A l’étonnement général, un tribunal a déclaré que la Scientologie était une religion, contrairement a quantité d’arrêts de tribunaux dans de nombreux pays, qui voyaient dans la Scientologie une entreprise à but (très) lucratif, n’hésitant pas à recourir à tous les moyens de contrainte physique et psychologique pour arriver à ses fins.
Il suffit de se rappeler que le fondateur de la Scientologie, Ron Hubbard, déclarait ouvertement – lorsqu’il était simplement un auteur de science-fiction: « Si vous voulez devenir vraiment riche, fondez une religion ». En fait, sa religion à lui, c’était l’argent.
Pour éclairer mieux le public, nous reproduisons ici, avec autorisation, un extrait du livre de Paul Ranc « Une secte dangereuse: La Scientologie ». Dans ce chapitre il compare les « croyances » de la Scientologie avec le Christianisme. Paru aux éditions Contrastes, ce livre est disponible dans les librairies évangéliques.
Dieu selon la Scientologie
Il est évident que la notion même de Dieu est secondaire pour la Scientologie. L’adepte de la secte peut croire ou ne pas croire en Dieu, être pratiquant ou non, peu importe. Ce qui est important pour lui, c’est de parvenir à l’état de « clair » et d’accéder à l’immortalité ». N’importe quel croyant, protestant, bouddhiste, juif ou catholique pourrait pratiquer la Scientologie. C’est en tout cas ce qu’affirme une brochure de propagande:
« L’Église de la Scientologie n’est pas exclusive. Un scientologue peut aussi appartenir à un groupe religieux. L’on compte parmi les scientologues actifs des catholiques, des protestants et les adeptes du judaïsme et de bien d’autres religions.
« L’objectif de l’Église de Scientologie étant d’aider l’individu à mener une vie plus heureuse, les principes scientologiques ne comportent rien pouvant s’opposer à d’autres croyances religieuses. »
Qu’il y ait des membres de diverses confessions religieuses dans la Scientologie, c’est évident. mais que les « principes scientologiques » soient en accord à la foi chrétienne, là nous disons non !
L. Ron Hubbard n’a jamais été sûr de lui quant à l’existence de Dieu. Dans les années cinquante, c’est-à-dire aux débuts de la Dianétique, Hubbard écrivait ces lignes alors qu’il était athée:
« L’invention de Dieu qu’elle est représentée par l’univers physique est un effort pour remplir tout l’espace avec une cause ».
L’existence d’un Dieu personnel est niée. Mais une question se pose: L. Ron Hubbard est-il vraiment athée ou bien est-il panthéiste ? Le texte ci-dessous permet de supposer une évolution dans sa pensée:
« Pour un garçon dont la vie est absorbée par l’électronique et qui est assis sur le bord d’un cyclotron, Dieu peut bien être un cyclotron. Pour un écrivain, Dieu pourrait être un livre. Et pour un mécanicien, Dieu pourrait sembler être une très bonne voiture de course. »
« Les images de l’implant » contiennent Dieu, le diable, les anges, l’opéra de l’espace, des théâtres, des hélicoptères , un danseur toupie, des trains »
On se demande où est Dieu là-dedans?
Le Dieu trinitaire, Père, Fils, Saint-Esprit, n’existe pas en Scientologie. Sur la notion de Dieu, de même que sur ses attributs, il n’y a pas de dogmes en Scientologie. Chacun peut pratiquement croire ce qu’il vaut, l’idée de transcendance étant purement et simplement éliminée:
Le déisme, le panthéisme et le théisme apportent trois points de vue classiques différents au sujet de la relation entre Dieu et le monde. En ce qui concerne la Scientologie, il ne vaut pas le peine d’invoquer un dogme à l’égard de ce qui est forcément une réalité subjective, ou même une absence de celle-ci chez chaque individu. L’Etre suprême existe, mais, comme le disent les bouddhistes, il est le secret de tout un chacun ».
Et Jésus-Christ ? Ron Hubbard en parle peu. Un seul texte, à notre connaissance, fait une allusion directe:
« Jésus, par exemple, n’était nullement le saint personnage que l’on a fait de lui. Outre qu’il était porté vers les jeunes gens et les hommes, il était sujet à des accès de colère incontrôlés, et de haine, qui démentaient son message général d’amour, de compréhension et d’autres traits typiquement Marcarb PR ». (Marcarb serait le nom de différentes planètes. PR signifie Processing).
Disons tout simplement que les propos de Ron Hubbard sont blasphématoires. Peut-on dire après cela que l’on peut être scientologue et chrétien à la fois ?
Le « salut » selon la Scientologie
Le salut n’existe pas en Scientologie. Cependant, on pourrait penser qu’il existe une espèce de salut scientologique, la « survie ». En fait, la survie n’est qu’une orientation de vie, mais n’est pas le salut au sens propre du terme. La Scientologie ne connaît pas l’état de perdition de l’homme, pas plus que la nécessité d’avoir un sauveur. N’étant pas une religion révélée, elle ne peut admettre la doctrine de la grâce imméritée de Dieu.
Le salut, selon la Scientologie, c’est de survivre afin d’atteindre l’immortalité. Presque tous les écrits de Ron Hubbard font allusion, de près ou de loin, à l’immortalité:
« L’être théta » peut lui-même être mis dans la confusion, il peut être hypnotisé, il peut s’endormir. Il peut penser. Il peut éprouver de la douleur. Il est immortel en ce sens qu’il ne peut mourir »
Ron Hubbard est formel. Pour lui, l’effort de l’homme est primordial en Dianétique:
« La Dianétique est un effort de l’Homme vers un niveau de liberté où la décence et le bonheur pourraient régner, et où la connaissance de l’esprit lui-même empêcherait l’utilisation malhonnête des méthodes d’esclavage, (). C’est la seule grâce rédemptrice de l’homme »
Ces propos sont confirmés par une brochure de propagande de la secte:
« Selon la Scientologie, ce salut s’obtient par le travail de l’individu lui-même. Les possibilités et le potentiel de l’individu en tant qu’être spirituel sont des points sur lesquels la Scientologie insiste ».
Nous discernons un aspect fondamental de la doctrine scientologique qui est en opposition manifeste avec la théologie calviniste et évangélique: le « salut par les Å“uvres ».
Le « salut par les Å“uvres » ne vise qu’un seul but, la vie, ou plutôt la Compréhension. Citons Ron Hubbard:
« La vie, dans son état le plus élevé, est compréhension. () En Dianétique et en Scientologie, cette question de compréhension est très importante. La compréhension se compose d’éléments bien précis. Ses composants sont l’Affinité, la Réalité et la Communication ».
L’Affinité, la Réalité et la Communication (A.R.C.) forment un triangle à la fois symbolique et magique. Le Sigle (A.R.C.) contient à lui seul le substrat de toute la doctrine du « salut » de la Scientologie. C’est la raison pour laquelle Ron Hubbard insiste beaucoup sur ce point de doctrine. Pas d’A.R.C., pas de Vie ! ni de Compréhension !
Il serait intéressant de connaître la définition de l’A.R.C. Ecoutons encore Ron Hubbard:
« La Communication est l’échange d’idées ou de particules entres points. Plus précisément, la définition de la Communication » est: Cause, Distance, Effet, avec Intention et Attention, plus Duplication au point Effet de ce qui émane du point Cause ».
La Réalité est l’accord relatif atteint par deux extrémités d’une ligne de communication. C’est essentiellement le degré de duplication réalisé entre la Cause et l’Effet. Ce qui est réel n’est réel que parce que on est d’accord sur sa réalité, et pour aucune autre raison. »
« L’Affinité est la distance et la similitude relative des deux extrémités d’une ligne de communication. La notion d’affinité sous-entend l’idée de masse. le mot lui-même implique que la plus grande affinité qui puisse exister proviendrait de l’occupation du même espace, comme cela a été démontré au cours d’expériences ».
Dans la brochure polycopiée, la Scientologie en tant que religion, nous lisons ces lignes fort instructives:
« On remarquera que dans les situations de la vie, ces trois éléments sont interdépendants; qu’au fur et à mesure que l’on rehausse son niveau d’affinité, le degré de réalité que l’on éprouve ainsi que sa capacité de communiquer vont s’élever aussi. Si l’on augmente sa Réalité, la qualité de son Affinité et de la Communication vont également avancer. Néanmoins, la clé de voûte du triangle est la Communication, puisque c’est la Communication qui sert de « solvant » universel et fondamental pour dissiper les causes qui piègent et pour accroître la Compréhension ».
Les définitions de l’A.R.C. sont complexes, voire incompréhensibles pour le commun des mortels. L’aptitude à bien communiquer (entre les hommes) est considérée par la Scientologie comme la « clé du succès dans la vie ». Elle apporterait, avec la Réalité et l’Affinité, la Compréhension. mais la clé de voûte du système scientologique n’est autre que la communication, symbole de la compréhension. Ainsi, le salut scientologique se réduit à un nom:compréhension. Le « salut » selon la Scientologie, n’est qu’un salut psychologique qui apporterait à l’homme le bonheur et la « liberté totale ».
Pour nous chrétiens, la Vie en Christ est plus que la compréhension ou la communication. Elle est une grâce de Dieu. Dieu est vivant, il nous donne la vie, la vraie vie, la vie éternelle. La vie chrétienne ne peut pas être ramenée à une qualité de vie, ni à la communication. La vie chrétienne est Vie et Communion (et non communication). En Jésus-Christ, l’homme reçoit la Vie et la Communion, une commune union. Car « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. (Marc 12:27). Jésus est « le chemin, la vérité et la vie, et nul ne vient au Père que par lui » (Jean 14:6); celui qui croit en lui sera « une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4:14). La vie du croyant est radicalement transformée: « sa vie est cachée avec Christ en Dieu (Colossiens 3:3). C’est une promesse merveilleuse et extraordinaire: quiconque croit peut déjà la vivre sur cette terre. Le chrétien reçoit alors ce privilège inouï, celui de connaître Dieu et son fils Jésus-Christ: « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé. Jésus-Christ » (Jean 17:3).
La vie chrétienne n’est pas la communication ni même la fusion avec le divin. Elle est avant tout Vie avec le Créateur, Dieu, et Communion avec Jésus-Christ. Puisions-nous vivre cette vie nouvelle dans la grâce et la paix avec Dieu.
La Scientologie est-elle une Église ?
L’organisation de la Scientologie est extrêmement structurée et hiérarchisée. Le nouveau venu ne s’imagine pas un seul instant que, dès le début de son engagement, il entre dans une gigantesque organisation parfaitement bien rodée. Comme toutes les sectes, la structure est pyramidale. L’adepte se situe au bas de la pyramide tandis que le chef est tout en haut. Le membre ne sait pas ce qu’il se passe en haut, tandis que le chef connaît parfaitement la situation en bas. Ainsi, dès son entrée, l’adepte est manipulé et « manié » par les « leaders » pour la plupart sans scrupules.
Celui qui devient membre de la Scientologie entre dans une organisation tentaculaire qui, peu à peu, va se refermer sur lui. Il est apparemment très facile d’entrer, mais il est très difficile d’en sortir. Les témoignages de nombreux anciens adeptes, parents ou victimes, nous en ont donné la confirmation. Cette organisation est-elle religieuse comme Hubbard le prétend ?
1. La tentation de Ron Hubbard
La grande tentation de Lafayette Ron Hubbard a été de fonder une religion. En 1945 déjà, il tenait des propos allant dans ce sens. Alors qu’il logeait chez Parsons durant ses permissions militaires, il dut partager sa chambre avec un dénommé Nieson Himmel, qui conserve de lui le souvenir suivant:
« Il était toujours fauché et essayait d’emprunter de l’argent à tout le monde Quand nous parlions de ses difficultés d’argent, il disait souvent que le moyen le plus facile d’en gagner consistait à fonder une religion ».
Ce témoignage est confirmé par Sam Merwin, un éditeur de magazines auquel Hubbard fut présenté en 1946:
« C’était un curieux personnage obsédé par l’envie de faire fortune. Il me disait que le meilleur moyen serait de fonder une religion ».
Ce qu’il fit. L. Ron Hubbard, après avoir créé de toutes pièces la Dianétique, fonda une nouvelle « religion », la Scientologie, qui est en fait une organisation plus commerciale et lucrative que religieuse.
2. Une religion spirituelle ?
Bien que le langage religieux soit fréquemment employé, il ne semble pas que l' »Église de Scientologie » soit une église au sens propre du terme. c’est-à-dire qu’elle réponde aux besoins spirituels de l’homme. Le christianisme a pour but d’adorer Dieu, le Seigneur et le Sauveur. L’Église a pour tâche de proclamer le message du salut et de la vie éternelle. L’apôtre Jean n’écrit-il pas, dans son évangile, que le but de la vie chrétienne est d’adorer Dieu « en esprit et en vérité » (Jean 4:24) ? Nous ne trouvons rien de tel dans la Scientologie. Un des responsables du « Celebrity Center », Alain Tizioli, déclarait:
« C’est une religion parce qu’il s’agit de l’être spirituel, mais pas au sens ancien, puisqu’il n’y a pas de vérité révélée, pas de Dieu comme chez les chrétiens. Ce n’est pas une église au sens de lieu de prière, mais n’importe qui, de n’importe quelle religion peut venir y étudier la philosophie. »
La Scientologie serait une religion car elle s’occupe de l' »être spirituel ». Ici, le mot « spirituel » s’opposerait au mot « matériel ». Sous le titre La Scientologie est-elle une religion, nous avons la réponse « officielle » de la secte. Dans la première version de cette brochure, il est écrit:
« La Scientologie est une religion dans le sens le plus vrai du terme. De nombreux universitaires, qui font autorité en matière religieuse, l’on constaté. Il s’agit d’une étude de la sagesse et de la vie à partir de l’Homme considéré comme un être spirituel; la Scientologie n’énonce pas que l’Homme a une âme, mais qu’il EST esprit.
Sa démarche est celle d’une religion naturelle (fondée sur les inspirations de la raison) comme le Bouddhisme, et non celle d’une religion révélée (c’est-à-dire reposant sur une révélation de Dieu) comme le Protestantisme, le Catholicisme ou le Judaïsme ».
Dans la deuxième version du texte, nous lisons:
« Oui ! La Scientologie est une religion au sens propre du mot. C’est une étude de la sagesse, une étude de la vie. Basée sur le principe fondamental et démontrable que l’homme est un être spirituel, et non pas un corps, un nom, un cerveau ou quoi que ce soit d’autre, la Scientologie, comme la plupart des autres religions, cherche à augmenter chez une personne la compréhension de soi, de son prochain et du monde qui l’entoure. La Scientologie reconnaît que l’homme doit être capable de communiquer avec les autres, de les accepter et de les respecter en tant qu’êtres spirituels afin de vivre dans l’harmonie et de faire progresser le groupe. « Aime ton prochain » constitue un précepte de base de la Scientologie comme du Bouddhisme ou de Christianisme. Grâce à la connaissance et à l’application de ces principes dans la vie ainsi qu’à la prise de conscience de sa nature spirituelle, une personne commence également à comprendre la nature de l’Etre suprême et de son rapport avec l’homme ».
La première version parle de « religion naturelle », comme le Bouddhisme, tandis que la seconde version fait une nette allusion à l' »Etre suprême » et son rapport avec l’homme. Il y a là une contradiction difficile à comprendre
3. Quand l’habit fait le moine
La Scientologie s’est définie dès le début de son existence comme étant une église. L’existence des »ministres du culte » qui sont « ordonnés » laisserait croire que la Scientologie est effectivement une Église. mais la réalité est tout autre. Julia Darcondo, qui fut ordonnée « pasteur », nous raconte son « ordination »:
« Mes études pour être pasteur ne m’ont rien appris d’autre que les aventures de space-opera décrites dans Une histoire de l’Homme, et dont le moins qu’on puisse dire, passé le premier étonnement, c’est qu’elles ne répondent pas aux questions millénaires: Qui suis-je ? D’où je viens ? Où je vais ? » ()
La cérémonie de l’ordination se révéla une parodie dérisoire, un modèle d’indigence Même l’investiture du Président des USA, qui se fait avec serment sur le livre sacré de la Bible, implique davantage de spiritualité Elle dura 20 minutes, au cours desquelles le nom de Dieu ne fut même pas prononcé, et se termina par quelques serrements de mains hâtifs J’étais pasteur de l’Église de Scientologie, et j’avais honte »
Cette « ordination » ne déboucha sur rien. jamais Julia Darcondo ne présida un « office » ou une « cérémonie ». Ce refus fait honneur à l’auteur deVoyage au centre de la secte.
Les « pasteurs » sont groupés en « Conseil Pastoral ». Ce conseil a pour but de « garder intacte la doctrine scientologue » et aussi de « contrôler les brebis ». Il existe des cérémonies de mariages et des services funèbres. C’est tout ! Il n’y a pas de cérémonie d’initiation comme c’est le cas dans les loges maçonniques ou rosicruciennes.
Les « ministres du culte » scientologique sont revêtus du costume sacerdotal. C’est un ordre de Ron Hubbard ! Jacques Trouslard cite à ce propos le texte suivant:
« Il faut impérativement que sur les lieux de culte réservés au public apparaissent des évidences visuelles que la Scientologie est une religion. Tout membre du personnel qui est auditeur, à quelque degré d’entraînement que ce soit, doit être revêtu d’un costume traditionnel noir de ministre du culte, veste noire, col blanc, croix en argent, et ce, de façon habituelle à l’intérieur d’une organisation. Le credo de l’Église doit être de grande taille et clairement affiché dans les lieux exposés au public. Les textes imprimés doivent refléter que les organisations sont des Églises ».
Ainsi, et malgré le vocabulaire religieux employé et l’hypocrisie scientologique, nous affirmons sans crainte que la Scientologie n’est pas une Église. La vérité se situe à un tout autre niveau, qui n’est ni financier ni vestimentaire, mais spirituel. Est-ce qu’une Église digne de ce nom tarifie ses services ? Et plus particulièrement la relation d’aide (ou cure d’âme) ? Est-ce que les chrétiens considèrent l’argent comme une fin en soi ? Est-ce que l’habit fait le moine ?
Il est important de signaler que l' »Église de Scientologie » n’est pas reconnue comme Association Culturelle en France selon les termes de la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’Etat. La Scientologie et les Témoins de Jéhovah avaient tenté de se faire reconnaître comme association culturelle, mais l’Administration française leur a donné un avis défavorable. En vertu de cette décision, la Scientologie a dû modifier ses statuts et les Témoins de Jéhovah ont dû dissoudre leur « association culturelle ».
Église ou Entreprise ?
La Scientologie se présente comme une Église. Cependant, et l’histoire de la secte le prouve, la Scientologie ressemblerait plutôt à une société commerciale. Le profit est, qu’on le veuille ou non, une réalité que nul ne peut ignorer. Les sommes d’argent qui circulent sont colossales. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que la Scientologie exerce une pression constante pour que les adeptes achètent continuellement d’autres cours, d’autres étapes d’audition. Acheter signifie dans bien des cas s’endetter toujours plus. Le nombre de personnes ainsi escroquées est considérable. La presse, si besoin est, nous rapporte de temps à autre des exemples frappants.
Le cas de Didier Lerouge, cité par Bernard Fillaire, est typique. Le prix du premier cours, d’une durée de cinq heures, est de FF 500 (sFr. 135.-). Rien à dire, le prix est correct, et même il semblerait qu’il soit avantageux. Est-ce un appât ? Il semblerait que oui. Par la suite, on propose au jeune homme le « rundown de purification ». Prix de la « procédure »: FF 12’500 (sFr. 3’400.-). Une autre procédure lui est proposée, celle des « Objectifs ». Son prix: FF 22’000 (sFr. 6’000.-). Le découvert bancaire de Didier Lerouge augmente Il faut acheter un électromètre à FF 30’000 (plus de sFr. 8’000). Pour payer tout cela, Didier Lerouge vend son studio
Les tarifs pratiqués par cette « Église » donnent à réfléchir. Les prix montent jusqu’à la somme de sFr. 6’500.- ! (FF 24’000). Un tarif américain fait état de cours de 15’000 dollars ! Ces chiffres sont vertigineux et ils le sont plus encore lorsque les « étudiants » ont souscrit plusieurs cours ou grades à la fois. Nous comprenons mieux la situation dramatique dans laquelle se débattent nombre d’adeptes endettés jusqu’au cou. Une chose est certaine, c’est que la Scientologie apparaît comme une vaste entreprise du religieux. Les dépenses de marketing représentent en effet 12 % des dépenses totales. Ce pourcentage est suffisamment éloquent pour admettre que la Scientologie est une entreprise bien plus qu’une église.
Une grave question se pose: pourquoi l' »Église de Scientologie est-elle considérée comme une Association sans but lucratif, alors que ses revenus sont considérables ? Où va l’argent des « préclairs » ? La comptabilité des « Missions » et des « Églises » est-elle régulièrement contrôlée par le fisc ? pourquoi nos autorités cantonales et fédérales – pour ne parler que de la Suisse – ne se penchent-elles pas de plus près sur cette secte pas comme les autres ? Car, promettre le bonheur et le succès comme le fait la Scientologie donnerait sûrement matière à réflexion à nos juristes
Une « religion » élitiste
La Scientologie, comme d’ailleurs l’immense majorité des sectes, prêche un élitisme spirituel. Les « clairs » seraient les prémices d’une nouvelle humanité. Ron Hubbard tomberait-il dans le piège de l’eugénisme lorsqu’il écrit:
« Les mariages entre mentals réactifs » ont de nombreux effets désastreux: alternance de période de guerre et de paix dans la cellule familiale, absence de compréhension, destruction mutuelle de la liberté et de l’autodétermination du conjoint, existence misérable, divorces, enfants malheureux, etc. () C’est cette « union de mentals réactifs » qui est responsable de tous les mariages catastrophiques dont est actuellement témoin notre société. »
« La loi ne définit pas avec précision en quoi doit consister le mariage. Elle se contente d’ajouter aux difficultés que rencontrent les mariages réactifs. Les mariages réactifs mènent la spirale descendante, laquelle est faite de malheur, de restimulations chroniques et d’échecs et finit inévitablement par la mort. Un jour peut-être existera-t-il une loi intelligente selon laquelle seules les personnes dépourvues d’aberrations pourront se marier et avoir des enfants ».
Ainsi, seuls les « clairs » pourraient se marier et avoir des enfants ! mais une autre tentation a sans doute effleuré la pensée de Ron Hubbard: le racisme.L’article 32 de la « confession de Johannesburg » le laisserait entendre:
« As-tu jamais couché avec la mauvaise race ? »
Propos scandaleux ? Bernard Fillaire se pose la question:
« L’Église de Scientologie serait-elle raciste ? Il faut replacer cette « confession de Johannesburg », vous dit-on, dans le contexte de l’apartheid en 1961. Mais alors, pourquoi n’avoir pas supprimé cette question lors de la révision du texte en 1980 ? Pourquoi la poser en France ? Il n’y a pourtant pas de faute de traduction. le texte en américain, confirmé par le cachet d’une avocate scientologue, dit bien: Have you Èver made love to a person of the wrong race ? Alors ? «
Celui qui entre en Scientologie croit faire partie d’une élite spirituelle. Les scientologues seraient la « race élue », la « nouvelle race spirituelle » et ils s’imaginent qu’ils sont les gens « les plus intelligents du monde ».
La tentation élitiste a toujours existé. Dès le début, c’est-à-dire après la Chute, l’homme a revendiqué son autonomie spirituelle. En se rebellant contre le Dieu créateur, l’homme a voulu s’égaler à Dieu.
« Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point: mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Genèse 3:5).
Cette terrible séduction va conduire l’homme sur la voie de l’élitisme. Autrement dit, l’initiation devient le chemin pour reconquérir le « paradis perdu ». La Scientologie, comme toutes les société occultes, espère que l’homme redeviendra l’Homme et la Terre un nouvel Eden. Pour Ron Hubbard, le meilleur moyen pour y parvenir serait la Scientologie
Peut-on être chrétien et scientologue ?
La doctrine scientologique est un immense fatras d’idées éparses récupérées ici et là pour les besoins de la cause. la doctrine hubbardienne est celle d’une religion naturelle et place l’homme au centre de l’univers. La notion d’Etre suprême donne à la Scientologie un vernis religieux. Mais ce qui est le plus frappant, c’est l’étrange amalgame qui existe entre la science-fiction, la psychologie, l’ésotérisme et la technique. Un mélange étonnant, bizarre et déconcertant. Toutes ces caractéristiques font que la Scientologie est une secte inclassable.
L’anthropologie de Ron Hubbard, le thétan, les différents types de « mental » ne correspondent absolument pas à la doctrine biblique. En particulier, la Scientologie ne dit pas un mot sur la création divine de l’homme et sur sa ressemblance avec Dieu. Ne serait-ce que sur ce point-là, les options scientologiques sont profondément différentes de la vision chrétienne.
Le salut est un autre sujet de division. La Scientologie prétend que l’homme, en vertu de ses propres efforts, peut se réaliser et obtenir au prix fort la « liberté totale ». La théologie chrétienne affirme de son côté la gratuité absolue du salut réalisé en Jésus-Christ. L’initiative du salut appartient à Dieu, et non à l’homme. Un abîme insondable sépare la Scientologie de la foi chrétienne.
La réincarnation est une doctrine, populaire peut-être, mais inacceptable pour le chrétien. Cette doctrine évolutionniste admet que l’homme, grâce aux multiples réincarnations, s’améliorera et, avec lui, l’humanité. Comment croire que l’humanité va devenir meilleure alors que tout sur cette planète va de mal en pis ?
Enfin, comment croire que l’Etre suprême de la Scientologie puisse être comparé au Dieu créateur et Seigneur ? Le dieu scientologique n’est pas l' »Etre suprême », ni le divin, mais l’Homme. L’homme divinisé, l’homme apostat, et il pourrait bien s’appeler Lafayette Ronald Hubbard.
La Dianétique et la Scientologie passeront; Dieu et Jésus-Christ resteront pour toujours.
Une secte dangereuse: La Scientologie ». Paru aux éditions Contrastes, ce livre est disponible dans les librairies évangéliques et chez l’auteur