentra dans le soleil, dont la chaleur pénétra et transforma la terre devenue planète, et la prépara à devenir la demeure d’animaux, d’âmes vivantes. Ce fut alors que le système solaire fut achevé, et que notre terre, en devenant planète, reçut aussi son satellite. » Il semble, en effet, que les grands luminaires des cieux dont il est parle versets 14-18., ne sont nommés que dans leurs nouveaux rapports avec notre planète. Le texte ne dit point que la substance du soleil et de la lune ait été créée le quatrième jour; mais il donne à entendre que ces corps célestes furent alors chargés de remplir à l’égard de notre globe des fonctions importantes pour ses futurs habitants, de luire sur la terre, pour dominer sur le jour et sur la nuit, etc. Le fait de leur création était déjà implicitement contenu dans le verset 1. Il est aussi fait ici mention des étoiles, 1,16., mais en deux mots seulement : Veeth haccochabim , presque en façon de parenthèse, et comme pour indiquer qu’elles avaient été formées par la même toute-puissance qui avait ordonné au soleil et à la lune de luire sur notre terre. En passant si légèrement sur la création de ces innombrables corps célestes qui brillent dans l’espace, et dont la plupart sont probablement des soleils, centres d’autres systèmes planétaires, tandis qu’il place la lune, ce petit satellite de notre terre, comme tenant le second rang après la soleil, l’écrivain sacré nous montre clairement qu’il n’a point voulu nous donner une leçon d’astronomie, et qu’il ne parle ici des astres que dans leurs rapports immédiats avec notre terre et ses habitants, et non point eu égard à leur importance relative dans le vaste système de l’uni-vers. Il semble impossible de comprendre les étoiles dans le nombre des luminaires que Dieu plaça dans les cieux pour luire sur la terre, 1,17., et pour dominer sur le jour et la nuit; car la plus grande partie des étoiles fixes n’est visible qu’à l’aide d’un télescope, et celles que nous pouvons discerner à l’œil nu ne donnent qu’une bien faible lumière en proportion de leur grosseur et de leur multitude (Buckland’s I, p. 27). Il nous paraît donc que le sens des versets 17 et 18 doit être restreint aux deux corps célestes, qui sont en réalité les grands luminaires de la terre. Leur office, en tant que servant à nous éclairer et à mesurer pour nous les temps et les saisons, doit durer autant que notre terre. Gen. 8, 22.; et de même que l’arc-en-ciel fut donné à Noé comme un signe de l’alliance que Dieu traita avec lui et avec toute chair, avec promesse de ne plus envoyer de déluge sur la terre, et de ne plus faire périr par les eaux tout ce qui a en soi respiration de vie, ainsi les grands luminaires des cieux sont propo­sés aux fidèles comme signes de l’alliance que Dieu a traitée avec David, en pro­mettant que de sa postérité sortirait le soleil de justice, le Messie qui sauverait de la mort seconde les âmes de tous ceux qui croiraient en lui ; cf. Jér. 33, 20. 21. Cela ne signifie pas cependant qu’ils doi­vent durer à toujours, car lorsque le Messie, fils de David, viendra s’asseoir sur son trône et régner sur son peuple , la chose promise étant donnée, ce qui lui servait de type et de signe sera aboli. La loi s’accomplira jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, Matth. 5, 18.; mais lors­que viendra le jour du courroux de l’Eternel, il fera crouler les cieux, et la terre sera ébranlée de sa place (peut-être trans­portée hors de la place qu’elle occupe ac­tuellement dans le système solaire ), Es. 13, 13. cf. encore Agg. 2, 6. 2 Pier. 3, 10. Apoc. 6, 12-14. 21, passim 22, 5. Es. 60, 19. sq. 65, 17. 66, 22.

Ces passages remarquables, considérés non dans leur but moral et prophétique quant à l’humanité et à l’Eglise en parti­culier, mais simplement dans leur rap­port avec l’histoire de notre terre, sem­blent autoriser la supposition que notre globe, transporté au quatrième jour dans le système solaire, doit lui être enlevé à la fin de l’économie actuelle, sortir de son orbite, être soustrait à l’action du soleil et de la lune , et subir alors une nouvelle révolution par laquelle il attein­dra un degré de perfection et de lumière dont nous ne pouvons nous faire mainte­nant aucune idée, mais qui sera en rap­port avec les corps glorieux et incorrup­tibles dont nous serons revêtus à la ré­surrection.

La manière dont se suivent les passa­ges relatifs à la catastrophe qui doit dé­truire l’ordre actuel, et ceux qui se rap­portent à la destruction finale du globe, ne contribue pas peu à jeter de l’obscu­rité sur ce sujet ; mais on peut remédier en partie à cette obscurité en faisant at­tention aux considérations suivantes.

Dans les prophéties de l’Ancien Tes­tament qui annoncent la venue du Mes­sie, on voit entremêlées celles qui par­lent de ses types, avec celles qui l’annon­cent lui-mème paraissant dans l’abaisse­ment et Y humiliation, et celles qui décri­vent le second et glorieux avènement du Messie, roi d’Israël, entouré de ses mil­liers d’anges et de tout l’éclat de sa puis­sance. Ces prophéties ne sont point ran­gées chronologiquement, mais elles se pénètrent et s’entrelacent comme feraient les dessins de plusieurs tableaux trans­parents, placés les uns derrière les au­tres. De même, dans les parties de l’Ecri­ture qui annoncent le sort futur de notre terre et les révolutions qu’elle devra su­bir , on voit aussi entremêlées, sans égard à l’ordre des temps, des choses qui se rapportent aux événements plus rap­prochés, et d’autres qui parlent de ca­tastrophes plus éloignées; des prédic­tions relatives au jugement des nations immédiatement avant la période millé­naire, et celles qui se rapportent au ju­gement dernier, lors de la consommation de toutes choses; des prophéties qui dé­crivent la transformation que subira le globe lors du millénium, lorsque le bien régnera sur la terre, et celles qui se rap­portent à la destruction finale, à l’annihi­lation du globe, annoncée Apoc. 20, 11.

Si l’on imite les disciples qui deman­daient dans la même phrase les signes de trois événements bien différents qu’ils paraissaient confondre (la ruine de Jéru­salem, la seconde venue du Christ, et la fin du monde), Matth. 24, 3., l’on n’obtiendra de la Parole de Dieu qu’une réponse aussi peu intelligible que le fut alors pour les Apôtres ce que leur dit le Seigneur qui leur parle, dans la même prophétie, de choses qui se rapportaient à ces trois époques distinctes. Ainsi, pour interpréter ce qui nous est prophétisé sur les destinées de notre globe, nous devons aussi distinguer avec soin les divers chefs sous lesquels nous devons les ranger, et apprendre à reconnaître dans une même prophétie les parties qui doivent avoir un plus prochain accomplissement et celles qui ont une portée plus éloignée. Cinquième jour. C’est en ce jour que les premières créatures vivantes apparurent sur la terre, et c’est aussi à cette époque de la création seulement que l’on trouve des faits géologiques nombreux et détaillés, qui concordent avec l’interprétation proposée des jours cosmogoniques de la Genèse. Nous ferons remarquer que la division biblique des animaux, lors de la création, est très différente de la classification des sciences modernes. Dans la Genèse, les animaux sont distingués d’après les milieux dans lesquels ils vivent, ou plutôt d’après les substances sur lesquelles doivent s’exercer leurs forces locomotrices, en aquatiques, atmosphériques, et terrestres. Les aquatiques comprennent les types des quatre grands embranchements, et la géologie retrouve aussi des vertébrés, des mollusques, des articulés et des zoophytes existant simultanément dans les couches fossilifères les plus anciennes. Plusieurs cosmogonies païennes qui entreprennent de raconter l’ordre de la création, font naître les oiseaux et les poissons dans deux jours différents; mais les naturalistes, après avoir pendant longtemps partagé cette opinion, ont enfin constaté entre ces deux classes d’animaux des rapports intimes que rien n’indique à l’œil, mais qui se révèlent dans leur anatomie, et jusque dans la forme microscopique des globules de leur sang. Il y a peu d’années encore que les plus anciens oiseaux ne remontaient qu’aux terrains tertiaires, et les géologues faisaient observer combien il était rationnel que les oiseaux à sang chaud apparussent en même temps que les mammifères à sang chaud. La géologie contredisait alors la Bible, qui place les oiseaux, non au sixième jour avec les quadrupèdes, mais au cinquième avec les poissons.

La contradiction était palpable , insolu­ble; mais depuis lors, on a retrouvé des races d’oiseaux, des empreintes de pattes d’échassiers, dans le grès bigarré, près de ces terrains de transition où la vie commence par des êtres aquatiques. Ainsi les oiseaux à sang chaud ont été créés à une époque où les géologues a -priori ne les auraient jamais fait remonter; à une époque où il n’y avait pas trace de mam­mifères terrestres, et où les animaux aquatiques prédominaient encore en plein. Or, comment Moïse a-t-il encore ici de­viné si juste ? — (Rougemont, Fragments, p. 114).

Sixième jour.

Ce jour contient aussi deux parties comme le troisième et le cinquième ; les quadrupèdes et les ani­maux terrestres apparurent sur les con­tinents et les îles qui étaient sortis de dessous l’eau au troisième ; « et de même que la seconde création du troisième jour ( les végétaux ) avait été la plus parfaite de la terre photosphérique, ainsi la se­conde création du sixième jour (l’homme) fut la plus parfaite de la terre planétaire. »

Il est probable que Dieu ne créa alors comme pour le cinquième jour que les types ou genres (nommés espèces dans la Bible), et que ce que nous appelons main­tenant sous-genres} espèces, variétés dans les animaux, se sont manifestés plus tard par l’action de causes naturelles subsé­quentes, ou de dispositions chez des in­dividus qui se sont développées ensuite et propagées dans la postérité de ces mêmes individus. (On trouvera des exemples re­marquables de l’action de ces causes dans l’ouvrage de M. Laurence, Lectures on Physiology, Zoology and the natural His­tory of Man , en particulier, p. 448 à 451, sur la propagation d’une race d’hommes porcs-épics. — v. aussi Lectures on the connexion between science and revealed Religion, by Dr Wiseman. Lect. Ill et IV). Il n’est pas dit si Dieu fit simultanément plusieurs animaux ou paires d’animaux de chaque espèce, mais comme une seule famille humaine devait suffire pour peu­pler toute la terre, ainsi une seule paire de chaque espèce d’animaux peut bien avoir aussi suffi pour remplir les bois les campagnes, et tous les espaces habi­tables, dans les eaux et sous les deux. Il n’y a donc rien de difficile à comprendre dans la revue que fit Adam de tous les animaux, lorsqu’il leur donna leurs noms; et lors même qu’il y aurait eu un grand nombre de paires de chaque espèce, il n’est point dit que Dieu les fit toutes comparaître devant le premier homme; tel ne paraît pas du moins devoir être le sens du mot tout animal, Gen. 2, 19.

Un caractère remarquable de cette épo­que, c’est l’absence de férocité; les ani­maux étaient herbivores, au moins ceux qui vivaient sur la terre et dans les airs, car il n’est point parlé des aquatiques, 1, 30, et cela a fait supposer que les eaux seules, et peut-être leurs rivages étaient habités en partie par des carnivores. L’expérience a prouvé qu’il est possible, même de nos jours, de nourrir de végé­taux les animaux les plus carnassiers de leur nature, comme par exemple le lion ; par conséquent ce fait peut avoir eu lieu d’une manière beaucoup plus générale lors de la création. C’est en vain qu’on objecterait le peu de probabilité que des animaux carnassiers se soient contentés avant la chute de l’homme de manger de l’herbe et des fruits ; c’est en vain qu’on prouverait par la conformation des mâ­choires, des dents , des griffes, de tous les muscles et de toute la charpente os­seuse, qu’ils étaient faits pour saisir une proie et pour la déchirer de leurs dents ou de leurs becs crochus : si tels étaient leurs appétits naturels, il n’était cepen­dant pas plus difficile au Créateur de les restreindre en Eden, que d’empêcher à Babylone les lions affamés de Nébucadnetsar de suivre leurs féroces penchants, de mettre en pièces Daniel et de le dé­vorer. La géologie d’ailleurs nous mon­tre dans les terrains de l’époque myocène, un nombre proportionnellement très grand des pachydermes et des ruminants; c’est probablement pendant cette époque géologique que fut créé le premier hom­me ( Rougemont, Fragments, etc.).

Ici vient une pause dans le récit de 1 historien sacré. Après avoir décrit la manière dont Dieu a peu à peu préparé celte terre, après l’avoir montrée graduel­lement revêtue d’un lapis de verdure et de fleurs, couverte de riches ombrages et d’arbres chargés de fruits, animée par les chants des oiseaux qui célèbrent dans les airs la gloire de leur Créateur ; après avoir décrit ces milliers de créatures vi­vantes, se mouvant dans les eaux et sur la terre, jouissant de leur nouvelle exis­tence et de la lumière du soleil. il nous dit que le Créateur de toutes ces mer­veilles s’arrêta pour contempler son ou­vrage et pour le bénir : et Dieu vit que tout cela était bon. L’œuvre de la créa­tion n’était cependant pas encore com­plète; mais avant de placer dans cette magnifique demeure celui qui devait en avoir la souveraineté, le Tout-Puissant semble se consulter lui-même, com­me pour une chose plus importante, et pour une création d’un ordre plus re­levé que toutes les autres choses qu’il avait créées pour être faites. Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image et à no­tre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre. — Jusqu’à présent, le texte hébreu a toujours désigné la terre parle mot érets; mais dans le verset 25, où il est parlé des reptiles de la terre, Moïse se sert du mot adamah, qui signifie terre, en tant que sol, et surtout sol rouge, quoiqu’il soit aussi pris dans une signi­fication plus étendue ; et c’est dans le ver­set suivant qu’il dit : Faisons Adam (l’homme) à notre image, Adam étant mis ici comme nom générique de l’espèce humaine ; on dirait que, par ce change­ment d’expression, l’auteur sacré cher­che à faire mieux ressortir l’origine à la fois terrestre et céleste de cette nouvelle créature, rattachant à ce nom symbo­lique l’idée de sa faiblesse naturelle et de sa haute vocation, cf. 2 Cor. 4, 7.

Ajoutons encore ici que ce nom d’Adam semble indiquer que la couleur primitive de la race humaine aurait été le roue* comme on le retrouve encore chez les race ’ indigènes de l’Amérique; la tradition de! Juifs, des Américains et des habitants des îles de la mer du Sud a conservé le même souvenir.

L’homme n’ayant trouvé parmi les êtres vivants aucun être qui lui fût semblable Dieu fit tomber sur lui un profond som­meil , prit une de ses côtes, en forma une femme, et la présenta à Adam à son réveil 2, 18-22.

On a quelquefois prétendu que les res­semblances frappantes qui se rencontrent dans les cosmogonies des différents peu­ples, ainsi que dans celles de leurs tradi­tions qui se rapportent à l’origine du genre humain, ne pouvaient provenir que de la similarité de l’esprit humain dans tous les pays, similarité qui, à l’égard de certaines choses, devait nécessairement conduire partout à un même résultat. Cette théorie est assez vraie pour tout ce qui est du ressort de la réflexion et de la médita­tion ; mais quand les traditions ne peu­vent s’expliquer, ni par le raisonnement, ni par l’expérience, il est clair qu’elles doivent provenir d’une même source, et qu’elles nous indiquent une commune ori­gine pour les peuples chez qui elles sont nationales. Qu’y a-t-il, par exemple, dans la forme de la femme, qui ait jamais pu donner l’idée qu’elle ait été primitivement tirée de l’homme et formée d’un de ses os? Or. celte tradition se retrouve chez les peuples les plus éloignés et sans com­munication les uns avec les autres. En Chine, la femme du premier homme est « la fille de la côte d’Oceident, » et son nom signifie « la grande aïeule qui en­traîne au mal. » Les Groënlandais disent que la première femme fut formée du pouce de l’homme. Les Indiens del’Essequebo prétendent qu’après que le GrandEsprit eut créé tous les animaux, il finit par former un homme qui tomba bientôt dans un profond sommeil ; le Grand-Es­prit l’ayant touché, il se réveilla et vit îj ses côtés une femme. Chez les Indiens, « est question d’un premier homme, Viradj créé sans femme ; puis regardant au torn de lui, se voyant seul, il se plaint de solitude, il se divise lui-même en male et femelle et donne naissance à toute, la race Lnaiue. Chez les habitants de la Nou­ille Zélande, le mot Iwi (Eve) signifie et la première femme a été formée, selon eux, du corps de l’homme et d’une de ses côtes. A Tahiti, le Dieu créateur, après avoir fait le monde, forma l’homme avec de la terre rouge : un jour il plongea l’homme dans un profond sommeil et en tira un os {Ivi, ioui) dont il fit la femme (Rougemont, p. 56).

Mais si les païens eux-mêmes ont con­servé d’une manière si admirable, à tra­vers cinquante-huit siècles, l’histoire de ce sommeil mystérieux d’Adam, ce n’est qu’à l’Eglise chrétienne que le sens moral et symbolique de cet événement a été ré­vélé.

Dans ce premier Adam encore sans pé­ché, nous voyons le type de ce deuxième Adam qui a été fait semblable à nous en toutes choses, sans péché (grec),Héb. 2, 17.4,15. Ce sommeil, ce côté entr’ouvert, cette épouse qui en est tirée, nous sont des emblèmes de la mort de Christ et de son côté percé, de cette mort qui donne naissance à son Eglise, de cette « Eglise qu’il s’est acquise par son sang » pour en faire son épouse bien-aimée, Act. 20, 28. Ce n’est qu’après la mort de Jésus, que les disciples commencèrent à se rassem­bler en son nom sans lui, mais la nouvelle Église fut cachée et n’exista pour ainsi dire qu’en germe et sans développement, jusqu’à la Pentecôte, v. encore I Cor. 11, 8. 9. Eph. 5, 23-32. Si, confondus par la force de ces images, nous aVons peine à croire à une telle condescendance de notre Dieu ; si, considérant nos faiblesses et nos misères, il nous semble impossible que l’Eglise puisse être l’objet d’un tel amour, et que nous soyons portés à de­mander, comme Nicodème : Comment cela Peut-il se faire? Dieu nous répond par ces glorieuses promesses : « Christ s’est li­vré pour son Eglise, afin qu’il la sanctifiât après l’avoir nettoyée en la lavant d’eau et Par sa parole, pour la faire paraître de’anl lui une église glorieuse, n’avant ni “*ehe, ni ride, ni rien de semblable, mais J-tant sainte et irrépréhensible, » Eph. 5, ‘tt20.27. Col. 1,18. 22. cf. 1 Cor. 1, 30.

Après que l’homme eut été formé, la création fut terminée; le temps naturel commença, et les secousses, ou nuits cosmogoniques, cessèrent; aussi ne voyons-nous pas que la Bible en fasse plus mention; il n’est plus dit « ainsi fut le soir, ainsi fut le matin, ce fut le septième jour, » parce qu’entre le sixième et le septième il n’y eut qu’une nuit naturelle de douze heures, et c’est probablement pendant cette nuit et le sommeil d’Adam, sur la dernière heure du sixième jour, qu’Eve fut formée, car il est dit, 2, 2. : que « Dieu eut achevé au septième jour toute l’œuvre qu’il avait faite. »

Septième jour. 

Ce fut au septième jour que Dieu se reposa de toute l’œuvre qu’il avait créée pour être faite ; il semble donc que nous devrions terminer ici le récit de la création, mais comme ce premier sab­bat appartient encore à l’histoire de la première semaine du monde, nous croyons devoir ajouter encore quelques réflexions, sans lesquelles l’histoire de cette semaine de création serait incomplète.

Nous avons vu que les six jours précé­dents étaient, non des espaces de temps de vingt-quatre heures, mais de longues époques; le septième aurait donc dû leur être proportionné. Lorsqu’il commença, Dieu n’avait point dit : « Tu travailleras six jours ; tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, tu retourneras en la terre d’où tu as été tiré. » L’homme avait été placé dans le jardin d’Eden pour le soi­gner et le garder : non pour bêcher péni­blement la terre et lui faire produire à force de sueurs les céréales et les autres graines dont il fut condamné à faire sa nourriture après la chute, 3,48. 19. cf. 4, 29. 30., mais pour se nourrir sans peine des fruits de « tout arbre désirable à la vue et bon à manger » que l’Eternel avait fait germer dans le jardin. C’était là le repos sans oisiveté des enfants de Dieu sur cette terre, et il est probable qu’il aurait duré un temps plus ou moins long, mille ans peut-être, après lequel ils auraient été recueillis auprès de Dieu, comme Hénoc, sans passer par la mort, sans que leur corps fût obligé de retourner dans la pou­dre.

La durée de la vie humaine avant le dé­luge était de près de mille ans, et nous avons lieu de croire que c’est à cause du péché qu’elle fut abrégée. Selon la tradi­tion juive, égyptienne, persane, assy­rienne et indienne, qui fait des jours île la création des espaces de mille ans, nous aurions du nous attendre à voir le jour de l’homme créé à l’image de Dieu, le sep­tième jour, durer aussi mille ans, et se terminer par sa translation dans le ciel ; mais de même que les soirs cosmogoni­ques avaient bouleversé l’ordre établi par Dieu dans la création matérielle, ainsi le péché vint renverser l’ordre moral et phy­sique dans cette nouvelle créature de Dieu, et par suite dans le reste de la créa­tion. La terre, de très bonne qu’elle était, devint maudite à cause de l’homme, 3,17. Le jour du repos, au lieu de durer mille ans, fut changé en un temps de peine et de fatigue, où il ne resta plus que des sabbats hebdomadaires de vingt-quatre heures, monument remarquable et aussi ancien que la race humaine, conservé pour lui rappeler sa destination primitive, et le but auquel elle doit tendre, sa chute et la miséricorde de Dieu, qui ne l’a point entièrement rejetée ; moyen de grâce pour les générations futures, et image, pour ceux qui ont appris à en faire leurs délice du bonheur saint et pur que l’Eternel réserve à ses enfants. Ce sabbat primitif se trouvant ainsi réduit à vingt-quatre heures, devint pour le monde le commen­cement d’une nouvelle semaine millénaire; suivant les traditions mentionnées plus haut, il devrait aussi s’écouler six mille ans depuis Adam jusqu’à la fin de l’éco­nomie actuelle. Le sabbat de cette nou­velle semaine serait alors l’époque glo­rieuse du millénium, de quelque manière qu’on l’entende; puis, au lieu de la mort naturelle de l’homme, fruit de la chute et du péché, viendrait au bout d’un peu de temps, Apoc. 20, 3. 7., la destruction de la mort elle-même, ce dernier ennemi de l’homme, 1 Cor. 15, 26. Apoc. 21, 4.

Ceci n’est, à la vérité, qu’une hypo­thèse; cependant nous croyons pouvoir en trouver une continuation, Hébr. 3, et 4; en commentant le sens du Ps. 95,11., l’apôtre nous montre que la menace de Dieu aux Israélites, de les exclure de son repos, menace qui avait trait à la Canaan

terrestre, se rapportait aussi, et dans un sens plus élevé, à la Canaan céleste, après laquelle doivent soupirer les enfants de Dieu; puis il rattache cette même idée au premier sabbat, 4, 3. 4., et montre, v. 6 que ceux à qui ce premier sabbat avait été « premièrement annoncé » n’y purent en­trer « à cause de leur incrédulité, » Adam et Eve ayant ajouté foi aux paroles du ser­pent plutôt qu’à l’ordre positif de Dieu. Ce premier sabbat tel que Dieu le leur des­tinait n’exista donc pas pour eux, ils n’y entrèrent pas. C’est pourquoi Dieu « dé­termine de nouveau un certain jour de re­pos, » v. 7 et 9. Le premier sabbat millé­naire ayant été abrégé, Dieu en prépare un autre pour son peuple, lorsque l’Eternel régnera en Sion et que le Roi de paix en­trera dans son royaume, Es. 32, 17. 18.

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